Séminaire thématique Fonction zêta et corps quadratiques Série-L de Dirichlet Chrystel Feller 5 avril 2007 1 Introduction Dans ce séminaire, nous allons aborder la notion de série-L de Dirichlet L(s, χ) dans le but de démontrer le théorème important suivante : L(1, χ) 6= 0 ∀χ 6= χ0 Grâce à cela, nous montrerons qu’il existe une infinité de nombres premiers dans la suite arithmétique {N k + a}k∈N avec (N, a) = 1. 2 Série-L 2.0.1 Définition Soit χ un charactère de Dirichlet (mod N ). La série : L(s, χ) = ∞ X χ(n) n=1 (1) ns est appelée la série-L de Dirichlet associée à χ. Comme |χ(n)| ≤ 1 et par un théorème du premier séminaire, on en déduit que la série ci-dessus converge absolument pour σ > 1. En utilisant le produit d’Euler, on obtient : L(s, χ) = Y p premier (1 + χ(p) χ(p2 ) + 2s + ...) = ps p Y p premier (1 + χ(p) (χ(p))2 + + ...) = ps p2s Y p premier 1 1− χ(p) ps Q Pour le charactère principal χ0 : L(s, χ0 ) = p|N (1 − p−s )ζ(s) L(s, χ0 ) est donc à un facteur multiplicatif près égale à la fonction zéta de Riemann. L(s, χ0 ) peut donc être prolongée méromorphiquement dans le plan complexe entier avec un pôle unique en s = 1 Q ) de résidu p|N (1 − p−s ) = φ(N N (2) 2 SÉRIE-L 2 2.0.2 Proposition Pour χ 6= χ0 : l’absisse de convergence σ0 de L(s, χ) est plus petite ou égale à 0. Preuve P P On considére χ 6= χ0 et x → ∞ et on borne : | xn=1 χ(n)|. On obtient : | xn=1 χ(n)| ≤ N = O(1) σ0 = limsup log |A(x)| = inf {α|A(x) = O(xα )} ≤ 0 λx 2 2.0.3 Théorème Soit χ un charactère de Dirichlet différent de χ0 . Alors : L(1, χ) 6= 0 (3) Preuve Le théoreme se montre en 4 étapes : Q 1. On considère la fonction : F (s) = χ L(s, χ), où on parcourt tous les charactères de Dirichlet (mod N). En étudiant le comportement de cette fonction lorsque s tend vers 0 par le haut, on découvre que : lims→1 F (s) ≥ 1. On en conclut donc qu’il existe au maximum un charactère χ 6= χ0 tel que L(1, χ) = 0. 2. On peut restreindre la preuve au charactère réel car : ¯ χ) et si L(1, χ) = 0 ⇒ χ = χ̄ i.e. χ est réel. L(1, χ̄) = L(1, 0) 3. Soit χ 6= χ0 réel avec L(1, χ) = 0 et soit : φ(s) = L(s,χ)L(s,χ L(2s,χ0 ) . En développant cette fonction et en P utilisant le produit d’Euler, on peut écrire φ(s) sous an forme de série (pour σ > 1) : φ(s) = ∞ n=1 ns avec an ≥ 0 . Vu que φ(s) est holomorphe en 1 σ > 2 , on peut écrire φ(s) comme une série de Taylor autour de 2. Ainsi pour |s − 2| < 32 : P P∞ (2−s)k P∞ an (log n)k (s−2)k k φ(s) = ∞ . Pour s réel, 12 < s < 2, φ(s) est une k=0 k=0 n=1 k! φ (2) = k! n2 fonction monotone décroissante en s : φ(s) ≥ φ(2) ≥ 1 4. lims→ 1 φ(s) = 2 L( 21 ,χ)L( 21 ,χ0 ) lims→ 1 L(2s,χ0 ) (4) = 0 car L(2s, χ0 ) a un pôle en s = 21 . 2 2 Il y a donc contradiction entre le résultat de la 3e et 4e étape. Etudions à présent une deuxième preuve de ce théorème en utilisant le théorème de Landau. Soit χ un caractère réel et soit : ψ(s) = L(s, χ)ζ(s) = ∞ ∞ ∞ X X X χ(n) X 1 ρ(n) = avec ρ(n) = χ(d) s s s n n n n=1 n=1 n=1 d|n En développant ψ(s) = L(s, χ)ζ(s), on peut démontrer que : ρ(n) ≥ 0 et ρ(n2 ) ≥ 1 Donc : ∞ X ρ(n) 1 n=1 n2 ≥ ∞ X ρ(n2 ) n=1 n ≥ ∞ X 1 =∞ n (5) (6) n=1 Si L(1, χ) = 0, alors ψ(s) ne possède pas de singularité dans σ > 0. A cause de (5) et du théorème P ρ(n) de Landau, la série ∞ 2 n=1 ns doit converger pour σ > 0, ce qui est en contradiction avec (6). RÉFÉRENCES 3 2.0.4 Corollaire Soit N un nombre naturel, (a, N ) = 1. Alors la suite arithmétique {N k + a}k∈N contient un nombre infini de nombres premiers : X 1 =∞ (7) p p premier |p≡a(modN ) Preuve On montre que : X X 1 =∞ rpr p | pr ≡a(modN ) r≥1 Cependant : X X 1 1 ≤ r rp 2 (8) p | pr ≡a(modN ) r>1 Ainsi, on en conclut que la somme des termes avec r = 1 diverge. 2 Il existe une preuve élémentaire de ce corollaire pour N = 4 : On considére les suites aritmétiques {4k + a}k∈N . Pour k = 0, 2, ce sont des suites composées uniquement de nombres paires donc aucun nombre premier. On considére les deux cas suivant : k = 1 et k = 3 (1 et 3 sont premier avec 4). A montrer : 1. Il existe une infinité de nombres premiers de la forme 4n − 1 2. Il existe une infinité de nombres premiers de la forme 4n + 1 Preuve : 1. Supposons qu’il existe qu’un nombre fini de nombre premier de la forme 4k − 1 (que l’on peut aussi écrire 4k + 3). On considére le produit de ces nombres : Y n= p p≡3 (mod4) On pose : m = 4n − 1. Par hyp. m < ∞. De plus, aucun nombre de la forme 4k+3 ne peut n 1 diviser m, car si c’était le cas, la fraction : 4n−1 4k+3 = 4 4k+3 − 4k+3 devrait être un nombre naturel. Comme 4k + 3 divise n, cela impliquerait que 4k + 3 divise 1, ce qui est impossible. Vu que tous les nombres premiers sont soit de la forme 4k + 1, soit de la forme 4k + 3, alors cela implique que tous les nombres premiers (impairs) qui divisent m sont donc de la forme 4k + 1. Cela implique que m est de la forme 4l + 1 i.e. m ≡ 1 (mod4). Ce qui est impossible car : m = 4n − 1 = 4(n − 1) + 3 i.e. m ≡ 3 (mod4). Il y a donc contradiction. Q 2. Analogue, n = p≡1 (mod4) p2 et m = 4n + 1. Références [1] D.B. Zagier, Zetafunktionen und quadratische Körper.