L`incertain se prolongera en 2017

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18. Indices |
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Octobre 2016 | Produits financiers
Quels flux ETF attendre en Europe après
le Brexit et avant la présidentielle US?
Benoit Garcia, CEFA
Head of ETF, Indexing & Smart Beta Sales
Amundi Suisse
L’
actualité de cette année est rythmée par plusieurs temps forts,
dont le Brexit du 23 juin dernier et les élections américaines
en novembre 2016. Alors que les
marchés avaient progressé dans les
jours précédents le vote britannique, les flux des
ETF sur le marché européen n’indiquaient aucune anticipation précise, mais plutôt un certain
attentisme. En revanche, dès le résultat connu, les
investisseurs ont pris des positions sur des zones
moins impactées par le Brexit1.
LES OBLIGATIONS
D’ENTREPRISE
À TAUX VARIABLE
PEUVENT
S’AVÉRER TRÈS
ATTRAYANTES
POUR LES
INVESTISSEURS.
AINSI, pour les actions, entre le 24 juin et fin
août, la plupart des flux se sont concentrés sur
les expositions émergentes, suivies par les actions US. Les stratégies Smart Beta ont aussi été
choisies par les investisseurs européens dans leur
recherche des sources de rendement potentiel
alternatives tout en encadrant le risque.
Après un premier rallye entre mars et mai, les
actions émergentes apparaissent comme les
grandes gagnantes du post-Brexit (+2,6 milliards
de francs), ce qui montre que les investisseurs
considèrent ces expositions non seulement pour
une allocation tactique, mais aussi pour une
allocation stratégique. La politique monétaire
accommodante de la FED, la baisse des pressions
exercées sur les devises émergentes, la stabilisation du prix des matières premières et les réformes opérées dans certains de ces pays laissent
prévoir une amélioration des bénéfices à l’avenir.
Les investisseurs ont privilégié les providers
d’ETF offrant ces expositions à prix compétitif:
entre fin juin et fin août, nos ETF ont capté plus
de 25% de flux européens2 sur ces expositions et
85% sur les expositions émergentes Asie3.
Les actions américaines (+2,1 milliards de francs)
sont pour l’heure très attractives du fait de la
vitalité de l’économie américaine, de la politique monétaire accommodante de la FED et
d’une exposition directe relativement limitée
au Royaume-Uni. Les actions américaines pourraient ainsi rester une valeur-refuge, même si
de nouvelles incertitudes émergent outre-Atlantique à l’approche des élections présidentielles.
Dans un environnement incertain, les investisseurs se sont également mis à la recherche
de stratégies défensives et de sources de rendement potentiel alternatives. Ils se sont donc
tournés massivement vers les ETF Smart Beta
(près de +3 milliards de francs), en premier lieu
vers les stratégies «minimum volatilité» (+1,2
milliards de francs), mais aussi les stratégies
«hauts dividendes» (+1,06 milliards de francs),
«multi-factorielles» (+548 millions de francs) et
«qualité» (+150 millions de francs), qui ont bien
résisté dans la journée du 24 juin. Les stratégies
Smart Beta, grâce à leur variété, permettent de
répondre à différents besoins, notamment préserver la performance, augmenter la diversification, réduire le risque du portefeuille. Certains investisseurs utilisent les stratégies Smart
Beta de manière directionnelle, d’autres comme
couverture de leur cœur de portefeuille, pour
compenser une sous ou surexposition à certains
facteurs de risques. D’où l’importance pour les
investisseurs d’avoir accès à une large gamme
d’ETF mono et multi-factoriels.
Si l’été s’est avéré calme et les marchés faiblement volatils malgré le choc du Brexit, c’est aussi
du fait de l’interventionnisme des banques centrales, notamment en Europe, aux Etats-Unis, au
Japon et en Angleterre. Si on regarde les expo-
sitions obligataires on observe qu’en Europe, le
renforcement de la politique de la BCE d’achat
des titres crédit investment grade (IG) a encouragé les investisseurs à s’exposer aux stratégies
crédit qui continuent à afficher du rendement, ce
qui explique le succès des ETF dédiés aux titres
BBB européens. Au global, post-Brexit, on a pu
observer des flux importants vers les obligations
corporate IG (+3,3 milliards de francs), dont 1,2
milliards de francs ont été investis dans des titres
d’entreprises de l’eurozone.
POUR LES MOIS à venir, l’intérêt pour les expositions obligataires permettant d’accéder à des
sources de rendement potentielles alternatives
aux obligations d’état devrait se maintenir. Les
obligations d’entreprise à taux variable, par
exemple, peuvent se révéler particulièrement
attrayantes pour les investisseurs, en particulier
sur le crédit US. Certains ETF permettent aujourd’hui de capter un rendement de l’ordre de
1,79% avec une sensibilité qui reste faible4, dans
un environnement de taux bas voire négatifs.
Dans le contexte actuel, caractérisé par des taux
faibles et des signaux haussiers, les obligations à
taux variable peuvent intéresser les investisseurs
cherchant à réduire leur exposition aux mouvements de taux d’intérêt: elles se caractérisent par
une faible sensibilité aux fluctuations des taux
d’intérêt puisque le montant de leurs coupons
en suit l’évolution. Tout particulièrement, leur
rendement potentiel évolue dans le même sens
que le mouvement des taux. 
1) Amundi ETF/Bloomberg. Toutes les données sont issues
du 24/06/2016 au 22/08/2016 sauf mention contraire.
(2) Amundi ETF/Bloomberg du 24/06/2016 au 28/08/2016.
(3) Amundi propose une gamme complète d’ETF mono-factoriels
sur l’indice MSCI Europe, ainsi que deux ETF Multi Spart Beta
exposés aux indices ERI Sci Beta.
(4) Amundi ETF/Bloomberg, ytd au 31/07/2016.
Opinion
François Savary
Chief Investment Officer et responsable de la politique
d’investissement du groupe Prime Partners
L’incertain se prolongera en 2017
2016 entre déjà dans son dernier quart et il est temps de
se pencher sur ce que la prochaine année peut nous réserver. Les derniers trimestres ont été sources de surprises et
de nombreuses incertitudes, à commencer par l’excellente
performance des marchés obligataires, le retour de l’intérêt
des investisseurs internationaux pour les actifs des pays
émergents ou encore la décision du peuple anglais d’opter
pour une sortie de l’Union Européenne. La forte volatilité
des marchés financiers en début d’année a aussi constitué
un facteur important dans la psychologie collective, même
si les derniers mois ont démontré que la mentalité qui vise à
profiter de toute faiblesse pour acheter les actifs risqués ne
se dément pas.
L’horizon immédiat est dominé par des échéances politiques
(élections américaines et référendum italien) et par les
interrogations des investisseurs sur les politiques monétaires
non conventionnelles, à l’égard desquelles les doutes vont
croissants.
La BCE a-t-elle définitivement décidé de ne plus accroître
ses injections de liquidités comme sa réunion de septembre
le laisse entendre? Que peut faire le Banque du Japon aux
prises avec des attaques de plus en plus intenses de la part
des banques nipponnes sur les effets dévastateurs de la
politique des taux négatifs? La BNS a-t-elle une marge de
manœuvre dans un contexte où les bons chiffres du PIB
pour le second trimestre démontrent que les craintes sur
une inévitable récession étaient infondées alors que, dans le
même temps, la croissance européenne donne des signes de
modération? Et la Réserve Fédérale, comment sortira-t-elle
de sa stratégie inefficace de (sur)communication et de justification fallacieuse de ne pas relever les taux d’intérêt alors
que le marché de l’emploi a retrouvé sa santé et que certains
craignent un retour de l’inflation? On le voit la question des
politiques monétaires restera une interrogation centrale pour
les marchés financiers en 2017.
En ce qui concerne le commerce international, dont la
croissance est grippée, on ne peut être que réservé sur
sa capacité à soutenir l’expansion mondiale au cours des
quinze prochains mois. Le climat politique n’est pas propice
à une accélération des échanges – l’accord de libre-échange
transatlantique est de plus en plus voué aux gémonies – et
le «patriotisme économique» est trop souvent au cœur des
discours politiques. Dans le contexte de 2017, qui verra des
échéances politiques majeures en France et en Allemagne et
dans l’attente des résultats du scrutin présidentiel américain, le commerce mondial ne devrait guère supporter la
conjoncture mondiale. Seule éclaircie, la relative stabilisation
des monnaies semble éloigner le risque d’une guerre des
changes. Pourvu que cela dure en 2017.
Reste la question de la politique fiscale et des espoirs de
voir son orientation changer, ce qui a contribué au rebond
des bourses durant la pause estivale. S’il est vrai que les
dépenses gouvernementales contribuent davantage à la
croissance mondiale, c’est avant tout parce que les pressions
d’austérité ont été réduites, il ne faut pas en déduire que
tout peut changer. Certains pays ont une marge de manœuvre
pour faire plus mais il ne s’agit en aucun cas d’un constat
global. En outre, à l’instar de l’Allemagne certains pays disposant d’une capacité de relance budgétaire importante ne sont
pas enclins à l’utiliser pour offrir à la croissance mondiale un
ballon d’oxygène.
Somme toute, on ne voit pas ce qui pourrait changer la donne
pour la conjoncture internationale en 2017. Les attentes de
croissance doivent rester modérées et le sentiment d’une
conjoncture atone ne devrait pas disparaître dans un avenir
proche. Il est un point sur lequel nous avons avancé en 2016,
quoique de manière fragile, c’est sur le front du risque déflationniste. Après avoir craint son exacerbation dans le sillage
des incertitudes chinoises en début d’année, les opérateurs
semblent convaincus que le pire est derrière nous. Alors que
la fin de l’été a été marquée par un retour de la volatilité
sur les actifs financiers et un début de correction sur la dette
gouvernementale, il est opportun de se demander si les
investisseurs ne sont pas enclins à anticiper une évolution
stagflationniste de la conjoncture en 2017? Si tel est le cas,
la question que chacun est en droit de se poser est celle de
la validité d’une telle hypothèse pour construire un scénario
économique et financier 2017 ! 
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