Histoires cachées Un peu de microbiologie aquatique (morceaux choisis) Stéphan JACQUET « Ce qui est important, ça ne se voit pas » (Le petit prince, Saint-Exupéry) Le lac de Paladru n° 5 Le lac d’Aiguebellette n° 4 Le lac d’Annecy n° 3 Le lac du Bourget n° 2 Le lac Léman n° 1 Le lac Léman Superficie du plan d'eau 582 km2 348 km2 (60%) 234 km2 (40%) Périmètre du lac 167 km Altitude moyenne 372 m Profondeur maximum 309 m Volume total d'eau 89.109 m3 Largeur maximum 13,8 km Longueur dans l'axe 72,3 km Temps moyen de renouvellement des eaux 12 ans Biologie étude du vivant --------------------------------------Ecologie étude des interactions entre le vivant et l’environnement Plantes et macroalgues Macrophytes (<10) Characées Annecy Potamot perfolié Elodée de Nuttall invasive Plantes et algues Macrophytes Myriophylle en épi Potamot pectiné Plantes et algues Macroalgues (2) Cladophora Spirogyres Poissons (<20) Brochet Perche Lotte Poissons Omble chevalier Carpe Chevaine Tanche Poissons Féra ou corégone ou palée Truite (2) Gardon Crustacés (100) Ecrevisses (3) Invasives Ecrevisse américaine Ecrevisse de Californie Ecrevisse à pattes grêles Crustacés Gammare du Danube ou crevette tueuse invasive Mollusques (<10) Annodontes Mollusques Dreissene ou moule zébrée invasive Mollusques Escargots (3) = pas forcément bon signe ? Canards Cygnes Goélands Limnea stagnatys Puce du canard Petit escargot operculé invasive Quand les « gros » ont besoin des petits Poissons icthyophages (ex: brochet) Poissons planctonophages (ex: perche) Zooplancton (ex: daphnies) Phytoplancton Réseau trophique pélagique Contexte global Le réseau trophique Boucle microbienne Poissons Chaîne classique virus Protozoaires Zooplancton Phytoplancton Bactéries Nutriments inorganiques Nutriments organiques Avec quelques chiffres Abondance des organismes dans 1 ml d’échantillon d’eau (lac, mer, océan) Virus / phages Bactéries hétérotrophes 10 000 000 1 000 000 Bactéries photosynthétiques 100 000 Protozoaires < 10 000 Microalgues < 5 000 Zooplancton << 1 Poissons 0 Quelques copépodes Eudiaptomus gracilis f Cyclops prealpinus Cyclops vicinus Chair saumonée des poissons Quelques cladocères Daphnia hyalina Quelques flagellés et ciliés Quelques chlorophycées Dictyosphaerium pulchellum Eudorina elegans Oocystis lacustris Pediastrum boryanum Scenedesmus acutus Pediastrum tetras Quelques diatomées Asterionella formosa Nitzschia dissipata Cyclotella cyclopuncta Navicula tripunctata Fragilaria crotonensis Quelques cyanobactéries Chroococcus turgidus Merismopedia glauca Merismopedia punctata Planktothrix rubescens Anabaena sp. Pseudanabaena galeata Quelques cyanobactéries Quelques cryptophycées Rhodomonas minuta Rhodomonas minuta Variété Quelques chrysophycées Dinobryon elegantissimum Dinobryon cylindricum Dinobryon divergens Quelques desmidiacées Micrasterias sp. Spyrogira sp. Mougeotia sp. Staurastrum sp. Ceratium hirundinella Quelques virus et bactéries Recherches en microbiologie aquatique Quels sont les organismes ? Identité, diversité, biodiversité Que font-ils ? Dynamique, succession d’espèces, rôle, fonction Sont-ils dangereux ? Toxicité, autre Sont-ils (ir)remplaçables ? Compétition, résistance, fitness Recherches en microbiologie aquatique Quels sont les organismes ? Identité, diversité, biodiversité Que font-ils ? Dynamique, succession d’espèces, rôle, fonction Sont-ils dangereux ? Toxicité, autre Sont-ils (ir)remplaçables ? Compétition, résistance, fitness Recherches en microbiologie aquatique Diversité des communautés naturelles Recherches en microbiologie aquatique Quelles techniques pour analyser la diversité ? •Méthodes classiques: •Nombre restreint d’échantillons (temps, coût, expertise) •1-5% de micro-organisms sont cultivables (sous-estimation) •Méthodes biomoléculaires: •Différentes techniques pour différentes questions •Méthodes qui ne nécessitent pas la mise en cultures •Méthodes non-destructives (FISH,…) •Méthodes destructives (SSCP, DGGE,...) Recherches en microbiologie aquatique Méthodes biomoléculaires Echantillon naturel Méthodes Destructives Extraction de l’ l’ADN indirecte PCR (gène marqueur phylogénétique) Clonage D/TGGE SSCP RISA SEQUENCAGE RFLP (Banque de données) T-RFLP Méthodes NON Destructives directe Gradient de densité % GC FISH (comptage en microscopie ou cytométrie) Cinétique de réassociation ADN\ADN Nombres de génomes différents Techniques de » fingerprinting » moléculaires Recherches en microbiologie aquatique Quels sont les organismes ? Identité, diversité, biodiversité Que font-ils ? Dynamique, succession d’espèces, rôle, fonction Sont-ils dangereux ? Toxicité, autre Sont-ils (ir)remplaçables ? Compétition, résistance, fitness Recherches en microbiologie aquatique Quels sont les facteurs environnementaux et les processus favorisant ou non la croissance des populations phytoplanctoniques ? La dynamique des populations Effectif des populations Propriétés individuelles des organismes populations + -----------------------------Facteurs-------------------------physiques chimiques biologiques Lumière Nutriments Nourriture Température Salinité Prédation Turbulence Polluants Compétition Advection Toxines Lyse virale Sédimentation Temps Evolution des dynamiques planctoniques au cours d’une réoligotrophisation sur un fond de réchauffement climatique 6.0 26-juin 5.5 12-juin 5.0 29-mai 4.5 15-mai 4.0 1960 1970 1980 1990 2000 Moyennes annuelles des températures au fond du lac 1-mai 1970 1980 1990 2000 Date du début de stratification thermique Pour le phytoplancton, le scénario dégagé rend compte d’une évolution plus saltatoire que régulière Période 1986-1991 J Période 1988-à nos jours 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 F M A M J J A S O N D Espèces de Espèces d’été printemps J F M A M J 5 10 0 4 10 0 Biomasse observée en Avril Interpolée (15 du mois) 3 10 0 2 10 0 1 10 0 100 7 4 7 6 78 80 8 2 8 4 8 6 88 9 0 9 2 9 4 9 6 9 8 Années Espèces d’automne J A S O N D !La cinétique du développement vernal tend à s’accélérer Biomasse ( µg.l -1 ) Jusqu’en 1985 Espèces 3000 d’été 2500 2000 Espèces de 1500 Espèces printemps 1000 d’automne 500 0 J F M A M J J A S O N D mois 4000 3500 3000 2500 2000 Espèces Espèces de 1500 d’été Espèces printemps 1000 d’automne 500 mois 0 mois !Et les espèces indésirables, initialement automnales, sont revenues en force depuis 1988, et s’accumulent de + en plus tôt au cours de l’été Biomasse (µg.l-1) Phytoplancton…. Phase des eaux claires 2500 2000 1500 Broutage par le zooplancton herbivore : Printemps 1000 Eté Automne 500 0 J F M A M J Jt A S O N D Les cyanobactéries Les Cyanobactéries aussi appelées algues bleues ou algues vert-bleues sont des organismes intermédiaires entre bactéries et microalgues: - bactéries car leurs cellules sont dépourvues de vrai noyau - algues car elles contiennent des pigments photosynthétiques, typiquement la chlorophylle, la phycoérythrine, la phycocyanine. Elles ont aussi des formes très variées: - unicellulaires - coloniales - filamenteuses Les cyanobactéries Microcystis Aphanizomenon Anabaena Anabaena Merismopedia Microcystis Gomphosphaeria Planktothrix En 1476 eut lieu la bataille de Morat (Suisse) au cours de laquelle les troupes de Charles le Téméraire furent défaites et précipitées dans le lac du même nom. A la suite de quoi le lac devint rouge, couleur attribuée à la remontée du « Sang des Bourguignons » et due, en fait, à la prolifération de la cyanobactérie Planktothrix rubescens 0m 50 m Conditions eutrophes Conditions mésotrophes 5000 10000 15000 20000 Eté 2002 25000 30000 35000 40000 45000 50000 55000 Eté 2001 60000 65000 Eté 2000 70000 Eté1999 Eté 2003 Pourquoi les cyanobactéries « gagnent » souvent lorsqu’elles sont en situation de compétition ? Contrôle des communautés phytoplanctoniques Prédation et parasitisme (zooplancton, virus…) Top-down control Cyanobactéries et microalgues Bottom-up control Nutriments minéraux + lumière Pourquoi les cyanobactéries « gagnent » souvent lorsqu’elles sont en situation de compétition ? - Controle de la flotabilité - Présence de cellules spécialisées (hétéocystes, akinètes) Utilisation lum / nuts - Capacité de faire des réserves - Pigments accessoires (phycoérythrine, …) - Organisation multi-cellulaire (filaments, colonies) - Faible qualité nutritionnelle - Synthèse de toxines Défense contre les prédateurs Le cas particulier de P. rubescens dans le Bourget ! adapté à faible lumière, faible conc. nutriments ! capacité de réserve et de photo-hétérotrophie ! été tardive – espèce automnale ! requiert une colonne d’eau stable ! capable de réguler sa flottabilité ! filamenteuse & toxique : faible pression des prédateurs ! probablement peu affecté par la lyse virale !… P +++ 24 °C P+ P +++ P +++ Conditions eutrophes P- 7 °C P +++ Conditions mésotrophes Un scénario réaliste ? Influence climatique = Hivers et printemps plus chauds Pression humaine = Réduction de P Avance du bloom printanier Eaux de surface & du dévelop. zooplanctonique dépourvues de P = = Avance du déclin des populations Enfoncement des populations & avance de la phase d’eaux claires & la zone dépourvue de P Espèces très compétitives pour ce nouvel environnement : faible nutriment, faible lumière, stabilité Bourget, Léman, Zurich, … Planktothrix rubescens pas ou peu broutée 44 Recherches en microbiologie aquatique Quels sont les organismes ? Identité, diversité, biodiversité Que font-ils ? Dynamique, succession d’espèces, rôle, fonction Sont-ils dangereux ? Toxicité, autre Sont-ils (ir)remplaçables ? Compétition, résistance, fitness Expériences au laboratoire sur la croissance de l’espèce et sa production de toxines Eq MC-LR (µg.l-1) DO (570nm) 2 1 extra intra 600 400 200 0 0 0 20 40 60 Temps (j) 80 100 2 6 20 64 Temps (j) 87 112 Suivi in situ Relations cyanobactérie zooplancton 8 0.8 Zooplancton avec diète Seston 6 0.6 Planktothrix rubescens (# cellules/mL) 6229 4 0.4 4286 2 0.2 3771 2994 0 0.0 28/01/03 12/02/03 25/02/03 11/03/03 MCYST équi-LR (µg/L de seston) MCYST équi-LR (µg/g de zooplancton) Zooplancton sans diète RESEAUX TROPHIQUES Planktothrix rubescens Zooplancton & Toxines Vecteur de transfert Accumulateur Ecologie virale Ecologie virale 1. Pourquoi s’y intéresser ? - groupe biologique le plus abondant - impact important sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes - cycle de la matière (carbone, nutriments) - l’écologie virale débute 2. Quelle importance écologique ? - réduction de la production primaire et bactérienne - terminaison des efflorescences algales - affectation de la dynamique des populations et de la diversité des communautés planctoniques - transferts et recombinaisons génétiques 3. Applications potentielles ? - contrôle des blooms à cyanobactéries toxiques Ecologie virale Quelle est la dynamique des communautés bactériennes et virales ? Quelle est la diversité de ces communautés ? Quel est le rôle des virus en tant qu’agents de mortalité bactérienne ? Ecologie virale LAC LEMAN 0 Prof (m) 10 5e+7 1e+8 2e+8 2e+8 3e+8 3e+8 4e+8 4e+8 20 30 40 50 37500 juillet 2002 37600 37700 Dates (jours) 37800 37900 octobre 2003 Ecologie virale Ecologie virale Impact sur la mortalité bactérienne « in situ » Lac du Bourget Exp1: March-April Exp2: May Exp3: August -1 Het. bacterial apparent growth rate (d ) 2,5 2,0 Mortalité journalière imputable aux virus de 38 % en mars - avril 26 % en mai 34 % en août 1,5 1,0 Mortalité journalière due aux protistes de 0,5 0,0 20 40 60 80 Fraction whole water (%) 100 56 % en mars - avril 63 % en mai 18 % en août Etudiants Stagiaires Lycéens !