Lycée Roland Garros BCPST 1ère année Mathématiques 2013 - 2014 Chapitre n 1 Symbole o 5 : Sommes et produits P , règles de calcul On a parfois besoin de considérer une somme d'un grand nombre de termes (ou pire, d'un nombre n indéterminé) : par exemple, S = 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 + 8 + 9 + 10 + 11 + 12 + 13 + 14 + 15, ou encore T =1+ 1 1 1 1 + + + ··· + 2. 4 9 16 n De telles écritures étant fastidieuses, on a recours à la notation Σ. On préfèrera ainsi écrire S= 15 X n X 1 T = k2 k=1 k, k=1 Dans le cas le plus général (à ce stade de l'année), les termes en question sont des nombres complexes. Dénition 1. Soient x1 , . . . , xn ∈ C. On dénit n X xk = x1 + · · · + xn k=1 Ceci se généralise : • la somme Pnne commence pas forcément par l'indice 1 : pour p ≤ n, on dénit k=p xk = xp + · · · + xn . • Plus généralement, si (xi )i∈I est une famille nie de nombres complexes, P on note i∈I xi la somme de tous ces termes. On pourra par exemple écrire : X ln 1 + ln 3 + ln 5 + ln 7 + · · · + ln 19 = ln k k∈[[1,19]]:k impair 1 1 1 1 1 1 1 1 1 + + + + + + + + = 2 3 5 7 11 13 17 19 23 1 X k∈[[1,25]]:k premier 1 k . Pour les sommes vides : si l'ensemble I est vide, i∈I ai = 0. C'est le cas des sommes dont l'indice de départ est strictement supérieur à celui d'arrivée. P Convention quand on écrit nk=0 xk , la variable k, appelée indice de sommation, est une variable muette : elle n'a de sens qu'à l'intérieur de cette somme. Le choix de la lettre k n'a donc aucune incidenceR sur le résultat (qui au passage ne dépend pas de k, de même que le résultat de 01 f (x)dx ne dépend pas de x). P Remarque. Le terme à l'intérieur de la somme peut éventuellement dépendre de la borne n de la somme : par exemple on peut très bien écrire Remarque. S= n X i=1 i 1 2 3 n = + + + ··· + . n+i n+1 n+2 n+3 2n Proposition 1 (Linéarité de la somme). Soient (ai )i∈I et (bi )i∈I deux familles de nombres complexes, et λ ∈ C. Alors P i∈I (ai + bi ) = P i∈I P ai + i∈I λai = λ P i∈I P i∈I bi , ai . Proposition 2 (Sommation par paquets). Si I = I1 ∪ I2 avec I1 et I2 disjoints alors P i∈I ai = P i∈I1 ai + P En particulier si p ≤ q ≤ n on a la relation de Pn k=p ak = Pq k=p ak + i∈I2 ai . Chasles pour les sommes : Pn k=q+1 ak . Séparer les indices pairs et les impairs est un autre procédé courant de sommation par paquets : Exemple. n X ak = k=0 X X ak + k∈[[0,n]]:k pair ak k∈[[0,n]]:k impair Proposition 3 (PositivitéPde la somme) P . Si ai ≥ 0 alors conséquent si ai ≥ bi alors i∈I ai ≥ i∈I bi . P i∈I ai ≥ 0. Par On retiendra donc qu'on trèsPbien sommer une inégalité large. Pnpeut n 1 √1 Exemple. Comparer k=1 k et k=1 k 2 2 Formules de changement d'indice Proposition 4 (Changement d'indice). Soient (ak )p≤k≤n des nombres complexes, et un entier q ∈ Z. On a : FORMULE DE GLISSEMENT D'INDICE : Pn ak = Pn+q FORMULE DE SYMETRIE D'INDICE : Pn ak = Pn−p k=p k=p k0 =p+q k0 =0 ak0 −q , an−k0 . Pour obtenir la première formule, il sut de poser k0 = k + q et de rééchir aux bornes de la nouvelle somme qui porte sur k0 . De même pour obtenir la première formule, il sut de poser k0 = n − k. Une fois le changement d'indice fait, on peut très bien changer les k en des k puisqu'il s'agit d'une variable muette. Remarque. 0 Exemple. Simpliez les sommes suivantes grâce à un changement d'indice : • S= n X 2 k − 4k + 4, k 2 + n2 − 2nk k=1 k=3 3 • n X Sommes télescopiques Lorsqu'on somme des nombres ak et que les ak sont de la forme bk+1 − bk il se passe une hécatombe : n X ) + · · · + (bn+1 − bn ) bp+2 ) + (bp+3 bp+1 − bp ) + (bp+2 bp+1 ak = ( − − k=p Proposition 5 (Principe des sommes télescopiques). Soit ak = bk+1 − bk , où (bk ) est une certaine suite. On a Pn k=p ak = bn+1 − bp Démonstration. C'est le calcul ci-dessus ! Exemple. Une application classique est le calcul de la somme suivante : n X k=1 n X 1 = k(k + 1) k=1 1 1 − k k+1 3 =1− 1 . n+1 4 Sommes classiques 4.1 Somme de termes constants Proposition 6. Soit λ ∈ C. On a n X λ = λn k=1 Remarque. Attention, si k varie de 0 à n, il y a n + 1 termes, on a donc n X λ = λ(n + 1). k=0 La proposition est valable dès que λ est constante, c'est-à-dire ne dépend pas de la variable k. Les exemples suivants découlent donc aussi de cette proposition : n X n X n = n2 , cos x = n cos x, aj = naj . k=1 k=1 k=1 n X 4.2 Somme des n premiers entiers Proposition 7. Pour tout n ≥ 1, n X k= k=1 n(n + 1) 2 Démonstration. le changement d'indice j = n + 1 − k donne Sn = nj=1 (n + 1 − j) = n(n + 1) − Sn , d'où le résultat en isolant Sn dans cette égalité. P 4.3 Somme des n premiers carrés Proposition 8. Pour tout n ≥ 1, n X k=1 Preuve : Notons Cn = k2 = n(n + 1)(2n + 1) 6 k=1 k . En sommant l'égalité (k + 1)3 − k 3 = 3k 2 + 3k + 1, on obtient une somme télescopique, ce qui donne Pn k=1 k 2 et En = Pn (n + 1)3 − 1 = 3Cn + 3En + n D'où le résultat en isolant Cn et en factorisant. 4 4.4 Somme d'une progression géométrique. Dans cette partie on adoptera la convention 00 = 1. Proposition 9. Pour tout n ≥ 0 et q ∈ C\{1}, n X 1 − q n+1 q n+1 − 1 = 1−q q−1 qk = k=0 Plus généralement si p ≤ n, on a n X qk = k=p q n+1 − q p . q−1 Démonstration. Notons Sn = nk=0 q k . Par un changement d'indice, qSn = Pn+1 j n+1 − 1. D'où la première formule en isolant Sn . La seconde j=1 q = Sn + q P se déduit en remarquant que nk=p q k = Sn − Sp−1 . P met de côté le cas q = 1. Mais si q = 1, on a PnLa proposition k q = n + 1 (c'est une somme de termes constants). k=0 Remarque. facilement 5 Sommes doubles 5.1 Tableaux carrés (ou rectangulaires) Soit un tableau de valeurs carré composé de n lignes et p colonnes. Notons les valeurs : (xi,j )1≤i≤n,1≤j≤p . x1,1 x1,2 x2,1 x2,2 .. . .. . xn,1 xn,2 ··· ··· ... ··· x1,p ... .. . .. . .. . ··· xn,p Dénition 2. La somme S de tous les nombres du tableau est notée S= X xi,j . 1≤i≤n 1≤j≤p Dans le cas où p = n la notation suivante est également utilisée : S= X 1≤i,j≤n 5 xi,j . Exemple. Calculer P 1≤i,j≤3 ij = 36. Notons : P p • Li = Pj=1 xi,j la somme des nombres de la i-ème ligne, • Cj = ni=1 xi,j la somme des nombres de la j -ème colonne Il est clair que Pn i=1 Li et Pp j=1 Cj sont tous deux égaux à la somme totale S . En eet, faire la somme d'abord le long des colonnes ou d'abord le long des lignes ne change rien au résultat. C'est ce que dit la proposition suivante : Proposition 10 (Interversion des sommes). On a X xi,j = p n X X i=1 1≤i≤n 1≤j≤p ! xi,j = j=1 p n X X j=1 ! xi,j i=1 Moralité. Pour calculer une double somme on l'écrit comme deux sommes simples successives, et l'ordre n'a pas d'importance. . Calculer la somme Application X S= 22i−j . 0≤i,j≤n 5.2 Tableaux triangulaires Soit un tableau triangulaire de valeurs. Les valeurs sont notées (xi,j )1≤i≤n,1≤j≤i : x1,1 x2,1 .. . .. . xn,1 x2,2 xn,2 ... ··· (rien dans les cases grisées) ... ··· xn,n Dénition 3. La somme S de tous les nombres du tableau est notée S= X xi,j . 1≤i≤n 1≤j≤i La notation suivante est également utilisée : S= X 1≤j≤i≤n 6 xi,j . Exemple. Calculer P 1≤i≤j≤3 ij . Cette fois-ci, Ples sommes sur les lignes et sur les colonnes sont respectivement • Li = Pij=1 xi,j • Cj = ni=j xi,j A nouveau, ni=1 Li et théorème suivant : P Pp j=1 Cj sont tous deux égaux à S . C'est ce que dit le Proposition 11 (Interversion des sommes, version triangulaire). On a X 1≤i≤n 1≤j≤i xi,j = n i X X i=1 ! xi,j = j=1 n n X X j=1 ! xi,j i=j P. Dans le cas des tableaux triangulaires, on peut intervertir les deux Moralité symboles mais en faisant très attention à ce que deviennent les bornes des deux sommes ! Application. Calculer la somme S= 6 i . j 1≤i≤j≤n X Formule du binôme de Newton 6.1 La formule du binôme Dans cette section on adopte la convention 00 = 1. Concernant le développement de (a + b)n , on a déjà rencontré les développements suivants : (a + b)0 (a + b)1 (a + b)2 (a + b)3 (a + b)4 = = = = = 1 1×a+1×b 1 × a2 + 2 × ab + 1 × b2 1 × a3 + 3 × a2 b + 3 × ab2 + 1 × b3 1 × a4 + 4 × a3 b + 6 × a2 b2 + 4 × ab3 + 1 × b4 Les coecients qui apparaissent dans ces développements sont les coecients du triangle de Pascal : les coecients binomiaux. C'est ce que dit la formule du binôme de Newton : Théorème 1. Soient a, b ∈ C et n ∈ N. On a n X n k n−k (a + b) = a b k k=0 n 7 Démonstration. Lorsqu'on développe le produit (a + b)n = (a + b) × (a + b) × · · · × (a + b), {z } | n fois on obtient un terme pour chaque choix simultané de a ou b dans chacune des parenthèses. Les termes obtenus sont donc tous de la forme ak bn−k . Pour k ∈ [[0, n]] xé, le nombre de termes ak bn−k obtenus correspond au nombre de choix diérents où a est choisi dans k parenthèses, et b est choisi dans (n − k) parenthèses, c'est-à-dire Remarque. On peut réécrire ceci avec des pointillés : (a + b)n = an + nan−1 b + Remarque. (a + b)n = n . k n(n − 1) 2 n−2 n(n − 1) n−2 2 a b +· · ·+ a b + nabn−1 +n−1 . 2 2 En échangeant le rôle de a et b, on a bien sûr aussi l'égalité Pn k=0 n k n−k b a . Entre cette dernière et celle donnée dans le k théorème, il n'y a qu'un pas, celui consistant à faire le changement d'indice k0 = n − k. 6.2 Preuves alternatives des propriétés des coecients binomiaux On peut, en utilisant la formule dubinôme, redémontrer quasiment toutes les propriétés vériées par les nombres le chapitre "Dénombrement". n , que nous avons déjà démontrées dans k n n n+1 + = p p+1 p+1 n n = p n−p n = 2n p=0 p Pn 8 7 Symbole Q , règles de calcul Dénition 4. Soient x1 , . . . , xn ∈ C. On dénit n Y xk = x1 × x2 × · · · × xn k=1 Ceci se généralise : exactement comme pour les sommes, • k ne démarre pas forcément à 1. • k peut décrire un ensemble qui n'est pas forcément composé d'entiers consécutifs .QPuisque l'élément neutre de la multiplication est 1, on pose naturellement i∈∅ xi = 1. Convention Exemple. Pour n ∈ N∗ , le nombre n! est nalement déni par n Y n! = et 0! = 1. k k=1 Proposition 12. Soient (ai )i∈I et (bi )i∈I deux familles de nombres complexes et λ ∈ C, avec CardI = N . Alors Q Q i∈I λai = λN Q i∈I ai bi = Q i∈I ai ai , i∈I Q i∈I bi . Produit par paquets : si I = I1 ∪ I2 avec I1 et I2 disjoints, Q i∈I Q ai = i∈I1 ai Q i∈I2 ai . Proposition 13. Soit (ai )i∈I une famille de nombres complexes. On a exp P Q ai = i∈I exp(ai ) . i∈I Si de plus les ai sont tous > 0, alors on a aussi ln Exemple. ln(n!) = Pn k=1 Q i∈I ln k et P ai = i∈I ln(ai ) . Qn k=1 ek = e n(n+1) 2 Proposition 14. Si 0 ≤ ai ≤ bi pour i ∈ I , alors Y ai ≤ i∈I Y i∈I 9 bi . .