Formation d’adaptation à l’emploi de chef de groupement 2013/02 n°27 –– Année 2013 Le « Knowledge Management », une opportunité stratégique pour l’émergence d’une nouvelle culture de gestion des connaissances : étude comparée des bonnes pratiques transposables aux SDIS Commandant Armand MORAND SDIS de l’Ain Commandant Eric PAGANON SDIS du Rhône Commandant Lionel VAYR SDIS de la Savoie Commandant Emmanuel VIDAL Directeur de mémoire Lieutenant-Colonel Bruno BEAUSSE Directeur département prospective & professionnalisation ENSOSP SDIS de la Haute-Savoie Directeur de recherche Madame Céline LE CORROLLER IEP Aix en Provence p1 Les opinions exprimées dans ce mémoire sont propres à leurs auteurs et n’engagent par conséquent ni l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers, ni l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence. p p2 REMERCIEMENTS Le présent mémoire s’inscrit dans le cadre de notre formation d’adaptation à l’emploi de chef de groupement dispensée par l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers (ENSOSP) en partenariat avec l'Institut d'Etudes Politiques (IEP) d’Aix-en-Provence. Il est le résultat d’un travail collaboratif de neuf mois, suivi et encadré par : • Lieutenant-colonel Bruno Beaussé, directeur du département prospective et professionnalisation de l’ENSOSP, notre directeur de mémoire, • Madame Sabrina Cervera-Bouet, notre première directrice de mémoire, • Madame Céline Le Corroller, IEP d’Aix en Provence, chargée du suivi méthodologique. Nous leur adressons nos sincères remerciements pour les conseils dispensés, l’aide et le temps qu’ils ont su nous consacrer. Nous remercions également les personnes qui, en acceptant de répondre à nos sollicitations, ont enrichi notre réflexion et contribué à la réalisation de ce mémoire : • Colonel Michel Marlot, directeur départemental - SDIS 71, • Colonel Yvon Trépos, inspecteur de la Sécurité Civile, initiateur du CAF - DGSCGC, • Colonel François Vallier, chef du bureau de la formation, des techniques et des équipements - DGSCGC, • Lieutenant-colonel Pierre Gamel, chef du groupement formation - SDIS 45, • Monsieur Jean-Philippe Vennin, sous-directeur des ressources, des compétences et de la doctrine d’emploi, direction des sapeurs-pompiers - DGSCGC, • Monsieur Christophe Batier, directeur technique du service Innovation Conception et Accompagnement pour la Pédagogie, chargé des TICE, coordinateur du projet Spiral Connect - Université Lyon I, • Monsieur Jérôme Cernoia, chercheur en éthique appliquée, Laboratoire de Management et de Pilotage des organisations - ENSOSP, • Madame Isabelle Detrift, chargée des PATS et de la prospective, groupement formation SDIS 45, • Madame Aurélie Dudezert, maître de conférences habilitée à diriger les recherches en sciences de gestion, spécialiste du management des connaissances et des systèmes d’information, membre du groupe CoP-1 - Ecole centrale Paris, • Madame Anne-Françoise Fraser, chief of records management unit, UN headquarter, secrétariat général des Nations Unies, ONU - New York (USA), • Madame Cécile Gode, professeur des universités, chercheur au centre de recherche de l’armée de l’air, habilitée à diriger les recherches en sciences de gestion - Université Lyon II, • Monsieur Thomas Meszaros, chercheur au Centre Lyonnais d’Études de Sécurité Internationale et de Défense, maitre de conférences - Université Lyon III, Nos remerciements vont aussi à nos directeurs départementaux, les colonels Jean Marc Chaboud, Serge Delaigue, Xavier Jouannet et Bernard Romatif, pour la confiance qu’ils nous accordent, ainsi qu’à l’encadrement FORSUP de l’ENSOSP pour leur disponibilité et la qualité de la formation dispensée. Enfin, un grand merci à nos familles pour le soutien apporté durant cette année d’étude. p p3 TABLE DES ABREVIATIONS ANDSIS Association Nationale des Directeurs et directeurs adjoints des Services d’Incendie et de Secours BASF Badisch Anilin und Soda Fabrik (acronyme allemand) CAF Cadre d’Auto-évaluation des Fonctions publiques CdG Chef de Groupement CdP/CoP Communauté de Pratique CEN Comité Européen de Normalisation CIS Centre d’Incendie et de Secours CNFPT Centre National de la Fonction Publique Territoriale CNIS Conférence Nationale des services d'Incendie et de Secours CODIS Centre Opérationnel Départemental d’Incendie et de Secours COGIC Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle des Crises COZ Centre Opérationnel Zonal DDASIS Directeur Départemental Adjoint des Services d’Incendie et de Secours DDSIS Directeur Départemental des Services d’Incendie et de Secours DGSCGC Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises EDF Electricité de France ELS Expertise Locator Systems (système de localisation d’expertises) ENSOSP Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers ETARE ETAblissement REpertorié ETL Extract-Transform-Load (extraire-transformer-charger) FAE Formation d’Adaptation à l’Emploi FAQ Foire Aux Questions FI Formation Initiale FIA Formation Initiale d’Adaptation FILT Formation Initiale de Lieutenant FMPA Formation de Maintien et de Perfectionnement des Acquis FNSPF Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France FOAD Formation Ouverte et A Distance GARF Groupement des Acteurs et Responsables de la Formation GED Gestion Electronique de Documents GOC Gestion Opérationnelle de Commandement p p4 HTML HyperText Markup Language (langage de balisage de l’hypertexte) INFOSDIS INFOrmation des Services Départementaux d’Incendie et de Secours INTEROPS INTERopérabilités OPérationnelleS KM Knowledge Management LAMAP LAboratoire de MAnagement et de Pilotage des organisations LEDeSC Laboratoire d'Etudes en Droit de la Sécurité Civile ONU Organisation des Nations Unies ORSEC Organisation de la Réponse de la SEcurité Civile OWL Ontology Web Language (langage web ontologique) PC Personal Computer (ordinateur personnel) PATS Personnel Administratifs Techniques et Spécialisés PNRS Portail Nationale des Ressources et des Savoirs RADART Réseau national d’Aide à la Décision et d’Appui face aux Risques Technologiques RDF Resource Description Framework (cadre de description des ressources) SDACR Schéma Directeur Départemental d’Analyse et de Couverture des Risques RETEX RETour d’EXpérience RH Ressources Humaines RSS Really Simple Syndication (syndication de contenu) SDIS Service Départemental d’Incendie et de Secours SEB Société d'Emboutissage de Bourgogne SGC Système de Gestion des Connaissances SHC Système Hyper Complexe SNA Social Network Analysis (analyse des réseaux sociaux) SNCF Société Nationale des Chemins de Fer SPIRAL Serveur Pédagogique Interactif de Ressources d’Apprentissage de Lyon I SPP Sapeur-Pompier Professionnel SPV Sapeur-Pompier Volontaire SWOT Strengths Weaknesses Opportunities Threats (forces faiblesses opportunités menaces). TIC Technologies de l’Information de la Communication UFPI Unité Formation Production Ingénierie XML eXtensible Markup Language (langage de balisage extensible) p p5 SOMMAIRE INTRODUCTION 1 PARTIE 1 GESTION DES CONNAISSANCES: CONCEPT, PROCESSUS ET REPRESENTATION 4 1. Les structures de la connaissance 2. Les processus de gestion des connaissances dans l'organisation 3. Représentation du concept PARTIE 2 VERS UNE APPROCHE MULTIDIMENSIONNELLE DANS LES SDIS 19 1. Particularités culturelles et opportunités 2. Analyse multidimensionnelle PARTIE 3 LES BONNES PRATIQUES DE KM POUR LES SDIS 2.0 33 1. Les bonnes pratiques du knowledge management 2. Etat des bonnes pratiques référencées 3. Recommandations et préconisations CONCLUSION 49 p p6 PROLEGOMENES Le sujet résulte d’une prise de conscience du département prospective et professionnalisation de l’ENSOSP de la nécessité d’optimiser la mutualisation des connaissances et des compétences au sein des Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS). L’objectif est de favoriser l’émergence d’une nouvelle culture de la gestion des connaissances fondée sur l’acquisition, le partage et l’enrichissement du savoir en vue d’améliorer la performance individuelle et collective. Dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint, le Knowledge Management (KM) apportera une plus-value managériale indéniable aux SDIS et constitue dès à présent un enjeu stratégique pour la profession. Ce postulat de départ, selon lequel la mise en œuvre d’une démarche de KM constitue une évolution positive pour les SDIS, est appuyé par la réalisation d’un diagnostic de type SWOT (partie I §3.3 p17). Ce sujet s’inscrit dans une période d’évolutions majeures. Le développement des systèmes d’information dépasse le cadre technologique et nous impose de repenser notre mode d’organisation sociale et culturelle pour tirer le meilleur parti des opportunités de partage de la connaissance. Pour mémoire, le KM a été conceptualisé il y a 40 ans, s’est développé dans la sphère privée et n’est apparu qu’au début des années 2000 dans le domaine public. Dans la mesure où le thème très large de notre sujet n’a jamais été traité au sein de notre profession, nous faisons le choix : • de conserver l’anglicisme « Knowledge Management » plutôt que ses deux traductions littérales « gestion des connaissances » ou « management des connaissances », trop restrictives dans le champ initial de recherche de notre étude, • de travailler sur une approche généraliste et multidisciplinaire visant à acculturer la profession à ce concept méconnu. Par ailleurs, notre recherche est conduite en mode projet conformément aux enseignements dispensés à l’ENSOSP. Son champ d’application se limite aux SDIS alors que le champ de notre étude est élargi aux domaines publics, parapublics et privés. Tel qu’initialement proposé 1, le sujet ne nous semble pas suffisamment mettre en valeur les enjeux majeurs liés à la gestion des connaissances. Aussi nous le reformulons de la manière suivante : Le « Knowledge Management », une opportunité stratégique pour l’émergence d’une nouvelle culture de gestion des connaissances : étude comparée des bonnes pratiques transposables aux Services Départementaux d’Incendie et de Secours. 1 « La gestion des connaissances (culture du Knowledge Management) : étude comparée des bonnes pratiques existantes pour une acculturation réussie au sein des SDIS. » p p7 Méthode de recherche : Au regard du concept très théorique largement documenté, novateur et récent dans le secteur public territorial, nous allons entreprendre une acculturation à l’ensemble des notions relatives au KM. Cette acculturation passe par une revue de la littérature (88 articles ou livres) et de la sitographie (27 sites). Elle est actualisée par une recherche de publications académiques (Google Scholar) et une alerte sur les contenus web relatifs aux mots clefs de notre sujet. Afin de structurer notre étude, nous proposons : • dans un premier temps, de définir le concept de Knowledge Management et les notions élémentaires essentielles à la compréhension du sujet, mais également les domaines complémentaires et périphériques avec pour objectif une acculturation autour du concept, • dans un second temps, de déterminer par une approche culturelle et multidimensionnelle, la place des connaissances dans cette évolution des SDIS, • dans un troisième temps, de détailler les bonnes pratiques issues de notre travail de recherche, identifiées comme transposables à nos organisations, qui aboutiront à un ensemble de recommandations et de préconisations concrètes destinées à promouvoir une acculturation des SDIS à la gestion des connaissances. La conclusion nous autorisera d’une part à mettre en évidence les bénéfices que nous avons su tirer des neuf mois de travail collectif nécessaires à l’élaboration de ce mémoire et d’autre part à ouvrir le sujet vers des perspectives plus générales. Limites de notre étude : L’étude vise à réaliser un état des lieux des bonnes pratiques et n’a pas pour objectif d’explorer dans le détail une pratique spécifique du KM. Cette étude ne s’intéressera pas non plus aux détails du déploiement d’une politique de KM pour un SDIS en particulier. Partant du postulat que la mise en œuvre d’une démarche de KM constitue une évolution positive pour les SDIS, nous n’aborderons pas les critères d’évaluation, de mesure des résultats relatifs à la mise en place de telle ou telle pratique. Une approche des coûts relatifs à nos préconisations aurait été prématurée à ce stade d’avant-projet. Une étude de faisabilité complémentaire à ce premier rapport pourrait être conduite dans chacun des domaines relatifs à nos propositions en évaluant l’impact financier. p p8 INTRODUCTION « La pensée sur la productivité de la connaissance est à peine naissante. » - Peter Drucker N ous pouvons imaginer que l’idée de la connaissance, de son appropriation et de son transfert est une préoccupation ancienne chez l’Homme. Au-delà de sa transmission orale, l’histoire de la connaissance humaine est intimement liée à celle des écritures, nées en Mésopotamie avec les pictogrammes sumériens et en Egypte avec les hiéroglyphes. Les premiers écrits précolombiens montrent déjà que les Incas ingéraient le cerveau des défunts pour en retirer leur savoir. Bien plus tard, Johannes Gutenberg (1400-1468) développe l’imprimerie, offrant ainsi aux hommes les moyens de stocker, transférer et partager la connaissance. Une première étape majeure est franchie dans la démocratisation du savoir, rendant accessible au plus grand nombre les écrits qui étaient jusqu’alors l’apanage des monastères. Le milieu du XXème siècle voit apparaître les premiers ordinateurs et les mémoires magnétiques capables de stocker des informations, avant de laisser la place aux puces, mémoires électroniques beaucoup plus puissantes. Progressivement, la société évolue vers une période post industrielle dans laquelle l’économie des services prend le pas sur la production de masse. La valeur de l’entreprise repose de plus en plus sur des actifs immatériels comme la connaissance. L’idée de gérer la connaissance apparaît en 1958 avec la publication de Jay Wright Forrester sur la théorie de la croissance des entreprises et la parution du livre de Michael Polanyi sur la connaissance tacite. L’auteur tend à démontrer que toute forme de savoir est empreint de la subjectivité du sachant et donc que l’objectivité pure dans la connaissance n’est qu’une illusion, même dans les sciences les plus dures comme la chimie ou les mathématiques. A l’origine de la distinction entre connaissance explicite et connaissance tacite, il explique que la première représente une portion congrue du savoir de l’Homme par rapport à la seconde. Il met l’accent sur la difficulté à mobiliser cette partie du savoir : « nous savons plus que nous ne pouvons dire » 1. S’ensuit une série de livres et d’articles, dont la parution des ouvrages de John Kenneth Galbraith sur la connaissance organisée 2 et de Peter Drucker sur les travailleurs de la connaissance 3. Au milieu des années 70, le terme de « Knowledge Management ou KM» (management par les connaissances) apparaît pour la première fois dans les travaux de Nicholas Henry (1974) 4. La notion de KM évolue entre la fin des années 70 et le début des années 90. Une transition s’opère petit à petit depuis la gestion et l’utilisation des informations vers une gestion centrée sur la ou les connaissances, consacrant ainsi l’expression angliciste. Dans le milieu des années 90 et jusqu’aux années 2000 le concept de KM se généralise et devient progressivement une pratique professionnelle. Les japonais Ikujiro Nonaka et Hirotaka Takeuchi 5 proposent un modèle dénommé 1 Michael POLANYI, The Tacit Dimension, 1967. John Kenneth GALBRAITH, Le nouvel Etat industriel, 1967. 3 Peter DRUCKER The age of discontinuity guidlines to our changing society, 1968. 4 Nicholas L HENRY, KM : A new concern for public administration, Public Administration Review 1974. 5 Ikujiro NONAKA et Hirotaka TAKEUCHI, La connaissance créatrice : dynamique de l’entreprise apprenante, 1997. 2 p1 SECI (Socialization, Externalization, Combination, Information), précédant le modèle de Karl Erik Sveiby (2001), mais faisant encore référence aujourd’hui. Enfin à partir des années 2000, le KM prend son plein essor, les ouvrages et les publications scientifiques se multiplient, de nombreuses conférences sur le sujet sont organisées en Europe, les débats se créent autour des définitions données à ce concept récent. De nombreuses taxonomies apparaissent dans la littérature. A cette époque, le Conseil Européen de Lisbonne 1 fixe un nouvel objectif stratégique dans le but de renforcer l’emploi, la réforme économique et la cohésion sociale. Un projet ambitieux voit le jour : « faire de l'Union Européenne l'économie fondée sur la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale ». La société de l’information est en marche et les détenteurs de savoirs de plus en plus nombreux. Elle ne va pas tarder à laisser la place à une nouvelle société « 2.0. » dite apprenante qui marque le franchissement d’une seconde étape et ouvre une nouvelle ère concernant l’accès, le partage et la valorisation de la connaissance. Michel Serres affirme que « sans que nous nous en apercevions, un nouvel humain est né, pendant un intervalle bref, celui qui nous sépare des années 1970 » 2. Dans le sillage des entreprises, l’ensemble des organisations et services publics prennent conscience de la valeur de la connaissance. Les collectivités territoriales, ont progressivement évolué vers l’autonomie financière, décisionnelle, et sont dotées depuis les lois de décentralisation 3 de compétences propres, et d’un pouvoir d’expérimentation. Les collectivités sont donc devenues des moteurs de l’action publique et la connaissance leur est apparue cruciale dans le but d’accompagner les mutations sociales et technologiques qui s’imposent à elles : nouvelles attentes des citoyens, besoin d’efficience, développement du territoire, transparence... C’est dans ce contexte que, durant les années 2000, les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) sont créés par la loi antérieurement promulguée le 06 mai 1996, après une période de gestation d’une quarantaine d’années. Ces jeunes établissements publics s’organisent et se structurent avec la difficulté de fédérer des hommes et des femmes de statuts différents, de cultures parfois différentes, ancrés dans l’histoire communale. Ces difficultés s’aggravent dans un contexte de profond changement sociétal, où l’on consomme du secours comme tout autre service ou denrée, où l’information devient essentielle, voire cruciale, pour permettre des secours adaptés à la nature de la mission dans des délais raisonnables. L’ENSOSP a accompagné cette mutation en intégrant le site d’Aix-Les-Milles, se dotant du statut d’établissement public 4. Le décret fondateur précise ses missions dont « l’animation du réseau des écoles de sapeurs-pompiers, et notamment la coordination, en liaison avec les préfets de zone, des formations, des recherches et des actions de coopération assurées par ces écoles » et « la recherche, les études, l’évaluation, la prospective, la veille technologique ainsi que la diffusion de l’information y afférent dans les domaines relevant du champ de compétence des services départementaux d’incendie et de secours ». 1 réunion extraordinaire du Conseil européen de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000. Michel SERRES, Petite Poucette, 2012. 3 Loi DEFFERRE n° 82-213 du 2 mars 1982. 4 Décret n°2004-502 du 7 juin 2004. 2 p2 p2 Elle a pour mission de faciliter et de coordonner le partage de la connaissance et des savoirs au sein de la profession et en interservices. Elle se propose d’aider les SDIS à opérer la mutation qui les conduira vers une organisation 2.0 en se dotant d’outils comme le Portail National de Ressources et de Savoirs (PNRS) en constante évolution au sein de sa division prospective et professionnalisation. Souhaitée par les uns, cette culture du savoir est redoutée par les autres qui vivent la connaissance comme l’objet d’un pouvoir, craignant de perdre dans son partage leurs prérogatives individuelles. Quelle qu’en soit la perception, elle est source d’une évolution sans précédent qui nous interpelle. Quel est l’état actuel d’appropriation du concept de KM par les SDIS ? Quels bénéfices peuvent-ils attendre de la mise en œuvre d’une démarche de KM ? Quelles stratégies doivent-ils mettre en place pour intégrer cette culture de l’exploitation et de la préservation des connaissances ? Enfin quelles pratiques du KM les SDIS peuvent-ils mettre en œuvre pour que cette nouvelle culture soit une réussite partagée ? De ce questionnement, la problématique générale suivante est posée : Quelles bonnes pratiques de KM peuvent faire évoluer les SDIS vers une nouvelle culture de la gestion des connaissances ? La première partie de ce mémoire est essentiellement dédiée aux concept et processus du KM afin que le lecteur appréhende les fondamentaux de la gestion des connaissances. Dans ce contexte, une cartographie du concept matérialise notre propre représentation du sujet. Une veille environnementale à l’étude, complète notre vision pour poser nos hypothèses de travail. Dans la seconde partie, nous étudions, à partir d’entretiens exploratoires, la compatibilité de la gestion des connaissances avec la culture des sapeurs-pompiers. Cette étude est complétée par une approche multidimensionnelle structurée autour des quatre axes : la stratégie et le pilotage du SDIS, l’organisation des SDIS, l’homme dans sa dimension individuelle et collective, les technologies de l’information et les conditions matérielles. Dans la troisième partie, par le biais d’enquêtes sur les pratiques de terrain sous forme d’entretiens semi-directifs, nous identifierons : • l’état des pratiques intrinsèques aux SDIS, à partir d’un échantillon représentatif des différentes catégories (à l’exception de la 5° catégorie), • les bonnes pratiques, extrinsèques aux SDIS, recueillies auprès d’organisations ayant développé des techniques de KM de manière implicite ou explicite. Cette démarche comparative (benchmarking), nous permettra de déterminer les bonnes pratiques transposables aux SDIS. Nous terminerons par des recommandations et des préconisations pour une mise en œuvre facilitant la transition des SDIS vers un mode d’organisation dite « apprenante ». p3 p3 PARTIE 1 GESTION DES CONNAISSANCES : CONCEPT, PROCESSUS ET REPRESENTATIONS « La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information » - Albert Einstein L ’approche du concept de « knowledge management » ne peut être dissociée du contexte dans lequel il s’est développé depuis les années 1970. La connaissance, bien immatériel des entreprises, est devenue « un actif déterminant sur le marché concurrentiel et une ressource clé pour les entreprises »1. En France, à partir des années 1990, les « baby-boomers » quittent le monde du travail en emportant avec eux les connaissances acquises, à l’image d’EDF qui subit massivement le départ des pionniers de la production d’électricité d’origine nucléaire. Parallèlement, les nouvelles technologies de l’information sont utilisées pour capitaliser les connaissances. Il devient alors indispensable de gérer ces connaissances. Pour répondre aux besoins de ce marché naissant, les cabinets de conseil développent le concept de knowledge management 2 permettant aux organisations de faire face au turn-over de leurs personnels, comme aux problématiques de sous-traitance nécessitant d’identifier et de distinguer les savoirs transférables (externalisables) des savoirs cruciaux. Après avoir défini les notions essentielles liées à la connaissance, nous détaillerons les processus qui participent à la gestion des connaissances puis resituerons le concept dans son contexte environnemental afin d’établir nos hypothèses de recherche. 1. LES STRUCTURES DE LA CONNAISSANCE Le grand dictionnaire terminologique québécois offre depuis 2001 une définition de la gestion des connaissances : « gestion, par des moyens informatiques, des informations significatives qui sont acquises par une entreprise et qui y circulent, ainsi que du savoir-faire développé par le personnel, de manière à créer un système interactif de formation continue qui débouche sur une meilleure qualité des produits et services, ainsi que sur une plus grande compétitivité de l'entreprise ». Le dictionnaire de l’information 3, définit le management des connaissances comme « la gestion organisée, coordonnée et opérationnelle des savoirs et des savoir-faire individuels et collectifs dans les organisations ». Le management des connaissances ou knowledge management se distingue de la veille stratégique et de l'intelligence économique. Il « s'intéresse aux informations et aux connaissances internes, mêmes si celles-ci sont alimentées et enrichies par des apports externes ». Partant du constat que le knowledge management est un concept complexe, Jean-Yves Prax 4 propose différentes définitions. Nous en retenons deux, faisant référence à des termes largement empruntés au monde de l’entreprise, mais qui couvrent au mieux le champ de notre étude. 1 Aurélie DUDEZERT, La connaissance dans les entreprises, 2013. Arthur ANDERSEN, 1996. 3 Serge CACALY, Le dictionnaire de l’information, 2008. 4 Jean-Yves PRAX, Manuel du Knowledge Management, 2012. 2 p4 p4 Définition opérationnelle : il s’agit de « combiner les savoirs et savoir-faire dans les process, produits, organisations, pour créer de la valeur ». En d’autres termes, l’amélioration de la performance d’une entreprise passe par l’association de savoirs (explicites et diffusables) et de savoir-faire (tacites et non-diffusables). Définition économique : il s’agit de valoriser le capital intellectuel de l’entreprise, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs et des savoir-faire, d’exploiter les compétences déjà présentes, en vue d’améliorer sa productivité. 1.1. La donnée et l’information : constituants élémentaires de la connaissance 1.1.1. La donnée La donnée est « un fait ou principe indiscuté, ou considéré comme tel, sur lequel se fonde un raisonnement » 1. Elle est le résultat d'une constatation, d'une observation ou d'une mesure. Elle se veut objective dans le sens où elle ne fait pas l’objet d’une interprétation. Elle est le constituant élémentaire du processus de création de la connaissance qui repose sur la possibilité d'acquérir, de stocker et de partager un volume important de données. 1.1.2. L’information L'information est « une association significative de données portées sur un support selon un code prédéfini »2. Elle revêt un caractère subjectif dans le sens où l'émetteur organise cet ensemble de données dans le but de délivrer un message. Robert Reix décrit le lien existant entre les données et l’information : « passer du monde des symboles à celui du sens, des significations, donc des données à l’information, n’est pas automatique, mais se réalise par l’intermédiaire de processus spécifiques d’interprétation, de cognition »3. Il définit le système d’information comme un « ensemble organisé de ressources : matériel, logiciel, personnel, données, procédures… permettant d’acquérir, de traiter, de stocker des informations ». Il montre ainsi l’importance du système d’information au sein des organisations. Le but de l’information est bien de créer une différence, en modifiant notre vision du monde. Aussi, l’information doit nous permettre de répondre à la question suivante : « des données, pour quoi faire ? ». Peter Drucker décrit ce que doit être un « bon » système d'information : « Il doit l'amener [le dirigeant] à se poser les bonnes questions, et ne pas se contenter de lui fournir l'information qu'il attend. Cela suppose [qu’il] sache d'abord de quelle information il a besoin (…) ensuite qu'il obtienne l'information de façon régulière. Cela implique qu'il tienne compte systématiquement de cette information lorsqu'il prend des décisions »4. L'information revêt donc une importance capitale dans le processus du KM dans le sens où elle constitue réellement le lien qui, à partir de la valorisation de la donnée, nous permet d'accéder à la connaissance. 1 Dictionnaire de l'académie française. Norme FD X50-190 Outils de management - Capitalisation d'expérience, 2000. 3 Robert REIX, Systèmes d’information et management des organisations, 2011. 4 Peter DRUCKER, L’avenir du management, 2010. 2 p5 p5 1.2. Les notions de connaissance, compétence et savoir Les notions de connaissance, de compétence et de savoir sont étroitement liées à travers un processus cognitif structuré dans un environnement donné. 1.2.1. La connaissance L’Académie française considère la connaissance comme un acte de l’esprit par lequel un objet est représenté, défini ou compris 1. Elle est également « l’ensemble des représentations, idées ou perceptions acquises par l’étude ou l’expérience » 2. Dans le même esprit, Michel Ferrary et Yvon Pesqueux 3 mettent en évidence la dualité entre une vision rationaliste où la connaissance s’acquiert par le raisonnement a priori et une approche empirique où la connaissance s’acquiert par l’expérience a posteriori. Ils différencient en outre la « connaissance » relevant de l’interaction entre un individu et une chose ou entre individus, des « connaissances » qui relèvent plus globalement de la communauté d’individus. Qu’elle soit théorique ou pratique (l’intellect versus les sens), la connaissance est par essence même cumulative et transférable. Jean-Yves Prax 4 montre que l’acquisition de la connaissance résulte d’un processus de réappropriation cognitive par l’homme, d’informations soumises à son interprétation. En traitant ces informations à travers les filtres de son vécu (expérience, milieu social, professionnel…), il peut se les représenter, les faire calquer à sa réalité. Ainsi, il leur confère le sens indispensable à leur assimilation. Il serait toutefois réducteur de considérer la connaissance comme la simple compilation d’informations stockées en mémoire. La connaissance doit être construite, ordonnée, pour pouvoir être activée en fonction du besoin. Elle est indissociable de l’individu et par conséquent subjective. Deux formes de connaissance cohabitent4 : • la connaissance explicite réfère au « savoir » : verbalisable, transmissible oralement ou par l’écriture. Elle peut être on non liée à un contexte, elle est créée par le raisonnement, la narration, la déclaration ; elle revêt un caractère analytique et tend à être objective ; • la connaissance tacite réfère au « savoir-faire » : non verbalisable, c’est une connaissance pratique qui résulte de l’expérience et se traduit par le geste. Elle s’acquiert par le corps, se transmet par observation, imitation, répétition à travers le tutorat, le compagnonnage, l’apprentissage, l’entraînement… elle est créée par l’action et revêt un caractère physique et subjectif. La connaissance inclut également une forme de connaissance dite « implicite » se référant à « tout ce qui n’est pas dit parce que cela va de soi »4. En matière de « savoir » comme de « savoirfaire », les non-dits par omission (« on croit que l’autre sait », « on ne sait pas que l’on sait ») constituent inévitablement une source de malentendus parce que non conscientisés donc difficiles à verbaliser (en particuliers lorsque la transmission de connaissance émane d’experts). 1 9ème dictionnaire de l’Académie française. AFNOR, Valoriser la connaissance dans l’entreprise, Afnor Edition, 2011. 3 Michel FERRARY Yvon PESQUEUX, Management de la connaissance, Paris, 2011. 4 Jean-Yves PRAX, Manuel du Knowledge Management, 2012. 2 p6 p6 1.2.2. La compétence Les compétences « concernent la mise en œuvre intégrée d'aptitudes, de traits de personnalité et aussi de connaissances acquises, pour mener à bien une mission complexe dans le cadre de l'entreprise qui en a chargé l'individu, et dans l'esprit de ses stratégies et de sa culture » 1. La compétence, qui peut être individuelle ou collective est la « mise en action » de la connaissance, dans un contexte précis qui est celui de l'organisation, et dans un but qui a été fixé. A la différence de la connaissance, la compétence implique un jugement par les pairs, qui se caractérise par la capacité à atteindre les objectifs par les connaissances, les aptitudes et les traits de personnalité mis en œuvre. 1.2.3. Le savoir Le savoir peut se définir comme un ensemble cohérent de connaissances acquises au contact de la réalité ou par l'étude 2. D’ailleurs, Knowledge se traduit à la fois par « savoir » et « connaissance ». Il persiste communément une confusion entre ces deux termes, le savoir étant plus large que la connaissance. Toutefois, « la notion de savoir implique des certitudes plus précises ou pratiques, alors que la connaissance correspond à une compréhension plus globale ou analytique » 3. Si la connaissance a cette connotation fondamentale, le savoir peut être un savoir-faire, beaucoup plus pratique et destiné à être projeté dans le monde. Il est dès lors possible de considérer le savoir comme une application de la connaissance. En référence aux travaux de Martine Girod-Seville 4, nous identifions trois types de savoirs : • le savoir déclaratif : « quoi faire ? »… savoirs explicites dans le domaine technique, scientifique, administratif, • le savoir procédural : « comment faire ? »… savoir mettre en application dans l’exercice de son travail (exemple : bureau méthodes), • le savoir de jugement : « que faire ? »… conduite à tenir, comportement à adopter, solutions à mettre en œuvre en fonction du contexte. Le savoir peut être codifié c’est-à-dire formalisé, validé pour être plus facilement réutilisé et enrichi par l’organisation ou au contraire, informel lorsqu’il échappe au contrôle de l’organisation. Dans cette même logique, Peter Drucker 5 introduit la notion de « travailleur du savoir », autonome et responsable de sa propre productivité. La qualité de sa production doit primer sur la quantité, dans une dynamique d’innovation continue. Dans une démarche personnelle d’apprentissage permanent, il doit aussi enseigner pour transmettre son savoir. Il œuvre avec conviction pour son organisation qui le considère comme « un actif et non comme un coût ». Le KM préfigure ainsi l’entrée de l’homme dans cette nouvelle « société du savoir » ou « société post-capitaliste » annoncée par Peter Drucker en 1993. 1 Claude LEVY-LEBOYER, La gestion des compétences, 2009. Définition Larousse. 3 Vincent IACOLARE, Valoriser la connaissance dans l’entreprise, AFNOR Edition, 2011. 4 Martine GIROD-SEVILLE, La mémoire organisationnelle, Revue française de gestion n°105 (thèse), 1995. 5 Peter DRUCKER, L'avenir du management, 1999. 2 p7 p7 1.3. La notion de culture 1.3.1. Aspect général Le mot culture revêt de multiples sens (sociétal, idéologique, sociologique, artistique...). Dans sa définition la plus générale, la culture est « l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances » 1. Dans sa dimension individuelle, elle est appelée « culture générale » et caractérise « l’ensemble des connaissances qui enrichissent l'esprit, affinent le goût et l'esprit critique ». Elle désigne également « l’ensemble des connaissances acquises dans un domaine particulier » ou encore, au sein d’un groupe social, « l’ensemble de signes caractéristiques d’un comportement de quelqu’un… » 2. La culture est évolutive et variable d’un individu à l’autre. Dans sa dimension collective, c’est « l’ensemble des phénomènes matériels et idéologiques qui caractérisent un groupe ethnique ou une nation, une civilisation, par opposition à un autre groupe ou à une autre nation ». Au delà de la « culture de masse », définie par « l’ensemble des comportements, des mythes ou des représentations collectives qui sont produits et diffusés massivement par les médias», il y a la « culture d’entreprise » considérant « l’ensemble des traditions de structure et de savoir-faire qui assurent un code de comportement implicite et la cohésion à l'intérieur de l'entreprise… »2. Développer et impulser une culture d’entreprise, c’est en effet permettre aux agents ou aux salariés de se reconnaître à travers des valeurs, une éthique, une charte commune et de renforcer la cohésion, le sentiment d’appartenance au groupe. Ils sont incités à participer activement, chacun à son niveau, à la stratégie générale mise en place par l’organisation. C’est aussi donner une image de marque valorisant l’entreprise et la profession. La culture collective, suffisamment enracinée et stable, offre le repère de valeurs communes permettant au plus grand nombre de s’identifier au sein de la collectivité. 1.3.2. Culture organisationnelle La culture organisationnelle est la « façon apprise, partagée et transmise de percevoir, penser et ressentir parmi les membres organisationnels » 3. Trois strates composent la culture organisationnelle : • la première est celle relative aux artefacts culturels, c’est-à-dire aux choses palpables, aux objets construits par les membres de l’organisation. Ces manifestations tangibles englobent le langage, les symboles, les pratiques, les cérémonies, • la seconde, moins visible mais accessible par une bonne lecture du premier niveau, concerne les valeurs affichées. Elles possèdent un caractère normatif dans le sens où elles fixent le cadre de ce qui est valorisé ou au contraire de ce qui est perçu comme inacceptable par l’organisation, • la troisième décline les principes « tenus pour acquis », les valeurs inconscientes pratiquées, c'est à dire les orientations qui ne se discutent plus. Elles sont tellement acquises qu’elles ne 1 UNESCO Déclaration de Mexico, Conférence mondiale sur les politiques culturelles, 1982. Définitions Larousse. 3 Edgar SCHEIN, Organizational Culture and Leadership, 1985. 2 p8 p8 sont plus remises en question mais déterminent inconsciemment les perceptions et les façons de penser propres à l’organisation. 1.3.3. Culture de la gestion des connaissances La culture de l’entreprise constitue un ensemble de codes communs facilitant la communication et donc le partage des connaissances. C’est également un héritage en perpétuelle évolution qu’il faut constamment revivifier. A la différence des biens matériels qui s’échangent par possession ou dépossession, les biens culturels s’échangent eux par enrichissement mutuel. La diversité des cultures au sein d’une organisation est donc une source d’échanges et d’enrichissements qui participent au KM. « Le savoir est la seule ressource qui prend de la valeur en la partageant »1. En même temps, plus une société devient complexe, plus elle a besoin d’avoir une culture forte pour rester unifiée. Le partage de biens culturels, telles les connaissances, unifie dans le sens où il génère un bien commun plus fort que l’intérêt commun par sa dimension collective propre au corps social. La mise en œuvre d’une politique de KM correspond à une culture consciente du savoir. Elle nécessite dans un premier temps de calquer à la culture d’entreprise et aux cultures associées pour permettre un changement culturel individuel et collectif profond. La « culture » semble être le facteur prépondérant pour une gestion des connaissances réussie. Elle influe directement sur les comportements. Aussi, nous verrons dans la deuxième partie ce que sont les cultures des sapeurspompiers et des SDIS pour comprendre comment réussir la transition vers une organisation centrée sur la connaissance. C’est cette nouvelle culture - culture apprenante, culture du partage, culture de la transmission, culture du savoir - qui doit être transposée sur notre culture organisationnelle traditionnelle. 2. LES PROCESSUS DE GESTION DES CONNAISSANCES DANS L’ORGANISATION Nous avons vu que le savoir comporte une composante pratique et une composante théorique. La cohérence des connaissances organisationnelles s’inscrit dans un cercle vertueux « du savoir » qui constitue un processus intégré. 2.1. Le cycle de vie du savoir 2.1.1. L’identification de connaissances L’identification de la connaissance existante est un préalable essentiel pour soutenir la prise de décision dans l’organisation. Cette identification inclut à la fois une analyse fine au sujet de la connaissance existante mais également une étude de la connaissance manquante pour l’organisation (caractérisation de l’ignorance). Cela se traduit au niveau organisationnel par la recherche de connaissances dites stratégiques et au niveau individuel par un enrichissement quotidien à partir des informations et données circulantes. 2.1.2. La création de connaissances Ikujiro Nonaka définit quatre états de la connaissance : la connaissance explicite individuelle, la connaissance explicite collective, la connaissance tacite individuelle, et la connaissance tacite 1 Jean-François BALLAY, Tous managers du savoir !, 2002. p9 p9 collective 1. Il schématise sous forme de matrice dite « matrice de Nonaka » (cf. figure 1) l’ensemble des interactions possibles entre ces quatre états par lesquels passe toute création de connaissance. A l’échelle d’une communauté d’individus, la production de connaissances résulte de l’interaction entre ses membres dans un contexte défini, ce qui lui confère une dimension organisationnelle. Cette interaction sociale s’opère par l’apprentissage, par la pratique, par la résolution commune de problèmes, et le brainstorming. Figure 1 : spirale de la connaissance 2.1.3. Le stockage des connaissances Le stockage représente la volonté de capitaliser cette connaissance stratégique ou cruciale après qu’elle a été identifiée et créée. La capitalisation est l’ensemble des processus par lesquels des informations et des connaissances sont répertoriées, évaluées, rassemblées, formalisées, codifiées, classifiées, commentées, synthétisées, de façon à constituer une base de connaissances. Lorsque les connaissances sont explicites, le savoir peut être récupéré à partir des porteurs de connaissances. Lorsqu’elles sont tacites, il faut encourager le transfert de connaissances de type « maître - apprenti » et les réseaux de communication entre les personnes. Ainsi la connaissance tacite est incorporée dans le groupe ou dans des routines organisationnelles sans avoir été explicitement décrite et reste disponible et réutilisable par l’organisation. 2.1.4. Le partage des connaissances Le management des activités et des processus destinés à amplifier l’utilisation et la création de connaissances par le partage constitue un axe principal du knowledge management dans de nombreuses publications. 1 I NONAKA et H TAKEUCHI, La connaissance créatrice : la dynamique de l’entreprise apprenante, 1997. p10 p10 Les gains potentiels escomptés à travers ce partage sont la réduction des erreurs, des redondances, des coûts de recherche et développement, la résolution plus rapide de problèmes, l’amélioration de la prise de décision et du service rendu, l’accroissement de l’autonomie des agents. Au-delà du partage rendu obligatoire par des évolutions conjoncturelles (mutations, départs à la retraite, sous-traitance, restructurations), le partage peut être intergénérationnel. Il impose donc une ouverture d’esprit et une évolution culturelle afin d’éviter la perte de savoirs et savoir-faire. 2.1.5. L’utilisation des connaissances Les connaissances représentent une valeur à compter du moment où elles sont utilisables par l’organisation. Pour les mettre au service du développement et de l'expansion de l'entreprise, il est nécessaire de les rendre accessibles selon certaines règles de confidentialité et de sécurité, de les diffuser, les partager, les exploiter, les combiner pour créer des connaissances nouvelles. A partir de cette étape, le cycle du savoir est amorcé et il ne pourra se poursuivre que dans des circonstances particulières relevant des activateurs propices à la gestion des connaissances (cf. partie 1§2.2.3). L’utilisation efficace des connaissances est étroitement subordonnée à la mise en œuvre, par l’organisation, d’une approche pédagogique globale. Elle vise en amont, à insuffler à l’ensemble de ses membres une vraie dynamique de partage « on ne partage bien que ce que l’on veut partager ». En effet, quelles que soient les méthodes de partage des connaissances mises en œuvre, si elles demeurent trop complexes, peu accessibles ou méconnues des utilisateurs, un échec est prévisible. 2.2. Projet de gestion des connaissances 2.2.1. Vision et management stratégique A l’instar de l’Etat, les collectivités locales en général et les SDIS en particulier n’échappent pas à la modernisation de l’action publique. La stratégie, doit être repensée pour rester en adéquation avec les mutations socio-économiques présentes. Stratégie, vision et buts à atteindre ne consistent pas en une étape unique mais en un processus itératif continu. Ces sujets fondamentaux relèvent de la responsabilité entière de la direction et motivent généralement les questionnements suivants 1: • Comment donner une orientation générale au KM ? • Pourquoi la gestion des connaissances est-elle importante dans l’environnement actuel et futur ? • Comment devenir une organisation orientée vers la gestion des connaissances ? • Quels sont nos buts ? • Par quoi commencer ? • Comment l’organisation orientée vers la gestion des connaissances s’inscrira-t-elle dans le futur ? • Quelle connaissance mériterait d’être gérée aujourd'hui et dans l’avenir ? Les dirigeants sont obligés de posséder une forte compréhension des besoins de l’organisation et de son environnement, pour avoir une bonne vision et définir les bons objectifs. Le contexte pouvant évoluer, la stratégie doit être concise, développée sur une période de temps assez courte et assortie d’un contrôle en révision dans le futur1. L’instauration d’un nouveau processus dans l’organisation 1 CEN Workshop Agreement, Guide européen de bonne pratique de gestion des connaissances, chapitre 2, 2003. p11 p11 oblige préalablement l’équipe de direction à consacrer du temps à l’examen de ces enjeux stratégiques. C’est le cas pour préparer la mise en œuvre d’une nouvelle pratique managériale centrée sur la gestion des connaissances. Toujours selon le Comité Européen de Normalisation : « L’appui actif des cadres supérieurs a été identifié comme un facteur de succès critique. ». Le KM, en tant que projet complexe, impose une méthode de pilotage global par ses multiples facettes (conduite du changement, organisation et méthodes, travail de communication, capitalisation de contenus de toute nature, utilisation d’outils technologiques…). La mise en œuvre d’une démarche de KM est analysée comme une véritable conduite du changement, en s’inspirant de la philosophie du « Penser Global, Agir Local » 1. Ce principe est matérialisé par la notion de « projets de percées ». En effet, si l’on veut motiver des personnes à partager leurs savoirs et savoir-faire, il faut prendre en compte les facteurs culturels et humains (confiance, sens, réciprocité, gain et non pas uniquement des outils ou des procédures). La gestion des connaissances ne se décrète pas, elle s'expérimente. Le KM est un projet qui se construit aussi par déploiement d'initiatives locales. « Le cercle vertueux du partage est plus facile à initier sur un petit groupe »2. L’idée de « tribu » concentre les conditions de cet échange : un climat de confiance, un management de proximité, une notion de « troc implicite », des temps de rencontre, une territorialité, une reconnaissance par les pairs. Ces deux approches managériales (dites « top-down » et « bottom-up ») ne sont pas contradictoires. Elles font l’objet dans la deuxième partie d’un approfondissement pour orienter le choix des SDIS. 2.2.2. Choix tactiques de mise en œuvre du KM La mise en place d’une démarche de KM peut se faire selon deux approches opérationnelles complémentaires, la codification et la personnalisation. La codification ou approche technologique traite la connaissance dans un système d’informations indépendamment de celui qui la créé ou l’utilise, selon deux finalités distinctes : • la première plutôt statique ou patrimoniale vise le traitement fonctionnel de la connaissance depuis sa création jusqu’à sa réutilisation en passant par son stockage, • la seconde, plus dynamique se focalise sur l’apprentissage organisationnel depuis l’individu jusqu’à l’organisation. Le développement du KM au sein de l’organisation s’appuie fortement sur les multiples outils que proposent aujourd’hui les Technologies d’Information et de Communication (TIC). Ces technologies semblent offrir, de prime abord, une réponse évidente à une problématique de gestion des connaissances. Toutefois, cette approche techno-centrée est remise en cause. Ce modèle est perfectible en particulier pour repérer, expliciter et transférer la connaissance tacite 3. Une bonne gestion des connaissances tacites, moins formelles et non codifiées, relève avant tout d’échanges humains directs. La personnalisation ou approche managériale tend vers cet objectif. Si les vingt premières années ont consacré le KM dans sa dimension techno-centrée, nous assistons depuis quelques années au développement d’une approche humano-centrée. Cette approche positionne l’individu au cœur de la démarche et s’appuie sur ses besoins et motivations. Le KM ne peut être réduit à « une 1 Ginette MONTCHO, Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, secteur pétrolier. Gonzague CHASTENET DE GERY, Ernst and Young Conseils, ancien directeur. 3 I NONAKA et H TAKEUCHI, La connaissance créatrice : la dynamique de l’entreprise apprenante, 1997. 2 p12 p12 simple boîte à outils ». C’est la vision de Jean-Yves Prax : « La disparition progressive de la frontière entre le professionnel et le privé... sur le plan de la connaissance et des idées, c’est l’homme qui s’est mis en réseau ! » 1. Ces deux approches peuvent coexister sous l’appellation « knowledge mix » 2, mais avec une prédominance marquée de l’une sur l’autre (rapport 20% / 80%). Il appartient aux équipes dirigeantes de faire ce choix initial. Vouloir développer à part égale celles-ci dans une organisation est voué à l’échec 3. Le choix d’un « knowledge mix » va permettre à l’organisation de mettre en œuvre un ensemble d’actions coordonnées. A ce titre, le CEN entend au sens large par outils de KM, « l’ensemble générique des outils qui permettent la mise en œuvre de processus de KM. Ceux-ci peuvent être tantôt les systèmes d’information, tantôt des méthodologies, ou encore des réseaux humains ». Néanmoins, il est d’usage courant de considérer les outils sur un plan technologique. C’est la raison pour laquelle nous utiliserons préférentiellement le terme de « pratiques » qui nous semble mieux représenter les approches technologiques et managériales. 2.2.3. Les activateurs du knowledge management Au-delà des pratiques dédiées, le CEN a mis en évidence le rôle déterminant de certains facteurs à travers une enquête auprès de nombreuses sociétés européennes. Ces facteurs de succès d’un projet de gestion des connaissances sont nommés « activateurs de KM ». Ces activateurs synthétisent l’ensemble des notions abordées dans la première partie. Ils montrent la complexité du sujet et font l’objet d’un développement particulier dans la deuxième partie. 50 47 40 30 28 28 27 % 30 20 10 0 culture d'entreprise organisation et technologie de compétences processus l'information et motivations soutien de la direction Figure 2 : les activateurs de KM (CEN) 1 2 3 Jean-Yves PRAX, Manuel du Knowledge Management, 2012. Aurélie DUDEZERT, La connaissance dans les entreprises, 2013. CEN Workshop Agreement, Guide européen de bonne pratique de gestion des connaissances, chapitre 5. p13 p13 3. REPRESENTATION DU CONCEPT 3.1. Carte heuristique Notre représentation de la réalité est imparfaite par nature. Une cartographie du concept jointe en annexe n°1 nous permet de partager notre vision du sujet et montre à la fois son étendue et sa complexité. 3.2. Veille environnementale 3.2.1. Approche de la complexité Les vingt dernières années sont marquées par un accroissement considérable des entités et des interactions, que ce soient celles liées à la mondialisation, ou celles liées à l’avènement et l’utilisation du web 2.0. Notre conscience évolue vers la multidimensionnalité. Cette (r)évolution de notre représentation du monde nécessite une nouvelle approche. Si la méthode cartésienne a permis des progrès scientifiques sans précédent ces deux derniers siècles, elle a enrichi chaque vision de manière unidimensionnelle, spécialisée, donc parcellaire. La nouvelle approche multidimensionnelle de l’univers et de sa complexité dépasse les capacités de notre cerveau. Elle est adaptée à un système dynamique, comportant par là même des indéterminations, des incertitudes, des aléas, sources de changements permanents et de complexité croissante. Selon Edgar Morin 1, « Pour nous aider à penser la complexité du réel, nous avons besoin de macro concepts et de méta points de vue : • le premier principe de dialogique nous permet de maintenir la dualité au sein de l’unité. Il associe deux termes à la fois complémentaires et antagonistes [exemple : de par la nature même de leur missions, les SDIS oscillent en permanence entre un fort besoin de sécurité et la nécessaire prise de risques en intervention], • le deuxième principe est celui de la récursion organisationnelle : un processus récursif est un processus où les produits et les effets sont en même temps causes et producteurs de ce qui les produit [exemple : de par la bonne couverture du territoire, les SDIS sont amenés à réaliser des missions par carence d’autres services ce qui engendre une augmentation de l’activité générant une sur-sollicitation des moyens et impactant cette couverture du territoire]. • le troisième principe est hologrammatique : non seulement la partie est dans le tout, mais le tout est dans la partie [exemple : dans la gestion d’une organisation, faire connaître la vision stratégique sans qu’il y ait appauvrissement du message au fil de la descente des échelons hiérarchiques, permet à chaque agent spécialisé sur son poste, de resituer son action quotidienne dans la perspective globale] ». 1 Edgar MORIN, Introduction à la pensée complexe, Ed. Seuil, 1990. p14 p14 3.2.2. Contexte périphérique à notre étude Contexte temporel et institutionnel Cette ère qui émerge, est basée sur la technologie de publication via internet. Elle évolue à une vitesse considérable et notre société ne la pense pas. Nous vivons en vingt ans une transformation comparable à celle qui a mis deux siècles (entre Gutenberg et Voltaire) à démocratiser le savoir grâce à l’imprimerie. Or, la vitesse des transformations du monde numérique ne correspond pas à la vitesse des transformations de nos institutions. Pour atténuer ce décalage, il est nécessaire de mettre en place des moyens adaptés, de travail, de « recherche-action »1 ; des thèses sur l’impact du numérique dans tous les domaines. Il est indispensable d’anticiper et de penser fondamentalement la transformation liée au numérique dans le domaine des SDIS. Contexte sociétal, générationnel et décisionnel A titre d’exemple au sein de l’Education Nationale, il existe un décalage entre l’orientation fixée par le Ministre Vincent Peillon selon laquelle « il faut introduire le numérique à l’école », et la génération Y. En effet, le taux d’équipement en moyens numériques et le niveau général de formation de la population française sont bons. Mais il y a d’après Divina Frau-Meigs 2 « une sclérose totale au niveau de l’éducation (…) en partie due au fait que nous sommes centralisés… ». Selon elle, « il faut convaincre nos décideurs qui ont réussi dans un système qui n’était pas celui-là (...). Ils ont du mal à se projeter dans le futur des jeunes et en sont extrêmement coupés. Les verrous sont les décideurs peu convaincus du numérique et [qui] font soit la langue de bois (l’inscrivent dans les textes mais ne mettent pas les ressources à disposition) soit reviennent sur les fondamentaux (savoir lire et écrire) ». Cet exemple de décalage dans le monde de l’Education Nationale doit nous inviter à réfléchir sur nos capacités de mutabilité. Au sein de la Sécurité Civile, nous devons acquérir une vision de l’avenir de nos savoirs dans le monde numérique en intégrant les différences générationnelles. Contexte technologique Le modèle numérique d’aujourd’hui est en développement exponentiel et le web 2.0 va muter. En effet les données, les métadonnées sont traitées aujourd’hui par indexation ou par annotation. Les langages informatiques actuels (HTML, XML) manquent de pertinence dans la recherche et le transfert d’informations ou de connaissances multi supports (audio, vidéo...). De la même manière, les réseaux sociaux sont extrêmement mimétiques à leur stade actuel de développement (sans parler de la problématique d’aliénation des données). Ils sont basés sur la sociographie (points mis en relation entre eux) 3 alors que d’autres modèles de traitement de données communautaires sont expérimentés. L’évolution vers un web 3.0 dit « web sémantique » pourrait permettre l’utilisation de nouveaux langages de programmation permettant de mieux prendre en compte l’architecture des données, des informations et donc de la connaissance dans l’univers du web (RDF, OWL). 1 Kurt LEWIN, psychologue américain (1890-1947). Divina FRAU-MEIGS, professeure en sciences de l'information et de la communication, Université de Paris III. 3 Jacob Levy MORENO, Fondements de la sociométrie, PUF, 1970. 2 p15 p15 3.2.3. Un changement de paradigme pour les SDIS ? Dans ce contexte où les incertitudes augmentent et où les dérèglements apparaissent, nos organisations SDIS doivent s’adapter constamment. « La seule façon de lutter contre la dégénérescence est dans la régénération permanente, autrement dit dans l’aptitude de l’ensemble de l’organisation à se régénérer et à se réorganiser en faisant front à tous les processus de désintégration » 1. Habituées jusque-là à un fonctionnement ordonné (répétition, cadrage) où les choses se font par automatismes, nos organisations SDIS ne peuvent plus rester dans une conception de processus programmés et donc figés. Elles doivent être capables de « traiter les éléments contribuant à l’élaboration et au développement de leur stratégie ». Ainsi les SDIS doivent se préparer, en intégrant dans leur stratégie d’organisation, les aléas pour élaborer leurs scénarios. Ces scénarios peuvent être construits efficacement grâce à la richesse des connaissances échangées et transmises si l’établissement fait le choix d’une politique de gestion des connaissances (KM). Ces connaissances sont ensuite modifiées, enrichies, adaptées par processus itératifs. Dans cette perspective, les orientations données en la matière par le Cadre d’Auto-évaluation des Fonctions publiques (CAF) 2006 sont rappelées dans le chapitre « Gérer les informations et les connaissances » : a. développer des systèmes pour gérer, conserver et évaluer les informations et les connaissances dans l’organisation en accord avec les objectifs stratégiques et opérationnels, b. faire en sorte de se procurer, de traiter et d’exploiter efficacement l’information externe utile, c. effectuer un suivi permanent des informations et des connaissances de l’organisation, en s’assurant de leur pertinence, de leur exactitude, de leur fiabilité et de leur sécurité. Veiller à leur cohérence avec les orientations stratégiques et les besoins actuels et futurs des parties prenantes, d. mettre en place des circuits de communication interne pour assurer l’accès de tous les agents aux informations et aux connaissances pertinentes pour remplir leurs tâches et leurs objectifs, e. assurer l’accès et l’échange d’informations pertinentes avec toutes les parties prenantes et présenter informations et données dans un format facile à utiliser, f. capitaliser, dans la mesure du possible, les informations et connaissances des collaborateurs qui quittent l’organisation. Attribuer une note en utilisant le tableau d’évaluation des facteurs. 1 Edgar MORIN, Introduction à la pensée complexe, Ed. Seuil, 1990. p16 p16 Interne 3.3. Etude des forces et faiblesses des SDIS face au KM Points positifs (Atouts) Points négatifs (Handicaps) FORCES FAIBLESSES Culture Forte capacité d’adaptation Forte contribution de l’ENSOSP Culture Culture des sous-groupes Management Forte capacité d’adaptation Amélioration de la prise de décision Management Nombreux niveaux hiérarchiques Méconnaissance du sujet par les cadres Humain Responsabilisation des acteurs Développement confiance/motivation Humain Peurs à l’origine des décisions Rivalités internes et faible confiance Organisationnel Résolution plus rapide des problèmes Diminution des erreurs Organisationnel Cloisonnement en silos Règles nombreuses Technologique PNRS Technologique Parcellisation des outils Outils communautaires peu développés Externe OPPORTUNITES MENACES Culture Adaptation à l’évolution de la société 2.0 Culture Profond bouleversement culturel Management Enrichissement par apports externes Management Faibles stratégies départementale Humain Nouvelle génération Y à considérer Transmissions intergénérationnelles Humain Perte de pouvoir par le savoir Organisationnel Mode réseau favorisant les échanges Organisationnel Normes et règlements Technologique Web 2.0 et ses évolutions Technologique Dépendance aux TIC et vision supra Tableau 1 : le KM dans les SDIS p17 p17 3.4. Formulation des hypothèses de recherche Au terme d’une appropriation des bases fondamentales du KM, nous avons construit notre représentation du concept. Dans le prolongement de cette représentation, nous sommes en mesure d’établir différentes hypothèses. A l’issue de la veille environnementale, si nous nous intéressons aux multiples dimensions du sujet, nous pensons que par une approche multidimensionnelle, le knowledge management permet aux SDIS de s'adapter à la complexité de leur environnement (hypothèse 1). En revanche si nous nous focalisons sur la dimension humaine, que ce soit dans sa composante « individuelle » ou bien « collective », nous avons le sentiment que le knowledge management est un facteur de confiance et de motivation, sources de cohésion au sein des SDIS (hypothèse 2). Enfin si nous nous attardons sur la dimension matérielle des SDIS, en perspective des deux composantes qui la constituent, il nous apparaît probable que les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont essentielles mais non suffisantes pour valoriser le capital immatériel des SDIS (hypothèse 3). Ces trois hypothèses de travail vont être éprouvées dans notre seconde partie. La culture des sapeurs-pompiers et plus largement des SDIS est comparée à la culture de la gestion des connaissances. Une approche multidimensionnelle du système de gestion des connaissances au sein des SDIS est menée par le biais de quatre volets évoqués dans les activateurs du KM. Elle apporte un éclairage complémentaire au volet culturel. Enfin, la troisième partie confronte nos hypothèses à la réalité du terrain, pour en évaluer la pertinence. p18 p18 PARTIE 2 VERS UNE APPROCHE MULTIDIMENSIONNELLE DANS LES SDIS « Seule la pensée complexe permettrait de civiliser notre connaissance » Edgard Morin D ans cette deuxième partie, nous allons tout d’abord chercher à mieux appréhender la culture des Service Départementaux d’Incendie et de Secours. En effet, elle est l’activateur principal déterminant une démarche de knowledge management réussie. En observant les particularités de nos organisations et de notre corporation, nous étudions quels changements découlent de l’instauration d’une culture de la gestion des connaissances au sein de notre profession. Ensuite, une analyse des autres activateurs nous permet de détailler quatre soussystèmes de la gestion des connaissances. Cette approche permet de cerner tous les aspects d’une telle démarche dans nos organisations. 1. PARTICULARITES CULTURELLES ET OPPORTUNITES 1.1. La culture des SDIS et des sapeurs-pompiers Les SDIS se sont construits sur les corps communaux de sapeurs-pompiers, intégrant à minima comme dénominateurs communs les valeurs de courage et de dévouement. Bien plus vaste, l’héritage culturel des sapeurs-pompiers représente une composante significative de la culture des SDIS, reconstruite chaque jour par celles et ceux qui engendrent son évolution. Cet héritage peut être mis en évidence par un classement des artefacts culturels permettant de caractériser notre corporation 1 via la tradition (Histoire, Héros, Mythes), les métiers, les valeurs et croyances, les rituels, les symboles, le mode d’autorité (exercice et distribution), la manière dont les agents se sentent récompensés, organisés, contrôlés. Forts de ce patrimoine, certains SDIS ont franchi le pas en affichant des valeurs propres à l’identité de l’organisation, à travers un projet de service, une charte. A titre d’exemple, le SDIS de la HauteSavoie, prône par la voix de son président « la nécessité de répondre à des valeurs humaines [de courage et d’honneur] et de posséder les qualités au service de ces valeurs ». Il met en avant l’ouverture d’esprit, le bon sens, l’écoute, la tolérance, l’exemplarité, l’humilité, le respect, le professionnalisme, le sang-froid, la chaleur humaine, le désintéressement, l’empathie, la discrétion et la politesse. De par la diversité des territoires et de leurs ressources, chaque SDIS est par essence même unique. Il est par conséquent difficile de modéliser ce que peut être la culture de l’organisation SDIS. Aussi nous prenons le parti de nous référer au système de valeurs de l’ENSOSP qui intègre à la fois les aspects culturels des sapeurs pompiers et les aspects propres à leurs organisations, sans pour autant négliger les phénomènes de groupe. 1.1.1. Système de valeurs de l’ENSOSP Jérome Cernoïa, éthicien, explicite trente-six « valeurs fondamentales dans la construction de l’identité de la profession »2. Elles ont fait l’objet d’un travail préalable au projet d’établissement de 1 2 Modèle de Edgar SCHEIN, Organizational Culture and Leadership, 1985. Jérome CERNOIA, Recueil des valeurs,ENSOSP 2012. p19 p19 l’ENSOSP avant d’être revendiquées et affichées. Elles ont été discutées par l’ensemble des représentants de la gouvernance de l’établissement avant validation par voie délibérative 1. Elles représentent l’école et la culture professionnelle. Nous pensons que, ces « valeurs humaines, professionnelles ou républicaines », sous tendues par les artefacts évoqués précédemment, peuvent constituer le socle d’une culture partagée entre tous les SDIS. Valeurs Humaines Valeurs Républicaines Valeurs Professionnelles Service Public Esprit de corps Progrès Intervention Altruisme Adaptabilité Cohésion Créativité Assistance Liberté Courage Continuité Equilibre Innovation Efficacité Egalité Dévouement Equité Exemplarité Interdisciplinarité Sens de la mission Fraternité Don de soi Intérêt général Loyauté Modernité Responsabilités Engagement Légalité Pérennité Ouverture Sens du secours Humilité Probité Tradition Performance Respect Transversalité Transparence Solidarité Tableau 2 : valeurs affichées et valorisées par l’ENSOSP Leur classement thématique nous permet d’entrevoir les différents aspects de la culture des sapeurs pompiers intimement liée à celle des SDIS. 1.1.2. Culture de groupe Le socle culturel évoqué mérite une prise en compte des phénomènes de groupes. Chaque sapeurpompier ou agent se rattache à un sous-groupe (centre d’intervention ou service X, équipe de garde ou spécialité Y, formation d’intégration Z, officier, personnel administratif et technique ou homme du rang,…). Notre culture aux multiples facettes s’enrichit donc de ces innombrables sous-groupes. A contrario, leurs croyances bien enracinées provoquent des effets restrictifs. Une présentation des effets liés à la dynamique de groupe nous éclaire sur les obstacles possibles à une organisation pleinement consciente de son savoir. Figure 3 : propriétés contraignantes issues de la pensée de groupe 2 1 Le projet d’établissement de l’ENSOSP, valeurs, finalités, diagnostic stratégique, préconisations et plan d’action, 2009. 2 CEN Workshop Agreement, Guide européen de bonne pratique de gestion des connaissances, 2003. p20 p20 Ces aspects limitatifs théoriques des groupes sont présents aussi chez les sapeurs-pompiers. Des artefacts aident à caractériser le phénomène dans l’environnement des SDIS pour en tirer les représentations limitantes des sous-groupes chez les sapeurs-pompiers : Représentations limitantes (5) Artefacts culturels Non communication Langage implicite Pouvoir Infaillibilité Simplisme Nombrilisme Hiérarchie marquée Grades affichés Mythe du héros ou surestime de soi Raisonnement par analogie Déconnection de la population Ecrire = punir Abus de pouvoir ou connivences Cote de popularité Mnémotechnie Esprit communal Peur de la sanction Rapports SPP/SPV Logique de valorisation Généralisation Faible relation interservices Départ d’agents sans laisser de trace Sexisme / Rivalités Pas d’obligation de résultat Permanence des pensées Promotion du particularisme Acronymes Influences (syndical ou associative) Erreur = faute Routines Peu d’interactions humaines Tableau 3 : représentations limitantes des sapeurs-pompiers Cette représentation partielle des aspects limitant de la culture des sapeurs-pompiers laisse entrevoir ses effets sur les comportements. Ces attitudes adoptées, sont limitatives et s’opposent à la transition vers une culture de gestion des connaissances. Un changement culturel s’impose en conséquence à tous les niveaux institutionnels pour décourager ces pratiques rassurantes pour le groupe. A titre d’exemple, Cécile Godé 1 explique que le Général Stéphane Abrial 2 a officiellement « dépénalisé » l’erreur au sein de l’armée de l’air : « (…) je sais que beaucoup d’entre vous œuvrent pour une plus grande transparence. Je sais aussi que d’autres éprouvent des réticences à s’ouvrir publiquement, craignant d’être victimes de leur honnêteté, d’être brutalement sanctionnés. Cette méfiance n’est plus acceptable dans une armée de l’air moderne. C’est pourquoi j’ai décidé d’engager une démarche de dépénalisation des erreurs (…) je garantis notamment l’impunité à tous les auteurs (…) quelles que soit le type d’expériences qu’ils relatent. Mon souhait est bien d’instaurer un climat réel de confiance (…) » 3. Cet engagement fort, à la hauteur du changement culturel souhaité pour l’armée de l’air est opéré selon un management de type « top-down » visant à contrer des valeurs d’infaillibilité (erreur = faute) et de non-communication (peur de la sanction) au sein de l’institution militaire. Selon une autre illustration, l’ENSOSP a une approche de type « bottom-up ». La mise à disposition d’un outil tel que le Portail National des Ressources et des Savoirs (PNRS), peut générer des changements de comportements. Ils induisent progressivement une évolution culturelle en agissant sur les représentations limitantes que sont la non-communication et le nombrilisme. Comme évoqué dans la partie 1, les logiques « top-down » et « bottom-up » ne s’opposent absolument pas dans leur mise en œuvre. 1 Cécile GODE, Chercheur au Centre de Recherche de l’Armée de l’Air. Général Stéphane ABRIAL, Chef d’Etat Major de l’Armée de l’Air de 2006 à 2009. 3 Préface du Chef d’Etat Major de l’Armée de l’Air, Bulletin de la Sécurité des Vols, 2006. 2 p21 p21 De manière plus large, les croyances partagées à l’origine d’un processus de KM réussi sont : • « le temps passé à tisser un réseau (networking) est valable, • il existe un effet boomerang : il faut donner si l’on veut recevoir, • ‟la connaissance est le pouvoir” est une tromperie et une idée démodée, • il existe un besoin de vision et de perspective complète, aussi bien que celui du détail, • les changements sont considérés comme une norme, • la surcharge d’informations peut parfois être atténuée avec une combinaison de technologie de filtrage et des réseaux d’agents ». 1 1.2. Les opportunités de la gestion des connaissances pour les SDIS Au-delà des représentations limitantes liées aux individus, et pour bien cerner ces opportunités, nous nous proposons de confronter ci-dessous les deux cultures en tenant compte de multiples paramètres. Figure 4 : culture des SDIS versus culture de la gestion des connaissances1 1.2.1. Facilitateurs culturels Cette mise en parallèle distingue quatre premiers domaines de compatibilité potentielle avec la gestion des connaissances sur lesquelles pourraient se fonder les organisations apprenantes de demain. Le partage des responsabilités Le partage des responsabilités fait partie intégrante de notre culture opérationnelle. Les responsabilités des « commandants des opérations de secours » varient en fonction de l’importance de l’intervention. A l’instar de cette pratique opérationnelle, nos organisations doivent apprendre à moduler et adapter les responsabilités sur le plan fonctionnel. En tendant vers la coresponsabilité à tous les niveaux, chacun peut se sentir un peu plus acteur de la vie de l’établissement public. 1 CEN Workshop Agreement, Guide européen de bonne pratique de gestion des connaissances, 2003. p22 p22 L’importance de la place de la formation L’organisation des formations représente une composante forte. Elle peut faciliter une démarche de transition vers la gestion des connaissances. L’évolution actuelle des stratégies pédagogiques 1 va dans le sens de l’accompagnement nécessaire, pour rapprocher les comportements des agents du modèle centré sur les connaissances. La gouvernance politique Les SDIS sont gérés administrativement par le président du conseil général et commandés sur le plan opérationnel par le préfet. Ce principe de double tutelle offre jusqu’à présent une certaine autonomie dans la gestion de l’établissement public. Au-delà du risque potentiel d’influence politique locale, les sapeurs-pompiers disposent d’une certaine marge de manœuvre. Le principe de la libre administration des collectivités territoriales donne aux SDIS la possibilité d’évoluer vers une organisation centrée sur les connaissances. L’attention multi fonctionnelle En raison de la nature même de leurs missions et de l’obligation de moyens qui s’impose aux sapeurs-pompiers, les SDIS bénéficient de la part du conseil d’administration de décisions fondées sur une attention multicritères (risques, population, volontariat) et non sur une attention purement financière. Une attention éclairée par la connaissance, à l’exemple du SDACR, permet d’orienter le choix des décideurs sur des critères pertinents. 1.2.2. Marges de progrès Ce face à face des deux cultures nous montre dans sept domaines les axes d’évolution possibles pour accéder au changement culturel souhaité, propice à des comportements nouveaux : ceux de « l’agent du savoir ». Le rapport au pouvoir Avec l’avènement du web 2.0, le savoir n’est plus le pouvoir et seule la connaissance confère l’autorité. Ainsi le pouvoir n'appartient plus à celui qui détient l'information. Il appartient à celui qui sait la traiter et l’utiliser pour mieux décider et à celui qui sait la transmettre. L’enjeu est de déterminer des logiques de pouvoir différentes basées sur l’exemplarité (valeur) et un sens du rapport à l’autre moins hiérarchique. Un changement culturel pourrait s’opérer à l’échelon national en évoluant progressivement d’un modèle de « type pyramidal » vers un modèle de « type réseaux ». Peur du risque Sur le plan opérationnel, notre organisation est confrontée en permanence à de fortes incertitudes, avec des risques plus élevés que dans d’autres professions pouvant conduire à un danger de mort. Il existe un paradoxe : cette prise de risque acceptée en service commandé l’est moins dans les domaines organisationnels, managériaux ou administratifs. Ces peurs « de mal faire, de se tromper, de la judiciarisation, de la réaction des élus » sont autant de freins potentiels. Lorsque la peur gouverne nos décisions, elle bloque la compréhension intelligente de l’environnement. L’audace et la créativité sont des qualités que nos institutions pourraient valoriser pour permettre à des connaissances nouvelles d’émerger. 1 Arrêté du 08 aout 2013 relatif aux formations des SPV. p23 p23 Structure organisationnelle L’organisation bureaucratique des SDIS 1 dans le prolongement des collectivités de tutelle, ne facilite pas structurellement le partage des connaissances. Les SDIS font cohabiter plusieurs statuts travaillant à des rythmes et sur des échelles de temps très différents. Ils fonctionnent en grande partie sur une ressource humaine particulière, les sapeurspompiers volontaires, très diverse dans ses origines socioprofessionnelles et difficile à fidéliser. Mode de fonctionnement Les SDIS s’organisent autour d’unités opérationnelles réparties sur l’ensemble du territoire départemental nécessitant de maintenir une cohésion et une cohérence. Notre mode de fonctionnement répond en outre à des obligations réglementaires incontournables. Néanmoins, pour tout ce qui a trait à la gestion fonctionnelle de l’établissement public, un fonctionnement basé sur des principes (et non sur des règles), déclinés et détaillés localement, permettrait de mieux s’adapter aux innombrables particularités. Niveaux hiérarchiques Le fonctionnement des SDIS repose sur une organisation hiérarchique. Empruntée au modèle militaire, elle affiche clairement les grades d’une partie seulement des agents qui servent cet établissement public. Elle est également cloisonnée, ne facilitant pas vraiment le partage des connaissances. Ainsi, le nombre de niveaux hiérarchiques de sapeur à colonel (supérieurs à 10) a tendance à générer une forme de rivalité entre les agents, renforcée par la coexistence de plusieurs statuts1. Cela va à l’encontre de la complémentarité souhaitée dans une démarche de KM. Outre l’organisation traditionnelle qui gêne les échanges transversaux, les niveaux hiérarchiques freinent quant à eux les échanges verticaux. Privilégier les niveaux d’emplois (d’équipier à directeur), moins nombreux peut être un préalable culturel. Les différences affichées seraient atténuées et faciliteraient les changements comportementaux souhaités en gestion des connaissances. Principes de communication La mise en place de systèmes de communication accessibles et ouverts à tous doit permettre, par la modération exercée par le groupe et l’identification toujours possible des individus, de partager complètement le savoir. Cette distribution large des accès à l’information ouverte à l’intérieur et à l’extérieur de la profession est aussi un préalable à la transition vers la société de la connaissance. Faire évoluer notre modèle, le rendre plus innovant, plus informel (notamment par la mise en réseaux de nos nombreuses communautés de pratiques), et l’institutionnaliser, serait un signal fort de changement vers « l’établissement apprenant ». Intelligence émotionnelle, culturelle et influence des réseaux Le fonctionnement de notre profession, de par son histoire et la culture qu’elle a développée, se fait de façon relativement autosuffisante. Parfois refermée sur elle-même, elle peut éprouver quelques difficultés à s’ouvrir sur l’extérieur et connaît « un esprit de clocher » que la départementalisation n’a pas totalement effacé. Elle présente la particularité de réaliser la majorité de ses missions très variées dans un domaine de compétence partagée avec d’autres services publics et dispose d’une compétence exclusive sur seulement 10 % de ses missions. Elle se situe à l’interface de très nombreux services nécessitant une transversalité par la mise en réseaux. 1 S. CHEVRIER (MANA) et J.Y. DARTIGUENAVE (LARES), L’avenir du dispositif de volontariat chez les SP, 2008. p24 p24 Dans le prolongement de la confrontation entre la culture des SDIS et la culture du KM, nous allons opérer une analyse du système « gestion des connaissances » au sein des SDIS selon plusieurs dimensions et composantes. 2. ANALYSE MULTIDIMENSIONNELLE Outre les aspects culturels développés précédemment, la gestion des connaissances dans les SDIS mêle également des aspects humains, techniques, organisationnels ou managériaux caractéristiques d’un système complexe. L’analyse multidimensionnelle nous semble être l’approche la plus adaptée pour intégrer les quatre aspects structurants illustrés ci-contre. 2.1. La dimension managériale 2.1.1. La composante stratégique Cette dimension est capitale dans la mise en œuvre d’un projet de gestion des connaissances. Le KM est un outil de management au service d’une vision stratégique des SDIS. La mise en œuvre doit faire l’objet d’un portage et d’un accompagnement par les décideurs. L’équipe de direction, les chefs de groupements fonctionnels et territoriaux doivent susciter l’adhésion d’un grand nombre de collaborateurs dans les centres de secours et services fonctionnels. Le KM est un pari sur l’avenir. Les bénéfices ne seront pas significatifs et visibles immédiatement et nécessitent une communication spécifique au sein du SDIS pour entretenir et faire vivre cette démarche novatrice tenant compte de plusieurs facteurs : • elle est ambitieuse et doit viser des objectifs stratégiques de l’établissement clairement identifiés dans le projet d’établissement ou de service dans le cadre d’un leadership unifié, • elle doit mettre en avant des réalisations concrètes locales dans les centres et les services, apportant des résultats pas forcément mesurables mais visibles à court terme aux agents du SDIS qui vont y contribuer, • elle relève d’une conduite du changement qui nécessite d’apprendre à partager ses pratiques, de mutualiser ses expériences, d’écouter, de former, de capitaliser, et impose un accompagnement, • les ressources humaines et financières sont limitées, et les acteurs déjà très chargés. De plus, il faut souvent commencer par donner avant de recevoir. Une démarche itérative et incrémentale est donc nécessaire, avec des rendez-vous pour déterminer le niveau d’appropriation. Malgré tout, il convient d’identifier un obstacle culturel au sein des SDIS dans le rapport au pouvoir que confère le lien hiérarchique. 2.1.2. La composante « pouvoir » En ce qui concerne la relation du savoir avec le pouvoir, « L’information est un enjeu de pouvoir. »1. Les SDIS n’échappent pas à cette règle. 1 Ronald COASE, The nature of the firm, 1937. p25 p25 Le pouvoir se définit « comme la capacité ou la possibilité de faire quelque chose, d’accomplir une action, de produire un effet », mais également comme « l’autorité, la puissance, de fait ou de droit, détenue sur quelque chose ou sur quelqu’un » 1. Le pouvoir peut être hiérarchique ou informel. Dans ce second cas, il est lié à la maîtrise de « zones d’incertitudes », 2 non clairement définies et précisément limitées dans l’entreprise. Ainsi, pour un supérieur comme pour un subalterne, chercher à accroître son pouvoir, c'est étendre la zone au sein de laquelle il peut avoir un comportement imprévisible ou indéterminé. Quatre grandes sources de pouvoir correspondent aux différents types de sources d'incertitudes particulièrement pertinentes pour les SDIS : • le pouvoir lié à l'expertise : on fait croire ou on démontre que l'on possède une compétence rare (services informatiques, référents de spécialités au sein des SDIS), • le pouvoir lié aux entrées ou aux sorties des organisations : on retrouve des spécialistes, des intervenants ponctuels qui font partie de plusieurs organisations (les SPV insérés dans le tissu associatif, politique, économique local), • le pouvoir lié à l'information : canaux officiels et officieux de communication, • le pouvoir lié à l'utilisation des règles organisationnelles (l’agent sédentarisé). 2.2. La dimension organisationnelle 2.2.1. La composante structurelle L’organisation désigne « la façon dont un ensemble est organisé, dont il est agencé pour son fonctionnement ». Les SDIS, se sont structurés dès leur création autour d’une organisation classique, dite bureaucratique, sur le modèle des collectivités territoriales dont ils dépendent. Cette organisation se caractérise, précise Max Weber 3 : « par une division des tâches, axée sur la spécialisation des fonctions, une hiérarchisation des postes, un dispositif de règles et de procédures écrites très détaillées définissant l’autorité, les responsabilités et les tâches ». Elle est rationnelle puisque des moyens sont mis en face des risques pour atteindre des buts spécifiques dans un objectif de couverture opérationnelle fondé sur une approche déterministe (obligation de moyens). Les SDIS, de par leur spécificité et leur raison d’être, évoluent dans un environnement dynamique mais également complexe. Ce constat pourrait nous amener à penser que l’organisation traditionnelle des SDIS n’est pas toujours adaptée à leurs missions au sens large, et nécessiterait d’évoluer vers une organisation plus systémique. Le colonel Michel Marlot (DDSIS de la Saône-et-Loire) nous explique que développer le KM dans les SDIS, c’est prendre en considération l’homme et ses initiatives, participant à la vie de la structure en apportant sa connaissance. Le KM est d’après lui le reflet du sens donné à l’organisation. Rendre accessible, partager, mutualiser et enrichir les connaissances permet à chaque acteur d’agir librement en coresponsabilité. 1 Dictionnaire Larousse de 2001. Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG, L’acteur et le système, Ed. Le Seuil, 1977 . 3 Max WEBER, sociologue allemand, 1864-1920. 2 p26 p26 2.2.2. La composante fonctionnelle Selon Peter Senge 1, les organisations apprenantes « portent leurs efforts sur la qualité de raisonnement des individus, sur leurs visions partagées, sur leur aptitude à la réflexion, à l’apprentissage en équipe, et à la compréhension des problèmes complexes de la vie des affaires ». Il propose cinq axes disciplinaires pour parfaire cet apprentissage. La maîtrise des trois premières disciplines est indispensable à l’équipe de direction. La pratique des deux dernières relève du groupe ou de l’organisation : « penser systémique, acquérir la maîtrise personnelle, clarifier et remettre en cause les modèles mentaux, construire une vision partagée, apprendre en équipe ». Pour faire évoluer l’organisation des SDIS, les décideurs doivent au préalable avoir une perception globale et multicritères des différents problèmes. C’est accepter une certaine perte de pouvoir au profit du partage de la connaissance et se convaincre du bien-fondé de la démarche. Cela nécessite selon lui « de laisser parler les subordonnés, d’encourager les initiatives, de déléguer le pouvoir, de responsabiliser les collaborateurs, de soutenir les autres, de témoigner de l’intérêt, de faire preuve de confiance et d’honnêteté quand il s’agit d’échanger des idées, de s’engager dans un dialogue, d’établir un consensus ». 2.3. La dimension humaine Nous constatons que la place de l’individu dans le monde du travail a considérablement évolué depuis un siècle. 2.3.1. La composante individuelle Alain Touraine 2 distingue trois phases attribuant successivement l’expertise, la connaissance et le savoir : • au travailleur, avec l’avènement de l’industrialisation : l’ouvrier maîtrise sa machine et sa propre production, • à l’ingénieur, avec le taylorisme : l’ouvrier exécute des tâches répétitives, séquencées et perd son savoir-faire au profit d’une production de masse, • au bureau d’études, avec l’automatisation : l’ouvrier assure la maintenance de l’outil de production. Ces étapes traduisent une déresponsabilisation progressive de l’agent, son avilissement au profit d’un système, qui peut se prolonger par une baisse de motivation et un sentiment de mal être au travail (exemple : externalisation de prestations de maintenance réalisées auparavant dans les centres d’incendie et de secours). Partant du principe que « Le travailleur du savoir est propriétaire de ses moyens de production, c'est-à-dire de son savoir. »3, il ne partage que ce qu’il veut bien partager. Aussi, en l’absence de confiance, il ne peut y avoir de conviction et d’engagement personnel fort dans le transfert de connaissances (exemple : l’institutionnalisation de la formation en lieu et place des formateurs de proximité). Le partage reste aléatoire, peu performant, tout au mieux superficiel. 1 Peter SENGE, La cinquième discipline et La danse du changement ; également directeur du Center for Organizational Learning (centre pour les organisations apprenantes). 2 Alain TOURAINE, Sociologue, « l’évolution du travail ouvrier dans les usines Renault » (thèse), 1955. 3 Peter DRUCKER, L’avenir du management, 1999. p27 p27 Selon une étude (2006-2011) menée dans plusieurs pays (dont la France) par la société Steelcase 1, quatre générations se côtoient et chacune d’entre elles développe des attitudes, des attentes et des comportements différents : • les traditionnalistes, nés avant 1945 ont un désir de conformité et placent une grande importance dans le travail. Ils recherchent des espaces de travail très traditionnels comme un bureau par personne pour pouvoir s’isoler, • les baby-boomers, nés entre 1946 et 1965 revendiquent un esprit d’aventure et sont en quête de technologies simples à utiliser, • la génération X née entre 1966 et 1977, préfère des espaces de collaboration, • les enfants du millénaire ou génération Y, nés après 1978, privilégient les technologies facilitant le nomadisme. Ce constat s’appuie sur les travaux de Geert Hofstede 2, décrivant le comportement et les réactions des individus dans différents types d’espaces, illustrés par le schéma suivant : Figure 5 : diversité culturelle dans l’entreprise 2.3.2. La composante collective Les SDIS se doivent de créer les conditions propices pour instaurer la confiance comme un élément moteur dans la performance individuelle et collective. Pour cela, Jean-Yves PRAX 3 suggère de respecter, lors de tout partage des connaissances : • la réciprocité dans les échanges : gagnant /gagnant (je donne, tu donnes), • la paternité de la production : identité / reconnaissance (je donne, je suis reconnu), • la rétroaction : essai / erreur (je prends une initiative, mes erreurs sont admises et communiquées, je recommence, je progresse), • un sens commun : unité de langage / de valeurs dans la transmission du message verbal ou non-verbal (je communique, je suis compris). 1 revue 360, Steelcase.com. Geert HOFSTEDE, psychologue néerlandais né en 1928. 3 Jean-Yves PRAX, Manuel du Knowledge Management, 2012. 2 p28 p28 Ce climat de confiance mutuelle initie une démarche de bienveillance dans les rapports aux autres qui encourage la mobilisation volontaire des membres du groupe. La transparence de l’institution favorise par ailleurs la performance à tous les niveaux en éliminant les zones d’ombre, les non-dits, les suspicions. Le sentiment que l’on nous cache quelque chose, de ne détenir qu’une information parcellaire nuit à l’efficience. De même la compétition entre individus est plus destructrice qu’une saine émulation. L’appartenance à un même corps entraîne des solidarités morales et matérielles. Une confiance réciproque s’établit dans le partage des connaissances. Elle facilite le transfert des flux, la transversalité des échanges, les initiatives, la créativité et maintient le lien entre les membres de l’organisation. Chacun se sentant autonome et responsable de sa propre production, tous peuvent agir librement en co-investissement et en coresponsabilité. Le rapport qu’entretient l’individu avec l’organisation est d’ordre contractuel. Il s’agit de respecter le « contrat psychologique » qui le lie à l’organisation (je dois à l’organisation, l’organisation me doit) sans pour autant qu’il ne perde sa propre identité. La création d’une communauté de pratique apporte une réponse à ce dilemme. Elle donne à ses membres la possibilité de se reconnaître à travers une identité commune tout en préservant leur propre identité, conditions nécessaires à l’engagement de chacun. La qualité du partage de connaissances dépend étroitement du lien de confiance tissé entre les individus au sein de leur propre communauté, mais également avec les autres communautés 1. D’autres techniques non-exhaustives, reposant sur la mise en commun de réflexions individuelles en vue d’enrichir la réflexion collective, peuvent être considérées comme des pratiques de KM : les techniques de récit, l’accompagnement, le guidage ou mentorat, le tutorat (voir annexe n°2). Des quatre dimensions explorées dans cette analyse, la dimension humaine est certainement la plus importante en termes de gestion ou de partage des connaissances. Elle oscille en permanence entre les attentes et besoins du groupe et ceux des individus qui le composent dans leur grande diversité. Développer le KM au sein des SDIS, c’est réaffirmer que l’homme n’est pas un simple rouage de l’établissement mais au contraire une valeur essentielle sur laquelle elle doit impérativement miser. Par une « focalisation progressive de l'entreprise sur l'individu », l’organisation devient dépendante de l’homme et de sa connaissance. L’entreprise 2.0 émerge, le « Knowledge entrepreneur » (entrepreneur du savoir) d’Aurélie Dudezert succède au « Knowledgeworker » (travailleur du savoir) de Peter Drucker. Non plus attaché à l’organisation mais à son réseau de partage de connaissances, l’entrepreneur du savoir est auto-entrepreneur de son capital connaissance, autonome, égal à l’autre dans une dynamique de collaboration productive. L’homme retrouve ainsi une place centrale au sein de l’organisation. Le sapeur-pompier comme le personnel administratif et technique peut enrichir le SDIS de ses connaissances, compétences et de ses expériences, à condition que l’institution sache qu’elles existent et qu’elle les ait recensées. Cela est d’autant plus marqué dans notre profession que les sapeurs-pompiers volontaires drainent de nombreuses connaissances et compétences que notre profession ne détient pas forcément intrinsèquement. 1 CEN Workshop Agreement, Guide européen de bonne pratique de gestion des connaissances, chapitre 2, 2003. p29 p29 2.4. La dimension technologique et matérielle 2.4.1. Les technologies de l’information et de la communication L’explosion des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) a profondément modifié nos façons de travailler ces vingt dernières années. Ancrées dans nos modes de communication, bien que non dédiées au KM, les TIC s’imposent aujourd’hui comme le support incontournable en matière de gestion et de partage des connaissances. Elles contribuent au développement d’une nouvelle forme « d’intelligence collective » profitable à la productivité de l’organisation qui encourage, facilite l’interconnexion de ses membres en réseaux collaboratifs. Les SDIS n’échappent pas à ce constat et disposent pour leur gestion courante d’une multitude de logiciels ou d’applications dites « métier » plus ou moins interconnectés entre eux. En revanche, peu de SDIS sont équipés d’un outil informatique dédié faisant converger dans une interface « homme machine » unique, l’ensemble des « outils » qui contribuent à la gestion de cette connaissance. La plupart ont développé un ou plusieurs produits classiques comme un Intranet, une gestion électronique des documents sans lien direct entre eux. Parce qu’ils associent un concept de cognition, les outils technologiques de gestion des connaissances se différencient de fait des outils classiques de gestion d’informations. S’il existe de nombreuses approches technologiques du KM, toutes contribuent à formaliser, faciliter les échanges en réseaux, à structurer, capitaliser et transmettre les connaissances. Ces outils sont le plus souvent regroupés au sein d’un Système de Gestion des Connaissances (SGC), lui-même intégré au système plus général d’information développé par l’organisation (au côté du système de Gestion des personnels et des compétences, de gestion de la production, de la clientèle…). Le SGC regroupe les « technologies de l'information développées pour soutenir et améliorer les processus de création, stockage, transfert et utilisation/exploitation de la connaissance »1. Depuis 2008, avec le développement considérable des réseaux sociaux, le SGC est la « technologie support des interactions et relations autour de la connaissance ». L’établissement SDIS « centré connaissances » ou « organisation 2.0 » va devoir « principalement travailler à entretenir les relations et interactions entre acteurs » 2. Il existe de nombreuses classifications des technologies support du KM. Nous retiendrons l’approche de Jean-Yves Prax 3 qui distingue quatre grandes familles de technologies de l’information suivant leur utilité (cf. annexe n°3) : • Les applications du Web 2.0 traduisent à l’échelle mondiale l’évolution technologique de l’internet, d’un concept de stockage d’information (Web 1.0) vers un concept de flux dynamiques d’informations, avec : les localisateurs d’expertise ou ELS (Expertise Locator Systems), les analyseurs de réseaux sociaux ou SNA (Social Network Analysis), les blogs d’entreprise, les Wikis, • les applications collaboratives visent à produire, déclarer collectivement des connaissances et échanger des informations de manière synchrone ou asynchrone : les groupware, les workflows, 1 Maryam ALAVI et Dorothy LEIDNER, KM and KM Systems : Conceptual Foundations and Research Issues, 2001. Aurélie DUDEZERT, La connaissance dans les entreprises, 2013. 3 Jean-Yves PRAX, Manuel du Knowledge Management, 2012. 2 p30 p30 • Les moteurs d’indexation et outils de gestion documentaire (Gestion Electronique de Documents) sont destinés à structurer l’information et faciliter sa recherche, • Les portails sont des lieux virtuels de partage, d’échange propre à une communauté de pratique. Présentés sous forme de plates-formes métiers, ils fédèrent les membres de la communauté autour de référentiels et de centres d’intérêts communs propices au travail collaboratif. L’internaute y retrouve les annuaires, contacts, forums, veilles, informations, documentations, processus, projets, actualités, réglementations, normes, bonnes pratiques, liens propres à son activité. Le développement de plates-formes dédiées au e-learning (ou e-formation) lui facilite l’accès à la formation à distance donc à une meilleure gestion de son propre « capital connaissances ». Ce type de pédagogie, complémentaire aux modes d’apprentissage traditionnel de type « présentiel », a l’avantage d’ouvrir le transfert des connaissances au plus grand nombre. 2.4.2. Les espaces matériels Confronté à un environnement technologique virtuel souvent impersonnel, l’individu a besoin de retrouver des repères matériels et émotionnels dans sa relation à l’autre. Les outils non technologiques rétablissent cet équilibre. Ils visent à renforcer l’empathie, le dialogue, à entretenir un climat de confiance, de respect, en « humanisant » les rapports directs entre les individus, les groupes, dans un environnement propice à la productivité intellectuelle et à la transmission du savoir, en particulier tacite. L’organisation doit veiller à mettre à disposition de ses personnels des espaces adaptés aux échanges directs formels (de type salle de réunion) et informels (de type « coin café »). Les face à face formels (groupes projets, groupes d’experts) comme informels entre les membres de communautés de pratique ou d’intérêts partageant les mêmes valeurs et un langage commun encouragent chacun à donner un avis, un conseil, à proposer une aide, à prendre des initiatives. Plus l’adhésion au groupe est forte, plus le partage des connaissances est libre, volontaire et spontané, au bénéfice de la collectivité. Les lieux de discussions informelles favorisent la créativité et l’innovation. Le terme « Knowledgecafe » désigne d’ailleurs les discussions (échanges non structurés) sciemment organisées en vue de partager un maximum de connaissances sur de vrais sujets d’importance. Bien entendu, parce qu’il nécessite des efforts d’écoute et de compréhension, le dialogue (échanges structurés) reste un mode d’interaction entre individus propice au partage des connaissances. Enfin une attention toute particulière doit être portée à l’espace de travail. Le monde du travail a énormément évolué ces dernières années, y compris pour les personnels des SDIS. Nous sommes passés de l’ère communale à l’ère départementale avec des relations entre individus très différentes et nous évoluerons peut-être vers une organisation supra-départementale impliquant par la même occasion de nouvelles interactions. Auparavant, les salariés effectuaient la majeure partie de leurs tâches derrière un bureau. Aujourd’hui, ils se déplacent et utilisent l’espace plus librement pour échanger leurs connaissances de façon formelle ou non : ils improvisent des réunions, des séances de brainstorming, prolongent des discussions professionnelles dans des lieux de détente ou encore s’isolent pour s’entretenir en privé. Ils peuvent passer une bonne partie de leur temps de travail en dehors du bureau, ou même p31 p31 travailler à distance, voire à domicile. L’espace de travail s’est donc profondément modifié selon les besoins et les attentes des différentes générations qui se succèdent. Malgré des différences générationnelles, une tendance se dégage inexorablement : les salariés d’aujourd’hui ont tous besoin d’échanger plus rapidement, de collaborer davantage pour faire preuve de réactivité en réponse à la complexité du monde moderne en perpétuelle évolution. Les espaces de travail deviennent multiformes, pour favoriser, selon leur conception, la confiance entre individus et optimiser la collaboration. Ce constat vaut pour l’univers des sapeurs-pompiers, dans les environnements très administratifs que sont la direction ou les sièges de groupements territoriaux, ou bien encore dans les centres de secours qui maillent le territoire départemental. Ces unités doivent être pensées, lorsque des projets de construction nouvelle ou de réhabilitation lourde sont envisagés, pour s’adapter à ces nouveaux besoins et favoriser le partage de la connaissance. Les espaces de travail intérieurs dans les casernes ne peuvent plus être conçus uniquement sur le plan fonctionnel au regard des flux physiques, mais doivent intégrer les échanges relatifs à la connaissance. « Nos modes de travail ont été profondément transformés par de nouveaux modèles de création de savoir. Les informations sont créées via des collaborations, dans une grande diversité d’espaces à travers le monde. Cependant même si les technologies de l’information ont valorisé le monde virtuel, l’espace physique reste essentiel pour générer de la confiance, de la créativité, le partage d’informations (ou de connaissances) et la construction d’une identité pour les entreprises » selon Catherine Gall 1. Cette approche n’est pas nouvelle, elle correspond certes aux aspirations des nouvelles générations mais fait écho à un concept décrit notamment dans la littérature orientale, qui définit l’espace d’échange interrelationnel favorisant le transfert des connaissances sous le terme « Ba » (場). Au terme de cette seconde partie, enrichie par une vision multicritère, se dessine une démarche d’intelligence collective ayant pour but de qualifier les SDIS d’« organisations apprenantes ». Agir sur la culture de groupe, sans négliger les aspects individuels ou collectifs limitants, s’appuyer sur des supports technologiques et matériels en gardant à l’esprit la primauté de la dimension humaine, afficher une volonté managériale forte et garantir le portage par les décideurs sont autant de pistes à suivre pour atteindre cet objectif stratégique. Aussi, dans une troisième partie, par une démarche d’enquêtes nous identifierons les bonnes pratiques de KM transposables à nos organisations de nature à faciliter leur mutation vers des SDIS 2.0. 1 Catherine GALL, responsable de recherche Steelcase Workspace Future, revue 360, 2012. p32 p32 PARTIE 3 LES BONNES PRATIQUES DE KNOWLEDGE MANAGEMENT POUR LES SDIS 2.0 « Le savoir est la seule matière qui s’accroît quand on la partage » Socrate D ans cette dernière partie, nous présentons une liste des bonnes pratiques référencées. A partir d’une série d’enquêtes nous identifions celles transposables aux SDIS avant de développer les plus pertinentes au travers de recommandations puis de préconisations. 1. LES BONNES PRATIQUES DU KNOWLEDGE MANAGEMENT 1.1. Notion de bonnes pratiques Les bonnes pratiques, selon le terme consacré, sont des façons de procéder, d’agir ; des comportements, des processus, reconnus par les pairs et jugés indispensables pour la profession. Elles sont généralement regroupées dans des documents de référence appelés « guides des bonnes pratiques » conçus par des professionnels pour des professionnels et pouvant aller au-delà des obligations légales. Ces guides, souvent élaborés via une « démarche qualité », dans une logique d’amélioration continue, visent à aider les agents concernés à atteindre leurs « objectifs métiers » dans le respect du cadre réglementaire. Ils sont publiés et référencés dans le domaine professionnel concerné. En matière de gestion des connaissances, une bonne pratique est une pratique reconnue par l’entreprise elle-même, répondant aux critères suivants 1 : • performance durable, • prouvée par l’expérience, • documentée, • réplicable sur d’autres sites, • mesurable en termes d’indicateurs, • acceptable sur le plan financier. 1.2. Listes de référence Des centaines d’articles et d’études sont publiées dans le monde sur telle ou telle pratique de management des connaissances, reconnue par telle ou telle organisation. Toutefois certains documents font référence, notamment le « Guide Européen de bonne pratique de gestion des connaissances ». Cent onze contributeurs (dont Aurélie Dudezert) issus de vingt-huit pays de l’Union Européenne ont coopéré à son élaboration au sein de l’atelier « la gestion des connaissances » du CEN. L’analyse de plus de cent quarante structures de gestion de connaissances dans le monde permet d’identifier les pratiques les plus utilisées dans les organisations ayant une démarche de knowledge management. Certaines d’entre elles, dont l’efficacité est reconnue, ressort incontestablement. Nous en présentons 32 en annexe n°2 issues de 4 documents 2/ 3/ 4/ 5. 1 A. PERRIN, Pratiques des gestionnaires des connaissances en entreprise : analyse par le système d’activité, 2007. Direction Générale de l’Administration et de la Fonction Publique Française, La transmission des savoirs, 2007. 3 Service Public Fédéral Belge – Direction gestion des connaissances, Gérer les connaissances dans son équipe, 2010. 4 CEN Workshop Agreement, Guide européen de bonne pratique de gestion des connaissances, chapitre 3, 2003. 5 Improvement Service, Partenariat des fonctions publiques écossaises, 2009. 2 p33 p33 2. ETAT DES BONNES PRATIQUES REFERENCEES Les 32 bonnes pratiques retenues sont présentées dans le tableau de synthèse ci-dessous. Ces pratiques sont organisées selon quatre dimensions (partie 2 §2). Chacune d’elles est classée en fonction de leur niveau d’appropriation par les SDIS tel que nous l’avons perçu lors des entretiens réalisés. Le détail du classement apparaît dans la légende ci-contre. LEGENDE Organisée et systématique Organisée et non systématique Existante mais non organisée Globalement inexistante 2.1. Pratiques internes aux SDIS L’étude des bonnes pratiques réalisée au chapitre précédent montre que le KM repose sur un ensemble de dispositifs d’ordre managérial, organisationnel, humain et technologique qui revêtent des formes très diverses (cf. annexe n°2). 32 BONNES PRATIQUES DU KM REFERENCEES Managériales (6) Organisationnelles (9) Humaines (10) Valeurs Retour d’expériences Tutorat Confiance E-Learning / FOAD Café de la connaissance Intranet / Portail Partenariats externes Communautés de pratiques Dialogue Technologies collaboratives Stratégie Transfert de connaissances Débriefing Web 2.0 / Wikis Engagement et soutien de la direction Identification et partage de pratiques Vision Banque des savoirs Accompagnement (coaching) Annuaire de compétences / d’experts Examen après action Motivation/ Reconnaissance Centre support de KM Guidage (mentoring) Audit des Connaissances Parrainage Technologiques (7) Gestion électronique de l’information Web 2.0 / réseaux sociaux Web 2.0 / flux RSS Web 2.0 / Taxonomie Etude de cas narrative ou technique de récit Tableau 4 : synthèse des bonnes pratiques du KM et niveaux d’appropriation par les SDIS Nous constatons que les SDIS ne sont pas restés hermétiques à ces pratiques même si la mise en œuvre s’est faite parfois de manière empirique. Sans être nécessairement inscrites dans une démarche globale, bon nombre d’entre elles présentent des intérêts pour améliorer la gestion des connaissances dans les SDIS, dès lors qu’elles sont conduites en conscience. En accord avec l’ENSOSP, notre étude au sein des SDIS résulte essentiellement d’une série d’entretiens semi-directifs réalisés auprès d’un échantillon de treize SDIS (1ère à 4ème catégorie), mais aussi de personnes qualifiées exerçant à l’ENSOSP, à la DGSCGC (journal de bord en annexe n°4, questionnaire semi-directif en annexe n°5, liste des entretiens en annexe n°6). Le choix d’élargir nos investigations aux organisations supra SDIS s’est imposé à nous comme une évidence, dans le respect des principes d’ouverture, de partage, de collaboration, de transparence édictés par le concept même du KM. p34 p34 En outre, le mode d’entretien retenu présente les avantages suivants : • nos interlocuteurs étant fréquemment peu acculturés au concept du KM, nous avons pu réduire le risque d’incompréhension des questions ou les biais dans les réponses apportées, • nous nous sommes adaptés en permanence à nos contributeurs en précisant, affinant voire réorientant les questions posées avec pour objectif énoncé, d’extraire au mieux les savoirs dans leurs domaines de compétences respectifs, • la conduite des entretiens a pu nous permettre de mettre à jour des pratiques existantes qui pour certaines présentent un intérêt direct à l’image du « café de l’information ». Parmi les premières constatations, il ressort que le niveau global d’acculturation des SDIS au concept de KM est plutôt homogène et peu développé, même si un certain nombre de pratiques sont utilisées. Hormis au sein du SDIS 71, du groupement formation des SDIS 45 et 69 ou auprès des personnels de l’ENSOSP, les termes KM et de gestion des connaissances n’étaient pas ou peu connus de nos interlocuteurs. 2.1.1. Pratiques managériales En termes de vision et de stratégie, quelques SDIS interrogés ont réalisé un projet de service sans pour autant faire référence explicitement à la mise en œuvre d’un système de management des connaissances. Néanmoins, certains objectifs fixés comme « cultiver un climat de confiance réciproque », « reconnaître les compétences et emplois tenus par les SPV en dehors du SDIS » (SDIS 74), ou encore « faire accompagner chaque recrue par un parrain » (SDIS 01) sont des orientations favorables à un partage des connaissances. Quatre d’entre eux, soit une minorité ont également rédigé un socle de valeurs. Parmi celles du SDIS 74 : l’ouverture d’esprit, l’écoute, l’empathie, peuvent participer à une acculturation du KM. Le développement de la confiance entre les membres de l’organisation est difficilement évaluable. Toutefois, une majorité des SDIS reconnaît qu’au sein de l’encadrement, « culturellement, tout le monde n’est pas prêt à la transversalité ». La notion de « pouvoir qui ralentit le dispositif », est notamment citée, sans qu’un engagement formel de la direction ne soit ressenti pour susciter un partage organisé de la connaissance. Une sollicitation de partenaires extérieurs est observée (plus couramment au sein des SDIS de 1ère et 2ème catégorie) dans des domaines identifiés comme étant hors du champ des connaissances disponibles en interne. Cette démarche n’est en revanche pas systématique et concerne majoritairement les domaines de la formation dans les SDIS interrogés : travail avec un ergonome (SDIS 38), emploie d’un sociologue (SDIS 71), recours au Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) pour une analyse de besoins particuliers de formation (SDIS 69). 2.1.2. Pratiques organisationnelles Concernant l’identification des connaissances importantes, le DDSIS de l'Ain résume un sentiment partagé : « Le départ d'un agent peut-il nous fragiliser ? La réponse est oui. ». Son ressenti porte sur « les connaissances liées au métier et les connaissances culturelles, collectives, liées à l'histoire de l'établissement public ». La majorité des personnes interrogées complète : « La mobilité est un frein très important à l'identification des savoirs. ». Elle rend les méthodes de transfert des connaissances difficiles à mettre en œuvre, compte-tenu des règles liées aux mutations dans la fonction publique et aux difficultés de fidélisation des SPV. p35 p35 Les retours d'expériences (RETEX), dans la culture des sapeurs-pompiers, concernent exclusivement « l'apprentissage expérientiel » lié aux opérations de secours. Ils font l’objet de documents de référence élaborés par la DGSCGC 1/ 2. L'ENSOSP mène également, depuis plusieurs années des travaux en vue de développer les pratiques de RETEX au sein des SDIS. Le lieutenantcolonel Beaussé dresse un « constat d'échec depuis cinq ans ». Madame Morel-Senatore qui mène des travaux sur le volet juridique des RETEX au sein du LEDeSC, précise que « Ce qui fait le plus peur, ce sont les conséquences financières liées aux assurances. Le risque pénal est beaucoup plus maigre que ce que l'on pourrait croire. ». Pourtant, elle souligne l'importance du RETEX : « C'est un cercle vicieux, il est difficile d'avoir des données auprès des SDIS, (…) il est compliqué d'en sortir une tendance pour prévenir ce risque [juridique] d'une manière coordonnée. ». Elle ajoute « Le RETEX est un investissement. ». A la lecture des entretiens au sein des SDIS, plusieurs grandes tendances apparaissent : • le RETEX est pratiqué dans une majorité de SDIS, de manière peu formelle, • il concerne aujourd'hui essentiellement les interventions d'ampleur ou ayant mis à jour des contraintes particulières, • les RETEX sont peu portés à connaissance des unités opérationnelles ; c’est le cas également à l’échelle des SDIS pour ceux relatifs aux accidents en service commandé (faible articulation nationale/départementale), • un frein culturel est fréquemment opposé : « Il faut accepter le je ne sais pas » et « nous sommes trop dans l'esprit de sanction. » selon le colonel Marlot (SDIS 71). Concernant les examens après action, qui peuvent être le parallèle du RETEX pour les expériences non opérationnelles, ils sont très peu développés, et identifiés comme un manque par plusieurs interlocuteurs : « Nous n'avons jamais fait de RETEX sur des situations de management difficiles, alors que ça aurait été utile dans certains cas. ». Le nombre de SDIS ayant recours à la formation ouverte à distance est en constante augmentation. Plusieurs SDIS ont développé un portail e-learning sur la plate-forme SPIRAL. Lorsqu'il est développé, le e-learning est considéré principalement comme un outil servant la « formation institutionnelle » pilotée par les écoles départementales de sapeurs-pompiers. Les communautés de pratiques sont présentes de manière informelle au sein des SDIS. Les équipes spécialisées en sont une bonne illustration, tout comme les « familles de formateurs » identifiées au sein du SDIS 45. Elles ne sont en revanche pas systématisées à l'ensemble des composantes de l'établissement. Dans les SDIS interrogés, seul le SDIS 71 aménage, par exemple, « des espaces de concertation des chefs de centres ». Aucun des SDIS sollicités n'a déclaré avoir formalisé un volume horaire ou des espaces dédiés à leur animation. Aucun SDIS n'a identifié un « centre support de KM ». Cette solution n'est pas privilégiée au sein du SDIS 71 qui possède d’ailleurs la stratégie de gestion des connaissances la plus aboutie des SDIS interrogés. Le lieutenant-colonel Gamel, du SDIS 45 pose la question : « Faut-il qu'il y ait un KM manager ? ». Mme Detrift confirme en précisant qu’« un responsable KM a sa place en tant que 1 2 DDSC Guide méthodologique, La conduite du retour d’expérience, éléments techniques et opérationnel, 2006. DDSC, La conduite du retour d’expérience : éléments de culture professionnelle. 2006. p36 p36 chef de projet à condition qu'il y ait des outils, des moyens, une inscription dans le projet d'établissement. Sinon le responsable KM est inutile ». Enfin, d'autres pratiques sont globalement inexistantes, telles que les banques des savoirs, l'identification et le partage de pratiques, sans qu'un besoin ne se soit fait sentir lors des entretiens. 2.1.3. Pratiques humaines Concernant les pratiques du KM se référant à la composante humaine, le tutorat suscite une attention particulière. Non généralisé actuellement, il intéresse les services formation de nombreux SDIS, du fait notamment de la refonte de la formation des SPV1. Au SDIS de l'Ain, certaines activités sont dorénavant enseignées au sein même du centre d'incendie et de secours, sous la responsabilité du tuteur, alors que l'ensemble des activités était réalisé sous l'égide de l'école départementale. L'effet attendu est résumé par le lieutenant-colonel Gamel : il faut « redonner aux petits CIS une responsabilité dans le domaine de la formation. Il faut accompagner la démarche, proposer des fiches de référence pour les tuteurs ». Ce dispositif ne concerne actuellement que les formations d'intégration des SPV, il n'est pas généralisé notamment dans les domaines fonctionnels. Le parrainage, en revanche, n'est globalement pas formalisé dans le sens où les valeurs et la culture de l'organisation ne sont que partiellement définies (voir §2.1.2). Les CIS disposent de lieux de convivialité : les foyers. Ils peuvent être, sous certaines conditions, le support idéal de la pratique du « Café de la connaissance ». En revanche, de nombreux sites en sont dépourvus (état-major, centres techniques...). Cette pratique n'est ni généralisée, ni institutionnalisée. Le SDIS 45 organise néanmoins un « café de l'information » d'une durée d’une heure destiné aux cadres permettant « de se réunir, de diffuser de l'information et d'aborder les grandes problématiques internes et externes ». Les portails intranet comportent en général une fonction d'annuaire partagé, mais aucun SDIS interrogé n'a développé un annuaire de compétences. Si les compétences d'experts « métiers » des sapeurs-pompiers sont utilisées de manière plus ou moins formalisée, il existe en revanche peu d'initiative visant à systématiser le référencement des compétences et expertises, par exemple, des sapeurs-pompiers volontaires (en cours au SDIS 69). Le dispositif d'officier « expert » est par exemple utilisé par le SDIS 01 (compte-tenu de son emploi au sein de la SNCF, un officier de SPV a acquis le statut d'expert en risques ferroviaires et est sollicité, par exemple, dans l'élaboration des plans ETARE). Au-delà des conseillers techniques des spécialités opérationnelles, les CODIS n'ont en général pas de moyen organisé de solliciter l'appui opérationnel d'un membre de l'organisation détenteur d'une compétence ou d'un vécu particulier. Le développement des aptitudes aux techniques du dialogue, au débriefing, à l'accompagnement est pris en compte partiellement par plus de la moitié des SDIS interrogés, sans toutefois être systématisé. Les SDIS 38 et 69 ont formé leurs formateurs aux techniques d'explicitation qui leur permettent d'identifier les démarches cognitives accomplies par les stagiaires pour résoudre les problèmes posés lors des mises en situations. Le SDIS 45 envisage de former les futurs sousofficiers au débriefing post-intervention « pour faire en sorte que les compétences du groupe s'améliorent ». Plusieurs SDIS, à l'image du SDIS 69, ont défini des objectifs de formation à destination des cadres en fonction des responsabilités qui leur sont confiées (exemple de la 1 Arrêté du 08 Aout 2013 relatif aux formations des sapeurs-pompiers volontaires. p37 p37 « formation professionnalisante des adjudants chefs de garde et chef d'agrès sur le principe du développement par les compétences », le principe étant de « dépasser le cadre réglementaire de la formation »). Concernant le guidage (mentoring), l'activité n’est pas répandue. Aucun SDIS n'a déclaré avoir mis en œuvre un accompagnement d'agents en difficulté par d'autres plus expérimentés, au-delà des activités développées localement. 2.1.4. Pratiques technologiques Les pratiques d'ordre technologique constituent un appui au développement des pratiques du KM. Tous les SDIS interrogés sont dotés d'un réseau Intranet reliant les différents sites de travail. Néanmoins, le portail web support des applications mises en œuvre diffère d'une structure à l’autre. Ceci étant, l’accès à une boîte mail par des identifiants personnels n’est pas systématisé dans les SDIS interrogés. Les technologies collaboratives sont peu présentes dans les SDIS en appui du portail intranet. Leur exploitation est partielle et il ressort que leur mise en place s'est réalisée soit lors de l'acquisition d'un ensemble de « briques informatiques » incluses dans le portail, soit à la suite de demandes ponctuelles effectuées en dehors d'un projet coordonné et global. Les plus couramment utilisées sont les messageries (moyens de communication majeurs dans l'ensemble des SDIS mais très limités en matière de gestion des connaissances), l'agenda partagé actif dans la moitié des SDIS interrogés. Un interlocuteur nous fait remarquer : « J’aimerais pouvoir utiliser les réseaux sociaux car la diffusion par mail ne fonctionne pas, ne touche plus les jeunes. ». Alors que les problématiques de la diffusion d'information par messagerie électronique sont souvent évoquées, les technologies du web 2.0 ne sont en effet pas développées au sein des SDIS (blogs, wiki, réseaux sociaux). Les outils destinés à faciliter les pratiques liées à l'organisation et à l'humain (communautés de pratiques, annuaires de compétences, FOAD,...) sont très peu présents sur les portails. Le SDIS 69 utilise la solution Microsoft SharePoint© à destination de son équipe de direction. Plusieurs SDIS utilisent SPIRAL, outil collaboratif, sous un angle essentiellement tourné vers la formation comme nous avons pu le constater (§2.1.2). Les plates-formes de gestion électronique de documents sont présentes dans la grande majorité des SDIS. Elles présentent toutes des caractéristiques similaires : mise en ligne de documents ayant fait l'objet d'une validation institutionnelle par un nombre d'interlocuteurs limité possédant les droits d'accès. A contrario, les personnes interrogées citent un certain nombre de limites partagées : « C'est un vieil outil très fermé, il n'y a pas de recherche possible, il est dur de mettre des documents dessus » ou encore « il y a un problème de mise à jour des documents », « c'est un système descendant haut-bas ». Aucun outil de taxonomie, permettant de rendre les informations plus aisément identifiables, n’est recensé. Par ailleurs, plusieurs SDIS se dotent progressivement d'un ETL, appelé couramment infocentre, qui a pour but d'extraire des données produites dans les différentes bases de données afin de fournir de l'information aux chefs de centres et personnels d'encadrement du SDIS. p38 p38 L'exemple du SDIS 71, qui a développé une plate-forme comportant une suite d'outils totalement intégrés permettant un partage des connaissances, peut être cité. Un espace ayant l'architecture d'un blog est dédié à chaque CIS. Chaque personnel de l'organisation, quelle que soit sa position hiérarchique, possède un droit d'écriture. « Il existe une autorégulation du fait de l'identification de celui qui publie. » nous confirme le colonel Marlot. Autre exemple, un SDIS présente sur la page d'accueil de son portail un lecteur de flux RSS qui diffuse les nouvelles d'un quotidien et les prévisions météorologiques mais n'est pas exploité dans une fin de partage de connaissances de l’organisation même. 2.1.5. Les pratiques dans l’environnement des SDIS Il nous est apparu important de considérer avec intérêt le partage des connaissances tel qu'il existe aujourd'hui dans l’environnement des SDIS. Même si aucune politique globale de gestion des connaissances n'est engagée, plusieurs actions sont initiées en vue d'un meilleur partage des connaissances. L'ENSOSP a démarré un programme important de partage des connaissances par le biais du PNRS1 lancé en 2007. Il s'agit, selon le colonel Mené, d’un « espace de management des connaissances [qui] présente une triple vocation : livrer de l’information, animer des communautés de métier des SDIS et organiser des rencontres nationales »1, autour de douze communautés. Il s’agit d’un outil technologique unique, socle essentiel au partage des connaissances au niveau national, qui dispose d’un fort potentiel de développement vers l’animation des communautés de pratiques. Dans un autre domaine, le colonel Berthelot, DDSIS de Loire Atlantique a initié le Club des SDIS partie intégrante du réseau « Idéal connaissances » en réponse aux attentes de directeurs départementaux. Il précise qu'à l'origine de la démarche, sa messagerie « était polluée par des mails de tous niveaux et qui témoignaient de la nécessité de partager les connaissances ». Il précise : « Chacun pose des questions dans son domaine d'expertise, c'est une personne autorisée qui peut répondre. » mais « globalement, ce sont toujours les mêmes qui contribuent, beaucoup lisent et peu font les réponses ». Les SDIS sont très majoritairement adhérents au réseau (hormis douze d'entre eux ayant arrêté la collaboration pour des raisons économiques). Une personne interrogée indique par ailleurs que son SDIS étant inscrit, il ne participe pas « car toute question ou réponse doit être validée par le DDSIS » ce qui ne semble pas correspondre à l'esprit initial du réseau. Le colonel Berthelot conclut par un bilan de la pertinence des informations qui sont échangées : « Une modération a été nécessaire une ou deux fois, mais cela est resté anecdotique comparé au nombre de connexions. ». Un autre partage de connaissances s'opère par le biais de l’Inspection de la Défense et de la Sécurité Civile (IDSC). Le colonel Trépos a utilisé le Cadre d'Auto évaluation des Fonctions publiques (CAF) pour structurer deux cent cinquante pratiques professionnelles non encore diffusées, issues des inspections des SDIS. La FNSPF joue également un rôle dans le partage des connaissances, par l'animation de réseaux, notamment les groupes techniques régionaux actifs dans certains domaines : technique, formation. D'autres initiatives sont également développées par la DGSCGC à visée directement opérationnelle, telles que le portail ORSEC de portée interministérielle et comportant des annuaires de crises et une 1 Portail national des ressources et savoirs, http://pnrs.ensosp.fr. p39 p39 base de documents, le projet INTEROPS qui vise à un meilleur partage des moyens disponibles entre SDIS et avec les COZ et le COGIC, ou encore le réseau RADART 1. 2.2. Pratiques externes aux SDIS L’état des pratiques de KM dans les SDIS comparé aux bonnes pratiques référencées permet d’entrevoir la marge d’évolution et les orientations à adopter pour aller vers des organisations plus apprenantes. Complémentaires aux entretiens réalisés auprès de treize SDIS, onze entretiens ont été conduits dans des structures diverses (ONU, EDF, BASF, Tefal, SteelCase, Conseil Régional, Gendarmerie, Mairie), habituées au KM ou à des pratiques de KM reconnues. Ces organisations sont représentées par des personnes qualifiées, dont les entretiens ont été complétés par des universitaires, des chercheurs ou experts reconnus (Thomas Meszaros, Cécile Godé, Aurélie Dudezert, Christophe Batier) – cartographie des contacts en annexe n°7. Ainsi une partie des trente deux pratiques référencées a été illustrée de façon plus concrète et plus vivante. Si les revues de sites et de littérature sont largement documentées et suffisantes pour comprendre et expliciter les pratiques les plus reconnues, ces échanges ont facilité une forme de transmission « tacite » des représentations et des pratiques du KM en fonction des organisations. Les entretiens conduits sur un échantillon limité ne permettent ni de caractériser toutes les pratiques, ni d’en découvrir de nouvelles. Le verbatim recueilli nous confirme que celles référencées en annexe n°2 sont actuelles, efficaces et confortent un peu plus nos orientations. 2.2.1. Pratiques managériales Cette dimension importante touche avant tout au socle culturel où « une culture de la diffusion du savoir est une culture où l’homme a le droit de faire des erreurs pour pouvoir innover (Conseil Régional Rhône Alpes) ». Ce socle commun par le partage des valeurs, permet de « donner du sens à ce que chacun fait au sein de l’organisation » en orientant les comportements (Mairie de Villeurbanne). Nos organisations doivent avoir le courage de suivre les idées audacieuses en établissant des partenariats externes. L’Unité de Formation Production-Ingénierie avec l’aide de l'Institut Français de l'Education a radicalement modifié sa pédagogie : « avant, interdiction des PC dans les amphis / maintenant, les PC sont encouragés avec des travaux en réseau » (EDF). Enfin, EDF « connaît le changement intergénérationnel » et considère qu’il serait « une erreur de ne pas le prendre en compte » dans la vision relative à la gestion des connaissances. La motivation au sein de la gendarmerie est organisée en encourageant l’émergence de bonnes pratiques. Les idées novatrices remontent au niveau national, sont centralisées et analysées par un jury interne. Les meilleures sont primées par l’Atelier de la Performance (ADP) pour être diffusées. 2.2.2. Pratiques organisationnelles Au niveau des organisations, les pratiques reconnues sont nombreuses pour améliorer la gestion des connaissances. La formation chez EDF va au-delà du e-learning avec des développements qui font l'objet obligatoirement d’un cahier des charges et d’un dossier pédagogique comme les vidéos apprenantes, les « serious-games », le multimédia activité professionnelle (MAP : vidéo apprenante qui filme un geste professionnel), la réalité virtuelle. Toujours chez EDF, le RETEX traite chaque 1 Réseau national d’aide à la décision et d’appui face aux risques technologiques - DSC/SDGR/BRM/n°161 du 25 mai 2010. p40 p40 évènement significatif sous l'angle technique et sous l'angle de la formation. Le traitement est national avec des spécialistes « métiers » qui analysent et animent des réseaux de correspondants dans chaque unité avec également un aspect curatif de portée nationale. Les communautés de pratiques à l’ONU utilisent Microsoft SharePoint® pour disposer de technologies collaboratives avec un animateur par communauté. L’enjeu est de capitaliser l’information échangée car selon Aurélie Dudézert « Les gens qui se connaissent mieux arrivent à échanger de l’information plus pertinente. ». Les mails, très utilisés, sont des puits perdus de données, d’informations ou de connaissances échangées. Air Force Knowledge Now est une plate-forme contributive de tout le personnel de l'armée de l'air américaine où les forums, les wikis, les « chats » sont enregistrés et capitalisés. 2.2.3. Pratiques humaines Les pratiques humano-centrées sont privilégiées pour partager ou transmettre des connaissances. Si au sein des SDIS le principe de tutorat a été introduit pour les SPV mineurs, il est systématique dans plusieurs organisations (BASF, Gendarmerie). Lorsque le transfert de compétences est nécessaire, c’est le guidage (mentoring) qui est utilisé comme dans le groupe SEB avec un « contrat de génération » obligatoire. Le parrainage à l’ONU ou dans la Gendarmerie a vocation à transmettre « la culture (…), les règles de fonctionnement, le comportement et les valeurs... ». Le dialogue, lui, reste la base des échanges en face à face et BASF promeut un dialogue fondé sur l’honnêteté, le respect et la confiance mutuelle. BASF a également expérimenté les cafés de la connaissance en unité de production pharmaceutique (ritualisés dans un espace dédié) : « en s'arrêtant 1/4h toutes les semaines pour discuter de ce que vous voulez en relation avec le travail (échange de bonnes pratiques), [cela] a permis d'augmenter le rendement de 20% des opératrices ». Sans aller jusqu’à un RETEX, les débriefings appelés « Causeries » par BASF permettent en 5 min de discuter d’une situation dangereuse et de prévoir les solutions à mettre en œuvre. 2.2.4. Pratiques technologiques Les technologies de l’information facilitent le déploiement d’une gestion des connaissances. Une conséquence de la taille du groupe BASF suite à son internationalisation est : « il est plus pratique de laisser travailler les gens où ils sont puis de mettre en commun les données plutôt que de tout centraliser ». L'avancée des technologies collaboratives (chat, plate-forme d'échanges, blogs, possibilité de créer un groupe de travail sur un thème donné) offre désormais des fonctionnalités étendues aux traditionnels portails intranet en matière de gestion des connaissances. La société Steelcase a mis à disposition de ses salariés toutes les technologies collaboratives sur son portail intranet. Toutefois, la mairie de Villeurbanne nous rappelle que tous les agents ne disposent pas d’un accès intranet (presque la moitié du personnel) excluant ainsi des catégories attachées au terrain et utilisant des savoirs tacites ou moins explicites. Le secrétariat de l’ONU nous interpelle sur le fait que, l'information est créée partout mais n'est pas archivée avec les communications électroniques classiques type mails. Il faut un système intégré adossé à des CdP et des utilisateurs formés à la taxonomie. Au secrétariat de l’ONU, chaque document est défini selon un plan de classement, et une durée de conservation. Les « best practices » sont gérées par les départements et mises en ligne par eux-mêmes sur des sites web. Le but de mettre en ligne les bonnes pratiques est de les transmettre à la population et aux autres agences de l'ONU. Parmi les trente deux pratiques évoquées précédemment, dix-huit nous apparaissent déterminantes pour s’inscrire dans un projet de gestion des connaissances adapté aux SDIS et faire l’objet de p41 p41 préconisations. Sept sont pertinentes et intègrent les recommandations générales développées dans le dernier chapitre, les six autres ne sont pas retenues comme pratiques pour nos organisations. LES 32 BONNES PRATIQUES REFERENCEES Organisationnelle Humaine Technologique GED Intégrées Préconisations (18) Recommanda-tions (7) Non stratégiques (6) BONNES PRATIQUES TRANSPOSABLES Managériale Intranet Partenariats externes Retour d’expériences Tutorat Stratégie Examen après action Debriefing Engagement et soutien de la direction Valeurs Communautés de pratiques Centre support de KM Annuaire de compétences/d’experts Parrainage Etude de cas narrative / récit Café de la connaissance Confiance E-Learning/FOAD Vision Portail Technologies collaboratives Web 2.0 – réseaux sociaux Web 2.0 – Taxonomie Web 2.0 - Wiki Web 2.0 – flux RSS Dialogue Audit des Connaissances Transfert de connaissances Identification et partage de pratiques Motivation/ reconnaissance Accompagnement (coaching) Guidage (mentoring) Banque des savoirs Tableau 5 : synthèse des bonnes pratiques transposables aux SDIS 2.3. Retour sur les hypothèses de recherche En l’état actuel d’avancement de notre étude, nous sommes en capacité de confronter nos hypothèses de recherche à la réalité constatée. Ainsi, nous vérifions notre première hypothèse selon laquelle le knowledge management permet aux SDIS de s'adapter à la complexité de leur environnement (hypothèse 1) à la condition que la gestion des connaissances fasse l’objet d’une démarche pluridisciplinaire. Nous complétons la seconde hypothèse selon laquelle le KM est un facteur de confiance et de motivation, sources de cohésion au sein des SDIS (hypothèse 2). En effet, un préalable culturel favorisant la confiance et la motivation est nécessaire pour initier une démarche de KM ellemême produisant de la confiance et de la motivation (récursion organisationnelle – cf. partie 1 chapitre 3.2.1). Les expériences de terrain ont confirmé l’importance de la culture d’entreprise facilitant l’intégration des personnes dans le cercle vertueux du partage et de l’enrichissement des connaissances. p42 p42 Enfin, nous confirmons que les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont essentielles mais non suffisantes pour valoriser le capital immatériel des SDIS (hypothèse 3). Le KM relève d’un assemblage harmonieux entre des bonnes pratiques centrées sur l’Homme et des pratiques technologiques. Les TIC sont des outils supports incontournables, mais visant essentiellement à faciliter et amplifier le processus de gestion des connaissances individuelles et collectives. Notre perception de la gestion des connaissances par une approche théorique, multidimensionnelle et exploratoire nous permet d’édicter, à ce stade de notre étude, des recommandations et des préconisations à l’attention des SDIS mais intéressant également l’échelon national visant à instaurer une dynamique de knowledge mix de type humano-centré (cf. annexe n°8). 3. RECOMMANDATIONS ET PRECONISATIONS 3.1. Recommandations générales : La gestion des connaissances n’est pas une fin en soi, mais une démarche puissante pour l’amélioration des résultats de l’organisation intimement dépendante de la performance des individus qui l’animent. Aussi la mise en œuvre réussie d’une démarche de KM, en infra comme en supra SDIS, suppose comme préalable que les équipes de direction s’inscrivent dans une démarche globale et gardent à l’esprit les dix principes fondamentaux suivants : commencer simultanément une implantation du KM de manière « bottom-up » et « topdown » que ce soit au sein des SDIS ou à l’échelon supra-départemental, développer une stratégie qui priorise la profondeur au lieu de l’étendue, par l’élaboration d’un ensemble complet de connaissances dans un domaine particulier avant de la déployer dans d’autres domaines, privilégier une politique de KM qui s’appuie prioritairement sur des entités culturellement plus favorables au partage des connaissances (domaine opérationnel, formation, sécurité des personnels) et sur des relais internes existants, favoriser une vision à long terme : le KM ne se décrète pas, le changement culturel doit être progressif et accompagné pour être accepté, s’appuyer dans un premier temps sur le socle des processus existants, connus, maîtrisés pour ne pas modifier globalement et rapidement les habitudes de travail (perte de repères), avant d’introduire progressivement des pratiques plus novatrices, privilégier autant que possible les contacts humains à l’interface technologique en encourageant la transversalité des échanges, notamment dans des espaces informels de type café de la connaissance afin d’instaurer un climat de confiance indispensable au partage, développer constamment les motivations des personnels au partage des connaissances par des critères d’intéressement et la reconnaissance par le partage des bonnes pratiques évaluées positivement, p43 p43 valoriser et exploiter pleinement les connaissances tacites, capital le plus difficile à partager, partager de façon dynamique des connaissances à jour est toujours préférable à l’archivage de connaissances obsolètes (exemple : le flux RSS est mieux adapté aux communications extérieures vers des cibles ayant besoin d’informations synthétiques, susceptibles de remplacer avantageusement les BRQ en élargissant la diffusion (Maires, Médias, Chef de CIS, Préfectures…), offrir un soutien technique aux utilisateurs (formation ouverte à distance, outils technologiques) mais aussi un accompagnement managérial (comprendre les enjeux) et pédagogique (se former aux techniques de dialogue, …). 3.2. Préconisations intra SDIS Les six préconisations suivantes font référence à des pratiques déterminantes, reconnues, transposables. Elles sont complémentaires pour déployer la démarche dans ses quatre dimensions. Préconisation 1 Pourquoi Comment Freins/Obstacles Pratiques en jeu Préconisation 2 Pourquoi Comment Freins/Obstacles Pratiques en jeu Inscrire la gestion des connaissances dans les axes stratégiques du SDIS avec des valeurs compatibles et un engagement fort de la direction. Le KM est une démarche qui participe au système de management global de l’établissement. Défendre les valeurs du service en alignant la pratique sur le discours (en encourageant ou dissuadant des comportements) pour modifier ainsi la culture du groupe. Par un plan de communication approprié à la démarche. Par une déclinaison « penser global, agir local ». Dans le cadre des projets de service ou d’un travail sur les valeurs, les SDIS doivent veiller à intégrer celles qui participent au KM (échange, partage, transmission…). Nécessite une adhésion collective aux valeurs. Résistance aux changements culturels. Stratégie, valeurs, engagement de la direction. Systématiser le tutorat (pour toute évolution professionnelle importante) et le parrainage (pour chaque nouvelle recrue). Le tutorat permet le transfert interne des connaissances et compétences en redonnant l’expertise au terrain dans un souci de continuité et de qualité. Pour les nouvelles recrues, le tutorat doit être complété par un parrainage (transmettre un état d’esprit, une culture, les valeurs communes). En identifiant et formalisant les connaissances tacites et explicites à transférer. En accompagnant les binômes tuteur/apprenant dans l’atteinte des objectifs. En valorisant le rôle de tuteur (temps dédié, compétences reconnues par sa hiérarchie, prise en compte dans son évaluation, …). En faisant de la titularisation un symbole fort par lequel le SDIS reconnaît que l’agent a acquis le socle des valeurs de l’institution. Nécessité de dégager du temps, d’intégrer le tutorat dans l’activité de l’agent, de suivre, de contrôler les acquisitions, de valoriser la mission. Tutorat, parrainage. p44 p44 Préconisation 3 Pourquoi Comment Freins/Obstacles Pratiques en jeu Promouvoir, préparer et accompagner la mise en réseau des SDIS, entre eux et avec les partenaires externes. Pour mutualiser les connaissances entre SDIS à moindre coût. Pour créer des synergies avec nos partenaires en interservices. Pour s’ouvrir vers l’extérieur et bénéficier d’expertises et de savoir-faire nouveaux. En systématisant l’élaboration de protocoles d’accord, conventions… En s’inspirant des initiatives existantes comme le réseau Idéal, les groupes techniques zonaux, le réseau RADART, mais aussi l’INFOSDIS, le portail ORSEC, le projet INTEROPS ou le PNRS. En mutualisant et en maillant les ressources « informatique et communication ». Par un rapprochement avec les universités, le monde de la recherche, qui voient dans notre profession un terrain d’études très riche. Par des échanges avec les industriels pour capter des expertises et améliorer nos techniques opérationnelles. Sentiment d’autosuffisance, crainte de la comparaison, de la remise en question. Faible collaboration « inter-SDIS », incompatibilités des outils, iniquité du partage, coût de mise en œuvre, libre administration des collectivités. Partenariats externes, intranets. Préconisation 4 Favoriser l’émergence et le développement des communautés de pratiques via les technologies collaboratives. Les communautés de pratiques existent de manière informelle et partielle. Les Pourquoi généraliser et leur donner une existence et des moyens de fonctionnement permet de faire évoluer l’établissement vers une organisation en réseau. Limiter les échanges d’information par messagerie électronique, par nature non organisés et non valorisés. En déployant des outils collaboratifs parallèlement à la mise en réseau des Comment SDIS, et en animant chaque communauté de pratiques. En facilitant leur ouverture sur d’autres SDIS ou experts reconnus. En mettant à disposition du temps, des technologies collaboratives (réseaux sociaux, forum, wiki, visio, data, RSS), des « community managers », des annuaires de compétences et d’experts associés à une taxonomie… Freins/Obstacles Crainte de perte de pouvoir et de perturbations dans le fonctionnement de l’organisation (réseaux parallèles informels, autogestion discordante…). Système régalien (décision prise au niveau central) s’appuyant sur un mode de communications descendantes (« top-down »). Pratiques en jeu Communautés de pratiques, technologies collaboratives, annuaires d’expert. p45 p45 Préconisation 5 Pourquoi Comment Freins/Obstacles Pratiques en jeu Préconisation 6 Pourquoi Comment Freins/Obstacles Pratiques en jeu Faire évoluer les systèmes d’information des SDIS vers un outil intégré avec portail favorisant le travail collaboratif. Faciliter la collecte, le transfert, le partage, la diffusion, par l’appropriation, de connaissances à partir d’un site ergonomique intuitif et collaboratif : partages d’informations, échanges organisés, gestion de projets en interservices, travail à distance, veille environnementale interne « terrain » (technique, managériale, sociale), externe (technologique, juridique…) Par un accès unique aux différentes applications, une utilisation facile, sans perte de repères pour les utilisateurs : o outils collaboratifs orientés « métiers » (cf. annexe n°3), o mise en réseau des intranets avec accès pour tous, o gestion électronique de documents privilégiant la constitution de mémoires dynamiques, vivantes et réactualisées pour une capitalisation plus pertinente (cycle de vie), associée à une taxonomie adaptée. Par une formation suivie des personnels aux fonctionnalités de l’outil. Coût de conception et de mise en œuvre, approches trop novatrices souvent perturbantes pour les utilisateurs. Technologies collaboratives (réseaux sociaux, groupware, taxonomie), intranets, web 2.0 wiki Clarifier et segmenter la logique du retour d’expériences par différentes pratiques. Pratique utilisée uniquement dans le domaine opérationnel, pour les interventions significatives, alors qu’il trouve un réel intérêt dans la captation des savoirs expérientiels, opérationnels, et fonctionnels. En mettant en œuvre les pratiques référencées, que sont : o le débriefing : pour l’opérationnel « non significatif », o la technique de récit : capitalisation des savoirs expérientiels opérationnels, o l’examen après action : capitalisation des savoirs expérientiels fonctionnels, o le RETEX : opérationnel significatif (accidents, presque accidents). En constituant des bases de données expérientielles sous forme multimédia avec une taxonomie adaptée afin de valoriser nos savoirs pratiques. En les diffusant et les partageant en libre accès. En référençant les détenteurs d’expériences clés, identifiés et mobilisables si besoin. En déculpabilisant l’erreur (processus normal d’apprentissage). Peur du jugement de valeur (frein à la diffusion), sentiment de culpabilité (amalgame fréquent entre erreur, faute et indiscipline). Souvent limité à une analyse technique négligeant le facteur humain. Absence de réseau de partage articulé (national/zonal/départemental). Retex, debriefing, examen après action, technique de récit, taxonomie p46 p46 3.3. Préconisations supra SDIS Il ressort de nos investigations, qu’une véritable politique de gestion des connaissances organisée et systématisée ne peut essaimer au sein de la profession qu’avec une dynamique globale. En effet, le principe de libre administration territoriale permet à n’importe quel SDIS de commencer une démarche de KM, mais rien ne l’y oblige. Il est donc nécessaire qu’une volonté soit affichée au niveau national pour institutionnaliser et coordonner la démarche. Aussi, pour conduire les SDIS vers un statut reconnu « d’organisation apprenante » dite 2.0, la vision stratégique globale participant à un leadership unifié nous a conduit à élargir nos préconisations à la dimension supra SDIS. Les trois préconisations ci-après s’inscrivent dans cette logique. Préconisation 1 Pourquoi Comment Freins/Obstacles Pratiques en jeu Préconisation 2 Pourquoi Comment Freins/Obstacles Pratiques en jeu Présenter le projet de gestion des connaissances selon une formule commune porteuse, pour que le concept soit compris et accepté dans les SDIS. Le knowledge management est généralement un langage de cadres supérieurs. Il convient donc de ne pas employer ces termes afin que la politique managériale soit plus explicite pour tous. Le projet doit être perçu comme une démarche collective, simple, abordable et facilement accessible par les futurs acteurs. En excluant le barbarisme et l’aspect technocratique de l’appellation anglosaxonne. Privilégier une formulation du type « partager nos savoirs » ou « partage des pratiques » ou « SDIS 2.0 »… Quelques exemples d’appellations : o SNCF : gestion documentaire, o Bouygues : partage des connaissances, o SEB Téfal : tutorat d’expertise. Aucun, le concept KM étant très peu connu en ces termes. Stratégie Anticiper, préparer et conduire dans le cadre d’un leadership cohérent et convergent (DGSCGC, ENSOSP, SDIS) le projet SDIS 2.0. Le passage à la gestion des connaissances implique un processus de changement à moyen et long terme nécessitant un pilotage national pour impulser une dynamique commune aux SDIS. Par un travail introspectif mené en mode projet. Par un engagement de la DGSCGC via de nouveaux indicateurs INFOSDIS et le déploiement d’un outil d’auto-évaluation à destination des SDIS intégrant « les bonnes pratiques de gestion des connaissances ». Par un soutien de l’ENSOSP qui, en introduisant le KM dans la formation des cadres (FI LT, FI CNE, FAE CdG, FAE DDA, FMPA des Directeurs…), affirmerait une prise en compte nationale pour inciter la démarche à l’échelon local (à l’instar de la diffusion de la culture GOC). Peur du changement, méconnaissance générale du concept de KM, crise économique imposant d’autres priorités, décalage intergénérationnel. Stratégie, engagement et soutien de la direction. p47 p47 Préconisation 3 Pourquoi Comment Freins/Obstacles Pratiques en jeu Développer une ressource technologique et collaborative d’envergure supra-départementale en soutien des projets SDIS 2.0. Pour faciliter l’appropriation du concept par les SDIS (conseils, expertise) et organiser l’accompagnement. Pour centraliser et diffuser par le biais d’un guichet unique la connaissance d’intérêt national. Pour faciliter l’animation des différentes communautés de pratique d’envergure nationale. En créant un centre support animé et piloté par un groupe projet, en capacité d’impulser une dynamique, de soutenir les initiatives locales et d’accompagner les SDIS. En déployant un outil intégré de portée nationale visant à favoriser l’émergence d’une culture de gestion des connaissances (dans le prolongement du PNRS). Manque de communication sur les objectifs, risque d’ingérence, financement. Centre support, communautés de pratiques, technologies collaboratives, stratégie. 3.4. Projet de gestion des connaissances A ce stade, notre étude peut être le point de départ du projet de KM au sein des SDIS. Ce mémoire correspond à la phase d’avant-projet. Les recommandations formulées permettront d’appuyer la démarche en guidant les équipes aux différentes étapes du projet. Quant à nos préconisations, elles orientent déjà la phase d’organisation du projet. A court terme, les préconisations n°1 (intra SDIS ou supra SDIS) qui déterminent la stratégie à appliquer, sont des préalables indispensables à la mise en œuvre globale du projet. A moyen terme, tout ou partie des autres préconisations peut faire l’objet des phases de conception et de réalisation en fonction des objectifs retenus selon l’illustration ci-dessous. Figure 6 : diagramme de Gantt du projet de gestion des connaissances Chacune d’elles nécessite des études complémentaires relatives à la conception puis à la mise en œuvre, par des équipes projets. Les étapes décisionnelles seront primordiales pour concrétiser l’ensemble de la démarche (exemple en annexe n°9). Le processus décisionnel doit être organisé par la constitution d’un comité de pilotage, validant ou réorientant les propositions des responsables de projets à chaque étape (). p48 p48 CONCLUSION « La culture, c'est ce qui relie les savoirs et les féconde. » Edgar Morin D ans le cadre de la modernisation de l’action publique engagée par le gouvernement, le Premier Ministre a décidé d’évaluer les politiques publiques, dont « la politique territoriale d’incendie et de secours » à partir de cette année. Plus récemment le Ministre de l’Intérieur, faisant allusion à un « pacte de sécurité civile » entre l’état et les élus, a évoqué le « rôle déterminant » de l’ENSOSP dans le développement d’une véritable culture du management du volontariat et la transmission des valeurs telles que « l’exemplarité, le dévouement, le courage et l’altruisme »1. Parallèlement, il a chargé la DGSCGC, en collaboration avec l’inspection générale de l’administration et l’assemblée des départements de France, de faire des propositions à la fin de l’année 2013 pour que le gouvernement puisse faire évoluer positivement la politique territoriale d’incendie et de secours. Ces grandes orientations nous confortent dans l’idée que la sécurité civile et plus précisément notre profession ne peut faire l’économie de la gestion de ses connaissances pour respecter l’engagement politique qui vise à rationaliser le service public en général et les services d’incendie et de secours en particulier. Mieux encore, une démarche de knowledge management bien menée pourrait préparer les mentalités à une éventuelle réorganisation territoriale des SDIS dans un cadre supra-départemental en induisant la mutation culturelle indispensable à ces changements organisationnels. Il a fallu une bonne décennie aux nouveaux établissements publics d’incendie et de secours pour asseoir la départementalisation et entrevoir malgré tout, vis à vis de l’évolution des risques, certaines limites à ce cadre plus cohérent que le cadre communal. Il s’agit donc pour les SDIS, mais également pour l’échelon central, de franchir un nouveau palier en saisissant l’opportunité stratégique du KM. Cette nouvelle culture permettra l’instauration d’une « nouvelle donne » adaptée à l’évolution sociétale. Ce travail de recherche nous a été confié alors que, à l'image de notre profession, nous n'avions aucune représentation du concept. Le présent mémoire a donc pour objectif affiché de faciliter l’acculturation des cadres supérieurs aux enjeux du KM tout en les aidant à organiser leur réflexion pour préparer stratégiquement la transition vers des organisations apprenantes, collaboratives, pluridisciplinaires et maillées. Du point de départ aux perspectives suscitées, nous avons cherché à contextualiser notre étude dans l’espace et dans le temps. En effet, les écueils possibles sont nombreux et les particularités culturelles des sapeurs-pompiers en général, et des SDIS en particulier, se devaient d’être prises en compte. Dans cette logique, nous avons fait le choix d’une investigation large, bien que non exhaustive, en proposant un socle de mesures plutôt que le développement arbitraire de l'une ou l’autre d’entre elles. Ceci étant, une littérature abondante donne la possibilité d'approfondir au besoin un domaine particulier, en fonction des développements spécifiques propres à chaque projet. Au-delà de la production du mémoire, les nombreux échanges avec des experts, des pratiquants, des initiés ou des novices, que ce soit au niveau des institutions nationales, des collectivités territoriales, 1 ENSOSP, Le sabre et la plume n°18, 2013. p49 p49 de l’entreprise, de l’enseignement supérieur, de la recherche ou des SDIS, ont rendu notre approche vivante, riche et plus explicite. Grâce au travail de groupe accompli, nous avons appris à partager des points de vue parfois différents pour en tirer une synthèse non seulement acceptée mais réellement partagée par tous. Il nous a fallu créer notre propre communauté de pratique, identifier nos ressources clés, nous mettre en réseau, utiliser des outils de travail collaboratif, en quelque sorte concrétiser par l’application les connaissances acquises sur le sujet. Dans la continuité de cette première approche par la profession du concept de KM, il sera possible pour des recherches futures, et à titre d’exemple, de concevoir un système de gestion des connaissances ou encore de développer et projeter une ou plusieurs bonnes pratiques pouvant être mises en œuvre dans un SDIS déjà engagé dans une telle démarche. Aujourd’hui plus que jamais, la vitesse d’évolution du monde numérique nous interpelle. Elle rend possible à la fois une parcellisation de la connaissance sur le sujet du fait de sa complexité et une forme de fracture générationnelle (X versus Y) que nos organisations SDIS ne peuvent accepter par l’enjeu même du volontariat, pilier majeur de la sécurité civile en France. Nombreux déclarent que nous sommes à la croisée des chemins, entre subir ce bouleversement ou l'accompagner, et alors que nous proposons une stratégie pour tendre vers un SDIS 2.0, déjà se profile à une échéance de quelques années le web 3.0. Nous devons donc préparer par des moyens adéquats cette (r)évolution technologique qui engendrera une mutation sociétale dont nous mesurons difficilement la portée, même si nous pressentons des changements importants. Ces moyens, reposant essentiellement sur les potentialités existantes, sont avant tout des investissements basés sur des synergies, des mutualisations, des partages et des mises en réseau. Cela se traduit clairement par un repositionnement de l’Homme au centre de nos préoccupations, ce qui pourrait être un paradoxe alors même que nous évoquons une (r)évolution technologique. Il est dès lors considéré non plus comme une « ressource humaine », mais comme détenteur d’un capital qui participe à la valorisation du service public. Il y consacre son temps de travail, plus qu’il n’y appartient. Cela se conçoit avec le corollaire de replacer l’humain au cœur des technologies de l’information et de la communication pour construire les futures technologies de l'intelligence collective. Ces différentes nuances peuvent paraître subtiles, voir insignifiantes alors qu’elles sous-entendent une profonde remise en question allant jusqu’à un véritable changement de paradigme au sein de notre profession. Le KM peut alors se présenter, au-delà des enjeux de rationalisation ou d’évolution du service public envisagées par nos dirigeants politiques, comme un outil stratégique de management par la qualité, capable non seulement de préparer, mais aussi et surtout, d’accompagner cette évolution culturelle. p50 p50 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES A - ALAVI M. et LEIDNER D., KM & KM Systems : Conceptual Foundations and Research Issues, 2001. ABRIAL S., préface du Bulletin de la Sécurité des Vols, 2006. B - BALLAY J.F., Tous managers du savoir !, 2002. 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LES STRUCTURES DE LA CONNAISSANCE 4 1.1. LA DONNEE ET L’INFORMATION : CONSTITUANTS ELEMENTAIRES DE LA CONNAISSANCE 1.1.1. LA DONNEE 1.1.2. L’INFORMATION 1.2. LES NOTIONS DE CONNAISSANCE, COMPETENCE ET SAVOIR 1.2.1. LA CONNAISSANCE 1.2.2. LA COMPETENCE 1.2.3. LE SAVOIR 1.3. LA NOTION DE CULTURE 1.3.1. ASPECT GENERAL 1.3.2. CULTURE ORGANISATIONNELLE 1.3.3. CULTURE DE LA GESTION DES CONNAISSANCES 5 5 5 6 6 7 7 8 8 8 9 2. LES PROCESSUS DE GESTION DES CONNAISSANCES DANS L’ORGANISATION 9 2.1. LE CYCLE DE VIE DU SAVOIR 2.1.1. L’IDENTIFICATION DE CONNAISSANCES 2.1.2. LA CREATION DE CONNAISSANCES 2.1.3. LE STOCKAGE DES CONNAISSANCES 2.1.4. LE PARTAGE DES CONNAISSANCES 2.1.5. L’UTILISATION DES CONNAISSANCES 2.2. PROJET DE GESTION DES CONNAISSANCES 2.2.1. VISION ET MANAGEMENT STRATEGIQUE 2.2.2. CHOIX TACTIQUES DE MISE EN ŒUVRE DU KM 2.2.3. LES ACTIVATEURS DU KNOWLEDGE MANAGEMENT 9 9 9 10 10 11 11 11 12 13 3. REPRESENTATION DU CONCEPT 14 3.1. CARTE HEURISTIQUE 3.2. VEILLE ENVIRONNEMENTALE 3.2.1. APPROCHE DE LA COMPLEXITE 3.2.2. CONTEXTE PERIPHERIQUE A NOTRE ETUDE 3.2.3. UN CHANGEMENT DE PARADIGME POUR LES SDIS ? 3.3. ETUDE DES FORCES ET FAIBLESSES DES SDIS FACE AU KM 3.4. FORMULATION DES HYPOTHESES DE RECHERCHE 14 14 14 15 16 17 18 p55 p55 PARTIE 2 VERS UNE APPROCHE MULTIDIMENSIONNELLE DANS LES SDIS 19 1. PARTICULARITES CULTURELLES ET OPPORTUNITES 19 1.1. LA CULTURE DES SDIS ET DES SAPEURS-POMPIERS 1.1.1. SYSTEME DE VALEURS DE L’ENSOSP 1.1.2. CULTURE DE GROUPE 1.2. LES OPPORTUNITES DE LA GESTION DES CONNAISSANCES POUR LES SDIS 1.2.1. FACILITATEURS CULTURELS 1.2.2. MARGES DE PROGRES 19 19 20 22 22 23 2. ANALYSE MULTIDIMENSIONNELLE 25 2.1. LA DIMENSION MANAGERIALE 2.1.1. LA COMPOSANTE STRATEGIQUE 2.1.2. LA COMPOSANTE « POUVOIR » 2.2. LA DIMENSION ORGANISATIONNELLE 2.2.1. LA COMPOSANTE STRUCTURELLE 2.2.2. LA COMPOSANTE FONCTIONNELLE 2.3. LA DIMENSION HUMAINE 2.3.1. LA COMPOSANTE INDIVIDUELLE 2.3.2. LA COMPOSANTE COLLECTIVE 2.4. LA DIMENSION TECHNOLOGIQUE ET MATERIELLE 2.4.1. LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION 2.4.2. LES ESPACES MATERIELS 25 25 25 26 26 27 27 27 28 30 30 31 PARTIE 3 LES BONNES PRATIQUES DE KNOWLEDGE MANAGEMENT POUR LES SDIS 2.0 33 1. LES BONNES PRATIQUES DU KNOWLEDGE MANAGEMENT 33 1.1. NOTION DE BONNES PRATIQUES 1.2. LISTES DE REFERENCE 33 33 2. ETAT DES BONNES PRATIQUES REFERENCEES 34 2.1. PRATIQUES INTERNES AUX SDIS 2.1.1. PRATIQUES MANAGERIALES 2.1.2. PRATIQUES ORGANISATIONNELLES 2.1.3. PRATIQUES HUMAINES 2.1.4. PRATIQUES TECHNOLOGIQUES 2.1.5. LES PRATIQUES DANS L’ENVIRONNEMENT DES SDIS 2.2. PRATIQUES EXTERNES AUX SDIS 2.2.1. PRATIQUES MANAGERIALES 2.2.2. PRATIQUES ORGANISATIONNELLES 2.2.3. PRATIQUES HUMAINES 2.2.4. PRATIQUES TECHNOLOGIQUES 34 35 35 37 38 39 40 40 40 41 41 p56 p56 2.3. RETOUR SUR LES HYPOTHESES DE RECHERCHE 42 3. RECOMMANDATIONS ET PRECONISATIONS 43 3.1. 3.2. 3.3. 3.4. 43 44 47 48 RECOMMANDATIONS GENERALES : PRECONISATIONS INTRA SDIS PRECONISATIONS SUPRA SDIS PROJET DE GESTION DES CONNAISSANCES CONCLUSION 49 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 51 REFERENCES LEGISLATIVES ET REGLEMENTAIRES 53 REFERENCES SITOGRAPHIQUES 53 TABLE DES ILLUSTRATIONS 54 TABLE DES MATIERES 55 p57 p57 ANNEXES TABLE DES ANNEXES Annexe 1 : Carte heuristique du concept Annexe 2 : Bonnes pratiques du KM Annexe 3 : Technologies de l’information Annexe 4 : Journal de bord Annexe 5 : Questionnaire semi directif Annexe 6 : Liste des entretiens Annexe 7 : Cartographie des contacts Annexe 8 : Cartographie possible de la dynamique des acteurs Annexe 9 : Illustration possible d’un projet de KM p58 p58 ANNEXE 1 CARTE HEURISTIQUE DU CONCEPT p1 Permettre aux cadres et acteurs clés de se projeter à t+x années Décliner en étapes assorties d’objectifs intermédiaires Proclamer les valeurs, soutenir les comportements définis par ces valeurs, décourager les comportements qui violent ces valeurs Doit être basée sur la compétence et sur des rapports respectueux Etablir des liens avec des partenaires, des universités, des instituts de recherche Expliciter l’organisation dans le futur Savoir comment atteindre la vision retenue Entrainer les individus dans des comportements plus appropriés Déterminer le niveau de qualité du partage Ouvrir et partager des connaissances à l’extérieur de l’organisation Vision Stratégies Confiance Nécessité de réciprocité Respecter et mettre en évidence en même temps la diversité Difficulté à discerner projection et ambition Observations Partenariats externes Nécessité de bien identifier les savoirs cruciaux à protéger des savoirs partageables Engagement et soutien Encourager les pratiques de KM et les Récompenser et stimuler les participations de Nécessite l’engagement des changements culturels différentes manières, même modestes et partager cadres de la direction les erreurs sans stigmatiser Mettre en place un système de reconnaissance du partage de la connaissance Valeurs Comment Utiles pour Pratiques ANNEXE 2 LES BONNES PRATIQUES DU KNOWLEDGE MANAGEMENT Dimension managériale Analyser retrospectivement un projet ou une étape clef Examen après action d’un Transmettre des savoirs explicites sans contrainte de temps et de distance qui a besoin des Quelqu’un savoir/savoir faire/savoir être Comprendre l'environnement de la connaissance d'une organisation Quel est l'état des connaissances dans l'organisation Pour une meilleure objectivité E-learning/FOAD Marché connaissances Utiles pour… Observations La personnalité et le rôle du « community manager » est essentiel, son choix est déterminant, il doit y trouver un intérêt et le temps est parfois long pour obtenir des résultats Faire un inventaire des actifs de connaissances Accepter et mettre en œuvre les disponibles et des ressources d'informations au changements suggérés moyen d'enquêtes, de processus, de Donner suite cartographies, d’analyse des compétences. Carte des flux d'informations importantes pour l’organisation – identifier les points où les informations sont rassemblées ou disséminées et comment ils sont ou pas connectés à d'autres Réaliser la connexion entre individus ayant Mise à jour indispensable de relevé des lacunes et individus ayant des l’annuaire de compétences connaissances et/ou expertise à partager Organiser la mise à disposition et les Nécessite des supports adaptés validations des séquences (vidéo, diapo, mises en situation..), économie de temps présentiel Discussion sur la méthode et les progrès Difficulté à admettre les choses qui réalisés ne vont pas du fait de la Culture Evaluation structurée des personnes impliquées organisationnelle pour résumer les connaissances acquises Nécessite de laisser du temps à la réflexion. Comment ? de Regrouper des individus avec des projets Faciliter la collaboration « en ligne » et « en communs nécessitant de partager des face à face » pratiques et de trouver des solutions communes Audit des connaissances Communauté pratiques (CoP) Pratiques LES BONNES PRATIQUES DU KNOWLEDGE MANAGEMENT Dimension organisationnelle Retour d’expériences Banque des savoirs Transfert connaissances Utiles pour… Observations Capturer et diffuser largement pour réutilisation. Joindre des détails sur les pratiques qui ont fait leurs preuves pouvant être considérées comme « modèles » pour adoption ou adaptation aux conditions locales. Limite culturelle importante liée à la perception de l’erreur (erreur ≠ faute) et aux peurs associées (judiciarisation) Mise à jour des données Accès facilités aux données Utilisable par tout le monde Difficulté de rendre l'information accessible, consultable et utilisable dans des formats appropriés Gain de temps et de ressources Le modèle de réussite peut être une motivation pour les équipes Peut être une source d'innovation. Utilisation d’un protocole structuré pour capter Capture intelligente prenant en les connaissances, expériences, contacts compte la nécessaire synthèse du poste et le mode prévu de diffusion Comment ? Mettre en place une équipe support pluridisciplinaire reconnue pour son leadership, pour soutenir la collecte, le partage des connaissances par des conseils, de la coordination et des compétences reconnues Offrir un accès facile et permanent Référentiels de connaissances captées de aux savoirs différentes manières, entreposés et partagés par le web Favoriser l’amélioration continue et Guide du RETEX éviter de reproduire les mêmes erreurs L’organisation doit intégrer l’erreur comme source d’apprentissages de Risque de perte de connaissance pour l’organisation quand une personne clef quitte son poste (retraite, mutation…) Identification et partage Réfléchir sur de nouvelles méthodes pour faire les choses dans une logique de pratiques d'amélioration en fournissant un outil pour l'adaptation, la réflexion et l'expérimentation. Rapprocher ceux ayant des lacunes, et ceux reconnus et expérimentés en interne et en externe. Eviter de réinventer la roue Assurer le déploiement des activités Centre support de KM de KM Pratiques LES BONNES PRATIQUES DU KNOWLEDGE MANAGEMENT Dimension organisationnelle Dialogue Debriefing Café de la connaissance Guidage (mentoring) Accompagnement (coaching) Etude de cas narrative ou technique de récit Développer le potentiel et les compétences d’un individu ou d’une équipe Aider un agent en difficulté sur son poste par une relation d’apprentissage Actualiser des connaissances dans un environnement changeant. Comprendre par le débat Etablir un consensus Évaluation rapide d'un événement où il serait utile d'identifier ce qui peut être amélioré pour la prochaine fois Former les agents aux règles de conduite d’un dialogue réussi Disposition (cercle, ..), Expliquer le but général, Présentation et but personnels, règle de l’échange, contraindre les dominant et encourager les introvertis, viser la compréhension mutuelle, partager les cultures individuelles Utiliser des questions à la fin d'un événement d'une manière rapide et facile. L’accompagnant facilite le changement afin d’atteindre un objectif professionnel avec leurs propres solutions Une personne expérimentée de l’organisation donne des conseils, partage et aide au transfert des savoirs Rassemblement dans un contexte informel où peuvent se tenir des conversations ouvertes à visée créative Enregistrer sous forme narrative en expliquant le QQOQCP et ce qui aurait pu être fait différemment Faciliter l’intégration d’un nouvel arrivant dans le groupe par l’attribution d’un parrain porteur des valeurs En le plaçant sous la responsabilité d’un tuteur référent chargé d’encadrer, de suivre et d’évaluer Transférer les valeurs et la culture de l’entreprise Faire acquérir à l’apprenant des compétences identifiées en situation professionnelle Partager de l’expérience avec d’autres de manière vivante Lié à la cartographie des compétences Identifier des individus ressources ou experts en matière de connaissances et compétences Annuaire de compétences ou d’experts Parrainage Tutorat Comment ? Utiles pour… Pratiques Boucle de rétroaction nécessitant une relation de confiance et l’absence de jugement de valeur Eviter la discussion, permettre que les choses difficiles soient révélées, passées en revue sans blâme ni jugement. Avoir le temps et l’espace pour le faire Nécessite d’être ritualisé (à faire régulièrement) Nécessite de créer une base de données d’expérience avec un mode de classement permettant de retrouver aisément les connaissances S’inscrit généralement dans le cadre d’un contrat (professionnalisation, alternance) Le parrain doit être extérieur à l’équipe de travail Optimisation de la ressource humaine Observations LES BONNES PRATIQUES DU KNOWLEDGE MANAGEMENT Dimension humaine Utiles pour… Comment ? Observations Web 2.0 - Wikis Collaborer, créer collectivement, Logiciels appropriés pour créer des pages liées Difficulté à encourager la contribuer à une procédure ou à un où les informations sont modifiables participation de tous guide Mise à jour constante Pertinence et véracité variable Problème d’aliénation des données, Web 2.0 – réseaux sociaux Etablir des relations en capitalisant Elaborer un réseau social d’entreprise sur les liens faibles (2° niveau) Maintenir ses pages à jour et être ouvert et de distraction, de blocages par les réceptif aux sollicitations parefeux avec Facebook, LinkedIn, Twitter Agréger des informations en un seul Nécessite un lecteur de flux RSS, gain de temps Problème d’amoncellement (Set Web 2.0 – flux RSS endroit par l’aperçu RSS) ou de perte d’information lors des phases hors ligne Etiqueter de façon intuitive des Encourager le marquage des ressources à l’aide Problèmes de compréhension faute Web 2.0 - Taxonomie ressources d’information pertinentes de logiciels labels pour les localier à l’avenir et d’ontologies (vers web 3.0 ?) partager ce balisage Communiquer des informations de Via un réseau et des technologies de Risque de clivage par les accès. Intranets l’organisation vers l’agent l’information Nécessite que la conception soit alignée avec la stratégie d’organisation Travailler ensemble pour des Web social, groupware, workflow, messagerie Apparente anarchie mais grande Technologies personnes ou des équipes instantanée production de données. collaboratives indépendamment du temps et de la Exploitation des données à distance organiser Gestion électronique de Documenter les décisions, les Zones de stockage appropriées et accès partagés Contrôle de version, structuration connaissances nécessaire de l’information, l’information ontologies, règles Pratiques LES BONNES PRATIQUES DU KNOWLEDGE MANAGEMENT Dimension technologique ANNEXE 3 LES APPLICATIONS TECHNOLOGIQUES FACILITANT LE KM Web 2.0 : Groupeware (ou collectiques): pour produire, déclarer collectivement méthodes et outils de travail en réseau des connaissances, échanger des informations de manière synchrone ou Workflows (ou flux de travail) : asynchrone outils électroniques développés pour gérer automatiquement les processus métier Applications collaboratives: pages web, « recueil vivant de connaissances » constamment mis à jour (Wikipédia, Wikilinks…) Wikis : pages de communication informelle Blogs d’entreprises: traduit à l’échelle mondiale l’évolution localisateurs d’expertise de type réseaux sociaux technologique de l’internet, d’un publics (Linkedln, Viadeo, Facebook…) ou concept de stockage d’information professionnels (experts déclarés…) SNA (Social Network Analysis) : (Web 1.0) vers un concept de flux analyseurs de réseaux sociaux. Avec Quoi ? ELS (Expertise Locator Systems) : Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Identifier les personnes-hub (les plus connectés), les leaders d’opinion (les plus consultés), les acteurs clés (interface entre réseaux d’influences), l’évolution des réseaux Favoriser les interactions spontanées et autorégulées entre les membres de l’organisation Mutualiser, partager librement les connaissances, même si leur pertinence n'est pas toujours établie (sources non vérifiables) Permettre à un groupe de travailler à distance de façon asynchrone , sans vocation de stockage à long terme de données Expliciter, partager, faciliter les enchaînements de tâches opérationnelles contribuant à une production En structurant les interactions transversales entre les différents acteurs du processus En apportant « la bonne information à la bonne personne et au bon moment » Messageries, agendas partagés, forum, e-conférences (chats, visioconférences) En exprimant librement son opinion sous forme de commentaires, Foire Aux Questions (FAQ) En permettant à chaque consultant d'enrichir rapidement le contenu en libres co-écritures En cartographiant les liens relationnels entre individus par la visualisation de l'analyse structurale du réseau Identifier, localiser une personne ressource déclarée En consultant le profil individuel de la et la mettre en relation avec le demandeur pour personne ressource à partir de mots clés apporter une réponse à ses besoins LES OUTILS TECHNOLOGIQUES Optimiser la gestion du capital connaissance individuel, ouvrir le transfert de connaissance au plus grand nombre, s'adapter aux contraintes des apprenants E-learning (ou e-formation): Plates-formes métiers: formation électronique à distance (initiale, maintien et perfectionnement des acquis...) lieux virtuels de partages, d’échanges propre à une communauté de pratique, offrant diverses fonctionnalités partir d'un accès unique Portails: documentation de toute nature (bureautique, structurent l’information, facilitent les image, vidéo, audio…) Moteur d’indexation: recherche associé à la GED Outils de gestion documentaire et moteurs d’indexation : Pourquoi ? Stocker des ressources "vivantes" utiles à l'organisation en vue d’optimiser leur réutilisation ultérieure Référencer l’ensemble des documents pour une recherche rapide, une consultation aisée en ligne et une exploitation facilitée Fédérer les membres de la communauté autour de référentiels et de centres d’intérêts communs propices au travail collaboratif Avec Quoi ? Gestion Electronique de Documents (GED) : Quoi ? En identifiant les ressources cruciales En suivant leur cycle de vie (création, mise à jour, destruction) En réalisant les requêtes par mots clés (auteurs, thèmes, dates, contenu…) Par des fiches de synthèses descriptives Par l'accès aux annuaires, contacts, forums, veilles, informations, documentations, processus, projet, actualités, normes, réglementations, bonnes pratiques, liens... propres à l'activité de la communauté En diversifiant, modernisant les modes d'apprentissage, en complément d'un apprentissage en présentiel En réduisant les contraintes spatiotemporelles et organisationnelles Comment ? LES OUTILS TECHNOLOGIQUES ANNEXE 4 JOURNAL DE BORD ANNEXE 5 QUESTIONNAIRE SEMI DIRECTIF TRAME D’ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF Etat des lieux relatif à la gestion des connaissances Le contexte Date : / / Lieu : Durée : La personne L’établissement Civilité : Raison sociale : Nom : Prénom : Nature : Fonction : Statut : Adresse : Légitimité (parcours, vécu, expérience) : Dimensionnement : Armand Morand Les enquêteurs Eric Paganon Lionel Vayr Emmanuel Vidal Hypothèse 1 : Par une approche multidimensionnelle, le know ledge m anagem ent permet aux SDIS de s'adapter à la complexité de leur environnement. 1.1 La stratégie et le pilotage du SDIS (projet de service, projet d’établissement) : Projet de service : • Q1 : Avez-vous identifié le besoin de mieux partager les connaissances ? Pourquoi ? Lesquelles ? Dans quels domaines ? • Q2 : Avez-vous intégré la gestion des connaissances comme un objectif de votre projet de service ? Sous quelle forme ? A quelle échéance ? Missions/valeurs : • Q3 : Est-ce que les valeurs de l’organisation ont étés définies ? Quelles sont-elles ? Jusqu’à quel niveau ont-elles été diffusées ? Sont-elles partagées et défendues ? Leadership : • Q4 : Est-ce que l’encadrement est convaincu de la nécessité de gérer les connaissances ? Jusqu’à quels niveaux hiérarchiques ? p11 • Q5 : Comment valorisez-vous la contribution des individus à la gestion des connaissances ? • Q6 : Quels comportements/actions avez-vous adoptés pour favoriser la gestion des connaissances ? • Q7 : Pensez-vous qu’une organisation hiérarchique de type pyramidale soit un frein à la mise en œuvre du KM ? Si oui, pourquoi et vers quel type d’organisation pensez-vous qu’il puisse être souhaitable d’évoluer ? - Stratégie et planification : • Q8 : Avez-vous défini des axes stratégiques pour améliorer la gestion des connaissances de manière à soutenir les objectifs de votre organisation ? Lesquels ? • Q9 : Avez-vous identifié de nouvelles connaissances à développer au sein de votre organisation ? Si oui, lesquelles ? • Q10 : Avez-vous budgété des actions en matière de gestion des connaissances ? A hauteur de quel montant ? A quelle échéance ? 1.2 La cartographie des connaissances • Q11 : Quelles sont les connaissances capitales dont la perte pourrait avoir un impact négatif majeur sur votre organisation ? Par quels moyens avez-vous pérennisé ces connaissances ? • Q12 : Un responsable est-il identifié pour assurer ce suivi ? Si oui, quelles sont ses attributions ? Quelle est sa position au sein de l’organisation ? Hypothèse 2 : Le know ledge m anagem ent est un facteur de confiance et de motivation, sources de cohésion au sein des SDIS. 2.1 L’organisation des SDIS, les communautés de pratiques, les groupes projet et la dimension collective (services, groupements, réseaux…) • Q13 : Quels moyens mettez-vous à disposition des communautés de pratiques (équipes spécialisées, groupe de référents ou disposant d’une expertise, réseau d’expert, etc.…) pour faciliter leur activité et le partage de leurs connaissances ? o Du temps dédié ou identifié ? o Des espaces de travail appropriés ? o Un annuaire thématique ? o Une systématisation de leur consultation dans leur domaine de compétence ? • Q14 : Le retour d’expérience fait-il l’objet d’une formalisation ? Dans quels domaines ? Sous quelle forme ? o Une procédure écrite ? o Une base de données de recueil d’expérience ? o Un encouragement de la pratique ? 2.2 L’Homme et la dimension individuelle • Q15 : Avez-vous développé une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ? • Q16 : Si oui, avec quels outils avez-vous pris en compte la nécessité d’assurer le transfert de la connaissance lors des recrutements ou des mobilités? o Accompagnement et tutorat (compagnonnage) ? o Tuilage et transfert des connaissances critiques ? o Explicitation des savoirs et savoirs faire (mémo, guide…) ? o … • Q17 : Dans les programmes de construction ou de réhabilitation des bâtiments de votre organisation, de quels espaces les agents disposent-ils pour favoriser la collaboration et les rencontres ? o Coin machine à café ? o Espace de détente ? o Salle de réunion ? o Espace de rassemblement ? o … • Q18 : Avez-vous pris des initiatives stimulant la créativité et l’innovation ? Lesquelles ? o Boite à idées ? o Formation des personnels aux techniques de Réflexion créative (brainstorming) ? o Encouragement, valorisation, récompense ? o … • Q19 : Avez-vous Lesquelles ? o o o • pris des initiatives favorisant la communication interpersonnelle ? Formation à la conversation et au dialogue Technique de récit … Q20 : Pensez-vous disposer au sein de votre organisation de conditions favorisant : o La motivation ? o L’ouverture d’esprit ? o La confiance ? o La crédibilité des individus ? o … Hypothèse 3: Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont essentielles mais non suffisantes pour valoriser le capital immatériel des SDIS. 3.1 Les outils technologiques, les méthodes et procédures associées • Q21 : Quelles technologies de l’information avez-vous mis en œuvre pour identifier, créer, stocker, partager et utiliser la connaissance ? Selon quels droits d’accès ? A quels niveaux hiérarchique et territorial ? • Q22 : Parmi les différents services disponibles sur un Intranet, quels sont ceux mis en œuvre par votre organisation et leur niveau de développement ? o Annuaires ? o Messagerie électronique ? o Agenda partagé ? o Mise en ligne de documents (formulaires, textes) ? o Foire Aux Questions ? o Workflow ? o Flux RSS ? o Wiki ? o Forum ou réseaux sociaux ? o Moteur de recherche ? o Gestion électronique des documents et archivage ? o Extract Transform Load ? o Moteur d’indexation ? o Système d’Information Géographique ? • Q23 : Dans quelles prestations destinées à faciliter l’acquisition et le partage des connaissances votre organisation a-t-elle investi ? o Centres de documentation ? o Visioconférence ou audioconférence ? o Formation à distance (e-formation) ? o Portail ou plate-forme de ressources et savoirs ? o Affichage dynamique par écran piloté ? o Veille pour l’amélioration des informations et des connaissances ? 3.2 Les outils non technologiques • Q24 : Selon vous les outils des technologies de l’information sont-ils suffisants pour valoriser le capital connaissance de votre organisation ? • Q25 : Si non, quels autres moyens mettez-vous en œuvre pour faciliter votre démarche de knowledge management ? ANNEXE 6 LISTE DES ENTRETIENS SDIS ou organisme Cat. Personne entretenue Qualité Date SDIS de l'Ain 2e Col B. ROMATIF DDSIS 23/05/13 SDIS de l'Ardèche 3e Cdt JM. CHALANCON DRH 25/09/13 SDIS de l'Isère 1e Lcl S. DUCHET Chef du groupement formation 16/07/13 Cdt D. FERRAND Adjoint au formation chef du groupement SDIS de la Haute-Loire 4e Lcl F. PIGNAUD DDASIS 9/08/13 SDIS de Loire-Atlantique 1e Col P. BERTHELOT DDSIS et initiateur du réseau idéal 19/06/13 connaissances SDIS du Loiret 2e Lcl P. GAMEL Chef du groupement formation Mme I. DETRIFT Chargée des formation PATS 17/05/13 prospective SDIS de Haute-Marne 4e Lcl J. PETITPOISSON DDASIS 16/08/13 SDIS du Rhône 1e Lcl D. DREVET Chef du groupement formation 01/08/13 Lcl S. CLERC Chef du groupement CCAR 01/08/13 SDIS de Saône et Loire 2e Col M. MARLOT DDSIS 02/04/13 SDIS de la Savoie 2e Col JM. LANGLAIS DDASIS 18/09/13 SDIS de la Haute-Savoie 1e Col JM. CHABOUD DDSIS 12/08/13 SDIS du Tarn et Garonne 4e Lcl LM. DAOUDAL DDASIS 28/05/13 SDIS des Vosges 3e Col H. DEREGNAUCOURT DDSIS 28/05/13 M. JP. VENNIN Sous-directeur des ressources, 21/06/13 compétences et doctrine emploi Col Y. TREPOS Inspecteur de la sécurité initiateur du référentiel CAF. Col F. VALLIER Chef du bureau de la formation, 30/08/13 techniques et équipements CBN G. MOULBACH Initiateur portail INTEROPS DGSCGC ENSOSP Mme A. SENATORE civile, 05/06/13 21/06/13 MOREL- Responsable du laboratoire d'études de 19/06/13 droit de la sécurité civile Lcl B. BEAUSSE Directeur du département prospective 13/03/13 et professionnalisation M. J. CERNOIA Responsable du laboratoire 04/06/13 management et pilotage des organisations (LaMaP) Entreprise ou organisme Personne entretenue Centre lyonnais d'études de Thomas MESZAROS sécurité internationale et de défense Université Lyon III Qualité Date Maître de conférences en droit et sciences 26/03/13 politiques. Mairie de Villeurbanne Isabelle BREZIAT- Ingénieur territorial Direction des systèmes BOGLAENKO Conseillère de projet web d'information 16/05/13 Groupe SEB – TEFAL 17/05/13 Université Lyon I Claude Justine STEFANSKI Bernard Christophe BATIER Laboratoire de génie industriel Ecole centrale de Paris Centre de recherches l'Armée de l'Air Aurélie DUDEZERT de Cécile GODE Groupe Steelcase Agencement intérieur mobilier Responsable formation Directeur technique du service innovation 21/05/13 conception et accompagnement pour la pédagogie. Coordinateur du projet SPIRAL-connect. Maître de Conférences HDR en sciences de 22/05/13 gestion. Responsable du Knowledge Management Research Group. Membre du groupe COP-1 Membre de l'équipe de Management des 22/05/13 organisations de défense Maître de conférences HDR en sciences de gestion à l'université Lyon II Natacha BOUYON Chef de marché régional Rhône-Alpes 23/05/13 Conseil régional Rhône-Alpes Patrick LOUIS Conseiller régional Rhône-Alpes 12/06/13 Ancien député européen. Professeur agrégé d'économie et de gestion à l'université Lyon III. Docteur en sciences politiques BASF Pharma France Usine de Saint-Vulbas Eric LARDENOIS Directeur technique du site Fabrice OGE Responsable environnement et sécurité au travail Philippe BEYRAND Chargé de sécurité incendie et 11/07/13 Secrétariat général des Nations Anne-Françoise FRASER Unies Chief of records management unit in UN headquarter Unité de Formation Production Jean-Luc NICOLET Ingénierie Gilbert POMMET Division production nucléaire EDF Laurent CANET Fonction appui professionnalisation Groupement de gendarmerie Lcl Erwan LE FLOC'H départementale du Rhône Commandant en second du groupement de 06/08/13 gendarmerie Cdt Patrice BONAL Responsable service professionnalisation pédagogique conseil 11/07/13 et 12/07/13 en Adjoint au commandant de groupement, responsable opérations, emploi, renseignement ANNEXE 7 CARTOGRAPHIE DES ENTRETIENS ANNEXE 8 CARTOGRAPHIE POSSIBLE DE LA DYNAMIQUE DES ACTEURS ANNEXE 9 ILLUSTRATION POSSIBLE D’UN PROJET DE KM RESUME Les connaissances sont devenues un actif déterminant pour une organisation, que la gestion des connaissances ou knowledge management vise à valoriser. Que ce soient des données, de l’information, des connaissances explicites ou des connaissances tacites, les savoirs d’une organisation s’inscrivent dans un processus intégré allant de l’identification et de la création, à l’utilisation et au partage, en passant par le stockage. Un tel projet comporte une vision, des stratégies, et un management dont les facteurs de succès sont la culture de l’entreprise, le soutien de la direction, les processus organisationnels, la technologie de l’information, les compétences et motivations des agents. Les structures des SDIS sont multidimensionnelles avec des cultures variées nécessitant d’aborder la gestion des connaissances selon chacune des dimensions suivantes : culturelle, managériale, organisationnelle, humaine ou technologique. Parmi 32 bonnes pratiques issues de la littérature, une enquête menée auprès de SDIS comme à l’extérieur confirme que 25 d’entre elles sont transposables à nos organisations. Elles peuvent permettre une évolution de nos pratiques professionnelles pour intégrer la gestion des connaissances dans les SDIS. Outre des recommandations d’ordre général pour le déploiement du KM, 6 préconisations sont formulées à l’attention des SDIS et 3 à l’attention de l’échelon supra-départemental. Elles peuvent constituer une réponse à la complexité croissante de notre environnement et à l’évolution culturelle que constitue l’avènement de l’ère numérique dans nos sociétés modernes. MOTS CLES Bonnes pratiques, connaissances, culture, gestion, KM, management, organisations, SDIS Le «Knowledge Management», une opportunité stratégique pour l’émergence d’une nouvelle culture de gestion des connaissances : étude comparée des bonnes pratiques transposables aux SDIS ABSTRACT The knowledge has become a key asset for an organization, and is being enhanced by Knowledge Management. Whether it be data, information, explicit or tacit knowledge, the organization's knowledge is part of an integrated process, including identification and creation, storage, use and sharing. Such a project implies an outlook, some strategies, and a management of which success factors are the company's culture, senior management's support, the organizational processes, the information technologies, agents' skills and motivations. Structures of the SDIS are multidimensional with various culture and imply a knowledge management in each of the following scopes : cultural, managerial, organizational, human or technological. Among the 32 best practices issued from literature, an enquiry carried out inside and outside the SDIS confirms that 25 of them can be transposed into our structures. They can allow our professional customs to progress in order to integrate knowledge management in the SDIS. In addition to general recommendations for the spreading of KM, 6 guidelines are directed to the SDIS, and 3 to the attention of national level. They can constitute an answer to the growing complexity of our environment and to the cultural evolution induced by the avent of digital era in our modern societies. KEYWORDS Best practices, culture, knowledge management, KM, organization, SDIS - 2013 -