Les baobabs des géants bien mystérieux Recherche Une nuit avec les papillons Quand les baobabs coopèrent avec les papillons de nuit pour un bénéfice mutuel Les papillons sont des insectes suceurs très friands de nectar de fleur. Pour l’aspirer, ils doivent dérouler intégralement leur trompe. Mais pour que le papillon soit un pollinisateur, il faut que son corps lors du butinage soit au niveau des étamines afin de se charger de grains de pollen. Si la trompe est trop courte ou trop longue, ce n’est qu’un resquilleur… De nombreuses espèces de papillons ont été capturées à proximité des fleurs de baobab et leurs trompes mesurées. Des espèces ont montré des trompes plus ou moins longues, le record étant pour Coelonia solani et Xanthopan morganii dont les trompes mesurent jusqu’à 20 cm !!! Il est probable que ces deux espèces puissent être les pollinisateurs d’A. perrieri dont la fleur est de très grande taille. Pour les autres Longitubae, les « bons candidats » doivent avoir une trompe d’une longueur supérieure à 11 cm. C’est le cas d’Agrius convolvuli. Les espèces de la section des Brevitubae ont les étamines relativement courtes ; leurs pollinisateurs potentiels sont Nephele comma et Panogena jasmini dont les trompes mesurent respectivement 4,5 et 7 cm. Photo : Pascal Danthu ExpoBaobab-B2-Papillons ExpoBaobab-B2-Papillons-80x200-v3.indd 1 www.cirad.fr © Cirad • Délégation à la communication • 10/2011 27/10/11 10:49 Les baobabs des géants bien mystérieux Recherche Mais qu’est-ce qui fait donc fleurir les baobabs ? Toutes les espèces de baobabs font leurs feuilles au moment de la saison des pluies et les perdent en saison sèche. Mais pour certains baobabs, la floraison semble obéir à d’autres rythmes ! Les chercheurs ont suivi des populations de baobabs pendant trois années consécutives afin d’étudier les changements de phénologie de ces arbres (feuillaison, floraison, fructification) et d’analyser d’éventuelles relations avec les variables du climat (températures et précipitations). En revanche, pour la floraison, Longitubae et Brevitubae diffèrent. Les premiers fleurissent en saison des pluies en même temps qu’ils portent leurs feuilles, alors que les seconds fleurissent au cœur de la saison sèche. Probablement une stratégie pour s’adapter à leurs pollinisateurs respectifs… Les cycles de feuillaison/défeuillaison sont les mêmes pour toutes les espèces de baobabs qui mettent leurs feuilles en saison des pluies et les perdent en saison sèche pour limiter les pertes en eau. Classique ! Photo : Cyrille Cornu ExpoBaobab-B4-Phenologie ExpoBaobab-B4-Phenologie-80x200-v3.indd 1 www.cirad.fr © Cirad • Délégation à la communication • 10/2011 27/10/11 11:02 Les baobabs des géants bien mystérieux Recherche Une curieuse façon d’évoluer ! Pour évoluer et s’adapter, les baobabs développent l’introgression génétique qui implique des croisements entre espèces Depuis Charles Darwin, la théorie de l’évolution explique que les espèces vivantes ne sont pas fixes dans le temps mais se diversifient progressivement. L’évolution est liée à l’apparition de variations pour des caractères héréditaires au sein d’une espèce. Ceux-ci sont sélectionnés et transmis aux générations suivantes s’ils sont favorables à l’espèce ou au contraire éliminés s’ils lui sont défavorables. Pour faire évoluer son patrimoine génétique et s’adapter aux changements environnementaux, le baobab procède un peu différemment : il se croise avec une autre espèce de baobabs afin de s’approprier une partie de son patrimoine génétique et le transmettre à ses descendants qui récupèrent ainsi des caractères nouveaux… et peut-être très utiles. C’est ce que les chercheurs appellent l’« introgression génétique ». Une preuve de cette introgression est donnée par la comparaison des fleurs trouvées lors d’une mission de prospection dans le sud de Madagascar. Les chercheurs s’attendaient à trouver des baobabs de l’espèce A. za classiquement avec des fleurs jaunes… et ils ont vu des arbres ressemblant à des A. za, mais avec des fleurs rouges ou striées de jaune et de rouge… Preuve qu’ils portent en eux des gènes d’une autre espèce, A. madagascariensis, qui est caractérisée par des fleurs rouges. Photo : Cyrille Cornu ExpoBaobab-B5-Evolution ExpoBaobab-B5-Evolution-80x200-v3.indd 1 www.cirad.fr © Cirad • Délégation à la communication • 10/2011 27/10/11 11:05 Les baobabs des géants bien mystérieux Recherche Un arbre sans cœur ni cernes Combien de belles planches pourrait-on faire dans un tronc de baobab ? Eh bien, aucune ! Le bois de baobab est très spécial et n’a aucun intérêt pour le menuisier. Mais il réserve de belles surprises aux chercheurs Le bois de baobab est gorgé d’eau : à peu près 85 % de son poids. Une fois sec, il est extrêmement léger (ce n’est pas pour rien que le baobab appartient à la même famille que le balsa !). Quand on observe une souche de baobab, les cernes que l’on voit ne sont pas des cernes de croissance, mais des bandes de parenchyme. Les vrais cernes de croissance sont beaucoup plus discrets et seulement visibles au microscope. Le baobab ne fait jamais de bois de cœur (que les spécialistes appellent « duramen »). Jusqu’au centre de son tronc, il conserve des cellules vivantes ! Elles lui donnent des propriétés cicatrisantes exceptionnelles. Le tronc des arbres contient surtout du bois, constitué à partir d’un tissu spécial, le cambium, qui se trouve juste sous l’écorce. Les cellules de bois sont formées de façon centripète du cambium vers le centre. Les couches avec les cellules les plus jeunes se trouvent vers l’extérieur. Parmi les cellules de bois, il y a des cellules mortes comme les fibres qui renforcent le tronc et les éléments de vaisseaux qui transportent la sève. Il y a aussi des cellules vivantes : ce sont des petites usines biochimiques qu’on appelle « le parenchyme ». Souvent, l’activité du cambium est saisonnière. Les divisions de cellules ralentissent ou s’arrêtent en saison sèche, reprennent en saison des pluies. Pour certaines espèces, cette saisonnalité se traduit par des cernes annuels de croissance permettant de dater l’âge de l’arbre selon l’équation : un cerne égale un an. Photo : Cyrille Cornu ExpoBaobab-B7-Cœur ExpoBaobab-B7-Cœur-80x200-v3.indd 1 www.cirad.fr © Cirad • Délégation à la communication • 10/2011 27/10/11 11:18