L’égalité politique des femmes Une série de 12 visuels Conquérir le droit et la justice est une tâche longue et périlleuse. Que de luttes aura-t-il fallu pour que l’évidence s’impose aux yeux de tous : « les hommes et les femmes naissent libres et égaux en droit ». Pour organiser ce droit et faire fonctionner la démocratie durablement une autre évidence est apparue : quelle que soit l’expérience menée, toute forme de prise en main de la gouvernance par une élite ou une partie de la population n’a jamais abouti sur autre chose que la dictature, au mieux, le retour de pouvoirs élitistes. Pas d’aménagement au suffrage, seul le peuple, la société des hommes et des femmes, peut et doit être souverain. Tous, hommes et femmes libres de ce pays, nous devions pouvoir voter. Une fois ce principe révélé, va perdurer longtemps, très longtemps, une situation paradoxale : concevoir, se battre et finalement imposer « le suffrage universel » en oubliant la moitié de l’humanité, la moitié de notre peuple. La véritable histoire suffrage universel ne peut s’écrire sans l’histoire de l’inégalité politique entre les hommes et les femmes qui a perduré jusqu’à récemment. Ce rêve d’égalité est en partie accompli, depuis à peine trois générations. À charge aux citoyens et aux citoyennes de l’utiliser car une liberté chèrement acquise et dont on ne profite pas est une liberté en danger... ò P L A N 1 - Titre et introduction 2 - Aux origines du vote… C’est au Ve siècle av. J.-C., à Athènes, que naît l’idée de citoyenneté. La femme grecque / La femme romaine 3 - Le temps du plus fort Après quatre siècles de domination, l’Empire romain s’est effondré, livré aux migrations et aux invasions. Les Celtes / Les femmes gallo-romaines 4 - Des expériences électives au Moyen Âge Des communautés choisissent de s’administrer avec des représentants désignés ou élus. Monarchie de droit divin / Les femmes au Moyen Âge / La loi salique 5 - Ruptures et nouvelle conception : la citoyenneté La Renaissance (XVe et XVIe siècles) bouleverse la conception du monde. La sorcellerie / Les premières voix / Le Siècle des Lumières pour les femmes 6 - La Révolution française, le suffrage inachevé… La Révolution inaugure un principe fondateur : c’est du peuple que le pouvoir tirera sa légitimité. Condorcet, le visionnaire / La presse feministe / Olympe, Théroigne, Claire et les autres 7 - 1799 - 1848, de l’art de limiter la portée du suffrage La Constitution républicaine de 1799 rétablit le suffrage universel mais cache un pouvoir autoritaire.... Code civil (18 mars 1804) / La restauration et les utopistes 8 - Universel direct… au prix d’une autre révolution ! La très grande majorité des Françaises restent privées de l’expression démocratique. Flora Tristan / George Sand 9 - Un principe fragile mais irréversible La loi du 31 mai 1850 augmente de 6 mois à 3 ans l’obligation de résidence pour voter. Les principaux acquis jusqu’en 1904 10 - « Un universel qui exclut la moitié de l’humanité ! » Les suffragettes / le féminisme antilaïc 11 - La IVe et Ve République Les femmes prennent une part active à la Résistance, les armes à la main. Les femmes dans la Résistance / Simone de beauvoir (1908-1986) 12 - Le défi de la parité... La République ne peut se faire sans nous... ò Deux histoires en parallèle L’histoire du suffrage ... L’Antiquité, aux origines du vote C’est au Ve siècle av. J.-C., à Athènes, que naît l’idée de citoyenneté. Face aux dérives des pouvoirs aristocratiques, la réforme de Clisthène (-546) définit le principe d’appartenance à la cité. Femmes, étrangers ou esclaves n’ont pas le droit de vote, mais 20 % des habitants sont citoyens. Les citoyens participent à l’assemblée, l’ecclésia, qui élit les stratèges, vote les lois et les budgets. La citoyenneté romaine est plus élargie. Le droit de cité concerne tous les hommes libres nés d’un père et d’une mère libres. Les citoyens jouissent de droits politiques (vote, éligibilité) et de droits civils (propriété, mariage, actions en justice…). Ils ont le devoir de défendre la cité et payer le tribut. Fils d’affranchis ou étrangers libres peuvent devenir citoyens. L’idée d’œuvrer pour, la « chose publique » ou Respublica, prend corps. LE CITOYEN ROMAIN L’Empire romain va compter, à l’aube de l’ère chrétienne, près de 6 millions de citoyens dans tout l’Empire. Le citoyen est fier de sa double appartenance civique, « une patrie de nature, une patrie de citoyenneté » (Des lois - Cicéron). LE CITOYEN GREC En Grèce, à Athènes et dans l’ensemble des communautés qui lui sont rattachées, au moins 30 000 personnes étaient déclarées citoyens d’Athènes. LA FEMME ROMAINE LA FEMME GRECQUE Le rôle de la femme mariée est d’abord de donner des fils pour assurer la transmission des biens paternels. Le citoyen grec doit prendre pour épouse la fille d’un autre citoyen. L’adultère est réprouvé, seulement pour les femmes. Une femme de l’élite ne sort que pour participer à des cérémonies. Les femmes du peuple disposent d’une plus grande liberté de mouvement. Elle est soumise au « pater familias » avant de passer sous l’autorité d’un mari. Les mariages sont souvent arrangés, le mari peut punir de mort son épouse pour adultère, ou la répudier pour avortement ou stérilité. Comme la femme grecque, elle est considérée comme mineure, traitée selon le principe de « l’imbecillitas sexus », et n’a que très peu de droits. L’évolution du statut politique et des droits de la femme ò Plusieurs niveaux de lecture L’histoire du suffrage universel Titre La révolution francaise, le suffrage inachevé La Révolution inaugure un principe fondateur : c’est du peuple que le pouvoir tirera sa légitimité. Mais ne votent, pour l’élection du tiers état, que les hommes français de plus de 25 ans payant une contribution. Sous-titre(s) SANS-CULOTTE Texte châpeau Texte détail Nom que se donnaient les révolutionnaires de 1792 en abandonnant la culotte des aristocrates pour le pantalon. Ce nom incarne la révolte des humbles, épris de liberté, et rejetant une société inégalitaire. La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 proclame la souveraineté de la Nation sans instituer le suffrage universel. La Constitution de 1791 divise le peuple en citoyens actifs ou passifs. Femmes, indigents, domestiques sont exclus. En 1793, la Constitution institue une première fois le suffrage universel direct pour tous citoyens d’au moins 21 ans. En 1795, on restaure la distinction entre passifs et actifs. La réaction thermidorienne rétablit les privilèges politiques au profit des riches. Le temps du plus fort Après quatre siècles de domination, l’Empire romain s’est effondré, livré aux migrations et aux invasions. Avec le baptême de Clovis (496 env.), héritier des Francs-Saliens, débute le Moyen Âge et la formation du Royaume franc. Clovis espère s’imposer ainsi aux populations gallo-romaines des territoires conquis. LA PRESSE FEMINISTE Les Francs-Saliens, loin d’être tous convertis, s’intègrent pacifiquement dans les communautés. Avec Clovis baptisé, la monarchie de droit divin se met en place. L’étendue du royaume et l’insécurité qui y règne sont à la base de la société féodale. Un réseau hiérarchisé, véhicule de l’autorité royale et symbole de l’autorité spirituelle de l’Église chrétienne. La presse féminine apparaît dans les dernières années de la monarchie... SOLDAT DE L’AN II L’un d’eux écrivait : « Je me suis enrôlé sous les drapeaux de la liberté et je sers pour la paix, l’honneur et l’amour de la France ». Ils étaient mal équipés, parfois pieds nus ou en sabots mais animés d’une foi inébranlable dans l’idéal républicain. Le sacre de Clovis CONVENTIONNEL Malgré la guerre et le déchaînement des passions politiques, la Convention organisa la République, de 1792 à 1795, et l’oeuvre, bien qu’inachevée, fut d’une prodigieuse ampleur. ... Des journaux masculins soutenant la cause féminine, des journaux de groupes de femmes, très revendicatifs, enfin des journaux rédigés par des hommes ou des femmes destinés aux femmes, ceux-là ne rompant pas toujours avec les préjugés. CONDORCET, le visionnaire Convaincu que l’égalité en droit est au centre de la rénovation sociale, il imagine un enseignement public, laïque, gratuit, obligatoire et mixte... ... Et aussi l’accès des filles à l’instruction, la formation professionnelle et continue, propose l’égalité civile, politique et salariale, lutte contre la mortalité et pour le secours aux orphelins... Il meurt en prison, en 1794. OLYMPE, THÉROIGNE, CLAIRE ET LES AUTRES Les femmes participent aux événements de la Révolution, s’organisent en associations, une presse naît, mais cette agitation ne produit que peu de résultats Les femmes obtiennent le droit de succession, le divorce (institué en septembre 1792 et plus favorable aux hommes). Olympes de Gouges rédige sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Théroigne de Méricourt, Claire Lacombe militeront pour le suffrage universel, le divorce, la liberté sexuelle. Titre Femme druidesse LA FEMME GALLO-ROMAINE En moins d’un siècle, les femmes du monde celte vont perdre leurs droits, la loi romaine s’imposant progressivement. Les druides finissent par être interdits, les révoltes matées, le latin s’impose dans les classes aisées et donne naissance à la langue romane. LES CELTES Les Celtes maintiennent l’équilibre entre les deux sexes. La femme n’est pas mariée contre son gré, a une dot et, plus tard, peut disposer de son bien. Le divorce est accepté, mais l’homme a droit de mort sur son épouse et ses enfants, comme à Rome. Le christianisme se développe à partir de Marseille, la vallée du Rhône puis Lyon. Au sein des peuples germaniques une domination masculine s’exerce avec une rigueur extrême. L’’intérêt que représente la femme est fonction de son aptitude à enfanter, la répudiation est possible si la femme est stérile, l’adultère de la femme peut être puni de mort. Le droit qui s’exerce est un mélange de traditions d’origine franc, de droit romain et de droit canonique. Les pratiques judiciaires ne sont pas figées par des textes et sont variables d’une ville à l’autre. Dans cet environnement, Texte châpeau Texte détail L’évolution du statut politique des femmes ò L’ÉGALITÉ POLITIQUE DES FEMMES Conquérir le droit et la justice est une tâche longue et périlleuse. Combien de combats, de victimes aura-t-il fallu pour que l’évidence s’impose aux yeux de tous : « les hommes et les femmes naissent libres et égaux en droit ». Pour organiser ce droit et faire fonctionner la démocratie durablement une autre évidence est apparue : quelle que soit l’expérience menée, toute forme de prise en main de la gouvernance par une élite ou une partie de la population n’a jamais abouti sur autre chose que la dictature, au mieux, le retour de pouvoirs élitistes. Pas d’aménagement au suffrage, seul le peuple, la société des hommes et des femmes, peut et doit être souverain. Tous, hommes et femmes libres de ce pays, nous devions pouvoir voter. Une fois ce principe révélé, va perdurer longtemps, très longtemps, une situation paradoxale : concevoir, se battre et finalement imposer « le suffrage universel » en oubliant la moitié de l’humanité, la moitié de notre peuple. La véritable histoire suffrage universel ne peut s’écrire sans l’histoire de l’inégalité politique entre les hommes et les femmes qui a perduré pendant 2 500 ans. Ce rêve d’égalité est en partie accompli, depuis à peine trois générations. À charge aux citoyens et aux citoyennes de l’utiliser car une liberté chèrement acquise et dont on ne profite pas est une liberté en danger... ... L’Antiquité, aux origines du vote C’est au Ve siècle av. J.-C., à Athènes, que naît l’idée de citoyenneté. Face aux dérives des pouvoirs aristocratiques, la réforme de Clisthène (-546) définit le principe d’appartenance à la cité. Femmes, étrangers ou esclaves n’ont pas le droit de vote, mais 20 % des habitants sont citoyens. Les citoyens participent à l’assemblée, l’ecclésia, qui élit les stratèges, vote les lois et les budgets. La citoyenneté romaine est plus élargie. Le droit de cité concerne tous les hommes libres nés d’un père et d’une mère libres. Les citoyens jouissent de droits politiques (vote, éligibilité) et de droits civils (propriété, mariage, actions en justice…). Ils ont le devoir de défendre la cité et payer le tribut. Fils d’affranchis ou étrangers libres peuvent devenir citoyens. L’idée d’œuvrer pour, la « chose publique » ou Respublica, prend corps. LE CITOYEN ROMAIN L’Empire romain va compter, à l’aube de l’ère chrétienne, près de 6 millions de citoyens dans tout l’Empire. Le citoyen est fier de sa double appartenance civique, « une patrie de nature, une patrie de citoyenneté » (Des lois - Cicéron). LE CITOYEN GREC En Grèce, à Athènes et dans l’ensemble des communautés qui lui sont rattachées, au moins 30 000 personnes étaient déclarées citoyens d’Athènes. LA FEMME ROMAINE LA FEMME GRECQUE Le rôle de la femme mariée est d’abord de donner des fils pour assurer la transmission des biens paternels. Le temps du plus fort Après quatre siècles de domination, l’Empire romain s’est effondré, livré aux migrations et aux invasions. Avec le baptême de Clovis (496 env.), héritier des Francs-Saliens, débute le Moyen Âge et la formation du Royaume franc. Clovis espère s’imposer ainsi aux populations gallo-romaines des territoires conquis. Elle est soumise au « pater familias » avant de passer sous l’autorité d’un mari. Les mariages sont souvent arrangés, le mari peut punir de mort son épouse pour adultère, ou la répudier pour avortement ou stérilité. Le citoyen grec doit prendre pour épouse la fille d’un autre citoyen. L’adultère est réprouvé, seulement pour les femmes. Une femme de l’élite ne sort que pour participer à des cérémonies. Les femmes du peuple disposent d’une plus grande liberté de mouvement. Comme la femme grecque, elle est considérée comme mineure, traitée selon le principe de « l’imbecillitas sexus », et n’a que très peu de droits. Des expériences électives au Moyen-Âge Des communautés choisissent de s’administrer avec des représentants désignés ou élus. Les villes libres ont des conseils de ville. Les Francs-Saliens, loin d’être tous convertis, s’intègrent pacifiquement dans les communautés. Avec Clovis baptisé, la monarchie de droit divin se met en place. L’étendue du royaume et l’insécurité qui y règne sont à la base de la société féodale. Un réseau hiérarchisé, véhicule de l’autorité royale et symbole de l’autorité spirituelle de l’Église chrétienne. Ce qui arrive, les Francs-Saliens, loin d’être tous convertis, s’intègrent pacifiquement dans les communautés. Avec Clovis baptisé, la monarchie de droit divin se met en place. L’étendue du royaume et l’insécurité qui y règne sont à la base de la société féodale. Un réseau hiérarchisé, véhicule de l’autorité royale et symbole de l’autorité spirituelle de l’Église chrétienne. Avec le baptême de Clovis (496 env.), héritier des Francs-Saliens, débute le Moyen Âge et la formation du Royaume franc. Clovis espère s’imposer ainsi aux populations gallo-romaines des territoires conquis. Le sacre de Clovis LE COMPAGNON Au Moyen Âge, les compagnons s’organisaient en loges au sein desquelles ils étudiaient les techniques de leur corporation, pouvaient participer aux débats et aux votes lors des prises de décisions. LA LOI SALIQUE Les trois fils de Philippe le Bel sont régner : Louis X le Hutin (1314-1316), Philippe V le Long (1316-1322) et Charles IV le Bel (1322-1328) DES ORDRES RELIGIEUX Au Moyen Âge, les dominicains, les franciscains, les carmes ou les augustins ont recours au vote. Les trois fils de Philippe le Bel vont régner et mourir sans héritier mâle. À la mort de Charles IV, les femmes, déjà exclues de la succession selon les lois franc-saliennes, cessent de pouvoir transmettre ce droit, écartant définitivement l’hypothèse d’une femme au trône de France. Femme druidesse LA FEMME GALLO-ROMAINE En moins d’un siècle, les femmes du monde celte vont perdre leurs droits, la loi romaine s’imposant progressivement. Les druides finissent par être interdits, les révoltes matées, le latin s’impose dans les classes aisées et donne naissance à la langue romane. LES CELTES Les Celtes maintiennent l’équilibre entre les deux sexes. La femme n’est pas mariée contre son gré, a une dot et, plus tard, peut disposer de son bien. Le divorce est accepté, mais l’homme a droit de mort sur son épouse et ses enfants, comme à Rome. Le christianisme se développe à partir de Marseille, la vallée du Rhône puis Lyon. Au sein des peuples germaniques une domination masculine s’exerce avec une rigueur extrême. L’’intérêt que représente la femme est fonction de son aptitude à enfanter, la répudiation est possible si la femme est stérile, l’adultère de la femme peut être puni de mort. Le droit qui s’exerce est un mélange de traditions d’origine franc, de droit romain et de droit canonique. Les pratiques judiciaires ne sont pas figées par des textes et sont variables d’une ville à l’autre. Dans cet environnement, MONARCHIE DE DROIT DIVIN À partir du IVe siècle, l’Église chrétienne va imposer son autorité à l’organisation politique. La conversion de Clovis est une étape. Les Mérovingiens (496-713) perdront leur autorité et les Carolingiens (713-997) auront à reconstituer un royaume. Les derniers Carolingiens et les Capétiens seront des rois de droit divin. L’objectif de l’Église est l’évangélisation d’une société encore largement païenne. Les femmes, plutôt favorables à l’idée, participent à la fondation des monastères qui deviennent aussi des lieux d’éducation. LES FEMMES AU MOYEN-ÂGE Pour l’Église, le mariage est sacré, seule la procréation lui donne du sens, le divorce est prohibé (hors stérilité). Aux Xe et XIe siècles, des femmes de la noblesse imposent leur autorité sur de vastes domaines, jugent et lèvent des taxes. Dans la pauvreté ou l’insécurité, un relatif équilibre s’établit entre les hommes et les femmes des milieux populaires. Les femmes de la noblesse sont privées de tout droit sur leur héritage. ò La révolution francaise, le suffrage inachevé Rupture et nouvelle conception : la citoyenneté La Renaissance bouleverse la conception du monde. Les philosophes relisent les textes anciens. Chaque homme peut penser par lui-même et cela fonde son identité, sa dignité. L’Église subit les assauts de la Réforme, dès le XVIe siècle. La Révolution inaugure un principe fondateur : c’est du peuple que le pouvoir tirera sa légitimité. En Angleterre, en 1688, le Parlement anglais voit son pouvoir renforcé, le débat public et la presse libre s’installer. Les philosophes contestent l’absolutisme, la tradition monarchique héréditaire, l’arbitraire du droit divin. Montesquieu plaide pour la séparation des pouvoirs mais pas pour le suffrage universel. Rousseau, au nom de l’égalité naturelle, est partisan de la démocratie directe. L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert expose à tous les progrès de la connaissance et de cette nouvelle citoyenneté. Mais ne votent, pour l’élection du tiers état, que les hommes français de plus de 25 ans payant une contribution. SANS-CULOTTE Nom que se donnaient les révolutionnaires de 1792 en abandonnant la culotte des aristocrates pour le pantalon. Ce nom incarne la révolte des humbles, épris de liberté, et rejetant une société inégalitaire. La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 proclame la souveraineté de la Nation sans instituer le suffrage universel. La Constitution de 1791 divise le peuple en citoyens actifs ou passifs. Femmes, indigents, domestiques sont exclus. En 1793, la Constitution institue une première fois le suffrage universel direct pour tous citoyens d’au moins 21 ans. En 1795, on restaure la distinction entre passifs et actifs. La réaction thermidorienne rétablit les privilèges politiques au profit des riches. LES PHILOSOPHES DES LUMIÈRES Sous leur impulsion, les lieux de rencontres et d’échanges entre intellectuels et humanistes vont se multiplier et la diffusion de ces idées de progrès s’accélérer. LA PRESSE FEMINISTE LA SORCELLERIE Les XVe et XVIe siècles vont développer une psychose associant les femmes au satanisme. L’Inquisition multiplie les procès en sorcellerie. La femme est crédule, peu intelligente, bavarde, colérique, menteuse, insatiable sexuellement. Forcément le diable n’est pas loin. LE SIÈCLE DES LUMIÈRES ET LES FEMMES Indifférents, conformistes, condescendants voire critiques à l’égard des femmes... Les philosophes des Lumières ne vont rien changer au sort de celles-ci. Les femmes du peuple travaillent et enfantent, sans contrepartie. Des femmes éduquées vont démontrer leurs capacités et s’engager dans les débats... Christine de Pisan (1364-1429), Agnès Sorel (1422-1450), Anne de Bretagne (1477 / 1514), Marguerite de Navarre (1492 / 1549), Louise Labé (1524-1566), Marie de Gournay (1566 / 1645), Madame de Maintenon (1635-1719)... Cornélius Agrippa (1486-1535), Michel de Montaigne (1533-1592) ou François Poullain de la Barre (1647-1723) vont être de leurs premiers alliés. Le pouvoir masculin s’exerce avec la même rigueur. Les femmes n’ont aucun droit politique, les droits civils leur sont désavantageux, le viol non reconnu. Les infanticides sont pendus, beaucoup de femmes se prostituent. À la veille de la Révolution, les orphelins représentent le tiers des naissances à Paris. 15 % des femmes ont des connaissances de base. Le droit de vote est accordé aux citoyens à partir de 21 ans. Mais c’est le gouvernement qui choisit, parmi les élus, fonctionnaires et parlementaires. Après la farce démocratique de l’Empire, la Restauration tente l’expérience de la monarchie parlementaire et institue un suffrage censitaire nécessitant de payer pour voter ou être candidat. ... Des journaux masculins soutenant la cause féminine, des journaux de groupes de femmes, très revendicatifs, enfin des journaux rédigés par des hommes ou des femmes destinés aux femmes, ceux-là ne rompant pas toujours avec les préjugés. SOLDAT DE L’AN II L’un d’eux écrivait : « Je me suis enrôlé sous les drapeaux de la liberté et je sers pour la paix, l’honneur et l’amour de la France ». Ils étaient mal équipés, parfois pieds nus ou en sabots mais animés d’une foi inébranlable dans l’idéal républicain. CONDORCET, le visionnaire CONVENTIONNEL Malgré la guerre et le déchaînement des passions politiques, la Convention organisa la République, de 1792 à 1795, et l’oeuvre, bien qu’inachevée, fut d’une prodigieuse ampleur. Convaincu que l’égalité en droit est au centre de la rénovation sociale, il imagine un enseignement public, laïque, gratuit, obligatoire et mixte... ... Et aussi l’accès des filles à l’instruction, la formation professionnelle et continue, propose l’égalité civile, politique et salariale, lutte contre la mortalité et pour le secours aux orphelins... Il meurt en prison, en 1794. OLYMPE, THÉROIGNE, CLAIRE ET LES AUTRES Les femmes participent aux événements de la Révolution, s’organisent en associations, une presse naît, mais cette agitation ne produit que peu de résultats Les femmes obtiennent le droit de succession, le divorce (institué en septembre 1792 et plus favorable aux hommes). Olympes de Gouges rédige sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Théroigne de Méricourt, Claire Lacombe militeront pour le suffrage universel, le divorce, la liberté sexuelle. Le suffrage universel direct… au prix d’une autre révolution ! 1799 - 1848, de l’art de limiter la portée du suffrage La Constitution républicaine de 1799 rétablit le suffrage universel mais cache un pouvoir autoritaire. La presse féminine apparaît dans les dernières années de la monarchie... LES PREMIÈRES VOIX La très grande majorité des Française restent privées de l’expression démocratique. Les d’électeurs tombe à moins de 100 000. En 1830, le régime est balayé par la Révolution. De 1830 à 1848, la Monarchie de Juillet étend le droit de vote à tout homme de 25 ans ayant payé 200 francs d’impôts. Le nombre d’électeurs passe à 241 000. Mais les femmes et l’immense majorité du pays restent exclues de la citoyenneté. Pour la première fois dans l’histoire, un pays s’engage dans la voie du suffrage universel, celle d’un peuple souverain. 9 millions de citoyens vont être inscrits sur les listes... Mais les femmes sont toujours oubliées ! L’opposition républicaine réclame une réforme électorale et organise la campagne des banquets, en 1847. La surdité du pouvoir aboutit à la révolution en février 1848 et à la proclamation de la IIe République. INSURGÉ DE 1848 INSURGÉ DE 1830 La campagne des banquets menée pour l’extension du droit de vote aboutit aux journées de février 1848 et à la révolte des ouvriers républicains. Le roi abdiqua, le 24 février, et la IIe République fut proclamée. La Révolution de 1848 eut des répercussions importantes en Europe. La violation de la Charte par Charles X provoqua les Trois Glorieuses de 1830... Des ouvriers, des bourgeois, d’anciens militaires de l’Empire, des étudiants, en particulier ceux de l’école Polytechnique, se liguèrent contre l’abus de pouvoir royal. Derrière les barricades on brandit le drapeau tricolore et on chanta la Marseillaise. Saint-Simon et Fourrier LA RESTAURATION ET LES UTOPISTES GAVROCHE Le personnage né de l’imagination de Victor Hugo incarne l’enfant du peuple, frondeur et brave... D’autres gavroches avaient sans doute pris la Bastille... D’autres, plus tard, seront sur les barricades de la Commune ou sur celles de la Libération. Au XIXe siècle, dans l’industrie, les journées sont de 12 à 15 heures, les accidents fréquents, les salaires très bas, le repos hebdomadaire pas respecté, Il n’y a pas d’assurance maladie, accident ou vieillesse... La Restauration est aussi celle d’un ordre ancien, s’accommodant de la pauvreté des gens, et le retour du mépris pour les femmes. Les idées de Saint-Simon, comme celles de Fourier, se propagent et sensibilisent lentement la société à la question sociale et aux droits des femmes qui se rapprochent des mouvements saint-simoniste et fouriériste. FLORA TRISTAN LE CODE CIVIL (18 mars 1804) et les femmes Pour Bonaparte, le rôle des femmes est de procréer et la codification de leurs droits va se faire au détriment de leurs attentes. La femme est considérée comme mineure, le divorce maintenu mais favorable au mari. L’inégalité est manifeste dans tous les actes de la vie. Plus tard (1810), le code pénal punira l’adultère de prison pour la femme, d’une simple amende pour l’homme. Au coeur et au fait de la condition des travailleurs, elle milite sur le terrain et devient l’une des figures marquantes de la classe ouvrière. Flora Tristan est née en 1803, dans la misère. Mariée contre son gré, elle fuit en Angleterre, puis au Pérou et revient en France, en 1835. Flora pense que les travailleurs ne seront sauvés que par eux-mêmes et doivent s’unir, les femmes doivent se former. Son message est universel, il inspirera Marx. Elle meurt à Bordeaux, en 1844. GEORGE SAND (1804-1876) George Sand est une vraie romantique qui pense que la femme est victime de l’homme et de son égoïsme. Elle s’attaque à l’institution du mariage. Animée par l’idéal républicain, elle participe aux côtés de Ledru-Rollin aux événements de 1848. Interdite de politique sous le Second Empire, elle se consacre à son œuvre littéraire. George Sand décède, le 8 juin 1876, en laissant une œuvre qui la place au premier rang des écrivains français. ò Un principe fragile mais irréversible La loi du 31 mai 1850 augmente de 6 mois à 3 ans l’obligation de résidence pour voter. 3 millions de citoyens sont privés de droit de vote. « un universel qui exclut la moitié de l’humanité ! » La participation des femmes à l’effort de guerre va justifier le combat des suffragettes. Après les élections de 1879, gagnées par les républicains , la révision constitutionnelle de 1884 exclue tout retour de la monarchie. Le suffrage « universel » sans critère de fortune n’est plus contesté. Seuls, de 1872 à 1944, les militaires seront privés du droit de vote... et les femmes. Mais, à quatre reprises, la loi est repoussée par le Sénat (1919, 1925, 1932 et 1935). Si cette revendication ne fait pas l’unanimité, elle doit, à terme, consacrer l’égalité des sexes. L’immédiate après-guerre est une déception, c’est le retour de l’ordre ancien et de la pénalisation de l’avortement (loi de 1920). Les suffragettes vont se battre 15 ans encouragées par leurs consoeurs anglo-saxonnes, récompensées elles de leur ténacité. Louis Napoléon Bonaparte rétablit l’Empire par plébiscite le 2 décembre 1852, l’Assemblée est élue mais ses pouvoirs sont restreints. Le régime devient plus libéral vers1860 mais ne survit pas à la défaite de 1870. Après la révolte de la Commune, en 1871, où les femmes prennent une part active, la République est votée, en 1875 . POILU DE 14-18 Dans l’enfer des tranchés, dans la boue et dans le froid, ils furent des millions, les poilus de la Grande Guerre, à subir l’inimaginable pour défendre la France et la République. INSTITUTRICE ET INSTITUTEUR DE 1895 Au service des lois donnant à l’enseignement primaire son triple caractère d’obligation, de gratuité et de laïcité, des milliers de hussards de la République menèrent la plus belle des conquêtes : celle de l’instruction pour tous ! Après les élections de 1879, gagnées par les républicains, la révision constitutionnelle de 1884 exclue tout retour de la monarchie. Le suffrage « universel » sans critère de fortune n’est plus contesté. Seuls, de 1872 à 1944, les militaires seront privés du droit de vote... et les femmes. SUFFRAGETTES Elles furent de plus en plus nombreuses au fil du temps à revendiquer les droits de la citoyenneté et en particulier le droit de vote. Des hommes de progrès furent leurs alliés mais l’archaïsme et l’obscurantisme ne cèdent pas facilement ! LES PRINCIPAUX ACQUIS DES FEMMES DE 1907 A 1938 1907 - Éligibilité aux conseils des prud’hommes. 1909 - Instauration du congé de maternité de huit semaines (sans traitement). 1910 - Congé maternité de deux mois avec traitement pour les institutrices. 1911 - Congé-maternité aux employées des PTT. 1912 - Loi sur la recherche en paternité des enfants naturels. 1915 - Salaire minimum pour les travailleuses à domicile. 1920 - Création d’un comité central des Allocations Familiales. 1924 - Loi sur le délit d’abandon. 1928 - Le congé maternité étendu à toute la fonction publique. 1938 - Les femmes acquièrent la capacité juridique. GARDE NATIONAL DE 1870 Au sein de la Commune de Paris, la Garde Nationale constituait la seule entité organisée militairement. Avec les autres fédérés, les gardes payèrent un lourd tribut durant la Semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871. LES ASSOCIATIONS FÉMINISTES ET LES REVENDICATIONS SE STRUCTURENT : LES PRINCIPAUX ACQUIS JUSQU’EN 1904 1874, le travail « sous terre » des femmes et le travail de nuit pour les moins de 21 ans sont interdits. 1884, la loi rétablit le divorce à l’exclusion du consentement mutuel. 1892, journée de 11 h. pour les femmes, 10 h. pour les filles de moins de 13 ans. 1897, la femme peut témoigner dans les actes d’état-civils et notariés. 1900, éligibilité des femmes aux conseils du travail. 1902, journée de travail abaissée à 10 h. 30, puis à 10 h. en 1904. droit au travail, droits civils et politiques, onze congrès nationaux ou internationaux, de 1878 à 1913, préciseront ces revendications. La République a pour symbole une femme, Marianne, mais celles-ci ne voient que de peu de progrès alors que le Code civil reste prédominant pour définir leur statut social et politique. Alors que la France est encore occupée, le 29 avril 1944, le gouvernement provisoire leur accorde le droit de vote. Elles l’exercent enfin aux municipales du 29 avril 1945 et aux législatives du 21 octobre 1945. La revendication de l’égalité politique va se lier à une autre idée. Élir les femmes, c’est contribuer aux progrès sociaux, au recul de la pauvreté, de l’alcoolisme, des violences, à la moralisation des mœurs... Les féministes recrutent dans les milieux catholiques et affichent peu à peu des revendications motivées aussi par le combat antilaïc. Ce débordement des mouvements aura un impact dans les décisions du Sénat, inquiet pour le régime républicain de l’influence de l’Église. LES SUFFRAGETTES À partir des années 1890, les revendications vont se préciser. Par la suite, Hubertine Auclert, Marguerite Durand, Maria Pognon, Marie Guillot, Hélène Brion vont faire de l’égalité politique leur objectif majeur. Elles créent des journaux (La Citoyenne, La Fronde...) et, suivant l’exemple anglais, engagent des actions spectaculaires et se fédèrent, en 1901. La paix retrouvée, dès 1919, le vote des femmes est à l’ordre du jour. Les partis ouvriers soutiennent ce combat, les Congrès internationaux posent la question solennellement, des pétitions sont organisées, les femmes se présentent aux élections, leurs candidatures sont refusées. À quatre reprises, le Sénat repousse le projet de loi. Malgré la persévérance des suffragettes (Nelly Roussel, Edmée de la Rochefoucault, Louise Weiss ou Cécile Brunschwig...), le mouvement s’essouffle à la fin des années 1930. La République ne peut se faire sans nous ! La IVe et Ve République Les femmes vont prendre une part active à la Résistance, les armes à la main. Le FÉMINISME ANTILAÏC En 1995, si les femmes votent depuis 50 ans, la proportion de celles-ci en politique reste en panne, de 6 à 8 % de l’ensemble des élus de la République. La Constitution est votée en 1946 et la IVe République instituée en 1947. Trop instable, elle ne résiste pas aux événements de mai 1958. La Ve République débute alors et administre toujours notre pays. L’égalité politique est désormais au sommet de la loi en France, en entête du préambule de la Constitution de 1946. En 1999, « l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives » est constitutionnalisé. La loi du 6 juin 2000, fait obligation de présenter un nombre égal de femmes et d’hommes lors des scrutins de liste et organise un système de retenue financière en cas de non-respect de la parité. SOLDAT DE LA FRANCE LIBRE Rescapés de Dunkerque, Français fuyant l’occupation dès 1940, Français d’outre-mer, et d’innombrables combattants indigènes... Ils composèrent les forces de la France libre et combattirent en nombre en Afrique, en italie, en France et en Allemagne et mis à contribution par les alliés dans de nombreuxs théâtres d’opérations. Les dispositions prises en complément, de 2008 à 2013, visent à étendre le principe de la parité aux responsabilités professionnelles et sociales, au sein des conseils d’administration des entreprises , à la fonction publique, dans l’enseignement supérieur et la recherche, pour les élections départementales et au sein des communes de plus de 1 000 habitants. SIMONE DE BEAUVOIR (1908-1986) RESISTANTS DE L’OMBRE Des milliers de citoyens ordinaires menèrent, dès 1940, le combat clandestin contre l’occupant ... Glaneurs de renseignements, saboteurs, agents de liaison... beaucoup périrent sous la torture ou dans les camps d’extermination. Simone de Beauvoir, agrégée de philosophie, rencontre Jean-Paul Sartre en 1929. En 1949, son livre Le Deuxième Sexe analyse la condition féminine à travers l’histoire. Elle démontre qu’aucune donnée biologique, morphologique ou sexuelle ne justifie la ségrégation des femmes et que l’oppression subie n’est pas une donnée naturelle mais un fait socioculturel. Le succès est considérable. LES FEMMES DANS LA RÉSISTANCE Secrétaires, ouvrières, enseignantes, fonctionnaires… Elles sont des dizaines de milliers dans la Résistance ou les Forces Françaises Libres, aux transmissions, à l’intendance, infirmières, chirurgiennes, dans le renseignement, à la réception des parachutages, pilotes d’avion de liaison, parachutées parfois en France, dans la presse clandestine, aux combats en Italie et en Allemagne, LES PRINCIPAUX ACQUIS DES FEMMES DE 1945 A 1968 1945 - Le salaire féminin est supprimé. 1947 - Madame Poinso-Chapuis est la première femme ministre. 1955 - L’avortement thérapeutique est autorisé en France, la pilule contraceptive est inventée aux USA. 1959 - Mixité dans l’enseignement secondaire. 1960 - Les mères célibataires peuvent avoir un livret de famille. 1965 - Une femme mariée peut exercer une activité sans le consentement de son mari. 1966 - Le congé maternité est porté à 14 semaines. 1967 - La loi Neuwirth autorise la contraception. 1968 - Le pape Paul VI condamne le recours aux méthodes de contraception. La vie en communauté peut être soumise à l’arbitraire d’un chef. Mais la République hait la soumission. Elle nous confère pour cela la citoyenneté et nous apporte son environnement essentiel de droits et de libertés publiques. Mais quelles garanties avons-nous de voir nos libertés être respectées ? Dans ce domaine, la République ne peut rien sans nous ! Le recul ou la faiblesse de notre participation est un coup porté à la souveraineté républicaine, menaçant d’autant la légitimité des élus, fragilisant le cadre même de nos droits. Le citoyen est à la source de la société politique.