Le principe de complexité

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CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LE PRINCIPE DE COMPLEXITÉ
L’auto-structuration cachée du Cosmos
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Email : [email protected]
Site : www.alderan-philo.org
conférence N°1600-182
LE PRINCIPE DE COMPLEXITÉ DANS LE COSMOS
L’auto-structuration cachée du cosmos
conférence d’Éric Lowen donnée le 05/03/2011
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Avant toute chose, l’évolution du cosmos est complexification. Ce principe d’organisation de
la matière qui va du simple au complexe est à l’origine de la diversité et de la différenciation
du réel, depuis la matière jusqu’aux expressions culturelles humaines. Comment ce principe
de complexification fonctionne-t-il ? Quelles implications philosophiques pour notre regard sur
le monde ?
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LE PRINCIPE DE COMPLEXITÉ DANS LE COSMOS
L’auto-structuration cachée du cosmos
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
I
DE L’ÉVOLUTION À LA COMPLEXITÉ
1 - La découverte très récente de la complexité du monde et des processus de complexification
2 - Une notion imaginée dès l’antiquité, mais qui ne deviendra crédible qu’au 20ème siècle
3 - La complexification, une des causes de l’évolution créatrice et innovationniste
4 - La complexité, une propriété discrète des choses et des êtres
II
LES PRINCIPES DE COMPLEXITÉ ET DE COMPLEXIFICATION
1 - La complexité, c’est pas compliqué !
2 - Le principe de la complexité : la synergie d’éléments plus simples
3 - Le principe de complexification : les processus d’organisations du simple vers le complexe
4 - La complexifité est créatrice de nouvelles structures ontologiques
5 - La complexité créée des propriétés émergentes, de propriétés nouvelles
6 - La complexité est une augmentation de l’organisation, de l’ordre
7 - Complexité et information, l’augmentation de l’information au prorata de la complexification
8 - La complexité est néguentropique, sa relation avec l’entropie
9 - La complexité est une intégration des niveaux inférieurs, qui existent toujours
10 - La complexité est une hiérarchisation de systèmes complexes
11 - L’autonomie des niveaux de complexité
12 - L’amplification de la complexité par les effets de système
13 - La complexité est une pyramide inversée de la diversité et de l’hétérogénéité
14 - Le chemin non-obligatoire du simple au complexe : la pluralité des devenirs d’organisation
15 - La complexification est la conséquence des forces naturelles et des propriétés matérielles
16 - Une complexité sans architecte, sans finalité, sans direction privilégiée
17 - S’il y a complexification, il y a aussi décomplexification - leurs alternances locales
III
L’ÉCHELLE DE LA COMPLEXITÉ DANS LE COSMOS
1 - La complexification du cosmos, une complexification dans le cosmos et du cosmos lui-même
2 - La notion d’échelle de la complexité
3 - Les notions de seuils de complexité et d’axes de complexification
4 - Les principaux niveaux de la complexité cosmique, dans l’axe dont notre espèce est issue
A - La matière
B - Les structures cosmiques et galactiques
C - Les systèmes solaires : étoiles, systèmes solaires, planètes, etc
D - L’évolution chimique
E - La vie, propriété émergente de la chimie biotique
F - Les organismes pluricellulaires
G - Les vertébrés, puis les organismes terrestres, et parmi eux les mammifères
H - L’émergence de la pensée conceptuelle dans les primates du genre Homo
I - L’émergence de la complexité culturelle et sociale
IV
L’ÉCHELLE DE LA COMPLEXITÉ DES CHOSES ET DES ÊTRES
1 - Toutes les choses qui existent sont des choses complexes
2 - Les choses et les êtres sont le résultat de l’intégration d’une échelle de complexité
3 - Une chose est ... de manière plurielle en fonction du niveau de son échelle de complexité
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V
LES CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES DU PRINCIPE DE COMPLEXITÉ
1 - Une complexification créatrice immanente, matérialiste, naturelle et non-finaliste
2 - Le principe d’organisation auto-créatrice remplace celui de création
3 - La complexification organise, structure, singularise et différencie
4 - La structuralité du réel, un structuralisme ontologique
5 - La non-réductibilité des systèmes complexes, une donnée épistémologique majeure
6 - L’unification ontologique interne des êtres et des choses par le principe de complexité
7 - La fin de toute conception essentialiste du monde ou des choses, un existentialisme ontologique
8 - Tout ce qui existe est complexe et le résultat d’un processus de complexification
9 - Nulle chose n’est compréhensible sans prendre en compte sa complexité et son processus
10 - Principe de complexité et épistémologie : la complexité comme méthode de connaissance
10 - Et l’homme dans tout ça ? Il est un être complexe et produit par la complexification du vivant
VI
CONCLUSION
1 - Le principe de complexité, une réalité insoupçonnée du cosmos et de nous-mêmes
2 - L’obligation d’adopter une pensée complexe pour suivre la complexité du monde
ORA ET LABORA
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Document 1 : La découverte au 20ème siècle d’une réalité contre-intuitive du cosmos, le principe de
complexité.
Jusqu’à présent l’univers était considéré, suivant la tradition classique, comme un
ensemble d’objets observables (particules, fluides, champs, etc.) se mouvant suivant des
lois de force définies ; dans ces conditions on pouvait parfaitement se le représenter dans
l’espace et le temps par une image bien déterminée. Cependant, il est devenu de plus en
plus évident, dans ces dernières années, que la Nature suit une ligne d’action tout à fait
différente. Ses lois fondamentales ne s’appliquent pas directement à notre image
classique de l’univers, mais bien à une réalité cachée plus profondément, à un
substratum dont nous ne pouvons pas construire une image dans l’espace et le temps,
sans être forcés d’introduire d’autres éléments qui non rien à voir avec le fond des
choses.
Paul Dirac (1902-1984)
Les Principes de la mécanique quantique, 1931
Document 2 : Exemple de complexité de la matière usuelle, composée de molécules, elles-mêmes
composées d’atomes, puis eux-mêmes de protons, de neutrons et d’électrons, eux-mêmes composés de trio
de quarks.
Document 3 : Les trois grands axes de la complexification de l’univers.
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Document 4 : Exemple de complexification essentielle dans l’univers, la complexification de la matière
baryonique à partir des quarks (le neutron est composé d’un quark Up et de 2 quarks Down, et le proton de
deux quark Up et d’un quark Down), grâce à la nucléosynthèse primordiale issue du big bang, puis de la
nucléosynthèse stellaire (normale et dans les explosions d’étoiles).
PS : La spallation nucléaire désigne une réaction nucléaire dans laquelle un noyau
atomique est frappé par une particule (neutron, proton,...) ou une onde électromagnétique
de grande énergie. Vu la violence de l'impact (énergie mise en jeu), le noyau cible se
décompose en produisant des jets de particules plus légères (neutrons, protons, ou noyau
léger de deutérium ou d'hélium, voire lithium). Le noyau après la réaction est généralement
de masse atomique plus faible que le noyau d'origine.
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Document 5 : La complexification biologique se traduit par l’intégration minimale de 5 niveaux structures
complexifiées.
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Document 6 : L’échelle de la complexité est en fait une pyramide, qui correspond à une échelle inverse de
la diversité des êtres et des choses.
Document 7 : Toutes les formes de vie supérieures sont des agrégats de forme de vie microbienne. C’est
un bel exemple de complexification.
De la paramécie à la race humaine, toutes les formes de vie sont des agrégats
méticuleusement organisés et élaborés de forme de vie microbienne en évolution. Loin
de laisser les micro-organismes “derrière” sur l’échelle de l’évolution, les hommes sont à
la fois entourés par eux et composés d’eux. Ayant survécu sans discontinuité depuis le
commencement de la vie, tous les organismes d’aujourd’hui sont également évolués.
Ce constat montre nettement la vanité et la présomption de toute tentative de mesurer
l’évolution par une progression linéaire qui irait du plus simple - prétendument inférieur jusqu’au plus complexe (l’homme étant la forme absolue, la plus “élevée” au sommet de
la hiérarchie). Les organismes les plus simples et les plus anciens sont non seulement
les ancêtres et le substrat actuel de l’ensemble des êtres vivants sur Terre, mais ils sont
aussi prêts à s’étendre et à se modifier, eux et les autres, au cas où nous les hommes,
les organismes “les plus élevés”, aurions la folie de nous annihiler.
Lynn Margulis (1938-2011)
biologiste
L’univers bactériel, 1986
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Document 8 : La portée épistémologique du principe de complexité.
Tout événement donné quelque part dans l'univers a comme conditions déterminantes
tous les événements antérieurs et contemporains de tout l'univers. Cependant, ceux qui
font profession de rechercher les causes de ce qui se passe autour d'eux ignorent
habituellement la majorité écrasante des faits contemporains et antécédents. Dans
chaque cas particulier, insistent-ils, très peu des conditions déterminantes ont une
signification pratique. Quand il s'agit d'événements simples, cela est assez vrai. Voici, par
exemple, une bouilloire d'eau qui bout. Nous voulons découvrir pourquoi elle bout. Nous
cherchons, nous découvrons que du gaz brûle, nous faisons des expériences qui
semblent prouver qu'il y a un rapport invariable entre l'ébullition et une élévation de la
température. Après quoi nous affirmons que la «cause» de l'ébullition pour les bouilloires
est une source de chaleur voisine. L'affirmation est grossière, mais suffit à la plupart des
besoins pratiques. Quand il s'agit d'événements simples, nous pouvons passer sous
silence à peu près toutes leurs conditions déterminantes, sauf l'une ou très peu d'entre
elles, et en avoir une compréhension suffisante pour les contrôler à des fins pratiques.
Toutefois, cela n'est pas vrai dans le cas des événements complexes. Là, les conditions
déterminantes qui ont une signification pratique sont beaucoup plus nombreuses. Les
événements les plus complexes auxquels nous ayons affaire sont ceux de l'histoire
humaine. Si nous voulons établir les conditions déterminantes de la guerre de
1914-1918, disons, nous sommes contraints, même dans un but aussi purement pratique
que la conception de politiques futures, de considérer une grande variété de "causes",
passées et contemporaines, locales et lointaines, psychologiques, sociologiques,
politiques, économiques. Dresser la liste complète des «4 causes» ayant une importance
pratique, leurs importances relatives, leur mode d'action réciproque - c'est une tâche
excessivement difficile. Si ardue, en vérité, qu'elle dépasse la capacité de l'esprit humain
dans son état de développement actuel. Mais, hélas, l'insolubilité d'un problème n'a
jamais empêché les hommes et les femmes de proposer avec assurance des solutions.
La méthode adoptée est toujours la même : l'excès de simplification. Ainsi on ignore tout
ce qui n'est pas les antécédents immédiats de l'événement considéré, et l'on traite
l'histoire comme si elle datait de la veille. En même temps, on abolit mentalement toutes
les complexités embarrassantes. Les hommes sont réduits à des abstractions
commodes. Les variétés de tempérament, de talent et de motifs sont nivelées jusqu'à
l'uniformité. L'événement paraît ainsi assez simple pour que l'on admette l'intervention de
fort peu de «causes», voire d'une seule. La conclusion théorique sert alors de guide à
l'action future. Il est assez naturel que les résultats soient décevants.
Simplifier est fatal, et il est impossible de déterminer entièrement et correctement toutes
les causes significatives des événements complexes. Sommes-nous alors condamnés à
ne jamais comprendre notre histoire et donc à ne jamais profiter des expériences du
passé ? Répondons que, si l'intelligence ne sera probablement jamais totale, nous
pouvons cependant comprendre assez pour satisfaire au moins quelques-uns de nos
buts pratiques. Par exemple, nous pouvons probablement en découvrir assez sur les
causes de nos récentes catastrophes pour pouvoir (si nous le voulons) définir des
politiques un peu moins suicidaires que celles que nous avons menées dans le passé.
Aucun épisode de l'histoire ne peut être absolument sans rapport avec un épisode
consécutif.
Aldous Huxley (1894-1963)
L'éminence grise, 1941
Document 9 : Et l’homme dans tout ça ? il est lui aussi le résultat d’un processus de complexification
chimique et historique.
L'homme, quoi qu'il soit, est le produit de processus physico-chimiques extrêmement
complexes et aussi, indissociablement, le produit d'une histoire, celle de son propre
développement mais aussi celle de son espèce, de ses sociétés parmi les autres
sociétés naturelles animales et végétales. Complexité et histoire, ces deux dimensions
sont également absentes du monde que contemple le démon de Laplace.
Ilya Prigogine (1917-2003) et Isabelle Stengers
La nouvelle alliance, 1978
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POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS
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Revue de philosophie “ALDÉRAN”
N°27 : Le plus vaste horizon du monde, par William Ruthenford
N°28 : Le réenchantement du monde, par William Ruthenford
N°29 : La seconde mort de dieu, par William Ruthenford
Conférences sur la fabrication matérialiste du réel
- La fabrication du monde, voyage au cœur de l’évolution créatrice
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Conférences sur l’histoire des révolutions scientifiques
qui ont contribué à la compréhension du principe de complexité
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- La révolution biologique, le début de l’exploration des mécanismes de la vie
- La révolution sociologique, l’invention des sciences sociales
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- La révolution cosmologique, la découverte du big bang et des premiers instants de l’univers
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1000-265
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Conférences sur le Cosmos
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Quelques livres et revues sur le sujet
- Le vivant post-génomique - ou qu’est-ce que l’auto-organisation, Henri Atlan, Odile Jacob, 2011
- Le chaos, la complexité et l'émergence de la vie, John Gribbin, Flammarion, 2010
- Complexité aléatoire et complexité organisée, Jean-Paul Delahaye, Quae, 2009
- La longue histoire de la matière, Jacques Reisse, PUF, 2006
- La complexité, vertiges et promesses - 18 histoires de sciences, sous la direction de Réda Benkirane, Le
Pommier, 2006
- Vertiges de la complexité, Jean-Paul Delahaye, Pour La Science, 2006
- Les systèmes complexes , Mathématiques et biologie, Hervé Zwirn, Odile Jacob, 2006
- Un univers différent, de Robert Laughlin, Fayard, 2005
- À l’aube de la complexité animale, par David Bottjer, Pour la science N°335 septembre 2005
- Une galaxie bien vivante, Bart Wakker et Philipp Richter, Pour la Science N°316, février 2004
- Les premières étoiles de l’univers, Richard Larson et Volker Bromm, Pour la science N°293 mars 2002
- Les racines quantiques du monde classique, Roland Omnès, Pour la science N°290 décembre 2001
- Intelligence de la complexité, Edgar Morin, L’Harmattan, 1999
- Information, complexité et hasard, J.P. Delahaye, Hermes Science Publications, 1999
- La complexité, une théorie de la vie au bord du chaos, Roger Lewin, Intereditions, 1994
- Ordres et désordres, Enquête sur un nouveau paradigme, J.-P. Dupuy, Seuil, 1982
- La nouvelle alliance, Ilya Prigogine et Isabelle Stengers (1978), Gallimard, 1986
- Le macroscope, vers une vision globale, Joël de Rosnay (1975), Seuil, 1977
- La Science et la théorie de l'information, Léon Brillouin (1956), Éditions Jacques Gabay, 1988
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