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INTRODUCTION
1
La saignée capillaire dont l'appellation en arabe Al Hijama provient du mot
"Hajm" (sucer, absorber, aspirer, extraire) a été longtemps pratiquée par les
coiffeurs, du temps où ils étaient appelés "Hajam" (extracteur de sang) et
"Tahar" (praticien de circoncision) et non "Hallak" (coiffeur) se consacrant
exclusivement à la coupe de cheveux [1].
La Hijama ou la saignée par ventouses ou (Cupping en anglais) consiste à
extraire du sang d’endroits déterminés du corps par des égratignures. C'est une
technique ancestrale datant de l'époque pharaonique qui consiste à débarrasser le
corps "du mauvais sang" agglutiné au dos entravant la circulation ce qui peut
engendrer de nombreuses maladies [2].
C’est l’un des plus anciens arts de soigner qu’a connu l’humanité. Son
histoire remonte à des milliers d’années.
Des sculptures se rapportant à la saignée datent des pharaons puisqu’on
trouve dans le temple Comombo en Egypte, le plus grand hôpital de l’époque, la
sculpture d’un verre utilisé pour retirer le sang de la peau [3].
La saignée par ventouse a été utilisée et étudiée par les chinois dans le livre
de l’empereur jaune comme thérapie des maladies internes depuis 4000 ans
environ [3].
Les grecs et les arabes avant l’islam connaissaient ce mode de traitement.
Le prophète Mohammad recommanda de nombreuses fois la pratique de cette
thérapeutique aux musulmans, il a dit: "Les meilleurs traitements de maladies
que vous pouvez utiliser sont les verres à ventouses et l'encens indien" hadith
Boukhari 1967.
De nos jours, peut être par négligence ou simple abandon en raison des
progrès de la médecine, les règles d'extraction du sang ont été graduellement
oubliées et perdues.
2
Cet acte chirurgical consiste à faire saigner à travers des petites incisions
(qui n'excèdent pas 2 à 3/10 de mm) faites à la surface de la peau. Il s'agit donc
d'un saignement du lit capillaire, dans le but de prélever un certain volume de
sang. C'était une pratique thérapeutique populaire de l'antiquité jusqu'à la fin du
19ème siècle, impliquant le retrait de quantités considérables de sang d'un patient
dans la croyance que ceci traiterait ou empêcherait la maladie [4]. Depuis
l’Antiquité et pendant plus de deux millénaires, la saignée est restée un des
moyens majeurs de la thérapeutique médicale.
D'Hippocrate à Broussais ou d’Aspyrte à Cadiot, la saignée n’a pas toujours
été utilisée pour les mêmes indications et selon les mêmes techniques.
L’objectif de notre travail bibliographique est de rappeler l’importance de la
place occupée par la saignée au cours des siècles, de voir l’évolution des
techniques et d'évaluer la place actuelle de cette thérapie ancestrale.
Pour cela dans une 1ère partie nous rappellerons l'origine et l'évolution de
la saignée au cours des siècles, ensuite nous passerons à la mise en évidence de
différentes techniques de la Hijama et à sa place dans la médecine d'aujourd'hui
notamment dans la Médecine chinoise. Dans le monde arabe, dans le cadre de la
médecine traditionnelle, elle est pratiquée par les non médecins mais elle
commence à susciter l'intérêt des médecins. En fin, nous terminerons avec des
recherches scientifiques qui tentent de prouver l'efficacité de cette thérapie.
3
PARTIE I:
LA SAIGNEE EN MEDECINE
ORIGINE ET EVOLUTION AU COURS
DES SIECLES
4
La saignée a longtemps été l’acte thérapeutique majeur de la médecine
humaine.
Pour comprendre ce qui, aujourd’hui, peut paraître une hérésie, il est
nécessaire de se replacer dans le contexte scientifique des siècles précédents.
Pendant près de deux millénaires, la médecine a été basée sur une doctrine
antique élaborée successivement par Hippocrate, ses disciples et Galien. Cette
doctrine médicale, nommée théorie des humeurs a conservé un rôle
prépondérant jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
Par une meilleure connaissance de cette théorie et de son évolution, il est
aujourd’hui possible de mieux comprendre l’importance de la place prise par la
saignée au cours des siècles.
I- LA THEORIE DES HUMEURS
L’élaboration de la doctrine médicale dite « théorie des humeurs», marque
le début d’une médecine laïque. Avant elle, les civilisations ont fait tour à tour
appel à la magie, à la prière ou à la divination, pour faire face aux puissances
surnaturelles. Les premières ébauches de raisonnement scientifique apparaissent
en Egypte et à Babylone [5].
A- ORIGINE : HIPPOCRATE ET LE CORPUS
HIPPOCRATIQUE
Né sur l’île de Cos en 460 avant Jésus-Christ, Hippocrate est issu de la
famille des Asclépiades et appartient à une lignée de médecins qui se
transmettent le savoir de père en fils [5].
5
Contemporain de Socrate et des Sophistes, il fût célèbre de son vivant. La
collection hippocratique résulte de son travail et de celui de ses disciples : sur
les soixante écrits médicaux rédigés en langue ionienne, seuls quelques uns ont
pu être attribués avec certitude à Hippocrate lui-même. En dehors d’Hippocrate,
le seul médecin auquel on puisse attribuer avec une grande vraisemblance un
traité de la collection est son gendre Polybe.
La collection hippocratique englobe également des traités de l’école
médicale de Cnide (île voisine où une branche familiale d'Asclépiades rivalisait
pour son savoir médical, avec l’école Hippocratique de Cos) et de médecins de
Chypre, si l’on en croit Aristote [6].
Dés lors, cette pluralité, source de richesse, laisse place à certaines
oppositions entre les différents traités. Selon l’auteur de Vents, le principe
fondamental est l’air ; selon l’auteur de Régime, il y en a deux : le feu et l’eau et
selon l’auteur des Semaines, on en dénombre sept. L’auteur de la Nature de
l’homme critique, pour sa part, les philosophes, qui pensent que la nature
humaine est constituée d’un élément primordial unique, que ce soit l’air, le feu,
l’eau ou la terre [2]. L’auteur de l’Ancienne médecine dénonce quant à lui les
hypothèses simplificatrices telles que le chaud, le froid, l’humide ou le sec pour
expliquer les maladies. Ces oppositions au sein même de la collection
hippocratique émanent de la complexité naturelle du Corpus et ne permettent
aucune classification simple.
Pourtant, au-delà des oppositions, des contradictions et des différences, il se
dégage une unité de pensée que l’on dénomme la pensée hippocratique.
La doctrine médicale hippocratique est basée sur deux principes majeurs :
l’observation objective et la rigueur morale au service de son prochain. Le but
6
de la médecine est d’être utile au patient et en aucun cas de lui nuire. Le
médecin se doit, en toute circonstance, d’aider l’action favorable de la nature.
Ces notions sont résolument modernes et novatrices.
Les traités regroupent une grande richesse d’observations, de symptômes,
de processus et d’évolution de maladies, et de signes pronostiques. Certaines
maladies sont bien décrites (oreillons avec orchite, pneumonie, tétanos, fièvres
typhoïde, etc.…). On retrouve ainsi des traités dénommés Fracture, Articulation,
Epidémie,
Maladies, Pronostic, Officine du médecin, Nature de l’enfant,
Régime, Nature de la femme, Maladies de la femme… Cependant, les
connaissances de l’anatomie restent rudimentaires : le cœur, le pouls et le
battement cardiaque ne sont pas décrits dans l’étude de la circulation sanguine.
La physiologie résulte de l’imagination des médecins et laisse imaginer des
processus internes de flux d’humeur. Certains organes ayant une forme
rappelant la ventouse, attirent ces humeurs. Il s’agit de la tête, la vessie et
l’utérus.
Les humeurs sont au nombre de quatre : le sang, le flegme, la bile jaune et
la bile noire.
La santé de l’âme et du corps réside dans leur équilibre.
D’après Hippocrate, la proportion de ces humeurs peut se modifier, se
forment alors des humeurs viciées provoquant fièvre et maladie. Si l’évacuation
est possible, l’équilibre réapparaît, sinon la mort intervient. Hippocrate cite
quatre voies naturelles d’évacuation :
« Ce sont la bouche, le nez, l’anus et l’urètre. Si l’homme se purge par là,
aucune maladie ne l’accable du fait de cette humeur » [7].
La pathologie hippocratique tient compte de l’individu, de son âge, de son
sexe, de son mode de vie, mais aussi de l’influence du milieu extérieur : des
7
changements brusques de climat, de géographie, peuvent être la cause de
déséquilibre.
La thérapeutique est avant tout basée sur la croyance d’une nature
«médicatrice ». Elle a comme principe de ne pas nuire, d’agir avec modération
et de combattre par son contraire.
C’est alors dans une thérapeutique variée faisant intervenir la
pharmacologie, la diététique et la chirurgie que la saignée trouve sa place.
B- EVOLUTION GALENIQUE
Galien (131-201) est considéré comme le second grand médecin de
l’Antiquité. Il sera reconnu de son vivant et choisi comme médecin personnel
par l’Empereur Marc Aurèle.
Galien a abondamment écrit et ses ouvrages, considérés comme la
base
des connaissances de l’époque, ont été très tôt traduits en arabe. Pour ses écrits,
Galien reprit les connaissances de l’époque dans les ouvrages de synthèse de
Celse et de Pline l’Ancien. Il affine et précise la théorie des humeurs : il décrit
les différents tempéraments sanguins, flegmatiques, colériques et mélancoliques
et les explique par la prédominance d’une de ces quatre humeurs chez
l’individu. Tout déséquilibre humoral est responsable d’une pathologie.
L’explication de ces déséquilibres tient de l’influence des quatre éléments (eau,
air, terre et feu), des quatre qualités physiques (chaud, froid, humide et sec) et de
la position de la lune.
Galien reprend et fait également l’éloge de la théorie du pneumatisme
d’Athénée le Pamphylien [8]. Selon lui, l’existence des êtres animés et inanimés
est régie par un souffle vital qui parvient au cœur par l’œsophage. La vie est
8
entretenue par des « esprits » ou « souffles » ou « pneuma », dont il existe trois
variétés : le pneuma psychique ou animal diffuse du cerveau vers les nerfs ; le
zootique, ou vital, est propulsé par le cœur vers les artères ; le physique, ou
naturel, transporte des éléments nutritifs du foie au cœur par l’intermédiaire des
veines.
Pourtant, malgré ce dogmatisme affirmé, Galien se montre résolument
moderne. Il pratique la dissection des animaux et celle de l’homme pour parfaire
l’étude du squelette, et prend en considération l’anomalie des organes et des
tissus dans les pathologies. Pour sa thérapeutique il préconise la diététique,
l’emploi de plantes médicinales et parfois la saignée.
Mais en tout cela, Galien reste mesuré, en référence à Hippocrate, Aristote
et Polyclite [9]. L’importance et la longévité des théories de Galien viendront
finalement de son grand attachement à la religion : profondément mono-déiste,
ses théories vont être reprises par l’Eglise. Ainsi durant quinze siècles, son
enseignement sera incontesté [10].
C- IMPORTANCE ET DEVENIR DE LA THEORIE DES
HUMEURS
1- Epoque médiévale : Vème –XVème siècle
A l’aube du moyen âge, les connaissances médicales grecques et romaines
restent hégémoniques. A partir du IVème siècle après Jésus-Christ, les auteurs
grecs commencent à être traduits, en Syrie et en Mésopotamie. C’est au VIIème
siècle que Galien l'est en Alexandrie. L’essor oriental des sciences helléniques
devient alors considérable : l’Empire Perse puis l’Empire Byzantin traduisent
Hippocrate et Galien.
9
A la même période, l’occident est plongé dans les ténèbres et
l’immobilisme du moyen âge, dans un monde chrétien balbutiant, l’exercice de
la médecine est alors confié à l’Eglise.
« L’intermède oriental » tel que l’appelle HERITIER, est un tournant
majeur de l’histoire de la médecine, et par la même, de l’évolution de la théorie
des humeurs [8].
L’Occident va redécouvrir la médecine de l’Antiquité dans des textes dont
le « périple linguistique » a été très long. Les textes antiques ont été
successivement traduits du grec en syriaque, persan, puis en arabe et enfin en
latin [8].
La thérapeutique médicale médiévale se cantonne ainsi à un empirisme
figé, issu de l’école galénique, où la saignée tient une place de choix [11].
Paul d’Egine (625-690) fût le premier à mettre en garde contre la saignée.
L’immobilisme occidental est dû au contrôle très sévère des autorités
ecclésiastiques sur la médecine jusqu’au XIIe siècle. La création des premières
universités laïques (Bologne 1123, Padoue et Montpellier 1220) va donner une
nouvelle impulsion à une médecine moribonde.
2- La Renaissance
a- Historique
Cette nouvelle période souffle le vent de l’observation par opposition au
dogmatisme médiéval. La médecine va particulièrement profiter de la libération
des esprits de cette époque.
La Renaissance est l’âge d’or de l’anatomie. De Vinci (1452-1519) y
consacre une importante partie de son activité. Vésale (1514-1564) épris de
10
vérité, n’affirme que ce qu’il constate. Servet (1511-1553) puis Acquapendente
(1533-1619), à leur tour, continuent de faire progresser l’anatomie.
D’un point de vue thérapeutique, Pare (1510-1590), qui reconnaît n’avoir
pas lu Galien, incarne le grand début de la chirurgie moderne. Suivant ses
maîtres sur les champs de bataille d’Europe, il observe et écrit en français un
ouvrage concernant les techniques de traitement des plaies par arme. Pour
l’amputation, il invente la technique de la ligature des artères en remplacement
de la cautérisation [10].
Mais c’est Paracelse (1493-1541),
médecin suisse qui incarne
« la
contradiction, les invraisemblances, les intuitions géniales de la Renaissance »
[12] .Son rôle est considérable dans la période intermédiaire entre le moyen âge
et l’époque moderne.
Il brûle publiquement, à Bâle, les ouvrages de Galien. En effet, il refuse
d’attribuer les dérèglements morbides aux altérations des humeurs, en
considérant la maladie comme l’affection particulière et locale d’un organe ou
d’un ensemble d’organes. Pourtant malgré toutes ces avancées, la théorie
humorale reste indéniablement la base de la physiologie et de la médecine du
quotidien.
b- La théorie humorale de la Renaissance
Le corps est encore considéré comme un modèle et abrégé de l’univers et
contient toujours les quatre humeurs: le sang prend sa source dans le cœur. Il
véhicule la chaleur nécessaire à la vie et se tempère dans le cœur au contact du
pneuma. La pituite ou phlegme dont la source est le cerveau et dont le rôle est de
propager le froid. La bile est originaire du foie, c’est une humeur sèche.
11
L’atrabile ou mélancolie est l’humeur humide et circule de la rate à l’estomac.
Cette fameuse humeur mélancolique connaîtra « une histoire avec l’ombre du
diable au XVIIème et XVIIIème siècle » [8].
Tableau 1 : Détail des quatre humeurs selon A. Paré [8]
b1- Les tempéraments
Le tempérament tempéré résulte de l’équilibre parfait entre les quatre
humeurs. Au contraire si l’une des humeurs domine, on parle de tempérament
intempéré.
Il existe quatre tempéraments intempérés simples où domine une seule
qualité élémentaire (le chaud, le froid, le sec et l’humide déterminant des
tempéraments sanguins, bileux et mélancoliques).
12
Il existe également quatre tempéraments intempérés composés ; seules
certaines combinaison étant possibles, on observe les tempéraments chaudhumide, chaud-sec, froid-humide et froid-sec.
Ces tempéraments tempérés et intempérés ne déterminent en aucun cas un
état pathologique.
En relation étroite avec le milieu qui l’entoure, l’homme subit l’action de
son environnement et notamment des saisons. Ainsi au delà du tempérament, on
note pendant l’hiver une prédominance du froid-humide,
c’est-à-dire de
phlegme. Au printemps l’humidité persiste et la chaleur arrive, c’est donc le
sang qui abonde. Durant l’été, la chaleur s’accompagne de sécheresse, la bile
jaune ou cholère est alors prépondérante. A l’automne, le froid sec provoque
l’abondance de la bile noire ou mélancolie.
b2- Etat pathologique origine des maladies
La maladie provient d’une pathologie humorale. Il s’agit d’une dyscrasie
c’est-à-dire d’un déséquilibre des humeurs. Cette croyance fera école jusqu’au
milieu du XIXème siècle.
L’intervention de facteurs internes (congénital) ou externes (atmosphère,
milieu, activité, alimentation) provoque l’obstruction des veines : les humeurs
entrent en effervescence, l’harmonie étant troublée, les premiers symptômes
apparaissent (L’appétit disparaît, la fièvre monte…).
3- Le XVIIème siècle
La science et la médecine sont en ébullition, la connaissance de la
circulation sanguine se précise. Après la confirmation de l’inexistence, par
13
Vésale et Servet, des pores du septum cardiaque décrits par Galien, Cesalpin
confirme le fonctionnement de la petite circulation (1593) et Harvey décrit
minutieusement et avec exactitude la circulation dans son ensemble en 1628.
Cette avancée anatomique et physiologique est considérable.
Pourtant malgré quelques semblants d’opposition, la théorie humorale reste
intouchable.
Les courants philanthropiques et prémodernes sont balayés par le
néohippocratisme.
L’antiquité reste la source d’inspiration des médecins de l’époque. Certains
comme Vésale et Harvey critiquent les théories anciennes, mais souvent à mots
couverts et en restant très respectueux…
Hippocrate et Galien restent les références absolues « la bile noire,
l’atrabile n’a jamais été vue par personne mais elle a dû l’être par Galien et cela
suffit» [8].
Selon Furetière (1619-1688), « toutes les maladies ne sont causées que par
des humeurs peccantes » (c’est-à-dire pleines de malignité et d’abondance) [9].
La faculté de médecine de Paris reste le bastion de l’antiquité, violemment
réactionnaire vis à vis des théories nouvelles. Gui Patin, membre de la faculté,
s’érige en « gardien de la vraie médecine hippocratique ».
4- Les XVIIIème et XIXème siècles
La théorie humorale reste indétrônable jusqu’au milieu du XVIIIème siècle.
Pourtant les découvertes modernes, comme la respiration par Lavoisier, et la
polémique sur la circulation sanguine mettent en place les éléments du doute et
de la remise en question.
14
Broussais (1772-1838) consomme la rupture d’avec la théorie des humeurs,
au profit de la théorie « uniciste ». Cette théorie originale réduit l’ensemble des
affections morbides et psychiques à un processus élémentaire commun, dont le
point de départ est systématiquement une inflammation gastro-intestinale [11].
Mais c’est la théorie cellulaire qui viendra définitivement à bout de l’humorisme
[9]. En effet l’histologie inaugurée par les travaux de Malpighi, pris en un siècle
une importance considérable. Par leurs travaux, Schwann et Müller démontrent
dès 1838 que l’élément fondamental des tissus est la cellule. Plus tard, l’école
germanique sous l’impulsion de Virchow crée l’histologie pathologie moderne,
explication ultime des processus morbides [5].
II- LA SAIGNEE EN MEDECINE HUMAINE AU COURS DES
SIECLES
A- L'origine de la saignée
Certains supposent que la saignée comme mesure thérapeutique et
prophylactique a commencé avec les Grecs. D'autres réclament que les
Babyloniens l'ont commencé, la médecine égyptienne était plus ancienne que la
médecine grecque. Ils ont pu exécuter le saignement thérapeutique avant les
Grecs. Prioreschi Plinio a déclaré que la saignée était commune dans l'antiquité
et a été pratiquée dans la médecine chinoise, bien que pas par les médecins
d'Egypte [13]. Quoiqu'il ait proclamé que le saignement n'a pas été pratiqué par
les Egyptiens, il a cité un cas de saignée par les Egyptiens antiques enregistrés
dans le Papyrus d'Ebert mais il considère cela comme un drainage."[14], [15],
[16]
15
On peut dire que l’origine de la saignée semble bien délicate à préciser, peu
de témoignages antiques concordent. Par delà la fabulation, Hippocrate rapporte
que les scythes (XIIème siècle av. J.-C) sont familiers de cette pratique, alors
qu’Homère (VIIIème siècle avant J.-C) ne fait aucunement allusion à la saignée
dans l’Iliade.
En effet, l'utilisation thérapeutique de la saignée était universellement
commune à travers l'histoire [17], [18]. Il est très probable qu'il ait été impératif
que n'importe quelle société primitive tôt ou tard évoluerait pour la pratiquer par
hasard ou par intuition instinctive. Quand nous sommes piqués par des insectes,
gratter nous apaise. L'écoulement du sang à l'emplacement de la piqûre d'insecte
a pu avoir donné à l'homme le sentiment que la substance ou le poison est
« rincé » du corps. Une autre vieille pratique est celle de l’incision à
l’emplacement de la morsure d’un serpent pour la faire saignée afin d'expulser le
poison.
Dr. Sigerist, un historien médical a écrit : l'éraflure est devenue des
scarifications et la succion est devenue Cupping [4].
Peut-on attribuer l’apparition de la saignée à une période allant du VIIIème
au Vème siècle avant notre ère ?
Alors que la saignée a été mentionnée dans la collection d'écritures connues
sous le nom de corpus hippocratique et a été pratiqué par les Grecs au quatrième
siècle av. J.-C certains disent que la saignée a été apportée à l'Europe par les
jésuites, et que son origine est la Chine [16] A défaut de connaître l’origine
exacte de la saignée, il est plus intéressant de comprendre comment elle a pu
prendre une place si importante, comment elle a pu occuper quelques lignes de
la collection hippocratique et quelques pages de la médecine de Galien a pu
fournir des volumes entiers aux XVIIIème et XIXème siècles [8] et comment
16
l'arrivée du prophète Mohammed a joué un grand rôle dans son développement
en terre d’Islam.
B- La saignée dans l'antiquité
1- La saignée selon Hippocrate [6] [11]:
La saignée est un des éléments de la thérapeutique hippocratique. Comme
nous l’avons vu, sa place reste excessivement modeste, proportionnellement à
l’importance de la collection hippocratique.
Pourtant deux grandes idées se dégagent : Hippocrate recommandant de
saigner le plus près du mal, les veines supérieures doivent être ouvertes pour les
affections portant au dessus du foie et les veines inférieures pour les pathologies
basses.
Ainsi il saigne sous la langue et sous la poitrine contre l’angine ; les veines
du front et du nez, contre les maux de tête et les vertiges; et lors de pleurésie il
choisit une veine du bras, du côté malade (la basilique ou veine de la face
intérieure du bras).
Il convient cependant de respecter quelques règles reprises dans les
Aphorismes d’Hippocrate. La saignée ne sera entreprise que si l’âge et les forces
du patient le permettent. Phlébotomiser la femme enceinte est interdit.
2- La saignée selon Galien :
Galien en tant que « grand commentateur des œuvres hippocratiques »
reprend les théories de son prédécesseur [6]. Les indications sont très proches de
celles d’Hippocrate et la technique est inchangée. Mesure et précaution restent
17
de rigueur dans les textes originaux de Galien. La doctrine Hippocratique est
respectée.
3- réalisation et matériel
La saignée humide et la saignée sèche ont été mentionnées dans la
collection d'écritures connues sous le nom de Corpus hippocratique et ont été
pratiquées par les Grecs au quatrième siècle avant Jésus Christ.
Ce traitement était basé sur la théorie humorale de la médecine.
Hippocrate parle d’airain, de bistouri et de couteau convexe. Celse pour sa
part, évoque le scalpellus.
Les zones de ponction sont le bras, la main, la cheville, le mollet, le front,
l’occiput, les tempes, la langue, le nez, l’anus et les seins ; la saignée étant
pratiquée du côté du mal.
Hippocrate ne mesure pas le volume de sang spolié, mais surveille l’état du
malade. Galien est le premier à quantifier : il saigne jusqu’à 54 onces (soit
1671,5 g).
Hippocrate stoppe l’hémorragie par des applications de vin puis de laine
trempée dans de l’huile [11].
Galien, lui, applique un mélange d’aloès, d’encens, de blanc d’œuf et de
poil de lièvre [11].
C- La saignée au moyen âge
1- La saignée selon le prophète [2]
A sa venue, le prophète Mohammed a approuvé, pratiqué et conseillé
l’usage de cette technique thérapeutique. Il a dit : « S’il y a quelque chose de
véritablement curatif parmi toutes vos médications, c’est bien la saignée par
18
ventouse ou le miel d’abeille ou la cautérisation, et je n’aime pas être cautérisé.
» Sahih al boukhari, concernant la saignée (hijama).
Cette pratique a été reprise par les compagnons du Prophète puis, vu
l’intérêt qu’elle présente, adoptée jusqu’à aujourd’hui.
Nombreux sont les auteurs d’ouvrages médicaux islamiques anciens qui ont
étudié la saignée et ses vertus thérapeutiques. Nous citons entre autres, Al
Zahraoui, Mouafaq Addine Al Baghdadi, Ibn Al Qayim, Ibn Sinae (Avicenne),
Assuyûtï …
Les universités de médecine Andalouses enseignaient également cette
technique qu’est la saignée par ventouses tel qu’elle a été émise par le Prophète.
La hijama a été transmise aux européens grâce aux universités de
l’Andalousie.
a- Les conseils prophétiques [2]
Dans la médecine prophétique, pour que la Hijama ait de meilleurs
résultats, certains conseils doivent être suivis :
1) Que la saignée par ventouses ait lieu au printemps ou au début de l’été.
2) Qu’elle ait lieu le 17ème ou 19ème ou 21ème jour du mois lunaire, car la
lune pendant ces jours-ci est plus proche de la Terre, d’où la marrée (le flux et le
reflux) intense. Comme l’être humain est à 60% constitué d’eau, il subit
l’influence du rapprochement de la Lune à la Terre, le sang est ainsi facilement
extrait. La Hijama durant cette période permet de trouver un équilibre en
éliminant tout ce qui nuit à la santé. Ibn Al Kayim écrit à ce sujet : « Parce qu’au
début du mois le sang n’est pas excité… et à sa fin il (le sang) est apaisé ».
19
On retrouve les même propos dans le livre Al Canon (La loi) d’Ibn Sinae
"Avicenne""Avicenna" (980 Ŕ 1037), il a considéré la médecine en tant
qu'élément de la connaissance qui doit être apprise par chaque scientifique. Son
livre LE CANON a été employé comme manuel médical pendant des siècles.
Ibn-Sina a expliqué la pensée régnante à ce moment-là sur la meilleure
synchronisation pour exécuter la hijama : il déconseille d'exécuter la Hijama au
début du mois lunaire, parce que les humeurs ne sont pas encore sur le
mouvement ou pas dans un état d'agitation, déconseille également de l'exécuter
après le mois (lunaire), parce qu'à cette période (du cycle) les humeurs sont
moins abondantes. Le temps approprié selon lui, est le milieu du mois (quand les
humeurs sont dans un état d'agitation) et pendant le moment où le clair de lune
augmente (quand les humeurs sont en augmentation également). « Pendant cette
période le cerveau augmente de la taille dans le crâne, et le fleuve-eau se lève
dans les fleuves de marée » [19].
3) Que la saignée ait lieu le matin jusqu’à midi et non le soir La meilleure
période du jour pour la hijama a lieu aux deuxièmes ou troisième heures "c'est à
dire 2 ou 3 heures après le lever du soleil [19].
4) Qu’elle se pratique alors que le sujet est à jeun. Les résultats sont plus
probants que lorsqu’elle est pratiquée à un patient ayant mangé.
Les conseils précédents sont à appliquer dans la mesure du possible. Sinon
en cas d’urgence par exemple la saignée peut se faire à n’importe quel jour du
mois et à n’importe quel moment.
Le prophète Mohammed a lui même exhorté les musulmans à pratiquer la
saignée pour traiter leurs maladies, car elle est d’un immense intérêt pour la
Santé et les soins.
20
Le prophète s’est lui même soigné de ses problèmes de santé grâce à cette
pratique et a dit à ce propos : « Le meilleur remède pour vous soigner est la
saignée" », (Jamal Wasaail p. 179). Le prophète a félicité une personne qui a
exécuté la hijama, en disant « elle enlève le sang, éclaire le dos et affine la vue »
(Jamal Wasaail p. 179). Le hadith ci-dessus cité montre que le hijama a été
pratiquée par le prophète lui-même et vivement recommandée par lui.
Il a aussi conseillé à ses compagnons de pratiquer la saignée, Des citations aussi
font références à l’importance du traitement des maux par la saignée [2].
b- Quelques applications de la Hijama sur le Prophète [2]
Le Prophète s’est fait soigner par la Hijama :
1) Au niveau de la 7ème vertèbre cervicale et des 2 jugulaires
externes.
2) Il pratiquait la saignée lorsqu’il avait la migraine.
3) Il a été soigné d’une ecchymose sévère au pied et à la cuisse.
4) Il se faisait saigner au niveau du vertex et entre les épaules pour
soigner une douleur.
5) Il arrivait aussi qu’il se fasse saigner sur le haut du front.
6) Le Prophète a pratiquée la Hijama suite à un empoisonnement.
Pendant la bataille de Khaibar, une femme a préparé de la viande
empoisonnée qu'elle a présentée au prophète. En goûtant la viande, le
poison l'a affecté, mais il a alors subi la hijama afin de se soulager des
effets du poison dans son sang (Shamaail Tirmizi).
21
2- La saignée selon les médecins arabes
Le raisonnement arabe pour spolier le sang était que ce sang est mauvais ou
corrompu. Le concept du "mauvais sang" persiste jusqu'aujourd'hui dans notre
société. C'est la raison pour laquelle la Hijama est encore pratiquée dans les pays
Arabes. La saignée a été employée "pour traiter" un éventail des maladies,
devenant un traitement standard pour presque chaque mal. Les Arabes l'ont
appliquée pour traiter le mal de tête, les maladies oculaires, la sciatique, la
goutte etc...
Ibn-Sina indique dans son livre, « Le Canon de la médecine », les
indications générales de la saignée :
1. Quand le sang est beaucoup plus abondant ça veut dire qu'une maladie
est sur le point de se développer.
2. Quand la maladie est déjà présente. Il a dit : "l'objet dans les deux cas est
d'enlever le sang qui se trouve en plus, pour enlever le mauvais sang, ou tous les
deux. Les exemples de la première catégorie sont la sciatique, la goutte "[20].
Contre-indication : La saignée ne devrait pas être exécutée avant l'âge 14 ou
après 70 ans aussi bien que dans le cas où le patient est trop décharné [20].
La période appropriée du jour pour la phlébotomie selon IBN-SINA :
"avant le midi si le procédé est électif, où la digestion est accomplie et où les
entrailles sont vides. Quand elle est urgente, elle peut être faite à n'importe
quelle heure"[19].
Ibn-Sina a averti que : "la première saignée peut être accompagnée de
syncope si elle est effectuée rapidement sur une personne non accoutumée" [19].
La "syncope se produit rarement pendant l'écoulement du sang, sauf en cas de
perte d'une grande quantité de sang. Saignez seulement jusqu'à la syncope dans
22
les cas de la fièvre synochal (fièvre continue), dans l'apoplexie naissante
(course), l'angine étendue ou le gonflement inflammatoire, ou dans les cas de
douleur intense" [19].
Ainsi, Ibn-Sina a recommandé de saigner jusqu'à induire la syncope pour
soulager la douleur dans des cas particuliers tels que l'angine [20].
Pour chaque maladie il y a un emplacement spécifique pour la hijama. par
exemple, pour le mal de tête, l'endroit est derrière la tête. Abul Kasim AlZahrawi "Albucasis" (936-1013), un chirurgien andalou arabe, était le plus
grand chirurgien arabe de son temps, a décrit dans son encyclopédie médicale, et
son livre "Al-Tasrif li-man ajaza an al-ta’lif" "Les méthodes de médecine", ses
techniques chirurgicales avec environ 200 illustrations des instruments
médicaux qu'il a faits et a dessinés. Dans son livre, on a trouvé une description
de la technique d'Hijama, de la synchronisation et des outils. Al-Zahrawi a
énuméré plusieurs points auxquels Hijama (application des ventouses) est
exécutée : l'occiput, la région inter-scapulaire, les deux côtés du cou, le menton,
les deux épaules, le coccyx, le milieu des avant-bras, et les deux jambes [21].
Al-Zahrawi, a mentionné environ trente vaisseaux sanguins comme
appropriés à la phlébotomie. Il a mentionné seize points dans la tête, cinq dans
chaque bras et main et trois veines dans chaque jambe et pied [22].
3- Réalisation et matériel
La chirurgie arabe préislamique a été basée sur la médecine Gréco-romaine.
L'utilisation très rare des sangsues pour la saignée par les Arabes était d'origine
romaine. La médecine Gréco-romaine a été communiquée aux Arabes
préislamique de Syrie et l'école médicale grecque dans Jundishapur d'Iran.
23
Albucasis a conçu et a illustré les scalpels ou les bistouris fins pour des
veines, nommé scalpel d'Abulcasis [18] (figure 1).
Figure 1: scalpel d'abulcasis [18]
Il existait aussi un autre instrument appelé la lancette ; il en existe de tailles
et de calibres variés [11].
Figure 2 : deux lames de lancette du XVIIIe [8]
Le matériel initial consistait en des cornes ou des calebasses creuses avec
un petit trou au sommet par lequel le praticien pouvait aspirer le sang provenant
de la scarification qu'il avait au préalable effectuée avec un couteau. Les arabes
24
appelaient ces petits instruments "citrouilles" pour indiquer qu'ils étaient souvent
apposés sur une partie de l'organisme où les organes contiennent de l'air ou des
vaisseaux devant être évacués avant la pose. L'emploi des cornes de bétail pour
aspiration semble avoir prévalu à toutes les époques jusqu'à nos jours. Quand le
médecin romain Prosper Alpinus se rendit en Egypte au 16ème siècle, il constata
que les Egyptiens utilisaient des cornes munies d'une petite valve de peau de
mouton, maintenue en place par la langue de l'opérateur et permettant d'éviter la
pénétration d'air une fois que la corne était pleine [23].
Les instruments de la Hijama fig.3 [4]:
Mihjam: Un instrument manuel pour la hijama qui suce du sang ; autrefois
on utilisait le klaxon aujourd'hui on utilise les ventouses.
Ciseaux: pour couper les cheveux situés sur le site de la hijama.
Bistouri: pour faire des incisions superficielles sur la peau.
Figure 3: instruments antiques de la Hijama [4]
25
D- LES XVème ET XVIème SIECLES
La saignée reste l’unique moyen thérapeutique d’atteindre et d’évacuer
directement une humeur.
Durant cette période de la Renaissance, la saignée prend donc une
importance toujours croissante, au point de devenir la panacée, la réponse
thérapeutique universelle capable de guérir tous les maux : « Il n’y a pas de
remède au monde qui fasse tant de miracles que la saignée » s’exclame Gui
Patin [8].
La saignée est utilisée en réponse à d’innombrables pathologies : pour un
rhume, Patin se saigne sept fois ; Madame de Maintenon soigne ses rhumatismes
à l’aide de phlébotomies.
Œil crevé, fluxion dentaire, épistaxis, rien ne résiste à la saignée, pas même
l’hémorragie, qui, censée dévier le sang de la zone hémorragique, est une
indication.
Mais la saignée est aussi utilisée préventivement, on parle alors de saignée
de « précaution ». Elle est gage de bonne santé : « Nul dans la capitale ne subit
une opération sans y avoir été préparé par une ou plusieurs saignées » [8].
Les émissions sanguines en réponse aux humeurs peccantes deviennent de
plus en plus importantes. Les opposants apparaissant, la frénésie et l’extrémisme
des médecins hématophiles ne fait que s’amplifier.
1- Réalisation et matériel
Les lancettes se perfectionnent, on trouve désormais des lancettes à lame
mobile sur un manche [11]
26
La saignée est toujours réalisée du côté opposé à la maladie, jusqu’aux
travaux de Pierre Brissot, qui, relisant Hippocrate et Galien, démontre en 1515
et 1516, l’efficacité de la saignée homo-latérale lors de l’épidémie de pleurésie à
Paris. Très vite, la Faculté de médecine de Paris reconnaîtra ses travaux.
L’Espagne, sous l’influence de Denys, médecin de Charles Quint, sera la
dernière à adopter définitivement la saignée homo-latérale [8].
Les quantités spoliées sont considérables : Botal effectue 11
saignées
d'une livre chacune (489,5 g) à une femme enceinte. Paré, quant à lui, retire 2,5
litres en quatre jours à un homme accidenté [11].
Les contre-indications sont de moins en moins nombreuses : Botal saigne
aussi bien les enfants, que les vieillards ou les femmes enceintes [11].
Figure 4: représentation des instruments de la saignée,
issue du cour de chirurgie de Dionis en 1707 [8]
27
E- LE XVIIème SIECLE [8]
Le XVIIème siècle est celui de l’apogée de la saignée et de la purgation : du
plus illustre au plus obscur médecin, l’évacuation des humeurs est l’obsession de
chacun.
Les découvertes en matière d’anatomie et de circulation sanguine par
Harvey, en 1628, ne suffisent pas à déstabiliser les théories anciennes.
L’Antiquité reste la source d’inspiration des médecins de l’époque.
La vénération de l’Antiquité, d’Hippocrate, et de Galien en particulier, est
la cause de l’aveuglement des médecins français. En effet, outre Rhin, nombre
de journaux allemands décrient la saignée. Aux Pays-Bas et en Angleterre, il est
recommandé de ne pas trop diminuer les forces du malade. Même la Faculté de
Montpellier préconise un recours plus important à la chimie et à la pharmacie.
A l’opposé, la Faculté de Paris est un bastion de la théorie humorale et du
recours à la saignée.
Deux autres éléments peuvent expliquer la longévité de cette pratique. En
premier lieu, l’habitude du peuple à ce geste thérapeutique classique : face à la
souffrance et à la maladie on ne comprend pas de n’avoir plus recours à la
phlébotomie. Au contraire, si une saignée ne suffit pas, elle est renouvelée et si
le malade expire sous la lancette, c’est parce que l’intervention a été trop
tardive. Au final, la saignée n’a jamais tord.
L’élément financier semble être aussi un facteur important : La
rémunération de la saignée est très lucrative, au XVIIème siècle, un médecin
clermontois reçoit 10 à 15 soles par saignée et au XIXème siècle un médecin
phlébotomiste peut espérer 5500 francs annuels en pratiquant 15 saignées
journalières (somme considérable pour l’époque). Molière, détracteur de la
28
médecine de son époque, raille Monsieur Purgon dans le malade imaginaire, à
propos de ses 8000 livres de rente : « il faut qu’il ait tué bien des gens pour être
si riche».
Les premiers ouvrages dénigrant la saignée apparaissent entre 1650 et 1660,
mais ils ne réfutent alors que son abus et non son usage.
1- Réalisation et matériel
La saignée est à son apogée, Patin saigne des nourrissons âgés de trois jours
et des vieillards de 80 ans [11].
Préventives ou curatives, les indications de la saignée s’étendent toujours
plus.
Il est préconisé de saigner une fois par an. La saint Mathieu, la sainte
Gertrude et la saint Valentin sont des jours favorables, ainsi que les mois
d’Avril, de Septembre et de Mai.
Le côté droit est conseillé au printemps et en été, on préfèrera le côté
gauche en automne et en hiver.
Le matin est plus propice le corps étant moins refroidi, la veine gonfle
mieux.
Un cérémonial burlesque entoure la saignée: le chirurgien présente au
malade la bande à ligature, trois poilettes en étain de trois onces, la lancette et
deux compresses. La fenêtre et les portes sont fermées et les rideaux du lit tirés.
Enfin le chirurgien marque le lieu de l’incision de deux coups d’ongle. La
saignée terminée, la veine est vidée et, un coton est appliqué sur l’ouverture.
L’examen du sang dans les poilettes permet de tirer de nombreux
enseignements concernant l’état de santé du malade [8].
29
Les quantités de sang extraites sont toujours considérables. Riolan
considère que l’on peut tirer sans danger plus de la moitié du sang d’un homme.
G- LE XVIIIème SIECLE [8]
Bien que l’on constate que la pratique de la saignée reste la thérapeutique
essentielle en France jusqu’à la fin du XVIIIème, la polémique et les oppositions
vont croissantes, les découvertes en matière d’anatomie déstabilisant les
fondements de la théorie humorale et de la circulation galénique.
Pourtant, les médecins hématophiles continuent de prôner leurs certitudes.
Ainsi Héritier rapporte que Philippe Hecquet écrit au début de ce siècle : « le
sang n’est point si nécessaire à la conservation de la vie et qu’on ne saurait trop
saigner un malade […] On a toujours assez de sang pour la vie, rien ne pullule
tant que le sang […] Dans une maladie aiguë, on peut diminuer les forces et le
sang au-delà de ce qu’on pourrait croire […] La force du cœur se trouvant fort
augmentée dans la fièvre, a besoin de beaucoup moins de sang pour s’entretenir
[…] on peut ôter presque tout le sang d’un animal, sans qu’il meure ».
A l’opposé, les médecins sanguifuges, fustigent de tels écrits, mais ne
condamnent pas totalement l’emploi de la saignée. Leur intervention fait peu à
peu reculer le champ d’application de la saignée tout en prônant la modération.
Parmi eux, David Laigneau, conseiller et médecin du roi, dénonce les
partisans de l’école de Paris, « saigneurs bourreaux », « sangsues botalliques,
cette bourellerie et évacuation de sang de quoi les étrangers ont horreur et de
laquelle n’échappent que les plus forts et les plus robustes ».
30
1- Réalisation et matériel
La lancette évolue peu. Les poilettes sont de taille variable
suivant les
époques.
Broussais utilise abondamment les sangsues et les ventouses scarifiées,
Guersant, lui regrette la lancette [11]. Le protocole change peu, mais les
précautions opératoires et postopératoires sont plus importantes.
Guersant et Blache indiquent les quantités à respecter [11]:
Pour un enfant de 0 à 2 ans, il faut retirer 50 à 125 gr par 24 heures, Pour
un enfant entre la 1ère et la 2ème dentition, il faut retirer 125 à 250 gr par 24
heures,
Pour un enfant entre la 2ème dentition et la puberté, il faut retirer 250 à 500
gr par 24 heures,
Pour un adulte, il faut retirer 500 gr à plusieurs kilogrammes par 24 heures.
La théorie humorale naît de l’imagination du corpus hippocratique.
L’intervention de Galien va permettre un développement considérable de cette
théorie dans un monde chrétien en plein essors. La saignée est alors la réponse
thérapeutique adaptée à cette physiologie de l’imagination. Au cours des siècles,
l’empirisme et l’aveuglement des médecins, vont conduire au culte de la
saignée. L’acte prudent et réservé du corpus hippocratique va devenir une
panacée à l’usage systématique.
Il faudra plus de deux siècles de progrès scientifique pour mettre fin aux
excès sanguinaires et revenir à quelques indications plus raisonnées.
31
H- LES XIXème ET XXème SIECLES
Broussais (1772-1838) sera le dernier ardent défenseur de la saignée : ne se
basant plus sur la théorie humorale, il définit sa théorie uniciste pour laquelle
toutes les maladies sont liées à une inflammation exagérée. Il utilise les sangsues
et la saignée sans retenue, pour guérir toute pathologie. La saignée va donc être
largement employée jusqu’au milieu du XIXème siècle puis va perdre
rapidement, une grande partie de ses indications dans la seconde moitié du siècle
[11]. Elle est parfois utilisée lors d’accident vasculaire cérébral, de congestion
pulmonaire ou d’urémie. D’après GONZALEZ, Vinay constate en 1880
l’abandon de la phlébotomie et écrit : « une phlébotomie devient presque un
événement dans une salle d’hôpital » [11]. Le début du XXème siècle voit un
nouvel engouement pour l’antique saignée. On saigne toujours en cas de
pneumonie, d’urémie, d’accident vasculaire cérébral, mais également en cas de
delirium tremens, d’intoxication au monoxyde de carbone, de polyglobulie et de
toxémie gravide [11].
Pendant la première guerre mondiale, la saignée est utilisée pour traiter les
soldats gazés [11].
A partir de 1925, les travaux d’Etienne Bernard marquent le début de la
lente et définitive disparition de la saignée.
De nos jours, les quatre indications restent l’hémochromatose, l’œdème
aigu du poumon, la polyglobulie et la porphyrie [11].
1- Réalisation et matériel
À partir du 20ème siècle, le recours à cette technique thérapeutique a
disparu avec le développement de la médecine contemporaine.
32
Avec le développement des médicaments, on la croyait tombée en
désuétude. Mais lorsqu’on s’est trouvé confronté à des pathologies nouvelles
sans solutions et à d’autres maladies causées par les produits chimiques, la
pollution et mêmes par les effets nocifs des médicaments, les médecins se sont
alors référés, entre autres, à la médecine parallèle dont la Hijama.
De ce fait, de nouvelles écoles ont vu le jour et adopté la Hijama. Voyant
des résultats plus que concluant aux États-Unis et dans certains pays Européens
(comme l’Allemagne et l’Angleterre), la pratique de la Hijama s’est propagée.
Par exemple, 38 états ont ouvert des cliniques pratiquant la saignée par
ventouses comme technique thérapeutique [2].
La saignée par ventouses est étudiée dans les manuels de médecine aux
Etats-Unis sous le nom de « cupping therapy » et considérée comme une matière
importante dans les facultés de médecine. En Allemagne, on l’appelle FASK.
A l'heure actuelle le matériel de la saignée consiste en un certain nombre de
verres ou ventouses, un bistouri (ou rasoir) et des produits désinfectants (Fig.5)
[2].
Fig. 5 : matériels utilisés [24]
33
PARTIE II :
LA CONCEPTION ACTUELLE
DE LA HIJAMA
34
I- Les caractères de la hijama
La Hijama consiste en des égratignures à l’aide d’un bistouri, permettant le
saignement à certains endroits du corps. Ces blessures légères qui provoquent le
saignement se font toujours, initialement, au niveau de la 7ème vertèbre
cervicale. En plus de cette région du corps d’autres points sont rajoutés selon les
maladies.
La saignée se fait à l’aide de verres vidés d’air mis à l’endroit égratigné
appelées ventouses, ce qui permet la succion (suite à la pression négative), d’où
l’aspiration du sang. Le matériel de la saignée est simple : il consiste en un
certain nombre de verres ou ventouses, un bistouri (ou rasoir) et des produits
désinfectants [2].
II- Classification des ventouses [25]
Celle-ci se fait en fonction de la pose. Il existe 2 applications de base:
A- Les ventouses à froid (vide) (fig.7):
On effectue le vide dans la ventouse par un système pneumatique, une
pompe de sorte qu'aucune flamme ne soit nécessaire.
B- Les ventouses à chaud (méthode traditionnelle) (fig.6 )
On effectue le vide avec un coton enflammé, méthode la plus ancienne;
mais la plus efficace. Pour chaque application de base on distinguera les
ventouses sèches et les ventouses scarifiées.
35
 dans les ventouses sèches (sans saignement), 2 techniques de base:
ventouses sèches à chaud, et ventouses sèches à froid.
 Dans les ventouses scarifiées (avec saignement), 2 techniques de
pose: ventouses scarifiées à chaud, et ventouses scarifiées à froid.
Il y a divers types de tasses ou ventouses, le caoutchouc, le bambou, le
verre et le plastique, etc., A ouverture ronde et lisse, elles vont créer au niveau
de la peau une dépression qui va amener le sang vers la surface du corps et le
faire circuler c'est un principe général. La technique de la Hijama change d'un
endroit à l'autre ou d'un pays à l'autre.
Les ventouses sont souvent utilisées dans les zones rurales où la médecine
moderne est inexistante ou très peu développée [23].
Figure 6: Pose de ventouses à chaud. (25)
Figure 7: Différentes ventouses : bambou,
verre, pneumatique[25].
36
Figure 8: Ventouse scarifiée dans
épicondylite [25]
Figure 9: Ventouse avec un tube utilisé
comme mihjam [4]
III- Bénéfice du traitement par ventouses selon la Médecine
Chinoise [23] :
Le traitement par ventouses est largement répandu en médecine chinoise,
avant de citer les bénéfices du traitement par ventouses, examinons de plus prés
la peau et ses relations avec les organes internes, ainsi que la terminologie
utilisée en médecine chinoise, comme le sang, les phénomènes Qi, le Wei Qi, la
stagnation et la pose de ventouses.
1- Peau :
Tout stimulus topique destiné à influencer et manipuler
les organes
internes ou externes commence nécessairement au niveau cutané. La peau est
l'organe le plus étendu, elle contient du liquide, du sang, des vaisseaux sanguins,
du tissu conjonctif, des muscles, elle est riche en innervation. Notre premier
37
contact direct avec le monde extérieur se fait à travers la peau. On peut dire que
la peau est le miroir de notre santé.
La peau protège l'organisme contre des pathogènes externes et a en outre de
nombreuses autres fonctions. C'est le principal organe de la sensibilité, via les
plusieurs millions de terminaisons nerveuses contenues dans sa structure. Un
riche réseau de vaisseaux sanguins et de glandes apporte un moyen efficace de
contrôle de la température. La peau est constituée de deux principales couches,
l'épiderme externe et le derme interne. Entre les deux, on trouve une couche
graisseuse sous-cutanée. L'épiderme est la couche cellulaire de la peau et son
épaisseur varie de 0.1 mm au niveau de la paupière à plus de 1mm sur les
paumes et les plantes. Elle ne contient pas de nerfs, pas de tissu graisseux ni de
vaisseau sanguin.
Les 14 principaux méridiens ayant un lien direct avec les organes internes
(Zang Fu) se situent également dans la peau. Quand on stimule un point
particulier par les ventouses cela va influencer et modifier le sang et le Qi d'un
organe particulier à travers une manipulation de la peau. Si on examine ce point
dans l'optique de la médecine occidentale, ce sont les vaisseaux sanguins, veines
et artères, le système nerveux et le tissu conjonctif et, par ce réseau, chaque
cellule en un site donné, qui sont responsables des modifications. Du point de
vue de la Médecine Chinoise en revanche, cette responsabilité incombe aux
méridiens, aux collatérales, au sang et au Qi. Selon la médecine chinoise, la
peau est influencée et est sous contrôle direct des poumons. Quand l'énergie
pulmonaire abonde, la peau est nourrie, luisante et joue pleinement son rôle et
les poils et les ongles reçoivent des nutriments et paraissent sains. Les poumons
diffusent le Qi et les fluides dans tout l'organisme à travers la peau. Ainsi,
l'humidité cutanée dépend également de l'état de santé des poumons. Chaque
38
organe Zang Fu est représenté par un méridien sur la peau et donc une
connexion, ou une porte ouverte, se crée avec des pathogènes externes via la
peau (Fig. 10).
Figure 10 : trajet des méridiens de différents organes [24]
2- Sang :
"Une substance transformée par l'essence des aliments et engendrée par
l'activité fonctionnelle du Qi, et qui circule dans les vaisseaux sanguins et
nourrit les tissus corporels" [26].
Le sang comme le définit la Médecine Chinoise, dérive des aliments et du
Qi et est produit par la rate.
39
Comme pour la peau, le sang joue un rôle différent en Médecine Chinoise
et en médecine occidentale. Une des principales caractéristiques du sang en
Médecine Chinoise est qu'il contient le Qi (l'énergie). Le Qi est la locomotive du
sang.
" Le sang est inséparable du Qi lui-même, et le Qi infuse la vie dans le
sang; sans Qi, le sang ne serait qu'un liquide inerte" [27] (Et peut être que le Qi
est représenté par les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes
sanguines).
Quand le Qi se déplace, le sang se déplace également, vice-versa: où va le
sang le suit le Qi. Quand on les compare, le sang est Yin et le Qi est Yang. Le
sang circule dans les vaisseaux sanguins et également dans les méridiens et les
collatérales.
3- Qi:
Quel est le sens réel de Qi? Cette question est souvent posée. C'est la force
invisible et derrière tout ce qui arrive, c'est comme l'air et le vent, immatériel
mais avec substance.
"Énergie de la vie", "force vitale", "force de vie", énergie" sont autant de
tentatives occidentale pour décrire la signification du Qi, mais il n'y a pas
d'équivalent occidental. Souvent on entend dire " la semaine dernière, j'étais très
malade et mon niveau d'énergie était si bas que j'ai dû garder le lit. Aujourd'hui,
je me sens mieux, plus chargé en énergie et aussi bien plus fort." En d'autres
termes, nous vivons en permanence l'expérience du Qi.
Le Qi est souvent reflété par le mouvement et la chaleur. Un mouvement,
quel qu'en soit le type, demande du Qi et souvent cela se manifeste par de la
40
chaleur. L'absence de l'énergie, au contraire, se manifeste par le froid. En
situation clinique également, quand un patient se plaint de froid, il existe
souvent un manque d'énergie.
Quand on traite une maladie qui est dans le niveau du Qi, selon les quatre
degrés de différentiation des syndromes, le facteur pathogène externe continue
son combat au niveau cutané et la résistance globale de l'organisme reste encore
bonne. Certaines manifestations cliniques sont une fièvre élevée, une toux avec
mucosité fine et jaunâtre, une respiration sifflante et une soif. Le traitement par
ventouses à ce niveau est très efficace.
4- Wei Qi:[23]
Le Wei Qi est le Qi protecteur/défensif qui chemine juste sous la peau. Il
forme la paroi défensive la plus externe contre tous les pathogènes externes
comme le vent, le froid, l'humidité et la chaleur. Il régule également l'ouverture
et la fermeture des pores de la peau et intervient donc dans le contrôle de la
respiration.
5- Stagnation:
En Médecine Chinoise, la stagnation se réfère à la congestion et à
l'accumulation du fait de l'absence de déplacements de tous ordres, c'est-à-dire
les aliments, les liquides, le Qi ou le sang.
41
6- Pose de la ventouse [23].
Les ventouses régulent les flux de Qi et de sang. Elles contribuent à aspirer
et éliminer des facteurs pathogènes comme le vent, le froid, l'humidité et la
chaleur. Les ventouses déplacent également le Qi et le sang et ouvre les pores de
la peau, facilitant l'extraction des pathogènes à travers la peau.
L'effet de ce traitement peut être classé en deux catégories :
Général: purification du sang, amélioration des fonctions circulatoires,
régulation et amélioration du système nerveux autonome, etc.
Local: soulagement de la douleur, relaxation des muscles contractés, etc.
Les premiers effets, qui sont ceux qui s'exercent sur les tissus et organes
corporels, sont les suivants:
6.1- Effets sur la peau
D'après une expérimentation effectuée chez un homme de 35 ans, les poils
fins du dos sont devenus épais et mesuraient 1 à 1.5 cm de long après environ
140 séances de cette méthode.
Cela s'explique par le fait que le stimulus direct exercé sur la racine des
poils et la dilatation des vaisseaux sanguins cutanés, induite par la traction
exercée sous une faible pression, augmente la circulation sanguine, élève la
température cutanée, stimule le métabolisme dans les tissus cutanés, améliore le
fonctionnement des glandes sudoripares et sébacées et de la respiration cutanée,
et assure un apport suffisant de nutriments aux tissus. L'objectif essentiel du
traitement par ventouses n'est pas seulement d'extraire du vieux sang stagnant de
l'intérieur de la peau, mais aussi d'extraire des substances vénéneuses de sa
42
surface. C'est la raison pour laquelle, quand un médecin poursuit son traitement
à mains nues, celles-ci deviennent jaunâtres. Le traitement accélère la sécrétion
de sels et de substance sébacée, ainsi que l'excrétion d'eau. Un autre point
important est que ce traitement renforce le pouvoir de renouvellement de la peau
et sa résistance à diverses atteintes.
6.2- Effets sur les muscles
L'aspiration à faible pression des ventouses stimule les vaisseaux capillaires
sous-cutanés, ce qui active le fonctionnement des vaisseaux sanguins
musculaires. Ainsi, l'expansion aux vaisseaux sanguins du muscle facilite
l'écoulement du sang et a un effet remarquable sur une épaule ankylosée par
exemple, en enlevant du sang congestionné. De plus, la circulation lymphatique
est facilitée. Après le traitement par ventouses, la peau est rayonnante, du fait de
l'augmentation de la température cutanée et des muscles, sous l'effet de
l'augmentation du débit sanguin.
6.3- Effets sur les articulations
Les atteintes articulaires rhumatismales chroniques sont des affections pour
lesquelles les ventouses sont efficaces. Dans ce cas, on concentre le traitement
sur la zone articulaire concernée. Quand l'atteinte est modérée, une guérison
quasi complète est envisageable et cela est attribué à une amélioration de la
circulation du sang dans l'articulation, de l'activité et de la sécrétion du liquide
synovial. Des spasmes musculaires autour de l'articulation peuvent être levés.
43
6.4- Effets sur les organes digestifs
Beaucoup de patients ont faim après application de ventouses dans la région
gastrique. Les organes digestifs, notamment l'estomac et la rate, sont considérés
comme les plus importants en tant que <moteur> du corps humain. En d'autres
termes, comme le pouvoir de guérison naturel tire son énergie essentiellement
des organes digestifs, on met l'accent sur le traitement de l'estomac, de la rate et
des intestins. Le pouvoir d'attraction d'une faible pression exercée sur le ventre
stimule la partie interne des organes, leurs mouvements péristaltiques et la
sécrétion des liquides digestifs, renforçant ainsi le pouvoir de digestion et
d'absorption des aliments, ainsi que le pouvoir de sécrétion. Ainsi, ce traitement
a globalement des effets remarquables sur la constipation. On note des effets
favorables sur ces organes même au cours du traitement du dos via la
stimulation des nerfs spinaux et des nerfs autonomes. En outre, ce traitement
renforce les muscles des organes respiratoires.
6.5- Effets généraux des ventouses, purification du sang
Parmi les effets généraux, le plus important est celui portant sur le système
circulatoire.
Selon le professeur Kentaro Tagaki de l'université de Nagoya [23], les
traitements de stimulation cutanée ont des effets significatifs en faisant
apparaître les plus grandes réponses dans le système circulatoire. Sa remarque
ne portait pas nécessairement sur les ventouses, mais il est probable que ces
dernières ont beaucoup de points communs avec les traitements de stimulation
cutanée qu'il mentionnait. Du fait de la traction exercée par la faible pression, le
44
débit sanguin dans les artères et veines augmente mais, dans le cas de ces
dernières, on note des points de congestion locale qui appariassent et
disparaissent. Il est possible de faciliter l'arrêt de la circulation sanguine et de la
congestion, et d'interrompre l'extravasation inflammatoire de liquides à partir
des tissus. Ainsi, la facilitation du débit sanguin est la caractéristique la plus
importante de ce traitement. Il est très utile pour les artères indurées, les épaules
raides, etc. Le Dr. Katase, de l'Université d'Osaka [23], pense que ce traitement
peut modifier la composition du sang: il augmente le nombre de globules rouges
et blancs et rend alcalin ou neutre un sang acide.
Le sang est alors purifié.
6.6- Effets sur le système nerveux
Les viscères et la peau ont des aires de projection au niveau cérébral en
commun, l'application des ventouses au niveau cutané aura donc un effet au
niveau des viscères. Le traitement par ventouses stimule les nerfs sensitifs de la
peau. Comme l'a démontré une expérimentation clinique effectuée à l'Université
de Kobe [23], les effets inhibiteurs sur une douleur par hypersensibilité ne se
cantonnent pas à la zone directement traitée, mais débordent sur les territoires
des principaux nerfs concernés. Le traitement du dos porte essentiellement à un
niveau médian (nerfs spinaux et parasympathiques) et les nerfs sympathiques
situés à coté. Leur stimulation a des effets favorables non seulement sur le
système nerveux autonome lui-même, mais aussi sur plusieurs organes sous son
contrôle. Les ventouses sont comme le massage, efficaces sur le syndrome dit de
malaise général, avec des céphalées chroniques, des vertiges, une langueur, des
épaules raides, une asthénie, etc. On pense que ces troubles sont dus à une
45
anxiété, une inquiétude et une douleur corporelle. Les ventouses sont également
efficaces contre des maladies endogènes chroniques comme l'hypertension
artérielle. Les névralgies et les rhumatismes. Avec l'emploi de ce traitement sur
le dos ou les lombes par exemple, certains patients d'âge moyen ou avancé
s'endorment et ronflent bruyamment. Cela met nettement en évidence les effets
de ce traitement sur le système nerveux. Ainsi, les effets locaux et généraux de
ce traitement renforcent le pouvoir de guérison contre certaines maladies et, en
association à des mesures diététiques et à une psychothérapie, peuvent guérir ou
prévenir complètement la maladie.
En fonction de certaines localisations anatomiques (épaules, lombaires…),
on peut constater l'existence d'un liquide plus ou moins dense à l'intérieur de la
ventouse en fin d'application.
Figure 11: Ventouses dans gonalgies [25]
46
Figure 12: hajam traditionnel [4]
IV-Déroulement de l'opération [24]
1) Désinfection de la peau par un produit désinfectant.
2) Application des verres sur la région choisie (selon l'indication) durant
quelques minutes (en moyenne 3 min) grâce à une pompe qui génère la
dépression, qui va amener le sang vers la surface du corps.
3) Enlèvement des verres.
4) Incision de la surface choisie (en moyenne 20 incisions selon
l'importance de la surface sous le verre, diamètre des verres varie de 1.5 cm à 6
cm)
5) Ré application des verres sur la surface pour provoquer le saignement.
Le temps de pose est compris entre 5 et 15 min, mais il doit être modulé en
fonction du degré de tension qui règne à l'intérieur de la ventouse.
Lorsque la ventouse a fait son effet il faut la saisir d'une main tandis que de
l'autre on presse la peau autour de son orifice pour que l'air puisse y pénétrer, on
peut alors retirer la ventouse.
47
Figure 13: déroulement de la Hijama [24]
V- Les différentes méthodes de pose [23]:
A- succion faible (légère, tonifiante):
Cette technique est pratiquée en Chine, au Japon, dans certains pays
d’Europe et aux États-Unis.
Sans incision, elle vise à faire disparaître la stagnation et simultanément, à
tonifier les faibles Qi ce qui lui a valu le nom de méthode "tonifiante". C'est la
méthode la plus douce, elle est tout particulièrement adaptée aux adultes faibles,
aux sujets âgés et aux petits enfants. La succion faible peut être appliquée en
48
tout site de l'organisme et elle peut induire un léger rougissement de la peau, et
non une ecchymose ou une bulle.
B- Succion moyenne (tonifiante):
C'est la méthode de pose de ventouse la plus répandue chez les patients
ayant des niveaux d’énergie relativement plus élevée. Cette méthode peut
s'appliquer sans danger chez l'enfant de 7 ans ou plus, ainsi que chez l'adulte.
Avec cette méthode, la succion est plus forte, mais comme le niveau énergétique
du patient est également bon, elle constitue une méthode tonifiante.
C- Succion forte (drainante):
C'est une des techniques de drainage les plus répandues (les ventouses
mobiles constituent l'autre technique). Ainsi, avant de décider d'une succion
forte, le praticien doit s'assurer que cette méthode convient au patient. Des
quantités significatives de Sang et de Qi sont mobilisées par cette méthode et le
patient se sent parfois fatigué. L'objectif de cette méthode et de déplacer le sang
et le Qi et d'éliminer des facteurs pathogènes internes/externes, ainsi qu'une
stagnation chez les patients ayant un Wei Qi relativement fort.
D- Ventouses mobiles "drainantes":
Comme nous l'avons signalé plus haut, les ventouses mobiles constituent la
deuxième principale modalité de drainage parmi les méthodes de pose de
ventouses. L'objectif de cette méthode de traitement est d'appliquer une succion
forte sur une zone beaucoup plus étendue du corps. Comme pour la succion
forte, le patient doit posséder un profil énergétique fort avant d'employer les
49
ventouses mobiles, afin de résister à l'effet de traction et de déplacement des
ventouses. C'est sans aucun doute la méthode de pose la plus douloureuse.
E- Ventouses avec aiguilles :
(Pour acupuncteurs uniquement.)
Les ventouses avec aiguilles sont essentiellement utilisées pour les types Re
(chauds) des syndromes douloureux "Bi", c'est-à-dire coudes et genoux rouges
et douloureux, quand il faut soulager la douleur et simultanément éliminer la
chaleur pathologique en excès. Le praticien doit effectuer la séance
d'acupuncture comme habituellement, en laissant les aiguilles en place aussi
longtemps que nécessaire. On peut diminuer le temps de traitement par
acupuncture de 10-15 minutes si on pense le faire suivre de la pose de
ventouses. Cette méthode n'est pas recommandée chez l'enfant, quel que soit son
âge.
F- Ventouses avec armoise (aiguille chaude) :
(Pour acupuncteurs uniquement.)
L'armoise (Artemisia vulgaris) est « une herbe chaude » très utilisée par de
nombreux praticiens pour éliminer le froid et tonifier le Qi et le Sang. Elle est
habituellement présentée sous deux formes, en vrac et en cigare arrondi et
allongé. C'est se dernier type qui est utilisée pour ce traitement. Dans cette
méthode on utilise des ventouses à aiguille chaude, l'armoise est utilisée pour
chauffer l'aiguille et transmettre la chaleur sur le point d'acupuncture et sans
toucher l'aiguille, appliquer la cupule sur elle. Elle est particulièrement utile
dans les douleurs de type froid et les arthrites.
50
G- Ventouses éclairs (vides) :
Il s'agit en fait d'une méthode à succion moyenne à forte, mais où l'on pose
rapidement les cupules que l'on laisse en place pour une durée très brève (moins
d'une minute). On l'emploie pour stimuler et déplacer le Sang et le Qi, mais non
pour induire un drainage. C'est donc une méthode tonifiante, notamment quand
le froid ou le chaud sont les facteurs pathologiques chez le sujet faible et fragile,
et chez l'enfant de moins de 14 ans. On applique cette méthode sur la face
postérieure de l'organisme.
H- Ventouses avec saignement (pleines) (figure 14):
Il s'agit de l’évacuation du sang après incision à l’aide d’un rasoir ou d’une
lame, sur certaines parties du corps. C’est cette technique qui était répandue à
l’époque du Prophète Mohammed et reprise dans certains pays d’Europe,
notamment en Allemagne.
Dans cette forme de ventouse, la peau est éraflée sur une longueur de 4 mm
et une profondeur de 1 mm environ. Après avoir fait 15 égratignures réparties en
3 bandes, on met les verres dessus pour procéder à l’aspiration du sang pendant
une durée ne dépassant pas 10 minutes. On peut renouveler la pose des verres
jusqu’à 5 fois en cas de besoin. Dès que l’écoulement du sang cesse, on arrête
l’opération.
51
Figure 14: praticien de la Hijama (ventouses avec saignement) [4].
Pour finir, il convient de désinfecter l’endroit blessé par du miel d’abeille
ou de l’huile de nigelle ou encore par un antibiotique local.
Egalement appelée ventouses humides, c'est la méthode préférée et la plus
utilisée par tous les premiers praticiens qui, notamment en Europe, employaient
les ventouses avec saignement pour purger du sang fétide, que l'on considérait
comme à l'origine de la maladie.
Aujourd'hui, cette méthode est employée dans les augmentations brutales
de la pression artérielle et dans l'évacuation du pus des furoncles, qui
correspondent à des excès, avec sang-chaleur et stagnation. On peut conclure de
cette description que cette méthode n'est adaptée qu'à l'adulte ayant des énergies
fortes et excessives et non à l'enfant ou à la personne âgée.
52
I- Ventouses à herbes (tonifiantes) :
Pour cette méthode, il faut disposer de quelques cupules en bambou, d'une
casserole relativement profonde, d'eau, de pinces métalliques, d'un réchaud et
d'herbes dont la composition est définie par une prescription. Placer les herbes et
les cupules de bambou dans une casserole profonde et les recouvrir d'eau (les
cupules en verre chauffent excessivement et ne conviennent donc pas pour cette
méthode). Porter l'eau à ébullition et laisser frémir pendant 30 minutes. Préparer
le patient de la manière habituelle et exposer la partie du corps où doivent être
posées les ventouses. Quand le praticien et le patient sont prêts, retirer les
cupules une par une de la casserole à l'aide une pince métallique. Attendre un
court instant pour s'assurer que la cupule n'est pas trop chaude, puis la poser
selon la méthode habituelle, avec du feu et du coton. Il faut ici prendre des
précautions pour ne pas provoquer de brûlures ou des bulles avec des cupules
trop chaudes ou avec des gouttes d'eau tombant sur la peau. La meilleure
précaution est de tester la ventouse sur sa propre peau avant de la poser sur le
patient. Ce traitement n'est pas recommandé chez l'enfant, quel qu'en soit l'âge,
mais il est particulièrement bénéfique chez la personne âgée et fragile avec sang
et Qi-Xu.
J- Ventouse à eau (méthode d'even):
Cette méthode de pose de ventouse est la moins utilisée. D'abord,
l'opérateur doit être expérimenté et savoir la mettre en œuvre par des gestes
rapides ; ensuite, elle peut être salissante si elle n'est pas couronnée de succès à
la première tentative.
53
Dans cette technique, on remplit d'eau chaude le tiers d'une cupule en verre
ou en bambou, puis on pose la ventouse d'un geste rapide. Quand la technique
est effectuée correctement, il n'y a pas de fuite d'eau.
VI- Indications [25]
L'effet de la Hijama réside essentiellement dans la distribution
neurologique des organes sur la peau, l'organisation du parcours de l'énergie, et
débarrasse le corps de certaines matières qui nuisent à la santé [29].
L'effet de la Hijama se situe à deux niveaux : général et local.
-Effet général : purifie le sang et stimule la circulation sanguine et améliore
le fonctionnement du système nerveux.
-Effet local : soulage les algies (la migraine, douleur des articulations et
muscles) et améliore la fonction des organes; elle se pratique dans nombreuses
maladies comme hypertension artérielle, hépatite virale, thrombopénie, cirrhose,
insuffisance
cardiaque,
allergie,
polyarthrite
…
[30].
Divers domaines bénéficieront de l’application des ventouses tels que la
rhumatologie,
sportives,
lombalgies,
névralgies,
périarthrite
entorses,
d’épaule,
dermatologie,
migraines,
pathologies
pathologies
viscérales
fonctionnelles digestives, gynécologiques, etc. [25]
Rhumatologie : gonarthrose, lombalgies, sciatiques, épicondylite, épine
calcanéenne etc.
Migraines : souvent deux séances suffisent, pour obtenir un confort
méconnu jusqu’alors, névralgies faciales, névralgies d’Arnold, zona, etc.
54
Pneumologie : indication ancestrale des ventouses qui garde toute son
efficacité, en intime synergie avec l’actualité, dénonçant l’antibiothérapie
abusive, inutile dans les pathologies virales. Bronchites, asthme, allergies,
refroidissements grippaux, pathologies O.R.L etc... Dans ces pathologies, deux
séances de ventouses montreront une modification clinique objective.
Dermatologie : psoriasis, acnés, eczémas, allergies, etc.
Viscéral
fonctionnel
:
constipation,
colopathies,
gynécologie
dysménorrhées, ménopause, lombalgies cataméniales.
Pathologie sportive : entorses, claquages, tendinites, etc.
Traditionnellement, la saignée a une gamme étendue d'applications
thérapeutiques, bien que le mécanisme exact de l'efficacité demeure obscur. On
a présumé que le vide augmente la circulation, soulage la douleur et élimine des
matériaux toxiques emprisonnés dans tissus. La théorie psychosomatique
déclare que la saignée capillaire a purement un effet placebo [31].
VII- Précautions et contre-indications [23]
Le procédé des ventouses n'est pas dénué d'effets secondaires, et les
complications peuvent parfois surgir mais c'est rare. On cite un cas d'application
des ventouses compliqué avec des bulles d'aspiration. Une femme diabétique de
57 ans, hospitalisée pour la bronchopneumonie, a été référée au sujet d'une pièce
rapportée rouge tendre sur le bas de son dos. Elle a rapporté que l'application des
ventouses a été exécutée sur le bas de dos afin de soulager la douleur dorsale.
Cependant, la ventouse a été tenue sur sa peau pendant plus de 40 minutes. Elle
55
a éprouvé une douleur intense directement après le procédé, et les bulles
s'étaient développés au-dessus de la zone. (fig. 15). Le facteur principal
responsable de cette complication dans ce cas était la période de la saignée
prolongée [31].
Figure 15: bulle d'aspiration [31]
Mais en général on peut dire que les ventouses sont très sûres et ont peu
d'effets secondaires. Les ventouses sont contre-indiquées en cas de suspicion
d'hémorragie, quel qu'en soit le type. Eviter les ventouses sur les coups de soleil
ou les brulures en général, les plaies ouvertes ou en cas de traumatisme récent.
Pendant la grossesse, éviter les ventouses sur le bas et le haut abdomen ; on peut
en poser sur la partie basse du dos jusqu'au 6ème mois de grossesse, en se
limitant aux succions faibles ou moyennes. Chez les patients se plaignant de
léthargie et d'épuisement, il ne faut employer que les ventouses éclairs, pour une
très brève durée. Pour les ventouses avec saignement, ce dernier peut être plus
important que prévu chez les sujets traités par anticoagulants. Il convient donc
56
de surveiller le saignement et de retirer la cupule quand 100 ml environ de sang
ont été extraits. Les ecchymoses sont rapides chez ces patients, et la peau est
plus longue à récupérer.
VIII- Les points d’application modernes de la Hijama [28].
Pour la Hijama moderne, il y a 98 points d’application, 55 points se situent
sur le dos, 43 sur le visage et le ventre (fig.17). Pour chaque maladie ; il y a un
ou plusieurs points bien précis du corps humain où l'on doit pratiquer la Hijama,
Les
plus
importants
de
ces
points
sont
communs
à
toutes
les maladies. Nous commencerons par les cervicales, c’est-à-dire par les 7
vertèbres du cou, au niveau de l’épaule et en bas de la nuque, où la saignée
guérit un grand nombre de maux.
La surface de la peau préférée est la région inter scapulaire.
Figure 16 : région inter scapulaire [24]
C’est une zone très sensible dans le corps humain qui a une
grande importance dans l’activité du corps et où l’on trouve une grande
57
concentration des nerfs. Cette région est l’endroit où les chinois pratiquent
souvent l’acupuncture pour soulager les douleurs.
Il a été constaté que la saignée sur cette zone donne dix fois plus de
résultats, car l’acupuncture n’agit que sur le point où est plantée l’aiguille, alors
que la saignée se pratique sur une zone de 5 centimètres de diamètre environ.
Ainsi, on a pu déterminer les positions de ces points par un
acupunctoscope. En raison de l’existence sur la moelle épinière, de point
communs entre les nerfs qui partent vers certains organes internes et ceux qui
énervent certaines régions de la peau, la stimulation de celles-ci provoque une
stimulation de ces organes. Ainsi, à chaque maladie apparaît un réflexe dont la
position dépend du terminus des nerfs de réflexes. Par exemple, l’Estomac a
deux points dans le dos et quand il est atteint d’une maladie, on pratique la
Hijama sur ces deux endroits, de même pour le Pancréas, il a deux points, le
Colon 6 points…etc.
La Hijama se pratique aussi sur le système lymphatique, elle le stimule, ce
qui renforce l’immunité du corps et par conséquent, elle l’aide à résister aux
diverses maladies infectieuses alors il peut mieux combattre contre les maladies
virales comme l’hépatite « C » par exemple.
58
Elle se pratique aussi sur les vaisseaux et sur les nerfs, elle stimule aussi
toutes les glandes, renforce l’immunité du corps et active le centre nerveux etc.
[28 ,32].
Figure 17: Points d'application modernes de la hijama [28]
59
IX- Les conseils à suivre après la hijama [28]
1) Il est préférable de s’abstenir de pratiquer un rapport sexuel au moins 12
heures avant et 24 après la saignée, et ce, pour préserver ses forces et son
intensité physique.
Selon les médecins, la saignée est bénéfique lorsqu’elle se pratique entre 14
heures et 15 heures, pour qu’elle n’influe pas sur l’appétit ou sur la faim ou toute
autre activité physique ou intellectuelle.
2) Il faudrait que le malade se repose et ne fasse pas d’efforts particuliers,
ne se mette pas en colère et ne s’énerve pas après la saignée, de façon à ce qu’il
ne soit pas exposé à une tension artérielle trop élevée. Et si le patient ne se
repose pas suffisamment, il risque d’être de nouveau malade à cause du
déséquilibre énergétique.
3) Il faudrait aussi éviter les boissons glacées durant 24 heures qui suivent
la saignée.
4) Il faudrait que celui qui a pratiqué la saignée couvre l’endroit où celle-ci
a été faite, et qu’il évite de l’exposer aux courants d’air comme c’est le cas pour
toutes plaies et ce, afin d’éviter la contamination microbienne et les
inflammations.
5) Il est préférable également que le malade ne mange pas de nourriture
trop salée ou trop épicée juste après la saignée.
60
6) Certaines personnes ressentent une hausse de température sur tout le
corps et ce, dès le deuxième jour après le traitement. Cela est tout à fait normal
et l’état de santé de la personne se stabilisera très vite.
7) Certaines personnes éprouvent des malaises lorsque la Hijama est
pratiquée dans le dos. Ceci est également normal, et il n’y a pas lieu de
s’inquiéter.
8) Les médecins syriens affirment qu’il est possible de manger après la
saignée, une nourriture facile à digérer, et faite de fruits et légumes et de
sucreries. Habituellement, on présente au patient de la salade mélangée à des
tranches de pain grillé assaisonnée d’huile et de vinaigre que l’on appelle en
Orient le FATTOUCHE, accompagnée d’olives. Il est important de prendre
aussi des produits laitiers tel que le lait, les fromages, les yaourts, de la crème
fraîche
et
des
plats
cuisinés
avec
ces
bonnes
choses
le
jour de la saignée, c’est-à-dire durant la journée et la même soirée seulement, et
non pas en abuser, parce que les produits laitiers risquent de provoquer des
malaises et des nausées et influer négativement sur la tension artérielle, ce qui
peut provoquer d’autres problèmes de santé. Généralement, on doit éviter les
effets négatifs sur le corps après la constatation de l’amélioration de l’état de
santé suite à une saignée
9) Dix (10) jours après la pratique de la Hijama, le patient doit refaire une
consultation pour un suivi médical.
61
PARTIE III :
ÉTUDES
SCIENTIFIQUES SUR
LA HIJAMA
62
Nous rapportons dans cette partie quelques travaux scientifiques et
allégations qui ont tenté de montrer l'efficacité de la Hijama comme thérapie.
I- Analyses du sang de la hijama [2, 24]
Un travail réalisé en 2000 à l’Université de Damas, a porté sur
une
personne saine de sexe masculin:
L’examen de son sang résultant de la saignée par ventouses a révélé que la
majorité des globules rouges sont vieux et d’autres ont un aspect anormal
(Anisocytosis, Poikilocytosis, Target celles, Acanthocytes) (Fig. : 18, 19).
Le taux des Leucocytes était de 10% par rapport au Leucocytes du sang
veineux avec inversion de la formule (augmentation du taux des Lymphocytes
qui sont devenus 57% par rapport aux polynucléaires neutrophiles qui sont
devenus 41%), (Fig. 19).
Les auteurs concluent que la Hijama permet une épuration du sang et
par conséquent une amélioration de la circulation sanguine de tous les organes
donc bonne oxygénation et comme résultat final un bon fonctionnement de
l'organe.
63
Figure 18: L’examen du sang de la Hijama [24]
Figure 19 : Analyses faites sur le sang de la Hijama [24]
64
1- Le taux de l’interféron augmente après la saignée [2] :
Un auteur français a relevé que la capacité des globules blancs à produire
de l’interféron est multipliée par 10 après une Hijama. Ceci veut dire qu’il y a un
renforcement de l’immunité contre les maladies et les infections. Il a été prouvé
également que le taux de globules blancs augmente après la saignée par
ventouses. Ceci permet d’affirmer que la moelle osseuse devient plus active.
Comme si cette moelle s’est débarrassée de ce qui entravait son fonctionnement
normal après s’être débarrassée des impuretés contenues dans le sang de la
Hijama.
2- La théorie du sang anormal agressif [2]:
Le médecin japonais Kaukuroiwa a déduit que ce sont les impuretés
sanguines qui sont la cause des maladies dont la saignée par ventouses assure la
guérison puisqu’elle en débarrasse le corps. Dans ce cas, on est en présence
d’une sorte d’hyperémie. Le sang circule difficilement dans le corps humain. Par
ailleurs, le foie et la rate sont de plus en plus sollicités pour éliminer ces
impuretés, mais malheureusement ces organes souffrent et ne suffisent plus pour
éliminer tous les impuretés du sang. Au fil des années, « les sédiments »
s'accumulent dans différentes parties du corps (surtout les vaisseaux) d’où
l’apparition de diverses maladies.
Lorsqu’on se débarrasse des impuretés (globules rouges vieillis et
anormaux, sédiments…) par la saignée, le sang devenu pur et mieux oxygéné
circule normalement dans le corps humain. De ce fait, les différents organes
jouent pleinement leur rôle et ont un meilleur rendement.
65
Si on examine la théorie du « sang anormal et agressif » par rapport aux
maladies cardiaques (tel l’infarctus, thrombose), on relève que le sang avec les
impuretés qu’il contient, provoque des thromboses, accélérations de
l’athérosclérose, augmentation du cholestérol etc. qui peuvent être à l’origine du
rétrécissement des coronaires d’où les risques d’infarctus.
En ce qui concerne le reste des organes, on remarque qu’au fil du temps, un
sang anormal et agressif diminue leurs capacités à accomplir le rôle qui leur est
imparti comme il diminue la capacité immunitaire.
Par ailleurs, le corps ne peut plus résister aux facteurs cancérigènes (comme
des produits chimiques agressifs, les rayons…) puisque le foie et la rate perdent
leurs capacités.
Les globules blancs peinent aussi à défendre l’organisme des microbes et
des cellules anormales.
Tout ceci augmente le risque de cancer.
Il y a comme une révolte dans l’organisme, d’où une multiplication
anarchique des cellules…d’où le cancer.
II- La Hijama a d’autres vertus [2]:
1) Un effet analgésique : du fait qu’elle permet la sécrétion d’endorphine de
façon significative, constatée chez beaucoup de patients après la Hijama.
2) Un effet anxiolytique : Il s’est avéré que suite à la saignée, lorsqu’elle est
pratiquée sur certains points du corps, le patient s’endort profondément pendant
66
l’opération ou après. A son réveil, il ressent un bien être et devient dynamique.
L’électroencéphalogramme révèle une diminution des ondes delta et thêta après
la Hijama.
Un effet d’équilibre : la saignée par ventouses agit sur l’équilibre
sympathique et parasympathique. Par ailleurs le corps retrouve son équilibre
hormonal, ce qui explique le retour à une tension normale en cas d’hyper ou
hypotension artérielle. Elle permet un équilibre hormonal chez les hommes et les
femmes. Il convient d’ajouter que les constipations et diarrhées chroniques
peuvent être soignées par la saignée.
3) Un renforcement de l’immunité.
4) Une réactivation des centres moteurs inactifs dans le cerveau : puisque
les cellules neurologiques inactives redeviennent actives suite à un processus
neurologique auquel s’associent les cellules CAJAL et RANCHO. On constate,
après la Hijama, une amélioration auprès des personnes atteintes d’atrophie
cérébrale ou paralysie neurologique depuis plusieurs années.
5) Une réactivation des médiateurs, comme la dopamine.
6) Monoxyde d'azote [24]
Dans quelques cas, l'effet de la Hijama est expliqué par l'action du monoxyde
d'azote. Le monoxyde d'azote est une molécule endogène, volatile et
vasodilatatrice libérée entre autre par l'endothélium vasculaire par l'activation de
la monoxyde d'azote synthase (La Saignée qui provoque la lésion de
l'endothélium active cette enzyme)
67
7) Certains scientifiques ont suggéré que la saignée fait disparaître
les symptômes cliniques de certaines maladies, telles que la malaria, en
abaissant la disponibilité du fer dans le sang qui peut augmenter la capacité de
certains microbes pathogènes à se développer et se multiplier. Le saignement
renforce également la réponse du corps à la maladie en abaissant la viscosité du
sang et en augmentant sa capacité de traverser le lit capillaire.
III- La Hijama et la recherche médicale
A- Etude de la Hijama et de son effet sur l'Hépatite C chronique
[33]
Cette étude a été effectuée par des chercheurs des Facultés de médecine et
des sciences de l’Université Al Malik Abd Al Aziz en Arabie Saoudite, et de
la Faculté de médecine de l’Université Ain Chams en Egypte.
Le but de cette recherche :
Le but de cette étude était de connaitre le rôle de la Hijama en agissant sur
les valeurs de plusieurs paramètres , prostaglandine H2, cytokine, biochimie du
sang, les fonctions hépatiques et rénales et leur influence sur le système
immunitaire des personnes atteintes du VHC et le mécanisme curatif éventuel de
la Hijama au niveau de la cellule.
Les malades sélectionnés étaient porteurs du virus de l'hépatite C à
l'exclusion de toute autre maladie, 4 séances de la Hijama ont été pratiquées sur
chaque patient, la durée entre 2 séances était de 1 mois, chaque patient a été
considéré comme témoin et cas.
68
L'analyse des résultats a permis de noter:
Une diminution statiquement significative de γ-GT,
des plaquettes
sanguines, et une petite augmentation significative du dialdéhyde malonique.
A l'égard des autres paramètres il n'existait pas des différences
significatives, avant et après la Hijama.
- Concentrations des facteurs immunitaires (IL-1β, TNF-α, γ-IFN,
IL-10)
Les résultats montrent une augmentation progressive significative (p=
0,002) de la 1ére séance à la 4ème séance au niveau de la concentration de IL-1β
(sa valeur varie de 0,3±0,21 pg/ml dans la 1ére séance à 28±5,1 pg/ml dans la
4ème séance).
Pour le TNF-α, les résultats montrent une augmentation progressive
significative de la 2ème séance de 1,9±1 pg/ml à la 4ème séance 6,2±3,2 pg/ml.
Pour le facteur immunitaire IL-10, sa valeur a diminué de 4,1 ± 1,1 pg/ml
de la 1ére séance à 2,1 ± 1,2 pg/ml dans la 4ème séance.
Courbe 2: concentration du TNF-α (pg/ml) dans le sang veineux et le
sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
Courbe 1: concentration de l' IL-1β (pg/ml) dans le sang veineux et
le sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
69
Courbe 3 : concentration du γ-IFN (pg/ml) dans le sang veineux et
le sang de la hijama prélevé au cours des 4 séances de hijama.
Courbe 4: concentration de l'IL-10 dans le sang veineux et le sang
hijama prélevé au cours des 4 séances de hijama.
Figure 20 : concentrations des facteurs immunitaires (IL-1β, TNF-α,
γ- IFN, IL-10) [33].
- Le dialdehyde malonique (DAM)
Une diminution progressive significative du DAM (0,0001) est notée, de la
1ère séance à la 4ème séance, sa valeur varie de 16±2,5 µM pour la 1ère séance à
7,3±0,29 µM pour la 4ème séance
Courbe5: valeur de la MDA (µM) dans le sang veineux et
le sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
Figure 21: concentration de dialdehyde malonique (DAM) [33].
70
- Les enzymes hépatiques: (ALT, AST, γ-GT):
Une différence significative de l'AST (0,028) a été notée, sa valeur a varié
de 34±2,7 U/l à 37±1,7 U/l.
Pour les autres enzymes les différences étaient non significatives, l'ALT
(p=0,11) de 25±2,2 U/l à 22±1,4 U/l, et γ-GT (p=0,68) de 34±3,5 U/l à 40±4,2
U/l.
Courbe 6: valeur de l'ALT (U/ml) dans le sang veineux et le sang
de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
Courbe 7: valeur de l'AST (U/ml) dans le sang veineux et le sang de la
Hijama au cours des 4 séances de hijama.
Courbe8: valeur de γ-GT (U/ml) dans le sang veineux et le sang
de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
Figure 22: concentration des enzymes hépatiques
(ALT, AST, γ-GT) [33].
71
- Dosage de l'urée et la créatinine
Il n’y avait pas des différences significatives au niveau de la variation des
concentrations de créatinine et d'urée au cours des 4 séances.
Courbe 9: concentration de la créatinine (mg/dl) dans le sang
veineux et le sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama
Courbe 10: concentration de l'urée dans le sang veineux et
le sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
Figure 23 : concentration d'urée et de créatinine [33]
- Résultats de la NFS
Il n'a pas été noté de différences significatives de pourcentage de
l'hémoglobine au cours des 4 séances (p=0.09), de même que celui des
lymphocytes (p=0.78).
Par contre il y avait une augmentation significative de nombre de globules
blancs (p=0.008) qui a varié de 5.2±0.27 (×103/ml) à 7.5±0.21 (×103/ml).
En ce qui concerne le nombre de plaquettes il n’y avait pas des différences
significatives (p=0.76).
72
Courbe11: pourcentage d'hemoglobine (g%) dans le sang veineux
et le sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama (D1-D2).
Courbe 12: pourcentage des lymphocytes dans le sang veineux
et le sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
Courbe 13: pourcentage des lymphocytes dans le sang veineux
et le sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
Courbe 14: les plaquettes (×103/µl) dans le sang veineux et
le sang de la hijama au cours des 4 séances de hijama.
Figure 24: résultats de la NFS [33]
- Résultats de l'agrégation plaquettaire
Une diminution progressive significative (p=0.02) du pourcentage de
l'agrégation plaquettaire au cours des 4 séances a été notée, ce pourcentage a
varié de 51±4.6 % (la 1ére séance) à 33±3.7 % (la 4ème séance).
73
Courbe 15: pourcentage de l'agrégation plaquettaire maximale (%) dans
le sang veineux durant les 4 séances de Hijama.
Figure 25: résultat de l'agrégation plaquettaire [33]
- Résultats du dosage de la concentration de l'ARN de HCV par la
technique de d'amplification génique (PCR) (polymerase chain
reaction)
Il a été noté une diminution fortement significative (p=0.0001) de
concentration de l'ARN viral qui a varié de (3.52±0.53) (×105 IU/ml) dans la
1ére séance à (2±0.38) (×105 IU/ml) dans la 4ème séance.
74
Courbe 16: la valeur de l'ARN du virus C (×105IU/ml) dans le
sang veineux dans la 1ére séance D1 et la 2ème séance D2
Figure 26: résultats du dosage de la concentration de l'ARN viral par
la PCR
Discussion
Les lymphocytes T (CD4+) jouent un rôle essentiel dans l'organisation de
l'immunité après leur stimulation par l'antigène, ils se divisent en deux types
TH1 et TH2 [34, 35, 36].
Ce qui caractérise ces cellules, c’est la sécrétion des cytokines, les TH1
secrètent IL-2, IFN-γ, IL-1β et TNF-α qui activent l'immunité cellulaire et les
TH2 secrètent IL-4, IL-10 qui inhibent le système immunitaire [37, 38]. Lors
d'une hépatite virale aigue les cytokines sécrété par TH2 inhibent les CD4+ TH1
ce qui amène à l’évolution de la maladie [39].
75
Avec le VHC il y avait une stimulation de l'immunité cellulaire et de
l'immunité humorale. Malgré cette activité immunitaire, la cellule hôte demeure
incapable de se débarrasser du virus et le pourcentage de guérison grâce au
système immunitaire seul reste rare (0.6% par an).
On note, l'existence d'une relation entre le développement de la maladie et
la diminution de l'IL-2et l'IFN-γ c'est à dire une diminution de l'activité des
cellules CD4 [40].
Le système immunitaire joue un rôle important à chaque étape de
l'évolution de la maladie et le mécanisme essentiel pour que le corps se
débarrasse du virus C est que les CD4 et CD8 s'activent, et aient une réponse
positive contre le virus. L'IFN-γ joue un rôle important dans la lutte contre le
virus [41].
Les résultats de cette étude ont montré beaucoup de variations importantes
au cours des quatre séances de Hijama.
Le dosage de IL-1β a montré une augmentation progressive significative,
de la 1ére séance à la 4ème séance, de même que le TNF-α (p=0.001) qui est
considéré comme facteur actif dans le système immunitaire, En ce qui concerne
l'γ-IFN il y avait une augmentation progressive mais non significative.
Les auteurs concluent que la pratique répétée de la Hijama entraine une
activation et une augmentation de la réponse immunitaire contre le VHC.
76
Pour les paramètres des réactions d'oxydation, les résultats ont montré une
diminution significative de la production des radicaux libres représentés par le
MDA au cours des 4 séances.
L'analyse hématologique, des globules blancs, a montré une augmentation
significative au cours des 3 premières séances de Hijama ce qui peut être justifié
l'amélioration de la réponse immunitaire par la pratique répétée de la hijama.
Cependant dans la dernière séance, il y avait une diminution des globules blancs
ce qui justifie la prolifération instantanée du virus qui a provoqué l'inhibition de
la réponse immunitaire.
Le nombre des plaquettes dans le sang de hijama était moins élevé que celui
du sang veineux. Les auteurs concluent que la Hijama joue le rôle d'un filtre.
Elle préserve les plaquettes ce qui est considéré comme facteur compensateur
du déficit en plaquettes qui existe souvent chez ces patients.
Une diminution progressive significative du pourcentage de l'agrégation
plaquettaire a été notée au cours des 4 séances. Cette diminution peut être
expliquée par l'augmentation de la concentration de la prostaglandine H2, qui a
provoqué une forte diminution de l'agrégation plaquettaire catalysée par l'ADP
d’une part, et d’autre part par l'augmentation de la concentration de l'AMPC.
Les résultats de l'ARN viral par PCR montrent une diminution fortement
significative (environ 50% dans la charge virale) entre la 1ére Hijama et la 4ème
Hijama, il y avait donc une diminution de la multiplication virale, après les 4
séances de la Hijama. Il y avait une séroconversion chez 10% des cas, alors que
77
les études scientifiques montrent une séroconversion chez 8% dans le cas de
traitement médical habituel.
En résumé la Hijama possède une action sur le système immunitaire qui
peut être favorable à une amélioration des malades [42].
En outre, La Hijama est une méthode sure, peu couteuse et facile à mettre
en œuvre et a peu d'effets indésirables.
B- Efficacité de la Hijama sur la polyarthrite rhumatoïde (PAR)
[43]
Une étude a été consacrée à l'étude de l'efficacité de la Hijama sur la PAR
en Egypte [43].
En raison de la nature de cette maladie chronique les patients ont l'habitude
d'essayer d'autres thérapies comme l'acupuncture, la Hijama, la cautérisation,
soit comme traitement adjuvant ou comme traitement de remplacement.
La Hijama est une méthode très utilisée dans ce domaine. Par exemple en
Allemagne, les statistiques montrent qu'entre (1987-1992), 32% à 64% des
maladies de la PAR ont pratiqué la Hijama afin de soulager leurs douleurs.
Matériel et méthode :
L'étude portait sur 50 patients âgés de 25 à 60 ans, diagnostiqués comme
atteints de la polyarthrite rhumatoïde selon les paramètres de l'Association
Américaine de Rhumatologie (ARC)
Ces patients ont été divisés en 2 groupes:
78
1-Groupe A: soumis au traitement médical seul (les anti-inflammatoires, la
cortisone, la méthotrexate).
2-Groupe B: soumis au traitement associant des séances régulières de
hijama plus le même traitement que le groupe A).
La durée du traitement chez les deux groupes était de 3 mois.
-Un autre groupe (C) a servi de témoin, et il était composé de 30 personnes
saines.
-Résultats et Discussion
Les résultats de cette étude montrent une différence statiquement
significative entre le groupe A et le groupe B et cette différence inclut les signes
cliniques et les analyses médicales.
- Signes cliniques:
-avant le traitement:
Il n’y avait aucune différence au niveau de l’intensité de la douleur, du
nombre des articulations gonflées et douloureuses et cela a été prouvé
statiquement par l'enregistrement de l'intensité de douleur (VAS) et
l'enregistrement d'activité de la maladie (DAS28).
-après 3 mois de traitement:
79
On note une diminution des symptômes cliniques de la maladie dans les
deux groupes mais cette diminution était rapide dans le groupe (B) dés le 1èr
mois, par contre elle était retardée dans le groupe (A).
Groupe A
Groupe B
Avant le traitement
Après 1 mois
Après 2 mois
Après 3 mois
Figure 27 : L’évolution des symptômes cliniques dans les deux
groupes
- Biologie:
-avant le traitement:
Il n’y avait aucune différence statiquement significative dans la mesure de
la Vitesse de sédimentation, du dosage de la protéine C réactive, et du facteur
rhumatoïde dans les groupes A et B.
80
-après 3 mois de traitements :
Aucune variation de la VS (ESR) dans le groupe traité par les médicaments
n'a été notée, par contre on note une diminution dans le taux de la VS dans le
groupe (B).
On note une diminution du pourcentage de l'hémoglobine dans le groupe
A. Par contre ce pourcentage a connu une légère augmentation statiquement non
significative chez le groupe B.
On note une diminution de concentration de la CRP (qui augmente en cas
d'inflammation) dans les deux groupes mais elle était rapide chez le groupe B.
On note une diminution rapide du facteur rhumatoïde (RF) chez le groupe
B, la Hijama donc a une grande influence sur les immunoglobulines (Ig) c’est à
dire l’immunité humoral. En revanche cette diminution était lente chez
le
groupe A.
L'augmentation de ce facteur provoque des complications qui représentent
le grand facteur de risque sur la vie du malade. L’auteur conclu que les séances
de Hijama diminuent la concentration du facteur rhumatoïde, donc l'addition de
la Hijama comme traitement adjuvant représente une action préventive de ces
complications graves.
81
Groupe A
Groupe B
Avant le traitement
Après 1 mois
Après 2 mois
Après 3 mois
Figure 28 : L’évolution des paramètres biologiques dans les deux
groupes.
- Résultats de la NFS:
-avant le traitement :
On note un niveau bas statiquement significative du nombre des globules
blancs chez les groupes A et B par rapport au groupe témoin C.
-après 3 mois de traitement:
Les séances de la Hijama ont provoqué une augmentation de nombre des
globules blancs entre autres les neutrophiles, ce qui renforce la réponse
immunitaire. En revanche chez le groupe A une diminution de nombre des
globules blancs a été notée, donc le traitement par la Hijama a réglé la
82
diminution des globules blancs causé par les médicaments, particulièrement la
méthotrexate.
- Résultats de l'examen analytique des cellules NK:
-Avant le traitement:
Le pourcentage des cellules NK chez les groupes A et B était statiquement
plus bas que celui du groupe C, et il n’y avait pas une différence statiquement
significative entre le pourcentage de NK chez les groupes A et B.
- Après 3 mois de traitement:
Une augmentation de pourcentage des cellules NK chez le groupe B a été
notée. Par contre chez le groupe soumis au traitement médical, une diminution
de ce pourcentage a été enregistrée en raison de l'utilisation des médicaments
immunosuppresseurs.
L'augmentation du pourcentage des cellules NK après l'application des
séances de Hijama augmente la réponse immunitaire et renforce l'immunité.
83
Groupe A
Groupe B
Avant le traitement
après 3 mois de traitement
Figure 29: Résultats de l'examen analytique des cellules NK
dans les deux groupes.
- Résultats de l'analyse de la concentration des récepteurs d'interleukine
SIL-2R:
-Avant le traitement
Une
concentration élevée de SIL-2R, qui renseigne sur l'activité des
lymphocytes T, a été notée, chez les groupes A et B par rapport au groupe C.
Aucune différence statiquement significative n’a été notée entre les groupes A et
B au niveau de concentration de ces récepteurs.
-Après 3 mois de traitement:
84
On note une diminution très nette de concentration des récepteurs
interleukines chez le groupe B, alors que dans le groupe A il y a avait pas de
variation.
L’augmentation de cette concentration est corrélée à une augmentation de
l'intensité de la maladie.
- Conclusion:
L’auteur a prouvé l'efficacité du traitement associant la hijama et les
médicaments sur tous les signes cliniques, par rapport au traitement basé sur
l'utilisation des médicaments seuls. Les résultats montrent une différence
statiquement significative dans les signes cliniques et dans les paramètres
biologique d'activité de la maladie chez les deux groupes de malades.
Le traitement par la Hijama ne calme pas seulement les douleurs, mais il a
également prouvé son efficacité dans le renforcement de l'immunité.
Le traitement par la Hijama induit l'accroissement des cellules NK et par
conséquent augmente la réponse immunitaire.
L’auteur propose d’associer des séances de Hijama au traitement
médicamenteux pour optimiser les résultats chez les malades atteints de PAR.
85
Groupe A
Groupe B
Avant le traitement
après 3 mois de traitement
Figure 30 : L’évolution de la maladie chez le groupe A et le groupe B
86
IV-Etudes pour confirmer deux indications principales de la
saignée
A- Porphyrie cutanée tardive chez un hémodialysé ayant une
hépatite virale C et l’efficacité du traitement par petites
phlébotomies [44].
L'objectif de ce travail était de prouver l’efficacité du traitement par des
petites phlébotomies. La porphyrie cutanée tardive, est une maladie métabolique
à expression cutanée prédominante due à l’accumulation d’un photosensibilisant
endogène, l’uroporphyrine, par déficit enzymatique en Uroporphyrinogène
décarboxylase (UPD). Il en existe trois formes : deux formes familiales et une
forme sporadique (purement hépatique) [45]. Celle-ci est liée à des facteurs
hépatotoxiques extrinsèques multiples et souvent intriqués.
L'étude a porté sur un homme de 66 ans consultant pour l’existence depuis
deux ans d’une fragilité cutanée à l’origine de lésions prurigineuses récidivantes
vésiculobulleuses du dos, des mains, du visage et du cuir chevelu, aggravées par
les microtraumatismes.
L’interrogatoire retrouvait une insuffisance rénale chronique secondaire à
une polykystose rénale nécessitant une hémodialyse et une hépatite C connue
depuis un an.
87
Fig. 31. Lésions ulcérocroûteuses et grains [44]
de milium du dos des mains.
Fig. 32. Lésions érosives du visage [44]
Fig. 33. Érosions cicatricielles du cuir chevelu [44].
Le diagnostic de PCT était confirmé par le dosage des porphyrines qui
étaient élevées dans le sang.
Le malade a bénéficié de séances de saignées de petit volume (50 ml par
semaine). Une photoprotection externe était prescrite. Des mesures d’éviction
des traumatismes et des médicaments inducteurs étaient prises. L’évolution était
favorable sans poussée bulleuse avec un recul de cinq mois.
88
Les deux cibles thérapeutiques dans la PCT sont l’élimination des
porphyrines en excès et la diminution de la surcharge en fer observée chez la
majorité des patients. Classiquement, le principal traitement est représenté par
les saignées, les antipaludéens de synthèse, la déféroxamine, l’éviction de
l’alcool, de toute substance hépatotoxique et/ou photosensibilisante ainsi qu’une
photoprotection efficace [46].
Le patient a bénéficié de petites saignées de 50 ml par semaine associées à
des mesures d’éviction. Il n’y avait pas d’indication à l’érythropoïétine du fait
qu’il n’avait pas d’anémie. La maladie paraît stabilisée avec un recul de cinq
mois. Cependant, la rémission complète nécessite plusieurs mois.
Les résultats de l'étude montrent que le traitement par des petites saignées
pourrait être une alternative intéressante chez ces patients sous réserve d'un recul
plus important.
B- Prévention des crises douloureuses drépanocytaires par
saignées itératives [47]
L'objectif de cette étude était d’étudier l’efficacité des saignées sur la
réduction de fréquence des crises douloureuses drépanocytaires responsables
d'hospitalisations, en induisant une diminution du taux d'hémoglobine et une
carence en fer chez des patients dont le taux d'hémoglobine spontané est égal ou
supérieur à 9,5 g/dl.
L'étude portait sur sept patients (quatre hétérozygotes composites SC, trois
homozygotes SS), âgés de 4 à 24 ans, qui ont été traités par des saignées
répétées pendant des périodes de 18 mois à quatre ans. Les mécanismes
89
physiopathologiques et les complications potentielles de la carence en fer induite
par les saignées sont discutés.
Le paramètre clinique pris en compte a été le nombre de journées
d'hospitalisation provoquées par la douleur.
Les saignées, en provoquant une réduction du taux d'hémoglobine,
entrainent une diminution de la viscosité sanguine [48]. On peut logiquement en
attendre une amélioration clinique.
Dans ce travail, le nombre de journées d'hospitalisation pour crises
douloureuses vaso-occlusives a diminué de façon significative sous l'influence
des saignées. De 144 journées d'hospitalisation l'année précédant la mise en
route du traitement, on a compté 20 jours à la fin de la première année de
saignées, cinq jours la deuxième année, six jours la troisième année, et un seul
jour la quatrième année.
Une autre étude [49, 50] avait montré un effet identique de la déplétion en
fer obtenue par des saignées chez un patient drépanocytaire homozygote. I1
s'agissait d'une femme âgée de 20 ans, hospitalisée pour des crises douloureuses
vaso-occlusives avec 17 hospitalisations totalisant 107 jours dans les deux
années précédant le début du protocole thérapeutique. Au cours des trente-trois
mois qui ont suivi le début des saignées, les auteurs n'ont constaté que trois
hospitalisations pour des crises douloureuses vaso-occlusives, soit une moyenne
de 0,5 jour par mois, contre 4,5 jours par mois avant la déplétion en fer.
90
Ces observations illustrent l'efficacité des saignées dans la prévention des
crises douloureuses par vaso-occlusion chez certains patients atteints d'une
forme sévère de drépanocytose avec un taux d'hémoglobine é1evé.
L’auteur conclu que la réduction du nombre de journées d'hospitalisation chez
tous les patients suggère une relation entre les saignées et l'amélioration
clinique. Le mécanisme de cet effet est probablement multifactoriel: diminution
du taux d'hémoglobine circulante, réduction de la polymérisation des molécules
d'hémoglobine S induite par la diminution de la concentration corpusculaire en
hémoglobine des hématies. II n'a pas été constaté d'effet délétère manifeste de la
carence en fer sur le développement staturo-pondéral et les acquisitions
intellectuelles des patients.
91
CONCLUSION
92
Il fut un temps où la saignée par ventouses était un traitement répandu
pour de nombreuses maladies.
La saignée a perdu sa place au 20éme siècle en raison du développement de
la médecine contemporaine. Mais, lorsqu’on s’est trouvé confronté à des
pathologies nouvelles sans solutions et à d’autres maladies causées par la
pollution et aux effets secondaires des médicaments, les médecins se sont alors
référés, entre autres, à la médecine parallèle dont la Hijama.
On assiste actuellement à un retour de cette pratique. Est-ce simplement un
phénomène de mode ou de folklore ésotérique appartenant à un autre âge ?
Ou est-ce une pratique réellement efficace et indiquée dans plusieurs
pathologies?
Dans l'état actuel des connaissances, il est difficile de trancher mis à part les
indications précisées et validées.
Pour le reste, les études scientifiques rigoureuses sont encore trop rares
pour se prononcer.
Il reste que les effets indésirables de la Hijama sont rares, son prix peu
couteux et elle est facile à mettre en œuvre. Il est cependant nécessaire de
respecter certaines règles et de maitriser les techniques ce qui nécessite des
praticiens formés pour la pratiquer.
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