Méthodologie de Soins Gineste-Marescotti® La Philosophie de l'Humanitude La Capture et le Rebouclage sensoriels La Manutention Relationnelle Le Toucher-Tendresse Vivre et Mourir debout La toilette = un soin central La Métho(1) regroupe l'ensemble des "techniques relationnelles" créées par Yves Gineste et Rosette Marescotti en plus de la philosophie de soins qu'ils ont développée et écrite : la Philosophie de l'Humanitude®. Elle permet tout d'abord une réflexion sur ce qui, à travers notre héritage culturel et historique soignant, peut constituer un frein à l'évolution des pratiques soignantes. Elle nous offre ensuite la possibilité d'affiner grandement notre travail en considérant que chaque soin est, que nous le voulions ou non, "habillé d'une relation". Considérant ce fait, les soignants(2) doivent alors optimaliser ces liens relationnels pour aider les personnes soignées à améliorer ou maintenir leur santé ou, le cas échéant, évoluer vers leur décès dans les meilleures conditions possibles. La Philosophie de l'Humanitude® : Philosopher, c'est se poser des questions telles que : "Qui suis-je?", "Où vais-je ?"… C'est le type de questions que les professionnels du monde soignant se pose trop peu, faisant souvent le choix de "panser" au lieu de "penser"... Mais peut-on réellement bien panser sans penser nous demande Gineste et Marescotti en faisant référence à la déclaration de Rabelais qui disait : "Science sans conscience n'est que ruine de l'Âme". La Philosophie de l'Humanitude répond donc, avant tout, à une simple question : "Qu'est-ce qu'un soignant ?". Pourquoi se poser une question si simpliste me diriez-vous : parce que chaque soignant y répond de façon différente ! Comment, dès lors, pouvons-nous développer une vraie cohérence d'accompagnement quand chaque intervenant véhicule une définition de son travail qui lui est propre !? La Philosophie de l'Humanitude donne des réponses tout en nous entraînant vers l'humain lui-même. Si le propre d'un soignant est d'accompagner des êtres humains dans certains domaines de leur vie, encore faut-il savoir ce qui fait la spécificité de ces êtres humains. Comment sont-ils construits (voire dé-construits) par leurs semblables ? Et comment les soignants peuvent-ils améliorer leurs pratiques pour toujours aider à construire et jamais à détruire? Connaître les piliers de l'Humanitude développés au coeur de "la Philo" peut grandement soutenir cet objectif. La Capture et le Rebouclage sensoriels® : La Capture et le Rebouclage sensoriels ont été conceptualisés par Gineste et Marescotti en 1998 parallèlement au développement de la Philosophie de l'Humanitude. Ils se déroulent en trois étapes : les préliminaires, le rebouclage sensoriel proprement dit et la consolidation émotionnelle. Leur application passe par la connaissance des piliers de l'Humanitude et par une professionnalisation du regard, du toucher et de la parole des soignants. L'usage de la Capture sensorielle constitue une véritable prévention des Comportements d'Agitation Pathologique(3) et permet d'éviter 75 à 90% de ceux-ci. Elle permet également la prévention des syndromes d'immobilisme et de glissement. La Manutention relationnelle® : Yves Gineste et Rosette Marescotti sont, de formation, professeurs d'éducation physique et sportive. Ils ont débuté leurs activités dans les milieux de soins en 1979 en faisant partie des tout premiers formateurs en manutention ("École du dos"). Très rapidement, ils ont quitté les salles éloignées des patients pour aller, avec les soignants, réaliser des apprentissages "sur le terrain". En contact permanent avec les personnes soignées, ils ont évolué. D'une conception mécaniste de la manutention, ils sont passés à une conception réhabilitante et humaniste en créant la Manutention Relationnelle. Cette dernière regroupe des techniques qui permettent aux soignants de se protéger tout en étant les plus doux possible avec les personnes qu'ils doivent déplacer. Ne pas forcer plus qu'un enfant de 10 ans est un leitmotiv en Manutention Relationnelle. Des techniques d'aide au lever et à la marche sont également enseignées. Le Toucher-Tendresse® : Certains professionnels soignants tels que les médecins, kinés, aides-soignants et infirmières/ers doivent intervenir régulièrement sur le corps de la personne qu'ils soignent. Ce faisant, ils entrent parfois brutalement dans l'intimité de l'autre. Cette "entrée chez l'autre" ne pose généralement pas de problème, la personne soignée étant capable de raisonner pour accepter ce type de toucher intrusif. Il en va tout autrement pour une personne souffrant de gros troubles cognitifs (comme les personnes présentant des syndromes démentiels) qui ne sont plus capables de raisonner et de se raisonner pour accepter ces touchers. Ces derniers sont alors souvent à l'origine de Comportements d'Agitation Pathologique. Le Toucher-Tendresse tient donc compte de la vulnérabilité de certaines personnes et permet aux soignants qui l'appliquent de développer une approche corporelle de l'autre respectueuse de ses capacités d'acceptation. Vivre et Mourir debout® : Ce concept, Yves Gineste et Rosette Marescotti l'ont déposé rapidement après leur découverte des milieux de soins, en 1983. En tant que profs de sport, ils étaient habités par une culture de promotion et d'encouragement aux mouvements. C'est donc un véritable choc culturel qu'ils ont vécu lorsqu'ils ont commencé à travailler dans les hôpitaux et les lieux d'hébergement pour personnes âgées où la culture dominante tendait plus vers l'alitement des personnes que vers leur mise en mouvement. ("Le lit guérit" - "Le patient idéal est le patient silencieux et qui ne bouge pas"). Des observations répétées leur ont appris que nombre de personnes considérées comme grabataires par les équipes soignantes étaient encore capables de marcher. Ces patients étaient donc des grabataires iatrogènes c'est-à-dire que leur grabatérisation était due à l'accompagnement proposé au sein de l'institution dans laquelle ils se trouvaient. C'est face à cette réalité que le concept de Vivre et Mourir debout a été posé. Encourager les personnes à se déplacer (si elles ne souffrent pas d'une pathologie l'interdisant et avec le support de bonnes techniques d'aide à la marche) est devenu un élément important de l'activité d'Yves Gineste et Rosette Marescotti. Ils pensent aujourd'hui que 20 minutes de verticalisation par jour évite la grabatérisation des personnes âgées et que près de 80% des grabataires que l'on retrouve dans nos établissements de soins sont des grabataires iatrogènes qui auraient pu vivre debout jusqu'aux derniers jours de leur vie. La toilette = soin central : Depuis 1979, Yves Gineste et Rosette Marescotti ont tenté de trouver des solutions pour faciliter le travail des soignants. Pour ce faire, ils ont systématiquement recherché les situations qui "posaient problème" aux équipes auprès desquelles ils intervenaient. Ils se sont donc rendus compte que les toilettes des patients/résidents sont des moments extrêmement importants dans la vie tant des soignés que des soignants. C'est en bénéficiant de ses soins d'hygiène qu'une personne soignée reçoit 50% du temps que les soignants peuvent lui consacrer en soins directs (càd en étant directement en sa présence). Il faut donc potentialiser ces moments au maximum ! En tirant cette conclusion, Gineste et Marescotti se sont dit que la toilette est véritablement un soin central. Ce laps de temps où les soignants doivent obligatoirement être aux côtés de la personne soignée peut être mis à profit pour en faire bien plus qu'un simple soin d'hygiène. C'est le moment de - maximaliser la communication (qu'elle soit verbale ou non-verbale), - favoriser l'entretien ou la réhabilitation de certaines capacités (mouvements, verticalisation, schéma corporel) en continuité avec l'action des spécialistes que sont les kinésithérapeutes, ergothérapeutes, logopèdes..., - prévenir les dégradations corporelles (escarres, irritations des plis, rétractions des membres) - optimaliser le bien-être et le confort du patient - réaliser de bonnes observations et recueils de données afin d'offrir la toilette idéale en fonction du patient. Pour assurer une bonne cohérence d'équipe et la fixation de véritables objectifs lors des toilettes, Gineste et Marescotti ont développé l'idée de toilette évaluative. Cette dernière sera l'occasion de décider quel type de toilette doit être choisi (debout, assis-debout, couché...) et selon quelles séquences elle doit être développée (toilette séquentielle). En conclusion, la Méthodologie de soins Gineste-Marescotti® est un vaste ensemble de savoirs et de savoir-faire en cohérence les uns par rapport aux autres. Former les équipes soignantes à la Métho constitue un moyen efficace pour humaniser les structures de soins et pour améliorer la qualité de l'accompagnement soignant dont chaque patient/résident/client de soins devrait pouvoir bénéficier. C'est également une force de levier pour transformer un lieu d'hébergement pour personnes âgées en véritable Milieu de Vie. Anne-Sophie HUBAUX Février 2007 (1) La Méthodologie de soins Gineste-Marescotti est protégée en France et à l'étranger. Concepts déposés : "Toucher-tendresse", "Gineste-Marescotti", "Philosophie de l'Humanitude", "Capture sensorielle", "Manutention relationnelle", "Mourir debout". (2) Par soignant, nous entendons parler de tous les professionnels exerçant une fonction d'accompagnement de personnes ayant un problème de santé (quel qu'il soit, dans le sens large de la santé proposé par l'OMS). Nous pensons donc (dans l'ordre et le désordre) aux aides-soignants, infirmières/ers, kinésithérapeutes, logopèdes, ergothérapeutes, médecins, psychologues, assistants-sociaux, animateurs en institutions de soins, éducateurs, aidesfamiliales, cadres de santé ... et toute personne dont la fonction professionnelle offre un support à un individu ayant un problème de santé. (3) Les Comportements d'Agitation Pathologique (CAP) qualifient les comportements d'opposition voire d'agressivité que peuvent présenter des personnes souffrant de troubles cognitifs (généralement des personnes atteintes d'un syndrome démentiel) lors des soins. Ils peuvent survenir jour et nuit et particulièrement lors des toilettes, des changes de protections d'incontinence, des transferts, des repas... Ces comportements sont souvent difficiles à gérer par les soignants et sont source d'une véritable souffrance psychologique pour ces derniers. Ils sont aussi parfois (surtout au Québec) appelés Comportements Agressifs et Perturbateurs.