COURS DIABETOLOGIE NOVEMBRE 2015 : L’INSULINOTHERAPIE. Dans le cadre du stage de premier semestre en médecine polyvalente à Longjumeau, nous avons eu une présentation sur le diabète et les insulinothérapies. Les points abordés étaient les suivants : - Historique : Le diabète est une maladie connue depuis 4000 ans avant JC, cependant les premières injections d’insuline à l’homme datent de 1922 et les thérapeutiques utilisées actuellement ont été inventées en 1997 (analogues rapides) et 2003 (analogues lents). - Les principales insulines utilisées : o Analogues d’insulines rapides : délai d’action 5min, durée d’action +/-3h ; action très rapide, injection à faire au moment du repas, compatible avec les pompes à insuline : NOVORAPID (Novovordisk), HUMALOG (Lilly), APIDRA (Sanofi Aventis). o Insulines d’action intermédiaire : délai d’action 1h, durée 10 à 12h ; injection au moment des repas ou indépendemment : INSULATARD NPH (Novonordisk), UMULINE NPH (Lilly), INSUMAN BASAL (Sanofi). o Analogues d’insulines d’action lente : (ne pas mettre en contact avec d’autres insulines) : LEVEMIR (Novonordisk) : délai d’action 1h30, durée d’action : 14 à 24h selon la dose et le type de diabète ; LANTUS (Sanofi) : délai d’action 1h30, durée d’action jusqu’à 24h ; injection indépendante des repas mais à heure régulière. o Analogues d’insuline rapide + insuline de durée d’action intermédiaire : délai d’action 5min, durée d’action jusqu’à 10-12h ; injection au moment des repas ; le chiffre du nom correspond au pourcentage d’insuline rapide : NOVOMIX 30/50/70 (Novonordisk), HUMALOG MIX 25/50 (Lilly). - En pratique dans le diabète de type 1 : le traitement est substitutif : l’objectif est d’approche le schéma de sécrétion physiologique : SCHEMA BASAL-BOLUS (injections ou pompe à insuline). Pour les injections : importance de la prise en charge diététique pour avoir un apport glucidique stable par repas. Pour les patients éduqués à la nutrition et au comptage des glucides : insulinothérapie fonctionnelle : adaptation quotidienne des bolus prandiaux aux apports en glucides des repas. Indications de la pompe : mauvais équilibre glycémique sous injections ; besoin de flexibilité (y compris infections chroniques, neuropathie douloureuse, intolérance aux injections), suivi médical rapproché. - En pratique dans le diabète de type 2 : le traitement est supportif : instauration progressive, plusieurs années d’évolution. Association initiale aux anti-diabétiques oraux si objectif non atteint : débuter par 1 injection d’insuline intermédiaire (NPH) au coucher ou analogue lente si haut risque d’hypoglycémie nocturne : 0,2UI/kg, à adapter à la glycémie au réveil. Si objectif d’HbA1c non atteint : - schéma basal-bolus (avec maintien de la Metformine et/ou analogue GLP1, mais arrêt des sulfamides hypoglycémiants) - ou schéma 1 à 3 injections par jour d’insuline mixte (à préférer si glycémie à jeun normale [0,8 à 1,2 g/L]) (HAS 2013). L’autosurveillance glycémique est essentielle. - Les indications d’insulinothérapie temporaire : o Diabète gestationnel : NPH, HUMALOG, NOVORAPID. Objectifs glycémie à jeun < 0,95g/L, glycémie post-prandiale < 1,20 G/L. Arrêt dès l’accouchement. o Corticothérapie transitoire : ADO +/- basale, ajout d’une ou plusieurs injections d’insuline rapide chez le patient déjà sous traitement pour un diabète. o Corticothérapie au long cours : insulinothérapie multi-injections. (pour les diabètes cortico-induits, les besoins insuliniques sont élevés matin et midi, faibles la nuit). o Sepis, défaillance viscérale transitoire. - Le diabète du sujet âgé : Les objectifs glycémiques et les traitements sont à adapter au profil du patient : o patient âgé « vigoureux » : ≤ 7%, mêmes indications et protocoles que le sujet jeune DT2 o patient âgé « fragile » : ≤ 8% (>85 ans, perte d’autonomie, altération fonctions cognitives, dénutrition, support social inadéquat, sédentarité, troubles sensoriels mal compensés, déficience rénale et hépatique, symptômes dépressifs, nombreux médicaments), recours à l’insuline souvent indispensable (insuline lente ou NPH ou prémix) o patient âgé « très malade » : < 9% (glycémies pré-prandiales entre 1 et 2 g/L), maintien le plus possible de Metformine + traitements non hypogycémiants (discussion protocole insuline au cas par cas). - Les effets secondaires : o Hypoglycémies : diabète de type 1 : hypoglycémies modérées : jusqu’à 5/sem sous ttt intensif et HbA1c<7% ; 1/3 des hypoglycémies sont nocturnes ; hypoglycémies sévères : risque x3 si insulinothérapie intensive, x6 si hypoglycémies mineures mal perçues ; diabète de type 2 : hypoglycémies sévères 10 à 20 fois moins fréquentes que dans le type 1, hypoglycémies modérées : 20% des patients sous ttt intensif ; danger des hypoglycémies sous Sulfamides recherche de la cause (lipodystrophies ?) hospitalisation si hypoglycémie sévère ou sous Sulfamides, à discuter si hypoglycémies répétées les jours/semaines précédents hypoglycémies répétées ou sévères : signaler au diabétologue o Prise de poids : d’autant plus importante que l’HbA1c initiale est élevée ; surtout la 1ère année ; proportionnelle à la réduction de la glycosurie ; Corrélée au poids maximal antérieur auquel le patient a tendance à revenir Accompagner la mise sous insuline à une réévaluation diététique. o Flou visuel : pendant 3 à 4 semaines - En pratique : l’injection : éducation du patient (montage de l’aiguille, purge de l’aiguille, positionnement de la dose, injection, retrait, boite à aiguilles, conservation), rotation des sites d’injection. - En pratique : l’adaptation des doses : protocole de surveillance des glycémies capillaires et d’adaptation des doses à remettre au patient o protocole basal-bolus : adaptation de l’insuline basale en fonction des glycémies pré-prandiales, adaptation de l’insuline rapide en fonction des glycémies post-prandiales o protocole à 2 injections (NPH ou prémix) : injection du soir responsable de la glycémie nocturne et au réveil, injection du matin responsable de la glycémie de midi et du soir. - En pratique : que faire aux urgences : o Arrêt Metformine en toute situation d’hypoxie tissulaire (y compris sepsis). Si patient sous ADO seuls : protocole de rattrapage (insuline rapide P1 P2 ou P3) o Arrêt des Sulfamides ou Glinides si insuffisance rénale, hépatique, alimentation irrégulière dans les jours à venir o Ne pas arrêter l’insuline basale o Insuline rapide et prémix : continuer si le patient mange normalement, sinon protocole P1 P2 ou P3 o Si glycémie capillaire supérieure à 2,5g/L : mesure de la cétonémie (cétose si cétonémie > 0,6). o Correction de la cétonémie : injection d’analogue rapide toutes les heures en supplément du traitement habituel, jusqu’à cétonémie < 0,6 mmol/L. Si cétonémie ≥ 3 mmol/L : URGENCE (iono, GDS, perfusion 4 à 6 L en 24 h : NaCl 1L en 1 à 2 heures puis G5% 1L + 4G NaCl + 4g KCl) ; si bicarbonates < 20 mmol/L : insuline IVSE 6 à 10 UI/h. Contrôle horaire de la glycémie capillaire. - L’avenir : o o o o o Pompe patch (suppression de la tubulure) Greffe d’ilôts pancréatiques (actuellement : retour aux injections en 1 ,5 à 5 ans) Transformation de cellules souches en cellules productrices d’insuline Cellules progénitrices de cellules béta Pancréas artificiel