Bien gérer son exploitation agricole, le conseil qui change tout

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Bien gérer son exploitation agricole, le conseil qui change tout
Adama Sidibé, coordinateur du service CEF à
l’UGCPA tenant un cahier CEF
Considérer l’exploitation agricole comme une entreprise…
Depuis 2009, l’union des groupements pour la
commercialisation des produits agricoles de la Boucle du
Mouhoun (UGCPA/BM) travaille à changer la perception
des producteurs ruraux sur l’agriculture. Elle offre les
services de conseil à l’exploitation familiale (CEF) à une
centaine de ses membres. Les avantages l’emportent sur
les difficultés bien réelles de ce conseil qui ne concerne
encore qu’une faible part des membres de l’UGCP/BM.
Adama Sidibé définit le CEF comme un moyen de professionnaliser le métier d’agriculteur. « Il s’agit
à travers le CEF de donner des conseils aux producteurs pour qu’ils puissent mieux maîtriser leurs
saisons agricoles. Ils doivent pouvoir se dire à partir de calculs que si je sème telle spéculation sur
telle superficie, ça me rapportera telle quantité. Nous ne voulons plus que les producteurs travaillent
à l’aveuglette. C’est le but du CEF », explique le coordinateur du service CEF de l’union pour la
commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun.
Pour ne plus travailler à l’aveuglette, il faut avant tout disposer de connaissances et d’outils. A
l’UGCPA le cahier de prise de données appelé « cahier CEF », plus qu’un outil de suivi de la
production est un instrument d’accompagnement du producteur dans les prises de décisions de fin de
campagne : « Le cahier permet au producteur de noter ce qu’il a fait comme dépenses, ce qu’il a eu
comme récoltes, afin de connaître son rendement en fin de campagne », précise M. Sidibé.
Le CEF, un outil de cogestion du grenier familial
Les producteurs engagés dans le CEF semblent en apprécier les avantages. Kafa Coulibaly, conseiller
endogène, raconte comment le conseil a changé sa façon de travailler et de gérer ses revenus. « Je
travaille avec deux de mes frères et nos épouses. Certes, je suis le responsable de la famille mais avec
le CEF, j’ai compris que je ne peux faire des dépenses à leur insu. A la fin de chaque campagne,
ensemble nous faisons le point du matériel à acheter pour préparer la saison prochaine. Si le reste de
l’argent est conséquent, nous voyons comment appuyer un d’entre nous trois à satisfaire un véritable
besoin. Cela peut concerner l’achat d’une moto ou la construction d’une maison. Si l’argent n’est pas
suffisant, nous cherchons d’autres moyens pour permettre de réaliser le projet ».
Le CEF à l’UGCPA marque la rupture d’avec l’époque du bradage des récoltes des paysans. Le
conseil à l’exploitation familiale a renforcé la cohésion entre les membres des unités de production.
« Avant, nos parents n’agissaient pas de la sorte. Mais depuis notre adhésion au CEF, mes frères et
moi avons beaucoup compris. Personne ne prend l’argent des récoltes pour faire comme bon lui
semble. Nous nous entendons sur ce qu’il y a lieu de faire. Cela a contribué à diminuer les discussions
entre nous », témoigne Kafa Coulibaly.
Allier professionnalisme et rationalisme
La bonne gestion des revenus du ménage n’est pas le seul objectif du CEF à l’UGCPA. Avec les
nombreuses formations dont bénéficient les producteurs membres, le CEF vise en amont
l’amélioration des récoltes. Robert Coulibaly, Président du groupement ‟sigui ti mogosson”,
autrement dit la paresse ne paie pas »,raconte« depuis que je suis dans le CEF, j’ai appris à travers
les formations reçues à bien cultiver. Je détermine la taille du champ à cultiver en fonction des
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ressources humaines dont je dispose. Connaitre bien la superficie du champ, estimer le temps de
travail de toute la main d’œuvre et la quantité de fumure organique à utiliser, je ne le savais pas ».
Arouna Yiri, conseiller CEF de la zone NounaDédougou poursuit :« Nous les avons formé sur la
périodicité des semences améliorées. Ainsi, un
agriculteur sait à partir de la date du semis, la
période à laquelle il pourra récolter. Les travaux
champêtres ne se font plus à l’aveuglette ici ».
Résultats : les producteurs gèrent mieux leurs
récoltes et leur argent. Sérépé Osé, agriculteur à
Boron, est ainsi devenu un grand gestionnaire :
« avec le CEF j’ai compris que c’est de décembre à Le CEF, Utiliser professionnellement la main d’œuvre familiale
mai que le producteur doit faire attention à sa
consommation et à ses dépenses. C’est la période d’inactivité les risques de gaspillage sont élevés.
Maintenant, Je fais tout pour avoir des sacs pour ma consommation en mai. Ainsi, je mets ma famille
à l’abri pour la période de soudure ».
L’analphabétisme, un frein au CEF ?
Le CEF souffre de deux grands maux : l’analphabétisme, très répandu en zone rurale, et
l’indisponibilité des producteurs en période d’hivernage. L’analphabétisme constitue un frein au
remplissage du cahier des données. Absorbés par les travaux champêtres les producteurs considèrent
les formations en CEF comme une perte de temps. L’analphabétisme est en passe d’être résolu. « Le
cahier est en jula pour que ceux qui sont alphabétisés puissent le remplir. A défaut, nous leur
conseillons de se faire aider par leurs frères ou leurs enfants qui sont instruits en français. Troisième
solution :nous avons des conseillers endogènes dans chaque village qui aident les producteurs pour le
remplissage de leurs cahiers », dit Adama Sidibé.
Les exploitants CEF ne tarissent pas d’éloges sur ses avantages. Mais, ils sont une petite minorité :
280 producteurs sur les 2500 membres que compte l’UGCPA, soit 11% environ. Etendre le conseil à
tous les membres ou à la majorité d’entre eux reste pour l’UGCPA-BM un défi de taille.
Jade Burkina.
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