ERS n°4 vol5 21/07/06 14:02 Page 227 Brèves Pollution atmosphérique et cancer Mots clés : analyse spatiale ; étude cohorte ; évaluation risque ; Los Angeles ; mortalité ; pollution air. Analyse spatiale de la pollution de l’air et mortalité à Los Angeles* Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Downloaded by a robot coming from 88.99.165.207 on 25/05/2017. Selon les résultats d’une étude menée à Los Angeles, les effets chroniques sur la santé associés aux gradients intra-urbains d’exposition aux particules fines pourraient être plus importants que ceux rapportés antérieurement d’une agglomération à l’autre. évaluation de l’exposition à la pollution de l’air fondée sur les seules concentrations communautaires moyennes sous-estimerait la charge attribuable, en termes de santé, aux concentrations élevées au voisinage des sources. Les effets sanitaires peuvent être plus forts autour des sources et cet impact se trouverait diminué lorsque les concentrations moyennes pour la communauté entière sont utilisées. L’exposition à la pollution atmosphérique peut varier dans l’espace, au sein même d’une ville, et ces variations peuvent suivre des gradients susceptibles d’influencer la sensibilité aux expositions environnementales. Les habitants de banlieues pauvres peuvent vivre plus près de sources de pollution industrielles ou de routes à plus forte densité de circulation, et l’erreur de classement selon des gradients sociaux pourrait expliquer l’effet modificateur du niveau d’éducation. Le potentiel de biais des estimations des effets © phovoir L’ sanitaires, à l’échelle de l’agglomération, a poussé des auteurs américains et canadiens à évaluer l’association entre pollution de l’air et mortalité à l’échelle intracommunautaire ou intraurbaine. Une étude partant des données sanitaires de la cohorte de l’American Cancer Society (ACS) Cette étude, qui s’est fondée sur les données sanitaires de la cohorte de l’ACS II, a porté sur un site d’étendue géographique suffisante, disposant de données de pollution atmosphérique et comportant suffisamment de sujets de l’ACS : Los Angeles. Elle a utilisé les codes postaux à l’échelle d’une zone (environ 35 000 habitants pour une zone moyenne de près des 22,5 km2). Les données intéressant 22 905 sujets ont été extraites à partir de la cohorte de l’ACS pour la période 1982-2000, comptant 5 856 décès. Les expositions à la pollution de l’air provenant de 23 stations fixes de mesure pour les particules fines (particules de diamètre inférieur à 2,5 µm – PM2,5) et de 42 stations pour l’ozone ont été interpolées. La proximité de routes à circulation Environnement, Risques & Santé – Vol. 5, n° 4, juillet - août 2006 rapide a été utilisée comme mesure de la pollution liée au trafic. Une liste standardisée de 44 facteurs potentiels de confusion a été établie et prise en compte, parmi eux : le mode de vie ; les habitudes alimentaires ; les données démographiques, professionnelles, l’éducation ; plus de 10 variables évaluant le tabagisme. Huit variables écologiques ont aussi été établies, pour les zones du code postal, afin de prendre en considération le contexte confondant du voisinage, socio-économique et environnemental (revenus, inégal i tés sociales, éducation, dimension de la population, composition ethnique, chômage, pourcentage de sujets ayant l’air conditionné…). Des effets sanitaires accrus lorsque les gradients intra-urbains sont pris en considération • Après ajustements sur 44 facteurs confondants individuels, le risque relatif (RR) était, pour la mortalité toutes causes, pour une augmentation de 10 µg/m3 de PM2,5, de 1,17 (IC à 95 % : 1,05-1,30). Lorsque ces 44 variables individuelles et une variable écologique ou plus, par exemple le chômage, étaient prises en compte, le RR était de 1,15 (IC à 95 % : 1,03-1,28). Il était de 1,11 (IC à 95 % : 0,99-1,25) lorsque les ajustements sur les facteurs confondants individuels et contextuels étaient effectués, incluant toutes les variables écologiques associées à la mortalité. • Les auteurs observent des effets sur la santé près de trois fois plus forts que ceux des analyses antérieures de l’ACS utilisant les contrastes d’expositions intercommunautaires, soit un accroissement de 17 % en comparaison de 6 % dans les études antérieures dont les modèles prenaient en compte les 44 facteurs confondants individuels. Ils ajoutent qu’en prenant en compte les facteurs confondants du voisinage les estimations des effets sont d’environ 50 à 90 % plus élevées que dans les analyses antérieures. • Ils relèvent, parmi les effets sanitaires, des arguments de spécificité qu’ils considèrent comme convaincants, notamment des associations entre pollution de l’air et cardiopathies ischémiques plus fortes que pour les mesures plus générales de mortalité cardio-pulmonaire ou de mortalité toutes causes. Pour la mortalité par cancer, le risque est apparu décroître du risque de décès par cancer du poumon, au risque de décès par cancers digestifs, puis au risque de décès tous cancers. Les RR pour la mortalité par cardiopathie ischémique et par cancer du poumon allaient de 1,24 à 1,60 selon les modèles. • Peu de RR élevés ont été notés pour l’ozone, qui n’est pas apparu jouer de rôle confondant dans la relation entre particules et mortalité. CG * Jerrett M1, Burnett RT, Ma R, et al. Spatial analysis of air pollution and mortality in Los Angeles. Epidemiology 2005 ; 16 : 727-36. 1 University of Southern California, Los Angeles, USA. 227