Les comités pharmaceutiques et thérapeutiques : cours de formation

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Les comités pharmaceutiques et thérapeutiques
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2
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Ce document a été réalisé avec le soutien de l’US Agency for International Development dans
le cadre de l’accord de coopération N° HRN-A-00-00-00016-00. Les opinions qui y sont
exprimées sont celles du ou des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de l’US
Agency for International Development.
RPM Plus
RPM Plus est actif dans plus de 20 pays en développement et en économie de transition où il
fournit une assistance technique pour le renforcement des systèmes pharmaceutiques et des
systèmes de gestion des produits de santé. Le programme offre des conseils techniques et une
aide en matière de développement de stratégies et de mise en œuvre des programmes, d’une
part en améliorant la disponibilité de produits de santé – produits pharmaceutiques, vaccins,
fournitures et équipement médical de base – de qualité assurée dans des domaines tels que la
santé de la mère et de l’enfant, le VIH/SIDA, les maladies infectieuses et parasitaires et la
planification familiale, et d’autre part en assurant la promotion de l’usage approprié des
produits de santé dans le secteur public comme dans le secteur privé.
Citation
Ce document peut être reproduit avec mention de RPM Plus et de l’OMS. Veuillez utiliser la
citation suivante :
Management Sciences for Health et Organisation mondiale de la Santé. 2009. Les comités
pharmaceutiques et thérapeutiques : cours de formation. Soumis à l’US Agency for
International Development par le programme Rational Pharmaceutical Management Plus.
Arlington, VA : Management Sciences for Health.
Rational Pharmaceutical Management Plus
Center for Pharmaceutical Management
Management Sciences for Health
4301 North Fairfax Drive
Arlington VA 22203 Etats-Unis d’Amérique
Tél. : 703 524 6575
Télécopie : 703 524 7898
Courriel : [email protected]
Site Internet : www.msh.org/rpmplus
Développé en collaboration avec
l’Organisation mondiale de la Santé
Genève, Suisse
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3
TABLE DES MATIÈRES
ABRÉVIATIONS ……………………………………………………………..………….… 8
SESSION 1. LES COMITÉS PHARMACEUTIQUES ET THÉRAPEUTIQUES – VUE
D’ENSEMBLE ………………………………………………………………………….…. 10
Objectif et contenu ……………………………………………………………………….… 10
Introduction ……………………………………………………………………………….... 12
Problèmes d’utilisation des médicaments et nécessité d’un CPT ………………………….. 12
Rôle et fonctions d’un CPT ……………………………………………………………….... 14
Organisation d’un CPT ……………………………………………………………………... 18
Activité ……………………………………………………………………………………... 23
Résumé ……………………………………………………………………………………... 23
Annexe 1. Questionnaire sur les comités pharmaceutiques et thérapeutiques ……………... 25
SESSION 2. ÉLABORATION ET TENUE À JOUR D’UNE LISTE DU FORMULAIRE...29
Objectif et contenu ………………………………………………………………………….. 29
Définitions clés ……………………………………………………………………………... 29
Introduction ………………………………………………………………………………..... 30
Principes de gestion d’une liste du formulaire …………………………………………….... 31
Tenue à jour d’un système du formulaire …………………………………………………... 32
Processus de sélection des nouveaux médicaments ……………………………………….... 33
Critères de sélection des nouveaux médicaments …………………………………………... 34
Médicaments hors liste …………………………………………………………………….…38
Médicaments d’utilisation restreinte ………………………………………………………... 38
Dénominations communes internationales pour les médicaments ………………………….. 39
Ressources en matière d’information pour l’évaluation des nouveaux médicaments ……….39
Le formulaire ………………………………………………………………………………... 41
Activité 1. Addition d’un nouvel antibiotique à la liste du formulaire ……………………... 43
Activité 2. Analyse de la qualité d’une liste du formulaire : un exemple de liste d’AINS …. 43
Résumé ……………………………………………………………………………………….45
SESSION 3. ÉVALUATION DE L’EFFICACITÉ DES MÉDICAMENTS …………..….. 47
Objectif et contenu …………………………………………………………………………. 47
Introduction ………………………………………………………………………………… 48
Formuler la question ……………………………………………………………………….. 49
Trouver les preuves ………………………………………………………………………… 49
Quelles sortes de preuves ? ………………………………………………………………… 50
Evaluation de la qualité des preuves : quels sont les éléments d’un bon essai clinique ? …. 50
Qualité des essais non randomisés : que faut-il rechercher ? ………………………………. 59
Comprendre les chiffres ……………………………………………………………………. 60
Récapitulation sur les essais individuels …………………………………………………… 68
Stratégies de recherche documentaire et critères d’inclusion ……………………………… 70
L’utilisation des revues systématiques et des méta-analyses ………………………………. 70
Utilisation des preuves dans la prise de décision …………………………………………... 72
Activité 1. Comparaison entre antimicrobiens pour le traitement de la pneumonie ……….. 73
Activité 2. Interprétation des données : l’étude d’Helsinki sur les maladies cardiaques …... 73
Activité 3. Evaluation critique d’un article ………………………………………………… 74
Activité 4. Interprétation des données : un essai de médicaments comparant l’artésunate
et la méfloquine pour le traitement du paludisme …………………………………………...75
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4
Annexe 1: Glossaire ………………………………………………………………….….… 77
Annexe 2: Liste de contrôle pour la detection des problèmes couramment rencontrés
dans les articles ……………………………………………………………………….……. 80
SESSION 4. ÉVALUATION ET GESTION DE L’INNOCUITÉ DES MÉDICAMENTS.. 84
Objectif et contenu …………………………………………………………………………. 84
Définitions clés ……………………………………………………………………………... 85
Introduction ………………………………………………………………………………… 85
Réactions indésirables ……………………………………………………………………… 86
Evaluations d’innocuité avant commercialisation ……………………………………….…. 89
Surveillance post-commercialisation ……………………………………………………….. 90
Mesures à prendre en cas de réactions indésirables de découverte récente ……………….... 92
Détermination de la causalité d’une réaction indésirable …………………………………... 92
Evaluation de la causalité en cas de suspicion de réaction indésirable ………………….…. 94
Implications pour le CPT ……………………………………………….…………………... 94
Evénements indésirables ………………………………………………………………….… 99
Prévention des erreurs médicamenteuses ……………………………………………….…. 100
Activité1. Rapport de cas d’anaphylaxie en relation avec la pénicilline ………………….. 103
Activité 2. Infection respiratoire aiguë chez un enfant de deux ans ………………………. 103
Activité 3. Réactions indésirables graves avec une association phentermine-fenfluramine..104
Résumé ………………………………………………………………………………….…..104
Annexe 1. Imprimé pour la notification des réactions indésirables ……………………….. 106
Guide pour l’évaluation de la gravité d’une réaction indésirable …………………. 107
Annexe 2. Algorithme de Naranjo pour l’évaluation de la causalité d’une réaction
Indésirable ………………………………………………………………………………… 108
SESSION 5. ASSURANCE DE LA QUALITÉ DES MÉDICAMENTS ………………... 109
Remerciements ………………………………………………………………………….… 109
Objectif et contenu ………………………………………………………………………... 109
Définitions clés ………………………………………………………………………….… 110
Introduction ……………………………………………………………………………….. 110
Déterminants de la qualité des médicaments …………………………………………….... 112
Eléments de base d’un programme complet d’assurance de la qualité ………………….… 113
Assurance de la qualité des médicaments : implications pour le CPT ………………….… 118
Activité 1. Questions et problèmes concernant l’assurance de la qualité ……………….… 120
Résumé ………………………………………………………………………………….…. 121
SESSION 6. ÉVALUATION DU COÛT DES MÉDICAMENTS ………….….…….……122
Objectif et contenu ……………………………………………………………….…….….. 122
Définitions clés ……………………………………………………………………………. 122
Introduction …………………………………………………………………………….….. 123
Coût d’un médicament ……………………………………………………………….……. 123
Méthodes d’évaluation économique ………………………………………………………. 124
Evaluation des études pharmaco-économiques …………………………………………… 134
Activité 1. Analyse de minimisation des coûts pour divers AINS ………………………… 135
Activité 2. Analyse coût-efficacité de deux traitements antipaludiques ……………………136
Résumé …………………………………………………………………………………….. 137
Appendice 1. Liste de contrôle pour l’examen des évaluations économiques …………….. 138
CPT Participant (final).doc
5
SESSION 7. IDENTIFICATION DES PROBLÈMES D’UTILISATION DES
MÉDICAMENTS ………………………………………………………………….……….141
Objectif et contenu ………………………………………………………………………… 141
Introduction ………………………………………………………………………….…….. 142
Partie A. Identification des problèmes d’utilisation des médicaments : études faisant
appel à des indicateurs …………………………………………………………………….. 143
Indicateurs pour les établissements de santé ………………………………………………. 143
Indicateurs utilisé dans les hôpitaux ………………………………………………………. 147
Activité 1. Calcul des indicateurs de prescription à partir d’ordonnances ………………… 149
Activité 2. Calcul des indicateurs de soins aux patients à partir de jeux de rôle mettant
en scène des consultations …………………………………………………………………. 149
Partie B. Identification des problèmes d’utilisation des médicaments : méthodes utilisant
des données globales ………………………………………………………………………. 149
Dose journalière définie …………………………………………………………………… 150
Analyse VEN ……………………………………………………………………………… 152
Analyse ABC ……………………………………………………………………………… 154
Activité 3. Réalisation d’une analyse VEN ……………………………………………….. 156
Activité 4. Réalisation d’une analyse ABC ……………………………………………….. 157
Activité 5. Réalisation d’une analyse ABC/VEN avec les données des participants ………158
Résumé …………………………………………………………………………………….. 158
Annexe 1. Feuilles de calcul pour les activités ……………………………………………. 160
Feuille de calcul 1. Imprimé pour l’indicateur de prescription ……………………………. 160
Feuille de calcul 2. Analyse ABC/VEN – Résultats des calculs et classement ……….……161
Feuille de calcul 3. Analyse ABC – Feuille de résultats ………………………………….. 162
SESSION 8. COMPRENDRE LES PROBLÈMES ASSOCIÉS À L’UTILISATION DES
MÉDICAMENTS – MÉTHODES QUALITATIVES ……………………………………..163
Objectif et contenu ………………………………………………………………………….163
Introduction …………………………………………………………………………………164
Définitions clés ……………………………………………………………………………. 165
Application des méthodes qualitatives aux études sur l’utilisation des médicaments …….. 166
Méthodes qualitatives ……………………………………………………………………... 167
Discussions en groupe …………………………………………………………………….. 167
Entretiens approfondis …………………………………………………………………….. 168
Observations structurées ……………………………………………….………………….. 169
Questionnaires structurés ………………………………………………………………….. 170
Activité 1. Comment décider des questions à poser lors de l’utilisation des méthodes
qualitatives pour déterminer les raisons de l’usage excessif des antibiotiques dans votre
hôpital ……………………………………………………………………………………… 171
Activité 2. Elaboration d’un outil qualitatif pour rechercher les raisons d’une utilisation
aussi importante des antibiotiques dans un hôpital de district …………………………….. 171
Activité 3 (facultative). Préparation des questions pour un entretien avec les prescripteurs..172
Résumé …………………………………………………………………………………….. 173
Annexe 1. Exemple de questionnaire pour l’entretien avec les prescripteurs ………………174
SESSION 9. STRATÉGIES D’AMÉLIORATION DE L’UTILISATION DES
MÉDICAMENTS – VUE D’ENSEMBLE ………………………………………………... 176
Objectif et contenu ………………………………………………………………………… 176
Définitions clés ……………………………………………………………………………. 177
Introduction ……………………………………………………………………………….. 177
CPT Participant (final).doc
6
Méthodes basées sur l’éducation pour améliorer l’utilisation des médicaments ………….. 178
Méthodes basées sur la gestion ………………………………………………………….… 183
Méthodes basées sur la réglementation …………………………………………………… 188
Choix d’une intervention ………………………………………………………………….. 189
Activité 1. Etude de cas : antibiotiques génériques et de marque …………………………. 192
Résumé …………………………………………………………………………………….. 192
SESSION 10. DIRECTIVES THÉRAPEUTIQUES STANDARD ………………………. 194
Remerciements …………………………………………………………………………….. 194
Objectif et contenu ………………………………………………………………………… 194
Définition clé ………………………………………………………………………………. 195
Introduction …………………………………………………………………………………195
Ce dont on a besoin : une solution contre l’anarchie thérapeutique ………………………..195
Etablissement des directives thérapeutiques standard ……………………………………... 198
Caractéristiques de base d’un bon recueil de directives thérapeutiques standard ……….… 200
Mise en œuvre des directives ……………………………………………………………… 202
Activité 1. Elaboration de directives qui seront utilisées pendant la visite sur le terrain …. 204
Activité 2. Etude de cas : Une deuxième édition ? Les traitements standard en Pagalie ….. 204
Résumé ………………………………………………………………………………….…. 205
Annexe 1. Etude de cas pour l’activité 2 ………………………………………………….. 206
Un matin, vers le milieu de l’année 1998 …………………………………………………. 206
Etat et système de santé en Pagalie ………………………………………………………... 206
La publication des traitements standard …………………………………………………… 207
Les schémas thérapeutiques dans les centres de santé en 1997 …………………………… 207
Une deuxième édition ? …………………………………………………………………….208
Annexe 2. Publications se rapportant à la préparation de directives thérapeutiques
standard ……………………………………………………………………………………..209
SESSION 11. ÉTUDES D’ÉVALUATION DE L’UTILISATION DES
MÉDICAMENTS …………………………………………………………………………. 211
Objectif et contenu ………………………………………………………………………… 211
Définition clé ………………………………………………………………………………. 211
Introduction ………………………………………………………………………………... 212
Pourquoi les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments sont nécessaires ………212
Etapes d’une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments …………………………214
Lorsque les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments ne donnent pas les
résultats escomptés ………………………………………………………………………… 220
Activité 1. Elaboration d’une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments ………. 221
Résumé …………………………………………………………………………………….. 221
Annexe 1. Exemple de critères d’évaluation de l’utilisation des médicaments : imprimé
pour la collecte de données sur l’amikacine ………………………………………………. 223
SESSION 12. LUTTE CONTRE LES INFECTIONS ……………………………………. 224
Objectif et contenu ………………………………………………………………………… 224
Définitions clés ……………………………………………………………………………. 225
Activité 1. Description des pratiques de lutte contre les infections dans votre
Établissement ……………………………………………………………………………… 225
Introduction …………………………………………………………………………….….. 226
Epidémiologie des infections nosocomiales ………………………………………………. 227
7
CPT Participant (final).doc
Prévenir et combattre les infections nosocomiales : les comités de lutte contre
les infections …………………………………………………………………………….... 229
Stratégies de base pour réduire le risque d’infections nosocomiales …………………….. 230
Implications pour le CPT ………………………………………………………………… 238
Activité 2. Elaboration de recommandations pour votre établissement ……………….…. 240
Résumé …………………………………………………………………………………… 240
Annexe 1. Ressources sur Internet et sur CD-ROM : informations, directives
et protocoles sur la lutte contre les infections ……………………………………………. 242
SESSION 13. RÉSISTANCE AUX ANTIMICROBIENS ………………………………. 244
Objectif et contenu ………………………………………………………………………... 244
Introduction …………………………………………………………………………….…. 245
Situation mondiale de la résistance aux antimicrobiens ………………………………….. 246
Interventions de lutte contre la résistance aux antimicrobiens …………………………… 250
Création d’un sous-comité des antimicrobiens au sein du CPT ………………………….. 257
Collaboration du CPT avec les services et les comités hospitaliers ……………………… 258
Activité …………………………………………………………………………………….259
Résumé …………………………………………………………………………………….259
SESSION 14. POUR DÉMARRER ……………………………………………………… 261
Remerciements …………………………………………………………………………… 261
Objectif et contenu ……………………………………………………………………….. 261
Aborder le problème ……………………………………………………………………… 261
Approche par étapes pour démarrer un CPT lorsqu’il n’en existe pas …………………… 262
Réactivation de CPT non fonctionnels …………………………………………………… 266
Activité …………………………………………………………………………………… 267
Résumé et conclusions …………………………………………………………………… 267
Annexe 1. Exemples de problèmes, leurs causes et leurs solutions ……………………… 268
8
CPT Participant (final).doc
ABRÉVIATIONS
A+L
A+M
AB
AINS
ANOVA
ARD
ARR
AUC
AUD
BCG
BPF
CD4
CME
cp
CPT
DALY
DCI
DDD
DTC
DUE
DUR
ERV
ET
g
h
HbA1c
HMO
IC
ICAT
ICER
IM
INRUD
IRA
ITT
IV
IVRS
kg
LME
mcg
MDR-TB
mg
min
artésunate plus luméfantrine
artésunate plus méfloquine
antibiotique
anti-inflammatoires non stéroïdiens
analyse de variance
différence de risque en valeur absolue
réduction du risque en valeur absolue
aire sous la courbe
dollars australiens
bacille Calmette-Guérin
bonnes pratiques de fabrication
lymphocytes T helper humains exprimant
l’antigène CD4
concentration minimale efficace
comprimé
comité pharmaceutique et thérapeutique
nombre d’années de vie ajustées sur l’incapacité
dénominations communes internationales
dose journalière définie
diphtérie-tétanos-coqueluche
étude d’évaluation de l’utilisation des
médicaments (drug use evaluation)
étude d’évaluation de l’utilisation des
médicaments (drug use review)
entérocoques résistants à la vancomycine
écart type
gramme
heure
hémoglobine glycosylée (ou glyquée)
organisations de soins de santé
intervalle de confiance
outil d’évaluation de la lutte contre les infections
(Infection Control Assessment Tool)
rapport coût-efficacité différentiel
intramusculaire
Réseau international pour l’usage rationnel des
médicaments
infections respiratoires aiguës
intention de traiter
intraveineux
infection des voies respiratoires supérieures
kilogramme
liste des médicaments essentiels
microgramme
tuberculose multirésistante
milligramme
minute
9
CPT Participant (final).doc
ml ou mL
MSH
MUR
Nb, n ou N
ng
NNT
OR
OMS
QALY
QD
QOD
RCQI
RMP
RPM Plus
RR
RRR
SARM
SARV
SCA
SIDA
SK
SRO
SSP
tPA
UNICEF
UNIPAC
USD
VEN
VIH
XDR-TB
millilitre
Management Sciences for Health
étude d’évaluation de l’utilisation des
médicaments (medicine use review)
nombre
nanogramme
nombre de patients devant être traités
odds ratio
Organisation mondiale de la Santé
nombre d’années de vie ajustées sur la qualité de
vie
une fois par jour
une fois tous les deux jours
méthode d’amélioration rapide de la qualité
(rapid cycle quality improvement)
rifampicine
Rational Pharmaceutical Management Plus
risque relatif
réduction du risque en valeur relative
Staphylococcus aureus résistant à la méticilline
Staphylococcus aureus résistant à la
vancomycine
syndrome coronarien aigu
syndrome d’immunodéficience acquise
streptokinase
sels de réhydratation orale
soins de santé primaires
activateur du plasminogène
Fonds des Nations Unies pour l’enfance
centrale d’approvisionnement de l’UNICEF
dollars des Etats-Unis d’Amérique
vitaux, essentiels, non essentiels
virus de l’immunodéficience humaine
tuberculose ultrarésistante
Note : Dans tout ce cours, antimicrobiens est synonyme d’anti-infectieux.
CPT Participant (final).doc
10
SESSION 1. LES COMITÉS PHARMACEUTIQUES ET THÉRAPEUTIQUES – VUE
D’ENSEMBLE
Objectif et contenu
Le comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) est un élément essentiel du programme de
tout établissement de santé concernant la sélection, l’utilisation et la distribution des
médicaments. Il possède de nombreuses fonctions qui concourent au but général, à savoir
l’amélioration de la sélection et de l’usage rationnel des médicaments. Cette session donne
une vue d’ensemble du rôle et des fonctions de cet important comité et en décrit tous les
aspects.
Ce cours s’adresse aux praticiens qui font partie d’un CPT. La présente session porte, comme
l’ensemble du cours, sur les aspects techniques du travail du comité – sélection des
médicaments pour la liste du formulaire, identification des problèmes d’utilisation des
médicaments, promotion des interventions visant à améliorer l’utilisation des médicaments.
Les participants sont invités à se reporter à la section « Pour en savoir plus » pour tous
renseignements sur la création et la mise en œuvre d’un nouveau CPT. La publication de
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Les comités pharmaceutiques et thérapeutiques :
Guide pratique décrit étape par étape la marche à suivre pour créer un CPT.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Comprendre le rôle du CPT

Comprendre la structure et l’organisation d’un CPT et ses relations avec les autres
comités hospitaliers

Comprendre les fonctions du CPT : rôle de conseil, élaboration de politiques et de
procédures, gestion du système du formulaire, identification des problèmes
d’utilisation des médicaments, promotion de stratégies destinées à améliorer
l’utilisation et l’innocuité des médicaments

Expliquer l’importance du CPT dans la promotion de l’usage rationnel des
médicaments, notamment en ce qui concerne les antimicrobiens et les injections
Préparation et matériel

Lire le Guide du participant

Lire le manuel de l’OMS Les comités pharmaceutiques et thérapeutiques : Guide
pratique. (Voir ci-dessous « Pour en savoir plus ».)
CPT Participant (final).doc
11
Pour en savoir plus
Albrich WC, Monnet DL, Harbath S. 2004. Antibiotic Selection Pressure and Resistance in
Streptococcus pneumoniae and Streptococcus pyogenes. Emerging Infectious Diseases
10(3):514–517.
American Society of Hospital Pharmacists. 1992. ASHP Statement on the Pharmacy and
Therapeutics Committee. American Journal of Hospital Pharmacy 49:648–652.
Goossens H, Ferens M, Vander Stichele R, Elseviers M, and the ESAC Project Group. 2005.
Outpatient Antibiotic Use in Europe and Association with Resistance : A Cross National
Database Study. Lancet 365(9459):579–587.
Hogerzeil HV. 1995. Promoting Rational Prescribing : An International Perspective. British
Journal of Clinical Pharmacology 39(1):1–6.
Laing RO, Hogerzeil HV, Ross-Degnan D. 2001. Ten Recommendations to Improve Use of
Medicines in Developing Countries. Health Policy and Planning 16(1):13–20.
Management Sciences for Health and World Health Organization. 1997. Managing Drug
Supply. 2nd ed. West Hartford, CT : Kumarian Press. (Partie III, Section A et Partie IV,
Section A, Chapitre 38.)
Management Sciences for Health. 1996. Manual for the Development and Maintenance of
Hospital Drug Formularies. Arlington, VA : MSH.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2002. La sélection des médicaments essentiels
(Perspectives politiques de l’OMS sur les médicaments N° 4 ; WHO/EDM/2002.2). Genève :
OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2002. Promouvoir l’usage rationnel des
médicaments : éléments principaux (Perspectives politiques de l’OMS sur les médicaments
N° 5 ; WHO/EDM/2002.3). Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2003. Les comités pharmaceutiques et
thérapeutiques : pour un usage plus rationnel des médicaments. Médicaments essentiels : le
point N° 32:10.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2004. Pharmacovigilance : assurer la sécurité
d’emploi des médicaments (Perspectives politiques de l’OMS sur les médicaments N° 9
(WHO/EDM/2004.8). Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2005. Les comités pharmaceutiques et
thérapeutiques : Guide pratique (WHO/EDM/PAR/2004.1). Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2005. Endiguer la résistance aux antimicrobiens
(Perspectives politiques de l’OMS sur les médicaments N° 10 (WHO/EDM/2005.1). Genève :
OMS.
CPT Participant (final).doc
12
Introduction
Définitions clés
Comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) – Comité qui évalue l’utilisation clinique
des médicaments, élabore des politiques pour la gestion de l’utilisation et de l’administration
des médicaments et gère le système du formulaire1.
Comité du formulaire – Comité spécialement chargé de constituer, développer et tenir à jour
une liste de médicaments approuvés pour l’hôpital ou le dispensaire.
Liste du formulaire – Liste de médicaments approuvés pour utilisation dans le système de
santé par des prescripteurs autorisés.
Système du formulaire – Système d’évaluation et de sélection périodiques de médicaments
pour la liste du formulaire, de tenue à jour de la liste et de production de l’information sous
forme d’un manuel (le formulaire) ou d’une liste appropriés.
Problèmes d’utilisation des médicaments et nécessité d’un CPT
De nombreux pays consacrent 30 à 40 % de leur budget de santé aux dépenses
pharmaceutiques, et une grande partie de cet argent est gaspillée du fait de l’usage irrationnel
des médicaments et de procédures d’acquisition inefficaces. Parmi les autres graves
problèmes auxquels les établissements de santé sont confrontés figurent l’utilisation excessive
des antibiotiques, l’augmentation de la résistance aux antimicrobiens, la fréquence de plus en
plus grande des réactions indésirables et l’augmentation considérable des coûts associés à
l’utilisation des médicaments. Les CPT possèdent à la fois l’autorité et la structure nécessaires
pour sélectionner les médicaments appropriés pour la liste du formulaire, identifier les
problèmes d’utilisation des médicaments, promouvoir l’usage rationnel des médicaments et
aider à réduire les coûts pharmaceutiques.
Dans le monde entier, de nombreuses enquêtes ont mis en évidence un usage inapproprié des
médicaments. Les exemples qui suivent sont principalement tirés de Quick et al. (1997),
Managing Drug Supply, de la conférence internationale de 2004 sur l’amélioration de
l’utilisation des médicaments, du site Internet http://www.icium.org, et de la base de données
de l’OMS Database on Drug Use in Primary Health Care in Developing Countries, 2001–
2006. On peut accéder aux résultats de cette dernière (en anglais seulement) depuis le site
Internet de l’OMS :

Exposés présentés lors du Technical Briefing Seminar, qui se tient chaque année au
Siège de l’OMS à Genève :
http://www.who.int/medicines/areas/policy/en/index.html

Informations présentées aux délégués lors de la 60e Assemblée mondiale de la Santé
en 2007 :
http://www.who.int/medicines/areas/rational_use/WHA60NGObriefingshortMay07.pd
f.
1
American Society of Hospital Pharmacists. 1992. ASHP Statement on the Pharmacy and Therapeutics
Committee. American Journal of Hospital Pharmacy 49:648–652.
CPT Participant (final).doc
13
Les données tirées de ces sources d’information montrent que :

30–60 % des patients des services de soins de santé primaires reçoivent des
antibiotiques, soit peut-être le double de ce qui serait nécessaire du point de vue
médical.2

6–90 % des patients des hôpitaux universitaires reçoivent des antibiotiques
inappropriés (d’après Hogerzeil 1995, pp. 1–6).

Une surveillance standardisée de l’utilisation des antibiotiques en ambulatoire en
Europe montre qu’en 2002, la France a consommé trois fois plus d’antibiotiques que
les Pays-Bas, bien que ces pays soient géographiquement proches et aient
probablement une répartition des cas similaire (Goossens et al. 2005). La surveillance
de la résistance aux antimicrobiens en Europe et dans certains autres pays a montré
que la résistance de S. pneumoniae à la pénicilline est corrélée avec l’utilisation de cet
antibiotique, c’est-à-dire que les pays qui utilisent davantage d’antibiotiques ont
également davantage de problèmes de résistance (Albrich, Monnet, Harbath 2004).

Globalement, au niveau des soins de santé primaires dans les pays en développement,
moins de 70 % des cas de pneumonie sont traités par un antibiotique approprié, et plus
de la moitié de tous les cas d’infections virales des voies respiratoires supérieures sont
encore traitées à tort par des antibiotiques ; de plus, les médecins, les infirmiers et le
personnel paramédical semblent tous avoir les mêmes pratiques (WHO/PSM,
Database on Medicines Use in Primary Health Care in Developing Countries, 2007).

Globalement, pour le traitement de la diarrhée aiguë au niveau des soins de santé
primaires dans les pays en développement, moins de la moitié des cas sont traités de
façon appropriée par une solution de réhydratation orale, et plus de la moitié sont
encore traités par des antimicrobiens, ce qui est rarement nécessaire ; de plus, le
traitement dans le secteur privé est de bien moins bonne qualité que dans le secteur
public (WHO/PSM, Database on Medicines Use in Primary Health Care in
Developing Countries, 2007).

Environ la moitié de l’ensemble des patients des services de soins de santé primaires
dans les pays en développement de toutes les régions ne sont pas traités conformément
aux directives cliniques (WHO/PSM, Database on Medicines Use in Primary Health
Care in Developing Countries, 2007).

5–50 % des patients des services de soins de santé primaires reçoivent des injections,
dont près de 90 % ne sont pas nécessaires du point de vue médical. Un grand nombre
de ces injections ne sont pas réalisées de façon stérile, ce qui entraîne la propagation
d’infections transmises par le sang comme les hépatites B et C et le VIH/SIDA
(d’après : 1) Managing Drug Supply 1997 ; 2) Simonsen 19993 ; 3) Hutin 20034).
2
Management Sciences for Health and World Health Organization. 1997. Managing Drug Supply. West
Hartford, CT : Kumarian Press.
3
Simonsen L et al. 1999. Unsafe injections in the developing world and transmission of bloodborne pathogens :
a review. Bulletin of the WHO 77:789–800.
4
Hutin YJ, Haurin AM, Armstrong GL. 2003. Use of injections in healthcare settings worldwide, 2000 :
literature review and regional estimates. British Medical Journal 327:1075.
CPT Participant (final).doc
14
Le CPT d’un établissement de santé assume de nombreuses responsabilités qui, lorsqu’il
fonctionne bien, auront un impact positif sur les soins de santé. Il n’est pas facile de mesurer
la valeur globale d’un CPT, mais de nombreuses autorités s’accordent pour reconnaître qu’il
s’agit d’un élément très utile de tout système global de soins de santé. Parmi les bénéfices
majeurs qu’apporte un CPT fonctionnel figurent :

Sélection, pour la liste du formulaire, de médicaments efficaces, sans danger, de bonne
qualité et d’un bon rapport coût-efficacité

Identification des problèmes d’utilisation des médicaments, ce qui peut conduire à une
amélioration de l’utilisation des médicaments, notamment en ce qui concerne les
antimicrobiens

Amélioration de l’utilisation des médicaments, et notamment des antimicrobiens

Amélioration de la qualité des soins et de l’issue du traitement

Gestion de la résistance aux antimicrobiens

Renforcement des connaissances du personnel et des patients

Diminution des réactions indésirables et des erreurs médicamenteuses grâce à une
meilleure gestion

Amélioration des procédures d’acquisition des médicaments et de la gestion des stocks

Suivi et contrôle des dépenses pharmaceutiques grâce à une meilleure gestion
Rôle et fonctions d’un CPT
Le rôle d’un CPT est d’optimiser l’usage rationnel des médicaments grâce à l’évaluation de
leur utilisation clinique, à l’élaboration de politiques de gestion de l’utilisation et de
l’administration des médicaments, et à la gestion du système du formulaire. Le comité est
chargé de déterminer quels médicaments seront disponibles, à quel prix, et comment ils seront
utilisés.
Le comité possède de nombreuses fonctions, qui ne peuvent être qu’en partie exercées par
d’autres comités. Ses fonctions essentielles sont :

Conseiller les services médicaux, administratifs et la pharmacie sur des questions liées
aux médicaments

Elaborer des politiques et procédures en matière de médicaments

Evaluer et sélectionner les médicaments pour la liste du formulaire et assurer la
révision périodique de celle-ci

Identifier les problèmes d’utilisation des médicaments

Promouvoir et mener des interventions efficaces pour améliorer l’utilisation des
médicaments (avec des méthodes basées sur l’éducation, sur la gestion et sur la
réglementation)
CPT Participant (final).doc

15
Gérer les réactions indésirables et les erreurs médicamenteuses
Rôle de conseil auprès du personnel médical, de l’administration et de la pharmacie
Le CPT représente un atout appréciable pour le personnel médical, l’administration, la
pharmacie et les autres départements et services de l’établissement de santé. Il émet à
l’intention de ces services des conseils sur tous les aspects de la sélection, de l’utilisation et de
la distribution des médicaments. En général, le CPT formule des recommandations et des
conseils et un comité constitué de personnel administratif ou médical les examine et met en
pratique les décisions approuvées.
De nombreux autres départements et services médicaux, dont les soins infirmiers, le
département de santé publique, le comité de lutte contre les infections, les programmes de
vaccination et les services de santé dentaire, pourront tirer parti des services de conseil du
CPT aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé.
Elaboration de politiques et de procédures en matière de médicaments
Le CPT est chargé d’élaborer des politiques pharmaceutiques au sein de l’établissement de
santé. De telles politiques sont nécessaires pour contrôler correctement les aspects importants
de la sélection, de l’achat, de la distribution, de l’utilisation et de l’administration des
médicaments. Le CPT représente un choix logique pour exécuter ces tâches car ses membres
ont toute l’expérience et la formation requises en matière de traitement pharmacologique et de
distribution de médicaments. L’élaboration des politiques et des procédures est en général la
première tâche qui incombe au comité car elles serviront de base à ses autres fonctions. A part
les politiques générales concernant l’utilisation des médicaments, le comité devra mettre en
place les politiques suivantes :

Addition de nouveaux médicaments à la liste du formulaire

Médicaments non inscrits sur la liste du formulaire

Médicaments d’utilisation restreinte

Médicaments en cours d’investigation

Directives thérapeutiques standard et autres interventions destinées à améliorer
l’utilisation des médicaments

Substitution par un médicament générique et substitution thérapeutique

Ordres stop automatiques

Bons de commande structurés et directives

Représentants des laboratoires pharmaceutiques et documents promotionnels
L’élaboration de politiques et de procédures très complètes est déterminante pour la réussite
du CPT. Ces politiques serviront de cadre pour la mise en œuvre des améliorations dans le
domaine de la sélection et de l’utilisation des médicaments.
CPT Participant (final).doc
16
Evaluation et sélection des médicaments pour la liste du formulaire
L’une des fonctions les plus importantes du CPT consiste à évaluer et sélectionner les
médicaments en vue de leur inscription sur la liste du formulaire de l’établissement de santé.
L’évaluation des médicaments, qui débouchera sur leur approbation ou sur leur rejet, exige de
la part du comité expérience et engagement.
L’évaluation des médicaments nécessite une approche rigoureuse comportant l’examen de la
documentation relative à l’efficacité, à l’innocuité, à la qualité et au coût de tous les
médicaments faisant l’objet d’une demande d’inscription sur la liste du formulaire. Il est
également nécessaire d’instituer un système de réexamen périodique des médicaments inscrits
sur la liste, du fait de l’évolution constante des données qui peut se traduire par de nouvelles
indications, de nouvelles informations concernant l’efficacité et l’innocuité, et des
informations comparatives avec d’autres médicaments. Le coût d’un médicament, qu’il
s’agisse d’une nouvelle molécule ou d’un générique inscrit sur la liste depuis des années, peut
varier rapidement et doit être fréquemment réévalué. Le processus de prise de décision en
matière de sélection des médicaments doit être cohérent et repose sur :



Des données médicales factuelles
Une prise en compte du contexte local
Un processus d’évaluation transparent
L’évaluation des médicaments à inscrire sur la liste du formulaire comporte également un
examen des médicaments génériques et autres équivalents thérapeutiques, de façon à pouvoir
établir, pour l’hôpital ou l’établissement de soins de santé primaires, la liste présentant le
meilleur rapport coût-efficacité. Le processus d’évaluation doit comprendre un examen de la
littérature pharmaceutique primaire (en particulier sur les essais contrôlés randomisés), des
directives thérapeutiques standard déjà publiées, des études pharmaco-économiques, des
articles de mise au point, et des ouvrages de référence.
Identification des problèmes d’utilisation des médicaments
Le CPT est chargé d’évaluer en permanence et de façon systématique la qualité des soins (en
ce qui concerne l’utilisation des médicaments). Il est cependant fréquent que cette partie de
son travail soit négligée. Le temps et l’attention qui seront accordés en temps utile à cette
activité auront des retombées importantes à long terme en ce qui concerne l’amélioration de la
qualité du traitement médicamenteux, l’amélioration de l’issue du traitement et la diminution
des coûts pharmaceutiques. Plusieurs aspects de la gestion des produits pharmaceutiques
doivent être évalués dans le but d’identifier les problèmes d’utilisation des médicaments :








Acquisition et disponibilité des médicaments
Distribution
Prescription
Dispensation
Administration et utilisation
Rapports de réactions indésirables
Rapports d’erreurs médicamenteuses
Rapports de la surveillance de la résistance aux antimicrobiens
CPT Participant (final).doc
17
On peut utiliser de nombreuses méthodes pour évaluer la qualité des soins, dont les suivantes,
qui seront examinées dans le cadre de ce cours : analyses ABC et VEN (médicaments vitaux,
essentiels, non essentiels), analyse des doses journalières définies (DDD), analyse des
données globales, indicateurs pour les établissements de santé, indicateurs de l’utilisation des
antimicrobiens à l’hôpital, et études d’évaluation de l’utilisation des médicaments.
Promotion des interventions visant à améliorer l’utilisation des médicaments
L’usage irrationnel des médicaments, un problème fréquent dans tous les systèmes de santé et
dans le monde entier, contribue à l’insuffisance du résultat du traitement chez le patient et
gaspille de précieuses ressources. La promotion et la mise en œuvre d’interventions efficaces
sont nécessaires pour assurer l’usage rationnel des médicaments. Parmi les interventions
importantes pour améliorer l’utilisation des médicaments figurent :

Programmes basés sur l’éducation
o Lettres et bulletins d’information pharmaceutique
o Formation en cours d’emploi

Programmes basés sur la gestion
o Elaboration de directives thérapeutiques standard
o Etudes d’évaluation de l’utilisation des médicaments
o Programmes de pharmacie clinique
o Bons de commande structurés et ordres stop automatiques

Programmes basés sur la réglementation
o Enregistrement des médicaments
o Enregistrement des professionnels de santé
o Enregistrement des points de vente de médicaments
Gestion des réactions indésirables
Le comité doit examiner à intervalles réguliers la question des réactions indésirables aux
médicaments. Il s’agit d’un problème grave, dont l’incidence va en augmentant avec le
nombre de médicaments disponibles et le nombre de personnes qui y sont exposées. Aux
Etats-Unis d’Amérique, une revue des études prospectives a montré qu’en 1994, on a observé
2,2 millions de cas de réactions indésirables parmi les patients hospitalisés (incidence de
6,7 %), avec un nombre de décès estimé à 106 000.5 D’autres études ont montré que les
réactions indésirables étaient à l’origine de 3–7 % du total des hospitalisations. Ces données
prennent encore plus d’importance si on tient compte du fait que les statistiques utilisées dans
ces études n’incluent pas les erreurs d’administration, ce qui ne ferait qu’augmenter encore
l’incidence totale de la morbidité et de la mortalité. Le CPT doit établir un plan pour l’examen
du problème des réactions indésirables, avec surveillance régulière, évaluation, notification,
correction des problèmes identifiés et activités de prévention.
Les médicaments nouvellement mis sur le marché peuvent poser un problème du fait de
l’insuffisance des connaissances et de l’expérience clinique à leur sujet. La tendance actuelle
qui consiste à mettre rapidement les médicaments sur le marché (selon une filière accélérée)
augmente également l’incidence des effets secondaires indésirables car ces nouveaux
5
Lazarou J, Pomeranz BH, Corey PN. 1998. Incidence of Adverse Drug Reactions in Hospitalized Patients : A
Meta-analysis of Prospective Studies. Journal of the American Medical Association 279(15):1200–1205.
CPT Participant (final).doc
18
médicaments n’ont pas toujours été suffisamment testés avant leur libération par les autorités
de réglementation. Les médicaments anciens peuvent avoir tout autant d’effets secondaires,
mais ceux-ci sont largement connus et, dans de nombreux cas, peuvent être prévus et évités.
Gestion des erreurs médicamenteuses
Les erreurs médicamenteuses peuvent survenir lors de la prescription d’un médicament, de sa
préparation et de sa dispensation par un pharmacien, de sa préparation et de son
administration par un infirmier, ou lors de sa prise par le patient. Ce problème est largement
répandu et touche toutes les catégories de personnes qui manipulent des médicaments. Les
causes de ces erreurs sont nombreuses : manque de connaissances, fatigue du personnel,
négligence, mauvaises procédures de distribution, erreur humaine. Des erreurs peuvent
survenir dans n’importe quel établissement, aussi « idéal » soit-il. Le CPT doit donc être
équipé pour surveiller, évaluer et prévenir les erreurs médicamenteuses.
Organisation d’un CPT
Un CPT est habituellement composé de professionnels de santé appartenant au personnel de
l’établissement – médecins (avec des représentants des principales spécialités), pharmaciens,
membres du personnel infirmier et représentants de l’administration. Même si on obtient ainsi
une bonne représentativité des divers secteurs de l’établissement, il n’existe pas de
recommandation universelle quant à l’inclusion de telle ou telle personne dans le comité.
Mais comme celui-ci s’intéresse principalement à ce que les médecins prescrivent et à la
façon dont les pharmaciens sont impliqués dans le traitement médicamenteux et la logistique
des médicaments, ces personnels devront avoir un poids important au sein du comité.
Dans l’idéal, un médecin bien connu et respecté devrait diriger le comité, avec un pharmacien
comme co-président ou secrétaire général. Ces personnes devront être nommées par
l’administration de l’établissement. L’autorité du comité doit être reconnue au plus haut
niveau du système de santé, et il doit bénéficier de tout le soutien nécessaire. La figure 1
montre l’organisation classique d’un CPT.
Lors de l’examen de certains médicaments, le comité peut inviter des spécialistes à participer
aux réunions ; ceux-ci ne disposent toutefois pas du droit de vote. Des sous-comités peuvent
être constitués pour accomplir des tâches spécifiques, par exemple l’examen d’une catégorie
d’antimicrobiens ou l’élaboration d’une stratégie de prévention des erreurs médicamenteuses.
Il est très important que le comité se réunisse à intervalles réguliers, au moins trois à six fois
par an. Si nécessaire, il pourra être amené à exiger la présence de ses membres aux réunions.
Chaque réunion fera l’objet d’un compte rendu qui sera distribué aux services médicaux et
infirmiers intéressés ainsi qu’à la pharmacie de l’établissement.
Enfin, tous les objectifs, attributions, politiques, décisions et autres actions du CPT devront
être documentés et archivés.
CPT Participant (final).doc
19
Figure 1. Organigramme d’un comité pharmaceutique et thérapeutique
Sous-comité des antimicrobiens
De nombreux CPT ont estimé nécessaire de constituer un sous-comité spécialement chargé
des antimicrobiens. Ce sous-comité a pour objectif d’assurer que l’établissement de santé peut
disposer d’antimicrobiens efficaces, sans danger et d’un bon rapport coût-efficacité. Il assure
aussi que les antibiotiques ne sont utilisés que lorsqu’ils sont cliniquement indiqués, à la dose
correcte et pendant la durée appropriée. Il doit également assurer que les patients prennent
correctement ces médicaments, car une utilisation correcte peut influer considérablement sur
l’issue du traitement et sur la prévention de la résistance aux antimicrobiens.
Les fonctions du sous-comité des antimicrobiens sont identiques à celles du CPT, mais
mettent l’accent sur les antimicrobiens. Dans l’idéal, un sous-comité des antimicrobiens
devrait :

S’occuper des questions relatives aux antimicrobiens, y compris leur prescription
correcte

Elaborer des politiques concernant l’utilisation des antimicrobiens et les faire
approuver par le CPT et le personnel médical ; les politiques devront comporter des
sections spécifiques sur les méthodes visant à limiter et restreindre l’utilisation des
antimicrobiens à l’hôpital et dans les établissements de soins de santé primaires

Aider à évaluer et à choisir les antimicrobiens à inscrire sur la liste du formulaire

Organiser des programmes éducatifs destinés au personnel de santé
CPT Participant (final).doc

20
Evaluer et surveiller les profils de sensibilité et de résistance aux antimicrobiens à
l’hôpital et dans les établissements de soins de santé primaires ; préparer des rapports
mensuels sur ces activités et les distribuer aux services et professionnels de santé
intéressés
Comité de lutte contre les infections
Le comité de lutte contre les infections supervise les programmes de l’hôpital concernant la
lutte contre les infections, leur prévention et leur surveillance. Il travaille en général
indépendamment du CPT mais sollicite souvent ses conseils et avis. Les principales fonctions
du comité de lutte contre les infections sont :

Elaborer et recommander des politiques et des procédures relatives à la lutte contre les
infections

S’occuper des questions relatives à la manipulation des aliments, du linge, aux
méthodes de nettoyage, aux politiques en matière de visites et aux pratiques en
relation avec les soins aux patients, y compris le lavage des mains et les vaccinations

Se procurer et gérer les données et informations importantes en matière de
bactériologie, y compris les données de la surveillance

Reconnaître et étudier les flambées d’infections à l’hôpital et dans la communauté

Eduquer et former les agents de santé, les patients ainsi que les aidants n’appartenant
pas au personnel médical
La figure 2 montre la position de ces comités dans l’organigramme de l’établissement de
santé.
Figure 2. Organigramme de l’établissement de santé
CPT Participant (final).doc
21
Principes directeurs des CPT
Pour qu’un CPT soit efficace, certains principes doivent être adoptés et observés dans
l’ensemble de ses activités et rapports. Ces mêmes principes peuvent être appliqués à tout
comité ou à toute fonction du système de santé.

Prise de décision transparente et indépendante
o Critères et processus explicites
o Documentation des activités
o Absence de conflits d’intérêts, notamment avec les laboratoires
pharmaceutiques et les fournisseurs de médicaments
o Elaboration et mise en pratique d’une politique rigoureuse d’éthique pour
toutes les activités du comité

Objectivité – Approche basée sur les données factuelles et les niveaux de preuve

Cohérence – Le comité travaille de manière cohérente, en suivant des politiques et
procédures établies. Les médicaments de la liste du formulaire et les directives
thérapeutiques standard sont les mêmes dans tout le système de santé

Travail axé sur l’impact – Les indicateurs de processus, d’impact et de résultats
montrent une amélioration des résultats des soins de santé
Facteurs déterminants pour la réussite d’un CPT établi de longue date ou nouvellement
créé

Etablir des buts et objectifs clairs

Obtenir une large représentativité : prescripteurs, infirmiers, pharmaciens, personnel
administratif

N’autoriser aucun lien du comité ou de ses membres avec les laboratoires
pharmaceutiques ou les fournisseurs de médicaments

Communiquer toutes les informations, politiques, procédures, recommandations et
actions du CPT au personnel de l’établissement

Obtenir un statut officiel approuvé par l’administration (directeur de l’hôpital local et
bureau régional de la santé) avec un soutien énergique au plus haut niveau – ce point
est très important

Assurer que le président et les membres du comité sont des personnes motivées,
respectées et dynamiques

Acquérir le soutien des services médicaux et de la pharmacie de l’établissement ainsi
que des écoles professionnelles locales

Prévoir des incitations en fonction du contexte
CPT Participant (final).doc
22
Questions éthiques
Le comité doit fonctionner d’une manière transparente et éviter tous conflits d’intérêts avec
les fabricants et distributeurs de médicaments et de fournitures médicales. Pour conserver son
objectivité et sa crédibilité, le comité doit élaborer une politique rigoureuse d’éthique et
l’observer strictement en tout temps. Le comité ne peut avoir avec les laboratoires
pharmaceutiques aucune autre relation que purement professionnelle, de nature à encourager
l’acquisition de médicaments de qualité et la communication d’informations objectives sur les
produits.
Suivi des performances du CPT
Il existe des CPT dans de nombreux hôpitaux et dispensaires, mais nombre d’entre eux ne
s’avèrent pas efficaces pour améliorer l’utilisation des médicaments ou gérer leur distribution.
Les indicateurs de processus et de résultats ci-dessous aideront à déterminer si un CPT est
efficace et possède un impact positif.
Indicateurs de processus :

Le CPT possède-t-il un document écrit précisant ses attributions avec ses buts, ses
objectifs, ses fonctions et sa composition ?

Un budget est-il attribué pour les fonctions du CPT ?

Quel est le pourcentage des membres du CPT qui assistent à plus de la moitié des
réunions ?

Combien le CPT tient-il de réunions par an ?

Existe-t-il des critères documentés pour ajouter ou supprimer un médicament sur la
liste du formulaire ?

Des directives thérapeutiques standard ont-elles été élaborées, adaptées, adoptées et
mises en œuvre ?

Combien le CPT a-t-il présenté de programmes éducatifs pendant l’année écoulée ?

Combien le CPT a-t-il réalisé d’études d’intervention destinées à améliorer
l’utilisation des médicaments ?

Combien le CPT a-t-il entrepris d’études d’évaluation de l’utilisation des
médicaments ?

Existe-t-il une politique documentée pour contrôler l’accès des représentants des
laboratoires pharmaceutiques et des documents promotionnels au personnel de
l’hôpital ?
CPT Participant (final).doc
23
Indicateurs de résultats :

Sélection des médicaments
o Nombre de médicaments figurant sur la liste du formulaire de l’hôpital
o Pourcentage des médicaments prescrits figurant sur la liste du formulaire
o Nombre d’antimicrobiens figurant sur la liste du formulaire

Qualité des prescriptions
o Pourcentage de patients traités conformément aux directives thérapeutiques
standard
o Pourcentage de traitements médicamenteux satisfaisant aux critères des études
d’évaluation de l’utilisation des médicaments

Innocuité des médicaments : Taux annuels de mortalité et de morbidité dues aux
conséquences indésirables de l’utilisation des médicaments (réactions indésirables et
erreurs médicamenteuses)

Viabilité financière : Coût des activités du CPT par rapport aux économies réalisées
grâce à l’amélioration de l’utilisation des médicaments et à la diminution du gaspillage
Activité
Examen des CPT des participants
Pour commencer nos activités dans le cadre de ce programme de formation sur les CPT, il
serait utile d’examiner quels types de programmes réalise votre propre comité. Veuillez
prendre quelques minutes pour répondre au questionnaire ci-après sur les comités
pharmaceutiques et thérapeutiques (annexe 1). Après avoir rempli le questionnaire, détachezle de votre Guide du participant et remettez-le au modérateur de la session.
Pendant cette activité, il sera demandé aux participants de présenter les divers problèmes et
obstacles rencontrés lors de la création d’un CPT et pendant son fonctionnement. Cette
discussion est importante car elle permettra à l’ensemble des participants et des formateurs de
savoir quels sont les problèmes et obstacles réellement rencontrés et servira de guide pour la
recherche de solutions possibles à quelques-uns d’entre eux.
Résumé
Le comité pharmaceutique et thérapeutique doit être un organe dynamique, intégré et
productif qui traite de toutes les questions concernant l’utilisation des médicaments. Il peut
jouer un rôle moteur dans la promotion de l’usage rationnel des médicaments.
Parmi les fonctions importantes du comité figurent :
CPT Participant (final).doc
24

Rôle de conseil auprès des services médicaux, de l’administration et de la pharmacie

Elaboration de politiques et de procédures pour l’utilisation et la distribution des
médicaments

Evaluation et sélection des médicaments à inscrire sur la liste du formulaire et révision
permanente de celle-ci

Identification des problèmes d’utilisation des médicaments

Promotion d’interventions efficaces pour améliorer l’utilisation des médicaments, avec
des activités basées sur l’éducation, sur la gestion et sur la réglementation

Gestion des réactions indésirables et des erreurs médicamenteuses
Les facteurs déterminants pour la réussite d’un CPT sont :

Buts et objectifs clairs

Large représentativité – prescripteurs, infirmiers, pharmaciens, personnel administratif

Absence de relations entre le CPT et les laboratoires pharmaceutiques ou les
fournisseurs de médicaments

Communication avec le personnel sur tous les aspects du travail du CPT –
information, politiques, procédures, recommandations et actions

Statut officiel approuvé par l’administration (locale et ministère de la santé) avec
soutien énergique au plus haut niveau

Président motivé, respecté et dynamique

Promotion et soutien de la part des services médicaux et de la pharmacie ainsi que des
écoles professionnelles locales

Incitations en fonction du contexte
25
CPT Participant (final).doc
Annexe 1. Questionnaire sur les comités pharmaceutiques et thérapeutiques
Nom
Ville
Nom de votre lieu de travail
Région
Veuillez remplir complètement le questionnaire ci-dessous. Si votre établissement de santé ne
possède pas de CPT, veuillez indiquer si l’activité mentionnée dans la question est réalisée par
un autre organe au sein de l’établissement.
Questions sur les CPT
Votre hôpital possède-t-il un
CPT ?
Réponse
Oui
Non
Si oui, depuis combien
d’années ?
Votre CPT possède-t-il un
sous-comité des
antimicrobiens ?
Votre hôpital possède-t-il un
comité de lutte contre les
infections ?
Quelles sont les principales
fonctions de votre CPT ?
Votre CPT possède-t-il des
directives et des procédures
régissant ses fonctions ?
Quels membres du personnel
professionnel sont
représentés dans le comité ?
Veuillez les énumérer
En général, combien de
membres assistent aux
réunions du CPT ? Veuillez
indiquer quels sont ceux qui
y assistent régulièrement
Qui remplit les fonctions de
président du CPT ?
Nombre d’années
Qui remplit les fonctions de
secrétaire ?
Selon quelle fréquence le
CPT se réunit-il ?
Quels sont les sujets abordés
lors des réunions ordinaires
du CPT ?
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Remarques
26
CPT Participant (final).doc
Les réunions du CPT fontelles l’objet d’un compte
rendu ?
Votre hôpital possède-t-il
une liste de médicaments
pour le formulaire ?
Votre comité évalue-t-il en
routine de nouvelles
demandes d’inscription sur la
liste du formulaire ou la liste
des médicaments essentiels ?
Votre comité réexamine-t-il
régulièrement la liste du
formulaire pour assurer que
les médicaments les
meilleurs sur le plan de
l’efficacité, de l’innocuité et
du rapport coût-efficacité
sont disponibles ?
Combien d’entités chimiques
y a-t-il dans votre liste du
formulaire ?
Combien de médicaments y
a-t-il dans votre liste du
formulaire (y compris les
différentes formulations et
différentes spécialités
correspondant à une même
entité chimique) ?
Selon quelle fréquence
approximative les
prescripteurs prescrivent-ils
des médicaments qui ne
figurent pas sur la liste du
formulaire ?
Y a-t-il un centre
d’information sur les
médicaments dans votre
hôpital ?
Si non, votre hôpital prévoitil d’en instituer un ?
Quelles sont les sources
d’information
pharmaceutique utilisées
pour évaluer les
médicaments à inscrire sur la
liste du formulaire ?
(Veuillez indiquer toutes les
sources.)
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
27
CPT Participant (final).doc
Votre CPT dispose-t-il d’une
connexion Internet pour la
recherche d’informations sur
les médicaments ?
Qui a obtenu les sources
d’information sur les
médicaments pour votre
hôpital et quand ?
Quel est le rôle des
laboratoires pharmaceutiques
ou des fournisseurs de
médicaments dans
l’information sur les
nouveaux médicaments et la
promotion des médicaments
dans votre établissement ?
Votre CPT a-t-il établi une
politique pour l’évaluation
des réactions indésirables
aux médicaments ?
Votre CPT a-t-il établi une
politique pour assurer la
qualité des produits ?
Votre CPT participe-t-il à
l’évaluation des coûts des
médicaments ?
Votre CPT a-t-il établi des
méthodes pour l’évaluation
périodique de l’utilisation
des médicaments à l’hôpital ?
Si oui, quelles sont les
méthodes utilisées ?
Le comité a-t-il détecté des
problèmes concernant
l’utilisation des
médicaments ? Si oui,
veuillez décrire ces
problèmes.
Votre CPT a-t-il des
programmes ou des stratégies
pour améliorer les problèmes
d’utilisation des
médicaments ? Quelles sont
ces stratégies ?
Votre CPT participe-t-il à la
préparation des spécifications
techniques pour les
acquisitions de
médicaments ?
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Non
CPT Participant (final).doc
Veuillez indiquer quelques
réalisations majeures de
votre comité.
Quels sont les principaux
problèmes que rencontre
votre comité ?
Qu’aimeriez-vous voir
accomplir par votre comité ?
28
CPT Participant (final).doc
29
SESSION 2. ÉLABORATION ET TENUE À JOUR D’UNE LISTE DU FORMULAIRE
Objectif et contenu
La session 2 a pour but de fournir des informations sur le système du formulaire et son
fonctionnement dans le cadre du comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT). Les sujets
abordés lors des discussions seront l’élaboration et la tenue à jour d’une liste de médicaments
pour le formulaire (liste du formulaire), les critères d’évaluation des médicaments à inscrire
sur la liste, et les ressources en matière d’information pharmaceutique.
Environ 50 % de tous les médicaments actuellement sur le marché font double emploi ou sont
d’un intérêt limité, ce qui oblige le système de santé à établir lui-même des procédures de
sélection complexes pour que soient fournis les médicaments les meilleurs sur le plan de
l’efficacité, de l’innocuité et du rapport coût-efficacité. Le problème de la sélection d’un
nombre excessif de médicaments ne pourra que s’aggraver du fait que de plus en plus de
médicaments sont mis sur le marché par les fabricants et les distributeurs dans le but de
réaliser le maximum de profit.
Les avantages d’une sélection appropriée des médicaments sont nombreux : amélioration des
traitements médicamenteux, diminution des réactions indésirables, amélioration de
l’efficience des procédures d’acquisition des médicaments et de gestion des stocks, et
réduction du coût global des soins de santé.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Définir le concept de système du formulaire

Comprendre les principes de base de la gestion d’une liste du formulaire

Décrire les avantages d’un système du formulaire fonctionnant efficacement

Identifier les critères utilisés pour la sélection des médicaments

Décrire les ressources de base en matière d’information pharmaceutique pour
l’évaluation des médicaments
Préparation et matériel
Lire :

Guide du participant

Managing Drug Supply, Chapitre 10 : « Managing Drug Selection »

Managing Drug Supply, Chapitre 11 : « Treatment Guidelines and Formulary
Manuals »
CPT Participant (final).doc
30
Pour en savoir plus
American Society of Health-System Pharmacists. 1997–1998. ASHP Guidelines on
Formulary System Management. Bethesda, MD : ASHP.
Management Sciences for Health. 1996. Manual for the Development and Maintenance of
Hospital Drug Formularies. Rational Pharmaceutical Management Project. Arlington, VA :
MSH.
Organisation mondiale de la Santé. 2007. WHO Model Formulary. Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé. 2007. The Selection and Use of Essential Medicines.
WHO Technical Report Series, N° 946. Genève : OMS.
Définitions clés
Liste du formulaire – Liste de médicaments approuvés pour utilisation dans le système de
santé par des prescripteurs autorisés.
Formulaire – Document décrivant les médicaments disponibles pour utilisation à l’hôpital et
dans les dispensaires (contient des informations sur les indications, la posologie, la durée du
traitement, les interactions médicamenteuses, les précautions d’emploi et les contreindications).
Système du formulaire – Système d’évaluation et de sélection périodiques de médicaments
pour la liste du formulaire, de tenue à jour de la liste et de production de l’information sous
forme d’un manuel (le formulaire) ou d’une liste appropriés.
Introduction
Les médicaments essentiels sont ceux qui satisfont les besoins prioritaires de la population en
matière de soins de santé. Ils sont choisis en fonction de la prévalence locale des maladies et
des données concernant leur efficacité, leur innocuité et leur rapport coût/efficacité
comparatif. Les médicaments essentiels doivent être disponibles à tout moment dans le cadre
d’un système de santé opérationnel, en quantité suffisante, sous la forme pharmaceutique
appropriée, avec une qualité assurée et accompagnés d’une information adéquate, et à un prix
accessible pour les individus et la communauté.6
Les listes du formulaire ou les listes des médicaments essentiels et les systèmes du formulaire
sont les éléments fondamentaux du travail des CPT. La liste du formulaire comporte de
nombreux avantages car elle permet d’assurer des soins de meilleure qualité à un coût plus
faible grâce à l’amélioration de la sélection des médicaments et à leur usage rationnel. Le
système du formulaire améliore également l’efficacité des programmes d’acquisition des
médicaments et de gestion des stocks.
Un système du formulaire, s’il est complet et dynamique, comporte de nombreux avantages
pour les hôpitaux et établissements de soins de santé primaires :
6
Voir le site Internet de l’OMS : www.who.int/medicines/services/essmedicines_def/en/index.html (Novembre
2007).
CPT Participant (final).doc

31
Des médicaments approuvés et efficaces, que tous les praticiens seront tenus d’utiliser.
o Seuls les produits ayant la meilleure efficacité et la meilleure innocuité seront
disponibles.
o Les médicaments disponibles auront été évalués de façon systématique.
o Les médicaments seront choisis et approuvés pour le traitement des maladies
prévalentes dans la région ou le pays.
o Les médecins pourront acquérir une meilleure expérience avec un nombre
réduit de médicaments. La formation sera facilitée car l’enseignement portera
sur un plus petit nombre de médicaments.

Un traitement médicamenteux dont le coût général sera plus faible
o Les médicaments inefficaces et coûteux ne seront pas disponibles.
o Les médicaments les plus efficaces seront disponibles pour traiter les
problèmes de santé courants, d’où un nombre plus faible de visites, des
résultats améliorés et par conséquent des coûts plus faibles.
o Le coût des stocks sera réduit.

Un approvisionnement régulier en médicaments
o La gestion et la régulation du nombre de médicaments et l’amélioration des
systèmes d’acquisition et de gestion des stocks permettront de commander un
plus petit nombre de médicaments en plus grandes quantités.
o Ces mesures renforceront la concurrence et favoriseront les économies
d’échelle en ce qui concerne l’assurance de la qualité, les acquisitions,
l’entreposage, la distribution et la dispensation des médicaments, d’où une
amélioration de leur disponibilité.
o Il y aura moins de gaspillage d’argent, ce qui permettra des achats plus
rationnels de médicaments essentiels et une meilleure disponibilité.
Le CPT et le système du formulaire entraînent l’ensemble du système de santé dans le sens
d’une amélioration des résultats des traitements et d’une réduction des coûts. Chaque étape du
système du formulaire conduit à une plus grande efficience, avec une meilleure utilisation des
ressources limitées dont dispose le système de santé.
Principes de gestion d’une liste du formulaire
La liste du formulaire est une liste de médicaments révisée à intervalles réguliers et qui reflète
les choix actuels du personnel médical. Le système du formulaire utilise le personnel médical
et celui de la pharmacie pour évaluer et sélectionner, parmi les nombreux médicaments
disponibles, les produits les meilleurs sur le plan de l’efficacité et de l’innocuité, de qualité
appropriée, et disponibles à un prix raisonnable. Une fois établie, la liste du formulaire doit
répondre aux principes suivants :
CPT Participant (final).doc
32

Les médicaments seront choisis en fonction des besoins de la communauté ; ils
devront traiter les maladies et affections identifiées au niveau local.

Les médicaments sélectionnés pour la liste du formulaire seront les « médicaments de
choix ».

La liste du formulaire devra comprendre un nombre limité de médicaments, c’est-àdire uniquement ceux qui sont nécessaires aux besoins de l’hôpital ou du dispensaire ;
il ne doit pas y avoir de doublons (produits équivalents sur le plan thérapeutique).

Les dénominations communes internationales ou DCI (c’est-à-dire les noms
génériques) devront être utilisées.

Les associations médicamenteuses en proportions fixes ne devront être utilisées que
dans des indications éprouvées (par exemple pour le traitement de la tuberculose).

Les médicaments doivent être choisis sur la base de critères explicites : efficacité
démontrée, innocuité, qualité et coût.

La liste du formulaire doit être compatible avec toute autre liste nationale ou régionale
et avec les directives thérapeutiques standard approuvées.

L’accès des médicaments devra être limité aux praticiens de niveau approprié.
Tenue à jour d’un système du formulaire
Le processus de tenue à jour de la liste du formulaire repose sur deux éléments clés : a) les
additions et suppressions de médicaments, et b) le réexamen de catégories thérapeutiques. Les
additions et les suppressions devront se faire suivant des politiques et procédures spécifiques
élaborées pour le CPT. Il faudra établir une méthodologie transparente pour ces décisions
importantes concernant l’addition ou la suppression d’un médicament. Voir dans la section ciaprès « Processus de sélection des nouveaux médicaments » les critères recommandés pour
l’addition de médicaments à la liste du formulaire.
Le réexamen systématique de catégories thérapeutiques est une procédure importante pour
tenir la liste du formulaire à jour. Il consiste à évaluer une série complète de médicaments (par
exemple les antibiotiques de la famille des céphalosporines). On évalue ainsi de façon
systématique les médicaments figurant sur la liste du formulaire de sorte que la totalité de la
liste soit passée en revue tous les deux à trois ans. C’est une tâche difficile, mais qui permet
de procéder à l’examen et à l’analyse des médicaments de la liste, opération nécessaire et très
importante dans un domaine médical en évolution rapide. Tout nouveau médicament qui
présente un avantage par rapport à ceux actuellement sélectionnés devra être évalué et son
inscription sur la liste envisagée. Les médicaments qui ne sont plus utilisés ou pour lesquels
on n’a pas de preuves suffisantes d’efficacité, d’innocuité et de qualité devront faire l’objet
d’une recommandation en vue de leur suppression de la liste. Les médicaments qui ne
répondent plus aux critères de coût-efficacité devront être évalués et supprimés dès qu’une
alternative acceptable aura été trouvée.
Pour tenir la liste du formulaire à jour, il faut prévoir des réunions à intervalles réguliers,
auxquelles les membres du CPT devront assister. Dans l’idéal, le comité devrait se réunir une
CPT Participant (final).doc
33
fois par mois ou, au strict minimum, tous les quatre mois. Avec des intervalles plus longs
l’ordre du jour serait trop chargé et il serait difficile d’accomplir les tâches indispensables.
Chaque réunion devra avoir un ordre du jour décrivant exactement quels points seront abordés
en séance. Elle fera l’objet d’un compte rendu qui sera examiné lors de la réunion ordinaire
suivante.
En règle générale, un CPT efficace s’acquittera des tâches suivantes lors de chaque réunion :

Décisions concernant les médicaments dont l’addition ou la suppression ont été
demandées (dans la plupart des cas, l’addition d’un nouveau médicament entraîne la
suppression d’un médicament analogue de la liste)

Examen systématique de groupes ou de classes thérapeutiques par un médecin ou un
pharmacien compétent

Examen des activités visant à identifier et résoudre les problèmes d’utilisation des
médicaments
Sans un tel processus de mise à jour, la liste du formulaire risquerait de ne plus contenir que
des médicaments anciens et de ne pas être représentative des produits les plus efficaces dont
on dispose actuellement. Il incombe au CPT de faire en sorte que cet examen soit effectué à
intervalles réguliers.
Processus de sélection des nouveaux médicaments
La sélection des médicaments à inscrire sur la liste du formulaire doit se faire suivant des
politiques et procédures soigneusement élaborées, de façon à déterminer quels sont les
médicaments les plus utiles. Ces politiques devront être suivies de manière systématique et
rigoureuse chaque fois qu’une évaluation devra être réalisée.
1. Une demande d’addition d’un médicament à la liste du formulaire, qui ne peut être
présentée que par un médecin ou un pharmacien, se fait en remplissant un imprimé
« Demande d’addition ou de suppression ». Le médecin ou le pharmacien devra communiquer
les informations suivantes :

Liste des actions pharmacologiques particulières du médicament

Information expliquant pourquoi le médicament en question est supérieur aux
médicaments figurant actuellement sur la liste du formulaire

Documentation démontrant l’intérêt de l’utilisation du médicament

Information sur tout appui financier reçu du fournisseur ou d’une autre organisation
2. Les ressources en informations pharmaceutiques sont consultées : littérature primaire,
bulletins internationaux, directives thérapeutiques standard, ouvrages de référence, sources
sur Internet. Toutes les sources d’information doivent être fiables et impartiales.
3. L’évaluation est réalisée au moyen de critères établis (voir « Critères de sélection des
nouveaux médicaments » ci-dessous).
CPT Participant (final).doc
34
4. La monographie d’information sur le médicament est rédigée. Elle devra comprendre des
détails sur le médicament, obtenus de plusieurs sources d’information. Au minimum, la
monographie devra comprendre les rubriques suivantes :








Pharmacologie
Pharmacocinétique
Efficacité comparée avec un placebo et avec d’autres médicaments
Analyse des essais cliniques
Réactions indésirables
Interactions médicamenteuses
Comparaison de coûts
Sources d’approvisionnement (pour assurer la disponibilité du médicament)
5. Des recommandations pour la liste du formulaire sont élaborées. Après une recherche
documentaire approfondie, le CPT devra formuler des recommandations sur le médicament en
se basant sur des données factuelles. Les recommandations devront mentionner les formes
pharmaceutiques et les dosages qui seront achetés. Si un fabricant ou un fournisseur
particulier est indispensable en raison de problèmes de biodisponibilité, les recommandations
doivent en faire état. Des directives spécifiques pour l’administration ou l’utilisation du
médicament doivent également figurer dans ces recommandations.
6. Des avis et recommandations d’experts devront être obtenus auprès de médecins et
pharmaciens réputés et respectés. Ces avis doivent seulement compléter (et non remplacer) les
informations recueillies lors de la recherche documentaire.
7. Le CPT prend une décision concernant la liste du formulaire (lors de sa réunion).
L’information doit être présentée au CPT lors d’une réunion ordinaire. Le CPT doit également
voter sur les recommandations présentées par la personne qui a procédé à l’évaluation du
médicament.
8. Les résultats de l’évaluation et les recommandations et actions du CPT devront être diffusés
auprès du personnel de santé sous forme de compte rendu ou d’une circulaire d’information,
ou lors de réunions de départements.
Critères de sélection des nouveaux médicaments
La sélection des médicaments à inscrire sur la liste du formulaire est la fonction la plus
importante du système du formulaire. Ce processus, multifactoriel, conduit à introduire les
meilleurs médicaments dans le système de santé. Les critères ci-dessous sont les principaux
points à examiner lors de l’évaluation de toute nouvelle demande d’addition d’un médicament
à la liste du formulaire :








Tableau de morbidité dans le pays
Efficacité et efficacité relative
Innocuité
Qualité
Coût et rapport coût-efficacité
Médicaments déjà connus
Disponibilité de personnel de santé pour gérer le médicament
Disponibilité de ressources financières
CPT Participant (final).doc
35
Tableau de morbidité
Il faut étudier soigneusement le tableau de morbidité dans la région avant d’ajouter ou de
supprimer un médicament. Les médicaments inscrits sur la liste du formulaire ne doivent être
approuvés qu’après confirmation d’un besoin réel pour traiter les maladies et affections
connues dans la communauté. Les directives thérapeutiques standard doivent être examinées
afin de déterminer quels sont les médicaments appropriés pour les affections qui y sont
mentionnées.
Efficacité
Une efficacité démontrée est l’un des critères les plus importants lors de la sélection des
nouveaux médicaments à inscrire sur la liste du formulaire. Les méthodes qui permettent
d’évaluer de façon approfondie l’efficacité d’un médicament seront présentées au cours des
prochaines sessions.
L’information qui accompagne un nouveau médicament – notice de conditionnement,
documentation fournie par le laboratoire pharmaceutique et documents publicitaires – ne
constitue pas toujours l’information impartiale dont on a besoin pour évaluer le médicament
en question. Un examen exhaustif des articles publiés dans des revues, notamment sur les
essais contrôlés randomisés et les méta-analyses, fournira la meilleure information objective.
L’examen des données publiées dans des revues systématiques, par exemple dans la base de
données de la Cochrane Collaboration, dans des lettres d’information ou des bulletins
internationaux d’information pharmaceutique, et dans des manuels récents fournira des
données supplémentaires concernant l’efficacité du produit. Il faut procéder à une évaluation
soigneuse de toutes les sources d’information pour assurer que les preuves d’efficacité sont
étayées par les données de la littérature, et sont exactes et impartiales.
Innocuité
Pour déterminer l’innocuité d’un médicament, il faut être très attentif à l’information existante
sur le médicament et aussi aux données de la surveillance après commercialisation
(communiquées par le fabricant ou l’agence de réglementation pharmaceutique). La liste du
formulaire doit comprendre des médicaments ayant un excellent dossier d’innocuité, mais il
n’est pas toujours possible de se les procurer. Il faut procéder à une évaluation soigneuse du
rapport risque-bénéfice pour tous les médicaments avant de les ajouter à la liste.
Le coût du traitement des réactions indésirables est élevé, à la fois en termes monétaires et en
baisse de la qualité des soins. Tout doit être fait pour évaluer le dossier d’innocuité du
médicament et son potentiel de réactions indésirables. De plus amples informations sur
l’innocuité des médicaments seront présentées au cours de la session 4 : « Evaluation et
gestion de l’innocuité des médicaments ».
Qualité
La qualité d’un médicament qui fait l’objet d’une demande d’addition à la liste du formulaire
est importante. Des médicaments de qualité insuffisante, lorsqu’ils sont administrés aux
patients, peuvent avoir des effets indésirables, par exemple :

Absence d’effet thérapeutique
CPT Participant (final).doc



36
Réactions toxiques et indésirables
Gaspillage de ressources financières
Perte de crédibilité des services de santé
Avant d’ajouter un médicament à la liste du formulaire, le CPT doit déterminer si les
caractéristiques de qualité suivantes peuvent être assurées par le système de santé :

Identité : les principes actifs sont présents dans la forme pharmaceutique.

Pureté : le médicament ne contient pas de contaminants.

Activité : le médicament contient suffisamment, mais pas trop, de principe actif.

Uniformité de la forme pharmaceutique : la consistance, la couleur, la forme et la taille
des comprimés, gélules et capsules, crèmes et liquides ne varient pas d’une dose à
l’autre.

Biodisponibilité : il s’agit de la vitesse et du taux de passage dans la circulation
sanguine d’un médicament administré sous une certaine forme ; un même médicament
produit par différents fabricants peut avoir une biodisponibilité différente.

Stabilité : pour être utile, un produit pharmaceutique doit conserver ses propriétés dans
des limites spécifiées.
Le but d’un programme d’assurance de la qualité dans un hôpital ou un dispensaire est
d’assurer que tout médicament parvenant à un patient est sans danger, efficace et répond aux
normes de qualité. Un programme complet d’assurance de la qualité comprend à la fois des
activités techniques et des activités de gestion, depuis la sélection du médicament jusqu’à son
utilisation chez le patient. En plus du CPT, de nombreux secteurs du système de santé peuvent
participer à l’assurance de la qualité : service des achats, pharmacie, services médicaux, soins
infirmiers.
L’assurance de la qualité d’un produit comporte deux volets :

Se procurer des produits de qualité qui soient efficaces et sans danger, grâce à des
procédures structurées de sélection et d’acquisition

Maintenir la qualité des produits grâce à des conditions appropriées de stockage, de
distribution, de surveillance et de prescription
Un programme complet d’assurance de la qualité des médicaments suppose que le service des
achats, la pharmacie, le magasin et le CPT garantissent les points suivants :

Des fournisseurs répondant à des normes de qualité acceptables sont choisis.

Les normes de qualité minimales sont remplies ou dépassées et les tests appropriés
sont réalisés sur le produit final.

La qualité des produits est maintenue lors de leur reconditionnement.

Les conditions de stockage et de transport sont adéquates.
CPT Participant (final).doc

37
Les problèmes de qualité des produits signalés par les prescripteurs, dispensateurs et
consommateurs sont documentés, analysés et corrigés.
De plus amples informations sur la qualité des médicaments seront présentées au cours de la
session 5 : « Assurance de la qualité des médicaments ».
Coût et rapport coût-efficacité
Le coût d’un médicament par rapport à ses avantages est un aspect important qui doit être pris
en compte pour tout nouveau produit. Un médicament d’efficacité incertaine ou présentant
peu d’avantages pour un coût élevé aura un rapport coût-efficacité défavorable. Un nouvel
antihypertenseur ayant une bonne efficacité relative, une incidence plus faible de réactions
indésirables et un coût global plus faible que les médicaments figurant déjà sur la liste du
formulaire aurait ainsi un excellent rapport coût-efficacité. Un tel médicament serait donc
bien placé pour être ajouté sur la liste du formulaire. Lorsqu’un nouveau médicament ayant
une efficacité égale et peut-être moins d’effets secondaires mais à un coût plus élevé fait
l’objet d’une demande d’addition sur la liste du formulaire, la décision devient plus
compliquée. De plus amples informations sur la détermination du coût des médicaments
seront présentées au cours de la session 6 : « Evaluation du coût des médicaments ».
Médicaments déjà connus
Dans l’idéal, les médicaments choisis pour la liste du formulaire sont des produits déjà
connus, sur le marché depuis des années et pour lesquels on dispose d’une expérience clinique
suffisante pour étayer leur profil pharmacologique. Cet idéal ne peut être atteint pour tous les
médicaments de la liste du formulaire, mais il doit être l’un des paramètres de base à examiner
lorsqu’il s’agit d’ajouter un médicament à la liste.
Disponibilité de personnel approprié
Il est important de disposer de personnel de santé ayant l’expérience, la formation et les
références requises pour utiliser ces médicaments. Tout médicament, quelles que soient son
efficacité et son innocuité, doit être envisagé par rapport au personnel qui pourra réellement
l’utiliser. Par exemple, certains antirétroviraux devront être limités aux établissements
disposant de médecins qualifiés pour en assurer la prescription et la surveillance. Un système
de prescription à plusieurs niveaux est utile lorsque l’établissement possède des praticiens de
divers niveaux d’expérience et de qualification. Par exemple, l’utilisation de la vancomycine
doit être limitée aux médecins les plus expérimentés et ne doit pas être laissée aux
prescripteurs de niveau intermédiaire ; les antinéoplasiques doivent être de même limités aux
établissements disposant de praticiens expérimentés en oncologie.
Disponibilité de ressources financières
Le système de santé doit pouvoir disposer de ressources financières suffisantes pour acheter le
médicament et en maintenir des stocks appropriés pendant une durée indéfinie. Il est donc
nécessaire de procéder à une analyse approfondie des coûts avant d’accepter un médicament
pour la liste du formulaire. Si les ressources ne sont pas suffisantes pour assurer un
approvisionnement régulier, alors le médicament ne doit pas être accepté. Des achats
irréguliers d’un médicament trop coûteux pour le système ne peuvent qu’affaiblir la qualité
des services médicaux en ne permettant pas d’assurer la continuité des soins. Par exemple,
l’addition d’un nouvel inhibiteur calcique coûteux pour le traitement de l’hypertension devra
CPT Participant (final).doc
38
être mise en question si les ressources financières ne permettent pas un approvisionnement
régulier. Le stockage intermittent d’un tel médicament nuirait à la continuité des soins et donc
à leur qualité.
Médicaments hors liste
La plupart des systèmes du formulaire sont conçus comme des systèmes « ouverts », c’est-àdire qu’ils permettent l’introduction de médicaments qui ne figurent pas sur la liste du
formulaire (médicaments hors liste), de façon limitée, en général pour un seul patient. Un
système « fermé » traduit en revanche le choix du CPT d’exclure tout médicament hors liste
sous quelque forme que ce soit.
Les médicaments hors liste sont en général nécessaires, en quantités limitées, pour des
patients qui ont besoin d’un traitement spécialisé ou ceux qui ont été stabilisés par de tels
médicaments dans le cadre d’un traitement prescrit en dehors du système de santé.
Il est important de contrôler les médicaments hors liste car tout système ouvert finira par
poser des problèmes et interférer avec la gestion du système du formulaire. L’utilisation d’un
grand nombre de médicaments hors liste sera coûteuse, et comme il se pourra qu’ils n’aient
pas fait l’objet d’un processus d’évaluation complet, ils risqueront d’être peu efficaces ou de
comporter des risques. La gestion des médicaments hors liste consiste à :




Limiter le nombre de médicaments hors liste
En limiter l’accès à des prescripteurs de niveau approprié
Tenir un registre de toutes les demandes de médicaments hors liste
Examiner et discuter fréquemment cette question lors des réunions du CPT
Il est nécessaire d’avoir des politiques et procédures concernant l’achat de ces médicaments,
et le CPT doit exercer un suivi attentif de tous les médicaments hors liste de façon à en limiter
l’emploi.
Médicaments d’utilisation restreinte
Les médicaments d’utilisation restreinte sont ceux qui correspondent à un besoin précis dans
un service spécialisé du système de santé. Ces médicaments doivent être définis par le CPT
afin d’en limiter l’emploi. Ce sont par exemple :

Certains antibiotiques contre des maladies infectieuses (par exemple la ceftriaxone)

Des neuroleptiques, pour utilisation par des professionnels de la santé mentale (par
exemple, l’utilisation de la rispéridone peut être limitée aux psychiatres)

Des antinéoplasiques, pour utilisation par des médecins ayant des connaissances
spécialisées dans ce domaine
Le recours aux médicaments d’utilisation restreinte nécessite une surveillance et une
évaluation attentives. La surveillance doit assurer que ces médicaments sont administrés aux
patients appropriés et prescrits par des praticiens autorisés, et doit également assurer le suivi
des patients ainsi traités.
CPT Participant (final).doc
39
Dénominations communes internationales pour les médicaments
L’utilisation des dénominations communes internationales (DCI), c’est-à-dire des noms
génériques, est encouragée dans toutes les listes de médicaments pour le formulaire, les
monographies d’évaluation et toutes autres communications en rapport avec les médicaments.
La DCI est le nom officiel du médicament, quel qu’en soit le fabricant ou le distributeur.
Les systèmes du formulaire qui utilisent les noms génériques trouveront que cette pratique
améliore l’efficacité et entraîne moins de confusions quant à la nature exacte des produits
inscrits sur la liste. Au lieu de se trouver avec 10 à 20 noms de spécialités (ou même plus)
pour chaque entité pharmaceutique, il n’y en a qu’un. Ce système peut en outre renforcer tout
programme de substitution thérapeutique ou générique qui pourrait exister.
Ressources en matière d’information pour l’évaluation des nouveaux médicaments
Il est indispensable de disposer de ressources adéquates pour se procurer les informations qui
permettront d’évaluer l’efficacité, l’innocuité, la qualité et le coût d’un médicament. La
présente section donne des renseignements de base sur les principales sources reconnues
d’information pharmaceutique.
Les sources d’information pharmaceutique se divisent en trois catégories : littérature primaire,
secondaire et tertiaire.

Sources de littérature primaire
o Articles de revues et études non publiées, qui peuvent être obtenus directement
dans les revues ou auprès de services qui fournissent les articles en version
intégrale
o Avantage : représentent l’information la plus complète sur un sujet donné car
le lecteur dispose de toutes les données qui figurent dans l’article
o Inconvénient : le lecteur doit avoir les compétences requises pour évaluer
l’article et disposer du temps nécessaire pour le lire et en analyser le contenu

Sources de littérature secondaire
o Services d’indexation et de résumés qui fournissent des résumés des articles ;
ces informations sont habituellement publiées dans des bulletins, dans des
bases de données sur CD-ROM et sur les sites de services d’information en
ligne
o Avantage : information facilement accessible et de lecture aisée
o Inconvénient : délai entre la parution de l’article original et la publication de
son résumé dans un bulletin ou par un service d’information

Sources de littérature tertiaire
o Manuels publiés, qui peuvent être une excellente source d’information s’ils
sont eux-mêmes établis à partir de sources fiables et récentes
CPT Participant (final).doc
40
o Avantage : information facilement accessible, et dont la lecture et
l’assimilation prennent peu de temps
o Inconvénients : absence d’accès aux sources d’information originales, biais
introduits par les rédacteurs de l’ouvrage, et information déjà dépassée lors de
la parution de l’ouvrage du fait des délais de publication
On trouvera ci-dessous une liste de revues et documents représentatifs. Il en existe d’autres,
mais ceux qui sont mentionnés ici sont généralement considérés comme représentatifs
d’excellentes sources d’information. Certaines revues comme le New England Journal of
Medicine (NEJM) et le Journal of the American Medical Association (JAMA) ont une
politique de mise à disposition gratuite des articles originaux six mois après leur publication.

Sources de littérature primaire
o
o
o
o
o
o

Sources de littérature secondaire
o
o
o
o
o
o
o
o

British Medical Journal (BMJ)
Lancet
NEJM
JAMA
Annals of Internal Medicine
American Journal of Health-System Pharmacy (AJHP)
Medical Letter
Australian Prescriber
Journal Watch
MEDLINE/PUBMED abstracts
EMBASE abstracts
Cochrane Library (résumés et évaluations)
International Pharmaceutical Abstracts
International Society of Drug Bulletins
Sources de littérature tertiaire
o Martindale : The Extra Pharmacopoeia
o British National Formulary
o United States Pharmacopeia Dispensing Information (USP DI) Drug
Information for the Health Care Professional
o American Hospital Formulary Service (AHFS)

Ressources sur Internet
o
o
o
o
o
o
o
o
MEDLINE : www.nlm.nih.gov
OMS : www.who.int
U.S. Centers for Disease Control and Prevention : www.cdc.gov
U.S. National Institutes of Health : www.nih.gov
U.S. Food and Drug Administration : www.fda.gov
Cochrane Collaboration : www.cochrane.org
Agency for Healthcare Research and Quality : www.ahrq.gov
Autres : une liste complète sera communiquée pendant le cours
CPT Participant (final).doc
41
Dans l’idéal, l’hôpital devra avoir accès, sous une forme ou une autre, à un service
d’information pharmaceutique pour traiter les demandes d’addition de nouveaux médicaments
à la liste du formulaire. A défaut, un pharmacien ou un médecin peut procéder aux évaluations
nécessaires s’il dispose de suffisamment de temps et d’un accès à au moins quelques-unes des
ressources mentionnées ci-dessus. Les pharmaciens constateront qu’en utilisant le maximum
de ressources à leur disposition, ils seront à même de produire une évaluation complète.
En ce qui concerne l’information en provenance des laboratoires pharmaceutiques, le lecteur
devra faire preuve d’une certaine prudence en raison de biais possibles. Nombre d’articles et
de documents peuvent contenir des informations utilisables, mais il est fréquent que les
résultats présentés soient favorables au produit du fabricant.
Les participants devront noter le changement radical que représente l’accès à l’information
pharmaceutique sur Internet. Bien que dans de nombreuses parties du monde ce moyen de
communication ne soit pas toujours accessible aux médecins et pharmaciens, tout doit être
mis en œuvre pour en faire une réalité. Les sources d’information sur Internet sont
pratiquement infinies. La qualité des rapports d’évaluation des médicaments peut s’en trouver
améliorée et, avec une certaine expérience, l’évaluation pourra également être plus rapide.
L’Internet peut aussi contenir des informations de qualité médiocre, et il faut donc être
prudent lors de son utilisation.
Le formulaire
Le formulaire lui-même est la publication qui rassemble en un livre ou une brochure toutes les
données concernant les médicaments inscrits sur la liste. Il n’existe pas de norme pour sa
présentation et son contenu, mais dans l’idéal il devrait comprendre des listes des
médicaments classés par ordre alphabétique et par catégories thérapeutiques, et une section
sur l’utilisation des médicaments avec les doses, contre-indications, effets secondaires,
interactions médicamenteuses et prix. Le formulaire doit contenir une section sur les
médicaments de choix et leurs alternatives pour le traitement des affections courantes dans la
région.
Ce manuel n’est pas destiné à rester sur une étagère. Il doit être de petit format (format de
poche) pour que les praticiens puissent l’avoir en tout temps avec eux. Il doit être facile à
consulter, avec un index permettant de trouver rapidement l’information recherchée.
Un formulaire complet doit contenir les rubriques ci-dessous. Le CPT devra évaluer ces
différentes rubriques et ne faire figurer que les plus appropriées dans son formulaire.
Informations de base :

Liste du formulaire (ou liste des médicaments essentiels) : listes par ordre
alphabétique et par catégorie thérapeutique

Informations sommaires sur chaque médicament (= monographie)
o
o
o
o
Nom générique
Formes et dosages
Indications
Contre-indications
CPT Participant (final).doc
o
o
o
o
o
42
Précautions d’emploi
Effets secondaires
Posologie
Mode d’emploi et mises en garde
Interactions avec les autres médicaments, les aliments et les examens de
laboratoire
Informations diverses :

Informations supplémentaires sur les médicaments
o
o
o
o
o
o

Directives de prescription et de dispensation
o
o
o
o
o
o
o
o

Techniques de prescription rationnelle
Principes de la rédaction d’une ordonnance
Guide des quantités à dispenser
Spécifications pour les médicaments soumis à contrôle
Spécifications pour la notification des réactions indésirables
Directives de dispensation
Liste des étiquettes et encadrés de précautions d’emploi et mises en garde
Tableaux des interactions médicamenteuses courantes
Protocoles thérapeutiques
o
o
o
o
o

Prix
Catégorie de réglementation
Instructions de stockage
Information destinée aux patients
Information figurant sur l’étiquette et dans la notice
Noms de spécialités et synonymes
Directives pour l’administration par voie intraveineuse
Médicaments utilisés pendant la grossesse et l’allaitement
Médicaments utilisés chez l’insuffisant rénal
Directives concernant les intoxications
Prescription chez les sujets âgés
Autres informations
Tables d’équivalence des mesures
Imprimé pour la notification des réactions indésirables
Imprimé pour le rapport sur la qualité du produit
Imprimé pour les demandes d’addition ou de suppression d’un médicament sur
la liste du formulaire
o Imprimés pour les demandes d’utilisation de médicaments hors liste
o Abréviations
o Index : un index complet de toutes les rubriques du formulaire est
indispensable. Du fait de la complexité de ce document, un index facilitera son
utilisation par les praticiens, et en fin de compte améliorera l’efficacité du
système de santé.
o
o
o
o
CPT Participant (final).doc
43
L’élaboration et la publication du formulaire doivent se faire selon une approche méticuleuse.
Tout comme les directives thérapeutiques standard, le formulaire doit obtenir l’adhésion des
personnalités locales, de l’administration, du personnel médical de rang supérieur et des
associations professionnelles locales. Il doit être préparé avec soin en n’utilisant que des
informations reposant sur des données factuelles ; il doit être rédigé par des experts et
fréquemment revu pour que son contenu reste à jour.
Activité 1. Addition d’un nouvel antibiotique à la liste du formulaire
Votre CPT envisage un nouvel antibiotique pour le formulaire. Cet antibiotique, que nous
appellerons céfapime, est très similaire à un produit figurant déjà sur la liste, le céfotaxime,
une céphalosporine de troisième génération. Il serait utilisé dans le service des urgences, en
dose unique chez l’enfant fébrile avec un diagnostic d’infection respiratoire aiguë ou d’otite
moyenne. Il s’agit d’un médicament injectable, de coût unitaire élevé (USD 2,50 par dose).
Bien que coûteux, le céfapime est nécessaire (selon le médecin qui présente la demande) en
raison d’une incidence élevée de la résistance aux antimicrobiens d’usage courant dans
l’hôpital considéré. Le médecin avance également que l’utilisation appropriée de ce
médicament abaisserait le coût global en réduisant le nombre d’hospitalisations chez ces
enfants. Le personnel de niveau intermédiaire qui assure la garde de nuit dans ces services
serait le premier prescripteur du médicament. Celui-ci fait l’objet d’une promotion intensive
de la part d’un laboratoire pharmaceutique pour le traitement de nombreuses infections
pédiatriques. Les autres médicaments qui figurent sur la liste du formulaire pour les mêmes
indications sont l’amoxicilline, le cotrimoxazole et la céfalexine. D’une façon générale, le
CPT ne procède qu’à une évaluation sommaire des nouveaux médicaments car la
recommandation d’un médecin lui suffit pour donner son accord.
Examinez les questions suivantes :

Quels sont les critères nécessaires pour évaluer ce médicament en vue de son addition
à la liste du formulaire ?

En appliquant les principes de gestion d’une liste du formulaire décrits dans cette
session, quelles seraient vos principales préoccupations concernant l’addition de ce
médicament à la liste ?

Quelles ressources en matière d’information pharmaceutique seraient utilisées pour
l’analyse de ce médicament par le CPT ? Quelle source serait la plus utile ?
Activité 2. Analyse de la qualité d’une liste du formulaire : un exemple de liste d’AINS
Vous trouverez ci-dessous une liste d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tirée de la
liste du formulaire d’un grand hôpital privé en Afrique orientale. Utilisez les principes de
gestion d’une liste du formulaire décrits dans cette session pour répondre aux questions
suivantes sur cette catégorie de médicaments :

Pensez-vous que les médicaments qui figurent sur cette liste paraissent logiques et
bien choisis ?

Combien d’entités chimiques la liste contient-elle ?

Combien d’AINS une liste du formulaire doit-elle contenir ?
44
CPT Participant (final).doc

Quels médicaments recommanderiez-vous d’ajouter ou de supprimer ?

Quelle est la meilleure méthode pour énumérer les médicaments dans une liste du
formulaire ? Cette liste est-elle facile à lire et à comprendre ?
N°
AINS
1
LYSINE ACIDE ACÉTYLSALICYLIQUE
500 mg
ASPÉGIC (lysine acide acétylsalicylique)
1000 sachet ADULTE (1)
ASPÉGIC 250 mg sachet NOURRISSON
(lysine acide acétylsalicylique)
ASPÉGIC sachets (lysine acide
acétylsalicylique) 100 mg
ASPIRINE comprimés 500 mg
ASPIRINE comprimés 100 mg (1)
ASPIRINE comprimés 300 mg (1)
ASPIRINE comprimés 80 mg
DICLOFÉNAC 100 mg SR
DICLOFÉNAC ampoule ADCO 75 mg/3 ml
(1)
DICLOFÉNAC gel
DICLOFÉNAC pommade 30 g
DICLOFÉNAC suppositoires 100 mg
DICLOFÉNAC comprimés 50 mg
IBUPROFÈNE sirop 100 mg/5 ml (60 ml)
IBUPROFÈNE comprimés 200 mg (1)
INDOMED gélules 25 mg (1)
KÉTOPROFÈNE 150 mg (1)
ACIDE MÉFÉNAMIQUE 500 mg
MÉFÉNAMIQUE gélules 250 mg
NAPROXÈNE comprimés 250 mg
NIFLUGEL POMMADE (acide niflumique)
NIFLURIL (acide niflumique) gélules 250 mg
(1)
NIFLURIL crème pour application locale
(acide niflumique)
NIFLURIL suppositoires 700 mg (ADULTE)
(acide niflumique)
NIFLURIL suppositoires (NOURRISSON)
(acide niflumique) 400 mg
NIMÉSULIDE comprimés 100 mg
PIROXICAM 20 mg
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
18
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
Quantités
vendues
(sur 6
mois)
2026
Coût
unitaire
(USD)
Coût total
(USD) (sur
6 mois)
0,357
723,54
27
0,264
7,14
40
0,126
5,05
51
0,109
5,56
237
1877
1190
3145
8475
7797
0,004
0,002
0,002
0,002
0,016
0,061
0,90
2,84
2,44
4,86
135,88
477,61
188
5
22186
23835
3080
85197
4199
128
2328
37
252
634
1537
0,380
0,364
0,077
0,006
0,498
0,004
0,003
0,427
0,198
0,044
0,340
3,091
0,119
71,46
1,82
1707,56
133,71
1533,65
320,16
11,45
54,69
460,84
1,61
85,63
1959,73
182,52
649
2,186
1419,02
1319
0,305
402,08
314
0,258
81,13
22260
643
0,038
0,021
848,67
13,37
CPT Participant (final).doc
45
Résumé
Le système du formulaire ajoute un élément important au CPT et au système de santé. Un
système d’évaluation et de sélection des médicaments les plus appropriés pour figurer sur la
liste du formulaire comporte de nombreux avantages : usage rationnel des médicaments,
amélioration de l’issue des traitements, amélioration de l’efficience des systèmes
d’acquisition des médicaments et de gestion des stocks, approvisionnement régulier en
médicaments essentiels, et baisse significative du coût global des soins de santé.
Vous trouverez ci-dessous une liste des directives clés à retenir pour créer un système du
formulaire ou en faire fonctionner un pour les années à venir :

Rédiger des politiques et procédures détaillées concernant les fonctions du système du
formulaire.

Suivre les principes de la gestion d’une liste du formulaire pour vous procurer les
meilleurs médicaments à un prix favorable.
o Les médicaments doivent être choisis en fonction des besoins de la
communauté ; ils doivent traiter les maladies et affections identifiées au niveau
local.
o Les médicaments sélectionnés pour la liste du formulaire sont les
« médicaments de choix ».
o La liste du formulaire doit comporter un nombre limité de médicaments, seuls
ceux qui sont nécessaires pour les besoins de l’hôpital ou du dispensaire ; il ne
doit pas y avoir de doublons (médicaments équivalents sur le plan
thérapeutique).
o Utiliser les DCI (c’est-à-dire les noms génériques).
o N’utiliser d’associations médicamenteuses (en proportions fixes) que pour des
affections bien déterminées (par exemple pour le traitement de la tuberculose).
o Les médicaments doivent être choisis d’après des critères explicites : efficacité
démontrée, innocuité, qualité et coût.
o La liste du formulaire doit être compatible avec toute liste nationale ou
régionale et avec les directives thérapeutiques standard approuvées.

Revoir la liste du formulaire de façon systématique pour assurer qu’elle reste à jour.

Réduire au minimum le nombre de médicaments hors liste.

Restreindre l’utilisation de certains médicaments à des praticiens de niveau approprié.

Assurer le maintien de ressources fiables (humaines, financières, documentaires) pour
l’évaluation des médicaments.
CPT Participant (final).doc
46

Veiller à ce que le processus du formulaire soit correct sur le plan éthique : le CPT et
en particulier le système du formulaire ne doit tolérer aucune influence ni pression des
laboratoires pharmaceutiques ou des fournisseurs de médicaments au sujet de tout
produit dont l’addition à la liste du formulaire ou la suppression sont envisagées.

Obtenir le soutien des principaux décideurs et des personnalités influentes dans le
domaine de la santé pour le CPT et le système du formulaire.
CPT Participant (final).doc
47
SESSION 3. ÉVALUATION DE L’EFFICACITÉ DES MÉDICAMENTS
Objectif et contenu
La session 3 a pour but de fournir aux participants un guide de base sur la façon de déterminer
l’efficacité des médicaments, essentiellement par l’examen de la littérature pharmaceutique et
en évaluant en particulier les essais contrôlés randomisés, les revues systématiques et les
méta-analyses. L’évaluation systématique et complète de la littérature pharmaceutique
fournira au comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) les informations non biaisées dont
il a besoin pour sélectionner les médicaments appropriés pour la liste du formulaire.
Dans la plupart des pays, ce sont les médecins et les pharmaciens qui évaluent la littérature
pharmaceutique. Malheureusement, cet examen est souvent réalisé de façon incorrecte. Avec
les outils présentés dans cette session et les exercices à faire chez eux, les participants seront
mieux armés pour évaluer la littérature de manière systématique et scientifique.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Comprendre l’importance de déterminer l’efficacité des médicaments et d’évaluer la
littérature clinique

Commenter les principaux types d’études sur les médicaments

Décrire les éléments clés d’un article de revue spécialisée

Comprendre comment évaluer et interpréter les résultats d’un essai contrôlé randomisé

Commenter l’utilisation des revues systématiques et des méta-analyses pour
l’évaluation des médicaments
Préparation et matériel
Lire :

Cette session – Le contenu de cette session doit être parfaitement connu avant la
présentation.

Revoir la session 2 du Guide du participant : « Elaboration et tenue à jour d’une liste
du formulaire »

L’article à étudier pendant l’activité – Essai randomisé de l’artésunate et de la
méfloquine seuls ou en séquence pour le traitement du paludisme aigu à falciparum
sans complications.
Pour en savoir plus
Gehlbach SH. 1993. Interpreting the Medical Literature 3rd ed. New York : McGraw-Hill.
Greenhalgh T. 2006. How to Read a Paper : The Basics of Evidence-Based Medicine 3rd ed.
Malden, MA : Blackwell Publishing.
CPT Participant (final).doc
48
Grimes DA, Schulz KF. 2002. An Overview of Clinical Research : The Lay of the Land.
Lancet 359:57–61.
Kirkwood BR, Sterne JAC. 2003. Essential Medical Statistics 2nd ed. Malden, MA :
Blackwell Publishing.
Management Sciences for Health and World Health Organization. 1997. Managing Drug
Supply 2nd ed. (Chapter 30 « Drug and Therapeutics Information »). West Hartford, CT :
Kumarian Press.
Schulz KF, Grimes DA. 2002. Sample Size Slippages in Randomized Trials : Exclusions and
the Lost and Wayward. Lancet 359:781–785.
Introduction
Dans la plupart des pays, il existe des milliers de médicaments sur le marché. Si le pays
possède un système efficace de réglementation pharmaceutique, les médicaments homologués
auront été évalués sur le plan de la qualité, de l’innocuité et de l’efficacité, mais aucun hôpital
ou établissement de santé ne peut à lui seul fournir l’ensemble des produits homologués. L’un
des rôles clés du CPT est donc d’assurer qu’une liste sélectionnée de médicaments sera
disponible. Les médicaments doivent être sélectionnés d’une façon telle que la liste du
formulaire :

Réponde aux besoins de la population desservie par l’établissement de santé

Comprenne des médicaments efficaces et sans danger

Comprenne les médicaments ayant le meilleur rapport coût-efficacité parmi les
produits disponibles.
Tous les CPT doivent avoir un processus standard de sélection des médicaments en vue de
leur inscription sur la liste du formulaire. Le premier point à examiner est de savoir si le
médicament proposé pour la liste est au moins aussi efficace que ceux déjà utilisés pour la
même indication. Il faut pour cela examiner les preuves cliniques d’efficacité, ce qui est une
tâche longue et compliquée mais d’une importance primordiale pour le fonctionnement
correct du CPT.
Dans l’idéal, la sélection d’une liste de médicaments devrait suivre étroitement les directives
thérapeutiques standard en usage au niveau local pour la prise en charge des patients atteints
des maladies importantes dans le secteur considéré mais, souvent, il est demandé aux CPT
d’examiner de nouveaux médicaments qui ne figurent pas dans les directives ou des
médicaments destinés au traitement de maladies pour lesquelles il n’existe pas de directives
thérapeutiques standard.
Cette session porte sur les méthodes d’évaluation des preuves cliniques et contient des
informations sur les différents types d’études cliniques, sur la façon d’estimer la fiabilité des
essais cliniques et d’interpréter les résultats des études cliniques, ainsi qu’une présentation de
quelques concepts statistiques importants. L’acquisition des compétences requises nécessite
du temps et de la pratique, mais le CPT doit les posséder pour pouvoir évaluer correctement
les médicaments dont l’addition à la liste du formulaire est proposée.
CPT Participant (final).doc
49
Formuler la question
La première étape de l’évaluation de l’efficacité d’un nouveau médicament est de formuler la
question clinique importante pour votre CPT. Cette question doit être structurée de manière à
spécifier :




La population de patients (P)
L’intervention médicamenteuse qui vous intéresse (I)
Le traitement déjà disponible, pour comparaison (C)
Le résultat important pour le clinicien et le patient (R)
Par exemple : Chez le patient diabétique de plus de 60 ans (P), la metformine (I), par
comparaison avec le glibenclamide (C), réduit-elle le risque d’accident vasculaire cérébral
(R) ?
Une question clinique bien construite signifie que :

Votre bibliothécaire, si vous en avez un, ou le pharmacien de votre établissement, ou
encore vous-même, êtes en mesure de faire une recherche efficace de données
pertinentes dans la littérature médicale

Votre CPT peut examiner uniquement les données pertinentes au lieu d’être submergé
par une masse d’articles, de rapports, d’analyses bibliographiques, etc.

Si le médicament est ajouté à votre liste, son utilisation peut être ciblée sur l’indication
et les patients spécifiés dans votre question, et vice versa – de nouveaux produits
peuvent être examinés spécifiquement pour une indication précise – plutôt que selon
l’approche plus générale qui consisterait à se demander simplement si la metformine
doit être ajoutée à votre liste.
Trouver les preuves
Une fois que le CPT a posé la question clinique (qui doit faire partie de la proposition
concernant tout nouveau produit), il reste à trouver les données cliniques pertinentes. Selon
les ressources dont vous disposez, vous pouvez décider de demander que les données
cliniques pertinentes vous soient présentées en même temps que la demande d’addition d’un
nouveau médicament à la liste, ou vous pouvez charger un membre du CPT d’entreprendre
une recherche indépendante dans la littérature médicale pour y trouver ces données. Comme il
est de plus en plus facile d’accéder en ligne aux bases de données concernant les études
cliniques, la recherche indépendante peut constituer la meilleure approche, mais elle prendra
du temps.
Il existe maintenant de nombreuses procédures standardisées de consultation en ligne de bases
de données comme PubMed et Medline pour rechercher les essais cliniques, revues
systématiques et résumés sur les nouveaux produits. Le point important à retenir est que,
quelle que soit la façon dont la recherche est conduite, elle devra avoir pour but de faire
ressortir toutes les études sur le médicament en question, et non pas seulement une sélection
d’articles présentant le nouveau médicament sous son meilleur jour.
CPT Participant (final).doc
50
Quelles sortes de preuves ?
Quand nous parlons de « preuves cliniques », que voulons-nous dire exactement ? Les articles
publiés dans les revues médicales sérieuses se répartissent en général en quatre types :

Des travaux de recherche au niveau secondaire ou des revues, qui peuvent être :
o Des mises au point : en général des vues d’ensemble réalisées de manière non
systématique à partir d’articles publiés sur un sujet particulier ; elles sont
souvent fortement influencées par les opinions de l’auteur
o Des revues systématiques : ce sont des récapitulations réalisées de manière
rigoureuse de toutes les études réalisées sur un sujet particulier, qui peuvent
inclure des combinaisons statistiques des résultats de toutes les études (métaanalyses) afin de parvenir à une estimation globale de l’effet d’un médicament
par comparaison avec autre chose
o Des analyses économiques : études décrivant les coûts et les effets d’un
traitement ou d’une intervention particuliers

Des essais cliniques, dans lesquels une intervention, par exemple un traitement
médicamenteux, est réalisée sur un groupe de patients et comparée avec les effets d’un
autre traitement

Des enquêtes, dans lesquelles on mesure quelque chose chez un groupe de patients ou
un autre échantillon de personnes

Des expériences, dans lesquelles une intervention donnée (parfois un traitement
médicamenteux) est réalisée sur l’homme (ou l’animal) dans un environnement
artificiel ou dans des conditions contrôlées
Pour un CPT, les preuves les plus fiables lorsqu’il s’agit d’évaluer si un nouveau médicament
est efficace sont apportées par des revues systématiques comportant plusieurs essais cliniques
randomisés et une méta-analyse. En ce qui concerne l’évaluation de l’innocuité d’un
médicament, des études supplémentaires peuvent être nécessaires. Mais la littérature médicale
contient encore de nombreuses études qui présentent de graves lacunes et ne sont par
conséquent pas fiables, de sorte qu’il est important de pouvoir juger si une étude, quel qu’en
soit le type, est de qualité suffisante pour servir de base lors du choix d’un médicament.
L’évaluation systématique des publications médicales est appelée évaluation critique et les
sections qui suivent porteront sur les approches de base de l’évaluation d’une étude
individuelle et d’une revue systématique.
Evaluation de la qualité des preuves : quels sont les éléments d’un bon essai clinique ?
La plupart des études rapportant un essai clinique et publiées dans les revues médicales sont
présentées selon un plan standard adopté par le comité de rédaction de la revue.

Résumé (qui a lui aussi une structure standard dans de nombreuses revues)

Introduction (pourquoi les auteurs ont décidé de faire cette recherche)

Méthodes (comment les auteurs ont procédé et comment ils ont analysé leurs résultats)

Résultats (ce que les auteurs ont trouvé)

Discussion (ce que signifient les résultats, selon les auteurs)
CPT Participant (final).doc
51
L’encadré 1 montre un exemple de résumé dans une revue de haut niveau. L’article aura aussi
une section « Remerciements » et une liste de références bibliographiques. On jugera de la
qualité d’un article d’après l’évaluation de la section « Méthodes » et non en fonction de
l’intérêt du titre de l’article, de l’hypothèse de départ ou de l’interprétation que donnent les
auteurs de leurs résultats.
Encadré 1. Résumé montrant le protocole d’étude (Source : Journal of the American
Medical Association, 2005)
Contexte L’essai SYNERGY comparant l’énoxaparine et l’héparine non fractionnée chez des
patients à haut risque atteints de syndrome coronarien aigu (SCA) a montré que l’énoxaparine
n’était pas inférieure à l’héparine non fractionnée pour réduire les décès ou les infarctus du
myocarde mortels à 30 jours.
Objectif Evaluer la persistance du risque dans cette cohorte de patients lors d’un suivi à six mois et
à un an.
Méthodologie, cadre de l’étude et patients Au total, 9978 patients ont été randomisés entre août
2001 et décembre 2003 dans 487 hôpitaux de 12 pays. Un suivi a été réalisé à six mois et à un an.
Principales mesures Issue du traitement à six mois : décès, infarctus du myocarde non mortel,
intervention de revascularisation, accident vasculaire cérébral, nécessité d’une réhospitalisation
rapportée par l’investigateur ; issue à un an : décès toutes causes confondues.
Résultats Des données sur l’issue à six mois étaient disponibles pour 9957 patients sur 9978
(99,8 %) et des données sur l’issue à un an pour 9608 patients (96,3 %) ; 541 patients (5,4 %)
étaient décédés lors du suivi à six mois et 739 (7,4 %) lors du suivi à un an. Au bout de six mois,
des décès ou des infarctus du myocarde non mortels étaient survenus chez 872 patients ayant reçu
l’énoxaparine (17,6 %) contre 884 ayant reçu l’héparine non fractionnée (17,8 %) (rapport de risque
[RR] : 0,98 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 0,89−1,07 ; p = 0,65). Dans le sous-groupe de
patients ayant reçu un traitement suivi, c’est-à-dire uniquement de l’énoxaparine ou de l’héparine
fractionnée pendant l’hospitalisation de référence (n = 6138), une diminution des décès ou des
infarctus du myocarde non mortels avec l’énoxaparine était maintenue à 180 jours (RR : 0,85 ; IC
95 % : 0,75−0,95 ; p = 0,006). Une réhospitalisation dans les 180 jours a eu lieu chez 858 patients
traités par l’énoxaparine (17,9 %) et 911 patients traités par l’héparine non fractionnée (19,0 %)
(RR : 0,94 ; IC 95 % : 0,85−1,03 ; p = 0,17). Les taux de décès toutes causes confondues au bout
d’un an étaient similaires dans les deux groupes traités (380 sur 4974 [7,6 %] pour l’énoxaparine
contre 359 sur 4948 [7,3 %] pour l’héparine non fractionnée ; RR : 1,06 ; IC 95 % : 0,92−1,22 ;
p = 0,44). Les taux de décès à un an chez les patients ayant reçu un traitement suivi étaient
également similaires (251 sur 3386 [7,4 %] pour l’énoxaparine contre 213 sur 2720 [7,8 %] pour
l’héparine non fractionnée ; RR : 0,95 ; IC 95 % : 0,79−1,14 ; p = 0,55).
Conclusions Dans l’essai SYNERGY, les patients ont continué à présenter des événements
cardiaques indésirables au cours de la période de suivi à long terme. L’effet de l’énoxaparine sur les
décès ou les infarctus du myocarde par rapport à celui de l’héparine non fractionnée au bout de six
mois était similaire à celui observé à 30 jours dans l’essai général comme dans le groupe ayant reçu
un traitement suivi par l’un ou l’autre produit. Les taux de décès à un an était également similaires
dans les deux groupes. Les patients à haut risque présentant un SCA restent susceptibles de
présenter des événements cardiaques malgré un traitement énergique.
ClinicalTrials.gov Identifier : NCT00043784
JAMA. 2005; 294:2594-600 www.jama.com
CPT Participant (final).doc
52
L’article doit également mentionner la source de financement de l’étude. Cette mention ne
figure parfois que dans la section « Remerciements », mais on trouve de plus en plus une
description des accords de financement et du rôle de la source de financement dans la section
« Méthodes » de l’article. Il s’agit d’un point important car il a été maintes fois démontré que
les accords de financement d’une étude pouvaient avoir une grande influence sur les résultats.
L’article doit également mentionner l’appartenance des auteurs et les éventuels conflits
d’intérêts ainsi que la contribution de chaque auteur à la réalisation de l’étude et à la rédaction
du rapport. Si une étude est financée par un laboratoire pharmaceutique et que tous les auteurs
sont employés par ce laboratoire sans qu’il y ait d’investigateur, d’analyse ou de révision
indépendants, cette étude risque d’être biaisée et il ne vaut probablement pas la peine d’y
consacrer beaucoup de temps !
Vous avez donc décidé d’essayer de lire l’article que vous avez trouvé et de procéder à son
évaluation critique afin de déterminer si ses résultats sont fiables et valables et s’ils peuvent
être utilisés par votre CPT pour prendre une décision concernant un médicament. Par où
commencer ? Dans l’idéal vous devriez élaborer une approche systématique que vous
utiliserez pour chaque étude. Il existe de nombreuses listes de contrôle rassemblant les
questions à se poser pour l’évaluation d’un article scientifique, mais celles que vous trouverez
ci-après proposent une approche simple et complète, et sont largement utilisées dans
l’enseignement de la médecine factuelle (Greenhalgh, 1997). Il doit être possible de répondre
à la plupart de ces questions après lecture de la section « Méthodes » d’un article récent.
Pourquoi l’étude a-t-elle été réalisée ? Quelles étaient les questions cliniques examinées par
les auteurs ?
Dans un article de recherche, la première phrase devrait présenter en résumé le contexte dans
lequel l’étude a été réalisée. Par exemple : « L’utilisation d’antibiotiques pour le traitement
des infections des voies respiratoires supérieures chez l’enfant est très répandue mais il a été
avancé que dans la plupart des cas une antibiothérapie n’est pas nécessaire ». Vous devriez
alors trouver, soit dans l’introduction soit dans la section « Méthodes », l’hypothèse que les
auteurs ont décidé de tester. Cette hypothèse pourrait être présentée comme suit : « Les
antibiotiques n’améliorent pas les symptômes ni le délai de rétablissement dans les infections
des voies respiratoires supérieures chez l’enfant. » Si l’hypothèse est présentée de façon
négative comme dans cet exemple, on parle d’hypothèse nulle. D’une façon générale les
auteurs s’attachent à réfuter l’hypothèse nulle.
A quel type appartient l’étude réalisée ?
Il existe un grand nombre de types d’études et différents moyens de les conduire. Comme on
l’a déjà vu, la plupart des articles publiés sont des rapports de revues, d’expériences, d’essais
ou d’enquêtes. Pour chacun de ces types, certains aspects importants de la méthodologie
d’étude doivent être recherchés. Il faut en premier lieu vérifier si l’étude vise à tester une
intervention, comme un traitement médicamenteux, une opération ou une procédure
diagnostique, ou si les auteurs rapportent les résultats d’une étude d’observation, dans
laquelle ils n’exercent pas de contrôle sur ce qui se produit chez les patients ou les sujets de
l’étude.
Pour les études qui cherchent à savoir si de nouvelles interventions sont efficaces, la meilleure
méthode est l’essai comparatif randomisé, dans lequel les patients sont répartis par tirage au
sort entre le groupe recevant la nouvelle intervention et le groupe recevant le traitement
53
CPT Participant (final).doc
servant de base de comparaison. Ce dernier est parfois un placebo (médicament ou
intervention) ; dans d’autres cas il peut s’agir du meilleur traitement actuellement disponible.
Si les auteurs testent une nouvelle intervention et ne font pas appel à un essai randomisé, il est
très important de savoir pourquoi ils n’ont pas fait ce type d’essai, car il est probable que le
résultat sera alors biaisé en faveur du nouveau traitement. On trouvera dans l’encadré 2 ciaprès un schéma classique d’essai randomisé.
Encadré 2 : Schéma d’un essai randomisé (Crotty et al. BMJ,
doi :10.1136/bmj.38638.441933.63 publié en novembre 2005)
Population cible (à
le’entrée dans l’essai)
Quelles personnes étaient
inclus dans l’étude ?
Randomisation des patients
inclus dans l’étude ?
Groupe témoin
Groupe d’intervention
Biais d’exécution ?
(différences systématiques
dans les soins fournis, à
l’exception de
l’intervention à évaluer)
Biais d’exécution ?
Biais d’exclusion ?
Biais d’exclusion ?
(différences systématiques
au niveau des abandons en
cours d’essai)
Résultats
Résultats
Biais de détection (différences systématiques au niveau de l’évaluation des résultats ?
Dans l’idéal, tout nouveau médicament envisagé par le CPT devrait avoir été étudié lors de
plusieurs essais contrôlés randomisés, qui auront fait l’objet d’un résumé objectif dans une
revue systématique.
Les études qui rapportent les résultats d’observations sont en général de trois types :

Etudes de cohorte. Ces études portent sur des groupes de patients ou de sujets observés
sur une certaine durée. La période d’étude peut aller d’une observation à un instant
CPT Participant (final).doc
54
unique7 jusqu’à des observations répétées s’étendant sur plusieurs années. Chaque
cohorte de patients ou de sujets doit être définie à l’avance en fonction de
caractéristiques communes. Cette sélection peut se faire de nombreuses manières, par
exemple selon des critères géographiques et chronologiques (par exemple, tous les
patients habitant un certain quartier en telle année), des critères liés aux
caractéristiques d’une maladie ou à une exposition à un événement commun (par
exemple, tous les employés d’une usine ayant fermé à telle date). Il importe de
rechercher si les auteurs ont spécifié ces critères d’inclusion à l’avance et s’ils ont fait
leur possible pour assurer que tous les sujets appropriés ont réellement été inclus dans
l’étude. Du point de vue du CPT, les études de cohorte peuvent être utiles pour évaluer
l’innocuité de nouveaux médicaments, et donnent aussi parfois des informations utiles
sur la façon dont les médicaments sont utilisés en pratique. Elles ne constituent
toutefois pas une source d’information fiable pour déterminer si un nouveau
médicament est efficace.

Etudes cas-témoins. Ce sont des études dans lesquelles les auteurs ont d’abord défini
le « cas » qu’ils étudient, qui est un résultat ou un événement particulier chez un sujet
(par exemple, une hospitalisation du fait d’une hémorragie digestive). Les auteurs
comparent ensuite la fréquence de l’exposition à une substance donnée (par exemple
l’aspirine) dans un groupe de « cas » avec la fréquence de l’exposition à la même
substance dans un groupe de « témoins » ou « contrôles », qui sont des sujets qui ne
présentent pas le résultat étudié. Ces études sont complexes et difficiles à réaliser sans
introduire de biais, mais lorsqu’elles sont correctement conduites, elles peuvent être
extrêmement utiles pour déterminer si des événements indésirables rares sont
provoqués par l’exposition à un certain médicament ou à une certaine substance.

Rapports de cas. Ce sont des études qui en général rapportent l’expérience d’un
médecin particulier en ce qui concerne un patient ou un groupe de patients présentant
la même maladie ou soumis au même traitement. L’exemple classique de l’intérêt de
ce type d’étude est le premier rapport de cas de malformations des membres dues à la
thalidomide. Ce rapport de cas ne pouvait pas être utilisé pour prouver que la
thalidomide était la cause des malformations observées, mais il a servi de signal
d’alarme et a donné lieu à de nombreuses études cas-témoins qui ont établi la relation
de causalité sans aucun doute possible. Les rapports de cas constituent donc
d’intéressantes sources de données ponctuelles sur des événements isolés et peuvent
être utiles pour évaluer le profil d’innocuité d’un médicament, mais ils ne peuvent être
utilisés pour déterminer son efficacité.
La méthodologie d’étude était-elle appropriée à l’objet de la recherche ?
Pour répondre à cette question, il est utile de classer selon les catégories suivantes le domaine
de recherche de l’article que vous examinez. Vous devrez ensuite vous demander si la
méthodologie d’étude utilisée est la plus appropriée en fonction de l’objet de la recherche.

7
Traitement (tester l’efficacité de traitements médicamenteux, d’interventions
chirurgicales, de protocoles de soins) : le type d’étude à préférer est l’essai contrôlé
randomisé
La différence entre une étude transversale et une étude de cohorte avec mesure en un instant unique réside dans
le fait que dans l’étude de cohorte, les patients sont définis à l’avance en fonction de caractéristiques communes
et dans l’étude transversale ils ne sont pas définis à l’avance.
CPT Participant (final).doc
55

Diagnostic (vérifier si un nouveau test de diagnostic est valable et fiable) : le type
d’étude à préférer est une comparaison randomisée du nouveau test avec l’ancien,
associée au suivi d’une cohorte de patients

Dépistage (rechercher si un test de diagnostic peut révéler une maladie à un stade
présymptomatique dans une vaste population, et si cela peut conduire à de meilleurs
résultats du traitement de cette maladie) : le type d’étude à préférer est une enquête
transversale sur une cohorte de patients8

Pronostic (déterminer quelle est l’issue d’une maladie au cours du temps) : le type
d’étude à préférer est une étude de cohorte longitudinale sur des patients atteints de la
maladie

Causalité (déterminer si un agent particulier – toxine, médicament, facteur
environnemental – a un lien avec la cause d’une maladie) : le type d’étude à préférer
est une étude cas-témoins ou une étude de cohorte
La méthodologie d’étude choisie a-t-elle été correctement appliquée ?
Une étude peut être du type le mieux adapté à la nature de la recherche et à la question posée,
mais peut quand même être appliquée d’une façon qui diminue l’utilité et la fiabilité des
résultats. Deux aspects importants sont à examiner en premier lieu.

Quelle intervention spécifique a exactement été envisagée et avec quoi a-t-elle été
comparée ? En ce qui concerne l’étude de nouveaux médicaments, les auteurs ont-ils
décrit exactement la dose, la préparation, la fréquence et la nature de l’administration,
par exemple ? L’élément de comparaison était-il reconnu comme la meilleure pratique
actuelle, ou une alternative raisonnable ? Par exemple, il ne serait pas judicieux de
comparer un nouveau produit contre l’hypertension avec une demi-dose d’un
inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ou avec des médicaments qui
ne sont plus utilisés en raison d’effets secondaires, comme la réserpine.

Quel résultat de cette intervention l’étude a-t-elle mesuré, et comment ? Est-ce un
résultat important pour le clinicien et le patient, ou une mesure physiologique ayant
peu de rapport avec la survie du patient ou sa qualité de vie ? Dans les essais de
médicaments en particulier, les auteurs ont tendance à mesurer plutôt des résultats
indirects, supposés représentatifs de résultats cliniquement importants mais qui ne le
sont pas nécessairement. Une autre stratégie utilisée pour augmenter les chances de
« succès » d’un médicament est de mesurer des résultats composites, par exemple la
fréquence de « décès OU crise cardiaque OU douleur angineuse » chez les patients
traités selon la nouvelle intervention ou l’ancien schéma thérapeutique. Le problème
avec cette approche est que souvent l’effet du médicament s’exerce principalement sur
une de ces issues, mais non sur toutes, alors que toutes sont traitées par les
investigateurs comme étant d’importance égale, ce qui n’est pas forcément pertinent
sur le plan clinique.
8
Dans une étude transversale sur une cohorte de patients, une population source est échantillonnée de façon
transversale, puis l’exposition des sujets et l’issue du traitement sont évaluées rétrospectivement sur une période
spécifiée. Voir Hudson JI, Pope HG Jr, Glynn RJ. 2005. The Cross-Sectional Cohort Study : An Underutilized
Design. Epidemiology 16(3):355–359.
CPT Participant (final).doc
56
Qui étaient les sujets étudiés ?
Lorsqu’il doit prendre des décisions sur de nouveaux médicaments, le CPT doit examiner la
relation entre les patients inclus dans l’essai et ceux de l’établissement dans lequel le
médicament sera utilisé. Les questions à se poser sont les suivantes :

Comment les sujets ont-ils été recrutés dans l’étude : s’agit-il uniquement de
volontaires enthousiastes ou d’un échantillon plus représentatif de la population ?

Quelles personnes étaient incluses dans l’étude : patients avec une seule maladie sans
complications ou patients atteints de pathologies multiples et davantage représentatifs
de la population dans laquelle le médicament sera utilisé ?

Quelles personnes étaient exclues de l’étude ? Ce facteur est susceptible de fausser les
conclusions quant aux effets d’une intervention en raison de la différence de réponse
chez des patients atteints de formes plus ou moins graves de la maladie.

Quel était le cadre de l’étude et sa relation avec l’environnement local ? Les résultats
d’une intervention réalisée dans un hôpital tertiaire peuvent ne pas s’appliquer
correctement à un établissement de soins de santé primaires ne disposant pas du même
niveau de soins.
L’étude a-t-elle été bien conduite ? Les biais systématiques ont-ils été évités ou réduits au
minimum ?
Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses « études d’études » ont été réalisées pour
tenter de définir quelles sont les caractéristiques qui permettront à une étude de donner les
résultats les plus fiables. Par certains aspects, cette question est la partie la plus importante de
l’évaluation critique d’une étude. Commençons par quelques définitions :

Biais : ce qui fait dévier les résultats par rapport à la valeur réelle, ou le processus
conduisant à cette déviation.

Randomisation : processus par lequel les patients sont répartis dans les groupes de
traitement selon le hasard.

Simple aveugle : la personne qui mesure les résultats d’une intervention ne sait pas
quel traitement les patients ont reçu.

Double aveugle : ni l’observateur ni le patient ne savent quel traitement a été donné.

Affectation : processus par lequel les patients sont répartis dans les groupes de
traitement.

Population selon l’intention de traiter : nombre total de patients désignés pour recevoir
un traitement particulier, indépendamment du fait qu’ils l’aient reçu ou non.
CPT Participant (final).doc

57
Facteur/variable de confusion : variable qui peut provoquer ou empêcher le résultat
recherché, n’est pas une variable intermédiaire,9 et est associée au facteur étudié.
L’annexe 1 contient un glossaire d’autres termes.
Qualité des essais contrôlés randomisés : que faut-il rechercher ?
Il existe maintenant des données empiriques qui montrent que pour un essai contrôlé
randomisé, les principales caractéristiques qui permettent de déterminer la fiabilité des
résultats (ou l’existence possible de biais) sont les suivantes :

La méthode exacte utilisée pour randomiser les patients dans les groupes de traitement

Patient et observateur tous deux « en aveugle » ou non pour le traitement

Ensemble des patients suivis et inclus ou non dans l’analyse
Nous allons maintenant examiner chacun de ces facteurs plus en détail.
Randomisation et masquage de l’affectation
Comme on l’a déjà vu, la randomisation est le processus utilisé pour répartir les sujets d’une
étude dans un groupe de traitement ou un autre de façon aléatoire, c’est-à-dire selon le hasard.
L’affectation des patients selon le hasard élimine le risque que l’investigateur, consciemment
ou non, sélectionne pour le traitement expérimental des patients qui seront plus ou moins
susceptibles d’y répondre. C’est ce qu’on appelle un biais de sélection et on sait que les études
comportant un biais de sélection ont tendance à produire des résultats qui favorisent nettement
le traitement expérimental et qui en surestiment le bénéfice. Grâce à la répartition aléatoire
des patients, les éventuels facteurs de confusion seront également répartis entre les deux
groupes et risqueront moins d’avoir un effet différentiel sur l’issue du traitement.
Il ne suffit toutefois pas que les patients soient répartis de façon aléatoire entre les groupes de
traitement. Cette répartition peut se faire de diverses manières. On peut tirer à pile ou face
l’affectation des patients dans le groupe traité, on peut mettre des numéros correspondant à
chaque groupe dans des enveloppes scellées et sortir celles-ci d’un tiroir au hasard, ou encore
suivre une procédure (maintenant utilisée dans de nombreux essais) selon laquelle, une fois
que le patient a donné son consentement pour participer à l’étude, le médecin téléphone à un
service centralisé qui affecte le patient à un groupe de traitement selon un code généré par
ordinateur sans que le médecin ni le patient sache de quel groupe il s’agit. Cette dernière
méthode est la plus fiable car c’est celle qui risque le moins d’être influencée par le médecin
qui administre le traitement et est donc considérée comme la « règle d’or » en matière d’essais
cliniques. Si l’article que vous examinez ne dit pas comment les patients ont été randomisés et
comment le processus d’affectation a été masqué, il est probable que les résultats seront peu
fiables et favoriseront le traitement expérimental.
Essais en double aveugle contre essais ouverts
Il existe trois sortes de personnes qui peuvent influencer les résultats de l’essai si elles savent
quel traitement reçoit un patient qui participe à une étude : le patient lui-même, le médecin, et
9
Une variable dans une série de causalité qui provoque une variation de la variable dépendante et qui varie ellemême sous l’effet de la variable indépendante.
CPT Participant (final).doc
58
la personne qui mesure l’issue du traitement. On sait que, si toutes ces personnes sont au
courant du traitement, il est fort probable que les résultats de l’étude seront biaisés en faveur
du traitement expérimental par rapport au groupe témoin. Ce phénomène porte divers noms,
mais le plus couramment utilisé est biais dû à l’observateur (lorsque l’observateur,
consciemment ou inconsciemment, influence les résultats). Donc, dans l’idéal, le patient, le
médecin et l’observateur devraient tous rester dans l’ignorance du traitement donné, de sorte
que n’importe quel placebo corresponde exactement au traitement réel. Mais dans la réalité ce
n’est pas toujours possible, et il faut prendre d’autres mesures pour assurer que les résultats
sont aussi fiables que possible. Par exemple :

Faire en sorte que l’issue du traitement soit un événement objectif, « noir sur blanc »
(par exemple un décès) plutôt qu’un événement défini d’une façon telle qu’il puisse se
prêter à une interprétation subjective (par exemple « nette amélioration de la
douleur »).

Si possible, faire en sorte que la personne qui mesure l’issue du traitement ignore quel
a été celui-ci, même si le patient et le médecin le savent.

Faire examiner les résultats douteux (par exemple, le décès d’un patient était-il dû à
une insuffisance cardiaque, qui aurait pu être évitée par le traitement, ou à une
infection respiratoire sans lien avec le traitement ?) par une commission indépendante
(qui ignorera à quel groupe de traitement appartenait le patient).
En résumé, les essais contrôlés en double aveugle contre placebo avec une issue objective
jugée par une commission indépendante constituent la « règle d’or ». Il faudra parfois se
contenter de moins dans la pratique, mais cela diminuera la confiance que vous accorderez
aux résultats, et ce sera à vous de déterminer dans quelle mesure l’évaluation d’un essai
individuel en sera affectée.
Inclusion de tous les patients dans l’analyse statistique
Les résultats d’un essai risqueront moins d’être biaisés si tous les patients recrutés dans
l’étude et affectés à un groupe de traitement sont pris en compte. Dans l’exemple présenté
dans la figure 1, la population selon l’intention de traiter (ITT) était de 320 patients répartis
dans les deux groupes de traitement, alors qu’au moment du suivi à quatre mois ils n’étaient
plus que 230 dans l’essai. En utilisant la population ITT comme dénominateur pour l’analyse,
on obtient l’estimation la plus prudente de l’effet d’un traitement. Même si dans certains cas
cela peut conduire à une sous-estimation, le résultat sera sans doute moins soumis à des biais.
Les essais qui portent sur de nouvelles interventions et qui ne rapportent pas les résultats
pour la totalité des patients et ne mentionnent pas d’analyse ITT doivent être considérés avec
davantage de prudence que ceux qui le font.
La figure 1 résume les principales sources de biais qui peuvent survenir dans des essais
randomisés.
CPT Participant (final).doc
59
Figure 1. Résumé des principales sources de biais dans les essais randomisés
(Source : Greenhalgh. 1997. British Medical Journal 315:305–308)
Qualité des essais non randomisés : que faut-il rechercher ?
Il n’existe que peu d’études empiriques qui puissent être utilisées pour nous aider à évaluer ce
qui est le plus important pour savoir si une étude non randomisée a été réalisée correctement
ou non, mais si on y réfléchit, il apparaît clairement que la principale différence entre les
études randomisées et les études non randomisées est que dans ces dernières, le risque de biais
de sélection est plus grand. C’est une différence si déterminante qu’elle tend à l’emporter sur
toutes les autres considérations, mais si on veut évaluer la qualité d’une étude non
randomisée, il importe d’essayer de savoir quel niveau de biais de sélection a été introduit au
cours du processus de recrutement des sujets. Si, à votre avis, il est élevé, les résultats seront
très probablement dus à ces biais de sélection et à des facteurs de confusion. Bien qu’il existe
des techniques statistiques qui permettent d’essayer de compenser ce fait, aucun ajustement
statistique si poussé soit-il ne peut compenser le biais fondamental introduit dans l’étude par
l’absence de randomisation.
CPT Participant (final).doc
60
Comprendre les chiffres
Vous avez maintenant été jusqu’au bout de la section « Méthodes » de l’article et vous avez
décidé que l’étude était d’une qualité suffisante pour que vous continuiez avec l’évaluation de
ses résultats. Dans les résultats il y aura quelques analyses statistiques. Avant de vous inonder
de jargon statistique, il convient d’énoncer quelques principes de base. Ces analyses ont pour
but de déterminer si une quelconque différence en ce qui concerne l’issue du traitement qui a
été trouvée dans un groupe par rapport à un autre groupe est réelle et due à la différence de
traitement ou si elle est simplement due au hasard. Nous ne pouvons éviter d’aborder ici
certaines notions statistiques de base, mais dans la pratique il n’y a en fait que quelques
valeurs à bien connaître pour améliorer grandement la fiabilité des décisions prises par le
CPT. Nous allons diviser ces considérations en deux groupes : ce que les auteurs s’attendaient
à trouver, et comment nous interpréterons ce qu’ils ont trouvé.
Quels résultats les auteurs s’attendaient-ils à trouver ?
Un essai doit être d’ampleur et de durée suffisantes pour avoir de fortes chances de détecter,
s’il existe, un effet du traitement qui soit à la fois cliniquement et statistiquement significatif
(c’est-à-dire un effet réel et non dû au hasard). Il doit donc y avoir quelque part dans la
section « Méthodes » une mention de la différence que les auteurs souhaitent trouver et une
estimation concernant la taille de l’échantillon.
Par exemple, si vous comparez deux médicaments pour le traitement de l’hypertension
artérielle, on sait par des études d’observation à long terme qu’une différence de 5 mm Hg de
la pression systolique, si elle se maintient sur plusieurs mois, constitue une différence
suffisante pour modifier le risque d’accident vasculaire cérébral ou de maladie cardiovasculaire. Les essais comparant des traitements de l’hypertension doivent donc porter sur un
nombre de sujets suffisant pour mettre en évidence une différence de 5 mm Hg si elle existe.
L’étude serait plus fiable si elle mesurait effectivement les accidents vasculaires cérébraux et
les maladies cardio-vasculaires, mais dans ce cas elle devrait être plus longue et probablement
aussi plus vaste. Ce que vous cherchez, en tant que lecteur, c’est ce que les auteurs ont décidé
de considérer comme une différence importante avant de réaliser l’essai et par conséquent (au
moyen d’un algorithme statistique standardisé disponible dans la plupart des logiciels de
statistique) le nombre de patients qu’ils ont calculé comme étant nécessaire. Ont-ils pu
recruter ce nombre de sujets dans l’étude ou non, et si non, pourquoi ?
Quels ont été les résultats obtenus ?
Les principaux concepts qu’un CPT doit utiliser en relation avec l’analyse des résultats
d’études sont :

Des types de données différents exigent des tests statistiques différents.

Mais la plupart des types d’études peuvent être analysés avec une approche standard
parmi un nombre relativement réduit.

Il est nécessaire de comparer l’effet du traitement dans un groupe par rapport à l’effet
observé dans l’autre groupe.

Il est également fondamental de comparer la valeur absolue des résultats d’un groupe
avec celle des résultats de l’autre groupe.
CPT Participant (final).doc

61
La différence d’effet entre les traitements (si elle existe) peut être décrite comme une
estimation de la taille de l’effet, et l’intervalle dans lequel se situent les résultats
plausibles est exprimé par l’intervalle de confiance ; la probabilité que la différence
soit réelle et non due au hasard est exprimée par la valeur de p.
Nous allons maintenant exposer chacun de ces points en détail ci-dessous. Encore une fois,
nous ne pouvons offrir un manuel complet de statistique ; ceux d’entre vous qui souhaitent
approfondir ces notions pourront consulter la liste bibliographique (« Pour en savoir plus »).
Des types de données différents exigent des tests statistiques différents
Pour les essais de nouveaux médicaments, il existe quatre éléments à prendre en
considération. Premièrement, existe-t-il des statistiques descriptives que vous puissiez utiliser
pour comparer les différents groupes de patients à leur entrée dans l’étude ? Ces données de
référence devraient comprendre par exemple l’âge moyen des patients de chaque groupe,
peut-être leur poids, la proportion de patients de différents groupes ethniques, la proportion de
patients atteints d’autres maladies, etc. La figure 2 montre un exemple de tableau standard.
Figure 2. Exemple de statistiques descriptives pour les données de référence
(Source : Howard et al. 2006. Journal of the American Medical Association 295:39–49)
Age à l’entrée dans l’étude
Appartenance ethnique
Niveau d’études
Reveneu familial
Taille
Poids
Indice de masse corporelle
Périmètre abdominal
Fumeuse actuelle
Antécédents de diabète
Antécédents de cancer
Traitment hormonal en cours
62
CPT Participant (final).doc
Sur le tableau de la figure 2, vous pouvez voir que des valeurs de p sont données pour la
comparaison de chacune des variables. Pour les variables continues (chaque valeur représente
un nombre, par exemple de centimètres ou de kilogrammes), comme le poids, la valeur de p a
été calculée par un test t. Pour les variables catégorielles (la variable est présente ou non, par
exemple fumeuse actuelle), on a utilisé un test du chi carré. Toutes les valeurs de p sont
supérieures à 0,05, qui est la valeur classiquement admise comme seuil de signification
statistique dans la plupart des essais. Une valeur de p égale à 0,05 signifie qu’il y a une
probabilité de 1 sur 20 que les différences entre les groupes soient dues au seul hasard. Dans
le contexte du tableau 2, le but de ces comparaisons est de montrer que dans la mesure du
possible, il n’existe pas au début de l’étude de différences réelles entre les groupes, qui
seraient susceptibles d’influencer les résultats.
Il faut ensuite savoir si le résultat principal de l’essai (qui doit être spécifié dans la section
« Méthodes » comme issue primaire de l’intervention) est une variable continue ou
catégorielle, et si les données sont réparties selon une distribution normale ou non. Ces
facteurs devront déterminer le type de test statistique à réaliser, ce que nous verrons en détail
plus loin.
Troisièmement, les auteurs devront avoir spécifié dans les méthodes quelle analyse ils
prévoyaient, aussi bien du point de vue des tests employés compte tenu des facteurs que nous
venons de voir, que des groupes et des comparaisons à effectuer. Par exemple, allaient-ils
seulement comparer les résultats de tous les patients du groupe d’intervention avec ceux du
groupe témoin, ou avaient-ils prévu à l’avance de comparer aussi les résultats chez les
hommes et chez les femmes ? Si vous faites suffisamment de comparaisons, vous finirez par
en avoir une qui ait par hasard une valeur de p statistiquement significative, aussi est-il
important que les auteurs prévoient leurs analyses avant d’obtenir les données au lieu d’aller à
la « pêche aux données » après coup.
Enfin, quelle mesure (expression numérique) les auteurs ont-ils utilisée pour décrire les
résultats qui concernent des données dichotomiques (réponses par oui ou non) ?
Comprendre les chiffres ou comment lire les résultats
En général, le moyen le plus simple de décrire les résultats d’un essai est d’utiliser des
proportions pour exprimer le nombre de patients d’un groupe traité qui ont présenté l’issue
considérée (numérateur) par rapport au nombre total de patients dans le groupe
(dénominateur). Dans un essai théorique comparant l’effet d’un nouveau médicament avec
celui d’un ancien en termes de nombre de patients décédés d’insuffisance cardiaque après
cinq ans de traitement, les résultats pourraient ressembler à ce qui est montré au tableau 1.
Tableau 1. Résultats
Groupe
Nombre de
patients décédés
Nombre de patients
non décédés
Total dans chaque
groupe
Groupe recevant le
nouveau médicament
5 (a)
95 (b)
100 (a+b)
Groupe recevant
l’ancien médicament
10 (c)
90 (d)
100 (c+d)
CPT Participant (final).doc
63
Le risque de décéder si vous êtes traité par l’ancien médicament est de 10/100 soit 0,10 ou
10 %. C’est ce qu’on appelle taux d’événements dans le groupe témoin ou risque
d’événements dans le groupe témoin. (A strictement parler , si on utilise le terme taux, il faut
aussi préciser la durée, par exemple « sur cinq ans », mais l’indication de la durée manque
souvent dans les articles ou rapports !)
Le risque de décéder dans les cinq ans si vous êtes traité par le nouveau médicament est de
5/100, soit 0,05 ou 5 % ; c’est le taux d’événements dans le groupe expérimental.
En tant que CPT, vous vous intéressez à la comparaison des effets du traitement entre les deux
groupes. Le risque relatif de décès dans le groupe traité par le nouveau médicament par
rapport au groupe traité par l’ancien est le quotient du taux d’événements dans le groupe
expérimental par le taux d’événements dans le groupe témoin : 0,05/0,10 = 0,5.
Cela signifie que votre risque de décéder est divisé par deux si vous prenez le nouveau
médicament plutôt que l’ancien (ou votre risque de décéder est multiplié par deux si vous
prenez l’ancien médicament plutôt que le nouveau). Cette valeur est aussi appelée rapport de
taux ou rapport de risque ; cela peut vous être utile pour vous souvenir de la façon de la
calculer.
Cependant, en tant que CPT vous ne vous intéressez pas seulement à la performance relative
d’un médicament : vous avez besoin d’examiner quel est le bénéfice en valeur absolue, qui
tient compte de la fréquence des événements dans la population. Cette valeur s’exprime par la
différence de risque en valeur absolue, qui se calcule par soustraction des valeurs du risque :
0,05 – 0,10 = – 0,05.
Cela signifie qu’il y a une réduction de 5 pour 100 (5 %) du risque de décéder si vous êtes
traité par le nouveau médicament plutôt que par l’ancien. Cette valeur est également appelée
réduction du risque en valeur absolue ou différence de risque.
Différence de risque (réduction) en valeur absolue = réduction du risque avec le médicament
A – réduction du risque avec le médicament B
Mais tous les patients qui ont été traités par le nouveau médicament ou par l’ancien pendant la
période de cinq ans considérée ne sont pas décédés : si le bénéfice de ces traitements est la
prévention des décès, nous devons traiter un grand nombre de patients pour éviter cinq décès.
Cette façon d’envisager le bénéfice du traitement s’exprime par une nouvelle mesure, le
nombre de patients devant être traités (pour éviter 1 décès) :
1/différence de risque en valeur absolue, soit dans ce cas :
1/0,05 = 20
Le nombre de patients devant être traités (NNT) est donc ici de 20 patients devant être traités
pendant 5 ans pour éviter 1 décès.
Nombre de patients devant être traités (NNT) (pour éviter 1 décès)
= 1/différence de risque en valeur absolue
Dans l’essai SPARCL de 2007, on a étudié l’atorvastatine pour déterminer ses effets sur
l’incidence des accidents vasculaires cérébraux et des événements cardio-vasculaires. L’étude
a montré que le traitement par ce nouveau médicament était associé à une réduction
CPT Participant (final).doc
64
significative du nombre d’événements cardio-vasculaires. Le NNT calculé était de 16, avec un
intervalle de 12–24.
Les résultats peuvent aussi être présentés d’une autre manière. Par exemple :
la réduction du risque en valeur relative serait de 1 – risque relatif, soit 1 – 0,5, ou 50 %.
Réduction du risque en valeur relative (RRR) = 1 – risque relatif
Une réduction de 50 % du risque paraît beaucoup plus favorable qu’une différence de 5 % du
risque en valeur absolue ! Inutile de dire que la réduction du risque en valeur relative est
beaucoup plus citée dans les documents promotionnels des laboratoires pharmaceutiques que
les NNT ou les différences de risque en valeur absolue. Dans l’étude SPARCL mentionnée cidessus, le RRR était de 23 % pour tout événement cardio-vasculaire survenant chez les
patients traités par l’atorvastatine.
On peut encore exprimer les résultats sous forme d’odds ratio. Si vous connaissez les jeux de
hasard, les odds ratios sont faciles à comprendre : c’est le nombre de patients chez qui
survient un événement divisé par le nombre de ceux chez qui il ne survient pas.
Dans notre exemple, dans le groupe traité par le nouveau médicament l’odds ratio serait de
5/95 soit 0,0526. Si on calcule l’odds ratio du nouveau traitement par rapport à l’ancien, on a :
(5/95)/(10/90) = 0,0526/0,111 = 0,474
Odds ratio = nombre de patients chez qui survient un événement/nombre de patients chez qui
il ne survient pas
L’odds ratio n’est pas tout à fait la même chose que le risque relatif, mais il en est très voisin.
Cependant, l’interprétation des odds ratios n’est pas si simple. Dans la plupart des cas, vous
pouvez les considérer comme un risque relatif, mais les résultats ne seront pas toujours
identiques, et plus un événement sera courant, plus les deux mesures s’écarteront.
Ces calculs sont simples et il est important que vous les fassiez-vous-même. Si les auteurs ne
donnent pas le NNT, vous devrez le calculer car il vous donnera une idée des coûts et des
bénéfices : par exemple, devrez-vous payer le traitement de 20 patients pendant 5 ans pour
qu’un seul en retire un bénéfice ? Si dans une étude les résultats ne sont exprimés qu’en
valeur relative, est-ce parce que les événements sont si rares que tout bénéfice en valeur
absolue serait extrêmement faible ? Même dans des études compliquées, c’est un bon exercice
de faire les calculs afin d’avoir une estimation approximative de l’effet du nouveau traitement
comparé à l’ancien et de voir comment vos propres approximations se situent par rapport aux
résultats avancés. Selon l’analyse statistique utilisée, ces résultats ne seront pas
nécessairement identiques, mais ils devraient au moins être du même ordre de grandeur.
Le tableau 2 ci-dessous donne la formule générale des calculs si vous exprimez les résultats
de la même façon que dans l’exemple. Si l’issue du traitement est un bénéfice (décès évités),
on exprime actuellement par convention les risques relatifs en valeurs <1,0 ; si l’issue est un
effet nocif ou indésirable (décès provoqués), on les exprime en valeurs >1,0. Comme il est
facile de se tromper de sens, il importe de toujours vérifier pour le calcul quel est le groupe
traité et quel est le groupe témoin.
65
CPT Participant (final).doc
Tableau 2. Formules couramment utilisées pour mesurer l’effet par rapport au groupe
témoin
Groupe ou
paramètre
Nombre de patients
chez qui
l’événement
survient
Nombre de patients
chez qui
l’événement ne
survient pas
Total
Groupe expérimental
a
b
a+b
Groupe témoin
c
d
c+d
Taux d’événements dans le groupe
expérimental
a/(a+b)
Taux d’événements dans le groupe témoin
c/(c+d)
Risque relatif (groupe expérimental/groupe
témoin)
(a/(a+b))/(c/(c+d))
Réduction du risque en valeur relative
1–[(a/(a+b))/(c/(c+d))]
Différence de risque en valeur absolue
(groupe expérimental – groupe témoin)
(a/(a+b)) – (c/(c+d))
Nombre de patients devant être traités
1/[(a/(a+b)) – (c/(c+d))]
Odds ratio (groupe traité/groupe témoin)
(a/b)/(c/d)
Chacune de ces valeurs représente un moyen d’exprimer l’estimation ponctuelle de l’effet du
traitement par rapport au groupe témoin. Il est tout aussi important d’avoir une estimation de
l’intervalle de confiance à 95 %, qui peut être considéré comme l’intervalle plausible dans
lequel se situeront les résultats. Cela signifie que si la même étude était répétée 100 fois sur
différents échantillons de patients, l’intervalle de confiance à 95 % inclurait la valeur réelle de
la moyenne de l’estimation ponctuelle 95 fois sur 100.
Pour ceux d’entre vous que cela passionne, l’intervalle de confiance à 95 % pour la différence
entre deux proportions se calcule comme suit :
IC 95 % = ± (1,96 × écart type sur la différence)
L’écart type sur la différence se calcule comme suit :
______________________
ETdiff = √ (P1[1-P1]/n1) + (P2[1-P2]/n2)
avec P = probabilité dans le groupe, n = nombre de patients dans le groupe, l’indice désignant
le groupe 1 ou 2.
66
CPT Participant (final).doc
Lorsqu’on considère un intervalle de confiance, il faut noter que si la valeur étudiée est le
risque relatif et l’intervalle de confiance à 95 % inclut la valeur 1,0, toute différence entre les
traitements est probablement due au hasard (c’est-à-dire que la valeur de p serait >0,05). De
même, si la valeur étudiée est la différence en valeur absolue et l’intervalle de confiance
inclut la valeur 0,0, il n’y a pas de différence réelle entre les traitements. Cependant, les
limites inférieure et supérieure de l’intervalle de confiance donneront une indication de ce que
la différence minimale et maximale peut être et permettront de se faire une idée de
l’importance de la différence si elle existe. Vous trouverez un exemple à la figure 4.
Quels sont les tests statistiques standard ?
Il existe pour le clinicien et le CPT une demi-douzaine de méthodes statistiques qu’il est utile
de connaître. Dans le cadre de ce cours, nous donnerons et définirons (voir tableau 3) les
principaux tests statistiques utilisés dans les études sur les médicaments. Pour de plus amples
informations, les participants sont invités à se reporter à la section « Pour en savoir plus ».
Tableau 3. Tests statistiques couramment utilisés
Test statistique
Utilisation
Exemple
1) Test t pour deux
échantillons
Compare les résultats d’une
mesure unique d’une variable
dans deux groupes de
patients
Taille des filles à l’âge de
10 ans par rapport à la taille
des garçons à l’âge de 10
ans
Compare les résultats de
deux mesures dans le même
groupe
Poids avant et après la tétée
ou le biberon chez des
nourrissons âgés de 10
jours
Compare les résultats de
mesures multiples dans un
groupe
Mesures répétées de la
tension artérielle au cours
du temps
2) Test U de Mann-Whitney
1) Test t par paires
2) Test de Wilcoxon pour
deux échantillons appariés
Analyse de variance à une ou
deux voies
1) ANOVA de Fisher
2) ANOVA de Kruskal-Wallis
1) Coefficient de corrélation
de Pearson
Evalue la force de
l’association entre un ou
plusieurs facteurs et un autre
2) Coefficient de corrélation
de Spearman
Modèle de régression
(diverses formes)
Décrit la relation numérique
entre un ou plusieurs facteurs
et un autre
Parmi les tests mentionnés, le premier de chaque paire (1) est un test paramétrique et le
second (2) son équivalent non paramétrique. Les tests non paramétriques (sans distribution)
doivent être utilisés quand on ne peut pas supposer que les données de la variable suivent une
CPT Participant (final).doc
67
distribution normale. Les tests non paramétriques ont une puissance plus faible que le test
paramétrique approprié, mais qui est plus forte lorsque les conditions des tests paramétriques
ne sont pas remplies.
Tous les tests peuvent être utilisés pour obtenir une valeur de p qui, comme on l’a vu, indique
si oui ou non un résultat est probablement dû au seul hasard.
Dans les articles publiés dans les revues actuelles, une autre méthode d’analyse, l’analyse de
survie, est utilisée. Elle se présente en général sous une forme graphique comme on peut le
voir à la figure 3. Les analyses de ce type sont présentées avec un rapport de risque (en
général dérivé du modèle de risque proportionnel de Cox), qui peut être interprété de la même
manière que les risques relatifs.
Figure 3. Exemple d’analyse de survie
(Source : Serruys et al. 2002. Journal of the American Medical Association 287:3215–3222)
Légende :
Patients free of MACE = Patients sans MACE*
Years after randomisation = Années après randomisation
No. at risk = Nb de patients à risque
* MACE = événements cardiaques indésirables graves
Une bonne règle à suivre est de se demander, lorsqu’un article utilise une méthode qui ne
semble pas être une des méthodes standard, si les auteurs expliquent pourquoi.
Enfin, l’encadré 3 dresse une liste très utile, due à Trisha Greenhalgh, des « erreurs » à garder
à l’esprit lorsqu’on évaluera les statistiques et les résultats d’une étude quelle qu’elle soit.
CPT Participant (final).doc
68
Encadré 3. Dix moyens de tricher sur les tests statistiques lors de la rédaction des
résultats
1. Mettez toutes vos données en vrac dans un ordinateur et rapportez comme significative toute
relation ayant une valeur de p <0,05.
2. Si au début de l’étude des différences entre les groupes favorisent le groupe expérimental, ne
faites pas les ajustements nécessaires.
3. Ne testez pas vos données pour savoir si elles suivent une distribution normale. Sinon, vous
pourriez vous sentir obligé de faire des tests non paramétriques, qui sont beaucoup moins
drôles.
4. Ignorez tous les abandons et les sujets non répondeurs, de façon que l’analyse ne concerne
que les sujets qui ont bien suivi le traitement.
5. Partez toujours du principe que vous pouvez établir une relation entre une série de données et
une autre et calculer une valeur de r (coefficient de corrélation de Pearson), et qu’une valeur
de r « significative » prouve la relation de cause à effet.
6. Si des valeurs aberrantes (points très éloignés des autres sur votre graphe) sèment le trouble
dans vos calculs, effacez-les tout simplement. Mais si elles vous arrangent, même si elles
semblent fausses, laissez-les.
7. Si les intervalles de confiance de vos résultats recouvrent la différence zéro entre les groupes,
n’en parlez pas dans votre rapport. Mieux encore, mentionnez-les en passant dans le texte
mais ne les portez pas sur le graphe, et ignorez-les dans vos conclusions.
8. Si dans un essai de six mois la différence entre deux groupes devient significative au bout de
quatre mois et demi, arrêtez l’essai et commencer à rédiger votre article. Et si au bout de six
mois les résultats sont « presque significatifs », faites durer l’essai trois semaines de plus.
9. Si vos résultats ne donnent rien d’intéressant, faites revenir votre ordinateur en arrière et
regardez si des sous-groupes particuliers se comporteraient différemment. Vous pourriez
trouver que votre intervention a finalement bien marché chez un groupe de Chinoises âgées
de 52 à 61 ans.
10. Si l’analyse de vos données selon le plan prévu ne donne pas le résultat que vous escomptiez,
soumettez les chiffres à divers autres tests jusqu’à ce que vous obteniez les résultats voulus.
Source : Greenhalgh T. 1997. British Medical Journal 315:422–425.
Récapitulation sur les essais individuels
L’examen critique d’un essai individuel demande des compétences, du temps et des moyens,
même si les compétences peuvent s’acquérir avec de la pratique. Même si vous ne disposez
que de quelques essais sur les médicaments que vous examinez, vous pouvez vous attendre à
ce que votre CPT ait besoin d’une aide technique pour procéder à son évaluation critique. Il
ne suffit pas d’être capable de rejeter un essai, il faudra en fin de compte qu’une commission
CPT Participant (final).doc
69
donne son avis en fonction des meilleures informations disponibles, même si l’étude est de
qualité médiocre.
Donc dans l’idéal vous devriez avoir pour chaque médicament accès à plusieurs essais, et ce
sera encore mieux si une revue systématique a été faite.
Revues systématiques et méta-analyses
Une revue systématique est une vue d’ensemble d’études individuelles ou primaires qui
contient une description claire des objectifs, des matériels et des méthodes, et a été conduite
selon une méthodologie clairement expliquée et reproductible. Il faut les distinguer des revues
classiques (les mises au point), qui sont narratives, habituellement rédigées par un auteur dans
le but de démontrer ou d’infirmer un point particulier et donc davantage susceptibles de
sélectivité dans le choix des études à citer ou à inclure. Les revues systématiques présentent
les avantages suivants :

L’utilisation de méthodes clairement définies limite les biais lors de l’identification et
du rejet des études.

Les conclusions sont en général plus fiables et plus exactes du fait des méthodes
utilisées.

Une somme importante d’informations peut être assimilée rapidement par le personnel
de santé, les chercheurs et les décideurs.

Les résultats de différentes études peuvent être comparés de façon rigoureuse pour
établir si les résultats sont concordants et si les observations sont généralisables.

Les causes d’hétérogénéité (discordance des résultats d’une étude à l’autre) peuvent
être identifiées et de nouvelles hypothèses produites pour des sous-groupes
particuliers.

Le cas échéant, les résultats des études individuelles peuvent être statistiquement
combinés au moyen d’une méta-analyse pour donner une estimation récapitulative
unique de l’effet d’une intervention.
La Cochrane Library, qui contient plus de 2500 revues complètes sur des sujets très divers
(voir : http://www.mrw.interscience.wiley.com/Cochrane) et qui s’enrichit de nouvelles
revues tous les trois mois, constitue une source majeure de revues systématiques. Ces revues
sont par ailleurs régulièrement mises à jour pour intégrer les nouvelles données à mesure de
leur publication.
Pour comprendre et interpréter correctement une revue systématique, il faut examiner
plusieurs points techniques :

Comment les essais inclus dans la revue systématique ont été trouvés, et la possibilité
de biais de publication : stratégies de recherche documentaire et critères d’inclusion

L’utilisation de méta-analyses

L’utilisation d’analyses de sensibilité lors de l’interprétation des résultats
CPT Participant (final).doc

70
L’interprétation des résultats discordants (hétérogénéité)
Stratégies de recherche documentaire et critères d’inclusion
Toute revue systématique doit contenir une description des critères utilisés par les auteurs
pour sélectionner les études à inclure dans la revue et une description de la méthode utilisée
pour trouver les études. Ces critères porteront donc non seulement sur la définition des
interventions et des populations étudiées, mais également sur le fait que les études publiées
dans toutes les langues ont été incluses ou non dans la revue et que les travaux non publiés ont
été ou non recherchés et ajoutés à la liste. Il est démontré que les études donnant des résultats
négatifs ne sont pas publiées aussi souvent que celles qui donnent des résultats positifs, et
donc l’évaluation de l’efficacité d’une intervention à partir des seuls essais publiés peut
parfois être positive à tort.
La stratégie de recherche documentaire utilisée pour trouver les études pertinentes doit
également être décrite. Il existe de nombreuses bases de données numériques qui indexent les
publications médicales, mais en se contentant d’interroger des sources électroniques telles que
PubMed on risque de passer à côté d’études importantes. Il importe que les auteurs d’une
revue systématique utilisent des stratégies multiples pour trouver tous les essais pertinents, y
compris en contactant les auteurs et, s’il y a lieu, les laboratoires pharmaceutiques.
Bien que les revues systématiques portent en général sur les seuls essais contrôlés randomisés,
on s’intéresse de plus en plus aux revues portant sur d’autres types d’études. C’est
particulièrement vrai lorsqu’on évalue l’innocuité d’un produit, car les essais contrôlés
randomisés peuvent ne pas suffire pour évaluer les effets indésirables. Cependant, les mêmes
principes doivent s’appliquer aux revues systématiques d’essais non randomisés : les auteurs
doivent spécifier à l’avance quels types d’études seront inclus dans la revue et comment sera
effectuée la recherche documentaire.
L’utilisation des revues systématiques et des méta-analyses
Le terme méta-analyse est souvent utilisé à la place de revue systématique et inversement,
mais il ne faut pas les confondre. La méta-analyse concerne les techniques statistiques
utilisées pour combiner les résultats des essais cliniques en une seule estimation de l’effet du
médicament. Il faut plutôt concevoir cette valeur comme un effet moyen pondéré, les essais
de grande taille pesant plus que ceux de petite taille. La méta-analyse peut être utilisée pour
calculer une estimation groupée ou récapitulative de toutes les mesures décrites plus haut
(risque relatif, différence de risque, etc.). Il existe aussi des moyens de combiner les résultats
des essais qui ne rapportent que des variables continues (moyennes, médianes, etc.) mais ils
sont plus complexes et difficiles à interpréter. Toutes les revues systématiques ne peuvent (ni
ne doivent) comporter une méta-analyse. Si les essais s’avèrent réalisés dans des populations
nettement différentes, n’ont pas la même méthodologie ou comportent des interventions
différentes, il n’est peut-être pas judicieux d’essayer de les combiner.
Les résultats des méta-analyses sont en général présentés sous forme de graphiques ou de
tableaux. La présentation standard est le « Forest Plot » (figure 4). Chaque point représente les
résultats d’un essai individuel avec ses limites de confiance à 95 % et sa taille est
proportionnelle au nombre de sujets inclus dans l’essai. L’estimation groupée est représentée
par le losange au bas du graphique, le centre du losange représentant l’estimation ponctuelle
et sa diagonale l’intervalle de confiance à 95 %. Dans cet exemple, l’estimation groupée est
l’odds ratio pour le risque de cancer chez les patients traités par des statines par comparaison
CPT Participant (final).doc
71
avec les patients non traités par des statines, et comme sa valeur est de 1,02, avec un intervalle
de confiance de 0,97 à 1,07, on peut raisonnablement penser qu’il n’existe pas de relation.
Figure 4. Exemple de diagramme « Forest Plot »
(Source : Dale KM et al. 2006 Journal of the American Medical Association 295:74–80)
Utilisation de l’analyse de sensibilité pour interpréter les résultats
Les résultats d’une méta-analyse peuvent être très sensibles à l’inclusion ou à l’exclusion de
certains essais. Par exemple, si l’analyse de la figure 4 excluait pour une raison quelconque
les essais HPS et LIPID, l’estimation groupée serait probablement très différente. Il est parfois
important pour les auteurs d’effectuer des analyses en incluant et en excluant des essais : ce
sont les analyses de sensibilité. Elles peuvent constituer des outils précieux pour comprendre
des résultats discordants, mais ici encore elles doivent être spécifiées à l’avance.
Interprétation des résultats discordants (hétérogénéité)
Dans le contexte des méta-analyses, le terme homogénéité signifie que chaque essai est
mathématiquement compatible avec les autres. On peut l’évaluer à partir du diagramme Forest
Plot d’une méta-analyse : si les intervalles de confiance de tous les essais se recouvrent, les
essais sont probablement homogènes, tandis que s’ils ne se recouvrent pas, il existe une
hétérogénéité statistique. Celle-ci est évaluée par le test statistique q. Le problème pour
l’auteur est alors de déterminer pourquoi les résultats présentent des différences : sont-elles
dues au hasard, ou indiquent-elles qu’il existe de réelles différences entre les essais, par
exemple en termes de durée, de méthodologie ou d’échantillonnage de la population, qui
conduisent à l’hétérogénéité des résultats ?
CPT Participant (final).doc
72
Récapitulation sur les revues systématiques
Les revues systématiques, comme toute étude scientifique, peuvent être bonnes, mauvaises,
ou ni bonnes ni mauvaises et ne rien apporter. Les points importants mentionnés plus haut
vous aideront à les évaluer. Une bonne étude systématique qui rassemble les résultats de tous
les essais cliniques pertinents constitue la preuve la plus solide et la plus fiable dont on
dispose actuellement et doit être l’élément majeur de tout processus d’évaluation et de
décision par le CPT.
Utilisation des preuves dans la prise de décision
Il vaut la peine de prendre quelques minutes pour s’interroger sur la meilleure façon d’utiliser
les preuves (ou données factuelles) dans le processus décisionnel. Comme on l’a déjà vu, il ne
suffit pas d’être capable de rejeter un essai : un CPT, comme tout autre organe décisionnel,
doit encore décider de ce qu’il doit faire. L’approche ci-dessous concernant l’utilisation des
preuves pour formuler des recommandations thérapeutiques tente de récapituler tous les
aspects de l’évaluation des études et de tenir compte des incertitudes, des valeurs et des coûts.
Elle a été élaborée ces cinq dernières années par un groupe international et est de plus en plus
reconnue par les groupes chargés de formuler les directives thérapeutiques et autres personnes
participant à l’élaboration des recommandations. Voir également à l’annexe 2 une liste de
contrôle pour la détection des problèmes couramment rencontrés dans les articles.

Tout d’abord, quelle est la question clinique posée, en termes de population de
patients, d’intervention, d’élément de comparaison et d’issue de l’intervention ?

Quelles sont les issues critiques de l’intervention ? Elles ne sont pas toujours mesurées
dans les essais.

Pour ces issues critiques, quel type de preuves avez-vous ? Dans l’idéal une revue
systématique, mais ce ne sera pas toujours le cas.

Quelle est la qualité des preuves dont vous disposez – évaluation de la méthodologie
de l’étude, masquage de l’affectation des patients, méthode de randomisation, essais
en aveugle, durée du suivi ?

Les preuves sont-elles concordantes ? Toutes les études donnent-elles de façon
générale le même résultat ? Si non, les différences s’expliquent-elles ?

Les preuves présentent-elles un intérêt direct dans votre contexte ? L’élément de
comparaison est-il pertinent, l’intervention est-elle la même que celle qui vous
intéresse, le contexte des études est-il similaire ? Si non, quel impact ces éléments
sont-ils susceptibles d’avoir sur l’estimation globale de l’effet ?

Quelle est la taille de l’effet ? Quel est l’intervalle de confiance à 95 % ? Inclut-il ou
exclut-il des différences cliniquement importantes ?

Quels sont les risques ?

Quel est l’équilibre probable entre le bénéfice et les risques ?

Quels sont les coûts ?
CPT Participant (final).doc

73
Existe-t-il des valeurs et préférences locales dont il faut tenir compte ?
En tenant compte de tout de qui précède, recommanderiez-vous que l’intervention soit
adoptée ou non ?
Bonne chance et bonne évaluation.
Nous allons maintenant prendre quelques exemples pour mettre toute cette théorie en
pratique.
Activité 1. Comparaison entre antimicrobiens pour le traitement de la pneumonie
Pour cette activité, supposez que votre CPT envisage d’ajouter à la liste du formulaire un
nouvel antimicrobien pour le traitement des infections des voies respiratoires inférieures chez
l’enfant. Le résumé de l’étude que vous venez de lire conclut que l’efficacité de ce
médicament est égale à celle d’une association d’antibiotiques pour le traitement de la
pneumonie chez l’enfant hospitalisé.
L’étude portait sur 35 enfants dans le groupe traité et 43 dans le groupe témoin, et était
réalisée dans un grand hôpital universitaire. Il s’agissait d’une étude ouverte, dans laquelle les
enfants recevant un nouvel antimicrobien étaient comparés à ceux qui dans le même hôpital
recevaient diverses associations d’antibiotiques pour le traitement de la pneumonie. La
sélection des enfants du groupe traité était faite par le médecin en fonction de la gravité de la
maladie. Le médicament faisant l’objet de la demande d’inscription sur la liste du formulaire
était en règle générale donné aux enfants les moins gravement atteints (selon l’avis du
médecin), et le traitement classique était réservé aux enfants paraissant le plus gravement
atteints et à plus haut risque.
Les résultats montraient que le médicament à l’étude avait la même efficacité que
l’association d’antibiotiques et était moins coûteux. Aucune différence d’incidence des
réactions indésirables n’a été observée. L’étude était parrainée par le fabricant du
médicament.
Vous êtes particulièrement intéressé par un tel médicament car il est moins coûteux et l’étude
montre qu’il est efficace. Les données d’innocuité sont limitées car le médicament est
commercialisé depuis peu.

Comment décririez-vous le protocole d’étude ? Est-il valable ?

Quels sont les sujets témoins ?

Comment les patients sont-ils randomisés ?

Quelles sortes de biais cette étude peut-elle comporter ?

Les résultats de cette étude sont-ils applicables dans votre pays ?
Activité 2. Interprétation des données : l’étude d’Helsinki sur les maladies cardiaques
L’étude d’Helsinki sur les maladies cardiaques a identifié des modalités de traitement de
l’hyperlipoprotéinémie par le gemfibrozil. Sujets : 4081 hommes asymptomatiques âgés de
CPT Participant (final).doc
74
40–55 ans présentant une dyslipidémie (cholestérol total moins lipoprotéines de haute densité
> 5,2 mmol/litre).
Traitement : gemfibrozil 600 mg deux fois par jour (2051 hommes) ou placebo administré
dans les mêmes conditions (2030 hommes) dans une étude randomisée en double aveugle
ayant duré cinq ans.
Résultats : nombre d’événements (infarctus du myocarde mortels ou non et autres décès
d’origine cardiaque) :
Gemfibrozil : 56 événements
Placebo : 84 événements
Veuillez calculer :

Taux d’événements pour le groupe placebo (%)

Taux d’événements pour le groupe recevant le médicament actif (%)

Risque relatif

Réduction du risque en valeur relative (%)

Réduction du risque en valeur absolue (%)

Nombre de sujets devant être traités (NNT) pendant 5 ans pour éviter un événement
Activité 3. Evaluation critique d’un article
Un ou plusieurs articles seront distribués en classe. Vous travaillerez par groupes pour évaluer
l’article qui vous aura été attribué et présenterez vos observations en classe.
Activité 4. Interprétation des données : un essai de médicaments comparant l’artésunate
et la méfloquine pour le traitement du paludisme
L’activité 4 est présentée dans l’encadré 4. (Source : Looareesuwan S, Viravan C,
Vanijanonta S et al. 1992. Randomised Trial of Artesunate and Mefloquine Alone and in
Sequence for Acute Uncomplicated Falciparum Malaria. Lancet 339:821–824.)
Encadré 4. Exercice : Prise en charge du paludisme
Vous travaillez pour le département des maladies transmissibles. Dans votre pays, comme dans de
nombreux autres, le paludisme est l’un des problèmes sanitaires majeurs. Comme c’est le cas dans
d’autres contextes, la résistance au traitement standard pose un problème de plus en plus important et
vous essayez par conséquent de décider quels traitements de remplacement vous devriez faire figurer
dans les directives thérapeutiques standard. Vous savez que l’artésunate est un médicament
relativement nouveau qui pourrait présenter des avantages dans le traitement du paludisme à
falciparum. On vous a demandé de présenter un résumé des données des essais cliniques et une
évaluation de l’avantage potentiel en termes de coût-efficacité de l’utilisation de l’artésunate par
comparaison avec la méfloquine. Votre bibliothécaire a identifié une étude en provenance de
Thaïlande qui vous sera peut-être utile comme base de votre évaluation.
75
CPT Participant (final).doc
Répondez aux questions suivantes :

De quel type d’étude s’agit-il ? Quelles sont les caractéristiques principales de la
méthodologie d’étude ? L’étude vous permet-elle d’évaluer l’efficacité clinique et
l’avantage potentiel en termes de coût-efficacité ? L’étude vous permettra-t-elle de
répondre à la question qui vous a été posée ?

L’affectation des patients dans les groupes de traitement est-elle inconnue des patients,
du personnel qui administre le traitement et des personnes chargées d’évaluer l’issue
du traitement ? Quels patients ont été inclus dans les analyses : tous les patients
randomisés ? Seulement ceux qui sont restés jusqu’à la fin de l’essai ? Y avait-il des
différences entre les groupes de traitement dès le début de l’essai ?

Que pensez-vous de la fiabilité et de la validité de ces études ? Quelles sont les raisons
de votre réponse ?
Remplissez le tableau ci-dessous. Les populations de l’étude sont-elles similaires à celles de
votre pays ?
Posologies et données initiales lors des essais
Paramètre
Looareesuwan et al. (1992)
Artésunate
N=
Méfloquine
N=
Posologie
Proportion de sujets de sexe
masculin [n (%)]
Age [moyenne (écart type)]
Numération parasitaire
[moyenne (intervalle)]

Quels sont les résultats du traitement présentés dans l’essai ?

Sont-ils intéressants du point de vue de la question à laquelle vous essayez de
répondre ?

Les mesures des résultats du traitement sont-elles des mesures indirectes, et si oui, la
correspondance a-t-elle été validée ?
Pour vous aider à interpréter ces études, nous avons récapitulé certains résultats pour chacune
d’elles. Cependant, vous devrez encore revoir la section « Méthodes » de chaque étude pour
voir comment exactement chaque résultat du traitement a été mesuré.
Le tableau ci-dessous compare l’artésunate et la méfloquine (d’après Looareesuwan et al.,
1992). Pour le moment, nous ne tiendrons pas compte du traitement associé. Les totaux
représentent le nombre de patients randomisés dans chaque groupe de traitement, et dans la
mesure du possible les résultats des analyses « selon l’intention de traiter » ont été présentés.
76
CPT Participant (final).doc
Résultats d’efficacité d’après Looareesuwan et al. (1992)
Résultat
Délai de disparition de
la fièvre
[moyenne (écart type)]
Délai de disparition des
parasites
[moyenne (écart type)]
Résultat du traitement
Artésunate Méfloquine Différence entre les moyennes
N = 42
N = 43
(intervalle de confiance [IC] à 95
%)
35,1 (23,4) 69,7 (37,5)
35,9 (10,1)
63,5 (25,5)
Artésunate Méfloquine Risque relatif
N = 42
N = 43
(IC 95 %)
35
30
Patients guéris au bout
de 28 jours [n (%)]
Patients ayant achevé les 40
28 jours de suivi [n (%)]
Différence de
risque (IC 95 %)
37

Comment les résultats du traitement ont-ils été présentés ? D’après les données du
tableau, comment détermineriez-vous s’il y a une différence entre les effets du
traitement, et quelle est la grandeur de cette différence ?

Remplir les cases vides du tableau (différence entre les moyennes, risque relatif,
différence de risque et intervalles de confiance à 95 %).

Quelle est la taille de l’effet de l’artésunate par rapport au traitement par la
méfloquine ? Quel est l’intervalle plausible des résultats ?

Pour chaque résultat du traitement : la taille de l’effet est-elle cliniquement
importante ? Toutes les valeurs comprises dans l’intervalle de confiance à 95 % sontelles cliniquement importantes ?

En termes d’efficacité, pensez-vous que cet essai prouve la supériorité de l’artésunate
sur la méfloquine ?
CPT Participant (final).doc
77
Annexe 1. Glossaire
Affectation – Processus qui consiste à affecter des patients à des groupes de traitement.
Biais – Tout facteur ou processus conduisant à faire dévier les résultats par rapport à leur
valeur réelle. Cette déviation peut être délibérée ou inconsciente, mais elle permet à une
erreur systématique de s’introduire dans un essai clinique et conduit à une estimation
incorrecte du résultat recherché. Un biais peut être un préjugé ou une opinion particulière
favorisant un résultat avant qu’une information appropriée ne permette de trancher. On trouve
des biais de différents types dans toutes les études et une méthodologie d’étude soigneuse, un
essai réalisé en aveugle et une randomisation des sujets sont des moyens efficaces pour les
limiter.
Echantillonnage – Terme utilisé pour décrire la sélection des patients en vue d’une étude
clinique. De nombreuses études cliniques cherchent à obtenir une « coupe transversale » de la
population représentant différents groupes d’âge, groupes ethniques, régions du pays, modes
de vie et pathologies. Dans d’autres études, l’échantillonnage peut être davantage ciblé et
concerner une sous-population ou un groupe en particulier.
Essai en aveugle – Une expérience est réalisée en « double aveugle » si ni l’investigateur ni
le patient ne savent quel traitement reçoit ce dernier. Le but est d’essayer d’exclure les biais
liés au participant ou à l’investigateur, qui pourraient influencer les résultats ou la notification
des variables concernant l’issue du traitement. Pour réaliser un essai en aveugle, il est d’usage
courant d’administrer à tous les sujets un médicament d’aspect et de saveur identiques et à des
moments identiques.
Simple aveugle – La personne qui mesure les résultats du traitement ignore quel
traitement reçoivent les patients.
Double aveugle – Ni l’observateur ni le patient ne savent quel traitement reçoit ce
dernier.
Essai contrôlé randomisé – Les patients étudiés sont répartis selon le hasard entre la
nouvelle intervention à tester et le traitement servant de base de comparaison. Ce type d’essai
constitue la « règle d’or » car il réduit les biais au minimum et tient compte des facteurs de
confusion. Les essais contrôlés randomisés sont cependant longs et coûteux, et ils peuvent
soulever des questions d’éthique quant aux stratégies thérapeutiques. Certains investigateurs
peuvent donc choisir de ne pas utiliser de tels essais dans leurs études.
Etude de cohorte – Les patients sont groupés selon leur exposition ou leur absence
d’exposition à un facteur particulier (par exemple un traitement). Les résultats observés au
cours du temps sont alors comparés entre les différents groupes. La plupart des études de
cohorte sont prospectives, mais des analyses de cohorte peuvent aussi être effectuées
rétrospectivement.
Etudes descriptives – Elles comprennent les rapports de cas et les séries cliniques qui
présentent des résultats observés chez des patients traités. Les bénéfices du traitement ou les
réactions indésirables peuvent être rapportés.
Etudes d’observation – Etudes dans lesquelles les investigateurs n’ont aucun contrôle sur ce
qui se produit chez les patients ou sujets. On les utilise pour détecter les causes de problèmes
de santé ou pour décrire les conséquences de traitements. Ce sont par exemple les études cas-
CPT Participant (final).doc
78
témoins, les études de cohorte et les études transversales. Ces études peuvent utiliser des
groupes de comparaison mais ne contrôlent pas les effets des variables aussi bien que les
essais contrôlés randomisés. Elles peuvent donner des informations utiles sur l’innocuité des
médicaments, mais en général pas sur leur efficacité.
Facteur ou variable de confusion – Variable qui peut causer, ou empêcher, le résultat qui
nous intéresse, n’est pas une variable intermédiaire et est associée au facteur étudié. Les
facteurs de confusion peuvent également être décrits comme donnant une autre explication
aux résultats d’une étude.
Groupes témoins – Les essais comparatifs utilisent des groupes témoins comme référence
servant de base de comparaison pour les résultats observés dans le groupe soumis au
traitement (intervention) qui fait l’objet de l’étude. Les groupes témoins peuvent recevoir par
exemple un placebo ou un autre traitement, et peuvent aussi être des témoins historiques. Les
groupes témoins doivent ressembler étroitement au groupe recevant le traitement
expérimental en ce qui concerne les paramètres cliniques et démographiques de départ.
Hypothèse nulle – Tous les essais de médicaments testent une hypothèse qui déclare que le
médicament A est supérieur, ou a une meilleure innocuité, ou est différent du fait d’un
quelconque autre paramètre, par rapport au médicament B ou à l’absence de médicament
(placebo). Une hypothèse contraire, l’hypothèse nulle, stipule qu’il n’y a aucune différence
entre le médicament A et le médicament B ou le placebo, et l’essai doit viser à étayer ou
réfuter cette affirmation. La formulation de l’hypothèse nulle est une étape cruciale pour tester
la signification statistique. On peut alors établir la probabilité d’observer des résultats
différents des prévisions de l’hypothèse nulle, si celle-ci est vraie. Cette probabilité est ce
qu’on appelle couramment le « niveau de signification » des résultats. C’est-à-dire que, dans
notre essai, nous pouvons prédire que le médicament A aura un plus grand effet que le
médicament B sur le résultat qui nous intéresse – c’est notre hypothèse alternative. Nous
examinons maintenant à quelle fréquence nous devrions nous attendre à observer nos résultats
expérimentaux, ou des résultats encore plus marqués, si nous devions prendre un grand
nombre d’échantillons dans une population où il n’y avait aucun effet (c’est-à-dire que nous
testons cette hypothèse par rapport à notre hypothèse nulle). Si nous trouvons que le résultat
recherché survient rarement (jusqu’à, par exemple, 5 % du temps considéré), nous pouvons
conclure que nos résultats étayent nos prévisions expérimentales – nous acceptons donc notre
hypothèse alternative selon laquelle le médicament A est différent du médicament B. Même
ainsi, toute différence significative observée entre des médicaments peut être due à des erreurs
inhérentes à l’étude et non à toute différence de résultat du traitement qui serait due aux
médicaments eux-mêmes.
Intervalles de confiance – L’intervalle de confiance (IC) indique les limites entre lesquelles
se situent les vrais résultats de l’étude. On utilise par convention un intervalle de confiance à
95 %, ce qui signifie qu’il existe 95 % de chances que le résultat réel se situe dans l’intervalle
observé ou estimé. Plus la taille de l’échantillon est grande, plus l’intervalle de confiance
d’une valeur observée (par exemple la réduction moyenne de la pression artérielle ou le
pourcentage de patients chez qui la douleur a été soulagée) est étroit. Un intervalle de
confiance plus étroit signifie que nous pouvons être davantage assurés que les résultats d’une
étude sont réellement fiables et ne sont pas dus au seul hasard. Les intervalles de confiance
sont utiles pour déterminer quelles valeurs peuvent être attendues dans la population générale
par rapport à celles trouvées dans l’échantillon d’étude.
CPT Participant (final).doc
79
Population selon l’intention de traiter – Nombre total de patients désignés pour recevoir un
traitement particulier, indépendamment du fait qu’ils l’aient effectivement reçu ou non.
Puissance d’une étude – Indique la probabilité d’observer un résultat formulé dans une
hypothèse et dépend de la taille de l’échantillon. On prend par convention une valeur
minimale de 80 %, qui indique que l’on a 80 % de chances d’observer une différence réelle,
par exemple, entre le médicament à l’étude et le médicament servant de base de comparaison,
et donc 20 % de chances de ne pas observer une différence existant réellement dans la
population.
Puissance statistique – Probabilité que le test rejette une hypothèse nulle qui serait fausse. En
d’autres termes, la puissance statistique est la probabilité que l’expérience détecte un effet du
traitement qui existe réellement dans la population. Une puissance de 80 à 90 % est
considérée comme acceptable dans la plupart des études cliniques et signifie que 4 essais sur 5
à 9 essais sur 10 détecteront une différence qui existe réellement. Une erreur de type I signifie
qu’une étude détecte une différence qui n’existe pas réellement dans la population, c’est-àdire un résultat faussement positif (faux positif, ou rejet erroné de l’hypothèse nulle). Une
erreur de type II signifie qu’une étude ne détecte pas une différence qui existe réellement,
c’est-à-dire un résultat faussement négatif (faux négatif, ou acceptation erronée de
l’hypothèse nulle). Lorsque la puissance augmente, les chances d’avoir une erreur de type II
diminuent, et vice versa. Une puissance de 80 à 90 % signifie que 1 essai sur 5 à 1 essai sur 10
échoueront à détecter une différence qui existe réellement dans la population.
Randomisation – Procédure d’affectation des patients dans les groupes de traitement selon le
hasard. Une vraie sélection aléatoire est réalisée lorsque les patients ont des chances égales de
recevoir le traitement standard ou le traitement expérimental, si l’on suppose qu’ils sont
répartis en nombre égal dans chaque groupe.
Valeur de p – Exprime la probabilité que tout résultat observé dans l’étude soit réel et non
pas dû au seul hasard. Une valeur de p égale à 0,05 indique une probabilité de 1 sur 20 qu’un
résultat de l’étude soit dû au seul hasard, c’est-à-dire que l’on a 5 % de chances d’observer un
résultat qui n’existe pas dans la population. Il y a donc dans ce cas 95 % de chances que toute
différence observée, par exemple entre le médicament à l’étude et le médicament servant de
base de comparaison, représente une différence réelle dans la population.
80
CPT Participant (final).doc
Annexe 2. Liste de contrôle pour la détection des problèmes couramment rencontrés
dans les articles
D’après : Bero L, Cho MK. 1994. Journal of the American Medical Association 272(2):101–
104 et Fowkes FGR, Fulton PM. 1991. British Medical Journal 302:1136–1140 ; également
publié dans OMS. 2005. Les comités pharmaceutiques et thérapeutiques : Guide pratique.
Genève : OMS.
Liste de contrôle
Problèmes potentiels
Objectifs
Les objectifs sont-ils spécifiés dans le
résumé, l’introduction ou les méthodes?
Un médicament peut n’être testé que par
rapport à un placebo, ou par rapport à un
médicament peu efficace, et non par rapport
au médicament type ou au médicament le
plus efficace de sa catégorie.
L’article donne-t-il suffisamment
d’informations sur l’issue de la maladie et
sur les effets du médicament étudié, de façon
que le lecteur puisse juger de l’importance
clinique de ces effets ?
L’étude peut utiliser des critères sans intérêt
clinique.
Méthodes
Un essai contrôlé randomisé a-t-il été
effectué?

Meilleur schéma d’étude pour
l’efficacité
Le schéma d’étude peut être insuffisant pour
imputer les différences observées au nouveau
médicament.
Une étude cas-témoins a-t-elle été effectuée ?

Schéma d’étude le plus courant pour
l’innocuité
L’étude a-t-elle été réalisée en aveugle ?
Sinon, les raisons en sont-elles explicitement
énoncées ? Et est-il tenu compte des facteurs
de confusion ?
Si l’étude n’est pas réalisée en aveugle pour
les participants ni pour les investigateurs,
cela peut conduire à des biais lors de
l’interprétation des résultats.
L’article donne-t-il suffisamment
d’informations sur les médicaments utilisés
et sur les maladies traitées, de façon que le
lecteur puisse juger de la pertinence de
l’étude pour sa population de patients ?
Les patients recrutés dans l’étude peuvent ne
pas être représentatifs de la population qui
prendra le médicament. Souvent, les sujets
d’étude sont en meilleure forme, ont un
diagnostic plus précis et moins de maladies
concomitantes que la population qui prendra
le médicament.
81
CPT Participant (final).doc
La taille de l’échantillon de patients suffitelle pour détecter des différences
significatives de résultats entre le groupe
traité et le groupe témoin ?



Le nombre de patients peut être trop faible
pour que l’on soit sûr que les différences
observées ne sont pas dues au hasard.
Les critères d’inclusion et d’exclusion Les patients peuvent ne pas avoir été répartis
par tirage au sort dans le groupe d’étude et le
des patients sont-ils spécifiés ?
groupe témoin, de sorte que les sujets traités
La répartition des patients a-t-elle été par le nouveau médicament peuvent avoir
randomisée ?
des caractéristiques différentes de ceux
traités par le médicament de référence.
Les sujets témoins étaient-ils
appropriés ?

Le taux d’abandon des patients dans
le groupe traité et le groupe témoin
est-il indiqué ?

Le taux est-il le même dans les deux
groupes ? Sinon, une explication estelle donnée ?
Combien de posologies l’étude a-t-elle
comparé pour chaque médicament ? Etaientelles équivalentes ?
Les sujets recrutés dans le groupe traité
peuvent avoir quitté l’étude avant la fin, de
sorte que des effets secondaires ou un
manque d’efficacité n’auront pas été
rapportés. Les patients ayant ressenti
davantage d’effets secondaires ou une plus
faible efficacité sont les plus susceptibles
d’abandonner l’étude.
La comparaison peut porter sur des doses
fixes non équivalentes ; le médicament de
référence peut être sous-dosé.
Mises au point et méta-analyses (analyses
globales de différentes études contrôlées
randomisées)

Quels ont été les critères utilisés pour
trouver les articles ?

Comment la recherche d’articles a-telle été réalisée ?

Quelles ont été les bases de données
utilisées, et des articles non publiés
ont-ils été inclus dans l’analyse ?

La mise au point décrit-elle les
modalités d’évaluation de chaque
étude et, le cas échéant, de réalisation
de la méta-analyse ?
Les mises au point et les méta-analyses
peuvent être biaisées en fonction des études
qui y figurent ou non et des modalités
d’évaluation de chaque étude. Les études
donnant des résultats négatifs peuvent avoir
été exclues.
82
CPT Participant (final).doc
Articles économiques

Tous les coûts associés au traitement,
que les résultats aient été bons ou
mauvais, ont-ils été mentionnés ? (et
non seulement les prix)

Les montants des coûts et bénéfices
prévus ont-ils été exprimés en valeur
actuelle ?
Les études économiques peuvent être
biaisées si elles ne mentionnent pas tous les
coûts associés au traitement, c’est-à-dire les
coûts autres que celui du médicament (par
exemple celui du matériel) et les coûts
associés aux résultats du traitement, y
compris négatifs (par exemple le coût des
effets secondaires).
Des taux d’actualisation différents pour les
coûts des médicaments et les bénéfices
prévus peuvent être utilisés pour améliorer
artificiellement le rapport coût-efficacité
d’un médicament.
Résultats

Comment les résultats du traitement
ont-ils été mesurés ?
La présentation et l’analyse des données
peuvent induire le lecteur en erreur.

Les différences observées étaientelles dues à des différences réelles
entre le groupe traité et le groupe
témoin ou simplement dues au hasard
du fait de la petite taille de
l’échantillon ou de la sélection d’un
petit sous-ensemble de patients ?
Une différence d’efficacité ne peut être
évaluée que par des mesures reconnues,
comme la réduction du risque en valeur
relative ou absolue ou le nombre de patients
devant être traités. L’évaluation économique
doit être faite par des méthodes standard.

Pour les études économiques :
Quel type d’analyse a été réalisé ?
Une analyse de minimisation des
coûts ? Une analyse coût-efficacité ?
Une analyse de sensibilité a-t-elle été
réalisée ?
Les différences de résultats cliniques entre
les groupes étaient-elles importantes,
pertinentes et statistiquement significatives ?
Un essai peut avoir des résultats
statistiquement significatifs mais ne
présentant qu’un faible intérêt du point de
vue clinique.
Tous les patients recrutés dans l’étude ont-ils
été pris en compte dans l’analyse ? Si les
patients décédés ou ayant abandonné l’étude
sont exclus de l’analyse, celle-ci peut être
biaisée dans le sens d’une plus grande
efficacité.
Les facteurs de confusion peuvent ne pas
avoir été suffisamment contrôlés de sorte que
les différences observées sont dues à ces
facteurs et non au nouveau médicament.
83
CPT Participant (final).doc
Conclusions
Les populations pour lesquelles les
conclusions ont été tirées sont-elles
représentées par les sujets recrutés dans
l’étude ?
Les conclusions peuvent être en désaccord
avec les résultats ou être trop largement
extrapolées.
L’article examine-t-il si les bénéfices
potentiels l’emportent sur les risques
potentiels ? Sinon, peut-être que les
bénéfices probables ne justifient pas le risque
encouru.
L’innocuité est parfois peu examinée par
rapport à l’efficacité.
Financement


L’étude peut avoir été financée par un
laboratoire pharmaceutique pour son propre
produit ; souvent, les laboratoires
Quelle est la réputation des auteurs, et pharmaceutiques ne publient pas les études
leur position est-elle indiquée ?
ayant donné des résultats négatifs.
L’article indique-t-il la façon dont
l’étude a été financée ?

L’étude est-elle publiée dans une
revue avec comité de lecture figurant
dans l’Index Medicus, qui couvre
toutes les grandes revues de
réputation reconnue ?

Les références bibliographiques sontelles citées, et sont-elles fiables ?
L’étude peut ne pas avoir été soumise à un
comité de lecture mais être publiée dans un
journal éphémère ou dans les comptes rendus
de colloques, ou encore être publiée dans une
revue dont le comité de lecture est moins
strict.
CPT Participant (final).doc
84
SESSION 4. ÉVALUATION ET GESTION DE L’INNOCUITÉ DES MÉDICAMENTS
Objectif et contenu
La session 4 donne aux participants des informations de base sur l’évaluation et la gestion des
questions en rapport avec l’innocuité des médicaments.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Décrire la signification des réactions indésirables aux médicaments

Décrire la signification des erreurs médicamenteuses et des erreurs de prescription

Comprendre les principes de l’évaluation de l’innocuité des médicaments

Comprendre l’évaluation des notifications spontanées de cas de réactions indésirables
et d’erreurs médicamenteuses

Comprendre le processus de surveillance, d’évaluation et de prévention des réactions
indésirables et des événements indésirables en relation avec les médicaments.
Préparation et matériel
Lire le Guide du participant.
Pour en savoir plus
Edwards RE, Aronson JK. 2000. Adverse Drug Reactions : Definitions, Diagnosis, and
Management. Lancet 356(9237):1255–1259.
Figueiras A, Herdeiro MT, Polonia J, Gestal-Otero JJ. 2006. An Educational Intervention to
Improve Physician Reporting of Adverse Drug Reactions : A Cluster-Randomized Controlled
Trial. Journal of the American Medical Association 296(9):1086–1093.
Hazell L, Shakir SA. 2006. Under-Reporting of Adverse Drug Reactions : A Systematic
Review. Drug Safety 29(5):385–396.
Herdeiro MT, Figueiras A, Polonia J, Gestal-Otero JJ. 2006. Influence of Pharmacists’
Attitudes on Adverse Drug Reaction Reporting : A Case-Control Study in Portugal. Drug
Safety 29(4):331–340.
Nebeker JR, Barach P, Samore MH. 2004. Clarifying Adverse Drug Events : A Clinician’s
Guide to Terminology, Documentation, and Reporting. Annals of Internal Medicine
140(10):795–801.
Weekes LM, Day RO. 1998. The Application of Adverse Drug Reaction Data to Drug Choice
Decisions Made by Pharmacy and Therapeutics Committees. An Australian Perspective. Drug
Safety 18(3):153–159.
CPT Participant (final).doc
85
Définitions clés
Réaction indésirable – L’Organisation mondiale de la Santé définit une réaction indésirable
comme toute réponse nocive et non prévue à un médicament, survenant aux doses
normalement utilisées chez l’homme pour la prophylaxie, le diagnostic ou le traitement de
maladies, ou pour modifier une fonction physiologique.10 En d’autres termes, une réaction
indésirable est un effet nocif directement provoqué par le médicament aux doses normales, au
cours d’une utilisation normale. Une réaction indésirable inattendue est une réaction dont la
nature ou la gravité est sans rapport avec les termes de l’étiquetage ou de l’autorisation de
mise sur le marché ni avec les caractéristiques du produit. Les termes effet indésirable et
réaction indésirable sont interchangeables.
Effet secondaire – Tout effet non intentionnel d’un produit pharmaceutique survenant aux
doses normalement utilisées chez l’homme et lié aux propriétés pharmacologiques du produit.
Ces effets peuvent être positifs ou négatifs. Ils peuvent être bien connus et même prévus et ne
nécessitent que peu ou pas de changement dans la prise en charge du patient.
Effet indésirable grave – Evénement médical qui, quelle que soit la dose, provoque le décès,
nécessite une hospitalisation ou une prolongation du séjour à l’hôpital, entraîne une incapacité
durable ou importante ou menace la vie du patient.
Evénement indésirable – Tout événement médical indésirable qui peut survenir pendant un
traitement avec un médicament mais qui n’a pas nécessairement de relation causale avec ce
traitement, c’est-à-dire une issue indésirable qui survient pendant que le patient prend le
médicament mais qui n’est pas, ou pas nécessairement, attribuable à ce médicament.
Causalité – Probabilité qu’un médicament ou une substance soit responsable d’un effet isolé
ou d’une réaction indésirable.
Signal – Information notifiée concernant une relation causale possible entre un événement
indésirable et un médicament, relation qui était auparavant inconnue ou incomplètement
documentée. Il faut en général plus d’un rapport de ce type pour produire un signal, en
fonction de la gravité de l’événement et de la qualité de l’information.
Erreur de prescription – Médicament incorrect inscrit sur l’ordonnance par un prescripteur.
Erreur médicamenteuse – Administration d’un médicament ou d’une dose ne correspondant
pas à ce qui figure sur l’ordonnance.
Négligence – Décision médicale ou soins ne répondant pas aux normes admises.
Introduction
Dans le monde entier, les médicaments sont devenus un des éléments de base des systèmes de
santé. Les médicaments sauvent des vies. Ce fait indiscutable donne une importance capitale à
la sélection rationnelle, aux procédures d’acquisition et de distribution et à l’usage rationnel
des médicaments dans le cadre des soins de santé.
10
Uppsala Monitoring Centre, Centre collaborateur de l’OMS pour la pharmacovigilance internationale, Suède,
glossaire : http://www.who-umc.org/graphics/8321.pdf, p.1.
CPT Participant (final).doc
86
Malheureusement, la prescription et la prise de médicaments comportent souvent des
inconvénients. L’un des principaux problèmes concerne l’innocuité. Les médicaments sont
produits par synthèse ou à partir de substances naturelles, et la plupart d’entre eux possèdent
sous une forme ou une autre des effets secondaires ou indésirables. Ces effets peuvent être
relativement bénins ou, dans de rares cas, graves et menacer la vie du patient. La session 4
porte sur l’innocuité des médicaments et décrit comment évaluer l’ampleur réelle du problème
et comment surveiller et éviter les problèmes d’innocuité liés aux médicaments.
Réactions indésirables
Les réactions indésirables sont des réponses inattendues, non prévues, indésirables ou
excessives à un médicament, et peuvent être dangereuses pour le patient. Les effets
secondaires, au contraire, sont des réactions connues à un médicament et sont en général
mentionnés dans la notice du médicament.
L’American Society of Health-System Pharmacists11 donne une autre définition des réactions
indésirables. Elle les décrit comme toute réponse inattendue, non prévue, indésirable ou
excessive à un médicament qui :









Nécessite l’arrêt du médicament (à usage thérapeutique ou diagnostique)
Nécessite un changement de traitement médicamenteux
Nécessite une modification de la dose (sauf ajustements mineurs)
Nécessite une hospitalisation
Prolonge le séjour du patient dans un établissement de santé
Nécessite un traitement symptomatique
Complique de façon importante le diagnostic
Influe négativement sur le pronostic
Entraîne un dommage ou une incapacité temporaires ou permanents, ou le décès
Les réactions indésirables peuvent être classées selon six types :

Réactions de type A (liées à la dose) – Ces réactions sont des réponses
pharmacologiques exagérées, mais sinon normales, aux effets de médicaments
administrés à la dose thérapeutique. Elles provoquent une morbidité non négligeable
mais sont rarement graves. On les traite en réduisant la dose ou en suspendant la prise
du médicament et en envisageant un traitement de remplacement. Ce sont par
exemple :
o Des réactions pharmacodynamiques (par exemple un bronchospasme avec un
bêta-bloquant)
o Des réactions toxiques (par exemple une surdité due à un surdosage en
aminosides)

11
Réactions de type B (non liées à la dose) – Ces réactions sont atypiques et
imprévisibles, sans relation avec la dose ou l’action pharmacologique du médicament
et souvent de nature allergique. Elles sont peu fréquentes mais souvent graves et
ASHP (1995). Guidelines on Adverse Drug Reaction Monitoring and Reporting. American Journal of HealthSystem Pharmacy 52:417–419. (128 Medication Misadventures – Guidelines).
CPT Participant (final).doc
87
entraînent une mortalité élevée. On les traite en arrêtant la prise du médicament et en
évitant de l’administrer à nouveau dans l’avenir. Ce sont par exemple :
o Des maladies iatrogènes (par exemple une colite associée à la prise
d’antibiotiques)
o Des réactions allergiques (par exemple une réaction anaphylactique à la prise
de pénicilline)
o Des réactions idiosyncrasiques (par exemple une anémie aplasique irréversible
due au chloramphénicol)

Réactions de type C (liées à la dose et au temps) – Ces réactions sont chroniques (à
long terme) et liées à la dose cumulative. On les traite en réduisant la dose ou en
suspendant la prise du médicament, parfois pendant un temps assez long. Ce sont par
exemple :
o Une ostéoporose avec les stéroïdes par voie orale
o Une suppression de l’axe hypothalamique-hypophysaire-surrénalien par les
corticoïdes

Réactions de type D (liées au temps) – Ces réactions sont retardées, c’est-à-dire
qu’elles apparaissent un certain temps après l’utilisation d’un médicament. Elles sont
peu fréquentes mais souvent rebelles au traitement. Ce sont par exemple :
o Des effets tératogènes avec les anticonvulsivants ou le lisinopril
o Une cancérogénèse
o Une dyskinésie tardive

Réactions de type E (sevrage) – Ces réactions surviennent peu après l’arrêt de
l’utilisation du médicament, et sont peu fréquentes. On les traite en réintroduisant le
médicament puis en l’arrêtant progressivement. Ce sont par exemple :
o Un syndrome de sevrage avec les benzodiazépines
o Un syndrome de sevrage opiacé
o Une ischémie du myocarde après arrêt des bêta-bloquants

Réactions de type F (absence inattendue d’efficacité) – Ces réactions correspondent à
une absence d’efficacité. Elles sont courantes, peuvent être liées à la dose et sont
souvent provoquées par des interactions médicamenteuses. On les traite en augmentant
la dose et en examinant les effets des traitements concomitants. Ce sont par exemple :
o Une résistance aux antimicrobiens
o Un dosage insuffisant de contraceptifs oraux, en particulier s’ils sont utilisés
avec certains inducteurs enzymatiques
CPT Participant (final).doc
88
Les réactions indésirables dues à des interactions médicamenteuses peuvent présenter tous les
types et tous les degrés de gravité, par exemple :

Absorption réduite des tétracyclines en cas d’administration concomitante de calcium

Toxicité de la phénytoïne en cas d’administration concomitante de fluconazole

Toxicité de la digoxine en cas d’administration concomitante de furosémide
Les réactions indésirables sont un problème grave, dont l’incidence est en augmentation du
fait du nombre croissant de médicaments disponibles et de personnes qui y sont exposées.
Aux Etats-Unis d’Amérique, un examen des études prospectives a montré qu’en 1994, 2,2
millions de cas de réactions indésirables ont été observés chez des patients hospitalisés (soit
une incidence de 6,7 %) et ont entraîné 106 000 décès.12 Ces statistiques sont encore plus
significatives si l’on considère qu’elles ne comprennent pas les erreurs d’administration, qui
auraient encore augmenté l’incidence totale de la morbidité et de la mortalité liées aux
traitements médicamenteux. Au Royaume-Uni, le National Health Service rapporte que les
réactions indésirables entraînent environ 250 000 hospitalisations chaque année et coûtent au
système de santé 466 millions de livres sterling (soit USD 870 millions) par an.13
Il est difficile d’extrapoler ces chiffres à d’autres pays, mais si on suppose que tous les pays
ont un problème non négligeable de réactions indésirables aux médicaments, on peut
raisonnablement prévoir une augmentation de la morbidité et de la morbidité directement liées
à ces réactions. La plupart des médicaments sont largement testés et évalués avant leur mise
sur le marché afin d’assurer que le produit est non seulement efficace mais aussi sans danger.
Aucun médicament actuellement sur le marché n’est totalement exempt d’effets secondaires
ou de réactions indésirables. Pour de nombreux produits l’incidence des effets secondaires est
extrêmement faible, comme avec les cromones en inhalation. D’autres, comme les
antinéoplasiques, ont au contraire une incidence extrêmement élevée de réactions indésirables
entraînant le décès dans un grand nombre de cas. Une surveillance et une évaluation étroites
de la plupart des médicaments sont donc nécessaires pour éviter que davantage d’effets
secondaires graves ne surviennent.
Avant sa commercialisation, tout nouveau médicament doit être soumis à de nombreux essais
cliniques destinés à établir son efficacité, son innocuité, sa qualité et son rapport coûtbénéfice. Les essais cliniques détermineront quels sont les événements indésirables les plus
courants, c’est-à-dire qui ont une incidence égale ou supérieure à 1 % pendant la phase de
développement d’un nouveau médicament. Les événements indésirables moins courants
(incidence <1 %) peuvent ne pas être identifiés lors des études avant commercialisation et
seront découverts lors des études cliniques post-commercialisation et par les notifications des
médecins, des pharmaciens et des patients.
Chaque médicament possède un certain rapport risque-bénéfice. Selon l’affection à traiter, les
problèmes annexes, l’âge et de nombreux autres paramètres, on peut prévoir que le patient
retirera un bénéfice mesurable assorti d’un certain degré de risque. Le praticien devra toujours
procéder à une évaluation soigneuse avant toute utilisation d’un médicament afin d’obtenir le
12
Lazarou J, Pomeranz BH, Corey PN. 1998. Incidence of Adverse Drug Reactions in Hospitalized Patients : A
Meta-analysis of Prospective Studies. Journal of the American Medical Association 279(15):120–125.
13
Hitchen L. 2006. Adverse Drug Reactions Result in 250 000 UK Admissions a Year. British Medical Journal
332:1109 ; Pirmohamed M et al. 2004. Adverse Drug Reactions as Cause of Admission to Hospital : Prospective
Analysis of 18,820 Patients. British Medical Journal 329:15–19.
CPT Participant (final).doc
89
maximum de bénéfice, le minimum de réactions indésirables et de rentabiliser le coût du
produit. Il évaluera pour cela les antécédents du patient, son état de santé actuel, et évitera
d’utiliser des médicaments susceptibles d’avoir une incidence accrue d’effets indésirables
chez le patient considéré.
Evaluations d’innocuité avant commercialisation
La plupart des médicaments produits au Japon, en Amérique du Nord et en Europe sont
soumis à des tests très poussés avant leur commercialisation. En règle générale, tout nouveau
médicament devrait être soumis à l’évaluation suivante :

Etudes sur l’animal
o Toxicité aiguë et chronique – Les études sont réalisées sur diverses durées, de
14 jours à plus d’une année, sur deux espèces animales au moins.
o Mutagénicité et cancérogénicité – Le potentiel génotoxique est évalué au
moyen d’une batterie de tests de mutagénicité sur au moins deux espèces
animales et pendant une durée de deux ans ; ces tests ne sont effectués que si le
médicament est destiné à une utilisation prolongée.
o Tératogénicité – Des tests sont effectués sur l’animal afin d’évaluer l’aptitude à
la reproduction et l’absence d’anomalies congénitales dans la descendance ;
l’aptitude des jeunes à se développer normalement et à se reproduire fait
également l’objet de tests poussés.

Etudes sur l’homme (essais cliniques) – Etudes sur les effets des médicaments chez
l’homme lors d’essais rigoureusement contrôlés ; la plupart des essais cliniques
évaluent l’innocuité du produit. Le nombre moyen d’essais cliniques réalisés avant
qu’un médicament soit approuvé est de 68, et le nombre moyen de patients participant
à ces essais est d’environ 4000.
o Phase I – Etudes avec des doses uniques faibles. Par la suite, on teste des doses
plus élevées et diverses séquences de doses.
o Phase II – Etudes d’efficacité et d’innocuité. L’efficacité est le principal
objectif des essais de phase II, mais l’innocuité est également suivie et évaluée
en permanence.
o Phase III – Evaluations d’innocuité chez des groupes de patients atteints de la
maladie visée par le médicament. Les essais de phase III peuvent porter sur les
effets du médicament sur, par exemple, les sujets âgés ou les patients atteints
d’autres maladies, qui prennent d’autres médicaments ou sont atteints
d’insuffisance rénale ou hépatique.
o Phase IV – Surveillance et essais cliniques post-commercialisation.
Les évaluations d’innocuité avant commercialisation ont deux inconvénients notables :

Sous-identification de réactions indésirables – Les réactions indésirables de faible
incidence, c’est-à-dire avec une incidence inférieure à 1 %, passent fréquemment
inaperçues.
CPT Participant (final).doc

90
Sur-identification de réactions indésirables – Parmi les nombreux effets indésirables
identifiés lors des études précliniques, un grand nombre sont sans relation de causalité
prouvée, mais sont mentionnés dans la monographie du produit comme
potentiellement à l’origine de réactions. Cette pratique offre une certaine protection
sur le plan juridique au laboratoire pharmaceutique mais peut induire les praticiens en
erreur, car un grand nombre de ces réactions ne sont pas formellement établies.
Surveillance post-commercialisation
Une fois les médicaments mis sur le marché, les fabricants sont responsables de la
surveillance post-commercialisation de ces produits. (C’est ce qu’on appelle aussi
pharmacovigilance.) Il n’est pas possible, au cours des tests et évaluations précédant la
commercialisation, d’identifier tous les problèmes d’innocuité qui peuvent se poser avec un
nouveau médicament.
Les médicaments mis sur le marché seront utilisés non seulement par davantage de personnes,
mais aussi par des personnes âgées ou plus gravement atteintes, par différents groupes
ethniques, par des femmes enceintes et des enfants, et seront prescrits selon diverses
posologies (non nécessairement selon la dose correcte et approuvée). Ces circonstances
accroîtront inévitablement le potentiel de réactions indésirables.
Notifications spontanées
Les notifications spontanées sont des rapports de cas de réactions indésirables émanant d’un
médecin, d’un pharmacien ou d’un patient. Dans de nombreux pays, ces rapports sont
envoyés à l’agence de réglementation pharmaceutique ou au fabricant du médicament.
Il a été démontré que les notifications spontanées détectent les réactions indésirables plus
souvent que toute autre méthode. C’est pourquoi cette méthode de notification et
d’identification est considérée comme la plus significative par les fabricants depuis une
dizaine d’années. Les rapports de cas de réactions indésirables ont l’avantage d’être
disponibles immédiatement après la mise sur le marché de nouveaux produits et tant que ces
produits restent sur le marché. Une notification spontanée décrit la réaction qui s’est produite,
mais n’a besoin que d’une suspicion de relation entre l’événement indésirable et l’utilisation
du médicament. Toutes les réactions graves (celles qui entraînent le décès, l’hospitalisation,
une incapacité importante ou permanente, une anomalie congénitale ou qui nécessitent une
intervention médicale ou chirurgicale) devraient être rapportées. Nombre de réactions moins
graves devraient aussi être rapportées, surtout celles qui sont nouvelles ou inhabituelles.
L’inconvénient majeur des notifications spontanées est l’importance de la sous-notification
des réactions indésirables. Ces notifications comportent également une forte incidence de faux
positifs. De nombreux praticiens trouvent difficile de procéder à l’évaluation exacte et à la
détermination de la causalité d’une réaction indésirable, et beaucoup de rapports envoyés par
les médecins et les pharmaciens sont erronés. Les patients sont également une source de
rapports concernant des événements indésirables ; ces rapports sont souvent peu fiables.
Les multinationales de l’industrie pharmaceutique utilisent un système de collecte, de
compilation et d’évaluation des réactions indésirables à l’échelle mondiale. Les données sont
recueillies par téléphone, par courrier, par l’examen de la littérature et par le biais des
autorités de réglementation. Les fabricants notifient régulièrement les cas de réactions
indésirables graves aux agences de réglementation pharmaceutique.
CPT Participant (final).doc
91
Etudes cliniques
Des études cliniques post-commercialisation sont souvent réalisées dans le but d’évaluer
l’efficacité et l’innocuité des médicaments. Les deux méthodes utilisées sont les essais
contrôlés randomisés et les études d’observation.
Essais contrôlés randomisés
Les essais contrôlés randomisés sont de bons outils pour identifier les événements
indésirables au cours des études précliniques. Mais ils sont souvent décevants lorsqu’il s’agit
de mettre en évidence de tels événements après la mise sur le marché du produit. En effet, si
les facteurs de confusion sont efficacement éliminés dans ces circonstances, les essais
contrôlés randomisés ont en général une puissance insuffisante pour découvrir des
événements qui n’auraient pas été déjà trouvés lors des études avant commercialisation. Ils
sont en outre coûteux et difficiles à gérer.
Etudes d’observation
Les vastes bases de données des programmes nationaux de santé et des grandes organisations
de soins de santé (HMO) en Amérique du Nord et en Europe donnent des informations utiles
sur l’innocuité des médicaments. Ces bases de données (qui comptent des millions d’entrées)
sont acceptables comme sources d’information pour une étude cas-témoins ou une étude de
cohorte. Dans une étude cas-témoins, des patients déjà atteints d’une affection donnée sont
comparés avec des patients qui ne le sont pas. Une étude de cohorte identifie deux groupes de
patients, dont l’un est exposé au médicament à l’étude et l’autre n’est pas traité ou reçoit une
autre forme de traitement.
Il est fréquent que les laboratoires pharmaceutiques mettent en place et parrainent de vastes
études de cohorte pour évaluer les problèmes d’innocuité qui sont apparus après la
commercialisation d’un médicament. Ces études permettent de contrôler les facteurs de
confusion potentiels, les biais et les effets du hasard davantage que ne le font les notifications
spontanées, mais restent sensibles à ces facteurs. Les études de cohorte sont utiles pour
essayer d’établir une relation de causalité lorsque les notifications spontanées indiquent qu’un
médicament présente un potentiel d’événements indésirables. Ces types d’études peuvent
cependant échouer car le nombre de patients sélectionnés sera souvent insuffisant pour donner
des résultats statistiquement significatifs en ce qui concerne les réactions indésirables rares.
Rapports publiés
Des rapports de cas sont publiés dans les revues de médecine et de pharmacie et décrivent la
survenue d’une réaction indésirable significative. Ces rapports peuvent avoir l’inconvénient
d’être insuffisamment documentés et de plus il s’écoule un temps assez long entre
l’identification d’un événement et sa publication. Ils sont en outre publiés à la discrétion des
comités de rédaction et des éditeurs des revues.
Méta-analyses d’études cliniques
Les méta-analyses d’études publiées constituent une autre méthode utile pour obtenir des
informations sur l’incidence et la prévalence des réactions indésirables aux médicaments. Une
méta-analyse prend deux ou plusieurs études individuelles sur un médicament ou une réaction
et les combine afin d’obtenir une plus grande puissance pour l’analyse statistique. Les
rapports individuels peuvent en effet ne pas avoir une puissance statistique suffisante pour que
CPT Participant (final).doc
92
l’on puisse en tirer des conclusions en ce qui concerne une réaction indésirable, mais en
combinant plusieurs rapports on aura des données en nombre suffisant, là où une seule étude
n’aurait montré qu’un effet non significatif.
Mesures à prendre en cas de réactions indésirables de découverte récente
Les systèmes de surveillance actuellement en place ne manquent pas d’obtenir de nouvelles
informations importantes sur l’innocuité des médicaments et sur les réactions indésirables.
Ces informations sont introduites dans une base de données et analysées par les fabricants ou
les agences de réglementation. Lorsqu’il apparaît qu’un nouveau problème d’innocuité a été
détecté, des mesures appropriées sont prises, habituellement sous l’une des trois formes
suivantes :

Lettre d’information – Une lettre d’information décrivant un problème au sujet d’un
médicament particulier est envoyée aux médecins et aux pharmaciens. Elle peut
contenir des détails sur le nouveau problème d’innocuité et la manière dont il peut
affecter les patients recevant actuellement le médicament, et influer sur les
prescriptions futures. Il peut s’agir simplement d’une mise en garde concernant un
éventuel problème d’innocuité qui a été détecté et d’une invitation à faire preuve d’une
vigilance constante lors de la prescription et de la dispensation du médicament en
question.

Révision de la notice de conditionnement – Lorsqu’un problème d’innocuité devient
significatif, le fabricant doit modifier l’information sur le produit. Il devra modifier
l’étiquette approuvée et la notice de conditionnement afin de tenir compte du nouveau
problème d’innocuité. En règle générale, l’autorité de réglementation approuve ces
modifications.

Rappel de médicaments – Les systèmes de pharmacovigilance (surveillance postcommercialisation) sont destinés à surveiller l’innocuité des médicaments. Les
fabricants et les autorités de réglementation sont chargés de la surveillance et de
l’évaluation des rapports de la pharmacovigilance. Lorsque les seuils d’incidence
acceptable de réactions indésirables (ou les seuils en rapport avec la qualité) sont
dépassés et que le risque d’effets secondaires l’emporte sur le bénéfice, il peut devenir
nécessaire de retirer le médicament du marché. Les rappels de médicaments peuvent
être volontaires ou imposés par les autorités de réglementation. Une telle mesure est
rarement nécessaire.
Détermination de la causalité d’une réaction indésirable
La causalité d’une réaction indésirable est une question d’une importance primordiale qui
suppose l’établissement d’un lien entre un événement indésirable et un médicament ou toute
autre cause. Les fabricants, les agences de réglementation pharmaceutique et les CPT doivent
déterminer la causalité de chaque réaction indésirable. Lorsqu’un symptôme particulier
survient après administration d’un médicament, cela ne signifie pas nécessairement que le
médicament en soit responsable. De nombreuses autres possibilités peuvent expliquer
l’événement indésirable. Inversement, on ne peut pas conclure que, parce qu’un médicament
déterminé n’a pas été pris depuis un certain temps et qu’un événement indésirable survient, ce
délai exclut le médicament en tant que cause de l’événement.
CPT Participant (final).doc
93
Les associations qui suivent étayent l’hypothèse d’une relation de causalité entre un
médicament et une suspicion de réaction indésirable.14 (Voir tableau 1.)





Force de l’association
Régularité du fait observé
Relation chronologique
Relation dose-réponse
Facteurs de confusion
Tableau 1. Détermination de la causalité d’une réaction indésirable
Association
Description
Force de
l’association
Si la probabilité est connue et élevée pour un événement observé (par
exemple des troubles digestifs avec l’aspirine), cela renforce l’hypothèse
d’une relation de causalité.
Régularité du
fait observé
Lorsqu’un médicament et une réaction indésirable présentent une
association régulièrement démontrée pendant des années de pratique
clinique, la relation de causalité devient plus probable.
Relation
chronologique
Plus la relation chronologique entre l’administration du médicament et la
survenue de la réaction indésirable est étroite, plus il est probable que le
médicament puisse être la cause réelle de la réaction.
La relation chronologique n’a cependant pas de valeur absolue, car certains
événements indésirables peuvent survenir plusieurs jours ou semaines après
l’administration du médicament en cause.
Relation doseréponse
Il est fréquent que les événements indésirables surviennent en relation avec
la dose administrée. Plus la dose est élevée, plus il est probable que la
réaction indésirable soit due au produit administré. Une dose plus faible
entraîne une diminution correspondante de la réaction.
Cette relation n’est cependant pas toujours vraie, car de très faibles doses de
certains médicaments (par exemple la pénicilline) peuvent provoquer de
graves réactions anaphylactiques.
Facteurs de
confusion
14
Il est important de réduire le plus possible les facteurs de confusion
lorsqu’on détermine la causalité d’un événement. Les facteurs de confusion
tels que l’administration d’autres médicaments ou la prise d’aliments et de
boissons peuvent expliquer les événements observés. L’existence de
maladies et d’infections concomitantes peut aussi provoquer certains des
effets observés, de sorte qu’il est difficile de les distinguer de ceux du
médicament suspecté. Des facteurs environnementaux tels que les polluants
atmosphériques, les conditions météorologiques et l’exposition à des
allergènes peuvent aussi jouer un rôle.
Gehlbach SH. 1993. Interpreting the Medical Literature 3rd ed. New York : McGraw-Hill, Inc.
CPT Participant (final).doc
94
Evaluation de la causalité en cas de suspicion de réaction indésirable
Les catégories de causalité décrites ci-dessous ont été établies par le Centre OMS de
pharmacovigilance d’Uppsala (Suède).
Il y a causalité certaine lorsqu’un événement clinique (y compris un résultat anormal dans
une analyse de laboratoire) survient suivant une relation chronologique plausible avec
l’administration d’un médicament et ne peut être expliqué par une maladie concomitante ni
par un autre médicament ou composé chimique. Une réponse clinique plausible (attendue) à
l’arrêt du médicament doit être démontrée ainsi que, si possible, la réapparition de la réponse
clinique lors de la reprise du traitement.
Il y a causalité probable lorsqu’un événement clinique survient dans un délai raisonnable
après l’administration d’un médicament et n’est probablement pas dû à une maladie
concomitante ni à un autre médicament.
Il y a causalité possible lorsqu’un événement clinique survient dans un délai raisonnable après
l’administration d’un médicament, mais pourrait être expliqué par une maladie concomitante
ou par un autre médicament. L’information sur l’arrêt du médicament peut être absente ou
douteuse.
Il y a causalité improbable lorsqu’un événement clinique, y compris un résultat anormal dans
une analyse de laboratoire, survient suivant une relation chronologique avec l’administration
du médicament qui rend une relation causale improbable, et pour lequel d’autres
médicaments, des produits chimiques ou une maladie sous-jacente constituent des
explications plausibles.
Implications pour le CPT
Surveillance des réactions indésirables par le CPT
Les CPT devront mettre en œuvre des programmes d’identification et de notification des
réactions indésirables dans tout le système de santé. Ces programmes devront comporter un
système de surveillance des médicaments et des vaccins. Il existe plusieurs méthodes, mais il
faudra au minimum prévoir :

Notification des réactions indésirables (y compris aux vaccins) au CPT sur un imprimé
standard (voir annexe 1)

Analyse des rapports de réactions indésirables, avec analyse statistique de la
prévalence, de la gravité et des tendances de la survenue des réactions

Discussion et évaluation des rapports à intervalles réguliers (une fois par trimestre) et
communication des conclusions au personnel médical

Notification aux fabricants et aux autorités nationales de réglementation en cas de
réactions graves, nouvelles ou inhabituelles
La surveillance des réactions indésirables doit également comprendre un examen des
systèmes de notification des erreurs médicamenteuses et de la qualité des produits. Ces
systèmes de notification et de traçage sont importants car la qualité des produits et les erreurs
CPT Participant (final).doc
95
médicamenteuses peuvent avoir une influence notable sur la survenue des réactions
indésirables.
Gestion des réactions indésirables signalées par les hôpitaux et les dispensaires
Le CPT doit s’impliquer dans le dépouillement et l’analyse des notifications spontanées de
cas de réactions indésirables émanant des patients et du personnel médical. Ces rapports
peuvent être difficiles à interpréter notamment en ce qui concerne la recherche de causalité.
Les problèmes qui se posent souvent avec les rapports de réactions indésirables en provenance
des hôpitaux ou des établissements de soins de santé primaires sont les suivants :

Un médicament générique est incriminé dans une réaction indésirable alors que le
produit de marque correspondant ne l’est pas.

Un produit de marque est soupçonné de provoquer davantage d’effets secondaires
qu’un autre produit de marque.

Une suspension d’antibiotique provoque une réaction, et on se demande si c’est
l’antibiotique lui-même qui est responsable ou un autre constituant de la suspension,
par exemple un colorant ou autre excipient.

Un produit injectable provoque une réaction, et on se demande si c’est le principe actif
qui est responsable ou le conservateur ou autre agent présent dans le solvant.

Un patient prend plusieurs médicaments lorsqu’un nouvel événement indésirable se
produit, et il est difficile d’établir une relation de causalité car n’importe lequel de ces
médicaments pourrait être responsable.

Le patient présente une comorbidité qui peut avoir une influence sur le médicament et
sur la réaction présumée.
L’évaluation d’une réaction indésirable observée à l’hôpital ou au dispensaire doit se faire
selon les étapes suivantes :
1. Evaluer la nature de l’événement

Réaliser une anamnèse détaillée du patient : état de santé actuel, médicaments
actuellement pris et antécédents médicaux. Utiliser un imprimé de notification de
réaction indésirable pour préparer la notification. (Voir annexe 1.)

Etablir et documenter la réaction clinique. Consulter la littérature sur les médicaments
suspectés et les réactions indésirables connues et comparer avec les symptômes décrits
par le patient.

Etablir la gravité de la réaction
o Grave – Mortelle ou engageant le pronostic vital
o Modérée – Nécessite un antidote, une intervention médicale ou une
hospitalisation
o Légère – Symptômes manifestes mais ne nécessitant que l’arrêt du traitement
CPT Participant (final).doc
96
o Sans gravité – Symptômes très légers ; le patient peut choisir de poursuivre le
traitement ou non
2. Etablir la cause

Utiliser l’algorithme de Naranjo (ou un autre système) pour évaluer la réaction et en
établir la cause. Cet algorithme aidera le praticien à déterminer la probabilité que la
réaction soit due au médicament suspecté. Il pose un certain nombre de questions sur
l’événement indésirable et attribue une note à chaque réponse en fonction de son
importance. On additionne ensuite les notes et le total indique la probabilité que le
médicament soit la cause de l’événement. (Voir annexe 2.)

Evaluer la qualité du produit afin d’exclure tout événement indésirable qui serait dû à
un produit de qualité insuffisante. Lors de cette investigation, on recherchera la
possibilité d’une contrefaçon et d’une contamination délibérée du produit.

Enfin, rechercher une éventuelle erreur médicamenteuse.
3. Prendre des mesures correctrices et mettre en place un suivi
A l’aide des informations obtenues par ce processus, prendre une décision définitive en se
basant sur les faits présentés. Déterminer si la réaction est une réaction indésirable à un
médicament, un événement indésirable (y compris une erreur médicamenteuse) ou un défaut
de qualité. Toute réaction indésirable significative doit être inscrite dans le dossier du patient.
Les mesures suivantes peuvent devoir être prises par le CPT après évaluation de réactions
indésirables graves ou répétées survenues à l’hôpital ou au dispensaire :

Eduquer les prescripteurs

Si nécessaire, modifier la liste du formulaire ou les directives thérapeutiques standard,
pour obtenir un médicament d’innocuité démontrée

Modifier les procédures de surveillance des patients

Informer l’autorité nationale de réglementation et le fabricant, notamment en ce qui
concerne les réactions graves, la survenue d’une nouvelle réaction indésirable, ou une
manifestation inhabituelle d’une réaction indésirable connue
Après toute réaction indésirable, éduquer et mettre en garde les patients afin de réduire la
possibilité de nouvelles réactions.
Prévention des réactions indésirables et des événements indésirables
La prévention d’un grand nombre de réactions indésirables graves est possible, et c’est une
des principales fonctions du CPT. Sans un programme de prévention, de nombreuses
réactions indésirables se produiront inutilement, avec comme conséquence une augmentation
de la morbidité et des coûts de la santé. De nombreuses autorités s’accordent à estimer que
plus de 50 % des réactions indésirables pourraient être évitées. On constate un manque
général de connaissances sur les réactions indésirables, notamment en ce qui concerne leur
incidence, leur gravité et leur impact sur les soins de santé. De nombreuses réactions sont
liées à la prescription d’une dose incorrecte et à l’administration d’un médicament à un
97
CPT Participant (final).doc
patient connu comme allergique. Le schéma de la figure 1 montre les facteurs qui contribuent
aux réactions indésirables évitables.
Figure 1. Présentation schématique des événements indésirables évitables et inévitables
Effets secondaires et
indésirables connus
Inévitables
Evitables
Erreur médicamenteuse et
erreur de dispositif
médicale
Défaut du
produit
Evénements
indésirables
évitables
Dommage ou
décès
Incertitudes
restantes:
• Effets
secondaires
et
indésirables
inattendus
• Utilisations
non
etudiées
• Populations
non
etudiées
Le praticien peut renforcer la prévention des réactions indésirables en se posant les questions
suivantes avant de prescrire un médicament :

Ce médicament est-il celui qui convient pour l’affection dont souffre le patient ?

La posologie (voie, dose, intervalle d’administration) est-elle correcte ?

Le patient présente-t-il une affection qui pourrait modifier la pharmacocinétique du
médicament ?

Le patient est-il allergique à ce médicament ou à un médicament de composition
similaire ?

Le patient prend-il un autre médicament (ou un produit à base de plantes) qui pourrait
provoquer une interaction médicamenteuse ?
CPT Participant (final).doc
98

Le patient prend-il correctement ses médicaments ?

Le médicament prescrit est-il à haut risque de réactions indésirables (par exemple
aminosides, digoxine, warfarine, héparine, antinéoplasiques) ? Des précautions
spéciales sont nécessaires lors de l’utilisation de ce type de médicaments.

Le médicament prescrit est-il de bonne qualité (fabricant réputé, médicament non
périmé, non détérioré) ?

Le médicament est-il administré correctement (par exemple aiguille et seringue
stériles pour les médicaments injectables, prise au moment des repas pour les irritants
gastro-intestinaux) ?
Le CPT pourra contribuer à limiter la survenue de réactions indésirables en prenant les
mesures suivantes :

Examiner à intervalles réguliers les rapports de réactions indésirables et informer les
professionnels de santé de l’incidence et de l’impact de ces réactions dans la région.

Envisager de modifier la liste du formulaire ou les directives thérapeutiques standard
en cas de problèmes importants ou récurrents liés à des réactions indésirables.

Eduquer le personnel, en particulier le personnel médical, au sujet des réactions
indésirables :
o Formation en cours d’emploi
o Entretiens en face-à-face
o Bulletins d’information
o Rapports sur les événements indésirables notifiés

Identifier, parmi les médicaments inscrits sur la liste du formulaire, ceux qui sont à
haut risque et qui doivent être étroitement surveillés par les médecins et pharmaciens.
Par exemple :
o Aminosides
o Antinéoplasiques
o Digoxine
o Héparine
o Warfarine

Identifier les populations de patients à haut risque (femmes enceintes et allaitantes,
personnes âgées, enfants, insuffisants rénaux ou hépatiques) ; une surveillance étroite
de ces catégories de patients par un médecin ou un pharmacien contribuera à éviter la
survenue de réactions indésirables graves.
CPT Participant (final).doc

99
Examiner les rapports d’erreurs médicamenteuses et les réclamations concernant la
qualité des produits pour s’assurer que ces facteurs ne contribuent pas à l’incidence
des réactions indésirables à l’hôpital.
Evénements indésirables
Un événement indésirable est un fait médical indésirable qui peut survenir pendant un
traitement par un médicament mais qui n’a pas nécessairement de relation causale avec ce
traitement. Les événements indésirables comprennent les erreurs médicamenteuses.
Des études sur les événements indésirables et sur les erreurs de prescription et
d’administration de médicaments ont été réalisées dans des pays développés disposant des
ressources nécessaires pour les financer. Ces études ont montré l’existence d’un problème
important en termes de dommages aux patients et d’augmentation des coûts de la santé. Le
risque d’événement indésirable était de 1 à 5 % dans les hôpitaux des Etats-Unis d’Amérique,
et un tiers environ des événements auraient pu être évités. Les événements indésirables
évitables allongeaient de plus de quatre jours le séjour à l’hôpital et ajoutaient plus de USD
4000 au coût de l’hospitalisation. La plupart des erreurs conduisant à un événement
indésirable se situaient au niveau de la prescription par le médecin ou de l’administration du
médicament.
L’examen des dossiers de 15 000 patients hospitalisés aux Etats-Unis en 1992 a montré qu’il
y avait 2,9 % d’événements indésirables (dont 30 % dus à la négligence) et que 35 % des
événements indésirables en relation avec les médicaments étaient dus à la négligence.15 Les
principaux médicaments en cause étaient :




Antibiotiques : 25 %
Médicaments cardio-vasculaires : 17 %
Analgésiques : 9 %
Anticoagulants : 9 %
Les types d’erreurs d’utilisation des médicaments étaient :






Prescription d’un médicament incorrect : 21 %
Prescription malgré une allergie connue : 6 %
Fréquence d’administration incorrecte : 5 %
Dose incorrecte : 8 %
Dose manquée : 5 %
Interaction médicamenteuse : 3 %
Une étude des événements indésirables dans deux grands hôpitaux de niveau tertiaire de
Boston (Massachusetts General Hospital et Brigham and Women’s Hospital), réalisée en
1993, a mis en évidence 247 cas d’événements indésirables sur 4031 hospitalisations. Parmi
ces événements, 70 (soit 28 %) ont été jugés évitables. Dans l’ensemble, le risque
d’événement indésirable lié aux médicaments était d’environ 6,1 %, le taux le plus élevé
s’observant chez les patients des unités de soins intensifs (19,4 épisodes pour 1000 patientsjours). On a analysé les 70 événements dus à une erreur et 194 autres événements indésirables
potentiels dus à une erreur (administration effective ou juste évitée d’un médicament incorrect
15
Thomas EJ, Studdert DM, Burstin HR et al. 2000. Incidence and Types of Adverse Events and Negligent Care
in Utah and Colorado. Medical Care 38(3):261–271.
CPT Participant (final).doc
100
sans dommage apparent). Les 264 événements évitables ont été attribués à 334 erreurs. La
plupart des erreurs avaient lieu soit au stade de la prescription du médicament (39 %), soit à
celui de son administration par un infirmier (38 %). Les erreurs restantes se répartissaient à
peu près également entre les erreurs de transcription (copie ou dictée de l’ordonnance) (12 %)
et de dispensation par la pharmacie (11 %). Bien qu’il y ait presque autant d’erreurs au stade
de l’administration qu’à celui de la prescription, les infirmiers étaient les mieux placés pour
remarquer les erreurs, en particulier celles commises par les médecins.16 Lors de la poursuite
de l’analyse, les coûts des événements indésirables ont été chiffrés comme suit :

247 événements indésirables ont provoqué :
o Un allongement de la durée d’hospitalisation de 2,2 jours
o Une augmentation du coût d’hospitalisation de USD 3244

70 événements indésirables dus à des erreurs ont provoqué :
o Un allongement de la durée d’hospitalisation de 4,6 jours
o Une augmentation du coût d’hospitalisation de USD 585717
Lors d’une étude sur des enfants hospitalisés en service de pédiatrie, on a examiné 10 778
ordonnances et trouvé que 616 d’entre elles contenaient des erreurs. Parmi ces erreurs, 120
(19,5 %) ont été classées comme potentiellement dangereuses – 115 événements indésirables
potentiels (18,7 %) et 5 événements indésirables évitables (0,8 %). La plupart des erreurs
survenaient au moment de la commande ou de la prescription du médicament (74 %). Les
autres erreurs rapportées se situaient au niveau de la transcription (5,8 %), de la dispensation
(1 %), de l’administration (12,8 %) et de la surveillance (0,5 %).18
L’ampleur et les causes du problème des événements indésirables liés aux médicaments dans
les pays en développement sont inconnues. Pour caractériser le problème, il est souhaitable
que les hôpitaux mettent en place des systèmes de notification et de surveillance. De plus, les
CPT doivent prendre les devants en élaborant et diffusant dans chaque hôpital des
recommandations concernant les meilleures pratiques. Parmi les interventions importantes
figurent le contrôle des ordonnances, en particulier dans les unités de soins intensifs, la
simplification, la standardisation et la rationalisation des systèmes hospitaliers en relation
avec la préparation et l’administration des médicaments, et la promotion d’une dotation en
personnel suffisante pour éviter les erreurs dues à la précipitation ou à la fatigue.
Prévention des erreurs médicamenteuses
Les erreurs médicamenteuses sont des événements courants dans les hôpitaux et les
établissements de soins de santé primaires. Les erreurs médicamenteuses consistent en
l’administration d’un médicament ou d’une dose qui diffère de ce qui avait été prescrit sur
l’ordonnance, par exemple :


16
Non-administration du médicament prescrit
Administration d’un médicament non prescrit
Bates DW, Cullen DJ, Laird N et al. (1995). Incidence of Adverse Drug Events and Potential Adverse Drug
Events, Implications for Prevention. ADE Prevention Study Group. Journal of the American Medical
Association 274(1):29–34.
17
Bates DW, Spell N, Cullen DJ (1997). The Costs of Adverse Drug Events in Hospitalized Patients, Adverse
Drug Events Prevention Study Group. Journal of the American Medical Association 277(4):307–311.
18
Fortescue EB et al. 2003. Prioritizing Strategies for Preventing Medication Errors and Adverse Drug Events in
Pediatric Inpatients. Pediatrics 111:722–729.
CPT Participant (final).doc










101
Administration du médicament à un autre patient
Administration d’un médicament ou d’une injection IV autres que ceux prescrits
Dose ou concentration erronées
Forme pharmaceutique erronée
Mauvaise durée du traitement
Préparation incorrecte de la dose (par exemple dilution incorrecte)
Technique d’administration incorrecte (par exemple injection non stérile)
Administration d’un médicament à un patient présentant une allergie connue
Mauvaise voie d’administration
Mauvaise heure ou fréquence d’administration
Il existe de nombreuses causes d’erreurs médicamenteuses, mais celles-ci sont le plus souvent
attribuables à trois facteurs :

Facteurs humains
o Charge de travail élevée et fatigue du personnel
o Inexpérience, manque de formation, écriture illisible, commandes uniquement
verbales

Facteurs liés à l’environnement de travail
o Eclairage insuffisant, bruit, interruptions fréquentes, charge de travail
excessive

Facteurs d’ordre pharmaceutique
o Prescription excessive
o Confusion au niveau de la nomenclature, du conditionnement ou de
l’étiquetage
o Augmentation du nombre ou de la quantité de médicaments par patient
o Fréquence et complexité des calculs nécessaires pour prescrire, dispenser ou
administrer un médicament
o Absence de politiques et de procédures efficaces
Pour réduire le nombre d’erreurs médicamenteuses, il existe deux grands types
d’interventions : a) amélioration au niveau de la prescription du médicament, et b) correction
des faiblesses du système qui peuvent conduire à des erreurs. Dans l’idéal, on pourrait
élaborer des programmes éducatifs destinés aux médecins et portant sur les erreurs de
prescription les plus courantes. Ces erreurs traduisent toutefois des insuffisances dans divers
domaines – connaissance des indications des médicaments et de leur posologie, attention
portée à la fonction hépatique et rénale, connaissance du risque d’interactions
médicamenteuses, nécessité de contrôler en routine les antécédents d’allergie. Une autre
possibilité, plus pratique, est de demander aux pharmaciens de contrôler les ordonnances
rédigées par les médecins.
CPT Participant (final).doc
102
Il existe des interventions facilement réalisables, au moins dans les hôpitaux de niveau
tertiaire, par exemple :

Etablir un groupe de consensus composé de médecins, de pharmaciens et d’infirmiers
pour examiner les pratiques actuelles de prescription et d’administration des
médicaments et définir les meilleures pratiques.

Mettre en place un système pour identifier et enregistrer les informations sur les
erreurs médicamenteuses. Pour encourager la notification, il ne faut pas que le
personnel craigne des sanctions ; il faudra mettre l’accent sur la redéfinition du
système et non sur les fautes.

Là où c’est possible, faire préparer les solutions pour injection IV par la pharmacie de
l’hôpital. Si le personnel de salle doit préparer ces solutions, il doit y avoir des
procédures écrites et le personnel doit posséder un certificat attestant ses compétences.

Elaborer des procédures spéciales pour les produits à haut risque tels que l’insuline,
l’héparine, les stupéfiants, la théophylline et les aminosides. Ces procédures devront
comprendre des directives écrites, des listes de contrôle et des documents
d’information.

Exiger que les ordonnances rédigées par les médecins soient écrites lisiblement.
Demander aux pharmaciens et infirmiers d’appeler le prescripteur plutôt que de
chercher à déchiffrer une ordonnance illisible. Exiger que le nom du médicament soit
écrit en toutes lettres.

Utiliser une dénomination standardisée pour les doses : par exemple, milligrammes =
mg, microgrammes = mcg et grammes = g ; utiliser le mot « unités » plutôt que « U » ;
pour les valeurs inférieures à 1, faire précéder la virgule d’un zéro (par exemple
0,2 mg – il arrive qu’en anglais on écrive simplement .2 mg au lieu de 0.2 mg), et pour
les valeurs supérieures à 1, éviter d’ajouter un zéro après la virgule (par exemple 2 mg
au lieu de 2,0 mg).

Toujours écrire la voie d’administration sur l’ordonnance.

Ecrire les instructions de posologie en toutes lettres, par exemple « une fois par jour »,
« un jour sur deux » (éviter les abréviations en latin comme QD ou QOD).

N’accepter de commandes de vive voix ou par téléphone que dans les cas d’urgence,
et exiger que la commande soit bien répétée au prescripteur.

Lorsqu’on se prépare à administrer un médicament, confirmer l’identité du patient sur
son bracelet d’identification ou en l’interrogeant (ou un membre de sa famille).

Pour réduire le risque de manquer une dose, standardiser les heures d’administration et
définir une politique pour que le patient reçoive ses doses même s’il ne se trouve pas
dans le service.

Examiner les noms des médicaments lorsque de nouveaux produits sont inscrits sur la
liste du formulaire. Pour les médicaments dont le nom est voisin par l’orthographe ou
CPT Participant (final).doc
103
la prononciation, établir une politique pour exiger des prescripteurs qu’ils inscrivent à
la fois le nom de spécialité et le nom générique.

Utiliser efficacement le personnel de la pharmacie pour surveiller et gérer l’utilisation
et la distribution des médicaments.
Activités
Pour les activités de cette session, les participants seront répartis en groupes de cinq ou six, et
on désignera un responsable chargé de faciliter la discussion au sein du groupe. Une
discussion active est encouragée.
Activité 1 : Rapport de cas d’anaphylaxie en relation avec la pénicilline
Ces cas ont été rapportés par un CPT du Panama desservant 11 dispensaires et un hôpital.
Récemment, une marque différente de pénicilline procaïne avait été achetée et distribuée dans
ces établissements. Peu après l’introduction de cette nouvelle pénicilline, un des dispensaires
signalait au CPT qu’en un court laps de temps un nombre inhabituellement élevé de réactions
indésirables s’étaient produites après des injections intramusculaires de ce produit. Le
personnel infirmier, alarmé, refusait d’utiliser le produit distribué et demandait au directeur du
dispensaire de remplacer le produit suspect par un produit équivalent d’une autre marque.
L’événement indésirable était décrit comme un cas de patient adulte présentant soudainement
(dans les quelques secondes suivant l’injection) une sensation de malaise, d’anxiété et de
faiblesse l’obligeant à s’allonger. Le patient était pâle mais avait une pression artérielle
normale ou légèrement augmentée. Les infirmiers donnaient immédiatement de la
diphénhydramine par voie intraveineuse ou intramusculaire pour suspicion de réaction
anaphylactique à la pénicilline. Au bout de 10 à 15 minutes les patients se rétablissaient
complètement et pouvaient quitter le dispensaire par leurs propres moyens.

Comment analyseriez-vous cette situation ? A quelles investigations procéderiezvous ?

Que recommanderiez-vous à la direction de ces établissements au sujet de
l’acquisition d’un produit de remplacement ou d’un produit équivalent ?

Que communiqueriez-vous au personnel infirmier et aux médecins ?
Activité 2. Infection respiratoire aiguë chez un enfant de deux ans
Un enfant de deux ans a été amené au dispensaire par sa mère le 19 mai 1999. Depuis 48
heures, il avait de la fièvre, toussait, était irritable et présentait une altération de la conscience.
L’interrogatoire de la mère a révélé les faits suivants :

Le 14 mai 1999, l’enfant a été vacciné par le DTC et le vaccin antipoliomyélitique
buccal

Le 15 mai, il a été vu pour des symptômes d’infection légère des voies respiratoires
supérieures et traité par de l’amoxicilline et un sirop contre la toux

Le 17 mai, il a commencé à avoir de la fièvre, à être irritable et à présenter des
troubles de la conscience
CPT Participant (final).doc

104
Le 18 mai, il a été vu au centre de santé où une infection respiratoire aiguë a été
diagnostiquée et traitée par le cotrimoxazole et le paracétamol
Examinez les points suivants :

Quelle est la possibilité que ce patient présente une réaction indésirable en plus de
l’infection respiratoire aiguë ?

Si vous pensez qu’il s’agit d’une réaction indésirable, quels peuvent être le ou les
médicaments responsables ? Comment parvenez-vous à cette conclusion ?

Quelle sorte de mesures le CPT devrait-il prendre dans ce cas ?
Activité 3. Réactions indésirables graves avec une association phentermine-fenfluramine
L’association phentermine-fenfluramine (habituellement appelée phen-fen aux Etats-Unis) a
été un médicament de régime très en vogue en Europe et en Amérique du Nord. Comme tous
les médicaments anti-obésité, cette association entraîne une tolérance au bout de quelques
mois d’utilisation et une reprise de poids suit invariablement l’arrêt du traitement. Son
efficacité à court terme était toutefois remarquable, avec d’innombrables témoignages de
satisfaction et une très forte demande de prescriptions. Son innocuité avait été confirmée par
les essais cliniques usuels pratiqués avant la commercialisation. Comme il s’agissait d’un
produit anti-obésité de plus, il a été soumis à des tests et à une évaluation poussés, et la
procédure d’approbation a suivi la voie normale et non une filière accélérée. Peu après la
commercialisation du produit, des rapports spontanés ont commencé à faire état de problèmes
cardio-vasculaires graves tels que valvulopathies et hypertension pulmonaire, y compris chez
des femmes jeunes. Ces notifications ont continué jusqu’à ce qu’il devienne manifeste que
l’association devait être fortement suspectée d’être à l’origine des effets indésirables.

Quelles seraient d’autres causes possibles des troubles cardiaques mentionnés dans
cette activité ?

Qu’est-ce qui a pu empêcher que cet effet secondaire grave soit détecté lors des essais
avant commercialisation ?

Pourquoi les notifications spontanées ont-elles pu détecter si efficacement cette
réaction indésirable après la mise sur le marché de l’association ?
Résumé
Les questions concernant l’innocuité des médicaments sont fondamentales pour tout système
de santé. Le CPT est à même d’avoir un impact significatif sur la prévention et la gestion de
ces problèmes. Il doit disposer de personnes possédant les compétences pour évaluer
soigneusement la littérature afin de déterminer l’innocuité des médicaments dont l’inscription
sur la liste du formulaire est envisagée. La gestion appropriée des réactions indésirables aux
médicaments doit comporter les éléments suivants :

Evaluation de l’innocuité de tous les nouveaux médicaments avant de les inscrire sur
la liste du formulaire

Mise en œuvre de systèmes pour surveiller la survenue de réactions indésirables
CPT Participant (final).doc

Gestion et évaluation des suspicions de réactions indésirables, détermination des
relations de causalité et prise de mesures correctrices si nécessaire

Notification des réactions indésirables aux autorités de réglementation et aux
fabricants

Prévention des réactions et événements indésirables par les mesures suivantes :
105
o Surveillance du système de santé par le biais des notifications de réactions
indésirables
o Evaluation soigneuse des patients avant toute prescription de médicaments,
notamment chez les patients à haut risque ou prenant des médicaments à haut
risque
o Education du personnel, notamment du personnel de santé, au sujet des
réactions indésirables possibles
106
CPT Participant (final).doc
Annexe 1. Imprimé pour la notification des réactions indésirables
(réservé aux hôpitaux et aux établissements de soins de santé primaires)
Informations sur le patient et sur la réaction
Date
Nom
Fiche N°
Date de naissance
Médecin
Médicament
Diagnostic ayant motivé
l’utilisation du médicament
(indications)
Dose
Date de début du traitement
Date de la réaction
Antécédents médicaux et
autres médicaments pris par
le patient
Description de la réaction
Résultats attribués à la
réaction
1.
2.
3.
4.
Probabilité de la réaction
Remarques
107
CPT Participant (final).doc
Code de gravité (voir
définitions ci-dessous)
Grave
Modérée
Légère
Sans gravité
Mesures prises par le CPT

Mention sur la fiche
du patient
Oui Non

Discussion avec le
prescripteur
Oui Non

Ajout à la base de
données
Oui Non


Rapport à l’autorité
pharmaceutique
nationale
Oui Non
Oui Non
Rapport au fabricant
Notification décidée par :
Date
Guide pour l’évaluation de la gravité d’une réaction indésirable
Gravité de la
réaction
Description
Grave
Mortelle ou engageant le pronostic vital
Modérée
Nécessite un antidote, une intervention médicale ou une
hospitalisation
Légère
Les symptômes ne nécessitent que l’arrêt du traitement
Sans gravité
Symptômes très légers ; le patient peut choisir de poursuivre le
traitement ou non
108
CPT Participant (final).doc
Annexe 2. Algorithme de Naranjo pour l’évaluation de la causalité d’une réaction
indésirable
Question
Oui
Non
Ne sait
pas
Y a-t-il déjà eu des rapports concluants sur cette
réaction ?
+1
0
0
L’événement indésirable est-il apparu après
l’administration du médicament suspecté ?
+2
–1
0
L’état du patient s’est-il amélioré après l’arrêt du
médicament ou l’administration d’un antidote
spécifique ?
+1
0
0
La réaction est-elle réapparue lorsque le médicament
a été réadministré ?
+2
–1
0
Y a-t-il d’autres causes (autres que le médicament)
qui pourraient à elles seules avoir provoqué la
réaction ?
–1
+2
0
Le médicament a-t-il été détecté dans le sang (ou
autre liquide) à une concentration réputée toxique ?
+1
0
0
La réaction était-elle plus grave quand la dose était
augmentée, ou moins grave quand la dose était
diminuée ?
+1
0
0
Le patient a-t-il eu une réaction similaire au même
médicament ou à un médicament similaire lors d’une
précédente exposition ?
+1
0
0
L’événement indésirable a-t-il été confirmé par des
données objectives ?
+1
0
0
Additionner les notes pour déterminer la catégorie de la réaction. Les catégories se définissent
comme suit :
Réaction :
Certaine
Probable
Possible
Improbable
>9
5–8
1–4
0
CPT Participant (final).doc
109
SESSION 5. ASSURANCE DE LA QUALITÉ DES MÉDICAMENTS
Remerciements
Le matériel de la session 5 est adapté de la publication de Management Sciences for Health,
Managing Drug Supply, Chapitre 18 : « Quality Assurance for Drug Procurement » (MSH
1997).
Objectif et contenu
L’objectif de l’assurance de la qualité dans les systèmes publics d’approvisionnement en
médicaments est d’assurer que tout médicament qui parvient à un patient est sans danger,
efficace et de qualité standard. Les activités portant sur l’assurance de la qualité à l’hôpital ou
au dispensaire doivent être très étendues et couvrir la totalité du processus
d’approvisionnement, de la sélection du médicament jusqu’à son utilisation chez le patient.
La session 5 est destinée à compléter vos connaissances sur les déterminants de la qualité des
médicaments. On y insistera à la fois sur les mesures techniques et sur les mesures
gestionnaires qui peuvent être adoptées pour assurer la qualité des médicaments et on
exposera le rôle du comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) dans l’assurance de la
qualité des médicaments au sein du système de santé.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Définir la qualité des médicaments

Comprendre comment on évalue la qualité des médicaments

Comprendre comment on assure la qualité des médicaments

Décrire le rôle du CPT dans l’assurance de la qualité des médicaments
Préparation et matériel
Lire :
Guide du participant
Managing Drug Supply, Chapitre 18 : « Quality Assurance for Drug Procurement »
Managing Drug Supply, Chapitre 24 : « Drug Management for Health Facilities »
Managing Drug Supply, Chapitre 26 : « Transport Management »
Pour en savoir plus
Management Sciences for Health and World Health Organization. 1997. Managing Drug
Supply, 2nd ed. West Hartford, CT : Kumarian Press (Chapitre 18 : « Quality Assurance for
Drug Procurement » ; Chapitre 24 : « Drug Management for Health Facilities » ; Chapitre 26 :
« Transport Management »).
CPT Participant (final).doc
110
OMS/Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF). 1991. Study on the Stability of
Drugs During International Transport. Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 1989. WHO Certification Scheme on the Quality
of Pharmaceutical Products Moving in International Commerce : Guidelines for Use. WHO
Drug Information 3:109-115.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 1990. Comité OMS des spécifications relatives aux
préparations pharmaceutiques, 31e rapport. OMS, Série de Rapports techniques, N° 790.
Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 1991a. Tests simplifiés pour les substances
pharmaceutiques. Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 1991b. Inland Stability Study (Sudan), Pilot Study
1989–1991. Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 1992. Comité OMS des spécifications relatives aux
préparations pharmaceutiques, 32e rapport. OMS, Série de Rapports techniques, N° 823.
Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 1999. Good Manufacturing Practices and
Inspection. Vol. 2 in : Quality Assurance of Pharmaceuticals : A Compendium of Guidelines
and Related Materials. Genève : OMS.
Définitions clés
Assurance de la qualité des médicaments – L’assurance de la qualité des médicaments peut
se définir comme la somme de toutes les activités et responsabilités nécessaires pour assurer
que le médicament qui parvient au patient est sans danger, efficace et acceptable.
Contrôle de la qualité des médicaments – Selon la définition donnée par l’OMS, le contrôle
de qualité fait partie du processus de fabrication et comprend le prélèvement d’échantillons, le
contrôle des spécifications, les tests et les procédures de libération par le fabricant qui
assurent que les tests nécessaires sont réalisés et que les produits ne sont pas mis en
circulation pour utilisation, ni pour la vente ou la fourniture, tant que leur qualité n’a pas été
jugée satisfaisante.
Bonnes pratiques de fabrication (BPF) – Les bonnes pratiques de fabrication sont des
normes de bonne exécution établies par l’OMS et par de nombreux gouvernements à
l’intention des fabricants de produits pharmaceutiques. Elles font partie des activités
d’assurance de la qualité et assurent que les produits sont régulièrement fabriqués et contrôlés
conformément aux normes de qualité applicables à leur usage prévu et exigées par les
autorités de réglementation pharmaceutique. Les normes prévoient des critères pour le
personnel, les locaux, le conditionnement, le contrôle de qualité et, dans la plupart des cas,
exigent des tests de stabilité.
Introduction
Le CPT est chargé d’évaluer les nouveaux médicaments avant leur inscription sur la liste du
formulaire. Comme on l’a vu dans les autres sessions, l’évaluation doit porter sur l’efficacité,
CPT Participant (final).doc
111
l’innocuité, la qualité et le coût. La session 5 donne des informations sur la façon d’évaluer et
de gérer la qualité des médicaments dont l’inscription sur la liste du formulaire est envisagée.
L’objectif d’un programme d’assurance de la qualité pour un hôpital ou un dispensaire est
d’assurer que tout médicament qui parvient au patient est sans danger, efficace et satisfait à
des normes de qualité. Un programme complet d’assurance de la qualité comporte à la fois
des activités techniques et des activités gestionnaires qui s’étendent de la sélection du
médicament jusqu’à son utilisation chez le patient. De nombreux domaines du système de
santé peuvent être concernés par l’assurance de la qualité, notamment les services chargés de
l’acquisition des médicaments, la pharmacie, les services médicaux et les services de soins
infirmiers, de même que le CPT.
L’assurance de la qualité d’un produit comporte deux volets :

Obtenir des produits de qualité qui soient sans danger et efficaces, grâce à des
procédures structurées de sélection et d’acquisition

Maintenir la qualité des produits par des méthodes appropriées de stockage, de
distribution, de surveillance et de prescription
Tout programme complet devra posséder les caractéristiques principales suivantes :

Les médicaments sont choisis sur la base de leur innocuité et de leur efficacité, sous
une forme pharmaceutique appropriée ayant la durée de conservation la plus longue
possible.

Des fournisseurs répondant à des normes de qualité acceptables sont sélectionnés.

Les médicaments reçus des fournisseurs et des donateurs sont contrôlés pour s’assurer
qu’ils répondent aux normes de qualité.

Le conditionnement des médicaments répond à des spécifications de qualité définies
par contrat (par exemple spécifications pour plaquettes thermoformées, kits, récipients
pour produit en vrac).

Les activités de reconditionnement et les pratiques de dispensation maintiennent la
qualité du produit (par exemple récipients appropriés, dates de péremption).

Des conditions de stockage appropriées dans tous les secteurs détenant des
médicaments sont maintenues.

Les conditions de transport sont appropriées (par exemple conditions d’expédition,
exposition à la chaleur ou au froid).

Les problèmes de qualité rapportés par les gestionnaires des stocks, les prescripteurs,
les dispensateurs ou les patients sont examinés et résolus.
Les médicaments de qualité insuffisante peuvent poser un certain nombre de problèmes
graves, par exemple :

Absence d’effet thérapeutique qui peut conduire à une prolongation de la maladie ou
au décès
112
CPT Participant (final).doc

Effets toxiques ou indésirables

Gaspillage de ressources financières déjà limitées

Atteinte à la crédibilité du programme, avec comme conséquence une diminution de
l’efficacité de l’ensemble du système de santé et de son attractivité.
Déterminants de la qualité des médicaments

Identité – Le principe actif correct est présent dans le produit.

Pureté – Le produit n’est pas contaminé par des substances potentiellement nocives.

Activité – La quantité correcte de principe actif est présente dans le produit (en
général entre 95 et 110 % de la quantité mentionnée sur l’étiquette).

Uniformité – La consistance, la forme et la taille de la forme pharmaceutique ne
varient pas.

Biodisponibilité – Ce terme se rapporte à la vitesse et au taux de passage d’un
médicament dans la circulation sanguine après son administration. Elle doit être
régulière pour assurer un résultat thérapeutique prévisible. Pour un même produit, il
existe des différences de biodisponibilité selon les fabricants. Il peut donc être
nécessaire d’évaluer soigneusement les médicaments génériques avant de les acheter
et de les utiliser. (Voir tableau 1.)

Stabilité – L’activité du médicament est assurée pendant la durée indiquée sur
l’étiquette, c’est-à-dire jusqu’à la date de péremption (ou date limite d’utilisation).
(Voir tableau 2.)

Normes de la pharmacopée – Un médicament est de bonne qualité si ses
caractéristiques répondent aux normes décrites dans une pharmacopée largement
reconnue, comme la Pharmacopée britannique (British Pharmacopoeia), la
Pharmacopée européenne, la Pharmacopée internationale ou la Pharmacopée des
Etats-Unis (United States Pharmacopeia).
Tableau 1. Médicaments présentant des problèmes connus de biodisponibilité
Aminophylline
Ergotamine
Ampicilline
Erythromycine
Carbamazépine
Estrogènes
Chloramphénicol
Fer, sulfate
Chloroquine
Furosémide
Digoxine
Glibenclamide
Dihydroergotamine
Isosorbide, dinitrate
Source : d’après MSH 1997, figure 18.1.
Lévodopa
Lévothyroxine
Méthyldopa
Nitrofurantoïne
Phénytoïne
Prednisolone
Prednisone
Quinidine
Rifampicine
Spironolactone
Théophylline
Warfarine
113
CPT Participant (final).doc
Tableau 2. Médicaments présentant des problèmes de stabilité en milieu tropical
Formes solides pour voie
orale (comprimés)
Acétylsalicylique, acide
Amoxicilline
Ampicilline
Nitroglycérine
Pénicilline V (comprimés)
Rétinol
Formes buvables
Préparations injectables
Paracétamol
Pénicilline V (suspension)
Ergométrine
Méthylergométrine
Les médicaments qui figurent dans les tableaux 1 et 2 pour des problèmes de biodisponibilité
et de stabilité ne représentent qu’une partie des médicaments susceptibles de poser des
problèmes de biodisponibilité. Le « livre rouge » (« Red Book ») de l’US Food and Drug
Administration (www.fda.gov) énumère des milliers de produits et donne des informations sur
les problèmes de biodisponibilité qui peuvent exister avec certains de ces médicaments. Parmi
les problèmes de biodisponibilité rencontrés dans les pays en développement, on peut citer les
exemples suivants (d’après Suryawati et Santoso, 1989–1995) :

Rifampicine 450 mg, gélules. Lors de l’étude de sept marques de ce médicament, on a
trouvé une variation de 100 % du pic de concentration entre les différents produits, ce
qui semble indiquer que ce médicament présente d’importants problèmes de
biodisponibilité.

Captopril. Lors de l’étude de six marques de ce médicament, le pic plasmatique variait
entre 75 ng/ml et 275 ng/ml.

Nifédipine. Le pic de concentration variait entre 160 ng/ml pour un générique et
100 ng/ml pour le produit de marque correspondant.

Diclofénac, comprimés à libération lente. On a trouvé une libération variable du
principe actif et des taux subthérapeutiques avec des marques de fabrication locale par
comparaison avec un produit importé.
Eléments de base d’un programme complet d’assurance de la qualité
Comment évalue-t-on la qualité ?
Inspection des arrivages
Tous les arrivages de médicaments doivent être placés en quarantaine et inspectés
soigneusement avant d’être mis en circulation dans le système d’approvisionnement. La
procédure d’inspection doit comporter une inspection visuelle et un examen des spécifications
du produit (y compris la date de péremption) pour assurer la conformité à celles-ci.
Tests de laboratoire
Les médicaments doivent être testés en laboratoire afin de vérifier qu’ils répondent aux
normes de la pharmacopée. Les tests de laboratoire peuvent être omis si l’on se procure les
médicaments auprès de fournisseurs réputés ayant des normes de qualité élevées. On peut
CPT Participant (final).doc
114
trouver les normes de la pharmacopée dans des pharmacopées internationales telles que la
Pharmacopée britannique (British Pharmacopoeia), la Pharmacopée européenne, la
Pharmacopée internationale ou la Pharmacopée des Etats-Unis (United States Pharmacopeia).
Les médicaments qui doivent être testés sont :

Les médicaments d’importance thérapeutique capitale (médicaments cardiovasculaires et médicaments utilisés dans les cas d’urgence)

Médicaments présentant des problèmes connus de biodisponibilité ou de stabilité

Médicaments de nouveaux fournisseurs

Médicaments de fournisseurs ayant eu des problèmes de qualité dans le passé

Une sélection aléatoire d’autres médicaments, pour vérifier la qualité
Comment assure-t-on la qualité ?
Sélection des produits
La sélection des produits sera proposée par un CPT opérationnel après évaluation approfondie
des données factuelles. On se limitera de préférence aux formes pharmaceutiques ayant une
longue durée de conservation et dont la stabilité et la biodisponibilité sont acceptables.
Sélection de fournisseurs appropriés
Les fournisseurs seront soigneusement sélectionnés et qualifiés de façon que seules des
entreprises réputées soient utilisées pour assurer l’approvisionnement en médicaments et
fournitures médicales. Pour obtenir les meilleurs fournisseurs, il faudra :

Faire établir la préqualification et l’enregistrement des fournisseurs par le service des
achats

Pour les nouveaux fournisseurs, demander des échantillons des produits voulus pour
inspection visuelle et analyse en laboratoire avant la livraison définitive

Demander des rapports ou des données particulières pour certains médicaments (par
exemple des études de biodisponibilité)

Recueillir de façon informelle des informations auprès de personnes et de sociétés qui
ont déjà fait appel aux fournisseurs en question
Certification des produits
Obtenir une certification appropriée de tous les médicaments avant de les accepter pour
utilisation, avec :

Certificat de bonnes pratiques de fabrication émis par l’autorité de réglementation
pharmaceutique ou par le service central d’approvisionnement de l’UNICEF
(UNIPAC) ou autre organisme international
CPT Participant (final).doc
115

Certificat de produit pharmaceutique – certificat de type OMS émis par l’agence de
contrôle des médicaments du pays exportateur

Certification des lots – certificat de l’analyse ou des tests effectués sur les lots, émis
par le fabricant, l’agence de réglementation pharmaceutique ou un autre organisme
international de contrôle de la qualité

Tests effectués localement sur des produits pris au hasard – pour confirmer la qualité
du produit reçu
Spécifications du contrat
Les spécifications du contrat pour tous les médicaments doivent comprendre au minimum :

La norme de référence de la pharmacopée

Le cas échéant, la langue locale à utiliser sur l’étiquette du produit

Les normes de conditionnement, de façon à satisfaire aux conditions de transport et de
stockage spécifiées
Procédures correctes de stockage, de transport, de dispensation et d’utilisation
Des politiques et procédures doivent être en place pour assurer le stockage, la dispensation et
l’utilisation appropriés de tous les médicaments. Ces procédures devront comprendre au
minimum une explication des points suivants :

Procédures de distribution et de contrôle des médicaments (inventaire et gestion des
stocks)

Dispositions pour le stockage et le transport dans des conditions appropriées

Procédures pour la chaîne du froid dûment mises en œuvre

Procédures appropriées de dispensation et d’utilisation
o Récipients
o Etiquetage
o Conseils aux patients

Eviter le reconditionnement sauf si un contrôle de qualité approprié est en place
Système de surveillance des produits
Le système de santé doit posséder un programme de surveillance de la qualité des
médicaments et des fournitures médicales.
Système de notification des problèmes concernant les produits. Tous les défauts de qualité
doivent être notifiés et les rapports doivent être conservés par la pharmacie ou le service des
CPT Participant (final).doc
116
achats. Le service des achats, la pharmacie et le CPT analyseront périodiquement ces
rapports.
Le système de notification des problèmes concernant les produits devra être établi au niveau
national ou local, qui spécifiera :

Qui doit notifier le problème de qualité observé

Comment remplir l’imprimé de notification

Où et à qui envoyer l’imprimé de notification

Quelles autres mesures prendre, par exemple envoyer des échantillons ou donner des
informations sur les quantités concernées par le problème

Quel sera le retour d’information à la personne ou à l’établissement qui a notifié le
problème

Quels sont les critères qui définiront la nécessité de tests complémentaires ou d’un
rappel du produit

Comment les rapports seront classés et consultables à nouveau pour de futurs achats
Rappels de produits. Les rappels peuvent faire suite à une décision interne, lorsqu’un système
de notification identifie des problèmes de qualité inacceptables, ou à une décision du fabricant
ou de l’agence de réglementation pharmaceutique, qui indique qu’un produit a été identifié
comme ne répondant plus aux normes d’efficacité, d’innocuité ou de qualité. Le système de
santé doit posséder un programme permettant l’identification, le retrait et le retour au
fournisseur de tout article rappelé ou ne répondant pas aux normes de qualité en vigueur.
Un programme national ou local de gestion des rappels de produits doit comporter les points
suivants :

Communication rapide aux établissements pour un rappel sans délai des produits

Systèmes de gestion des stocks permettant le traçage de la distribution des produits par
numéros de lots

Rappels classés en fonction du risque pour le consommateur :
o Pas d’effet clinique indésirable
o Maladie passagère ou légère
o Maladie grave
o Décès

Etat d’avancement du rappel d’un produit, pour vérifier qu’il se déroule comme prévu
CPT Participant (final).doc
117
Qui assure la qualité des médicaments ?
La responsabilité de la qualité des produits reçus dans le cadre du système de santé est
partagée par un grand nombre de personnes et de services. Le service des achats doit jouer le
rôle principal dans cette démarche et le CPT doit être un conseiller actif. Le CPT doit assurer
que tous les départements et services et toutes les personnes énumérés ci-dessous travaillent
de façon concertée pour assurer que des produits de bonne qualité sont reçus.

Autorité de réglementation pharmaceutique
o Enregistrement des médicaments
o Inspection des fabricants (bonnes pratiques de fabrication)
o Inspection des pharmacies (respect des politiques pharmaceutiques nationales)
o Echantillonnage et analyse des médicaments selon les besoins

CPT
o Sélection des médicaments pour la liste du formulaire et pour les acquisitions
o Etablissement des spécifications techniques pour l’acquisition des
médicaments
o Conseils sur les conditions appropriées de stockage et de transport des
médicaments
o Coordination des tests de qualité sur les médicaments
o Examen du système de notification des défauts de qualité

Service des achats de l’hôpital ou du dispensaire
o Elaboration de spécifications de qualité
o Préqualification des fournisseurs
o Inspection des produits
o Notification, enregistrement et gestion des défauts de qualité

Pharmacie
o Contrôle de la qualité lors du reconditionnement
o Organisation de conditions de stockage appropriées (magasin, pharmacie et
dispensaires)
o Utilisation de récipients appropriés pour la dispensation
o Instructions aux patients sur l’utilisation appropriée des médicaments
CPT Participant (final).doc
118
o Notification des défauts de qualité

Médecins
o Surveillance et promotion de l’assurance de la qualité dans l’établissement
o Notification des défauts de qualité

Patients
o Conservation correcte des médicaments
o Prise correcte des médicaments
o Notification des défauts de qualité
Assurance de la qualité des médicaments : implications pour le CPT
Le CPT est un élément important du programme d’assurance de la qualité à l’hôpital ou dans
l’établissement de soins de santé primaires. Il doit jouer un rôle actif comme conseiller sur
tous les aspects du programme d’assurance de la qualité pour que les médicaments soient de
la plus haute qualité.
Les sections qui suivent traitent des domaines dans lesquels le CPT devra le plus s’impliquer
et qui peuvent avoir le maximum d’impact. Il s’agit de l’élaboration des spécifications des
produits, des conseils techniques aux établissements de santé et de l’analyse des réclamations
concernant la qualité.
Conseils techniques pour l’acquisition des médicaments
Le CPT est responsable de l’évaluation et de la sélection des médicaments à inscrire sur la
liste du formulaire et sur la liste d’achats de l’hôpital. Il doit élaborer les spécifications des
produits en vue de leur acquisition, avec le nom du médicament, son dosage, sa forme, la
norme de la pharmacopée, la norme de biodisponibilité et le délai de péremption. C’est le
CPT qui est le mieux placé pour formuler ces spécifications (conjointement avec le service
des achats) car il possède les compétences et l’expérience requises pour fournir les
informations techniques nécessaires.
Le CPT est également chargé de fournir des conseils techniques sur la sélection des
fournisseurs, le stockage des produits pharmaceutiques et biologiques, les méthodes de
transport assurant la qualité, et les tests de laboratoire à effectuer sur les produits à haut
risque.
Les autres questions importantes en ce qui concerne l’acquisition des médicaments sont :

Acquisition de médicaments génériques
Une des fonctions importantes du CPT consiste à obtenir des médicaments de qualité à
un prix raisonnable. L’utilisation de produits génériques de divers fabricants,
équivalents sur le plan thérapeutique à un autre produit, mais moins coûteux, est un
concept important qui aidera à contrôler les coûts et à maintenir un niveau de qualité
élevé lors de la sélection des médicaments. L’achat de médicaments génériques doit
CPT Participant (final).doc
119
assurer l’obtention de substituts équivalents sur le plan de l’efficacité, de l’innocuité et
de la qualité.
Un équivalent thérapeutique peut être défini en tant que médicament contenant le
même principe actif sous la même forme pharmaceutique et avec le même dosage,
dont les effets en termes d’innocuité et d’efficacité sont essentiellement les mêmes.
L’équivalence thérapeutique suppose que le produit possède une biodisponibilité
équivalente ou est bioéquivalent. Les médicaments génériques qui contiennent les
mêmes principes actifs n’ont pas nécessairement la même biodisponibilité.

Spécifications de biodisponibilité
La biodisponibilité se rapporte à la vitesse et au taux de passage du principe actif d’un
médicament dans la circulation sanguine. Un même médicament générique produit par
différents fabricants peut avoir une biodisponibilité différente. Les services des achats
doivent obtenir des données de biodisponibilité lorsqu’ils commandent des
médicaments et ne doivent pas changer de fabricant de produit générique à moins que
la bioéquivalence du nouveau produit puisse être assurée. Les données de
biodisponibilité, y compris les résultats des tests de laboratoire, peuvent être obtenues
auprès de nombreux fabricants. Toute demande concernant ces données doit figurer
dans les appels d’offres et dans le contrat avec le fournisseur. (Voir au tableau 1 une
liste de médicaments présentant des problèmes connus de biodisponibilité.)

Stabilité des médicaments
La stabilité d’un produit est un problème très important et concerne sa capacité à
maintenir son activité durant toute sa durée de conservation (c’est-à-dire jusqu’à sa
date de péremption). On peut dans une certaine mesure assurer la stabilité en
demandant des études de stabilité pour les produits présentant des problèmes connus et
en assurant que tous les produits sont reçus, stockés et transportés dans des conditions
appropriées, en évitant toute exposition à la lumière solaire directe, aux températures
extrêmes et à l’humidité. Les bons fabricants continuent à tester les produits pendant
toute la durée de conservation spécifiée pour confirmer que le médicament conserve sa
pleine activité.
Les médicaments présentant des problèmes connus de stabilité devront être manipulés
avec soin par l’hôpital ou le dispensaire. Ils peuvent se détériorer plus rapidement que
prévu, notamment en milieu tropical chaud et humide. Des tests de stabilité réalisés
dans le pays d’achat peuvent être nécessaires pour assurer que ces produits seront
effectivement stables pendant toute leur durée de conservation. (Voir au tableau 2 une
liste de médicaments présentant des problèmes connus de stabilité.)
Conseils techniques aux autres départements et services
Le CPT doit travailler en relation étroite avec les départements et services de l’hôpital ou du
dispensaire, notamment avec le personnel de la pharmacie, des services de soins infirmiers,
des services médicaux et du service des approvisionnements pour assurer que les procédures
d’assurance de la qualité des produits pharmaceutiques sont appliquées dans l’ensemble du
système. Tout le personnel de santé doit être impliqué et encouragé à participer à un
programme complet d’assurance de la qualité de façon que les médicaments soient acquis,
stockés, dispensés, administrés et utilisés correctement.
CPT Participant (final).doc
120
Analyse des rapports de problèmes concernant la qualité des produits
Le CPT doit travailler avec les agences de réglementation pharmaceutique, le service des
achats, les fournisseurs, les pharmacies, les médecins et les patients pour analyser, évaluer et
gérer les réclamations concernant la qualité des produits. Cette fonction du CPT est capitale
pour assurer que des médicaments de bonne qualité seront disponibles. Les réclamations
concernant la qualité des produits seront analysées et des recommandations seront formulées
pour remédier aux défauts de qualité. Un système de rappel des médicaments doit être
facilement accessible et fonctionner efficacement.
Même le meilleur programme d’assurance de la qualité, que ce soit celui d’un fabricant, d’un
fournisseur, d’un hôpital ou d’un dispensaire, peut laisser passer un produit défectueux. En
outre, de nombreux professionnels de santé et patients peuvent avoir une perception erronée
de la qualité d’un produit (par exemple selon le fabricant ou le rapport supposé entre la qualité
et le prix), d’où la nécessité vitale d’un système de surveillance.
Activité 1. Questions et problèmes concernant l’assurance de la qualité
Enumérez les problèmes d’assurance de la qualité des médicaments que vous pouvez
rencontrer dans les programmes menés à l’hôpital ou dans l’établissement de soins de santé
primaires, en les classant comme suit :

Obtention de produits de bonne qualité (questions concernant les sources) : problèmes
de qualité des médicaments fournis par des entreprises commerciales, par des
donateurs ou par une production nationale

Maintien de la qualité des produits (questions concernant le système
d’approvisionnement) : problèmes d’assurance de la qualité au niveau du magasin
central, au cours du transit, dans les établissements locaux, etc.

Exemples de qualité insuffisante : anecdotes illustrant les problèmes de qualité et
n’entrant pas dans les catégories qui précédent
Dans le cadre de cet exercice, veuillez répondre aux questions suivantes au sujet de votre
programme d’assurance de la qualité :
1. Etes-vous satisfait de la qualité des médicaments que vous recevez ?
2. La qualité est-elle maintenue dans tout votre circuit de distribution ?
3. Y a-t-il des réclamations de la part des patients ou des agents de santé au sujet
de la qualité des médicaments ?
4. Existe-t-il une procédure officielle pour la notification et l’investigation des
réclamations concernant la qualité des produits ?
5. Quel rôle envisagez-vous pour le CPT dans l’amélioration et le maintien de la
qualité dans votre propre système de santé ?
6. Quelqu’un d’entre vous a-t-il besoin d’une aide sur une question particulière
concernant l’assurance de la qualité ?
121
CPT Participant (final).doc
Résumé
L’assurance de la qualité relève d’un grand nombre de programmes et de personnes,
notamment le service des achats, la pharmacie, le personnel médical, les patients et le CPT.
Un effort coordonné est nécessaire pour assurer que tous les services concernés travaillent
ensemble lorsqu’il s’agit d’assurance de la qualité. L’assurance de la qualité des produits
pharmaceutiques doit être haut placée dans les priorités du système de santé pour que l’hôpital
ou le dispensaire dispose de médicaments efficaces, sans danger, de qualité acceptable et à un
coût raisonnable. Avec des produits de mauvaise qualité, le traitement peut s’avérer inefficace
et inapproprié tout en entraînant une augmentation des coûts pour le système de santé.
Un programme complet d’assurance de la qualité doit viser à l’obtention de produits de
qualité et au maintien de cette qualité. Le tableau 3 énumère les activités qui sont nécessaires,
au minimum, pour avoir l’assurance que des produits de qualité seront disponibles pour le
patient.
Tableau 3. Activités minimales nécessaires pour assurer la qualité
Assurance de la qualité
Evaluation de la qualité
Sélectionner les médicaments, les formes
pharmaceutiques et les conditionnements de
façon à assurer la qualité
Inspection des médicaments

Inspection visuelle
Utiliser des fournisseurs préqualifiés

Examen des spécifications
Utiliser la certification des produits
Analyses de laboratoire si nécessaire
Préparer et faire respecter des spécifications
du contrat relatives à la qualité
Assurer des conditions appropriées de
stockage, de transport, de dispensation et
d’utilisation
Etablir et utiliser des systèmes de
surveillance des produits
CPT Participant (final).doc
122
SESSION 6. ÉVALUATION DU COÛT DES MÉDICAMENTS
Objectif et contenu
La session 6 est destinée à fournir aux participants des informations de base sur l’analyse du
coût des médicaments et, sans entrer dans les détails, sur les principes de la pharmacoéconomie. Les participants apprendront quel est l’intérêt d’une analyse simple des coûts et
son importance pour le CPT lorsqu’il s’agit d’évaluer et de sélectionner des médicaments
pour la liste du formulaire.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Définir et comprendre les différents types de méthodes d’analyse des coûts que l’on
peut utiliser lors du choix des médicaments pour la liste du formulaire

Savoir comment lire et évaluer les articles portant sur des études économiques

Appliquer ce qui a été vu lors de la session pour effectuer une analyse simple de coût
pour un médicament dont l’inscription sur la liste du formulaire a été demandée
Préparation et matériel
Lire le Guide du participant.
Pour en savoir plus
Drummond MF, Sculpher MJ, Torrance GW, O’Brien BJ, Stoddart GL. 2005. Methods for
the Economic Evaluation of Health Care Programmes. 3rd ed. Oxford, Royaume-Uni :
Oxford University Press.
Greenhalgh T. 1997. How to Read a Paper : Papers That Tell You What Things Cost. British
Medical Journal 315:596–599.
Définitions clés
Pharmaco-économie – Description et analyse du coût du traitement médicamenteux pour les
systèmes de santé et pour la société.
Coût – Total des ressources consommées pour produire un bien ou un service.
Prix – Somme d’argent nécessaire pour acheter un article.
Efficacité – Effets d’un médicament lorsqu’il est utilisé dans la pratique.
Efficacité théorique – Effets d’un médicament dans les conditions d’un essai clinique.
CPT Participant (final).doc
123
Introduction
Le comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) est chargé de procéder à une évaluation
détaillée des nouveaux médicaments avant leur inscription sur la liste du formulaire. Comme
on l’a vu lors des précédentes sessions, cette évaluation doit porter sur l’efficacité, l’innocuité,
la qualité et le coût. La session 6 donne des informations sur la façon d’évaluer le coût d’un
médicament, c’est-à-dire non seulement le coût de son acquisition mais aussi son impact en
termes de coûts sur l’ensemble du système de santé, y compris le patient. Cette discussion est
importante car l’évaluation du médicament par le CPT sera ainsi complète et le comité aura
connaissance de toutes les répercussions économiques de l’inscription d’un nouveau
médicament sur la liste du formulaire. Les techniques d’évaluation économique ne sont pas
seulement utilisées pour les médicaments, mais aussi pour les services de santé, par exemple
les programmes de prise en charge des maladies. L’évaluation économique permet de
répondre à deux questions :

Cette intervention, ce service ou ce programme de santé valent-ils la peine d’être
réalisés, par comparaison avec ce que le CPT pourrait faire d’autre avec les mêmes
ressources ?

Le CPT est-il convaincu que les ressources de santé doivent être dépensées de cette
manière plutôt que d’une autre ?
La littérature regorge d’articles, allant de la recherche à la pratique clinique, qui décrivent les
diverses utilisations de l’analyse des coûts dans les programmes de gestion des médicaments.
La pharmaco-économie est toutefois une science relativement récente et nombre de ses
concepts ne sont pas toujours bien compris des praticiens. Lorsqu’ils sont appliqués de façon
appropriée, les principes de la pharmaco-économie sont utiles pour déterminer quel traitement
médicamenteux ou autre type d’intervention apportera le meilleur bénéfice. Cependant, de
nombreuses études pharmaco-économiques sont parrainées par un laboratoire pharmaceutique
désireux de prouver la supériorité économique de son produit sur un produit concurrent,
surtout lorsqu’il s’agit de médicaments d’efficacité et d’innocuité similaires. De par sa nature,
la pharmaco-économie permet de choisir le protocole d’étude en fonction du but particulier
recherché ; le lecteur des articles portant sur des études économiques doit donc les évaluer
avec soin.
Les études pharmaco-économiques sont souvent de qualité médiocre, et le lecteur doit tenir
compte de cet aspect qualitatif. Cette session porte sur les éléments fondamentaux de la
pharmaco-économie, de façon à permettre aux participants d’en utiliser les concepts et
principes de base lors de l’évaluation des médicaments pour la liste du formulaire. Les
participants sont invités à consulter la bibliographie pour des informations plus détaillées sur
cette discipline.
Coût d’un médicament
Qu’est-ce qui entre réellement dans le coût d’un médicament ? Le coût de base est représenté
par le prix d’acquisition auprès d’un fournisseur. Le prix est l’un des éléments les plus
importants du calcul du coût d’un médicament, mais il ne constitue que le point de départ de
l’évaluation. On attache de plus en plus d’importance à ce qui se passe après l’acquisition du
médicament, c’est-à-dire à tous les coûts associés à son utilisation.
CPT Participant (final).doc
124
Il existe trois types de coûts associés à l’utilisation d’un médicament dans un système de
santé : les coûts directs, les coûts indirects et les coûts non mesurables. Ces trois types de
coûts, pris dans leur ensemble, donneront l’évaluation la plus complète du coût réel du
médicament.

Les coûts directs sont ceux qui sont directement liés à l’utilisation des ressources pour
un service ou un bien lors d’une intervention de santé, et comprennent :
Coût d’acquisition du médicament (prix du médicament)
Transport (expédition et assurance)
Fournitures et matériel pour administrer le médicament
Gestion des approvisionnements (installations de stockage, personnel)
Consultations médicales et autres consultations de santé
Coût de la prise en charge des effets indésirables du traitement
Coûts d’hospitalisation liés à des événements indésirables ou à l’efficacité du
traitement
o Services de laboratoire
o Consultations ambulatoires
o Coûts non médicaux tels que frais de transport, assistance communautaire et
soins palliatifs
o
o
o
o
o
o
o

Les coûts indirects sont ceux qui sont associés à la perte de capacité de production et
comprennent :
o Temps perdu pour l’activité professionnelle du patient
o Temps perdu pour l’activité professionnelle de l’aidant

Les coûts non mesurables sont ceux qui sont associés à la douleur et à la souffrance, et
sont en général intégrés dans les rubriques concernant les états de santé qui reflètent la
qualité de vie.
Méthodes d’évaluation économique
L’évaluation économique consiste à relier le coût d’un service ou d’un programme avec le
résultat obtenu. Les analystes s’intéressent habituellement à la comparaison entre un produit
(ou une intervention de santé) et un autre. Il existe en général quatre types techniques
d’évaluation économique :

L’analyse de minimisation des coûts suppose que les effets des deux interventions à
comparer sont égaux et sert donc à comparer les coûts.

L’analyse coût-efficacité est utilisée quand les effets des deux interventions à
comparer sont différents (c’est-à-dire qu’une intervention est supérieure à l’autre).

L’analyse coût-utilité est un type spécial d’analyse coût-efficacité dans laquelle le
résultat est exprimé par une mesure d’utilité (p. ex. nombre d’années de vie ajustées
sur la qualité de vie [QALY]).

L’analyse coût-bénéfice est dérivée de l’économie des transports ; les coûts et les
bénéfices sont exprimés en termes monétaires.
CPT Participant (final).doc
125
Pour évaluer les médicaments, on utilise couramment les trois premiers types d’analyse. Les
analyses coût-bénéfice sont beaucoup plus délicates à réaliser et à interpréter lorsqu’il s’agit
d’interventions de santé, et les articles portant sur de telles analyses appliquées aux
médicaments doivent être interprétés avec prudence.
Analyse de minimisation des coûts
L’analyse de minimisation des coûts est utile lorsqu’il a été démontré que deux interventions
ont des effets identiques ou similaires. Dans un tel cas, seul le coût des interventions doit être
examiné. Lorsqu’il s’agit de comparer deux produits pharmaceutiques, l’analyse ne peut être
faite que pour des produits dont l’équivalence thérapeutique a été démontrée. Elle est donc
particulièrement utile pour comparer un générique et ses équivalents thérapeutiques ou des
médicaments qui sont des « copies conformes ». Ce type de comparaison peut en revanche
être difficile pour de nombreux produits pour lesquels il n’existe pas d’équivalence clairement
démontrée. Si l’équivalence thérapeutique ne peut être démontrée, cette analyse ne doit pas
être utilisée.
Les coûts à inclure dans l’analyse comprennent le coût de l’intervention ou des médicaments,
ainsi que les autres coûts des services de santé, dont les coûts du personnel médical (p. ex.
médecins, infirmiers), des services de laboratoire et du matériel (p. ex. seringues, nécessaires
de perfusion). L’inclusion des coûts indirects liés par exemple à l’arrêt de travail et à la perte
de productivité n’est pas facile car l’évaluation de ces coûts pose des problèmes. Si on les
inclut, il faudra être très prudent lors de leur chiffrage.
Pour réaliser une analyse de minimisation des coûts, il faut identifier, mesurer et chiffrer les
coûts suivants :

Coût d’acquisition du médicament

Coûts du personnel : pharmacie, soins infirmiers, médecins (s’ils contribuent de façon
significative au coût de l’utilisation du médicament)

Coût du matériel et des fournitures (p. ex. seringues, aiguilles, nécessaires de
perfusion, eau stérile pour dilution)

Coût des services de laboratoire (si un coût significatif entre en jeu)

Coûts indirects (p. ex. arrêt de travail), mais seulement s’ils peuvent être mesurés et
chiffrés avec une certitude suffisante
Le tableau 1 donne un exemple d’analyse de minimisation des coûts sur deux antibiotiques
injectables pour le traitement de la méningite.
126
CPT Participant (final).doc
Tableau 1. Exemple d’analyse de minimisation des coûts (pour un traitement unitaire)
Eléments de coût
Médicament A (USD)
Prix d’acquisition
8,00
Salaire du pharmacien (pour 2,50
préparer le médicament)
Salaire de l’infirmier (pour
2,50
administrer le médicament)
Fournitures (pour administrer 9,00
le médicament)
Services de laboratoire
4,00
Total
26,00
Note : USD = dollars des Etats-Unis d’Amérique
Médicament B (USD)
15,00
1,50
2,00
2,25
1,00
21,75
L’analyse présentée au tableau 1 montre que le médicament B est légèrement moins coûteux à
utiliser que le médicament A. Si on s’était contenté de regarder le prix d’achat des
médicaments, on aurait trouvé que le médicament A était moins coûteux et il aurait
probablement eu la préférence si tous les autres critères de sélection étaient égaux. L’analyse
de minimisation des coûts donne des informations qui montrent que le coût réel des deux
médicaments diffère sensiblement de leur prix d’achat, et que le médicament B a un coût
global plus faible.
Le tableau 2 présente un autre exemple d’analyse de minimisation des coûts. Dans cet
exemple, on a calculé le coût total annuel, ce qui est également un élément important pour le
CPT.
Tableau 2. Exemple théorique d’analyse de minimisation des coûts sur trois
antibiotiques injectables
Catégories de coûts
Prix d’acquisition pour un flacon
Doses par jour
Prix par jour
Salaire de l’infirmier à USD 0,75 par
injection
Matériel :
nécessaire pour perfusion IV à USD 1,00
l’unité
Seringue + aiguille à USD 0,50
l’ensemble
Analyses de laboratoire
Coût total des médicaments par jour
3000 jours de traitement/an
Coût total des médicaments
Ampicilline
(500 mg)
USD 1,00
4
USD 4,00
USD 3,00
Ceftriaxone
(1 g)
USD 8,00
1
USD 8,00
USD 0,75
Gentamicine
(80 mg)
USD 2,00
3
USD 6,00
USD 2,25
−
USD 1,00
−
USD 2,00
−
USD 1,50
USD 2,00
USD 11,00
3000 jours
USD 33 000
USD 2,00
USD 11,75
3000 jours
USD 35 250
USD 4,00
USD 13,75
3000 jours
USD 41 250
CPT Participant (final).doc
127
Pour toute analyse économique quel qu’en soit le type, l’analyse de sensibilité est importante.
Cette analyse teste la sensibilité des conclusions aux différentes hypothèses de départ. Par
exemple, dans le tableau 2, si nous modifions l’hypothèse selon laquelle c’est l’administration
d’une préparation injectable IV par perfusion qui utilise le moins de temps du personnel
infirmier, et que nous considérons au contraire que les perfusions prennent un peu plus de
temps que l’administration d’ampicilline ou de gentamicine, de sorte que le salaire du
personnel infirmier serait de USD 4 au lieu de USD 0,75, le coût total de l’utilisation de la
ceftriaxone serait de USD 15 par jour et son coût annuel total de USD 45 000. Dans ce
scénario, la ceftriaxone représenterait l’option la plus coûteuse.
Analyse coût-efficacité
L’analyse coût-efficacité est un type d’évaluation économique qui permet de comparer les
coûts et les résultats de programmes ou de traitements lorsque les interventions visent à
obtenir le même résultat mais n’ont pas la même efficacité. Les résultats sont mesurés en
unités (par exemple nombre de vies sauvées, d’années de vie gagnées, de cas de maladie
évités) ou en modifications d’un état fonctionnel (par exemple unités de pression artérielle
dans l’hypertension, cholestérol dans l’hypercholestérolémie). Les résultats d’une analyse
coût-efficacité sont généralement exprimés en coût par unité d’effet. En ce qui concerne les
médicaments, on utilise cette analyse pour comparer deux ou plusieurs produits qui ne sont
pas exactement équivalents du point de vue de la dose ou de l’effet thérapeutique, mais qui
sont utilisés pour traiter la même affection. C’est une analyse difficile, qui n’est souvent
réalisée qu’au niveau national. Elle consiste à mesurer le coût par résultat clinique mesurable
(effet) pour chacun des médicaments. Le coût du médicament comprendra les coûts directs et
indirects, et les effets considérés pour diverses affections seront par exemple :

Hypertension – mesure de la pression artérielle

Diabète – hémoglobine glycosylée (HbA1c), glycémie

Affections coronariennes – fréquence des crises d’angine de poitrine

Infections urinaires – incidence des infections

Obésité – poids

Affections comitiales – fréquence des crises

VIH/SIDA – numération des CD4

Insuffisance cardiaque (et toutes autres maladies) – années de vie sauvées ou années
de vie ajustées sur la qualité de vie (QALY) ou sur l’incapacité (DALY)
Le résultat de l’analyse de coût-efficacité peut être présenté de nombreuses façons, par
exemple :




Maladies aiguës : coût par traitement unitaire ou par cure
Affections chroniques : coût par mois de contrôle satisfaisant de l’affection
Prévention des maladies : coût par cas évité
Promotion de la santé : coût par mois d’obtention du résultat souhaité
CPT Participant (final).doc
128
Etapes de la réalisation d’une analyse coût-efficacité simple
1. Définir l’objectif de l’analyse. Par exemple : quelle posologie constituera le
traitement de choix ?
2. Identifier les différents moyens d’atteindre cet objectif. Par exemple : devra-ton choisir un médicament moins cher mais légèrement moins efficace ou un
médicament plus cher mais légèrement plus efficace ?
3. Identifier et mesurer le coût de l’intervention et le coût des médicaments pour
chaque option.
4. Identifier et mesurer les bénéfices (résultats cliniques) de chaque option.
5. Calculer et interpréter les bénéfices de chaque option. Le rapport coûtefficacité, ou coût de l’intervention de santé (p. ex. un médicament) par unité
de bénéfice s’estime en divisant le coût total de l’intervention ou du
médicament par le nombre d’unités de résultat. Le rapport coût-efficacité
différentiel (ICER) est la différence de coût et de bénéfice lorsqu’une
intervention de santé (p. ex. un médicament A) est comparée avec une autre
intervention (p. ex. un médicament B). Le rapport coût-efficacité différentiel se
calcule par la formule :
ICER = coût de l’intervention A – coût de l’intervention B
effet de l’intervention A – effet de l’intervention B
Si l’intervention A est supérieure à l’intervention B et moins coûteuse, on dit
que l’intervention A est dominante. Si l’intervention A donne des bénéfices
supérieurs à ceux de l’intervention B mais est plus coûteuse, on utilise le
rapport coût-efficacité différentiel pour déterminer si les bénéfices obtenus
avec l’intervention A justifient le supplément de coût.
6. Soumettre les conclusions à une analyse de sensibilité. Pour cela, on fait varier
certaines des hypothèses retenues pour l’analyse (par exemple les salaires du
personnel et les dépenses de fonctionnement de l’hôpital) pour rechercher si
ces changements modifient les conclusions quant au médicament possédant le
meilleur rapport coût-efficacité. Si la conclusion reste la même après
modification des hypothèses, elle sera probablement valable. En revanche, si la
conclusion est très sensible à la modification des hypothèses, le résultat de
l’étude risque d’être sujet à des erreurs et on ne pourra pas en tirer de
conclusions définitives.
Exemple : Utilisation de l’analyse coût-efficacité pour le traitement médicamenteux du
diabète de type II
Le tableau 3 récapitule les informations nécessaires pour effectuer une analyse coût-efficacité
simple sur deux médicaments A et B utilisés pour le traitement du diabète de type II, en
supposant une durée de traitement d’un an. Le résultat souhaité est une augmentation du
nombre de patients présentant une baisse de l’HbA1c, qui mesure de degré de contrôle du
diabète. Le tableau 4 montre le coût différentiel, le bénéfice (pourcentage de patients avec une
baisse ≥ 1 % de HbA1c) et le rapport coût-efficacité différentiel qui en résulte.
129
CPT Participant (final).doc
Tableau 3. Information sur les coûts pour l’analyse coût-efficacité
Coût
Coût unitaire
(USD)
Coût du
médicament
Coût du
laboratoire
Evénement
indésirable
Médecin
Total
Coût du
médicament
Coût du
laboratoire
Evénement
indésirable
Médecin
Total
Nombre de
patients
Coût total
(USD)
40
Nombre
d’unités
Médicament A
12
100
48 000
20
1
100
2 000
50
2
100
10 000
25
2
100
5 000
65 000
25
Médicament B
12
100
30 000
20
2
100
4 000
50
3
100
15 000
25
3
100
7 500
56 500
Tableau 4. Résultats de l’analyse coût-efficacité
Coût
Médicament A
Médicament B
Coût total
USD 65 000,00
USD 56 500,00
Nombre de patients
25
19
montrant une
diminution ≥ 1 % de
HbA1c pour 100
patients traités
Rapport coût65 000/25 = 2 600
56 500/19 = 2973,70
efficacité
Coût par patient supplémentaire montrant une diminution ≥ 1 % de
HbA1c avec le médicament A par rapport au médicament B :
(65 000 − 56 500) ÷ (25 − 19) = 8 500 ÷ 6 = 1 416,67
Coût différentiel
USD 8 500,00
6
USD 1 416,67
Le tableau 4 montre que le médicament A est plus efficace que le médicament B puisque
davantage de patients présentent la réponse souhaitée (25 patients sur 100 avec le médicament
A contre 19 patients sur 100 avec le médicament B). Le rapport coût-efficacité est plus faible
avec le médicament A – USD 2600,00 pour traiter un patient avec succès (réduction de
HbA1c ≥ 1 %) qu’avec le médicament B – USD 2973,70 pour traiter un patient avec succès.
Mais le rapport coût-efficacité n’exprime que le coût-efficacité d’une intervention par rapport
à l’absence d’intervention et ne peut être utilisé directement pour comparer différentes
interventions. Le CPT, quant à lui, souhaite comparer directement le médicament A et le
médicament B, et il doit pour cela calculer le rapport coût-efficacité différentiel. Dans cet
exemple, le coût supplémentaire pour un patient de plus ayant une baisse ≥ 1 % de HbA1c a
130
CPT Participant (final).doc
été calculé comme étant de USD 8500,00/6, soit USD 1416,67, ce qui signifie que le système
de santé devra payer USD 1416,67 de plus (sur une année) pour chaque patient
supplémentaire présentant la réponse souhaitée. Il reste à décider si ce montant estimé
représente un investissement rentable.
Le tableau 5 ci-dessous indique les éléments de l’analyse coût-efficacité, avec une brève
description de chacun.
Tableau 5. Eléments de l’analyse coût-efficacité
Elément
1. Intervention
2. Population
3. Cadre
4. Elément de
comparaison
5. Sources des
preuves
6. Résultats
utilisés (issue
du traitement)
Description
Questions
Contexte
Traitement
médicamenteux ou
programme de santé
Selon les antécédents
La population doit correspondre, ou
cliniques, l’âge, le sexe et être comparable, à celle dans
d’autres caractéristiques
laquelle le traitement sera utilisé.
Lieu, type d’établissement Le cadre de l’essai correspond-il au
cadre dans lequel le médicament ou
le traitement seront utilisés ?
Traitement qui sera le plus Les critères de choix de l’élément
probablement remplacé ;
de comparaison sont importants (un
prise en charge standard
élément de comparaison plus
coûteux fera paraître meilleur le
rapport coût-efficacité du nouveau
traitement).
Efficacité comparée

Littérature publiée La source des preuves devra être
évaluée selon les critères suivants :

Essais cliniques

Qualité des preuves –
randomisation, taille de
l’essai, taille de l’effet

Pertinence des preuves –
similitude du cadre de
l’essai, des populations
traitées et d’autres
caractéristiques avec la
situation dans laquelle le
traitement sera utilisé

Exhaustivité des preuves –
représentatives de
l’ensemble de la littérature
médicale ou sélectives
Résultats indirects ou

Les résultats indirects
résultat final
doivent être appropriés.

Les résultats indirects et le
résultat final doivent être
liés.
131
CPT Participant (final).doc
7.
Identification


Coûts
Point de vue de
l’analyse (société,
patient,
gouvernement)
Types de coûts
8. Mesure
Nombre d’unités
consommées
9. Chiffrage
Coût par unité
10.
Actualisation
Taux utilisé pour convertir
la valeur des coûts et des
conséquences futurs en
leurs équivalents actuels
11. Analyse de Détermine la sensibilité
sensibilité
des estimations aux
changements de coûts et
d’effets du traitement
Les coûts suivants doivent être
identifiés :

Coûts des médicaments ou
du traitement

Salaires des médecins

Coûts de l’administration du
traitement

Coûts de la surveillance en
laboratoire

Coûts des événements
indésirables

Autres services médicaux

Coûts indirects

L’utilisation lors des essais
représente-t-elle l’utilisation
dans la pratique réelle ?

L’exactitude des dossiers
médicaux doit être vérifiée.
Les sources de coûts doivent être
déterminées.
L’OMS recommande un taux
d’actualisation de 3 % pour les
coûts et les bénéfices et une analyse
de sensibilité avec un taux de 6 %
pour les coûts et 0 % pour les
bénéfices
Les éléments suivants doivent être
pris en compte :

Intervalle de confiance de
l’estimation ponctuelle de
l’effet du traitement

Coûts

Taux d’actualisation

Durée
L’encadré 1 présente un exemple tiré d’une situation réelle sur la manière dont deux types
différents de thrombolytiques pour le traitement de l’infarctus du myocarde ont été comparés
en Australie du point de vue de leur efficacité et de leur rapport coût-efficacité. Le traitement
habituel de l’infarctus du myocarde a été comparé avec un traitement comportant le traitement
habituel plus soit la streptokinase soit l’activateur du plasminogène. La comparaison a porté
sur a) le coût total du traitement, b) les taux de décès et c) le coût par vie sauvée (ou par décès
évité). Le coût du traitement comprenait tous les coûts directs et indirects.
CPT Participant (final).doc
132
Encadré 1. Analyse économique de deux thrombolytiques dans l’infarctus du myocarde
aigu en Australie
Une revue de la littérature concernant le rapport coût-efficacité de différents thrombolytiques utilisés
dans le traitement de l’infarctus du myocarde a été réalisée en Australie. Le coût des divers
traitements et le taux de mortalité par infarctus du myocarde ont été évalués. Les résultats sont
exposés ci-dessous. Les prix sont indiqués en dollars australiens (AUD).
Coût du traitement et taux de mortalité
Traitement classique de l’infarctus du myocarde : AUD 3,5 millions/1000 cas, 120 décès
Traitement classique + streptokinase (SK) : AUD 3,7 millions/1000 cas, 90 décès
Traitement classique + activateur du plasminogène (tPA) : AUD 5,5 millions/1000 cas, 80 décès
Comparaison des différents traitements
Différence entre traitement avec SK et traitement classique de l’infarctus du myocarde :
Coût du traitement = AUD 3,7 – 3,5 millions/1000 cas = AUD 0,2 million/1000 cas = AUD 200/cas
Nombre de décès évités = 120 – 90 = 30 décès/1000 cas traités
Coût-efficacité de SK = AUD 0,2 million/30 vies = AUD 6700 par vie sauvée
Différence entre traitement avec tPA et traitement classique de l’infarctus du myocarde :
Coût du traitement = AUD 5,5 – 3,5 millions/1000 cas = AUD 2,0 millions/1000 cas = AUD
2000/cas
Nombre de décès évités = 120 – 80 = 40 décès/1000 cas traités
Coût-efficacité de tPA = AUD 2,0 millions/40 vies = AUD 50 000 par vie sauvée
Différence entre traitement de l’infarctus du myocarde avec tPA et avec SK :
Coût du traitement = AUD 2,0 – 0,2 million/1000 cas = AUD 1,8 million/1000 cas = AUD 1800/cas
Nombre de décès évités = 90 – 80 = 10 décès/1000 cas traités
Coût différentiel de tPA par rapport à SK = AUD 1,8 million/10 vies = AUD 180 000 par vie sauvée
Si l’on ne dispose que d’un budget de AUD 500 000, quel médicament choisir ?
Avec SK :
Nombre de cas pouvant être traités = 500 000/200 = 2500 cas
Nombre de vies pouvant être sauvées = (30/1000)x 2500 = 75 vies
Avec tPA :
Nombre de cas pouvant être traités = 500 000/2000 = 250 cas
Nombre de vies pouvant être sauvées = (40/1000) x 250 = 10 vies
Conclusion
Bien que le tPA soit légèrement plus efficace et sauve un peu plus de vies, si l’on tient compte du
coût on voit que davantage de patients peuvent être traités et de vies sauvées en utilisant la SK. En
d’autres termes, le coût excédentaire du tPA par rapport à la SK est si élevé (AUD 180 000 par vie
sauvée) qu’avec le budget limité dont on dispose on pourrait traiter moins de patients et sauver moins
de vies en utilisant le tPA plutôt que la SK.
Sources : Aylward P. 1996. Acute Myocardial Infarction: early treatment. Australian Prescriber
19(2): 52-54. Fibrinolytic Therapy Trialists Collaborative Group. 1994. Indications for fibrinolytic
therapy in suspected acute myocardial infarction : collaborative overview of early mortality & major
morbidity results from all randomized trials of more than 1000 patients. Lancet 343(742):311-322.
CPT Participant (final).doc
133
Autres types d’évaluation économique
Analyse coût-utilité
L’analyse coût-utilité est une méthode d’évaluation économique qui fait appel à la notion
d’utilité comme mesure de la valeur d’une intervention. L’utilité, qui traduit les préférences
que les individus ou la société peuvent avoir pour un ensemble particulier de résultats
concernant la santé, est exprimée en valeurs numériques comprises entre 0 (très mauvaise
santé) et 1 (pleine santé). Le résultat utilisé dans une analyse coût-utilité est un QALY
(nombre d’années de vie ajustées sur la qualité de vie) ou un DALY (nombre d’années de vie
ajustées sur l’incapacité) qui traduit à la fois le gain en années de vie et une mesure du niveau
subjectif de bien-être. On détermine les QALY en ajustant la durée de vie affectée par le
résultat du traitement sur la valeur en termes d’utilité de l’état de santé résultant. Dans une
analyse coût-utilité, le coût différentiel d’une intervention est comparé avec l’amélioration
supplémentaire de l’état de santé attribuable à l’intervention, cette amélioration étant mesurée
par le gain de QALY. Les résultats de l’analyse sont habituellement exprimés en coût par
QALY gagnée.
Il existe plusieurs méthodes pour mesurer et estimer la notion d’utilité. Les valeurs utilisées
pour l’analyse peuvent provenir des patients, du personnel de santé ou du grand public. On
trouvera de plus amples informations sur ces méthodes dans Drummond et al. (2005), mais
ces questions dépassent le cadre de cette session.
L’utilisation des analyses coût-utilité en ce qui concerne les médicaments présente trois
faiblesses : a) la notion d’utilité comme base de l’analyse peut ne pas être un indice fiable ni
complet de la qualité de vie en rapport avec la santé, b) les calculs de QALY peuvent ne pas
traduire avec précision les rapports entre quantité et qualité des années de vie, et c) les
méthodes utilisées pour attribuer des valeurs numériques à la notion d’utilité ne sont pas
comparables, peuvent manquer de fiabilité et n’être pas transposables d’un contexte à l’autre.
Si un CPT souhaite utiliser une telle analyse pour prendre sa décision, il doit s’assurer que
l’étude pourra être évaluée par un expert.
Analyse coût-bénéfice
Une analyse coût-bénéfice est une évaluation économique qui mesure à la fois le coût et les
bénéfices des alternatives de traitement qu’elle compare en valeur monétaire. Les résultats
d’une telle analyse peuvent être présentés sous la forme d’un rapport entre les bénéfices et les
coûts ou d’une simple différence représentant le bénéfice net d’une alternative par rapport à
l’autre. Ils sont exprimés par un rapport bénéfice-coût. Ces analyses sont difficiles à réaliser
avec une fiabilité satisfaisante en ce qui concerne les médicaments et ne doivent pas être
utilisées pour la prise de décision par le CPT sans un avis d’experts sur leur validité et leur
interprétation.
Deux éléments importants des évaluations économiques
Analyse de sensibilité
Tous les types d’évaluation économique doivent être soumis à une analyse de sensibilité, qu’il
s’agisse d’une analyse de minimisation des coûts, d’une analyse coût-efficacité ou de tout
autre type d’analyse. On utilise cette technique pour chiffrer l’incertitude d’une évaluation
économique en faisant varier la valeur attribuée à une variable clé de l’évaluation. Après avoir
CPT Participant (final).doc
134
identifié les variables clés, on détermine un intervalle plausible de valeurs et on refait
l’analyse en attribuant différentes valeurs à ces variables et on observe les modifications au
niveau des résultats. L’analyse de sensibilité peut s’effectuer en modifiant une variable à la
fois, ou plusieurs variables. Si les résultats de l’évaluation sont sensiblement modifiés lors de
l’analyse de sensibilité, ils sont en général moins fiables et doivent être considérés avec
prudence lors de la prise de décision.
Les variables utilisées dans une analyse de coûts sont par exemple le coût d’une consultation
médicale, le prix des médicaments, le coût estimé des réactions indésirables et le nombre de
réactions indésirables observées, les analyses de laboratoire nécessaires avec le traitement, et
la durée du traitement. Dans une analyse de sensibilité, différentes estimations de coût
peuvent être appliquées aux variables et l’analyse est réalisée pour confirmer ou réfuter les
résultats obtenus dans l’étude initiale. (Voir l’exemple à la suite du tableau 2 dans « Analyse
de minimisation des coûts » ci-dessus.)
Actualisation
L’actualisation est une technique utilisée dans les évaluations économiques pour ajuster les
calculs de coûts et de bénéfices dans le temps, selon qu’on souhaite disposer des estimations
de coûts pour la période actuelle ou dans le futur. Le taux d’actualisation est le taux utilisé
pour convertir la valeur de coûts et de bénéfices futurs en leur valeur actuelle. Le choix de ce
taux et de son application aux coûts, aux bénéfices ou aux deux est sujet à controverse –
d’après certains auteurs, les bénéfices ne devraient pas être actualisés. Les taux d’actualisation
se situent classiquement entre 3 et 6 %. Il importe de noter que des taux d’actualisation
différents peuvent considérablement modifier le résultat final de toute analyse de coûtefficacité, et il faut en tenir compte pour savoir si le CPT peut se fier à une analyse.
Evaluation des études pharmaco-économiques
Contrairement aux études cliniques dans lesquelles on compare les médicaments du point de
vue de leur efficacité, il n’y a pas de « règle d’or » pour les études pharmaco-économiques.
Ces études sont réalisées selon plusieurs méthodes différentes, et leurs résultats dépendent en
grande partie de la façon dont l’analyse a été faite. L’utilisation d’études pharmacoéconomiques publiées dans la littérature peut comporter un certain nombre de pièges, de sorte
que le lecteur doit être prudent lors de l’interprétation des résultats, et tiendra notamment
compte des points suivants :

L’un des problèmes importants réside dans l’applicabilité d’une étude à un autre pays
ou une autre communauté – ce qui se justifie sur le plan économique dans une région
du monde peut ne pas être applicable ailleurs.

L’étude contrôlée randomisée est la méthodologie d’étude la plus fiable en ce qui
concerne les médicaments. Malheureusement, les conditions rigoureuses de réalisation
d’un essai clinique ne sont souvent pas représentatives de ce qui se produira dans
d’autres endroits qui n’auront pas les mêmes contraintes (masquage de l’affectation
des sujets, surveillance, analyses de laboratoire, suivi médical intensif).

Avec la vogue des études pharmaco-économiques, on assiste à des différences de
qualité parmi les nombreuses études publiées. Les problèmes sont entre autres
l’emploi d’une méthodologie incorrecte, ce qui amène à des conclusions erronées, et la
définition incorrecte de termes importants en pharmaco-économie.
CPT Participant (final).doc
135

De nombreuses études sont réalisées par les laboratoires pharmaceutiques. Il existe
toujours la possibilité de biais en ce qui concerne l’information sur le médicament
produit par le promoteur de l’étude.

Les études donnant des résultats négatifs se retrouvent rarement dans la littérature.
Cette omission peut être ici encore le fait du promoteur de l’étude, qui peut souhaiter
passer sous silence tous résultats qui ne contribueraient pas à la promotion d’un
médicament particulier.
Le lecteur doit faire preuve de prudence dans l’interprétation des données publiées. Il doit se
poser les questions fondamentales suivantes en présence de toute évaluation économique :

Les patients et les traitements sélectionnés pour l’étude sont-ils analogues à ceux de
ma communauté ?

L’étude est-elle applicable dans mon propre contexte ?

Les coûts des traitements sont-ils entièrement décrits et sont-ils les mêmes que pour
mes patients ?

Les coûts des bénéfices ou de l’efficacité supposée sont-ils entièrement décrits ?

Une analyse de sensibilité a-t-elle été réalisée ?

Qui est le promoteur de l’étude ?

Tous les coûts associés au traitement médicamenteux, y compris à ses résultats bons
ou mauvais, sont-ils décrits (et pas uniquement le prix des médicaments) ?

Une actualisation a-t-elle été faite pour traduire le coût des bénéfices ou conséquences
futurs en valeurs actuelles ?
Une liste de contrôle pour l’examen des évaluations économiques a été préparée à partir de
celle publiée dans Methods for the Economic Evaluation of Health Care Programmes, 3rd ed.
(Drummond MJ, Sculpher GW,Torrance BJ et al. 2005, Oxford University Press).
L’application systématique des points de cette liste (appendice 1) permettra aux lecteurs
d’identifier et d’évaluer les forces et les faiblesses des différentes études.
Activité 1. Analyse de minimisation des coûts pour divers AINS
Le service de soins ambulatoires de votre hôpital voit un grand nombre de patients présentant
des douleurs dorsales, des lésions traumatiques mineures et des douleurs articulaires. Une
étude sur l’utilisation des médicaments dans ce service a montré qu’un pourcentage important
(25 %) de patients recevaient des injections. Un examen approfondi a montré que le
diclofénac en injections était largement utilisé pour tous les types de syndromes douloureux.
En règle générale, la posologie était de 75 mg de diclofénac en injection intramusculaire (IM)
puis 50 mg de diclofénac en comprimés trois fois par jour pendant une semaine.
L’examen de la littérature sur l’utilisation du diclofénac en injection montre que ce traitement
n’est pas plus efficace que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) par voie orale et
entraîne des réactions indésirables significatives, avec douleur au point d’injection et parfois
136
CPT Participant (final).doc
neuropathies. Votre CPT demande une étude de minimisation des coûts pour évaluer les
quatre AINS disponibles dans le service de soins ambulatoires.
Pour l’activité 1, effectuez une analyse de coûts (minimisation des coûts) pour ces
médicaments en vous basant sur la posologie usuelle de sept jours. Les coûts d’acquisition des
produits sont donnés au tableau 6.
Tableau 6. Coûts d’acquisition
Médicament
Dose
Coût par dose
(acquisition)
(USD)
Ibuprofène
400 mg 3 fois
par jour
500 mg 2 fois
par jour
50 mg 3 fois par
jour
75 mg IM, une
seule dose
0,0077
Naproxène
Coût par jour
(traitement)
(USD)
Coût pour 7
jours
(traitement)
(USD)
0,0216
Diclofénac
0,0057
comprimés
Diclofénac
0,07
solution
injectable
+
Diclofénac cp
50 mg 3 fois par 0,0057
50 mg 3 fois par jour
jour
Note : Les autres coûts associés à l’administration des AINS comprennent :

Seringue/aiguille : USD 0,90

Coût des soins infirmiers pour l’administration d’une dose : USD 1,00
1. D’après votre analyse, quel est le schéma thérapeutique le moins coûteux ?
2. Quelle est l’économie réalisée pour 1000 patients traités par le diclofénac en comprimés
par rapport au traitement par le diclofénac en injection + en comprimés ?
3. Effectuez une analyse de sensibilité sur votre analyse de coûts en faisant passer le coût de
la seringue/aiguille à USD 1,50.
4. Quelles seraient les recommandations de votre CPT au sujet des AINS dans cet
établissement de santé ?
Activité 2. Analyse coût-efficacité de deux traitements antipaludiques
Votre CPT envisage d’ajouter une association d’artémisinine pour le traitement du paludisme
non compliqué. Vous avez deux options à examiner : artésunate plus luméfantrine (A+L) ou
artésunate plus méfloquine (A+M).
L’efficacité des deux associations a été résumée comme suit dans une revue systématique :
CPT Participant (final).doc
137

A+L, 6 doses : le nombre de patients avec parasitémie à 28 jours était de 11 sur 289
(4 %)

A+M, 3 jours : le nombre de patients avec parasitémie à 28 jours était de 0 sur 100
(0 %)
La posologie de A+L chez l’adulte est de six doses de quatre comprimés (20 mg + 120 mg).
La posologie de A+M chez l’adulte est de quatre comprimés d’artésunate par jour pendant
trois jours (200 mg par jour) plus 500 mg de méfloquine le jour 2 et 250 mg le jour 3 (pour un
adulte pesant 50 kg).
Un emballage de 24 comprimés de A+L coûte USD 5,00. Le coût de A+M (deux emballages
séparés) est de USD 1,54 pour 12 comprimés d’artésunate à 50 mg et USD 4,57 pour 6
comprimés de méfloquine à 250 mg.
1. Evaluez le rapport coût-efficacité de A+M par comparaison avec A+L.
2. Effectuez une analyse de sensibilité simple, en réduisant l’efficacité de A+M de 5 %
par rapport à celle de A+L. Quels autres critères importants faudra-t-il prendre en
compte lors de l’addition d’un tel médicament à la liste du formulaire ?
3. Lequel de ces deux médicaments est préférable pour la liste du formulaire ?
Résumé
L’évaluation économique est un élément important lorsqu’on cherche à estimer l’utilité d’un
médicament pour la liste du formulaire. La seule détermination du prix d’un médicament est
souvent insuffisante pour déterminer son coût réel pour le système de santé.
Le CPT peut procéder à des évaluations économiques simples, le plus souvent sous forme
d’une analyse de minimisation des coûts. Il est aussi possible de réaliser une analyse coûtefficacité, mais en général seulement dans les grands centres ou au niveau national où l’on
dispose de compétences suffisantes. Le CPT peut néanmoins utiliser les informations
pharmaco-économiques tirées d’essais cliniques ou d’extrapolations raisonnables de ces essais
lors de l’évaluation des médicaments pour la liste du formulaire.
Il est très probable que les professionnels de santé seront de plus en plus confrontés à la
nécessité de procéder à des évaluations de coûts sur les médicaments car les systèmes de santé
exigeront que de telles données soient soigneusement examinées avant toute addition d’un
nouveau médicament à la liste du formulaire.
CPT Participant (final).doc
138
Appendice 1. Liste de contrôle pour l’examen des évaluations économiques
La liste de contrôle en 10 points ci-dessous pour l’examen des évaluations économiques a été
adaptée d’après Drummond et al. (2005). L’application systématique des points de cette liste
permettra aux lecteurs d’identifier et d’évaluer les forces et les faiblesses des différentes
études. Cette liste a été préparée avec l’aimable autorisation de l’Oxford University Press
(www.oup.com).
1. Une question bien définie est-elle posée, sous une forme permettant une réponse
précise ?
1.1. L’étude examine-t-elle à la fois les coûts et les effets du ou des services ou
programmes ?
1.2. L’étude compare-t-elle plusieurs alternatives ?
1.3. Le point de vue duquel se place l’analyse est-il spécifié, et l’étude se situe-t-elle dans
un contexte décisionnel particulier ?
2. Une description complète des alternatives en présence est-elle donnée (c’est-à-dire :
pouvez-vous dire qui a fait quoi, à qui, où et selon quelle fréquence) ?
2.1. Une ou plusieurs alternatives pertinentes ont-elles été omises ?
2.2. Une alternative consistant en l’absence d’intervention a-t-elle été (ou aurait-elle dû
être) examinée ?
3. L’efficacité des programmes ou des services a-t-elle été démontrée ?
3.1. L’efficacité a-t-elle été démontrée au moyen d’un essai clinique contrôlé randomisé ?
Si oui, le protocole de l’essai reflète-t-il la situation qui se rencontrerait dans la
pratique courante ?
3.2. Les données d’efficacité ont-elles été collectées et récapitulées lors d’une revue
systématique des études cliniques ? Si oui, la stratégie de recherche documentaire et
les règles d’inclusion ou d’exclusion des études sont-elles décrites ?
3.3. A-t-on utilisé des données d’observation ou des hypothèses pour démontrer
l’efficacité ? Si oui, quels sont les biais potentiels au niveau des résultats ?
4. Tous les coûts et conséquences importants et pertinents ont-ils été identifiés pour
chaque alternative ?
4.1. L’éventail est-il suffisamment large pour la question de recherche examinée ?
4.2. Couvre-t-il tous les points de vue pertinents ? (Les points de vue possibles
comprennent celui de la communauté ou de la société, celui des patients et celui des
tiers payants. D’autres points de vue peuvent également être pertinents en fonction de
l’analyse particulière.)
4.3. Les coûts d’investissement et les coûts de fonctionnement ont-ils été inclus ?
CPT Participant (final).doc
139
5. Les coûts et les conséquences ont-ils été mesurés exactement dans des unités
appropriées (p. ex. heures de soins infirmiers, nombre de consultations médicales,
jours de travail perdus, années de vie gagnées) ?
5.1. Les diverses rubriques d’utilisation des ressources ont-elles été décrites et justifiées ?
5.2. Une ou plusieurs des rubriques identifiées ont-elles été omises lors de la mesure ? Si
oui, cela signifie-t-il qu’elles n’avaient aucun poids dans l’analyse qui a été faite ?
5.3. Des circonstances spéciales (p. ex. utilisation conjointe de ressources) ont-elles rendu
la mesure difficile ? Ces circonstances ont-elles été prises en compte de façon
appropriée ?
6. Les coûts et les conséquences ont-ils été chiffrés de façon crédible ?
6.1. Les sources de toutes les valeurs ont-elles été clairement identifiées ? (Sources
possibles : valeurs du marché, préférences et avis des patients et clients, avis des
décideurs et des professionnels de santé.)
6.2. Les valeurs du marché ont-elles été employées pour les modifications portant sur
l’augmentation ou la diminution des ressources ?
6.3. Lorsque les valeurs du marché étaient absentes (p. ex. travail bénévole) ou qu’elles ne
reflétaient pas les valeurs réelles (par exemple espace mis à disposition à taux réduit),
des ajustements ont-ils été faits pour avoir une estimation approximative des valeurs
du marché ?
6.4. Le chiffrage des conséquences était-il approprié pour la question posée (le ou les
types appropriés d’analyse ont-ils été choisis – coût-efficacité, coût-bénéfice, coûtutilité) ?
7. Les coûts et les conséquences ont-ils été ajustés pour tenir compte des différentes
dates de réalisation des études ?
7.1. Les coûts et conséquences qui surviendront dans l’avenir ont-ils été rapportés à leur
valeur actuelle ?
7.2. Le taux d’actualisation utilisé a-t-il été justifié ?
8. Une analyse différentielle des coûts et conséquences des diverses alternatives a-t-elle
été réalisée ?
8.1. Les coûts additionnels (différentiels) générés par une alternative par rapport à une
autre ont-ils été comparés du point de vue des effets, bénéfices ou utilité additionnels
générés ?
9. A-t-il été tenu compte des incertitudes dans les estimations des coûts et des
conséquences ?
9.1. Si des données au niveau du patient étaient disponibles pour les coûts et
conséquences, les analyses statistiques appropriées ont-elles été faites ?
CPT Participant (final).doc
140
9.2. Si une analyse de sensibilité a été faite, l’intervalle des valeurs (pour les paramètres
clés de l’étude) et le choix de l’analyse utilisée ont-ils été justifiés ?
9.3. Les conclusions de l’étude étaient-elles sensibles à l’incertitude des résultats
déterminée par l’analyse statistique, l’analyse de sensibilité ou les deux ?
10. La présentation et la discussion des résultats de l’étude incluaient-elles toutes les
questions intéressant les utilisateurs ?
10.1.
Les conclusions de l’analyse reposaient-elles sur un indice ou un rapport global
exprimant les coûts par rapport aux conséquences (par exemple le rapport coûtefficacité) ? Si oui, l’indice était-il interprété de façon raisonnée ou mécanique ?
10.2.
Les résultats ont-ils été comparés avec ceux d’autres auteurs ayant travaillé sur
la même question ? Si oui, a-t-il été tenu compte des différences potentielles de
méthodologie ?
10.3.
L’étude a-t-elle examiné la transposabilité des résultats à d’autres contextes et
groupes de patients ou de clients ?
10.4.
L’étude incluait-elle d’autres facteurs importants pour le choix ou la décision
en cause (par exemple la répartition des coûts et conséquences, ou les questions
d’éthique pertinentes) ou en tenait-elle compte ?
10.5.
L’étude examinait-elle les questions de mise en œuvre, comme la faisabilité de
l’adoption du programme à préférer compte tenu des contraintes financières ou autres,
et la question de savoir si des ressources qui seraient libérées pourraient être
redéployées dans d’autres programmes valables ?
CPT Participant (final).doc
141
SESSION 7. IDENTIFICATION DES PROBLÈMES D’UTILISATION DES
MÉDICAMENTS
Objectif et contenu
La session 7 a pour but de présenter aux participants les méthodes d’identification des
problèmes d’utilisation des médicaments à l’hôpital et dans les établissements de soins de
santé primaires. De nombreux problèmes d’utilisation des médicaments peuvent être difficiles
à détecter dans la pratique courante tant qu’ils ne deviennent pas apparents. L’utilisation des
méthodologies décrites dans cette session permettra aux membres du comité pharmaceutique
et thérapeutique (CPT) d’évaluer plus en détail le système de distribution des médicaments et
de mettre en évidence les problèmes qui peuvent avoir un impact significatif sur les soins aux
patients.
Cette partie du cours, qui est la session la plus longue de cette série sur les CPT, devra être
présentée sur une journée entière et sera suivie par la session 8 : « Comprendre les problèmes
liés à l’utilisation des médicaments – Méthodes qualitatives ».
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Décrire la façon d’utiliser les indicateurs pour identifier les problèmes d’utilisation des
médicaments

Réaliser une étude faisant appel à des indicateurs de prescription sur un échantillon
d’ordonnances et expliquer comment une telle étude peut être utilisée pour identifier
les problèmes d’utilisation des médicaments

Commenter l’utilisation des données globales, y compris les doses journalières
définies (DDD), pour analyser la consommation de médicaments

Réaliser une étude ABC et expliquer comment une telle étude peut être utilisée pour
identifier les problèmes d’utilisation des médicaments, réduire les coûts et améliorer
l’efficacité du système d’approvisionnement en médicaments.

Expliquer comment le système VEN d’établissement des priorités aidera le CPT dans
la sélection et l’achat des médicaments et dans la gestion des stocks
Préparation et matériel
Lire :

« Action Programme on Essential Drugs » dans Comment étudier l’utilisation des
médicaments dans les services de santé (Organisation mondiale de la Santé, 1993)

Managing Drug Supply, Chapitre 41 : « Analyzing and Controlling Drug
Expenditures »

Managing Drug Supply, Chapitre 29 : « Investigating Drug Use »

Guide du participant
CPT Participant (final).doc
142
Pour en savoir plus
Katende-Kyenda N, Dambisya Y, Spring G. 2004. Prescribing Patterns of Antimicrobial
Agents in Private Practice in Umtata, Eastern Cape, South Africa. Central African Journal of
Medicine 50 (1–2):7–10.
Management Sciences for Health. 2001. How to Investigate Antimicrobial Use in Hospitals :
Selected Indicators. Draft Published for the U. S. Agency for International Development by
the Rational Pharmaceutical Plus Program. Arlington, VA : Management Sciences for Health.
Massele AY, Nsimba SE, Rimoy G. 2001. Prescribing Habits in Church-Owned Primary
Health Care Facilities in Dar Es Salaam and Other Tanzanian Coast Regions. East African
Journal of Medicine 78(10):510–514.
Muller A, Monnet DL, Talon D, Henon T, Bertrand X. 2006. Discrepancies between
Prescribed Daily Doses and WHO Defined Daily Doses of Antibacterials at a University
Hospital. British Journal of Clinical Pharmacology 61(5):585–591.
Nwolisa CE, Erinaugha EU, Ofoleta SI. 2006. Prescribing Practices of Doctors Attending to
under Fives in a Children’s Outpatient Clinic in Owerri, Nigeria. Journal of Tropical
Pediatrics 52(3):197–200.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 1993. Comment étudier l’utilisation des
médicaments dans les services de santé. Genève : OMS.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2004. The World Medicines Situation. Genève :
OMS.
Otoom S, Batieha A, Hadidi H, Hasan M, Al-Saudi K, 2002a. Evaluation of Drug Use in
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Otoom S, Batieha A, Hadidi H, Hasan M, Al-Saudi K, 2002b. Evaluation of Drug Use in
Jordan Using WHO Patient Care and Health Facility Indicators. East Mediterranean Health
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Palcevski G, Ahel V, Vlahovic-Palcevski V, Ratchina S, Rosovic-Bazijanac V, Averchenkova
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WHO Collaborating Center for Drug Statistics Methodology. 2000. Guidelines for ATC
classification and DDD assignment. Oslo, Norvège : OMS.
Introduction
Le CPT assume de nombreuses fonctions et responsabilités, comme l’évaluation et la
sélection des médicaments pour la liste du formulaire, l’identification des problèmes
d’utilisation des médicaments et la promotion de stratégies destinés à améliorer l’utilisation
des médicaments. Cette session examine les méthodes qui permettent d’identifier les
problèmes d’utilisation des médicaments dans le système de santé.
CPT Participant (final).doc
143
Un usage inapproprié des médicaments se traduit par des résultats insuffisants au niveau du
patient et gaspille une quantité importante de ressources financières et autres. Ce problème se
retrouve partout dans le monde et en particulier dans les pays en développement. L’impact
d’un usage inapproprié des médicaments sur le système de santé est considérable et peut
entraîner :

Une baisse de la qualité du traitement médicamenteux, qui peut conduire à une
augmentation de la morbidité et de la mortalité

Une augmentation des coûts par suite de l’utilisation d’un médicament, d’une dose,
d’une voie ou d’une quantité incorrects, et du fait des échecs thérapeutiques

Une augmentation du risque d’effets non intentionnels tels que les réactions
indésirables et l’émergence de la résistance aux antimicrobiens
Le CPT doit conduire des activités visant à évaluer et quantifier l’utilisation des médicaments
afin d’identifier les domaines à améliorer. Un problème particulier lié à l’utilisation des
médicaments peut rester inapparent tant que l’analyse de la situation n’a pas été faite.
L’information sur l’utilisation des médicaments peut être obtenue par diverses méthodes.
Cette session passe en revue les activités ci-dessous, qui jouent un rôle important dans
l’identification des problèmes d’utilisation des médicaments :

Indicateurs de l’utilisation des médicaments dans les établissements de santé et les
hôpitaux

Données globales sur la consommation pharmaceutique et l’utilisation des
médicaments
o DDD
o Analyse VEN
o Analyse ABC

Investigation poussée de l’utilisation des médicaments
o Audit des prescriptions (examen des dossiers des patients)
o Etude d’évaluation de l’utilisation des médicaments (DUE)
o Méthodes qualitatives
Les investigations poussées utilisant des méthodes qualitatives pour comprendre les causes
d’un problème d’utilisation des médicaments seront examinées en détail dans la session 8 :
« Comprendre les problèmes associés à l’utilisation des médicaments – Méthodes
qualitatives ».
Partie A. Identification des problèmes d’utilisation des médicaments : études faisant
appel à des indicateurs
Indicateurs pour les établissements de santé
Les indicateurs de l’utilisation des médicaments sont destinés à mesurer certains aspects du
comportement des agents de santé et de l’utilisation des médicaments à l’hôpital ou dans un
centre de santé. Les indicateurs donneront aux administrateurs des soins de santé des
CPT Participant (final).doc
144
informations sur l’utilisation des médicaments, les habitudes de prescription et certains points
importants des soins aux patients. Ils reflètent la situation en ce qui concerne un aspect
important du service de santé fourni.
Caractéristiques d’un bon indicateur
Les indicateurs choisis pour évaluer un service de santé doivent être pertinents, faciles à
produire et à mesurer, valables, réguliers, fiables, représentatifs, sensibles aux changements,
compréhensibles et axés sur l’action.

Pertinents – Un indicateur doit refléter une évolution vers des buts, des objectifs ou
des normes spécifiés au niveau national ou dans le cadre d’un programme.

Faciles à produire et à mesurer – Dans la mesure du possible, les données utilisées
pour les indicateurs de base devraient être issues des activités normales de service et
de surveillance, et devraient se trouver dans les dossiers et rapports de routine.

Fiables – Chaque indicateur doit donner des résultats réguliers au cours du temps et
avec des observateurs différents. Si un observateur rapporte un certain résultat à partir
d’un ensemble de données, on s’attend à ce qu’un deuxième observateur rapporte le
même résultat.

Valables – Chaque indicateur doit permettre une interprétation claire et uniforme et
avoir une signification identique quel que soit l’environnement.

Axés sur l’action – Les données nécessaires pour un indicateur doivent être utiles pour
tous ceux qui procèdent à leur enregistrement, qu’il s’agisse de médecins, de
pharmaciens, d’infirmiers ou d’autres catégories de personnel ; elles doivent conduire
à prendre toutes mesures nécessaires pour améliorer l’utilisation des médicaments.
Les études faisant appel à des indicateurs peuvent avoir plusieurs finalités. Elles peuvent :

Déterminer où il existe des problèmes d’utilisation des médicaments – Lorsqu’une
étude faisant appel à des indicateurs montre des résultats inacceptables pour le CPT,
des mesures peuvent être prises pour rectifier la situation. On vérifie habituellement si
un changement a eu lieu en comparant les indicateurs d’établissements de santé pour
déterminer s’ils présentent une différence significative.

Fournir un mécanisme de surveillance – En répétant l’étude sur une ou plusieurs
années, on obtiendra des informations fiables sur l’application des stratégies destinées
à réduire le problème d’utilisation des médicaments.

Motiver les personnels de santé à améliorer et suivre les normes établies en matière de
soins de santé.
Des indicateurs de l’utilisation des médicaments ont été élaborés par un grand nombre
d’organisations, d’hôpitaux et de gouvernements afin d’identifier les problèmes. L’OMS et le
Réseau international pour l’usage rationnel des médicaments (INRUD) ont élaboré des
indicateurs pour évaluer les soins de santé et l’utilisation des médicaments pour les soins de
santé primaires dans les dispensaires, services de soins de santé primaires et hôpitaux. (Voir
« Action Programme on Essential Drugs » dans le manuel OMS Comment étudier l’utilisation
CPT Participant (final).doc
145
des médicaments dans les services de santé.) Ces indicateurs de l’utilisation des médicaments
(prescription, soins aux patients, établissement, et indicateurs complémentaires), qui sont
simples et parfaitement standardisés, sont utilisés et testés avec succès depuis des années dans
de nombreux pays. Ils peuvent être utilisés dans pratiquement tous les pays et, entre les mains
d’un personnel spécialement formé, donneront des résultats reproductibles. Les différents
types d’indicateurs élaborés par l’OMS et l’INRUD sont décrits dans les sections ci-dessous.
Indicateurs de base pour l’utilisation des médicaments

Indicateurs de prescription
o Nombre moyen de médicaments prescrits par consultation
o Pourcentage de médicaments prescrits sous leur nom générique
o Pourcentage de consultations avec prescription d’un antibiotique
o Pourcentage de consultations avec prescription d’une préparation injectable
o Pourcentage de médicaments prescrits figurant sur la liste des médicaments
essentiels ou la liste du formulaire

Indicateurs de soins aux patients
o Durée moyenne de la consultation
o Durée moyenne de la dispensation
o Pourcentage de médicaments réellement dispensés
o Pourcentage de médicaments correctement étiquetés
o Pourcentage de patients sachant comment prendre leurs médicaments

Indicateurs d’établissements de santé
o Existence d’une liste des médicaments essentiels ou d’une liste du formulaire
pour les praticiens
o Existence d’une série type de médicaments indicateurs
o Existence de directives thérapeutiques standard
Indicateurs complémentaires pour l’utilisation des médicaments

Pourcentage de patients traités sans médicaments

Coût moyen des médicaments par consultation

Pourcentage du coût des médicaments représenté par les antibiotiques

Pourcentage du coût des médicaments représenté par les préparations injectables

Pourcentage de prescriptions conformes aux directives thérapeutiques standard

Pourcentage de patients satisfaits des soins reçus

Pourcentage d’établissements de santé ayant accès à une information impartiale
Ces indicateurs ne représentent qu’un petit nombre des indicateurs de base utilisés avec
succès. D’autres indicateurs peuvent être ajoutés selon les besoins, mais ils ne seront peut-être
pas aussi largement testés que ceux-ci. Les résultats obtenus devront mettre en évidence un
problème particulier d’utilisation des médicaments qui devra être examiné plus en détail et qui
nécessitera en fin de compte l’élaboration d’un plan par le CPT en vue de sa résolution.
La réalisation d’une étude faisant appel à des indicateurs nécessite une planification, une
logistique, du temps et un financement. L’étude comportera les étapes suivantes :

Détermination des objectifs, priorités de l’étude, indicateurs et imprimés
d’enregistrement des indicateurs
CPT Participant (final).doc

146
Détermination de la méthodologie d’étude en fonction des objectifs
o Surveillance au cours du temps et comparaison des établissements (enquête
transversale, séries chronologiques)
o Evaluation des interventions (essai contrôlé randomisé)

Définition des indicateurs et des procédures de collecte des données

Essai pilote des procédures

Formation des personnes chargées de collecter les données

Sélection par tirage au sort des établissements dans la région où seront recueillies les
données

Collecte de données pour environ 30 consultations impliquant l’utilisation de
médicaments dans chaque établissement

Analyse des données

Communication des résultats au CPT pour évaluation et suivi
En règle générale, les investigateurs recueillent les données sur l’utilisation des médicaments
dans un échantillon d’établissements de santé d’une région ou d’un district. Le nombre
d’établissements sélectionnés pour l’obtention des données est variable mais devrait être d’au
moins 20 établissements, avec 30 ordonnances chacun, ce qui donnerait un échantillon total
de 600 ordonnances pour appliquer les indicateurs servant à évaluer l’utilisation des
médicaments. Si l’objectif est de réaliser l’étude dans un seul établissement, il faudra se
procurer à un moment donné au moins 100 ordonnances par établissement ou par prescripteur.
Il est important d’effectuer l’étude dans un cadre chronologique déterminé (par exemple une
fois par trimestre), de façon que le CPT puisse, à intervalles réguliers, suivre les pratiques de
prescription et prendre les mesures nécessaires.
Pour plus d’informations sur la méthodologie d’étude, l’échantillonnage et la logistique pour
un indicateur particulier, on se reportera au chapitre 3 « Plan de l’étude et taille de
l’échantillon » du manuel OMS Comment étudier l’utilisation des médicaments dans les
services de santé.
Les données recueillies pourront être comparées avec les statistiques locales d’utilisation des
médicaments, les statistiques régionales ou les statistiques internationales. Les résultats
pourront être utilisés pour :

Décrire les pratiques actuelles en matière de traitement

Comparer les performances de divers établissements ou prescripteurs

Réaliser un suivi et une supervision périodiques de certains comportements en matière
d’utilisation des médicaments

Identifier les problèmes potentiels d’utilisation des médicaments qui influent sur les
soins aux patients
CPT Participant (final).doc

147
Evaluer l’impact d’une intervention
Une fois un problème potentiel identifié, le CPT doit se tenir prêt à formuler une stratégie
pour y remédier. Les stratégies utilisables peuvent consister en interventions basées sur la
gestion (par exemple étude d’utilisation des médicaments, utilisation de directives
thérapeutiques standard ou de bons de commande structurés), sur l’éducation (par exemple
instructions données en face-à-face ou formation en cours d’emploi) ou sur la réglementation.
Indicateurs utilisés dans les hôpitaux
En réponse aux problèmes de résistance aux antimicrobiens qui se posent à l’échelle
mondiale, Management Sciences for Health (MSH) a élaboré un manuel pour l’évaluation de
l’utilisation des antimicrobiens dans les hôpitaux, How to Investigate Antimicrobial Drug Use
in Hospitals : Selected Indicators (Management Sciences for Health, 2001). Destiné aux
administrateurs des hôpitaux en tant qu’outil d’évaluation de la gestion et de l’utilisation des
antimicrobiens, ce manuel se propose de contribuer à réduire l’usage inapproprié des
antibiotiques.
Le manuel MSH s’adresse aux CPT et aux médecins, pharmaciens et administrateurs des
hôpitaux ainsi qu’aux chercheurs dans le domaine de l’utilisation des médicaments, qui
désirent évaluer et améliorer l’utilisation des antimicrobiens à l’hôpital. Il permet d’effectuer
des comparaisons simples de l’utilisation des antimicrobiens dans un même hôpital au cours
du temps, et d’un hôpital à l’autre.
Le manuel MSH se divise en deux sections. La première décrit les indicateurs de l’utilisation
et de la gestion des antimicrobiens selon une présentation standardisée, et la deuxième
propose des procédures pour les appliquer dans une étude réalisée à l’hôpital. Les indicateurs
ci-dessous sont présentés dans le manuel MSH pour une utilisation à l’hôpital.
Indicateurs pour les hôpitaux
1. Existence de directives thérapeutiques standard et d’une série officiellement reconnue
d’antimicrobiens figurant sur une liste du formulaire
2. Disponibilité d’une série type d’antimicrobiens indicateurs dans les magasins de
l’hôpital le jour de l’étude
3. Nombre moyen de jours pendant lesquels cette série type d’antimicrobiens est en
rupture de stock sur une période de 12 mois
4. Dépenses en antimicrobiens en pourcentage des coûts pharmaceutiques totaux de
l’hôpital
Indicateurs de prescription
5. Pourcentage d’hospitalisations avec prescription d’un ou plusieurs antimicrobiens
6. Nombre moyen d’antimicrobiens prescrits par hospitalisation avec prescription
d’antimicrobiens
CPT Participant (final).doc
148
7. Pourcentage des antimicrobiens prescrits conformes à la liste du formulaire de
l’hôpital (qui peut ou non représenter une partie de la liste nationale des médicaments
essentiels ou de la liste du formulaire au niveau national)
8. Coût moyen des antimicrobiens prescrits par hospitalisation avec prescription
d’antimicrobiens
9. Durée moyenne du traitement par antimicrobiens prescrit
10. Pourcentage de patients admis en chirurgie ayant reçu une prophylaxie par
antimicrobiens
11. Pourcentage de patients atteints de pneumonie ayant reçu une prescription
d’antimicrobiens conformément aux directives thérapeutiques standard
12. Pourcentage d’antimicrobiens prescrits sous leur nom générique
Indicateurs de soins aux patients
13. Pourcentage de doses d’antimicrobiens prescrits réellement administrées
14. Durée moyenne d’hospitalisation des patients ayant reçu des antimicrobiens
Indicateur supplémentaire
15. Nombre de tests de sensibilité aux antimicrobiens rapportés par patient hospitalisé y
compris avec traitement par antimicrobiens
D’autres indicateurs pour les hôpitaux ont été élaborés au Zimbabwe et en Australie et y ont
été utilisés pour surveiller, évaluer et améliorer l’utilisation des médicaments. Ces indicateurs
ont été mis en œuvre par les CPT de ces deux pays et comprenaient :

Nombre moyen de jours d’hospitalisation par patient hospitalisé

Nombre moyen de médicaments prescrits par patient hospitalisé

Pourcentage de médicaments prescrits conformes à la liste du formulaire de l’hôpital

Coût moyen des médicaments par jour d’hospitalisation

Pourcentage de patients présentant une morbidité due à une réaction indésirable
évitable

Pourcentage de patients hospitalisés décédés du fait d’une réaction indésirable évitable

Pourcentage de patients mentionnant un contrôle approprié de la douleur postopératoire

Pourcentage de patients admis en chirurgie recevant une prophylaxie appropriée par
antimicrobiens

Nombre moyen de tests de sensibilité aux antimicrobiens par patient hospitalisé
CPT Participant (final).doc
149
Activité 1. Calcul des indicateurs de prescription à partir d’ordonnances
A l’aide des ordonnances qui vous ont été fournies, calculez les indicateurs de prescription
suivants :

Nombre moyen de médicaments prescrits par consultation

Pourcentage de médicaments prescrits sous leur nom générique

Pourcentage de consultations avec prescription d’un antibiotique

Pourcentage de consultations avec prescription d’une préparation injectable

Pourcentage de médicaments prescrits figurant sur la liste des médicaments essentiels
ou la liste du formulaire
Utilisez la feuille de calcul 1 pour noter vos données et calculs. (Voir annexe 1.)
Activité 2. Calcul des indicateurs de soins aux patients à partir de jeux de rôle mettant
en scène des consultations
Calculez les indicateurs de soins aux patients suivants en observant un jeu de rôle avec les
participants mettant en scène une consultation avec un médecin et un pharmacien

Durée moyenne de la consultation

Durée moyenne de la dispensation

Pourcentage de patients sachant comment prendre leurs médicaments
Partie B. Identification des problèmes d’utilisation des médicaments : méthodes utilisant
des données globales
Les données globales sur l’utilisation des médicaments peuvent être obtenues à partir de
nombreuses sources dans le système de santé. Les registres – des achats, des entrepôts de
médicaments, des stocks de la pharmacie et de la dispensation, des réactions indésirables et
des erreurs médicamenteuses – et les dossiers des patients constituent des sources de données
qui peuvent être utilisées pour obtenir diverses informations, par exemple :

Consommation pharmaceutique

Disponibilité des médicaments

Données sur les coûts pour les médicaments individuels et les catégories
thérapeutiques

Médicaments les plus souvent utilisés

Quantités de certains produits utilisées par personne
CPT Participant (final).doc

Prévalence des réactions indésirables (d’après les imprimés de notification ou
l’examen des dossiers)

Prévalence des erreurs médicamenteuses (d’après les imprimés de notification)
150
L’examen attentif de ces registres donnera au CPT des indications sur l’utilisation des
médicaments, le coût des médicaments, l’incidence des réactions indésirables, les erreurs
d’administration et de dispensation, et autres données. Le CPT doit sans tarder analyser tout
problème identifié lors de l’examen de ces données et élaborer une stratégie pour y remédier.
On pourra utiliser les applications ci-après pour faciliter l’analyse des données globales en
vue d’identifier les problèmes d’utilisation des médicaments.
Dose journalière définie
La consommation de médicaments en termes de coût, telle qu’elle est utilisée dans l’analyse
ABC, peut aider le CPT à vérifier si le budget pharmaceutique est dépensé de la façon la plus
efficace et à identifier les médicaments posant des problèmes et qui devront faire l’objet
d’investigations plus poussées. L’analyse de la consommation pharmaceutique en termes de
quantités peut quant à elle aider à identifier la sur- ou la sous-utilisation de certains
médicaments ou groupes thérapeutiques.
La méthodologie faisant appel à la notion de dose journalière définie (defined daily dose,
DDD) convertit et standardise des données facilement disponibles sur les quantités de
produits (par exemple emballages, comprimés, ampoules de produits injectables, flacons) en
estimations brutes de l’exposition clinique aux médicaments, telles que le nombre de doses
journalières. La DDD, qui est une estimation de la dose journalière d’entretien moyenne pour
l’indication principale du médicament considéré (ce n’est pas la dose réellement prescrite), est
définie à l’échelle mondiale pour chaque médicament par le Centre collaborateur OMS pour
la méthodologie des statistiques pharmaceutiques à Oslo (Norvège)
(http://www.whocc.no/atcddd/) ; les informations ci-après sont en grande partie adaptées du
travail du Centre. La DDD est basée sur la dose d’entretien moyenne chez l’adulte, mais peut
être ajustée pour les études portant sur l’usage pédiatrique.
Les doses recommandées peuvent différer par le nombre d’unités, en milligrammes pour les
formes solides telles que comprimés ou gélules ou en millilitres pour les formes buvables ou
injectables. En convertissant en DDD les quantités totales tirées des registres d’inventaire de
la pharmacie ou des statistiques de ventes, on a une indication approximative du nombre de
jours potentiels de traitement par un médicament qui ont été acquis, distribués ou consommés.
Il devient donc possible de comparer les médicaments au moyen d’unités telles que :

le nombre de DDD par 1000 habitants par jour, pour la consommation pharmaceutique
totale

le nombre de DDD par 100 lits par jour (100 lits-jours), pour l’usage hospitalier.
Par exemple, si les calculs relatifs à l’amoxicilline montrent qu’il y avait 4 DDD pour 1000
habitants par jour en 2002, cela indique qu’un jour donné, 4 adultes sur 1000 personnes ont
reçu une dose journalière de 1 g d’amoxicilline. Si les calculs relatifs à la consommation de
gentamicine sont exprimés sous forme de 2 DDD par 100 lits-jours, cela indique que, sur 100
lits d’hôpital, 2 patients par jour reçoivent 240 mg de gentamicine. La DDD établie pour
l’amoxicilline est de 1 g et pour la gentamicine elle est de 240 mg.
CPT Participant (final).doc
151
Ces unités DDD peuvent ensuite être utilisées pour comparer la consommation de différents
médicaments appartenant au même groupe thérapeutique, qui peuvent avoir une efficacité
similaire mais une posologie différente, ou des médicaments appartenant à des groupes
thérapeutiques différents. On peut ainsi suivre l’évolution de la consommation
pharmaceutique au cours du temps et mesurer l’impact des interventions du CPT destinées à
améliorer l’usage des médicaments. Cette méthodologie permet également de comparer la
consommation d’une région ou d’un hôpital à l’autre. On peut aussi utiliser le coût par DDD
pour comparer le coût de différents médicaments appartenant à la même catégorie
thérapeutique lorsque le traitement n’a pas de durée définie, comme dans le cas des
analgésiques et des antihypertenseurs.
Il faut garder à l’esprit plusieurs points importants concernant les DDD :

La DDD est une unité technique de mesure, établie par convention et basée sur un
examen des informations disponibles sur les doses recommandées par le fabricant, les
recommandations d’experts, et la pratique médicale dans certains pays. Ce qui est
réellement prescrit au patient peut varier en fonction de la maladie traitée et des
directives locales. Dans de tels cas, la dose journalière prescrite est établie par
l’examen d’un échantillon de prescriptions et utilisée pour convertir de la même façon
que les DDD des données globales facilement disponibles. Lorsqu’il existe une grande
différence entre la dose prescrite et la DDD, il faut en comprendre les raisons et les
répercussions avant de pouvoir interpréter correctement les résultats.

Les DDD constituent une unité de mesure indépendante du prix et de la forme
pharmaceutique, ce qui permet d’estimer des tendances de la consommation
pharmaceutique et de faire des comparaisons entre groupes de population et systèmes
de santé.

Il n’a pas été établi de DDD pour les topiques, vaccins, anesthésiques généraux et
locaux, milieux de contraste et extraits d’allergènes.

La méthode des DDD ne doit être utilisée que dans les établissements où des données
fiables sur les acquisitions, les stocks ou les ventes sont enregistrées.
Les DDD peuvent être obtenues auprès de deux sources. La liste officielle est publiée à
intervalles réguliers par le Centre collaborateur OMS pour la méthodologie des statistiques
pharmaceutiques à Oslo (Norvège). MSH publie également les DDD dans son International
Drug Price Indicator Guide, dont l’édition la plus récente date de 2003.
CPT Participant (final).doc
152
Encadré 1. Exemple de calcul utilisant les DDD
Un hôpital de district et des dispensaires utilisent, par an, 22,5 millions de comprimés de captopril
25 mg et 3,0 millions de comprimés de captopril 50 mg. Cette utilisation correspond à une
population de 2,7 millions de personnes.
Le calcul de la consommation de captopril selon la méthode des DDD s’effectuerait comme suit :
Quantité de médicament utilisée en 1 an multipliée par le dosage du produit
(22,5 millions × 25 mg) + (3,0 millions × 50 mg) = 712,5 millions de mg (quantité totale
consommée)
Diviser la quantité totale consommée par la DDD attribuée à ce médicament (pour le captopril = 50
mg)
712,5 millions mg/50 mg = 14,25 millions de DDD
Diviser la quantité totale par 2,7 millions et multiplier le résultat par 1000 (dénominateur de
population pour cette méthode) pour obtenir la DDD/1000 habitants par an (diviser par 365 pour
obtenir la DDD/1000 habitants par jour
DDD/1000 habitants par an = 5278
DDD/1000 habitants par jour = 14,46
La dose calculée pourra alors être utilisée pour comparer la consommation de ce médicament avec
d’autres hôpitaux, régions ou pays. La DDD peut aussi être utilisée pour comparer la consommation
dans la même région sur des périodes prolongées.
Analyse VEN
Le système VEN, dans lequel les médicaments sont classés en fonction de leur impact sur la
santé en trois catégories – vitaux, essentiels et non essentiels – est une méthode reconnue
d’aide à l’établissement de priorités pour les achats de médicaments et la tenue des stocks. Le
CPT devra appliquer ce système au principe du formulaire en identifiant la catégorie VEN de
tous les médicaments approuvés pour la liste.

Les médicaments « V » sont les médicaments vitaux : ils peuvent sauver la vie du
patient, ont d’importants effets secondaires en cas de sevrage (ce qui rend leur
approvisionnement obligatoire) ou sont d’une importance primordiale pour les
services de santé de base.

Les médicaments « E » sont les médicaments essentiels : ils sont efficaces contre des
formes de maladie moins graves mais toutefois significatives, mais non absolument
vitaux pour les soins de santé de base.

Les médicaments « N » sont les médicaments non essentiels : ils sont utilisés pour des
maladies mineures ou spontanément résolutives ; ils peuvent figurer sur la liste du
formulaire et être très importants, mais ce sont les moins importants des articles
détenus en stock dans le système de santé.
CPT Participant (final).doc
153
Les administrateurs disposent de divers moyens pour décider de la façon d’orienter leurs
efforts en vue d’améliorer leur approvisionnement en médicaments. En ce qui concerne
l’acquisition des médicaments et la gestion des stocks, il est possible d’identifier les priorités
en appliquant le système VEN. Quelle que soit la qualité du système d’approvisionnement, il
y aura toujours plus de possibilités d’amélioration que le CPT ne dispose de temps et de
ressources pour les mettre en œuvre. Par conséquent, le CPT et les responsables de
l’approvisionnement en produits pharmaceutiques devront réduire l’éventail des interventions
à ce qui est réalisable et ce qui rapportera le plus pour leurs efforts.
Le système VEN aide les administrateurs à établir des priorités pour la sélection, l’acquisition
et l’utilisation des médicaments en fonction de l’impact potentiel de chacun d’eux sur la santé.
Le principal objectif est de donner la priorité aux médicaments essentiels, capables de sauver
la vie du patient, par opposition aux médicaments coûteux et non essentiels.

L’analyse VEN suppose que les administrateurs soient capables de classer les
médicaments du stock en médicaments vitaux, essentiels et non essentiels. Le
classement dans la catégorie « non essentiels » ne signifie pas qu’un médicament ne
figure plus sur la liste du formulaire ou la liste des médicaments essentiels du système
de santé ; il signifie simplement que le médicament en question peut être considéré
comme moins prioritaire que les autres médicaments de la liste.

Le classement VEN doit être effectué à intervalles réguliers, par exemple lors de la
mise à jour de la liste du formulaire ou de la liste des médicaments essentiels ou
lorsque les priorités de santé publique se modifient.

Certaines personnes trouvent difficile de classer les médicaments en trois catégories et
préfèrent n’utiliser que deux catégories (par exemple vitaux et non essentiels ou
essentiels et non essentiels). Cette préférence n’a pas d’importance tant que les
catégories utilisées sont adéquates et permettent d’établir des priorités claires parmi les
médicaments.

Les commandes de médicaments et la surveillance des stocks doivent être axées sur
les médicaments vitaux et essentiels.

Les stocks de sécurité doivent être plus élevés pour les médicaments vitaux et
essentiels.

L’analyse VEN doit être utilisée pour assurer que des quantités suffisantes de
médicaments vitaux et essentiels sont achetées en premier.

Seuls des fournisseurs fiables doivent être utilisés pour les médicaments vitaux et
essentiels.

La popularité du médicament ne doit avoir qu’une importance minimale. Les critères
d’efficacité démontrée et de coût-efficacité doivent l’emporter sur toute autre
considération.
La réalisation d’une analyse VEN comporte les étapes suivantes :
1. Classer tous les médicaments de la liste en V, E ou N.
CPT Participant (final).doc
154
2. Examiner tous les médicaments classés dans la catégorie N. Si possible,
réduire les quantités à acheter ou supprimer entièrement les achats.
3. Identifier et limiter les doublons thérapeutiques.
4. Réexaminer les quantités proposées pour les achats.
5. Trouver des fonds supplémentaires si nécessaire et si possible.
Le système VEN constitue un service utile pour le système de santé. Quel que soit le
financement disponible, le CPT et le service des achats sauront quelles sont les priorités pour
les commandes de médicaments.
Analyse ABC
L’analyse ABC est une méthode qui permet de déterminer et de comparer le coût des
médicaments dans le système du formulaire. Les principes de base de l’analyse ABC peuvent
être appliqués à diverses situations où l’on s’intéresse uniquement à un sous-ensemble de
questions ou de problèmes.
La règle des 80/20, aussi connue sous le nom de principe (ou loi) de Pareto, repose sur les
observations d’un économiste italien, Vilfredo Pareto. Ce principe peut aussi s’énoncer
comme la séparation des quelques éléments vitaux parmi la masse des éléments ordinaires,
car dans tout groupe d’éléments contribuant à un effet commun, la majeure partie de l’effet
est attribuable à un nombre relativement réduit de contributeurs.
Pour les administrateurs, ce principe peut être utilisé pour déterminer, parmi les nombreuses
possibilités d’amélioration, lesquelles devront être envisagées en premier, ce qui leur
permettrait de focaliser leurs efforts sur les quelques possibilités susceptibles d’avoir le
maximum d’impact.
En ce qui concerne l’approvisionnement en médicaments, les administrateurs savent que
quelques articles du stock représentent à eux seuls la plus grande dépense ou la plus forte
consommation. En partant du même principe que la règle des 80/20, l’analyse ABC identifie
en fait trois catégories : les articles de la catégorie A sont les quelques articles qui
représentent le coût et le volume d’achat les plus élevés. Pris dans leur ensemble, ils
représentent 70 à 80 % de la valeur des médicaments achetés ou consommés. Les articles de
la catégorie B représentent le groupe des 15–20 % suivants, et ceux de la catégorie C les
articles de faible coût ou achetés en faibles quantités. Les administrateurs peuvent commencer
par concentrer leurs efforts sur les articles relativement peu nombreux de la catégorie A, qui
donneront le maximum d’impact.
Applications de l’analyse ABC pour un CPT
Un CPT peut utiliser l’analyse ABC pour :

Déterminer dans quelle mesure la consommation réelle de médicaments reflète les
besoins de la santé publique et le tableau de morbidité

Réduire le volume et le coût des stocks en prévoyant des achats ou des livraisons plus
fréquents de plus petites quantités de médicaments de la catégorie A
CPT Participant (final).doc
155

Rechercher des baisses de coût importantes en obtenant des prix plus bas pour les
articles de la catégorie A

Réduire les stocks d’articles qui ont un usage limité mais qui coûtent beaucoup
d’argent au système

Obtenir des informations pour le choix des alternatives ayant le meilleur rapport coûtefficacité et pour trouver des possibilités de substitution thérapeutique

Rassembler des informations pour l’analyse pharmaco-économique. L’analyse ABC
fournira des informations de base pour l’analyse de minimisation des coûts et
l’analyse coût-efficacité.
L’analyse ABC sera facilitée par l’utilisation d’un tableur informatique qui effectuera les
calculs nécessaires. Par exemple, les données des registres électroniques d’achats pour un
hôpital particulier peuvent être exportées vers une feuille de calcul pour l’analyse. Bien qu’un
tableur ne soit pas absolument indispensable, il devient de plus en plus utile à mesure que le
nombre d’articles à entrer augmente et que l’analyse se complique.
La réalisation d’une analyse ABC comporte sept étapes :
1. Dresser la liste de tous les articles achetés ou consommés et entrer le coût unitaire.
2. Pour chaque article, entrer les quantités consommées sur une période définie (par
exemple 1 an)
3. Calculer la valeur de consommation (en utilisant le coût d’acquisition).
4. Trier la liste par ordre décroissant de la valeur totale.
5. Calculer le pourcentage de la valeur totale que représente chaque article.
6. Calculer le pourcentage cumulatif de la valeur totale pour chaque article. En
commençant par le premier article en partant du haut, ajouter son pourcentage à celui
de l’article qui le suit.
7. Choisir les limites ou les seuils pour les médicaments des catégories A, B et C. Par
exemple :

Utilisation annuelle la plus importante (soit 10–20 % des articles commandés
et 70–80 % des fonds)

Utilisation annuelle modérée (soit 10–20 % des articles commandés et 15–
20 % des fonds)

Utilisation annuelle la plus faible (soit 60–80 % des articles commandés et 5–
10 % des fonds)
Après avoir effectué l’analyse ABC, on évaluera soigneusement les résultats de chaque
catégorie, en particulier ceux de la catégorie A. L’analyse des données fournira des
informations importantes concernant la sélection, l’achat et l’utilisation rationnelle des
médicaments.
CPT Participant (final).doc
156
Etudes d’évaluation de l’utilisation des médicaments
Une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments (drug use evaluation, DUE en
anglais) est une méthode qui permet d’obtenir des informations et d’identifier les problèmes
en rapport avec l’utilisation des médicaments. Correctement élaborée et appliquée, elle
constitue un mécanisme d’identification des problèmes d’utilisation des médicaments et
donne en outre les moyens d’y remédier. Les études d’évaluation de l’utilisation des
médicaments peuvent se définir comme un programme d’évaluation continue, systématique,
basée sur des critères, qui aide à assurer que les médicaments sont correctement utilisés. Si un
traitement s’avère inapproprié, des interventions seront nécessaires au niveau du prescripteur
ou du patient pour optimiser le traitement médicamenteux.
Une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments peut être structurée de façon à
évaluer le processus effectif d’administration ou de dispensation d’un médicament (par
exemple indications appropriées, dose, réactions indésirables) ou à évaluer l’issue du
traitement (par exemple guérison de l’infection ou baisse du taux de lipides). Les objectifs
d’une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments sont :

Identification des domaines dans lesquels une information et une formation
complémentaires des agents de santé seraient nécessaires

Assurance que le traitement médicamenteux répond aux normes de soins en vigueur

Elaboration de directives (critères) pour l’utilisation appropriée des médicaments

Renforcement des responsabilités dans le processus d’utilisation des médicaments

Contrôle des coûts pharmaceutiques

Promotion d’un traitement médicamenteux optimal

Prévention des problèmes liés au traitement médicamenteux

Evaluation de l’efficacité du traitement médicamenteux

Encouragement des améliorations dans l’utilisation des médicaments
Les concepts de l’utilisation des études d’évaluation de l’utilisation des médicaments sont
décrits plus en détail dans la session 11 : « Etudes d’évaluation de l’utilisation des
médicaments». Etudiez cette session pour plus de renseignements sur cette méthode
d’identification des problèmes d’utilisation des médicaments.
Activité 3. Réalisation d’une analyse VEN
Le CPT et les responsables des approvisionnements en médicaments peuvent utiliser divers
moyens pour trouver la meilleure façon de focaliser leurs efforts en vue d’améliorer ces
approvisionnements. En ce qui concerne la gestion et l’acquisition des médicaments, l’un des
moyens d’identifier les priorités consiste à appliquer le système VEN. Ce système aide à
établir les priorités pour la sélection, l’acquisition et l’utilisation des médicaments en fonction
de l’impact potentiel de chaque médicament sur la santé. Le principal objectif est de donner la
priorité aux médicaments essentiels, capables de sauver la vie du patient, par opposition aux
médicaments coûteux et non essentiels.
CPT Participant (final).doc
157
Pour réaliser l’étude VEN, il faut être capable de classer les médicaments détenus en stock en
trois catégories : vitaux, essentiels et non essentiels. Le classement dans la catégorie « non
essentiels » ne signifie pas qu’un médicament ne figure plus sur la liste du formulaire ou la
liste des médicaments essentiels du système de santé ; il signifie simplement que le
médicament en question peut être considéré comme moins prioritaire que les autres
médicaments de la liste.

Formez un petit groupe représentant un comité de sélection des médicaments. Prenez
la feuille de calcul 2 partiellement remplie. (Voir annexe 1.)

Votre hôpital a reçu le nouveau budget pour les achats de l’année prochaine. Il se
monte à USD 250 000, soit USD 46 046 de moins que ce qui avait été utilisé pour les
précédents achats, présentés sur la feuille de calcul pour l’analyse ABC.

Appliquez le système VEN aux médicaments de la liste et répondez aux questions
suivantes :
o A quels médicaments attribueriez-vous une priorité moins élevée pour les
achats de l’années prochaine ?
o Réexamineriez-vous certaines quantités ? Pourquoi ?

Choisissez un représentant du groupe pour présenter vos conclusions devant
l’ensemble des participants.
Activité 4. Réalisation d’une analyse ABC
En général, un petit nombre de médicaments représentent la majeure partie des fonds utilisés,
et un grand nombre d’autres articles représentent à eux tous une plus petite partie. L’analyse
ABC est une technique simple mais puissante qui peut être utilisée pour examiner de façon
critique comment les médicaments sont utilisés et comment les fonds sont dépensés dans un
système pharmaceutique.
Dans cette activité, vous réaliserez une analyse ABC, étape par étape, en utilisant des données
d’acquisition et de consommation. Ces données seront utiles au CPT car elles montreront
comment certains médicaments utilisent un pourcentage important du budget et dans quels
domaines une évaluation plus poussée par le CPT pourrait être nécessaire.
Une analyse par catégories thérapeutiques est également prévue dans le cadre de cette activité,
mais elle peut être considérée comme facultative.

Examinez les sept étapes de la réalisation d’une analyse ABC puis complétez les
feuilles de calcul 2 et 3. (Voir annexe 1.)

Répondez aux questions suivantes :
o Combien d’articles « A » y a-t-il ? Combien d’articles « B » ? Combien
d’articles « C » ?
o Quel pourcentage de tous les articles les articles « A » représentent-ils ? Et les
articles « B » ? Et les articles « C » ?
CPT Participant (final).doc
158
o Quelle est la valeur de consommation pour chaque catégorie ?
o Quel pourcentage de la consommation totale représente chaque catégorie ?
o Quels produits particuliers pourraient devoir être réexaminés plus en détail par
le CPT en raison de leur taux de consommation ?
Activité 5. Réalisation d’une analyse ABC/VEN avec les données des participants
En utilisant les données que vous avez apportées de votre hôpital, effectuez une analyse ABC
et une analyse VEN sur tous les médicaments qui sont disponibles. Utilisez les ordinateurs du
cours ou, si votre liste de médicaments est courte, faites l’analyse à la main.
Préparez un bref rapport de votre analyse, avec les points suivants :

Nombre de médicaments

10 premiers médicaments par ordre de valeur

Nombre de médicaments dans la catégorie « A »

Liste de tous les médicaments « V »

Recommandations pour la liste du formulaire à partir de cette analyse ABC/VEN
Résumé
Une des fonctions importantes du CPT est d’identifier les problèmes d’utilisation des
médicaments et de mettre en œuvre des mesures correctrices. Il existe de nombreuses
méthodes pour obtenir des informations sur l’utilisation des médicaments. Cette session a
présenté plusieurs éléments importants, notamment l’utilisation d’indicateurs pour les
établissements de santé et pour l’utilisation d’antimicrobiens à l’hôpital, l’analyse ABC/VEN,
l’utilisation des DDD et les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments.
Réaliser une étude faisant appel à des indicateurs est une méthode utile pour :

Identifier les problèmes d’utilisation des médicaments au niveau du patient

Surveiller l’utilisation des médicaments par les prescripteurs

Evaluer l’impact des interventions
Les indicateurs sont utiles dans les domaines suivants des soins de santé :

Prescription

Soins aux patients

Etablissements de santé

Hôpitaux
CPT Participant (final).doc
159
D’autres méthodes permettent d’identifier les problèmes d’utilisation des médicaments au
moyen de données globales :

Analyse DDD

Analyse VEN

Analyse ABC

Examen des dossiers des patients

Etudes d’évaluation de l’utilisation des médicaments
Il peut être difficile de se rendre compte des nombreux problèmes d’utilisation des
médicaments qui peuvent se rencontrer dans un établissement donné. Certains problèmes
seront toujours apparents, mais la grande majorité nécessiteront une analyse et une évaluation
des données avant que leurs effets défavorables sur les soins aux patients ne se manifestent.
Cette analyse attentive produira des informations utiles sur les médicaments et sur les
traitements qui nécessiteront une évaluation plus poussée et en fin de compte des
interventions correctrices.
160
CPT Participant (final).doc
Annexe 1. Feuilles de calcul pour les activités
Feuille de calcul 1. Imprimé pour l’indicateur de prescription
Lieu :
N°
d’ordre
Investigateur :
Nombre de
médicaments
Date :
Nombre de
génériques
Antibiotiques
0/1*
Préparations
injectables
0/1*
Nombre sur la
liste des
médicaments
essentiels
% du total des
médicaments
% du total
des cas
% du total
des cas
% du total des
médicaments
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
Total
Moyenne
%
0 = Non ; 1 = Oui
Diagnostic
(facultatif)
161
CPT Participant (final).doc
Feuille de calcul 2. Analyse ABC/VEN – Résultats des calculs et classement
Description du produit
Unité
de base
Ampicilline 125 mg/5 ml, poudre pour suspension, 100 ml
Benjoin, teinture composée
Benzylpénicilline 1 MU, préparation injectable
Calcium gluconate 600 mg, comprimé
Chlorhexidine, solution 5 %
Chlorhexidine/cétrimide, solution 1,5 % + 15 %
Chloroquine 50 mg base/ml, sirop
Chloroxylénol, solution 5 %
Chlorphénamine maléate 4 mg, comprimé
Codéine phosphate 15 mg/ml, sirop
Cotrimoxazole 400 mg/80 mg, comprimé
Dipyrone 500 mg/ml, préparation injectable, 5 ml
Eau pour préparations injectables, 10 ml
Erythromycine 250 mg, comprimé
Gentamicine sulfate 80 mg, préparation injectable, 2 ml
Hyoscine N-butylbromure 10 mg, comprimé
Métronidazole 200 mg, comprimé
Métronidazole 200 mg/5 ml, suspension
Multivitamines, comprimé/gélule
Nitrofurantoïne 100 mg, comprimé
Oxytocine 10 UI, préparation injectable, 1 ml
Pénicilline procaïne forte 4 MU, préparation injectable
Peroxyde d’hydrogène, solution 6 %
Phénobarbital 60 mg, comprimé
Piroxicam 20 mg, gélule
Prednisolone 5 mg, comprimé
Propranolol 40 mg, comprimé
Pseudoéphédrine 60 mg/triprolodine 2,5 mg, comprimé
Sels ferreux, équiv. à 60 mg de fer base, comprimé
Vitamine B complexe, comprimé
Total
Flacon
Millilitre
Ampoule
Comprimé
Millilitre
Millilitre
Millilitre
Millilitre
Comprimé
Millilitre
Comprimé
Ampoule
Ampoule
Comprimé
Ampoule
Comprimé
Comprimé
Millilitre
Comprimé
Comprimé
Ampoule
Flacon
Millilitre
Comprimé
Gélule
Comprimé
Comprimé
Comprimé
Comprimé
Comprimé
Prix
unitaire
(USD)*
0,5119
0,0067
0,5276
0,0032
0,0073
0,0064
0,0014
0,0034
0,0009
0,0052
0,0098
0,0898
0,0287
0,0350
0,0628
0,0174
0,0052
0,0055
0,0022
0,0055
0,2468
0,3026
0,0016
0,0047
0,0099
0,0079
0,0067
0,0536
0,0007
0,0025
Nombre
total
d’unités
43 970,00
532 000,00
144 000,00
995 000,00
2 504 000,00
1 552 000,00
5 610 000,00
10 728 000,00
555 000,00
490 000,00
860 000,00
65 000,00
220 500,00
262 000,00
130 800,00
380 000,00
1 080 000,00
900 000,00
3 395 000,00
860 000,00
14 500,00
100 000,00
632 000,00
135 000,00
97 000,00
65 000,00
33 000,00
100 000,00
3 280 000,00
1 440 000,00
* USD = Dollars des Etats-Unis d’Amérique ; prix de soumission
Valeur
(USD)
% de la
valeur
totale
Classement
par
valeur
162
CPT Participant (final).doc
Feuille de calcul 3. Analyse ABC – Feuille de résultats
N°
d’ordre
Description du produit
Unité
de base
Prix
unitaire
(USD)*
Nombre
total
d’unités
Valeur
(USD)
% de la
valeur
totale
%
cumulatif
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
Total
* USD = Dollars des Etats-Unis d’Amérique ; prix de soumission
CPT Participant (final).doc
163
SESSION 8. COMPRENDRE LES PROBLÈMES ASSOCIÉS À L’UTILISATION DES
MÉDICAMENTS – MÉTHODES QUALITATIVES
Objectif et contenu
La session 8 est destinée à fournir des informations sur la façon dont les membres du comité
pharmaceutique et thérapeutique (CPT) peuvent rechercher les causes des problèmes
d’utilisation des médicaments qui surviennent dans leur système de santé. On y exposera
quatre méthodes qualitatives utilisées pour comprendre et documenter comment des facteurs
tels que les connaissances, les incitations financières ou les attitudes et croyances influent sur
l’utilisation des médicaments.
L’examen des conséquences de l’utilisation inappropriée des médicaments montre clairement
la nécessité de rechercher les raisons des comportements du prescripteur et du patient. Les
exemples ci-dessous illustrent la diversité des cas d’utilisation inappropriée des médicaments :

Prescription d’un trop grand nombre de médicaments pour un patient

Prescription d’une dose incorrecte ou d’un médicament incorrect

Utilisation d’antibiotiques chez un patient atteint d’infection virale

Recours excessif aux stupéfiants chez un patient souffrant de douleurs mineures

Prescription de médicaments alors qu’aucun n’est nécessaire
Lorsqu’un problème d’utilisation des médicaments est identifié, le CPT doit élaborer un plan
avec des interventions pour le résoudre ou l’améliorer. Cependant, avant de planifier une
intervention, les membres du CPT doivent connaître les raisons du comportement conduisant
au problème. Le CPT peut utiliser les méthodes exposées dans cette session pour identifier les
causes du comportement à l’origine du problème et ensuite recommander les interventions les
plus appropriées.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Identifier quatre méthodes qualitatives d’investigation de l’utilisation des
médicaments et des comportements en matière de prescription

Comprendre l’utilisation des méthodes qualitatives pour déterminer la cause des
problèmes documentés d’utilisation des médicaments

Elaborer un outil qualitatif simple pour l’investigation de l’utilisation des
médicaments
Préparation et matériel
Lire le Guide du participant.
CPT Participant (final).doc
164
Pour en savoir plus
Arhinful DK et al. (International Network for Rational Use of Drugs Social Scientists
Working Group). 1996. How to Use Applied Qualitative Methods to Design Drug Use
Interventions (working draft). Arlington, VA : Management Sciences for Health.
Management Sciences for Health and World Health Organization. 1997. Managing Drug
Supply (Chapitre 29, paragraphe 29.4 : « Investigating the Reasons for Drug Use Problems :
Qualitative Methods ») 2nd ed. West Hartford, CT : Kumarian Press.
Introduction
La discussion sur les médicaments et leur utilisation a lieu à la fin de la consultation médicale.
Les professionnels de santé doivent être sûrs de donner le bon médicament au bon patient, et
le patient doit comprendre le traitement et le suivre correctement, sinon son état de santé
risque de ne pas s’améliorer comme prévu.
Comme exemples d’utilisation irrationnelle des médicaments, on peut citer :

Prescription de médicaments pour une affection spontanément résolutive dans laquelle
l’état du patient s’améliorerait sans médicaments (par exemple prescription
d’ampicilline pour un simple rhume).

Prescription de plusieurs médicaments lorsqu’un plus petit nombre aurait le même
effet (par exemple prescription de chloroquine et de paracétamol lorsque le patient a
de la fièvre mais sans paludisme confirmé).

Prescription d’un médicament incorrect (par exemple prescription de médicaments
agissant sur la motricité digestive chez un enfant atteint d’une simple diarrhée pour
laquelle un traitement par une solution de réhydratation orale est indiqué).

Tests diagnostiques de base non demandés avant la prescription (par exemple
prescription d’une coûteuse céphalosporine de troisième génération en l’absence de
culture montrant l’efficacité du médicament prescrit contre la souche de microorganisme présente chez le patient).

Prescription de préparations injectables plus coûteuses lorsque le patient peut prendre
des médicaments par voie orale (par exemple prescription d’ampicilline 500 mg sous
forme injectable au lieu d’ampicilline en comprimés à 500 mg, généralement moins
chère).

Dispensation d’une quantité incorrecte de médicament au patient (par exemple
dispensation de six comprimés seulement de cotrimoxazole lorsque l’ordonnance
indique de prendre un comprimé deux fois par jour pendant cinq jours).

Mauvaise observance du traitement en raison d’un étiquetage insuffisant du
médicament. Les instructions sur la posologie, par exemple, doivent figurer sur
l’étiquette de l’emballage ou du conditionnement de façon que le patient puisse s’y
référer une fois rentré chez lui et pris par ses activités habituelles.
CPT Participant (final).doc
165
Parmi les raisons qui poussent les praticiens à prescrire et dispenser les médicaments de façon
irrationnelle figurent la recherche du profit, le manque de connaissances et le manque de
confiance dans leur capacité à fournir des soins de qualité.
Comme l’une des principales fonctions du CPT consiste à identifier les domaines d’usage
irrationnel des médicaments et par la suite à prévoir des interventions destinées à corriger les
comportements à l’origine des problèmes, il lui faut une procédure systématique de recueil
des données sur l’utilisation des médicaments.
Les méthodes quantitatives de collecte de données comme les analyses ABC et VEN
(médicaments vitaux, essentiels et non essentiels) et les méthodes utilisant les doses
journalières définies (DDD), les indicateurs OMS pour les établissements de santé et les
indicateurs de prescription dans les hôpitaux, sont décrites dans la session 7 : « Identification
des problèmes d’utilisation des médicaments ». Les études d’évaluation de l’utilisation des
médicaments, une méthode permettant d’identifier et de corriger les problèmes d’utilisation
des médicaments, sont décrites dans la session 7 et dans la session 11 : « Etudes d’évaluation
de l’utilisation des médicaments ». Ces méthodes quantitatives identifient la présence de
problèmes d’utilisation des médicaments et leur ampleur mais ne déterminent pas
nécessairement pourquoi ces problèmes surviennent.
Les méthodes qualitatives décrites dans la présente session offrent des moyens de cibler les
dispensateurs de soins de santé, les patients, les interactions prescripteur-patient, et
l’ensemble des facteurs culturels, sociaux, économiques et structurels qui peuvent influencer
les comportements – donc le pourquoi des problèmes d’utilisation des médicaments. Les
méthodes décrites ici sont :

Discussions en groupe

Entretiens approfondis

Observations structurées

Questionnaires structurés
Définitions clés
Discussion en groupe – Dans une discussion en groupe, un petit nombre de personnes (6 à
10) ayant des caractéristiques similaires du point de vue de l’âge, du sexe ou du type
d’activité sont réunies par les chercheurs en vue d’un débat sur un sujet déterminé. Un
modérateur qualifié encourage les participants à révéler les opinions, attitudes et motivations
qui sont à la base du problème étudié. La discussion est enregistrée et analysée de façon
systématique afin d’identifier les thèmes et points principaux. Cette méthode permet
d’identifier un large éventail de croyances et d’opinions.
Entretien approfondi – Un entretien approfondi est une discussion prolongée entre un
répondant et un interviewer. La discussion est souple, souvent non structurée et permet à
l’enquêteur d’encourager son interlocuteur à parler aussi longtemps qu’il le souhaite d’un
sujet particulier.
CPT Participant (final).doc
166
Observation structurée – La méthode d’observation structurée fait appel à des personnes
qualifiées pour observer une série de consultations. Les observateurs inscrivent les
comportements et les impressions qu’ils perçoivent pendant les consultations ou, selon le
protocole d’étude, inscrivent une note pour chaque interaction observée en s’appuyant sur un
ensemble d’indicateurs spécialement préparés.
Questionnaire structuré – L’utilisation d’un questionnaire structuré suppose la préparation
d’une liste de questions avec une liste préétablie de réponses ou d’options de façon à recueillir
l’information souhaitée d’une manière standardisée quel que soit le répondant. Le
questionnaire peut être administré par un enquêteur ou rempli par le répondant lui-même.
Cette méthode permet d’identifier la fréquence des croyances et opinions chez les praticiens
du groupe cible.
Application des méthodes qualitatives aux études sur l’utilisation des médicaments
Avant d’établir une procédure pour corriger un problème identifié d’utilisation des
médicaments, le CPT devra déterminer pourquoi les prescripteurs et les patients agissent
comme ils le font, ce qui donnera une idée de la façon dont leur comportement d’utilisation
inappropriée des médicaments pourra être modifié. On trouvera ci-dessous quelques exemples
d’utilisation des méthodes qualitatives dans un système de santé. Elles peuvent :

Compléter une étude quantitative

Rassembler des données pour explorer un sujet peu connu

Fournir des données de référence avant la préparation des matériels de formation
destinés à une intervention éducative prévue et pour élaborer des interventions basées
sur la gestion et sur la réglementation.
Pour donner un exemple de l’utilisation des méthodes qualitatives, la prescription selon les
noms de spécialités était très en faveur dans un hôpital de district. Malgré de nombreuses
interventions comprenant des discussions en face-à-face, des activités de formation continue
et des changements de politiques et de procédures, les médecins continuaient à prescrire par
noms de spécialités. Au moyen de méthodes qualitatives, les investigateurs ont découvert que
les médecins recevaient des « avantages » éducatifs de la part des laboratoires
pharmaceutiques en échange de la prescription de produits de marque. Une fois connue la
raison de ce comportement, le problème a été corrigé. Certains autres facteurs ont une
influence sur l’utilisation des médicaments :

Facteurs personnels – y compris les habitudes acquises et les croyances culturelles

Facteurs interpersonnels – en relation avec la demande du patient

Groupe professionnel et lieu de travail – infrastructure, autorité et supervision,
relations avec les collègues, questions en rapport avec la charge de travail

Facteurs en rapport avec l’information – problème de l’information impartiale, en
particulier en provenance de l’industrie pharmaceutique
CPT Participant (final).doc
167
Méthodes qualitatives
Discussions en groupe
Cette technique peut être utilisée par un CPT pour identifier un large éventail de croyances,
d’opinions et de motivations chez un groupe cible. Les principales caractéristiques de cette
technique sont décrites ci-dessous.
Participants
La constitution du groupe dépendra du problème d’utilisation des médicaments étudié. Un
groupe de discussion est normalement réduit, avec 6 à 10 participants. Il n’est pas nécessaire
de sélectionner les participants par tirage au sort comme dans d’autres types d’études. Ici,
l’investigateur choisit les participants en fonction de leur capacité à apporter des informations
importantes sur la question étudiée.
Locaux
Le groupe se réunit dans un lieu informel de façon que les participants se sentent à l’aise et
puissent exposer librement leurs opinions sur la question étudiée.
Nombre de groupes de discussion et de séances
Le nombre de groupes et de séances de discussion varie selon la nature de la population
d’étude et de ses caractéristiques sociales. La règle générale est de réaliser autant de
discussions avec les groupes cibles qu’il est nécessaire pour répondre aux questions de
l’étude. Si la population d’étude est variée, il faut en général deux à quatre séances de
discussion pour chaque groupe cible important. Une seule discussion sur un sujet d’étude dans
un groupe cible particulier suffit rarement. Lorsqu’on constitue un groupe de discussion, il
faut tenir compte de la dynamique de groupe et éviter qu’une personne du groupe se sente
intimidée par la position officielle d’une autre personne dans le système de santé ; on évitera
par exemple de mettre ensemble des agents de santé et des directeurs d’hôpitaux, des
infirmiers ou des médecins.
Modérateur et rapporteur
Un modérateur guide la discussion pour éviter qu’elle ne s’écarte du sujet et encourage les
participants à exprimer pleinement leurs opinions sur les questions étudiées. Le modérateur
doit veiller à ne pas s’imposer au groupe mais au contraire chercher à susciter les réponses des
participants.
Le rapporteur du groupe est chargé de noter, pendant la discussion, les expressions verbales et
non verbales pour s’y référer ultérieurement. L’enregistrement peut être réalisé à l’aide d’un
magnétophone, d’une caméra vidéo, sur un ordinateur portable ou encore à la main. En
général, le rapporteur ne participe pas à la discussion.
Avantages et inconvénients
La méthode des discussions en groupe a l’avantage d’être relativement peu coûteuse à réaliser
et de pouvoir être organisée en peu de temps. Les séances de discussion durent souvent moins
de deux heures. Les discussions peuvent identifier un large éventail de croyances et d’idées.
CPT Participant (final).doc
168
Les inconvénients de la méthode résident dans le fait que les groupes peuvent ne pas être
représentatifs de la population cible dans son ensemble, car les participants ne sont pas choisis
au hasard. De plus, la réussite de la discussion dépend largement des capacités du modérateur,
qui peut laisser les biais des réponses des participants influencer l’étude lorsque les idées ou
opinions sont exprimées de façon exagérée, ou qui peut laisser quelques fortes personnalités
dominer le débat.
Entretiens approfondis
Le CPT peut faire appel à la technique de l’entretien approfondi pour élargir les résultats
d’une étude quantitative en explorant les raisons pour lesquelles les personnes responsables de
problèmes d’utilisation des médicaments agissent comme elles le font ou pour évaluer
l’impact d’une intervention mise en œuvre par le comité. Les principales caractéristiques de
cette technique sont décrites ci-dessous.
Participants
L’entretien approfondi est individuel, c’est-à-dire que seuls le répondant et l’enquêteur sont
présents lors de l’entretien. Les participants ne sont pas sélectionnés au hasard, mais selon
leur position dans le système de santé, où leurs attitudes, leurs croyances et leurs
connaissances sont supposées similaires à celles de la population ou du groupe cible dans son
ensemble.
Nombre d’entretiens
Le nombre d’entretiens à réaliser dépend de la diversité de la population cible. De 5 à 10
entretiens approfondis suffisent pour chaque groupe cible important. Un entretien peut couvrir
10 à 20 sujets en relation avec les problèmes étudiés.
L’entretien et l’enquêteur
L’entretien porte sur des sujets prédéfinis mais ouverts. Cette technique permet au répondant
de parler des sujets dans la mesure où ils l’intéressent. L’enquêteur doit avoir reçu une
formation en sciences sociales ou en conduite d’entretiens, ou avoir une formation et une
expérience suffisante dans des domaines en relation avec la santé comme les soins infirmiers,
la pharmacie ou le travail médico-social. Il doit également bien connaître le sujet abordé de
façon à pouvoir élargir le débat au cours de l’entretien.
Avantages et inconvénients
Comme il s’agit d’un entretien en face-à-face avec des sujets de discussion ouverts, cette
technique nécessite qu’une relation de confiance s’établisse entre le répondant et l’enquêteur.
Celui-ci peut susciter des réponses plus approfondies par des questions comme « Quelle serait
votre réaction si cet établissement de santé instituait une politique de limitation de la
prescription d’antibiotiques en préopératoire ? » ou « Pouvons-nous parler des autres
médicaments réellement nécessaires en préopératoire ? ». Un autre avantage de cette méthode
peut être de faire ressortir au cours de l’entretien des données non recherchées mais
importantes.
Les inconvénients de la méthode de l’entretien approfondi résident dans le fait que
l’utilisation de sujets de discussion ouverts génère souvent de grandes quantités de données,
difficiles à gérer et dont l’analyse peut prendre beaucoup de temps. De plus, à moins que
CPT Participant (final).doc
169
l’enquêteur ne soit très entraîné, les interviewés peuvent donner des réponses en fonction de
ce qu’ils pensent que l’enquêteur souhaite entendre ou de ce qu’ils estiment socialement
acceptable à ce moment, ce qui introduit des biais dans les résultats de l’étude.
Observations structurées
La méthode des observations structurées peut être utilisée par un CPT pour étudier des
comportements tels que les interactions qui se produisent au cours d’une consultation dans le
cadre du système de santé. Cette méthode convient pour l’étude de questions comme les
demandes du patient ou la qualité de la communication entre le prescripteur et le patient. Les
données peuvent être utilisées de façon indépendante ou en complément d’autres méthodes
d’étude. Les principales caractéristiques de cette technique sont décrites ci-dessous.
Sujets à observer
La technique d’observation structurée consiste en une observation directe, par des
observateurs ayant reçu une formation appropriée, des dispensateurs de soins de santé lors
d’activités normales de consultation se déroulant dans les locaux de traitement habituels. Les
personnes à observer sont fonction du nombre et du type d’établissements de santé prévus
dans l’étude.
Nombre de sites d’observation
Le nombre de sites d’observation est conditionné par les objectifs de l’étude, par des
paramètres tels que la différence de fréquentation des divers établissements et la taille de la
population à étudier. Si la population d’étude comprend un nombre important
d’établissements de santé, on choisit en général pour l’étude au moins 10 sites sélectionnés
par tirage au sort.
Nombre d’observations sur chaque site
Le nombre d’observations à effectuer sur chaque site dépend des objectifs de l’étude.
L’investigateur doit prévoir de suivre le patient sur tout son parcours dans l’établissement de
santé, de son enregistrement à son passage à la pharmacie en passant par la consultation.
L’observation d’au moins 30 consultations sur chaque site devrait suffire pour décrire les
pratiques de traitement.
Avantages et inconvénients
Les observations structurées constituent un excellent moyen de saisir la complexité des
comportements lorsque des personnes viennent consulter. Avec cette technique, les
dispensateurs de soins de santé sont observés dans leur propre environnement et les
enquêteurs peuvent avoir accès à des informations qu’il ne serait pas possible de recueillir
autrement. Un autre avantage est que les données collectées se rapportent aux comportements
réels et non aux comportements déclarés par les intéressés.
L’inconvénient de cette méthode est le biais qui peut se produire lorsque le personnel modifie
son comportement habituel lorsqu’il se sait observé. Il est possible de réduire ce biais grâce à
des observateurs chevronnés qui savent se fondre dans l’environnement de façon que le
personnel ne se sente pas gêné par leur présence. Cette méthode ne convient pas pour
l’analyse de comportements peu fréquents.
CPT Participant (final).doc
170
Questionnaires structurés
La méthode des questionnaires structurés peut être utilisée par un CPT pour quantifier la
fréquence des attitudes, croyances et connaissances concernant l’utilisation des médicaments.
Les questions peuvent être axées sur des faits, par exemple sur ce que le répondant connaît du
traitement standard de la diarrhée, ou sur les attitudes, opinions et croyances sur le sujet en
question. Les principales caractéristiques de cette technique sont décrites ci-dessous.
Répondants
Le choix des personnes à interroger dans la technique des questionnaires dépend largement de
la population cible, des objectifs de l’étude et de l’utilisation prévue des résultats de l’étude.
Par exemple, si l’étude vise à mesurer les traitements inappropriés de la diarrhée chez les
enfants de moins de cinq ans dans les hôpitaux des zones rurales, des répondants appartenant
à deux groupes cibles devront être choisis : le personnel de santé des services de pédiatrie et
les mères.
Nombre de répondants
Le nombre de répondants à inclure dans l’étude dépendra des objectifs de celle-ci. Par
exemple, si l’étude vise simplement à comprendre les attitudes et les croyances en ce qui
concerne l’utilisation de la chloroquine chez les personnes atteintes de paludisme, un
échantillon de 50 à 75 répondants de chaque groupe cible sera suffisant. Mais si l’étude
cherche à mesurer les insuffisances du traitement prescrit, il faudra constituer un échantillon
beaucoup plus grand pour augmenter la fiabilité des données recueillies.
Enquêteurs
La méthode des questionnaires structurés utilise souvent une technique de conduite
d’entretiens, et l’enquêteur doit avoir reçu une formation reconnue en sciences sociales ou
avoir au minimum suivi des études secondaires dans un domaine en relation avec la santé
comme les soins infirmiers, la pharmacie ou le travail social. Les enquêteurs devront bien
connaître la méthodologie de la conduite d’entretiens pour assurer que les données seront
recueillies de manière standardisée. Il est indispensable que les enquêteurs soient
correctement encadrés pour assurer l’uniformité et l’exactitude du recueil de données.
Questions
Tous les répondants devront se voir poser exactement les mêmes questions. Les questions
peuvent être ouvertes ou fermées. Les questions ouvertes permettent au répondant de donner
une réponse spontanée, tandis que les questions fermées supposent une série de réponses
préétablies parmi lesquelles il ou elle devra choisir. Il ne doit pas y avoir de questions
suggérant une réponse particulière.
Avantages et inconvénients
Comme les questionnaires comportent des questions compréhensibles et familières aux
répondants, qu’il s’agisse de dispensateurs de soins de santé, de patients ou de mères, ils sont
utiles pour mesurer la force et la prévalence des attitudes, croyances et connaissances
concernant l’utilisation des médicaments. Les questionnaires sont aussi utiles car ils peuvent
être généralisés à une population plus vaste.
CPT Participant (final).doc
171
Les questionnaires ont cependant l’inconvénient de ne pas être conçus pour faire apparaître
des données inattendues. De plus, leur utilisation risque de susciter des réponses biaisées du
fait que le répondant aura tendance à donner la réponse qu’il pense devoir donner ; les
réponses données sont en effet très sensibles à la façon dont la question est formulée.
L’investigateur peut cependant surmonter en partie cet inconvénient en faisant appel à des
enquêteurs expérimentés et avec un questionnaire soigneusement pensé. Il existe aussi un
autre inconvénient qui est le coût élevé que représente l’administration d’un grand
questionnaire structuré.
Activités
Les activités de cette session permettent aux participants de mettre en pratique l’élaboration
d’un questionnaire qui pourra être utilisé pour obtenir des données sur les habitudes et les
connaissances des prescripteurs en ce qui concerne l’utilisation des antibiotiques chez l’enfant
dans leur système de santé.
Les participants travailleront par équipes de cinq ; chaque équipe désignera un leader pour
cette activité. Un rapporteur inscrira les questions à mesure qu’elles seront élaborées par le
groupe, et le leader présentera les questions définitives devant l’ensemble des participants.
Activité 1. Comment décider des questions à poser lors de l’utilisation des méthodes
qualitatives pour déterminer les raisons de l’usage excessif des antibiotiques dans votre
hôpital
La première étape de l’élaboration d’un outil qualitatif consiste à décider des questions que
vous devrez poser et à quelles personnes pour déterminer pourquoi il existe un problème
particulier d’utilisation des médicaments. Pour cette activité, supposez que votre hôpital ait un
niveau très élevé d’utilisation des antibiotiques, et que vous vouliez étudier ce problème en
utilisant les méthodes suivantes :

Entretiens avec les patients à la sortie de la consultation

Observation de la consultation

Entretiens approfondis avec le prescripteur
En utilisant ces trois méthodes, examinez avec votre groupe les questions auxquelles vous
devrez répondre pour déterminer les motivations à l’origine du problème du niveau élevé
d’utilisation des antibiotiques. Vous pouvez utiliser des questions indirectes et des
observations, ou des questions directes, selon le type d’outil. Après discussion avec votre
groupe, il vous sera demandé de présenter vos résultats.
Activité 2. Elaboration d’un outil qualitatif pour rechercher les raisons d’une utilisation
aussi importante des antibiotiques dans un hôpital de district
Pour cette activité, supposez que non seulement la consommation d’antibiotiques dans votre
hôpital est élevée, mais également que, d’après un récent audit des prescriptions, elle est
souvent inappropriée. Chaque groupe élaborera un outil qualitatif pour rechercher les raisons
de cette utilisation excessive d’antibiotiques. Les outils qualitatifs sont :

Entretiens approfondis avec les prescripteurs
CPT Participant (final).doc

Entretiens structurés avec les patients à leur sortie de la consultation

Observation structurée de la consultation
172
Chaque groupe préparera un jeu de rôle basé sur l’outil étudié. Pendant la préparation, chaque
groupe construira son outil sur deux transparents pour rétroprojecteur, en écrivant en lettres
capitales assez grandes pour être lisibles depuis le fond de la classe. Pendant le jeu de rôle, un
membre du groupe projettera les transparents et un autre jouera le rôle de l’investigateur
(enquêteur ou observateur). Les autres rôles seront joués par des participants que le
facilitateur sélectionnera au hasard parmi les autres groupes. Les transparents permettront aux
autres participants de juger plus efficacement l’outil que vous avez préparé.
Pendant chaque jeu de rôle, tous les participants devront déterminer ce qui suit :

L’outil était-il clair et utile ?

L’outil a-t-il détecté une raison de l’utilisation excessive d’antibiotiques ?
Activité 3 (facultative). Préparation des questions pour un entretien avec les
prescripteurs
Elaborez un questionnaire pour évaluer l’utilisation des antibiotiques dans un établissement de
santé. Lors de la préparation du questionnaire, les participants devront examiner les éléments
ci-dessous de la méthodologie d’étude car ils peuvent avoir une influence sur l’utilité des
questions et sur la façon dont les répondants en comprennent le sens.

Groupes cibles de prescripteurs – un groupe ou plusieurs groupes, par exemple
médecins, infirmiers, autres prescripteurs

Etablissements de santé – ensemble des hôpitaux, hôpitaux spécialisés, services de
soins ambulatoires, dispensaires de soins de santé primaires, autres établissements

Situation géographique des établissements

Niveau d’études et de formation des groupes cibles de prescripteurs

Groupes d’âge des enfants

Tous les antibiotiques prescrits pour les problèmes particuliers de santé chez l’enfant
Formulez les questions telles qu’elles seront réellement posées lors de l’entretien de façon à
assurer que l’on recueillera des données montrant quels sont les antibiotiques que le
prescripteur ordonne normalement pour les problèmes spécifiques de santé dans les groupes
d’âge étudiés et aussi la raison pour laquelle le prescripteur ordonne les antibiotiques comme
il le fait (par exemple traitement standard ou approuvé, pas le temps de lire la littérature sur
les pratiques actuelles, ou analyses de laboratoire (antibiogrammes) non disponibles). Voir un
exemple de questionnaire à l’annexe 1. On choisira un groupe pour interviewer un autre
groupe avec le questionnaire qu’il aura préparé. Cet exercice sous forme de jeu de rôle sera
utile pour déterminer quels sont les types d’informations et de problèmes qui ressortent d’un
questionnaire et d’un entretien.
CPT Participant (final).doc
173
Résumé
Les quatre méthodes d’étude présentées dans cette session donnent au CPT les moyens
d’évaluer rapidement les causes d’un problème d’utilisation des médicaments. Ces méthodes
peuvent être utilisées séparément ou en complément des méthodes d’enquête quantitatives de
façon à permettre au CPT d’avoir une vision complète de la question des comportements en
matière d’utilisation des médicaments.
Le mieux est de faire appliquer ces méthodes par des spécialistes en sciences sociales, mais
des professionnels du domaine de la santé, par exemple des infirmiers ou des travailleurs
sociaux, peuvent être orientés et formés à l’élaboration et à la conduite d’enquêtes
qualitatives.
On trouvera ci-dessous une récapitulation des quatre méthodes avec un résumé de leurs
caractéristiques.

Discussion en groupe
o Discussion de moins de deux heures
o Un modérateur anime la discussion
o Les répondants ont des caractéristiques similaires, p. ex. âge, sexe, situation
sociale
o Les sujets de discussion sont prédéfinis
o Ambiance informelle, décontractée
o Révèle les croyances, opinions et motivations

Entretien approfondi
o Entretien prolongé en face-à-face
o Les questions sont prédéfinies et ouvertes
o Couvre souvent jusqu’à 30 sujets
o Révèle les croyances, attitudes et connaissances

Observation structurée
o L’outil de collecte des données est structuré
o Les observateurs sont entraînés à se fondre dans l’environnement
o Les observateurs sont entraînés à noter ce qu’ils voient réellement
o Utile pour enregistrer les interactions prescripteur-patient
o Evalue les comportements réels

Questionnaire structuré
o Les questions sont standardisées, avec une série préétablie de réponses ou
d’options
o Les répondants sont choisis de façon à représenter l’ensemble de la population
o Utile avec un vaste échantillon de répondants
o Mesure la fréquence des attitudes, croyances et connaissances
CPT Participant (final).doc
174
Annexe 1. Exemple de questionnaire pour l’entretien avec les prescripteurs
1. Présentation de l’enquêteur
2. Objet de l’entretien
Je sais que le traitement des enfants dans notre établissement de santé comporte
souvent la prescription d’antibiotiques. Le comité pharmaceutique et thérapeutique
souhaiterait en savoir davantage sur les types d’antibiotiques prescrits et avoir votre
avis quant à l’utilisation des antibiotiques.
3. Renseignements sur le répondant
Quelle est votre position dans ce dispensaire ?
Quel est votre niveau d’études ?
Quelles autres formations avez-vous suivies ?
Quel âge avez-vous ?
4. Expérience clinique
Un jour ordinaire, combien d’enfants voyez-vous dans ce dispensaire ?
Quels sont les problèmes de santé les plus courants chez les enfants que vous voyez
dans ce dispensaire ?
5. Pour chaque type d’infection que vous rencontrez chez l’enfant, veuillez expliquer quel
traitement vous appliquez.
Prescription de médicaments
Instructions à la mère
Soins au dispensaire
Soins à domicile
Autres
6. Lorsque vous voyez un enfant au dispensaire, quels sont les facteurs qui vous incitent à
prescrire ou non un antibiotique ?
Votre expérience personnelle
Votre connaissance des pratiques de vos collègues
Les attentes de la mère
Votre connaissance des directives thérapeutiques standard de votre établissement de
santé
L’utilisation d’une liste des médicaments essentiels ou d’une liste du formulaire
Les résultats des analyses de laboratoire
7. D’où tenez-vous les informations sur les médicaments qui vous permettent de décider de
les prescrire ?
Aucune information disponible au dispensaire
Revues professionnelles
Directives cliniques
Formation professionnelle au cours de vos études
Cours de formation continue (A quelle fréquence ces cours ont-ils lieu ?)
CPT Participant (final).doc
175
8. Remarques finales
Je vous remercie d’avoir bien voulu prendre le temps de répondre aux questions.
Y a-t-il quelque chose que vous souhaitez ajouter à ce que nous venons de dire ?
Y a-t-il des sujets non couverts par ce questionnaire et sur lesquels vous souhaiteriez
donner quelques informations ?
Merci.
CPT Participant (final).doc
176
SESSION 9. STRATÉGIES D’AMÉLIORATION DE L’UTILISATION DES
MÉDICAMENTS – VUE D’ENSEMBLE
Objectif et contenu
La session 9 est destinée à fournir des informations sur la façon dont le comité
pharmaceutique et thérapeutique (CPT) peut appliquer des interventions pour résoudre les
problèmes d’utilisation des médicaments. Considérée comme l’une des fonctions les plus
importantes du CPT, la mise en œuvre des stratégies appropriées d’amélioration de
l’utilisation des médicaments se traduira par de meilleurs résultats au niveau du patient et par
une diminution des coûts.
Les stratégies décrites ici comprennent des méthodes basées sur l’éducation, sur la gestion et
sur la réglementation :

Programmes de formation en cours d’emploi

Lettres et bulletins d’information pharmaceutique

Manuel du formulaire

Communication en face-à-face

Directives thérapeutiques standard

Audit et retour d’information (études d’évaluation de l’utilisation des médicaments)

Programmes de pharmacie clinique

Gestion de la liste du formulaire, y compris sélection des médicaments

Restrictions et contrôle des médicaments

Enregistrement des médicaments et des professionnels
La session 9 présente une vue d’ensemble de ce sujet ; les directives thérapeutiques standard
et les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments seront traitées de façon plus
détaillée dans les deux sessions suivantes.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Identifier des stratégies efficaces pour améliorer l’utilisation des médicaments, une
fois connus les facteurs sous-jacents aux problèmes

Choisir une stratégie appropriée pour améliorer l’utilisation des médicaments en
fonction du problème identifié

Comprendre l’importance des interventions basées sur l’éducation, sur la gestion et sur
la réglementation pour la promotion de l’usage rationnel des médicaments
CPT Participant (final).doc
177
Préparation et matériel
Lire :

Guide du participant

Management Sciences for Health and World Health Organization. 1997. Managing
Drug Supply. 2nd ed. West Hartford, CT : Kumarian Press. (Chapitre 11 : « Treatment
Guidelines and Formulary Manuals » ; Chapitre 18 : « Quality Assurance for Drug
Procurement » ; Chapitre 31 : « Promoting Rational Prescribing ».)
Définitions clés
Directives thérapeutiques standard – Recueil de directives élaboré de façon systématique et
destiné à aider le praticien et le patient à prendre les décisions concernant les soins de santé
appropriés dans des circonstances cliniques déterminées.
Formulaire – Document décrivant les médicaments disponibles pour utilisation à l’hôpital et
dans les dispensaires (contient des informations sur les indications, la posologie, la durée du
traitement, les interactions médicamenteuses, les précautions d’emploi et les contreindications).
Etude d’évaluation de l’utilisation des médicaments – Programme d’évaluation continue,
systématique, basée sur des critères, de l’utilisation des médicaments qui aide à assurer que
les médicaments sont correctement utilisés. Si un traitement est jugé inapproprié, des
interventions seront nécessaires au niveau du prescripteur ou du patient pour optimiser le
traitement médicamenteux.
Introduction
Comme on l’a vu lors des précédentes sessions, le CPT est chargé de nombreuses fonctions
importantes en matière de gestion des médicaments. Il évalue de nouveaux médicaments pour
la liste du formulaire, élabore des politiques pour l’utilisation des médicaments, et identifie et
corrige les problèmes d’utilisation des médicaments. Lors des précédentes sessions, on a
insisté sur le fait que l’évaluation des nouveaux médicaments et leur addition à la liste est
l’une des fonctions les plus importantes du CPT car le système de santé a besoin de
médicaments d’efficacité prouvée pour les maladies et affections présentes dans le pays. Cette
efficacité doit être reconnue et acceptée par des experts. Le CPT doit disposer d’une somme
considérable d’informations sur tous les aspects de la qualité des médicaments pour assurer
que les produits ajoutés à la liste du formulaire répondent à des normes de qualité minimales.
L’évaluation des coûts est indispensable – aujourd’hui plus que jamais – car le coût des
médicaments en pourcentage du budget de la santé augmente très fortement.
Une fois que les médicaments ont été inscrits sur la liste du formulaire et que tous les critères
d’évaluation ont été remplis, tout doit être fait pour s’assurer qu’ils sont utilisés correctement
par le système de santé. La session 9 porte sur les stratégies qui permettent d’améliorer
l’utilisation des médicaments dans le système de santé.
CPT Participant (final).doc
178
Comme pour l’évaluation des médicaments et leur addition à la liste du formulaire, la fonction
du CPT qui consiste à assurer l’utilisation correcte des médicaments sélectionnés est
importante pour la gestion globale des médicaments : une utilisation inappropriée peut
compromettre les avantages apportés par une sélection judicieuse. Ces deux questions
complémentaires – choisir un médicament approprié puis assurer son utilisation correcte –
constituent la base même de la gestion des médicaments. Les conséquences de l’utilisation
irrationnelle des médicaments sont, entre autres :





Augmentation de la morbidité et de la mortalité
Gaspillage de ressources
Augmentation de l’incidence des réactions indésirables
Résistance aux antimicrobiens du fait de leur utilisation inappropriée ou excessive
Augmentation des maladies infectieuses du fait d’injections contaminées et inutiles
La session 9 fournit aux participants des indications sur la manière d’élaborer et de mettre en
œuvre des stratégies d’amélioration de l’utilisation des médicaments. Trois types de stratégies
assureront la qualité du traitement médicamenteux : stratégies basées sur l’éducation, sur la
gestion et sur la réglementation. Elles seront expliquées ici en détail et fourniront aux
participants des informations en vue de l’amélioration de l’usage rationnel des médicaments.
Méthodes basées sur l’éducation pour améliorer l’utilisation des médicaments
Le CPT doit être impliqué dans des programmes d’éducation destinés aux professionnels de
santé. Les médecins, pharmaciens, infirmiers, et en fait tous les professionnels de santé, ont
besoin de constamment mettre à jour leurs compétences et leurs connaissances. Il n’est pas
possible pour les médecins et pharmaciens de suivre dans la littérature pharmaceutique
l’évolution rapide des connaissances sans un effort intensif au niveau individuel comme au
niveau du système de santé.
Les méthodes basées sur l’éducation visent à informer et convaincre les praticiens et
consistent en :

Matériels imprimés
o Lettres et bulletins d’information pharmaceutique
o Formulaires et directives thérapeutiques standard

Communication en face-à-face avec les médecins, les responsables des soins de santé
et les patients
Lettres et bulletins d’information pharmaceutique
Les lettres d’information pharmaceutique peuvent constituer pour le CPT un instrument utile
de diffusion de l’information sur les médicaments. Elles peuvent être mensuelles,
trimestrielles ou paraître à des intervalles plus longs et doivent fournir au personnel intéressé
des informations impartiales et exactes sur les traitements médicamenteux. Les lettres et
bulletins ont l’avantage sur les exposés de permettre à des praticiens très occupés d’en
prendre connaissance au moment qui leur convient.
Un grand nombre de lettres et de bulletins d’information pharmaceutique sont déjà publiés par
des services internationaux et distribués dans le monde entier, mais un bulletin local peut
CPT Participant (final).doc
179
constituer un atout précieux, car il fournira davantage d’informations utiles au niveau local
sur les médicaments et les problèmes qui leur sont associés.
Les lettres et bulletins d’information pharmaceutique amélioreront plus efficacement
l’utilisation des médicaments s’ils suivent certains principes :

Décrire les raisons du comportement de prescription – formation insuffisante sur les
maladies infectieuses ? Méfiance vis-à-vis des médicaments fabriqués dans le pays ?
Confiance dans les médicaments de marque et méfiance envers les génériques ?

Fournir une information concise, à jour et immédiatement utilisable

Limiter les informations et répéter les points importants – de longs articles sur les
nouveautés et les revues d’autres sujets lasseront vite la plupart des lecteurs

Adopter une mise en page graphique et colorée qui captera l’attention du lecteur

Donner les références des informations tirées de revues et de services de valeur
reconnue

Contenir des textes brefs, écrits dans une langue simple

Fournir des informations axées sur l’action et sur les décisions

Solliciter l’avis du personnel professionnel sur l’intérêt du bulletin et procéder aux
changements nécessaires
Formulaires et directives thérapeutiques standard
L’utilisation d’un formulaire sous forme de manuel s’est révélée utile pour fournir des
informations sur les médicaments aux médecins, pharmaciens et infirmiers. Il s’agit d’une
publication destinée à présenter la liste du formulaire et d’autres informations concernant
l’utilisation des médicaments. Le formulaire est un document concis, au format de poche, qui
contient une information condensée facilement utilisable au quotidien par les professionnels
de santé. Son contenu va d’une simple liste des médicaments essentiels à une documentation
de référence très complète avec des informations sur les médicaments, les directives
thérapeutiques et les politiques et procédures pharmaceutiques. Un formulaire peut ainsi
contenir :

Liste du formulaire

Informations sommaires sur chaque médicament (indications, doses, effets
secondaires)

Informations supplémentaires sur les médicaments (prix, fournisseurs)

Directives de prescription et de dispensation

Directives pour la prise en charge de certaines affections

Politiques et procédures pharmaceutiques à l’intention du personnel médical et de la
pharmacie
CPT Participant (final).doc

180
Politiques d’approvisionnement en produits pharmaceutiques
Dans l’idéal, le manuel devrait contenir au minimum la liste des médicaments du formulaire
et une section consacrée à la description de chaque médicament. Sous sa forme la plus
complète, il constitue une excellente source d’information sur les médicaments pour les
médecins et autres professionnels de santé. Sa production est un processus de longue haleine
et une approche participative systématique est nécessaire pour assurer les révisions et mises à
jour. Voir la session 2 : « Elaboration et tenue à jour d’une liste du formulaire » pour des
renseignements plus détaillés sur les formulaires et leur contenu.
Les directives thérapeutiques standard constituent des guides basés sur des données factuelles
pour la formation des prescripteurs et pour les audits de prescription. Ces documents
rassemblent les traitements médicamenteux et non médicamenteux de choix approuvés pour
un établissement de santé donné. Voir la session 10 : « Directives thérapeutiques standard » et
la section « Directives thérapeutiques standard » ci-dessous pour de plus amples informations.
Communication en face-à-face
Programmes de formation en cours d’emploi, ateliers et séminaires
L’information sur les médicaments et les traitements médicamenteux évolue constamment.
Un médecin ou un pharmacien récemment diplômé constatera que ses connaissances se
périment à un rythme très rapide. Comme la qualité des soins exige que les professionnels
disposent d’une information à jour, des programmes de formation en cours d’emploi et autres
programmes éducatifs sont nécessaires. Le CPT doit donc établir un plan pour mettre en place
de tels programmes en choisissant des moments où le maximum de professionnels de la santé
puissent y assister.
Le succès de ce type de programme d’information est variable et dépend en grande partie de
l’information présentée, du style de la présentation et du niveau de formation et d’expérience
de l’instructeur. Les points principaux en ce qui concerne la communication en face-à-face
sont :

Elle doit être axée sur les informations présentant un intérêt local

Elle doit être brève (quelques messages clairs et des instructions sur ce qu’il faut faire)

Elle doit répéter l’information qui doit être retenue par les participants

Elle doit être présentée par un instructeur possédant une connaissance approfondie du
sujet, un intérêt réel pour les informations présentées et un style d’enseignement
efficace
Activités éducatives ponctuelles (visites personnelles ou activités d’information sur les
médicaments sans but commercial)
La formation directe en face-à-face est la méthode éducative la plus efficace pour modifier
des habitudes de prescription. Ses effets bénéfiques peuvent être considérables car la personne
sera plus attentive et absorbera davantage d’information avec ce type d’enseignement.
L’industrie pharmaceutique mondiale a démontré que cette technique était extrêmement
efficace : des milliers de représentants (visiteurs médicaux) ont été engagés pour présenter
CPT Participant (final).doc
181
personnellement l’information aux prescripteurs et commercialiser leurs produits. Les
visiteurs médicaux réussissent particulièrement bien dans ce domaine. Il serait possible
d’obtenir les mêmes résultats au moyen de visites d’information sans but commercial, qui
délivreraient un message plus équilibré et plus objectif.
Ce type de formation repose sur les principes suivants :





Se concentrer sur des problèmes spécifiques et cibler les prescripteurs
S’intéresser aux causes des problèmes de prescription, par exemple des connaissances
insuffisantes
Prévoir une discussion interactive avec la participation de l’audience visée
Utiliser des matériels didactiques concis et fiables pour compléter les exposés
Accorder suffisamment d’attention à la résolution des problèmes pratiques rencontrés
par les prescripteurs en situation réelle
Convaincre les personnes influentes
On peut obtenir des bénéfices importants en identifiant les personnes influentes dans le
domaine des soins de santé et autres personnalités impliquées dans la prescription des
médicaments et en leur fournissant une formation portant entre autres sur les directives et les
politiques. Ces personnes pourront se trouver en situation d’instruire ou de diriger d’autres
médecins, des étudiants et des pharmaciens sur les normes de soins appropriées.
Une étude réalisée aux Etats-Unis d’Amérique a décrit une intervention destinée aux chefs de
services médicaux et portant sur l’antibioprophylaxie de la césarienne. L’intervention
consistait en l’élaboration de directives qui ont été présentées aux chefs du service de
gynécologie/obstétrique d’un hôpital. Ceux-ci ont ensuite assuré par divers moyens que la
céfazoline, l’antibiotique dont l’utilisation était souhaitée, était utilisée à la place de la
céfoxitine. Alors même que ces deux antibiotiques étaient disponibles, on a observé une
modification radicale de leur utilisation (figure 1).
CPT Participant (final).doc
182
Education des patients
L’éducation des patients est un concept fondamental susceptible d’influencer la prescription
des médicaments. Avec une éducation régulièrement assurée par les médecins, infirmiers et
pharmaciens, les patients seront informés sur les traitements appropriés, ce qui conduira à
améliorer les résultats. Une population de patients ainsi informés sera moins demandeuse de
médicaments inappropriés et notamment d’antibiotiques. L’éducation des patients entraînera
une amélioration de leur perception des traitements médicamenteux et de la nécessité de se
conformer à la posologie prescrite.
Une étude réalisée en Indonésie a démontré que des discussions de groupe avec modérateur
entre membres de la communauté et agents de santé, portant à la fois sur les opinions du
public au sujet des injections et sur des informations scientifiques sur leurs risques, ont permis
de réduire efficacement le taux d’utilisation des injections dans les établissements de santé du
secteur public (Hadiyono et al. 1996. Social Science Medicine). Les résultats de cette étude
sont illustrés sur la figure 2 ci-dessous.
Sites pour les activités éducatives en face-à-face
Les activités éducatives en face-à-face représentent une stratégie souple qui peut être
appliquée dans n’importe quel contexte où les formateurs peuvent s’adresser aux prescripteurs
(ou partenaires), par exemple :
CPT Participant (final).doc





183
Centres de santé
Hôpitaux
Pharmacies
Universités
Séminaires de formation continue au niveau du district
Méthodes basées sur la gestion
Le CPT, de par sa fonction visant à assurer un traitement médicamenteux rationnel, doit
disposer d’un certain nombre de méthodes de gestion pour faciliter l’utilisation correcte des
médicaments. Parmi ces méthodes figurent :

Directives thérapeutiques standard

Etudes d’évaluation de l’utilisation des médicaments (audit et retour d’information)

Programmes de pharmacie clinique
o Surveillance de l’utilisation des médicaments
o Programmes de substitution thérapeutique

Restrictions d’utilisation des médicaments et antibiotiques
o Bons de commande structurés
o Restrictions de disponibilité des médicaments
o Ordres stop automatiques
Directives thérapeutiques standard
Les directives thérapeutiques standard apportent une nouvelle dimension importante à
l’amélioration des traitements médicamenteux. Lorsqu’elles sont élaborées et mises en œuvre
correctement, les directives apportent des avantages significatifs aux programmes de santé.
Par définition, une directive thérapeutique est un document rédigé de façon systématique et
destiné à aider le praticien et le patient à prendre les décisions requises quant aux soins de
santé appropriés dans une situation clinique donnée.
Les directives thérapeutiques standard sont des documents axés sur les maladies, tandis que
les formulaires sont axés sur les médicaments. Ces deux types de documents contiennent des
informations importantes pour le personnel de santé (médecins, infirmiers et pharmaciens).
Tout doit être fait pour les produire, les mettre à la disposition de l’ensemble des praticiens et
les mettre régulièrement à jour pour assurer l’exactitude de leur contenu.
L’élaboration des directives thérapeutiques standard est une entreprise de longue haleine, qui
doit être menée de façon méthodique et complète pour obtenir un produit reconnu et accepté
par tous les praticiens. L’étude ci-dessous illustre l’intérêt de ces directives.
184
CPT Participant (final).doc
Tableau 1. Une stratégie d’intervention mixte en Ouganda
Un essai contrôlé randomisé destiné à évaluer l’impact des directives thérapeutiques standard
plus une formation et une supervision sur la prescription rationnelle des médicaments a été
réalisé en Ouganda. La qualité de la prescription, évaluée par le pourcentage de prescriptions
conformes aux directives, n’était pas améliorée lorsque seules les directives étaient diffusées,
mais s’améliorait notablement lorsque les directives étaient accompagnées d’une formation et
d’une supervision.
Groupe
% de prescriptions
conformes aux directives
thérapeutiques standard
Groupe témoin – pas d’intervention
24,8  29,9 (+5,1 %)
Diffusion des directives
24,8  32,3 (+7,5 %)
Directives plus formation sur place concernant les problèmes
thérapeutiques
24,0  52,0 (+28,0 %)
Directives plus formation sur place concernant les problèmes
thérapeutiques plus 4 visites de supervision en 6 mois
21,4  55,2 (+33,8 %)
Source : Kafuko J, Zirabumuzale C, Bagenda D. 1994. Rational Drug Use in Rural Health Units in
Uganda : Effect of National Standard Treatment Guidelines on Rational Drug Use. Washington, DC :
UNICEF.
Voir la session 10 : « Directives thérapeutiques standard » pour des renseignements plus
détaillés sur les avantages et les inconvénients de ces importants documents et la marche à
suivre pour leur élaboration.
Audit et retour d’information
L’audit avec retour d’information est une stratégie qui s’est révélée efficace pour modifier les
comportements en matière d’utilisation des médicaments. Cette stratégie comporte la
surveillance de l’utilisation des médicaments et le retour d’information aux prescripteurs pour
qu’ils modifient leurs habitudes de prescription. Cette méthodologie est parfaitement adaptée
aux CPT.
Les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments constituent l’un des types de
programmes d’audit avec retour d’information ; il s’agit d’un programme d’évaluation
continue, systématique et basée sur des critères, qui aidera en fin de compte à assurer
l’utilisation appropriée des médicaments. Les études d’évaluation de l’utilisation des
médicaments sont utiles pour identifier les problèmes d’utilisation des médicaments et
constituent en même temps une méthode d’intervention pour les résoudre. Une telle étude
peut être structurée de façon à évaluer le processus effectif d’administration ou de
dispensation d’un médicament (indications et posologie appropriées) et les résultats du
traitement (par exemple guérison des infections, diminution des taux de lipides).
Un système d’évaluation de l’utilisation des médicaments peut être mis en place rapidement
une fois que le problème réel a été identifié. Un grand nombre de ces problèmes peuvent être
CPT Participant (final).doc
185
identifiés grâce aux activités décrites dans la session 7 : « Identification des problèmes
d’utilisation des médicaments » et dans la session 8 : « Comprendre les problèmes associés à
l’utilisation des médicaments – Méthodes qualitatives ». Des réunions régulières du CPT et
des évaluations des mesures de la qualité dans le système de santé doivent permettre
d’identifier les problèmes qui peuvent faire l’objet d’une étude d’évaluation de l’utilisation
des médicaments en vue de leur résolution.
L’évaluation de l’utilisation des médicaments doit être un processus continu au cours duquel
les problèmes liés aux médicaments sont régulièrement examinés, et qui doit être considéré
comme un programme à long terme, constamment mis à jour et révisé pour refléter les
situations et les besoins dans l’établissement de santé.
Les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments seront traitées plus en détail dans la
session 11 : « Etudes d’évaluation de l’utilisation des médicaments ».
Programmes de pharmacie clinique
L’utilisation des personnels de la pharmacie ayant une formation clinique pour aider à réaliser
l’usage rationnel des médicaments est une intervention importante, souvent négligée dans de
nombreux pays. Un pharmacien clinique dûment formé aura les compétences requises pour
surveiller et évaluer l’usage des médicaments et pour formuler des recommandations. Ces
compétences devront être utilisées dans toute la mesure du possible pour améliorer les
traitements médicamenteux. Il a été démontré que les pharmaciens contribuaient à
l’amélioration des soins lorsqu’ils participaient à des tournées dans les services médicaux.
Des études ont montré l’intérêt de cette pratique du point de vue de l’amélioration de
l’utilisation des médicaments à l’hôpital.
On peut demander aux pharmaciens d’assurer que les indications des médicaments sont
appropriées, que les doses correctes sont prescrites, que les interactions médicamenteuses et
les réactions indésirables sont évitées ou réduites, et que le patient reçoit information et
conseils. Le personnel de la pharmacie peut fournir aux prescripteurs une information
impartiale et à jour qui les aidera en cas de décisions difficiles sur le choix d’un traitement
médicamenteux. Les pharmaciens ayant des compétences dans le domaine de l’information
pharmaceutique devront faire partie du CPT. Lorsqu’on ne dispose pas des compétences
permettant d’assurer certains de ces services, il est souhaitable d’assurer la formation
nécessaire car il a été démontré que l’acquisition de ces compétences avait un bon rapport
coût-efficacité grâce à l’amélioration du traitement médicamenteux et à la diminution des
réactions indésirables.
Une partie importante de tout programme de pharmacie clinique consiste à contrôler
l’utilisation de certains médicaments par des procédures de remplacement d’un médicament
par un autre telles que la substitution générique et la substitution thérapeutique. Dans ces
programmes, les pharmaciens sont autorisés à remplacer un médicament qui a été prescrit par
un médecin par un autre médicament considéré comme équivalent. Le CPT et le personnel
médical doivent approuver chaque médicament entrant dans le cadre d’un système de
substitution thérapeutique.
CPT Participant (final).doc
186
La substitution générique peut se définir comme la dispensation d’un produit qui est
l’équivalent générique du produit prescrit (c’est-à-dire qui contient les mêmes principes actifs
et sous la même forme), et qui lui est identique du point de vue du dosage, de la concentration
et de la voie d’administration. Etant donné la grande variété de produits génériques
disponibles sur le marché et les différences notables de prix et de qualité entre les produits de
marque et les génériques, la substitution représente une utilisation efficiente des ressources et
peut entraîner d’importantes économies et une amélioration de la qualité.
La controverse sur la prescription de génériques et sur la substitution générique tourne autour
de la biodisponibilité et de la bioéquivalence des différents produits génériques, surtout si on
se les procure auprès de plusieurs fabricants. La biodisponibilité se rapporte à la vitesse et au
taux d’absorption du principe actif d’un médicament dans la circulation sanguine. Même s’il
est peu probable que la biodisponibilité varie beaucoup entre la plupart des produits de
marque et les génériques correspondants (si les achats sont faits auprès de fournisseurs
fiables, enregistrés et préqualifiés), il importe de tenir compte des problèmes de
biodisponibilité cliniquement significatifs que l’on peut rencontrer avec certains produits
génériques. Plusieurs médicaments importants, dont la digoxine, la phénytoïne, la warfarine,
la rifampicine et d’autres encore, peuvent présenter des problèmes de biodisponibilité. Voir la
session 5 : « Assurance de la qualité des médicaments » pour de plus amples informations.
Les programmes de substitution thérapeutique permettent le remplacement ou l’échange de
produits approuvés dont la composition en principes actifs peut être différente, mais qui ont
une activité thérapeutique similaire en termes d’efficacité et d’innocuité (par exemple
remplacement de l’énalapril par le lisinopril). La substitution thérapeutique est
particulièrement utile lorsque de nouveaux médicaments chers, protégés par des brevets ou
produits par un seul fabricant, sont prescrits. Ce programme peut présenter des avantages
lorsqu’une prescription inappropriée d’un médicament a été découverte et qu’un médicament
de remplacement approprié, d’efficacité et d’innocuité comparables, est disponible. Comme
on l’a déjà vu, le CPT et le personnel médical doivent approuver chaque médicament entrant
dans le cadre d’un système de substitution thérapeutique.
Restrictions
De nombreux médicaments, en particulier les antibiotiques, sont utilisés de façon
inappropriée, ce qui oblige à appliquer des restrictions en matière de disponibilité et
d’utilisation. Il existe plusieurs types de restrictions et de contrôles.
Listes du formulaire et listes d’achats
La méthode la plus répandue pour limiter la disponibilité des médicaments consiste à utiliser
une liste de médicaments (liste du formulaire) approuvée ou une liste d’achats restreinte. De
telles listes sont particulièrement utiles pour limiter le nombre d’antibiotiques, qui peut
devenir excessif si de nombreux prescripteurs choisissent un grand nombre d’antibiotiques
différents et ont chacun leurs propres préférences en matière de marques. Les listes du
formulaire peuvent aussi restreindre l’utilisation des médicaments en limitant le nombre et les
types de médicaments qui seront disponibles à chaque niveau du système de soins de santé.
La gestion de la liste du formulaire et la sélection des médicaments sont exposées en détail
dans la session 2 : « Elaboration et tenue à jour d’une liste du formulaire » et la session 3 :
« Evaluation de l’efficacité des médicaments ».
CPT Participant (final).doc
187
Bons de commande structurés
Une autre méthode de restriction de l’utilisation des médicaments consiste à employer des
bons de commande structurés qui ne permettent la prescription de certains antibiotiques (dont
la liste figure sur l’imprimé) que pour certaines indications. Les doses et les intervalles
d’administration peuvent également être préimprimés. Cette méthode a donné de bons
résultats dans certains hôpitaux pour contrôler l’utilisation des médicaments.
Ordres stop automatiques
Les ordres stop automatiques sont utiles pour les patients hospitalisés et permettent de faire
appliquer des restrictions sur la durée d’utilisation des médicaments. Cette méthode a permis
d’exercer un contrôle efficace sur l’utilisation prolongée des médicaments et en particulier des
antibiotiques et des stupéfiants. Il arrive couramment que des patients continuent de recevoir
des antibiotiques pendant de longues périodes simplement parce que le médecin a négligé
d’interrompre leur prescription.
Contrôle des visiteurs médicaux et des activités promotionnelles des laboratoires
pharmaceutiques
Dans sa partie administrative, le CPT a un rôle à jouer dans la gestion des représentants des
laboratoires pharmaceutiques et de la promotion des médicaments. Les visiteurs médicaux
peuvent utiliser des informations biaisées ou inexactes pour promouvoir leurs produits. Tous
les arguments publicitaires doivent être fiables, exacts, véridiques, informatifs, équilibrés, à
jour, de bon goût et justifiables. Les critères éthiques de l’Organisation mondiale de la Santé
applicables à la promotion des médicaments peuvent servir de base à l’élaboration de mesures
et de directives concernant la promotion des médicaments qui pourront être utilisées dans les
hôpitaux. On trouvera ces critères aux adresses :
http://apps.who.int/medicinedocs/en/m/abstract/Jwhozip08e/
Eviter les incitations financières perverses
Les incitations financières perverses doivent toujours être évitées. La façon dont les hôpitaux
et les établissements de santé facturent les médicaments, notamment dans les services de soins
ambulatoires et en cas de facturation par la pharmacie, peut influer sur la manière dont ils
seront utilisés. On peut citer par exemple des situations telles que :

La promotion de l’usage excessif des médicaments (y compris de médicaments chers
lorsque des médicaments meilleur marché suffiraient) et de la polymédication lorsque
le revenu des prescripteurs dépend en partie de la vente de médicaments

La promotion de la polymédication lorsque le patient doit payer un même montant ou
une même taxe forfaitaire quels que soient le nombre et la quantité de médicaments
prescrits ou dispensés (par exemple une taxe d’enregistrement couvrant tous les
médicaments)
Le rôle du CPT est de conseiller la direction de l’hôpital ou toute autre autorité sanitaire sur
ces questions. On établira si possible un accord stipulant qu’aucun des prescripteurs ne doit
avoir d’intérêt financier dans la pharmacie de l’établissement de santé.
188
CPT Participant (final).doc
On trouvera ci-dessous un exemple de différentes formes de taxes d’utilisateur.
Tableau 2. Effets de différents types de taxes d’utilisateur au Népal
Une étude contrôlée avant-après sur les effets de différents types de taxes d’utilisateur sur la qualité des
prescriptions a été réalisée en zone rurale au Népal. En 1992, les trois districts de l’étude prélevaient une
taxe forfaitaire unique par prescription. En 1995, le district témoin a prélevé la même taxe, un district a
prélevé une taxe de montant unique par médicament et un deuxième district a prélevé une taxe plus
élevée pour les médicaments chers et une moins élevée pour les médicaments peu coûteux. Les taxes par
médicament portaient sur la quantité de médicament nécessaire pour un traitement complet. L’étude a
montré que la qualité de la prescription était bien meilleure et les coûts moins élevés avec les taxes par
médicament qu’avec la taxe forfaitaire. Tous les changements observés étaient statistiquement
significatifs (p<0,025).
Groupe
Témoin : taxe forfaitaire
par prescription
Un seul niveau de taxe par
médicament
Deux niveaux de taxes par
médicament
1992
1995 1992
1995 1992
1995
Nombre moyen
de
médicaments
par prescription
2,9
2,9
2,0
2,2
% de
prescriptions
conformes aux
directives
thérapeutiques
standard
23,5
Coût moyen
par prescription
(roupies
népalaises)
24,3
2,9
(0 %)
2,8
(–31 %)
26,3
31,5
(+2,8 %)
(–21 %)
45,0
31,2
(+31,5 %)
33,0
(+36 %)
27,7
(+16,5 %)
28,0
(+1 %)
47,7
25,6
24,0
(–6 %)
Source : Holloway KA, Gautam BR, Reeves BC. 2001. The Effects of Different Kinds of User Fees
on Prescribing Quality in Rural Nepal. Journal of Clinical Epidemiology 54(10):1065–1071.
Méthodes basées sur la réglementation
L’application de normes réglementaires ou statutaires favorise l’utilisation appropriée des
médicaments et constitue un facteur important de promotion de leur usage rationnel.
Enregistrement des médicaments
L’enregistrement des médicaments, quand il est correctement appliqué, impose des
restrictions aux médicaments importés dans le pays. L’enregistrement empêche les
médicaments inefficaces, de mauvaise qualité et dangereux de pénétrer dans le pays et par
conséquent sur le marché. Il est important de surveiller et de bien faire appliquer le système
car sinon de nombreux médicaments pourraient atteindre le système de santé, public ou privé,
ainsi que des vendeurs ou des distributeurs privés n’appartenant pas aux professions
CPT Participant (final).doc
189
médicales. Le CPT devra assurer que seuls des médicaments enregistrés sont achetés et
utilisés par les hôpitaux et les dispensaires de soins de santé primaires.
Enregistrement des professionnels de santé
L’enregistrement des professionnels de santé est une pratique répandue qui limite l’accès des
professions de la santé aux personnes ayant un minimum de compétences et possédant la
formation et l’expérience requises. Le système peut être étendu à la prescription de
médicaments, le type de médicaments qu’un professionnel pourra prescrire dépendant alors de
sa formation. Ces restrictions sont nécessaires pour limiter aux activités de soins
correspondant à leur niveau l’accès des personnes sans formation ou n’ayant qu’une
formation minimale.
Le CPT devra assurer que seuls des professionnels de santé enregistrés sont employés et que
leurs tâches sont conformes à la réglementation nationale concernant le niveau de prescription
autorisé.
Enregistrement des points de vente de médicaments
L’enregistrement des points de vente de médicaments limite la distribution de médicaments à
un certain nombre de distributeurs et de détaillants qualifiés dans le pays. Bien que difficile à
mettre en œuvre, il constitue la base autorisant légalement une personne ou une entreprise à
distribuer des médicaments en vente libre ou disponibles sur ordonnance. Le CPT doit tout
faire pour assurer que les pharmacies sont enregistrées et que tous les médicaments sont
achetés auprès de celles-ci.
Réglementation de la promotion des médicaments
La réglementation des activités de promotion des médicaments au niveau national peut
renforcer les efforts réalisés au niveau local pour contrôler la promotion tendancieuse des
médicaments et des fournitures médicales. Cette réglementation peut être très utile pour
contrôler l’utilisation inappropriée de nombreux médicaments.
Choix d’une intervention
Le choix d’une intervention dépend du type de problème d’utilisation des médicaments et de
ses causes. Des études ont montré que :

Une stratégie éducative isolée n’est en général pas très efficace et est dépourvue
d’impact durable.

L’utilisation de matériels imprimés comme seule intervention n’est ni efficace ni
souhaitable.

Une combinaison de stratégies donne toujours de meilleurs résultats qu’une stratégie
isolée.

Des ateliers interactifs en petits groupes ou en face-à-face avec un objectif précis sont
efficaces.

Le suivi et le retour d’information et l’examen par des pairs sont des stratégies
efficaces pour améliorer l’utilisation des médicaments.
CPT Participant (final).doc

Les stratégies d’ordre économique sont un moyen très efficace pour faire évoluer
l’utilisation des médicaments, mais peuvent être difficiles à mettre en place.

Les directives thérapeutiques sont efficaces lorsqu’elles sont utilisées avec d’autres
interventions.
190
Les interventions les plus efficaces combinent souvent différents aspects de stratégies basées
sur l’éducation, sur la gestion et sur la réglementation pour obtenir le maximum d’impact. Ces
stratégies peuvent être appliquées en même temps pour obtenir un impact maximal à un
moment donné, ou l’une après l’autre pour obtenir un renforcement des effets. Une série
d’interventions récemment mises en œuvre à Mexico dans le but d’améliorer le traitement de
la diarrhée constitue un bon exemple de la façon dont les interventions peuvent combiner
différentes approches ( Guttierez et al., 1993 ; Munoz et al., 1993).
Lors de l’intervention initiale, une enquête sur la prescription en cas de diarrhée a été
effectuée dans deux dispensaires de la Sécurité sociale à Mexico. Les médecins de ces
dispensaires ont ensuite participé à un atelier de formation conduit par des « experts » locaux,
avec présentation des résultats de l’enquête et élaboration en commun d’un algorithme
normatif de traitement de la diarrhée. A la suite de cet atelier, une commission d’examen par
des pairs a été mise en place pour six mois ; les médecins des dispensaires siégeaient à tour de
rôle dans cette commission et examinaient ainsi leurs propres dossiers des cas de diarrhée et
ceux de leurs collègues. Cette étude est remarquable par sa longue période de suivi (18 mois)
qui a montré comment chaque stratégie renforçait les modifications des pratiques et comment
ces modifications se maintenaient dans le temps (figure 3).
191
CPT Participant (final).doc
Après ce travail, l’intervention a été simplifiée pour pouvoir être étendue (résultats au tableau
3). Dans cette deuxième phase, les ateliers de formation portant sur l’examen des algorithmes
normatifs de traitement étaient conduits par des « leaders d’opinion » dans 18 dispensaires de
Mexico et non par des « experts », et il n’y a pas eu de commissions d’examen par des pairs à
la suite de l’atelier. Au cours de cette phase, l’augmentation avant/après observée de
l’utilisation de l’algorithme de traitement de la diarrhée était de 25,6 % (passage de 17,7 à
43,4 %), contre 46,7 % (passage de 24,5 à 71,2 %) dans la première phase de l’étude. Dans la
dernière phase de ce travail, au lieu des ateliers participatifs intensifs consacrés à l’algorithme
de traitement, celui-ci était simplement expliqué au personnel de santé de 124 dispensaires de
l’Etat de Tlaxcala par des « coordonnateurs » du projet. Après cette formation, l’utilisation de
l’algorithme avait augmenté de 6,5 % (passage de 24,7 à 31,2 %).
Tableau 3. Impact de la formation sur l’utilisation d’un algorithme de traitement de la
diarrhée dans trois types d’établissements au Mexique
Intervention
assurée par
Prescripteurs
Avant
l’intervention
(%)
Après
l’intervention
(%)
Différence (%)
Experts dans deux
dispensaires
31
24,5
71,2
+ 46,7
Leaders dans 18
dispensaires
65
17,7
43,4
+ 25,6
Coordonnateurs
dans 124
dispensaires
157
24,7
31,2
+ 6,5
Cette succession d’études illustre l’importance des impacts supplémentaires que l’on peut
obtenir en combinant diverses stratégies d’intervention, mais démontre aussi que même une
intervention relativement limitée peut apporter une amélioration sensible dans la pratique.
Une revue systématique d’études d’intervention publiées ou non et visant à promouvoir
l’usage rationnel des médicaments dans les pays en développement et les pays en transition a
été présentée lors de la première Conférence internationale sur l’amélioration de l’utilisation
des médicaments, en 1997. Plus de 30 études de méthodologie acceptable (essai contrôlé
randomisé, avant/après avec groupe témoin, séries chronologiques) ont été identifiées. Elles
ont été regroupées par catégories d’intervention et l’importance de l’impact a été exprimée en
pourcentage d’amélioration du résultat en ce qui concerne l’utilisation des médicaments. Les
résultats sont présentés à la figure 4 (qui comporte une catégorie supplémentaire concernant
les stratégies économiques qui ne figuraient pas dans les documents présentés lors de la
conférence de 1997).
La figure 4 montre que les matériels éducatifs imprimés ont peu d’impact sur l’utilisation des
médicaments, avec une amélioration comprise entre 0 et 10 %. L’impact des programmes de
formation était variable (de faible à important), probablement en fonction de la qualité de la
formation. Les interventions impliquant des processus de groupe, une supervision/audit, les
approvisionnements en médicaments et leur gestion, ou des incitations économiques, avaient
régulièrement un impact modéré à important.
CPT Participant (final).doc
192
Activité 1. Etude de cas : antibiotiques génériques et de marque
Pour cette activité, supposez que votre CPT ait remarqué une augmentation de l’utilisation de
certains antibiotiques de marque pour le traitement de maladies infectieuses chez l’adulte dans
le service de soins ambulatoires. Des médicaments génériques moins coûteux ont récemment
été en rupture de stock, mais ils sont à nouveau disponibles. Les prescripteurs sont réticents à
utiliser les génériques car ils n’ont pas confiance dans leur qualité.
Les directives thérapeutiques standard concernant ces infections ne sont pas spécifiques et
permettent par conséquent un large choix d’antibiotiques. Le coût des médicaments de
marque est environ 50 % plus élevé que celui des génériques correspondants figurant sur la
liste du formulaire. La plupart des médecins et pharmaciens s’accordent à dire que les
produits de marque semblent plus efficaces et que les patients reviennent moins pour des
visites de suivi.
L’hôpital a d’importants problèmes de budget et l’administration cherche des moyens de
diminuer les coûts sans compromettre la qualité. L’administration a également reçu de
nombreuses plaintes de patients au sujet de la mauvaise qualité des médicaments, en
particulier des génériques.

Quels sont les principaux problèmes de gestion des médicaments dans cet exemple ?

Définissez clairement les croyances et les motivations des prescripteurs qui peuvent
influer sur le comportement observé.
CPT Participant (final).doc

193
Une fois le problème défini, quelles sortes de stratégies ou d’interventions
appliqueriez-vous pour améliorer le traitement médicamenteux dans cet hôpital et pour
abaisser le coût des médicaments ?
Résumé
La session 9 fournit des informations sur les stratégies d’amélioration de l’utilisation des
médicaments – une des nombreuses fonctions du CPT. Ces programmes sont nécessaires car
l’usage irrationnel des médicaments risque de compromettre les avantages obtenus par les
autres fonctions du CPT.
Les stratégies importantes pour améliorer l’utilisation des médicaments comprennent :

Programmes basés sur l’éducation
o Programmes de formation en cours d’emploi
o Lettres et bulletins d’information pharmaceutique
o Manuel du formulaire
o Communication en face-à-face

Programmes basés sur la gestion
o Etudes d’évaluation de l’utilisation des médicaments
o Directives thérapeutiques standard
o Programmes de pharmacie clinique
o Restrictions et contrôle des médicaments
o Liste du formulaire, bons de commande structurés, ordres stop automatiques,
contrôle des visiteurs médicaux et autres activités promotionnelles des
laboratoires pharmaceutiques

Programmes basés sur la réglementation
o Enregistrement des médicaments
o Enregistrement des professionnels de santé
o Enregistrement des points de vente de médicaments
Chacun de ces domaines doit être abordé avec soin afin d’obtenir un CPT efficace et un
programme réussi de gestion des médicaments.
CPT Participant (final).doc
194
SESSION 10. DIRECTIVES THÉRAPEUTIQUES STANDARD
Remerciements
Cette session est basée sur le cours produit par l’Organisation mondiale de la Santé et le
Réseau international pour l’usage rationnel des médicaments : Promouvoir l’usage rationnel
des médicaments – Les traitements standard (Guides d’étude et présentations PowerPoint).
http://archives.who.int/PRDUC2004/RDUCDFR/Default.htm
Objectif et contenu
L’expérience montre que même lorsque l’approvisionnement en médicaments repose sur une
liste approuvée – liste du formulaire ou liste des médicaments essentiels – il existe de
nombreux cas où la prescription est inefficace voire dangereuse ou représente un gaspillage de
ressources. Les directives thérapeutiques standard décrivent les traitements de choix,
médicamenteux ou non, pour les problèmes de santé courants dans la population desservie par
un système de santé. En tant que telles, elles représentent une approche de la promotion de
pratiques de prescription efficaces sur le plan thérapeutique et efficientes sur le plan
économique.
Lorsqu’elles sont efficacement mises en œuvre, les directives thérapeutiques standard
présentent des avantages pour le patient (davantage de cohérence, traitement plus efficace),
les dispensateurs de soins de santé (consensus d’experts, normes de qualité des soins, base
pour la surveillance), les responsables des approvisionnements (demande plus prévisible,
possibilité de préconditionnement), et les décideurs en matière de politiques de santé
(intégration de programmes spéciaux dans les politiques thérapeutiques et promotion de
l’utilisation efficiente des fonds). Mais leur mise en œuvre efficace représente peut-être la
plus grande difficulté lorsqu’il s’agit d’introduire des directives thérapeutiques standard dans
la pratique.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Comprendre l’importance des directives thérapeutiques standard dans la promotion de
l’usage rationnel des médicaments

Décrire la mise en œuvre des directives dans un hôpital ou un dispensaire

Préparer des directives thérapeutiques pour une maladie ou une affection
Préparation et matériel
Lire :

Guide du participant
CPT Participant (final).doc

195
Management Sciences for Health and World Health Organization. 1997. Managing
Drug Supply. 2nd ed. West Hartford, CT : Kumarian Press. (Chapitre 11 : « Treatment
Guidelines and Formulary Manuals ».)
Définition clé
Directives thérapeutiques standard – Recueil de directives élaboré de façon systématique et
destiné à aider le praticien et le patient à prendre les décisions concernant les soins de santé
appropriés dans des circonstances cliniques déterminées.
Introduction
Le comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) est chargé d’un grand nombre de fonctions
importantes dans le domaine de la gestion des médicaments. Il est responsable, entre autres,
de l’évaluation des nouveaux médicaments pour la liste du formulaire, de l’identification et de
la correction des problèmes d’utilisation des médicaments, et de l’évaluation et du contrôle
des réactions indésirables. La session 10 est consacrée à une importante stratégie
d’amélioration de l’utilisation des médicaments dans le système de santé – les directives
thérapeutiques standard. Celles-ci constituent une ressource appréciable dans la gestion du
traitement médicamenteux car :

Le traitement des maladies peut se faire selon de nombreuses approches différentes

De nombreux praticiens ne se rappellent pas quelle est la meilleure méthode de
traitement

L’application du traitement le plus efficace est bénéfique à la fois pour le patient et
pour le système de santé

La gestion de la liste du formulaire n’aura qu’un impact limité si les médicaments sont
utilisés de façon incorrecte
L’élaboration et la mise en œuvre des directives thérapeutiques standard est nécessaire dans
tout système de santé où de nombreux traitements peuvent être disponibles. Les médecins et
autres dispensateurs de soins de santé utilisent leurs propres connaissances, les acquis de leur
formation et aussi leurs idées préconçues sur le traitement à prescrire pour chaque patient.
Souvent, cette approche est efficace et raisonnable et conduit à un traitement optimal. Mais,
tout aussi fréquemment, elle peut conduire à un traitement non optimal et parfois même
dangereux, avec un résultat défavorable pour le patient. L’utilisation de directives
thérapeutiques standard est un système qui a fait ses preuves, qui fonctionne bien et qui
améliore le résultat du traitement.
Ce dont on a besoin : une solution contre l’anarchie thérapeutique
Les directives thérapeutiques standard existent depuis que l’art de guérir existe. Les
guérisseurs traditionnels ont développé leurs propres protocoles de soins, qui se sont transmis
de génération en génération. Dans la médecine moderne, en revanche, il a été admis que pour
un grand nombre d’affections médicales il pouvait exister plusieurs protocoles de traitement.
Ce concept entraîne une certaine confusion et, dans de nombreux cas, mène à un traitement
CPT Participant (final).doc
196
incorrect. Les médecins, infirmiers, pharmaciens, agents de santé communautaires et autres
dispensateurs de soins de santé reçoivent une formation portant sur tous les traitements qui
pourraient être utilisés, au lieu d’être axée sur le meilleur traitement, celui qui devra être
utilisé. La simple observation, tout comme des études plus systématiques sur les pratiques de
prescription, révèle une incroyable diversité de pratiques de prescription pour le traitement ne
serait-ce que des affections les plus courantes. La polymédication est un problème ; par
exemple, trois, quatre, cinq, six médicaments et parfois plus peuvent être prescrits pour une
gastro-entérite aiguë d’origine virale, contre laquelle seule la thérapie de réhydratation orale
est efficace pour réduire la morbidité et la mortalité. Les autres problèmes fréquents sont le
choix incorrect des médicaments, la prescription de doses excessives ou insuffisantes, et le
choix d’un médicament coûteux alors que des médicaments moins chers seraient aussi
efficaces sinon plus.
Les directives thérapeutiques standard – aussi appelées protocoles de traitement, traitements
standard, directives de traitement standard, etc. – donnent la liste des traitements
médicamenteux et non médicamenteux de choix pour les problèmes de santé couramment
rencontrés dans un système de santé déterminé. Le traitement médicamenteux standard doit
comporter, pour chaque problème de santé, le nom, la forme pharmaceutique, le dosage, la
dose moyenne (enfant et adulte), le nombre de doses par jour et le nombre de jours de
traitement. Il peut aussi comporter des informations sur le diagnostic et les conseils à donner
aux patients.
Les directives thérapeutiques standard doivent indiquer à la fois les traitements
médicamenteux et les autres formes de traitement. Par exemple, rassurer les parents peut être
le traitement standard approprié pour un enfant plus petit que les autres enfants de son âge
mais dont la courbe de croissance est normale, qui ne présente aucun signe de malnutrition ni
de maladie chronique, et dont les parents ont une taille inférieure à la moyenne.
Les directives peuvent aussi comprendre des informations sur certains diagnostics (par
exemple le paludisme), les symptômes (par exemple les céphalées) et les services de
médecine préventive (par exemple les vaccinations ou l’administration prénatale de
suppléments de vitamines et de minéraux).
Les directives thérapeutiques standard sont actuellement utilisées dans diverses parties des
Etats-Unis d’Amérique, d’Europe, d’Amérique latine, d’Asie, d’Afrique et du Pacifique
occidental. L’expérience montre que même la liste des médicaments essentiels ou la liste du
formulaire la plus réduite peut encore donner lieu à une utilisation incorrecte des médicaments
du fait du traitement inapproprié de problèmes de santé courants. Les programmes de
médicaments essentiels estiment donc que l’élaboration de traitements standard est nécessaire
pour une utilisation des médicaments qui soit efficace sur le plan thérapeutique et efficiente
du point de vue économique.
Les traitements standard sont utilisés à différents moments du processus thérapeutique. Ils
peuvent être utilisés pour le diagnostic, pour la décision concernant le traitement et la
fourniture de médicaments, et pour faciliter l’observance du traitement prescrit. Cette façon
de procéder aura le plus de chances de conduire au résultat clinique souhaité.
Bien que les directives thérapeutiques standard aient de nombreux avantages, elles
comportent également quelques inconvénients.
CPT Participant (final).doc
197
Avantages
L’utilisation des directives thérapeutiques standard peut présenter des avantages pour les
dispensateurs de soins de santé, les responsables des soins de santé, le personnel de la gestion
des approvisionnements et les patients, de la façon suivante :

Dispensateurs de soins de santé
o Elle donne aux praticiens des lignes directrices standardisées
o Elle aide à obtenir des soins de qualité en indiquant aux praticiens quels sont
les médicaments les plus appropriés pour une affection déterminée
o Elle aide à obtenir la meilleure qualité de soins puisque les patients reçoivent
un traitement optimal
o Elle utilise uniquement les médicaments de la liste du formulaire ou de la liste
des médicaments essentiels, de sorte que le système de santé n’a besoin de
fournir que les médicaments qui figurent dans les directives
o Elle apporte une aide précieuse à tous les praticiens, surtout ceux dont le
niveau de compétences est moins élevé
o Elle permet aux dispensateurs de soins de santé de se concentrer sur la
recherche du diagnostic correct, puisque les options de traitement leur seront
proposées

Responsables des soins de santé
o Elle constitue une base pour l’évaluation de la qualité des soins dispensés par
les professionnels de santé
o Elle permet le traitement le plus efficace en termes de qualité
o Elle constitue un système de contrôle des coûts grâce à une utilisation plus
efficiente des fonds
o Elle donne des informations que les praticiens pourront fournir aux patients sur
les normes de soins de l’établissement
o Elle peut constituer un moyen d’intégrer des programmes spéciaux (par
exemple lutte contre les maladies diarrhéiques, contre les infections
respiratoires aiguës, la tuberculose, le paludisme) au niveau des établissements
de soins de santé primaires grâce à un ensemble unique de directives

Personnel de la gestion des approvisionnements
o Elle utilise uniquement les médicaments de la liste du formulaire ou de la liste
des médicaments essentiels, de sorte que le système de santé n’a besoin de
fournir que les médicaments qui figurent dans les directives
CPT Participant (final).doc
198
o Elle donne des informations pour les prévisions et les commandes (car les
médicaments et les quantités nécessaires contre les affections courantes seront
connus)
o Elle donne des informations pour l’achat de médicaments préconditionnés

Patients
o Les patients reçoivent le traitement médicamenteux optimal
o Elle permet un traitement cohérent et prévisible quel que soit le niveau du
dispensateur de soins de santé et en tous lieux du système de santé
o Elle permet d’améliorer la disponibilité des médicaments grâce à une plus
grande régularité de l’utilisation et des commandes
o Elle aide à améliorer les résultats puisque les patients reçoivent les meilleurs
schémas thérapeutiques disponibles
o Elle abaisse les coûts
Inconvénients
Les directives thérapeutiques standard ont également des inconvénients :

Des directives inexactes ou incomplètes donneront des informations fausses aux
praticiens et seront plus nuisibles qu’utiles. Il peut arriver que les directives ne
reposent pas sur l’information la plus fiable

L’élaboration et la mise à jour des directives sont des tâches difficiles et qui prennent
du temps, et les mises à jour doivent être régulières sinon les directives deviendront
très rapidement obsolètes

Les directives donnent une fausse impression de sécurité, c’est-à-dire que de
nombreux praticiens n’iront pas plus loin dans l’évaluation d’un patient dès lors
qu’elle cadrera avec un protocole thérapeutique déterminé
Les directives thérapeutiques standard sont axées sur les maladies, tandis que les formulaires
sont axés sur les médicaments. Ces deux documents représentent l’essence même des efforts
du CPT pour assurer que les patients reçoivent un traitement médicamenteux rationnel. Tout
doit être fait pour publier ces deux manuels, les mettre à la disposition de l’ensemble des
praticiens et les mettre à jour à intervalles réguliers pour garantir l’exactitude des informations
qu’ils contiennent.
Etablissement des directives thérapeutiques standard
L’établissement des directives thérapeutiques standard est un processus qui prend du temps, et
qui doit être réalisé de façon méthodique et complète si l’on veut obtenir un produit qui sera
accepté par tous les praticiens. Ce processus peut se décomposer en huit étapes :
CPT Participant (final).doc
199
1. Constituer un comité chargé de l’élaboration des directives. Le CPT peut se charger de
cette tâche ou désigner plusieurs personnes qui constitueront un nouveau comité aux fins de
l’élaboration des directives.
2. Etablir un plan d’ensemble pour les directives. Il est nécessaire d’avoir un plan complet
avec un calendrier bien défini pour assurer que le travail sera commencé et achevé dans un
délai raisonnable. Choisir une présentation pour les directives. Recruter des contributeurs, des
rédacteurs et des relecteurs.
3. Identifier les maladies qui seront couvertes par les directives thérapeutiques standard. Les
maladies et affections médicales les plus courantes et les plus graves devront être
sélectionnées à partir des statistiques de morbidité disponibles. On consultera tous les services
et départements hospitaliers afin d’identifier les maladies importantes pour lesquelles des
directives devront être établies.
4. Déterminer les options de traitement appropriées. Cette étape est fondamentale. Il faut ici
utiliser des informations reposant sur des données factuelles pour identifier les directives
thérapeutiques appropriées. On consultera des experts et des spécialistes pour confirmer les
options de traitement proposées. Les directives devront être compatibles avec les formulaires
et directives nationaux.
En règle générale, les directives thérapeutiques standard devront :





Utiliser le moins de médicaments possible pour traiter l’affection médicale considérée
Choisir un traitement ayant un bon rapport coût-efficacité
Utiliser les médicaments inscrits sur la liste du formulaire (liste locale et liste
nationale)
Indiquer les options thérapeutiques de première intention et, le cas échéant, de
deuxième et de troisième intentions
Spécifier les doses, la durée du traitement, les contre-indications et les effets
secondaires
5. Déterminer quelles sont les informations à faire figurer dans les directives. Les
informations que contiennent les directives thérapeutiques standard peuvent être très diverses.
Les rubriques ci-dessous sont des suggestions pour des directives détaillées.









Maladie ou affection considérée
Critères de diagnostic et d’exclusion
Objectifs du traitement (par exemple élimination de Plasmodium d’un frottis sanguin)
Traitement non médicamenteux
Médicaments de choix (et alternatives) pour la maladie ou l’affection considérée
Informations importantes concernant la prescription – dose, durée du traitement,
contre-indications, effets secondaires, mises en garde, interactions médicamenteuses
Critères de recours à un spécialiste
Informations à donner au patient
Conduite à tenir si la réponse clinique est insuffisante
La quantité d’informations à faire figurer dans les directives représente un choix difficile.
Dans l’idéal, le recueil de directives devrait être concis et de petit format de façon à tenir dans
CPT Participant (final).doc
200
la poche du prescripteur, mais néanmoins les directives individuelles devront être
suffisamment complètes pour décrire l’affection ou la maladie et son traitement approprié.
6. Rédiger un projet de directives pour commentaires et essai pilote. Les directives
thérapeutiques standard sont des documents qui suscitent des avis très variés et risquent de ne
pas être acceptées par tous les praticiens d’un hôpital ou d’un dispensaire. Le projet de
directives devra être diffusé de manière à recueillir des commentaires sur son contenu, sa
facilité d’utilisation, sa présentation et son acceptabilité globale. Cette étape est déterminante
pour l’utilisation future des directives et pour obtenir l’adhésion des praticiens de l’hôpital.
7. Publier et diffuser les directives. Une fois le projet final achevé et approuvé, le document
doit être publié et largement distribué au personnel professionnel. La distribution des
directives devra s’accompagner d’un lancement officiel, d’une formation des utilisateurs, d’un
suivi et d’une évaluation, qui constituent autant d’étapes nécessaires. Cette importante activité
sera décrite en détail plus loin (voir « Mise en œuvre des directives »).
8. Revoir les directives et les mettre à jour. Les recommandations thérapeutiques changent
rapidement, et les directives thérapeutiques standard doivent suivre. Il faut les mettre à jour
régulièrement pour intégrer les changements au niveau des stratégies de traitement reconnues.
A défaut d’un calendrier régulier de mise à jour, les directives perdront rapidement leur
crédibilité.
Les directives thérapeutiques doivent fournir l’information la plus récente et la plus exacte
dont on dispose. Toute tentative de produire des directives qui ne contiendraient pas
d’informations exactes et à jour sera vouée à l’échec. Il faut donc insister fermement sur la
nécessité d’utiliser des données médicales factuelles pour préparer les directives et de
s’assurer la participation d’experts pour leur rédaction et leur relecture.
Caractéristiques de base d’un bon recueil de directives thérapeutiques standard
Le succès des directives repose sur sept points importants.

Simplicité – Le nombre de problèmes de santé est limité. Pour chacun d’eux, quelques
critères de base pour le diagnostic clinique sont donnés. L’information sur les
médicaments et leur posologie est claire et concise.

Crédibilité – Les traitements sont tout d’abord élaborés par les cliniciens les plus
réputés dans le pays à partir de données factuelles. Les révisions basées sur
l’expérience ajoutent encore à la crédibilité des directives. Les commentaires du
personnel paramédical seront activement sollicités et il en sera tenu compte.

Normes identiques pour tous les niveaux – Les médecins et autres dispensateurs de
soins de santé utilisent les mêmes protocoles standard. Les critères de recours à un
spécialiste diffèrent, mais le traitement de première intention adopté pour un patient
dépend du diagnostic et de l’affection, et non du prescripteur. Qu’un patient se rende
dans un hôpital universitaire ou dans un dispensaire de base pour la même affection, le
traitement qu’il recevra sera exactement le même. Si le patient ne répond pas au
traitement, il pourra être envoyé dans un établissement de niveau supérieur pour
recevoir le traitement de deuxième intention, qui doit être donné en milieu hospitalier.
CPT Participant (final).doc
201

Approvisionnement en médicaments basé sur des normes – Les traitements standard
sont coordonnés avec l’approvisionnement en médicaments. Si les circonstances
obligent à changer de médicament pour le traitement standard, le système
d’approvisionnement doit suivre.

Introduit dans la formation avant emploi – Les recueils de directives thérapeutiques
standard sont distribués au cours de la formation des personnels de santé et leur
utilisation devient une habitude.

Dynamique (mises à jour régulières) – A mesure que les profils de sensibilité des
bactéries aux antimicrobiens changent ou que d’autres facteurs influencent les choix
thérapeutiques, les directives sont révisées de façon à refléter les recommandations en
vigueur.

Manuel robuste au format de poche – Les directives thérapeutiques standard sont
publiées sous la forme d’un recueil solide au format de poche, pratique à emporter et à
utiliser.
Pour une plus grande efficience thérapeutique et économique, les traitements standard doivent
cibler les affections qui ont les taux les plus élevés de morbidité et de mortalité. Il faut noter
que certaines affections qui contribuent de façon importante au nombre de patients traités et
donc au coût total des médicaments fournis ne contribuent que faiblement à la morbidité et à
la mortalité. Les affections cutanées en sont un exemple courant. Ces problèmes peuvent
cependant représenter une priorité pour l’établissement de directives thérapeutiques car ils
absorbent un pourcentage important du budget pharmaceutique.
En ce qui concerne la sélection des problèmes de santé devant faire l’objet de directives, les
traitements standard se classent en trois catégories :

Individuels – Les traitements standard sont préparés pour un problème ou un ensemble
de problèmes unique, par exemple pour les maladies diarrhéiques, pour les infections
respiratoires aiguës, pour le paludisme.

Sélectifs – Les traitements standard sont préparés pour un petit nombre de problèmes
hautement prioritaires, peut-être 6 à 12, par exemple un ensemble (« package ») de
traitements pour les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës, les soins
prénatals, les vaccinations, le paludisme et la tuberculose.

Complets – Les traitements standard sont préparés pour un grand nombre de
problèmes de santé courants – 30, 50, 100 ou même plus. Une fois publié, ce recueil
de traitements standard ressemble davantage à un ouvrage de référence qu’à un simple
guide pour l’usage courant.
Le nombre de directives thérapeutiques à élaborer doit être adapté au contexte. Les
traitements standard individuels élaborés un par un risquent de manquer la possibilité
d’utiliser le processus pour intégrer des programmes spéciaux. A l’autre extrême, les
traitements standard complets risquent de submerger les agents de santé d’informations
nouvelles, et par là même de limiter les chances qu’un seul de ces traitements – même ceux
contre les problèmes courants et prioritaires – soit suivi. Il existe toujours la possibilité de
préparer pour les différents niveaux du système de santé des manuels contenant différentes
quantités d’informations.
CPT Participant (final).doc
202
Il faut aussi tenir compte des informations sur les profils de morbidité locaux. Les
dispensaires de soins de santé primaires ont rarement accès à des services de laboratoire. Mais
les résultats d’enquêtes utilisant les services de laboratoire disponibles au niveau du district,
de la région ou du pays peuvent être exploités pour sélectionner sur des critères scientifiques
les médicaments de choix contre certains types de diarrhées, les infections respiratoires
aiguës, le paludisme, la tuberculose et d’autres maladies infectieuses et parasitaires. Les
traitements standard dynamiques sont périodiquement mis à jour pour refléter les
changements d’approches thérapeutiques.
L’élaboration de traitements standard doit viser l’intégration thérapeutique grâce à la
coordination avec des programmes spéciaux tels que les programmes de lutte contre les
maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës, le paludisme et autres. Les
traitements standard des hôpitaux ou des établissements de soins de santé primaires doivent
renforcer les recommandations des programmes spéciaux de même que les programmes
spéciaux doivent utiliser leur expérience pour élaborer leurs recommandations en matière de
traitement.
La sélection des médicaments individuels devra naturellement s’appuyer sur les principes du
choix du plus petit nombre de médicaments nécessaires pour traiter efficacement une
affection déterminée, du choix du traitement ayant le meilleur rapport coût-efficacité et de la
conformité à la liste des médicaments essentiels si elle existe. S’il n’existe pas de liste des
médicaments essentiels pour le niveau de soins de santé auquel les traitements seront utilisés,
le processus d’élaboration des traitements standard devra également conduire à la production
d’une telle liste.
L’élaboration des traitements standard doit impliquer des cliniciens respectés provenant de
tous les niveaux du système de santé et pouvant comprendre aussi bien des professeurs de
médecine renommés que des médecins de district expérimentés et des agents de santé
communautaires particulièrement compétents. On consultera également les chefs de service
des grands hôpitaux dont on sollicitera les conseils lors de la préparation et de la rédaction du
document. Il est également nécessaire d’impliquer un grand nombre d’utilisateurs finaux que
seront les médecins et les pharmaciens hospitaliers afin d’obtenir une approche participative
aussi large que possible, qui assurera l’adhésion de tous lorsque le manuel sera achevé.
Enfin, il faut tenir compte du point de vue du patient. Les questions d’observance du
traitement et les préférences fréquemment manifestées par les patients doivent être pesées
face aux considérations d’efficacité, d’innocuité, de qualité et de coût.
Mise en œuvre des directives
En ce qui concerne l’impact des directives sur les modalités de prescription et d’utilisation des
médicaments, le principal défaut des efforts réalisés dans le passé pour faire adopter les
traitements standard résidait probablement non pas dans l’élaboration de protocoles
convenables, mais plutôt dans leur mise en œuvre efficace une fois élaborés. Les pratiques de
prescription changent lentement ; par conséquent, les praticiens doivent être formés à
l’utilisation des directives et apprendre à en reconnaître l’importance. Il est fondamental
d’assurer la promotion des directives grâce à des activités de « marketing ».
Les éléments importants pour tout plan de mise en œuvre des traitements standard sont :
CPT Participant (final).doc






203
Documents de référence imprimés
Lancement officiel
Formation initiale
Cours de perfectionnement
Suivi
Supervision
Les documents de référence imprimés peuvent être des manuels, des affiches et des matériels
de formation. Selon le nombre de traitements standard, ces références peuvent prendre la
forme de panneaux muraux, de manuels au format de poche ou d’ouvrages de référence de
plus grand format à conserver sur une étagère.
Certaines personnes estiment que les panneaux muraux sont supérieurs comme aide-mémoire
pour le personnel de santé, plus durables et aident le patient à mieux comprendre le processus
de traitement. D’autres trouvent qu’un manuel est plus efficace, à condition de tenir dans une
poche, d’être solide et bien conçu. Les livres au format de poche peuvent aussi comprendre
des informations sur les divers médicaments ou d’autres données de référence. Le contenu des
manuels de poche peut être présenté sous forme de tableaux synthétiques, d’arbres de
décision, de diagrammes diagnostiques et thérapeutiques, ou ne comporter que du texte.
Il est important que les directives fassent l’objet d’un lancement officiel. On devrait faire en
sorte que le ministre de la santé, les dirigeants des organismes professionnels et des cliniciens
réputés présentent les nouvelles directives dans le cadre d’une conférence publique. Dans
l’idéal, cet événement devrait être couvert par la presse et relayé par les médias audiovisuels,
et les représentants des associations professionnelles dans le domaine de la santé devraient y
assister.
La formation initiale est également importante. Dans l’idéal, les traitements standard
devraient être intégrés dans la formation officielle des médecins et autres dispensateurs de
soins de santé avant qu’ils ne commencent à exercer. L’utilisation des traitements standard et
du manuel de référence ou des panneaux muraux dès le début de la formation donne de
bonnes habitudes pour la pratique clinique ultérieure. Il va de soi que les examens devraient
comporter des questions sur les traitements standard.
La durée de la formation initiale dépendra du nombre et de la complexité des traitements
standard. La formation devra cibler en particulier les réticences des prescripteurs à utiliser les
traitements standard. Certains peuvent craindre que le fait de consulter un manuel en présence
du patient nuise à leur crédibilité. Les participants devront donc s’exercer à utiliser des
matériels de référence en situation réelle ou dans le cadre de jeux de rôle.
D’autres prescripteurs peuvent ne pas se rendre compte de la façon dont les directives ont été
préparées et, au début, ne pas avoir confiance dans les traitements proposés. Surtout, si les
traitements standard diffèrent sensiblement des pratiques en vigueur (par exemple moins
d’injections ou moins d’antibiotiques qu’il n’est actuellement prescrit), ces différences
doivent être identifiées et expliquées. Les participants devront être fortement encouragés à
accepter les traitements standard, peut-être même en leur faisant signer un accord écrit.
Pour les dispensateurs de soins de santé déjà en activité, une formation de perfectionnement
intervenant 6 à 12 mois après la formation initiale peut jouer un grand rôle en soulignant à
nouveau l’importance de suivre les traitements standard, et peut donner au CPT l’occasion de
répondre aux questions qui se sont posées lors des tentatives d’application de ces traitements.
CPT Participant (final).doc
204
Enfin, le système de suivi et les efforts de supervision devront être axés sur les problèmes de
santé prioritaires et les traitements standard correspondants. Les rapports de routine sur les
problèmes hautement prioritaires comme les maladies diarrhéiques et les infections
respiratoires aiguës peuvent également comporter des informations sur le traitement de ces
affections et, ce qui est fondamental, sur les approvisionnements suffisants en ce qui concerne
les quelques médicaments nécessaires pour leur traitement. Il peut être utile de procéder à des
études d’évaluation de l’utilisation des médicaments pour le suivi et également pour assurer le
respect des directives thérapeutiques standard.
Activité 1. Elaboration de directives qui seront utilisées pendant la visite sur le terrain
Pour cette activité, supposez que votre CPT possède des informations provenant d’études sur
des indicateurs, d’examens de dossiers de patients et d’analyses ABC, et montrant que de
nombreux antimicrobiens sont utilisés en quantités excessives. Cette sur-utilisation s’observe
dans le traitement de la pneumonie, de la diarrhée et du paludisme et lors de nombreuses
interventions chirurgicales. L’incidence du paludisme résistant aux antimicrobiens augmente
également dans les hôpitaux. D’autres données (y compris des rapports isolés) indiquent que
les antimicrobiens sont prescrits de façon incorrecte, irréfléchie et sans suivi approprié. Une
analyse ABC a montré que les antimicrobiens représentent 85 % du budget pharmaceutique.
Le CPT a l’intention de s’attaquer à ce problème selon plusieurs stratégies, dont des
programmes éducatifs à l’intention des médecins, l’établissement d’un programme
d’évaluation de l’utilisation des médicaments portant sur plusieurs antimicrobiens, et une
révision des directives thérapeutiques standard.
Répartissez-vous selon vos groupes habituels et travaillez ensemble à l’élaboration de
directives thérapeutiques standard pour l’antibioprophylaxie de la césarienne. (Si vous
disposez d’assez de temps, il pourra également vous être demandé de préparer des directives
pour la pneumonie de l’enfant.) Faites en sorte que les directives soient brèves, mais prenez
en compte tous les aspects des soins qui sont nécessaires pour orienter le traitement approprié
et améliorer les résultats chez les patients présentant cette maladie ou cette affection. Préparez
également un plan de travail succinct indiquant de quelle façon les directives seraient mises
en œuvre dans votre hôpital.
Les directives préparées par les divers groupes seront présentées et commentées devant
l’ensemble des participants et les facilitateurs vous aideront à parvenir à un consensus entre
tous les groupes sur des directives uniques qui seront utilisées par tous. Les participants
élaboreront ensuite tous ensemble un imprimé qui servira à déterminer si les patients sont
traités conformément aux directives ; cet imprimé sera utilisé plus tard dans le cours pendant
la visite sur le terrain dans un hôpital local.
Activité 2. Etude de cas : Une deuxième édition ? Les traitements standard en Pagalie
(D’après le cours OMS/INRUD : Promouvoir l’usage rationnel des médicaments)
La conception et la mise en œuvre de directives thérapeutiques standard qui améliorent
réellement les pratiques de prescription posent un certain nombre de problèmes. Ce travail ne
suppose pas seulement que toutes les questions impliquées dans chaque étape du processus
soient connues ; il suppose aussi un engagement, une coopération, des ressources financières
et des efforts suffisants. Cette étude de cas permet d’engager la réflexion et la discussion
autour de quelques-uns des problèmes importants que l’on rencontre lors de l’introduction des
directives thérapeutiques standard dans un système de santé.
CPT Participant (final).doc
205
Lisez l’étude de cas (annexe 1) et préparez-vous à examiner les questions suivantes avec votre
groupe :

De quelle manière les directives thérapeutiques standard ont-elles été développées et
mises en œuvre ?

Jusqu’à présent, quelle a été leur incidence sur les pratiques de prescription ?

Est-il, à ce jour, nécessaire d’envisager une deuxième édition des « traitements
standard » ? Cela représente-t-il le meilleur usage du temps et de l’argent ?

Que faudrait-il faire ? Que faudrait-il proposer à M. Domingo lors de la prochaine
réunion ?

Quels autres problèmes de gestion des médicaments existe-t-il dans cette étude de cas,
et comment les traiteriez-vous ?
Résumé
Les directives thérapeutiques standard sont l’un des concepts les plus importants en matière
d’usage rationnel des médicaments. Il a été démontré qu’elles constituaient un guide utile
pour les praticiens de tous niveaux, en particulier ceux n’ayant qu’une formation limitée.
Les directives doivent être préparées avec pour objectif final de fournir au système de santé
un protocole qui, s’il est suivi, améliorera les soins aux patients et les résultats en termes de
santé.
Les directives thérapeutiques standard amélioreront les résultats au niveau du patient de la
façon suivante :

Elles donnent aux praticiens des lignes directrices standardisées

Elles indiquent quels sont les médicaments les plus appropriés pour une affection
déterminée

Elles aident à obtenir la meilleure qualité de soins puisque les patients reçoivent un
traitement optimal

Elles utilisent uniquement les médicaments de la liste du formulaire ou de la liste des
médicaments essentiels, de sorte que le système de santé n’a besoin de fournir que les
médicaments qui figurent dans les directives

Elles apportent une aide précieuse à tous les praticiens, surtout ceux dont le niveau de
compétences est moins élevé, car elles donnent les informations nécessaires pour
assurer des soins de qualité

Elles permettent aux dispensateurs de soins de santé de se concentrer sur la recherche
du diagnostic correct, puisque les options de traitement leur seront proposées
On trouvera à l’annexe 2 une liste de publications se rapportant à l’élaboration des directives
thérapeutiques standard.
206
CPT Participant (final).doc
Annexe 1. Etude de cas pour l’activité 2
« Une deuxième édition ?
Les traitements standard en Pagalie »
Un matin, vers le milieu de l’année 1998
Le Dr. Pedro, le directeur des services de santé, était patiemment assis, n’écoutant qu’à moitié
la présentation du Dr. Karma sur la nouvelle composante du projet de financement de la santé
consacrée aux médicaments essentiels. Ses yeux étaient animés de leur pétillement
caractéristique, bien qu’il ait déjà entendu au moins deux fois cette introduction par le passé.
L’objectif de cette composante du projet consacrée aux médicaments essentiels était
d’atteindre tout à la fois « une efficacité thérapeutique et une efficience (ou rentabilité)
économique », afin d’aider le ministre à faciliter l’accès aux services de santé de la mère et de
l’enfant et à les rendre plus efficaces.
M. Joko de la direction de la planification et Mme Soma de la direction pharmaceutique
assistaient également à la réunion en compagnie de plusieurs de leur assistants. Le Dr. Pedro
se dit que les assistants semblaient particulièrement captivés par la présentation énergique du
Dr. Karma. « Donc, mes amis », annonça le Dr. Karma, « nous devons présenter lundi
prochain à M. Domingo [qui est le représentant de notre principal sponsor financier sur ce
projet] notre premier plan d’action annuel visant à améliorer l’usage des médicaments. Qu’en
pensez-vous ? ».
Etat et système de santé en Pagalie
Pendant que M. Joko évoquait un certain nombre de points concernant les récentes
négociations avec le donateur, le Dr. Pedro réfléchissait à la situation sanitaire actuelle de son
pays. De par sa position au ministère, le Dr. Pedro avait le sentiment d’avoir une bonne
appréciation des besoins du système au niveau des centres de santé.
La Pagalie est divisée en 10 provinces et en 80 districts. La santé est considérée comme
relevant d’une responsabilité centrale. Aussi, les autorités nationales jouent-elles un rôle
prépondérant dans l’élaboration des politiques de santé. La population de Pagalie, qui compte
plus de 20 millions d’habitants, a accès à des services de soins de santé primaires grâce à un
réseau de près de 300 centres de santé et de 2300 postes de santé. De plus, presque chaque
district dispose d’un petit hôpital. La Pagalie compte par ailleurs 15 hôpitaux généraux et
spécialisés de province. L’UNICEF a estimé que près de 120 000 Pagaliens sont décédés au
cours de l’année dernière – dont la moitié avaient moins de 5 ans. On estime que le taux de
mortalité infantile a chuté en dessous de 85 décès pour 1000 naissances. Comme on pouvait
s’y attendre, les premières causes de décès parmi les enfants âgés de moins de cinq ans sont
les diarrhées, les IRA, le tétanos néonatal, la rougeole et d’autres maladies évitables par la
vaccination. Les membres de l’équipe de la planification, dirigée par M. Joko, ont récemment
mené une étude sur les motifs de recours aux centres de santé. Celle-ci a permis de mettre en
évidence que les IRA étaient responsables de 36% des consultations des enfants de moins de 5
ans. Venaient ensuite les maladies de la peau (17%) et les diarrhées (15%). Chez les adultes,
les IRA expliquaient 18% des visites, les maladies de la peau également 18%, l’anémie et les
autres déficiences nutritionnelles 10% et les diarrhées 6%.
Bien que la plupart des centres de santé disposent d’un médecin, une étude récente menée
dans une province a montré que seul 1 patient sur 4 voit un médecin en consultation. La
CPT Participant (final).doc
207
majorité des patients sont auscultés et traités par des infirmières et des personnels
paramédicaux.
La publication des traitements standard
Une fois la présentation de la problématique par M. Joko terminée, le Dr. Pedro lança une
discussion sur les méthodes qui permettent d’améliorer les conditions d’usage des
médicaments. « La seule solution consiste à diffuser les traitements standard. Ils permettent de
résoudre tous les problèmes. » Il continua en décrivant le processus qui avait conduit, deux
ans plus tôt, à la publication des Traitements standard pour les centres de santé.
La liste des médicaments essentiels a été élaborée en 1991. En 1993, les inquiétudes
concernant les conditions d’utilisation des médicaments ont conduit les autorités à initier un
travail sur les traitements standard. Un comité constitué de quatre médecins des services de
médecine préventive, d’une personne du ministère, de trois membres de la faculté de
médecine et d’une personne de l’extérieur a ensuite commencé à travailler sérieusement sur le
projet. Début 1996, on a publié les « Traitements standard pour les centres de santé ».
Le manuel comportait des traitements standard pour 100 maladies différentes, ainsi que des
informations sur les interactions médicamenteuses, les courbes de croissance et d’autres sujets
essentiels. Le manuel comprenait, pour chacun des problèmes de santé abordés, les principaux
éléments diagnostiques et les traitements associés recommandés.
Les traitements standard ont fait l’objet d’une publication sous la forme d’un manuel
compact, mais de taille standard, avec une couverture brillante de couleur verte avec le logo
du ministère. Les manuels ont finalement été envoyés à tous les centres de santé. Comme les
facultés de médecine et les autres institutions d’éducation sanitaire ne relèvent pas de la
tutelle du ministère de la santé, il y a eu peu de contacts directs avec ces programmes
éducatifs.
« Toutefois », a conclut le Dr. Pedro, « depuis la publication des Traitements standard pour
les centres de santé, tous les programmes spéciaux ont modifié leurs recommandations
thérapeutiques, qu’il s’agisse du programme de lutte contre les diarrhées, de celui sur les IRA,
ou encore de celui sur la tuberculose. Il apparaît clairement que ce qu’il faut faire pour
promouvoir le bon usage des médicaments, c’est de réviser, de réimprimer et de redistribuer
les traitements standard ».
Les schémas thérapeutiques dans les centres de santé en 1997
Mme Soma, de la direction pharmaceutique, était restée jusqu’alors très silencieuse, mais elle a
été troublée par le dernier commentaire du Dr. Pedro. Poliment, mais fermement, elle a
commencé par dire : « Je ne suis pas persuadée que le fait de réviser et de redistribuer les
Traitements standard soit la solution ». Puis elle a étayé son propos en résumant brièvement
deux études qu’elle et ses collègues avaient menées récemment.
La première étude, à laquelle avait également participé de façon active l’équipe de M. Joko,
avait consisté à comparer les commandes de médicaments de l’année précédente avec une
estimation approximative de ce qu’elles auraient dues être si les cas de maladies rapportés par
le groupe de suivi du service de médecine préventive avaient été traités selon les
recommandations du Dr. Pedro.
CPT Participant (final).doc
208
« Regardez ici », dit Mme Soma, « vos traitements standard auraient conduit l’équipe du centre
de santé à prescrire de grande quantités de pénicilline procaïne, de pénicilline par voie orale et
de cotrimoxazole, alors que l’année dernière ils n’ont pratiquement commandé aucun de ces
antibiotiques. Vos traitements auraient entraîné une réduction du recours à la tétracycline, à
l’ampicilline, au chloramphénicol, à certaines des injections et à d’autres médicaments
habituellement utilisés ». Les noms de ces médicaments ne signifiaient rien pour M. Joko,
mais il comprit que les traitements standard reposaient sur des schémas de prescription très
éloignés de la pratique actuelle.
Maintenant qu’elle était lancée, Mme Soma passa à la deuxième étude que son équipe avait
terminée la semaine précédente. « Les Traitements standard ont été diffusés en 1996. Nous
venons de terminer une enquête portant sur 2500 dossiers de patients provenant de six
districts de la province du Kallija oriental sélectionnés aléatoirement. » Les patients traités
pour une gastro-entérite (sauf cas de dysenterie ou de suspicion de choléra), pour lesquelles le
groupe du Dr. Pedro recommande la seule réhydratation orale, ont reçu en moyenne trois
médicaments différents. En pratique, chaque patient s’est vu prescrire un antibiotique. Les
vitamines et sels minéraux étaient plus souvent prescrits que les sels de réhydratation orale.
Les antibiotiques prescrits aux enfants âgés de moins de cinq ans comprenaient des injections
d’oxytétracycline, des gélules de tétracycline, du métronidazole, des sulfamides, de la
tétracycline en sirop, de l’ampicilline en sirop, des suspensions de chloramphénicol, et des
injections de pénicilline procaïne. Certains des médicaments conseillés par les traitements
standard n’étaient pas disponibles.
Pour la grippe et les infections aiguës des voies respiratoires supérieures, le groupe du Dr.
Pedro avait recommandé la prescription de paracétamol contre la fièvre et les douleurs,
d’antihistaminiques contre la congestion et de médicaments contre la toux. Cependant,
presque tous les patients ont reçu un antibiotique, ainsi que deux autres médicaments en
moyenne. La liste des antibiotiques prescrits étaient à nouveau très impressionnante, au moins
une douzaine selon les dires de Mme Soma.
Une fois de plus, M. Joko n’avait jamais entendu parler de la plupart des noms de
médicaments cités par Mme Soma. Mais il avait bien compris que le manuel brillant de couleur
verte sur les traitements standard dans les centres de santé n’avait pas rempli sa mission. Le
pétillement dans les yeux du Dr. Pedro commençait à s’estomper.
Une deuxième édition ?
Après avoir exposé les résultats des études menées par sa direction, Mme Soma se sentait
moins disposée à soutenir le projet du Dr. Pedro consistant à simplement réviser, réimprimer
et redistribuer les Traitements standard. La réunion s’est poursuivie pendant encore 15
minutes. M. Joko a soulevé quelques questions de procédure et le Dr. Pedro a demandé aux
personnes présentes leur opinion concernant le dessin et la couleur de la couverture du
manuel.
Le Dr. Karma, diplomate comme toujours, a proposé que le projet pourrait peut être soutenir à
la fois la révision des Traitements standard du Dr. Pedro et la réalisation d’une nouvelle série
d’études menées par le groupe de Mme Soma. Il a demandé aux personnes présentes de bien
vouloir l’accompagner à sa réunion avec le Dr. Domingo, ceci dans le but de lui exposer la
meilleure façon de procéder concernant la révision et la mise en œuvre des recommandations
thérapeutiques.
209
CPT Participant (final).doc
Annexe 2. Publications se rapportant à la préparation de directives thérapeutiques
standard
Les publications ci-dessous ne représentent que quelques exemples de directives
thérapeutiques standard élaborées par des pays et des organismes de soins de santé. Des
éditions plus récentes peuvent être disponibles.
Pays
Afrique du
Sud
Australie
Botswana
GrandeBretagne
Jamaïque
Kenya
Titre
Directives
thérapeutiques
standard et liste de
médicaments
essentiels
Antibiotic Guidelines,
9th ed. (1997)
Psychotropic Drug
Guidelines, 2nd ed.
(1993)
Analgesic Guidelines,
3rd ed. (1997)
Gastrointestinal Drug
Guidelines, 1st ed.
(1994)
Neurology
Guidelines, 1st ed.
(1997)
Cardiovascular Drug
Guidelines, 1st ed.
(1996)
Endocrinology
Guidelines, 1st ed.
(1997)
Botswana Treatment
Guide (1992)
British National
Formulary
Jamaica National
Formulary (1997)
Clinical Guidelines
for the Diagnosis and
Treatment of
Common Hospital
Conditions in Kenya
(Nov. 1994)
Disponible auprès de
www.doh.gov.za/docs/factsheets/index.html
Victorian Medical Postgraduate Foundation Inc.,
Therapeutics Committee, « Chelsea House » 3rd
Floor, 55 Flemington Road, North Melbourne, VIC
3051, Australie
www.csu.edu.au/faculty/health/conference/vmpf.htm
Adresse e-mail : [email protected]
Les éditions plus anciennes de ces directives peuvent
être obtenues contre paiement des frais de port.
National Standing Committee on Drugs, Ministry of
Health, Gaborone, Botswana
British Medical Association/Royal Pharmaceutical
Society of Great Britain, Tavistock Square, London
WC1H 9JP, Angleterre
L’édition actuelle est disponible en ligne à l’adresse
www.bnf.org
Pharmaceutical Services Division, Ministry of
Health, Kingston 5, Jamaïque
Ministry of Health, Nairobi, Kenya
CPT Participant (final).doc
Malawi
Népal
Standard Treatment
Guidelines
(disponible au format
de poche et au format
pour bibliothèque)
(1993)
The Malawi
Prescriber’s
Companion (1993)
Nepalese National
Formulary (1997)
Ouganda
Uganda Essential
Drugs Manual (1997)
Tanzanie
Standard Treatment
Guidelines et The
National Essential
Drug List for
Tanzania (1991) (3rd
ed.)
EDLIZ (Essential
Drugs List for
Zimbabwe) (1994)
Une série de 15
modules sur des
questions de clinique
et de gestion est
également disponible.
Zimbabwe
210
Malawi Essential Drugs Programme, PO Box 30390,
Lilongwe 3, Malawi
Department of Drug Administration, Bijulbizar,
Naya Baneshwor, Katmandu, Népal
Fax : (977-1) 244927
E-mail : [email protected]
Ministry of Health, Uganda Essential Drugs,
Management Programme, Central Medical Stores,
PO Box 16, Entebbe, Ouganda
Ministry of Health, Dar es Salaam, République-Unie
de Tanzanie
Zimbabwe Essential Drugs Action Programme,
Ministry of Health, Box 8168, Causeway, Harare,
Zimbabwe
CPT Participant (final).doc
211
SESSION 11. ÉTUDES D’ÉVALUATION DE L’UTILISATION DES MÉDICAMENTS
Objectif et contenu
La session 11 fournit des informations sur le concept d’étude d’évaluation de l’utilisation des
médicaments, une méthode d’assurance de la qualité qui est utilisée dans le monde entier,
surtout en Amérique du Nord et en Europe, et qui s’est montrée efficace pour identifier les
problèmes d’utilisation des médicaments et améliorer cette utilisation. Un programme
d’évaluation à grande échelle, continue et systématique contribue très largement à
l’amélioration des résultats du traitement chez les patients des hôpitaux et dispensaires.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Comprendre le concept d’études d’évaluation de l’utilisation des médicaments

Comprendre le processus de mise en œuvre et de réalisation d’une étude d’évaluation
de l’utilisation des médicaments

Commenter l’intérêt d’une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments pour
améliorer le traitement médicamenteux

Préparer des critères et des seuils pour une étude d’évaluation de l’utilisation des
médicaments
Préparation et matériel
Lire :

Guide du participant

Management Sciences for Health (MSH). 1997. Guidelines for Implementing Drug
Use Review Programs in Hospitals. Arlington, VA : MSH

American Society of Hospital Pharmacists. 1998. ASHP Guidelines on Medication
Use Evaluation. Bethesda, MD : ASHP
Définition clé
Etude d’évaluation de l’utilisation des médicaments – Programme d’évaluation continue,
systématique, basée sur des critères, de l’utilisation des médicaments qui aide à assurer que
les médicaments sont correctement utilisés. Si un traitement est jugé inapproprié, des
interventions seront nécessaires au niveau du prescripteur ou du patient pour optimiser le
traitement médicamenteux. (Dans les articles en anglais, ces études sont appelées drug use
evaluation (DUE), drug use review (DUR) ou medication use review (MUR).)
CPT Participant (final).doc
212
Introduction
Le comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) est chargé de nombreuses activités de
gestion des médicaments, dont deux des plus importantes sont l’identification des problèmes
d’utilisation des médicaments et la mise en œuvre de stratégies pour y remédier. Tous les CPT
doivent être activement impliqués dans l’évaluation et la sélection des nouveaux médicaments
pour la liste du formulaire et dans la fourniture de ces médicaments aux praticiens. Ils doivent
aussi faire en sorte que ces médicaments soient correctement utilisés afin que les patients
tirent le maximum de bénéfice de leur traitement.
Il existe de nombreuses stratégies à mettre en œuvre pour améliorer l’utilisation des
médicaments : programmes éducatifs, directives thérapeutiques standard et autres activités
relevant de la gestion, et programmes basés sur la réglementation. La session 11 donne aux
participants des informations plus approfondies au sujet de la stratégie de gestion importante
que représentent les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments. Ces études ont
plusieurs buts :

Définir l’utilisation appropriée des médicaments (en établissant des critères
approuvés)

Examiner les critères par rapport à ce qui est prescrit

Assurer le retour d’information aux prescripteurs sur tous les problèmes identifiés

Assurer le suivi pour vérifier que les critères sont respectés et que la prescription est
améliorée
Pourquoi les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments sont nécessaires
L’utilisation irrationnelle des médicaments existe depuis aussi longtemps que les
médicaments eux-mêmes. Lorsqu’il s’agit de traiter un patient avec des médicaments
modernes, plusieurs options se présentent – au lieu d’une seule que tous les prescripteurs
devraient suivre. Le nombre croissant de médicaments et d’options de traitement ne fait
qu’augmenter le nombre de cas d’utilisation irrationnelle des médicaments et en fin de compte
de résultats insuffisants. Aussi bien la simple observation que des études plus systématiques
des pratiques de prescription révèlent dans bien des cas une grande diversité entre les
prescripteurs, même pour le traitement des affections les plus courantes.
La polymédication est un problème : un prescripteur peut utiliser trois, quatre, cinq
médicaments et parfois plus pour traiter les affections les plus banales, dans le simple but de
répondre à la demande de patients qui souhaitent recevoir plusieurs médicaments (ou à celle
de fournisseurs de médicaments qui souhaitent faire un maximum de profit). La
polymédication peut aussi s’expliquer par un manque de compétences ou de confiance dans le
diagnostic et par une connaissance insuffisante des schémas thérapeutiques. Parmi les autres
problèmes courants d’utilisation des médicaments figurent le choix de médicaments
incorrects, la prescription d’une dose incorrecte, la prescription de médicaments qui risquent
de donner lieu à des réactions indésirables ou à des interactions médicamenteuses, et
l’utilisation de médicaments coûteux lorsque des médicaments moins chers seraient aussi
efficaces sinon plus. Les autres problèmes d’utilisation des médicaments qui peuvent motiver
une étude d’évaluation sont entre autres :
CPT Participant (final).doc

Problèmes révélés par les études faisant appel aux indicateurs OMS (Organisation
mondiale de la Santé)/MSH (Management Sciences for Health)

Nombre élevé de réactions indésirables

Signes d’échecs thérapeutiques

Nombre excessif de médicaments hors liste utilisés

Utilisation de médicaments coûteux lorsqu’il en existe d’autres moins chers

Nombre excessif de médicaments appartenant à la même catégorie thérapeutique
213
Les études d’évaluation constituent un système d’amélioration de la qualité de l’utilisation des
médicaments dans les hôpitaux et dispensaires, et consistent en un programme d’évaluation
continue, systématique, basée sur des critères, qui aide à assurer que les médicaments sont
correctement utilisés. L’étude peut être structurée de façon à évaluer le processus effectif
d’administration ou de dispensation d’un médicament (indications, dose, interactions) ou à
évaluer les résultats obtenus chez le patient (guérison des infections, diminution des taux de
lipides). Les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments ont pour objectifs :

Assurer que le traitement médicamenteux répond aux normes de soins en vigueur

Promouvoir un traitement médicamenteux optimal

Prévenir les problèmes liés aux médicaments

Identifier les problèmes d’utilisation des médicaments qui nécessitent une évaluation
plus poussée

Elaborer des directives (critères) pour une utilisation appropriée des médicaments

Définir des seuils pour la qualité de l’utilisation des médicaments

Renforcer les responsabilités dans le processus d’utilisation des médicaments

Contrôler les coûts pharmaceutiques
Une fois que l’existence de problèmes d’utilisation des médicaments a été établie, un système
d’évaluation peut être mis en place rapidement. Un grand nombre de ces problèmes peuvent
être identifiés à partir d’autres études d’évaluation, d’un examen des données globales de
l’hôpital (par exemple sur les médicaments les plus coûteux, ceux qui sont les plus prescrits,
les rapports de réactions indésirables), de l’examen des dossiers médicaux, des indicateurs de
l’utilisation des médicaments à l’hôpital ou au dispensaire, ou de recommandations des
membres du CPT. Avec des réunions régulières du CPT et des évaluations des mesures de la
qualité dans le système de santé, il devrait être possible d’identifier les problèmes qui
pourraient faire l’objet d’une étude d’évaluation en vue de leur résolution.
CPT Participant (final).doc
214
Etapes d’une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments
Les huit étapes décrites ci-dessous donnent une vue d’ensemble des informations de base qui
sont nécessaires pour mettre en place et appliquer un programme d’évaluation de l’utilisation
des médicaments.
Etape 1. Définir les responsabilités
La responsabilité du programme d’évaluation de l’utilisation des médicaments incombe au
CPT ou à un sous-comité du CPT dont la seule fonction sera de contrôler le processus
d’évaluation à l’hôpital ou au dispensaire. Le CPT devra s’impliquer très fortement dans cette
responsabilité, car le processus d’évaluation peut résoudre de nombreux problèmes
d’utilisation des médicaments, comme cela a déjà été le cas dans un grand nombre de pays où
cette fonction dans le domaine de l’assurance de la qualité a été pleinement assumée.
Le CPT ou son sous-comité devront établir des procédures qui régiront ses activités en ce qui
concerne l’examen et l’évaluation de l’utilisation des médicaments. Dans le cadre de ses
responsabilités, le CPT devra établir un plan, en indiquant quels sont les médicaments qui
feront l’objet de l’évaluation. Ce plan devra être revu et mis à jour une fois par an.
Etape 2. Définir les activités
Le CPT doit évaluer et identifier les problèmes d’utilisation des médicaments et, à partir de
ces informations, définir les activités du programme d’évaluation. L’éventail de ces activités
peut être très large ou au contraire ne porter que sur un seul aspect du traitement
médicamenteux. Les méthodes permettant d’identifier les problèmes d’utilisation des
médicaments comprennent les analyses ABC ou VEN (médicaments vitaux, essentiels, non
essentiels), l’analyse des doses journalières définies, les rapports de réactions indésirables, les
rapports d’erreurs médicamenteuses, les résultats des tests de sensibilité aux antibiotiques
(antibiogrammes), les études sur les achats de médicaments, les études sur les indicateurs pour
les hôpitaux et les établissements de soins de santé primaires, les réclamations ou les
informations en provenance des patients, et les informations fournies par le personnel. Tous
ces mécanismes servent à fournir au CPT les informations concernant les utilisations des
médicaments qui auraient besoin d’être évaluées plus avant dans le cadre d’une étude
d’évaluation.
Etant donné le grand nombre de médicaments disponibles dans un hôpital ou un dispensaire,
le CPT doit se concentrer sur les médicaments les plus importants et les plus susceptibles de
poser des problèmes pour que son travail ait le maximum de retombées. Les médicaments les
plus prioritaires sont :

Médicaments les plus consommés en volume

Médicaments à indice thérapeutique étroit

Médicaments à incidence élevée de réactions indésirables

Médicaments chers
CPT Participant (final).doc
215

Médicaments appartenant à des catégories thérapeutiques d’importance capitale, par
exemple médicaments cardio-vasculaires, médicaments utilisés dans les urgences, en
toxicologie, en oncologie, médicaments pour la voie intraveineuse et analgésiques
narcotiques

Antimicrobiens à usage prophylactique et thérapeutique

Préparations injectables

Médicaments en cours d’évaluation en vue d’une inscription sur la liste du formulaire

Médicaments utilisés pour des indications non mentionnées dans la monographie

Médicaments utilisés chez des patients à haut risque
Etapes 3 et 4. Etablir les critères, définir et fixer les seuils
Les critères définissent l’utilisation correcte des médicaments. Leur établissement est donc la
procédure la plus importante de toute étude d’évaluation. Les critères d’évaluation de
l’utilisation d’un médicament quel qu’il soit doivent être établis par le CPT à partir de
données factuelles publiées et de l’avis d’experts reconnus au plan international et local. Ils
doivent refléter ce qui figure dans les directives thérapeutiques standard utilisées dans le pays
(à condition qu’elles aient été élaborées selon une procédure correcte) et dans tous les
protocoles thérapeutiques existants. La crédibilité des études d’évaluation de l’utilisation des
médicaments repose sur l’existence de critères définis à partir de données médicales
factuelles. Pour que l’ensemble du processus soit crédible, il faut que les critères soient
élaborés avec la participation et l’approbation du personnel médical.
Le CPT devra établir des critères pour trois à cinq des indicateurs les plus importants pour
chacun des aspects de l’utilisation des médicaments. L’examen d’un plus grand nombre
d’indicateurs compliquerait le processus d’évaluation et pourrait nuire au résultat. Cela ne
signifie pas qu’il ne faille pas examiner un plus grand nombre d’indicateurs, mais seulement
que les résultats seront plus faciles à obtenir et probablement plus significatifs si on se limite
aux aspects les plus importants des soins.
Après avoir établi les critères, le CPT devra fixer un seuil ou une norme (valeur de référence)
aux fins de comparaison et d’évaluation. Un seuil définit le pourcentage de fiches ou de
dossiers qui remplissent ou dépassent les critères établis pour le médicament en question.
Dans l’idéal, il devrait être de 100 %, mais dans la pratique un pourcentage plus faible sera
plus approprié pour tenir compte des exceptions à la prescription habituelle du médicament.
On applique donc en général un seuil fixé à 90–95 % pour la plupart des critères, mais il faut
analyser soigneusement chaque situation avant de tirer les conclusions définitives.
Une liste complète des indicateurs pour une utilisation appropriée des médicaments
comprendrait les éléments suivants (voir un exemple d’application au tableau 1) :

Indicateurs de processus
o Indications – utilisations spécifiques pour le médicament en question
o Dose – doses spécifiques pour toute indication approuvée, et pendant la durée
appropriée
CPT Participant (final).doc
216
o Quantité dispensée – nombre correct de doses administrées
o Préparation – étapes de la préparation d’un médicament en vue de son
administration
o Surveillance – analyses de laboratoire nécessaires et intervalles entre les
analyses pendant l’utilisation du médicament
o Contre-indications – contre-indications connues
o Interactions médicamenteuses – interactions médicamenteuses significatives, y
compris avec les autres médicaments, avec les aliments et avec les analyses
o Administration – étapes nécessaires pour administrer un médicament, en
particulier s’il s’agit d’une préparation injectable
o Education du patient – instructions et informations que le patient doit recevoir
avec le médicament

Indicateurs de résultat – résultats devant être obtenus par l’utilisation du médicament
o Baisse de la pression artérielle, stabilisation de la glycémie, diminution des
crises de migraine ou d’asthme
o Diminution des admissions aux urgences, diminution des hospitalisations
o Amélioration de la qualité de vie du patient (d’après des questionnaires)

Indicateurs de l’administration pharmaceutique
o Coût correct pour le patient
o Registres de facturation complets et exacts
o Registres de dispensation complets et exacts
o Utilisation appropriée de génériques ou d’équivalents thérapeutiques
o Utilisation appropriée de médicaments figurant sur la liste du formulaire
o Dispensation de quantités appropriées
217
CPT Participant (final).doc
Tableau 1. Exemple de critères d’évaluation de l’utilisation des médicaments pour la
ciprofloxacine
Indicateur
Indication
Dose
Durée
Contre-indications
Interactions
médicamenteuses
Résultat du traitement
Critères
Infections urinaires compliquées, chroniques ou
récidivantes
Gonococcies
Infections respiratoires résistantes
Infections ostéo-articulaires
Prostatite
Infections gastro-intestinales
Infections compliquées ou récidivantes : 500–750 mg
2 fois par jour
Infections gastro-intestinales : 500 mg 2 fois par jour
Gonococcies : 250 mg en dose unique
Chez l’insuffisant rénal, réduire les doses comme suit :
Clairance de la créatinine 30–50 ml/min
250–500 mg toutes les 12 heures
5–29 ml/min
250–500 mg toutes les 18 heures
Hémodialyse : 500 mg toutes les 24 heures
Infections urinaires compliquées : 10–21 jours
Infections respiratoires : 7–14 jours
Ostéomyélite : 4–6 semaines
Infections gastro-intestinales : 5 jours
Grossesse
Enfants de moins de 18 ans
Médicaments : théophylline, antiacides, fer, sucralfate,
probénécide
Aliments : diminution de l’absorption avec le lait
Cultures négatives
Amélioration de la symptomatologie
Absence d’échecs thérapeutiques
Seuil (%)
90
95
95
100
90
90
Etape 5. Recueillir les données et organiser les résultats
L’étude d’évaluation peut être réalisée de façon prospective ou rétrospective. Lors d’une
évaluation prospective, les données sont recueillies au moment où le médicament est préparé
ou dispensé au patient. L’analyse rétrospective s’effectue à partir des fiches des patients ou
d’autres sources de données pour examiner l’utilisation des médicaments par rapport à des
indicateurs et des critères préparés à l’avance. L’avantage de l’analyse prospective est que le
pharmacien (ou autre personne chargée de l’étude) peut intervenir au moment de la
dispensation du médicament pour empêcher une erreur concernant par exemple le dosage, les
indications ou les interactions. L’évaluation rétrospective, qui peut demander plus de temps à
l’enquêteur ou nécessiter l’accès aux dossiers médicaux, est réalisée de manière optimale
lorsque l’enquêteur dispose de temps pour travailler à l’écart du secteur de soins, sans se
laisser distraire. En règle générale, les critères examinés dans ces types d’évaluation sont les
suivants :
CPT Participant (final).doc

218
Etudes prospectives (d’après les registres de prescription)
o Indication
o Dose
o Durée du traitement
o Forme pharmaceutique et voie d’administration
o Interactions médicamenteuses potentielles
o Sélection appropriée du traitement et du médicament (correspond aux
directives thérapeutiques standard)
o Doublons thérapeutiques
o Contre-indications
o Quantité dispensée

Etudes rétrospectives (à partir des registres de prescription, des dossiers médicaux et
des dossiers du laboratoire)
o Surveillance biologique
o Surveillance de l’utilisation thérapeutique de médicaments coûteux
o Réactions indésirables
o Utilisation correcte des génériques ou des équivalents thérapeutiques
o Résultat du traitement médicamenteux au niveau du patient
La collecte des données s’effectue en examinant un nombre suffisant de fiches ou de dossiers
de prescription de l’établissement de santé, et est habituellement réalisée par le personnel de
la pharmacie. Pour chaque établissement de santé, on examinera au minimum 50 à 75
dossiers. Plus l’établissement est grand et compte de praticiens, plus le pourcentage de
dossiers à examiner et analyser doit être élevé.
On trouvera à l’annexe 1 un exemple d’imprimé de collecte avec les indicateurs, les critères et
les seuils.
Dans certains pays, des systèmes informatisés prennent automatiquement en compte les
critères lors de la saisie des informations concernant le patient. Les pharmaciens doivent alors
évaluer tout indicateur qui ne répond pas aux critères établis (dose, interactions
médicamenteuses, plusieurs médicaments de la même catégorie thérapeutique, et autres
informations qui peuvent apparaître dans le dossier informatique du patient). Ces problèmes
doivent être corrigés avant que le médicament ne soit dispensé au patient. Ce système est
également utile du fait du grand nombre de patients qui peuvent être réellement évalués et de
l’importante base de données ainsi produite.
CPT Participant (final).doc
219
Etape 6. Analyser les données
Les données sont recueillies, mises en tableaux et analysées afin de rechercher si elles
répondent aux critères et aux seuils. L’analyse des données devra comporter les étapes
suivantes :

Mettre les résultats en tableaux pour chaque indicateur

Analyser les résultats pour rechercher si les critères sont remplis et si les seuils sont
respectés

Déterminer pourquoi les seuils ne sont pas respectés

Analyser les données une fois par trimestre ou davantage
Si un seuil n’est pas respecté, cela peut indiquer un problème d’utilisation des médicaments
qui devra être porté à l’attention du CPT.
Etape 7. Elaborer des recommandations et un plan d’action
Une fois l’analyse des données réalisée, les résultats seront présentés au CPT qui décidera de
la pertinence des informations fournies par l’étude d’évaluation. Le CPT devra également
choisir de poursuivre, d’interrompre ou d’étendre l’étude d’évaluation en question. Tous les
médicaments pour lesquels les seuils ne sont pas respectés doivent être soigneusement évalués
et des plans établis pour améliorer l’utilisation du médicament par rapport aux critères.
Le CPT devra élaborer des recommandations concernant :

L’utilisation inappropriée des médicaments

Les résultats inacceptables pour le patient

Les méthodes permettant de résoudre tout problème d’utilisation des médicaments
Les recommandations devront mentionner les diverses étapes nécessaires pour corriger tout
problème d’utilisation des médicaments mis en évidence lors de l’étude d’évaluation. Par
exemple, si un médicament est prescrit à une dose trop forte, les recommandations doivent le
spécifier et indiquer comment le CPT pourrait améliorer le dosage du médicament en
question. Les interventions destinées à améliorer l’utilisation des médicaments peuvent
comprendre :

Education des prescripteurs : envoi de circulaires aux praticiens, formation en cours
d’emploi, ateliers, bulletins d’information, discussions en face-à-face

Mise en pratique des bons de commande pour les médicaments

Restrictions de prescription

Modification du manuel du formulaire

Modification (ou meilleure application) des directives thérapeutiques standard
CPT Participant (final).doc
220
Etape 8. Réaliser le suivi de l’étude
Dans toute étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments, le suivi est indispensable pour
résoudre tout problème resté sans réponse. L’étude peut avoir identifié de nouveaux
problèmes qui doivent être résolus au sein du système de santé. S’ils ne le sont pas, elle n’aura
eu que peu d’utilité. Dans le cadre du plan de suivi, le CPT devra évaluer la nécessité de
poursuivre, de modifier ou d’interrompre l’étude en fonction des résultats de chacune des
évaluations.
Une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments doit être un processus continu
prévoyant un examen régulier des problèmes associés aux médicaments. Cet examen est à
considérer comme un programme à long terme, régulièrement mis à jour et révisé pour
refléter en tout temps les situations et les besoins dans l’établissement de santé.
Tous les programmes gérés par le CPT devront être évalués une fois par an. Cette évaluation
complète est indispensable pour avoir une vue générale de l’ensemble du programme et
analyser ses mérites et son utilité en ce qui concerne l’amélioration de l’utilisation des
médicaments. Les programmes qui n’ont pas d’impact significatif sur l’utilisation des
médicaments devront être revus de façon à produire des améliorations mesurables. Sans une
amélioration de l’utilisation des médicaments et des résultats au niveau du patient, le temps
passé à l’étude d’évaluation aura été du temps perdu.
Il faut souligner le fait que les indicateurs et les critères utilisés dans l’étude d’évaluation
peuvent être parfaitement individualisés pour répondre aux besoins spécifiques de
l’établissement de santé.
Lorsque les études d’évaluation de l’utilisation des médicaments ne donnent pas les
résultats escomptés
Certains problèmes qui surviennent au cours de la réalisation de l’étude contribuent à son
inefficacité. Comme il s’agit d’un processus complexe impliquant de nombreux facteurs, il
peut facilement s’enliser et devenir inefficace. Parmi ces difficultés, qui peuvent être résolues
comme indiqué, on peut citer :

Manque d’autorité et d’organisation – L’étude d’évaluation de l’utilisation des
médicaments doit posséder une structure claire précisant par exemple qui élabore les
critères, collecte les données et rapporte les résultats. Les cliniciens doivent être
impliqués dans l’élaboration du plan d’étude.

Définition inadéquate des priorités – Une définition inadéquate des priorités peut
conduire à travailler sur des problèmes ne présentant qu’un faible intérêt et nuire à
l’obtention de résultats significatifs.

Documentation insuffisante – Toutes les activités doivent être documentées et faire
l’objet d’un rapport dans les comptes rendus du CPT, rapport qui devra être distribué
le cas échéant au personnel médical ; les résultats et recommandations de chaque étude
d’évaluation devront être clairement présentés et commentés.

Suivi insuffisant – Ce problème est l’un des plus fréquemment rencontrés dans les
études d’évaluation de l’utilisation des médicaments ; chaque étude doit assurer le
suivi et la résolution de tous les problèmes.
CPT Participant (final).doc
221

Collecte et évaluation des données ressenties comme gênantes – Ce processus peut
empiéter sur le temps de nombreuses personnes et doit être limité au minimum
nécessaire pour réaliser l’étude ; en général, les études d’évaluation de l’utilisation des
médicaments ne doivent pas empiéter de façon importante sur le temps consacré aux
patients.

Absence d’adhésion du personnel médical.
La réalisation d’une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments doit être mise en
perspective en tout temps. Si une étude commence à prendre beaucoup de temps avec des
résultats très faibles, il faut changer de méthodologie et la restructurer (en termes de critères,
de collecte de données et d’interventions) pour qu’elle donne des résultats significatifs. Les
objectifs de toute étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments sont l’identification et la
résolution des problèmes et par conséquent l’amélioration des résultats obtenus chez le
patient. Une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments ne doit jamais se borner à un
simple exercice de collecte et de diffusion d’informations.
Activité 1. Elaboration d’une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments
Pour l’activité 1, supposez que votre CPT possède des informations provenant d’études sur
des indicateurs, d’examens de dossiers et d’analyses ABC et montrant que de nombreux
antimicrobiens sont utilisés de façon inappropriée (voir Activité 1. Elaboration de directives
qui seront utilisées pendant la visite sur le terrain, dans la session 10 : « Directives
thérapeutiques standard »). Il existe aussi des rapports isolés d’usage inapproprié pour
plusieurs antimicrobiens (par exemple dose incorrecte, association incorrecte de médicaments,
absence d’analyses de laboratoire en début de traitement).
Le CPT a révisé les directives thérapeutiques standard pour le traitement de la pneumonie et
de la prophylaxie en chirurgie. Il a également assuré une formation poussée à l’intention des
médecins et infirmiers au sujet du traitement approprié, avec éducation en face-à-face et
programmes de formation en cours d’emploi. Comme ce problème est important, le CPT
recommande de mettre en œuvre une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments pour
confirmer que les activités éducatives et les directives révisées ont effectivement modifié les
habitudes de prescription.
Chaque groupe devra élaborer des critères et des seuils pour une étude d’évaluation portant
sur les antimicrobiens dont l’utilisation fait partie des directives thérapeutiques standard pour
la pneumonie et pour la prophylaxie de la césarienne.
Résumé
L’étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments est une intervention consistant en un
audit avec un retour d’information, dans laquelle l’utilisation des médicaments peut être
examinée par rapport à des critères approuvés. L’étude nécessite l’établissement de critères et
de seuils et examine l’utilisation des médicaments afin de déterminer si le traitement est
approprié. Le retour d’information aux prescripteurs est indispensable pour améliorer les
pratiques de prescription, et des interventions basées sur l’éducation, la gestion et la
réglementation sont parfois nécessaires pour améliorer l’utilisation des médicaments.
Une étude d’évaluation contribuera à améliorer l’utilisation des médicaments au moyen des
activités suivantes :
CPT Participant (final).doc
222

Assurer que le traitement médicamenteux répond aux normes de soins en vigueur

Promouvoir un traitement médicamenteux optimal

Prévenir les problèmes liés aux médicaments

Identifier les problèmes d’utilisation des médicaments qui nécessitent une évaluation
plus poussée

Elaborer des directives (critères) pour une utilisation appropriée des médicaments

Définir des seuils pour la qualité de l’utilisation des médicaments

Renforcer les responsabilités dans le processus d’utilisation des médicaments

Contrôler les coûts pharmaceutiques
La méthodologie des études d’évaluation de l’utilisation des médicaments a été couronnée de
succès dans de nombreuses régions du monde. Grâce à une planification, un développement et
un suivi appropriés et à la mise en œuvre d’interventions appropriées lorsque des problèmes
sont découverts, ces études déboucheront sur une amélioration des résultats du traitement chez
le patient.
223
CPT Participant (final).doc
Annexe 1. Exemple de critères d’évaluation de l’utilisation des médicaments : imprimé
pour la collecte de données sur l’amikacine
Date :
Numéro de fiche du
patient
Médicament : AMIKACINE
Diagnostic
Initiales de l’enquêteur :
Age/sexe/poids
Date du traitement
Critères et indicateurs
Seuil
Observation
Justification de la prescription
1.
Infections graves dues à des souches
sensibles de bactéries aérobies à Gram
négatif résistantes à la gentamicine et à la
tobramycine
95%
100%
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
2.
Suspicions d’infections graves à Gram
négatif contractées à l’hôpital avec des
taux élevés de résistance à la gentamicine
et à la tobramycine
95%
100%
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
3.
En association avec une pénicilline antiPseudomonas lors du traitement
d’infections graves à Pseudomonas
95%
100%
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
Oui/
Oui/
Oui/
Oui/
non
non
non
non
non
Oui/
Oui/
Oui/
Oui/
Oui/
non
non
non
non
non
Oui/
Oui/
Oui/
Oui/
Oui/
non
non
non
non
non
Oui/
Oui/
Oui/
Oui/
Oui/
non
non
non
non
non
Indicateurs de processus
1.
2.
3.
4.
Doser la créatinine sérique avant le
traitement ou dans les 24 heures après le
début du traitement
100%
Dose de charge de 7,5 mg/kg (IV ou IM)
par rapport au poids corporel idéal
100%
Dose d’entretien de l’ordre de 15 mg/kg
par jour par rapport au poids idéal
(exception : insuffisance rénale)
100%
Passage à un traitement par la tobramycine,
la gentamicine ou un autre médicament si
la culture/l’antibiogramme indique un
médicament moins cher ou plus approprié
100%
Indicateurs de résultat
1.
Amélioration clinique notée dans le dossier
du patient
90%
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
2.
Fièvre retombée à la normale dans les 72
heures
90%
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
Oui/
non
CPT Participant (final).doc
224
SESSION 12. LUTTE CONTRE LES INFECTIONS
Objectif et contenu
La session 12 présente les pratiques de base de la lutte contre les infections à l’intention des
membres des comités pharmaceutiques et thérapeutiques (CPT). Un programme de lutte
contre les infections travaillant conjointement avec un CPT opérationnel est pour les hôpitaux
un outil indispensable pour prévenir et combattre les infections nosocomiales et leur cortège
de morbidité, de mortalité et de coûts.
Comme pour de nombreuses sessions de ce cours de formation, les participants sont
encouragés à consulter les articles cités dans la section « Pour en savoir plus ». La session 12
est courte ; elle donne les informations de base qui s’adressent principalement aux membres
des CPT, et ne peut fournir toutes les informations et compétences nécessaires pour mettre en
œuvre un programme complet de lutte contre les infections.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Comprendre les notions de base de la lutte contre les infections

Comprendre les causes des infections nosocomiales

Comprendre les éléments d’un programme de lutte contre les infections

Comprendre comment le comité de lutte contre les infections et le CPT peuvent faire
baisser l’incidence des infections nosocomiales et de la résistance aux antimicrobiens
Préparation et matériel
Lire le Guide du participant.
Pour en savoir plus
EngenderHealth. 2001. Infection Prevention : A Reference Booklet for Health Care
Providers. New York : EngenderHealth.
Mayhall, C Glen (ed). 1999. Hospital Epidemiology and Infection Control. 2nd ed.
Philadelphia : Lippincott & Wilkins (Chapitre 100 : « Infection Control in Countries with
Limited Resources », pp. 1489–1513).
Okeke IN, Laxsminarayan R, Bhutta ZA et al. 2005. Antimicrobial Resistance in Developing
Countries. Part I : Recent Trends and Current Status. Lancet Infectious Diseases 5(8):481–
493.
Organisation mondiale de la Santé. 2008. Prévention des infections nosocomiales : guide
pratique, 2e édition (WHO/CDS/CSR/EPH/2002.12). Genève : OMS.
Rational Pharmaceutical Management Plus. 2006. Improving Hospital Infection Control
Practices – A Standardized Approach Using the Infection Control Assessment Tool and Rapid
Cycle Quality Improvement : Introduction to the Infection Control CD-ROM. (Soumis à
CPT Participant (final).doc
225
l’U.S. Agency for International Development par le Rational Pharmaceutical Management
Plus Program. Arlington, VA : Management Sciences for Health.)
U.S. Centers for Disease Control Practices Advisory Committee (HICPAC). 2003. Guideline
for Environmental Infection Control in Healthcare Facilities, 2003. Atlanta : Centers for
Disease Control and Prevention.
Des sites Internet donnant des informations, des directives, des matériels de formation et des
articles sur la lutte contre les infections sont accessibles auprès des U.S. Centers for Disease
Control and Prevention, de l’Organisation mondiale de la Santé, d’EngenderHealth et de
l’American International Health Alliance (voir liste des sites Internet à l’annexe 1).
Définitions clés
Lutte contre les infections – Processus par lequel les établissements de santé élaborent et
mettent en œuvre des politiques et procédures spécifiques pour empêcher la propagation des
infections parmi le personnel et les patients.
Infections nosocomiales – Infections contractées par un patient ou un membre du personnel
pendant qu’il se trouve à l’hôpital ou dans l’établissement de santé (et qui n’étaient pas
présentes au moment de l’admission).
Désinfection – Processus d’inactivation microbienne qui élimine pratiquement tous les microorganismes pathogènes reconnus, mais pas nécessairement toutes les formes de ces microorganismes (par exemple les spores).
Stérilisation – Utilisation d’une procédure physique ou chimique pour détruire toutes les
formes de vie microbienne, y compris un grand nombre d’endospores bactériennes hautement
résistantes. Ces procédures comprennent l’utilisation de la vapeur, de la chaleur, et la
stérilisation chimique.
Activité 1. Description des pratiques de lutte contre les infections dans votre
établissement
Décrivez le programme ou les pratiques de lutte contre les infections actuellement en vigueur
dans votre hôpital ou votre dispensaire (ou au niveau du ministère), avec les points suivants :












Composition du comité
Politiques et procédures écrites ou mises à jour
Surveillance des infections nosocomiales
Hygiène des mains et port de gants
Isolement et précautions universelles
Stratégies de nettoyage des locaux, y compris évacuation des déchets
Nettoyage, désinfection et stérilisation des instruments et fournitures
Cathéters intraveineux et liquides et médicaments pour la voie intraveineuse
Sondes urinaires et systèmes de drainage vésical
Ventilation mécanique et matériel d’assistance respiratoire
Soins du site opératoire
Surveillance des aliments et de l’eau
CPT Participant (final).doc



226
Formation
Santé du personnel et vaccinations
Surveillance de l’utilisation des antimicrobiens
Dans le cadre de cet exercice, veuillez répondre aux questions suivantes concernant votre
programme ou vos pratiques de lutte contre les infections :

Etes-vous satisfait des procédures et des activités de lutte contre les infections ?

La lutte contre les infections est-elle appliquée dans l’ensemble du système de santé ?

Y a-t-il des réclamations au sujet de l’insuffisance de la lutte contre les infections et
des infections nosocomiales qui en résultent ?

Existe-t-il un mécanisme officiel de notification et d’investigation des infections
nosocomiales ?

Les flambées de maladies infectieuses à l’hôpital sont-elles un problème courant ?
Quelle est la source habituelle de ces flambées ?

Le CPT est-il impliqué dans des activités de lutte contre les infections ? Veuillez
décrire ces activités.
Examinez avec votre groupe chacun des programmes de lutte, choisissez-en un et préparezvous à en présenter un résumé.
Introduction
La propagation des maladies infectieuses et parasitaires parmi les patients et le personnel des
hôpitaux est un problème grave qui se retrouve partout dans le monde. Ces infections acquises
à l’hôpital (appelées infections nosocomiales) contribuent à la morbidité et à la mortalité dans
les hôpitaux et les établissements de santé et augmentent les coûts de façon significative. En
prenant, selon une estimation prudente, un taux d’infections nosocomiales de 15 % avec un
taux de mortalité de 5 % dans les pays en développement (d’après les taux observés en
Afrique du Sud), on peut en déduire que les infections nosocomiales figurent parmi les plus
importantes causes de décès dans le monde en développement.19 L’utilisation inconsidérée
des antimicrobiens dans les établissements de santé a entraîné l’émergence de bactéries
résistantes. Des pratiques inefficaces de lutte contre les infections à l’hôpital ont également
facilité la propagation de ces bactéries résistantes. Le recours excessif aux antimicrobiens à
large spectre contribue lui aussi à aggraver ce problème.
Les programmes de lutte contre les infections ont pour but de réduire et de limiter au
maximum la propagation des infections entre patients et membres du personnel dans les
établissements de santé. Il apparaît clairement que ces programmes réussissent à faire baisser
les taux d’infection, la morbidité et la mortalité et à réduire les coûts associés aux infections.
19
Okeke IN, Laxsminarayan R, Bhutta ZA et al. 2005. Antimicrobial Resistance in Developing Countries. Part
I : Recent Trends and Current Status. Lancet Infectious Diseases 5(8):481–493.
CPT Participant (final).doc
227
L’ampleur du problème des infections nosocomiales est loin d’être négligeable, car de
nombreux hôpitaux ont des taux d’infection qui dépassent 10 %, alors que la plupart de ces
infections sont évitables.
Qui est responsable de la lutte contre les infections ? Dans l’idéal, un comité de lutte contre
les infections, mais c’est à l’ensemble de la communauté de soins de santé qu’il incombe
d’élaborer et d’observer des procédures de prévention des infections. Par son rôle central dans
son soutien au comité de lutte contre les infections et son implication dans les activités de
lutte à l’hôpital, le CPT détient une grande part de la responsabilité dans ce domaine.
Certaines autorités estiment que des comités de lutte contre les infections et des CPT efficaces
pourront servir de base à l’élaboration de programmes plus vastes d’assurance de la qualité
dans l’ensemble du système de santé.
Epidémiologie des infections nosocomiales
En résumé, les patients et le personnel soignant peuvent se transmettre directement des
maladies infectieuses ou parasitaires, puis transmettre ces maladies aux membres de leur
famille et de la communauté. Ces infections ont une plus forte prévalence dans les hôpitaux,
où les patients comme le personnel soignant sont exposés au risque. Les établissements de
soins de santé primaires connaissent également des problèmes d’infections nosocomiales,
mais pas dans la même mesure que dans les grands centres hospitaliers surpeuplés.
Les membres du personnel les plus exposés au risque de contracter et de transmettre des
infections sont ceux qui sont impliqués dans : a) les actes invasifs, b) l’exposition directe aux
patients pendant les examens, c) l’exposition au sang, aux expectorations et autres liquides
biologiques, et d) l’exposition à des agents pathogènes présents dans l’environnement (air,
aliments, eau, objets contaminés). Les médecins et infirmiers sont les plus exposés, mais le
personnel de nettoyage, qui entre en contact avec les déchets infectieux, les aiguilles et autres
objets piquants ou tranchants et avec des désinfectants et des fournitures contaminés, est
également soumis à un risque élevé.
Les sites les plus vulnérables aux infections nosocomiales sont la plaie chirurgicale, les voies
urinaires, les voies respiratoires basses et la circulation sanguine. Les infections de la peau et
des tissus mous et les infections gastro-intestinales sont également fréquentes.20
Bactéries courantes résistantes aux antimicrobiens
Les infections nosocomiales continuent à augmenter dans le monde développé, où la plupart
d’entre elles sont dues à Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM), aux
entérocoques résistants à la vancomycine et à des bactéries à Gram négatif (Escherichia coli,
Pseudomonas aeruginosa, Enterobacter spp. et Klebsiella pneumoniae). Ces bactéries à Gram
négatif sont résistantes aux pénicillines du fait de la production de bêta-lactamases, mais
deviennent également résistantes aux aminosides et aux carbapénems. Ces agents pathogènes
sont également de plus en plus souvent retrouvés dans les pays en développement.21 Les
infections à SARM sont fréquentes et la résistance à la méticilline continue à s’étendre. De 40
à 60 % de tous les S. aureus acquis à l’hôpital sont résistants à la méticilline et en général
multirésistants. La maladie est une complication courante des plaies, des infections
20
http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/hai.html ; 2008
Okeke IN, Laxsminarayan R, Bhutta ZA et al. 2005. Antimicrobial Resistance in Developing Countries. Part
I : Recent Trends and Current Status. Lancet Infectious Diseases 5(8):481–493.
21
CPT Participant (final).doc
228
respiratoires basses, des septicémies, des dispositifs invasifs, des escarres, des brûlures et des
ulcères.22
Ces dernières années, la transmission nosocomiale de micro-organismes multirésistants acquis
en communauté, dont Pneumococcus, Mycobacterium tuberculosis, Salmonella spp., Shigella
spp. et Vibrio cholerae a été documentée dans les pays en développement.23 La tuberculose
ultrarésistante s’est propagée chez des patients hospitalisés en Afrique du Sud. Selon une
étude récente, on prévoit qu’environ 1300 cas de tuberculose ultrarésistante surviendront dans
une seule région d’Afrique du Sud d’ici la fin 2012 (si aucune nouvelle intervention n’est
adoptée), dont plus de la moitié seraient probablement transmis de manière nosocomiale.24 La
prévalence de la tuberculose active et la présence à l’hôpital de patients infectés par le VIH et
sensibles à la tuberculose, associées à des pratiques et procédures insuffisantes de lutte contre
les infections, augmentent la probabilité de transmission de M. tuberculosis en milieu
hospitalier.
La propagation des virus et bactéries transmis par voie sanguine fait également peser une
grave menace sur le personnel soignant et les patients. Le VIH ainsi que les hépatites B et C
peuvent se transmettre à l’occasion de piqûres d’aiguille et lors de transfusions sanguines. Les
agents pathogènes transmissibles peuvent aussi représenter pour le personnel et pour les
patients un risque d’infections fongiques (à Candida), d’infections à protozoaires, de gale, de
giardiase, d’amibiase et de certaines maladies transmises par des vecteurs.
Causes fondamentales
Les causes fondamentales des infections nosocomiales et de la résistance aux antimicrobiens à
l’hôpital sont les suivantes :

Absence de formation aux techniques de base de la lutte contre les infections

Absence d’infrastructure de lutte contre les infections et pratiques et procédures
insuffisantes

Insuffisance des installations et des techniques de lavage des mains

Absence de précautions et de procédures d’isolement des patients. Les grands services
de médecine et de chirurgie favorisent le transfert des infections aux autres patients et
au personnel soignant

Utilisation de traitements de pointe complexes sans formation ni infrastructure
adéquates, par exemple :
o Dispositifs et gestes invasifs
o Interventions chirurgicales complexes
o Interventions obstétricales
o Cathéters, liquides et médicaments pour la voie intraveineuse
o Sondes urinaires
o Dispositifs de ventilation mécanique
22
Alliance for the Prudent Use of Antibiotics. Shadow Epidemic : The Growing Menace of Drug Resistance :
The GAARD Report 2005, p. 6
23
Okeke IN, Laxsminarayan R, Bhutta ZA et al. 2005. Antimicrobial Resistance in Developing Countries. Part
I : Recent Trends and Current Status. Lancet Infectious Diseases 5(8):481–493.
24
Basu et al., Lancet 2007 ; 370 :1500–1507
CPT Participant (final).doc

229
Procédures et pratiques insuffisantes en matière de stérilisation, de désinfection, et de
nettoyage des locaux
Prévenir et combattre les infections nosocomiales : les comités de lutte contre les
infections
Le comité de lutte contre les infections supervise les activités de prévention et de lutte contre
les infections nosocomiales dans les hôpitaux et les dispensaires. Son fonctionnement est très
voisin de celui d’un CPT, avec lequel il coopère. Un comité de lutte contre les infections se
compose en général d’un médecin, d’un infirmier, d’un microbiologiste ou d’un technicien de
laboratoire d’analyses et d’autres personnes, qui toutes examinent les données de la
surveillance et instituent les politiques et procédures. Parmi les autres membres peuvent
figurer des représentants de l’administration de l’hôpital, du personnel médical (par exemple
spécialiste en maladies infectieuses et parasitaires, chirurgien, gynécologue/obstétricien), du
laboratoire, du magasin central pour les fournitures stériles, des services de nettoyage et de la
pharmacie. La composition de ce comité pourra être semblable à celle du CPT et les deux
comités pourront en fait avoir certains membres en commun. Tous les membres du comité
doivent avoir la formation requise pour que celui-ci puisse s’acquitter efficacement de ses
fonctions.
Pour être efficace et productif, le comité doit aussi posséder l’autorité et les attributions
nécessaires. Il doit relever directement de l’administration de l’hôpital et des responsables des
services compétents du ministère de la santé. Le comité devra avoir toute autorité pour
examiner les patients, effectuer des prélèvements pour les cultures si nécessaire, procéder à
l’isolement des patients et faire fermer les services en cas de flambée d’infections. Ses
recommandations et ses actions doivent être diffusées dans tout l’hôpital et mises en
application.
Le comité de lutte contre les infections a pour objectif d’empêcher la propagation des
infections au sein de l’établissement de santé. Ses principales fonctions sont :

Examiner la manipulation des aliments, celle du linge, les procédures de nettoyage, les
politiques en matière de visites, et les pratiques de soins directs aux patients, y
compris le lavage des mains et les vaccinations

Se procurer et gérer les données et informations bactériologiques critiques, y compris
les données de la surveillance

Elaborer et recommander des politiques et procédures concernant la lutte contre les
infections

Reconnaître et étudier les flambées d’infections à l’hôpital et dans la communauté

Intervenir directement pour empêcher les infections

Eduquer et former les agents de santé, les patients ainsi que les aidants n’appartenant
pas au personnel médical
Une partie importante du travail d’un comité ou d’un programme de lutte contre les infections
consiste dans l’établissement de politiques et de procédures. Ces procédures doivent être
CPT Participant (final).doc
230
complètes et écrites afin d’assurer le contrôle étape par étape de tous les points en rapport
avec la lutte contre les infections. Comme c’est le cas pour le CPT, les politiques et
procédures constituent l’infrastructure qui permettra de développer un programme complet
qui soit à la fois efficace et réaliste. Au minimum, il devra exister des politiques et procédures
pour le lavage des mains et le port de gants, l’isolement des patients et les précautions
universelles, la mise en place des dispositifs invasifs, l’utilisation de sondes urinaires, le
nettoyage des locaux, la désinfection et la stérilisation, les dispositifs de ventilation
mécanique et le matériel d’assistance respiratoire, et les soins du site opératoire. Les
politiques devront être axées sur la prise de conscience par le personnel médical de toutes les
procédures requises pour prévenir et combattre les infections, et sur la surveillance du respect
de ces politiques et procédures.
Les activités de surveillance représentent une partie importante du travail du comité de lutte
contre les infections, mais il convient d’établir des priorités. La collecte d’informations
rarement évaluées ou de peu d’importance devra être découragée, et on se concentrera plutôt
sur les domaines prioritaires. La surveillance devra comporter :

Des visites quotidiennes dans les services médicaux par l’infirmier du comité (en
particulier dans les services à haut risque comme les unités de soins intensifs et les
services de chirurgie) afin d’observer tout ce qui est en rapport avec les infections, et
la tenue de registres pour documenter les résultats de ces visites

Examen des résultats du laboratoire de microbiologie, y compris les antibiogrammes
(le cas échéant) et notification de ces résultats au personnel médical approprié

Attention portée aux notifications spontanées des différents services en ce qui
concerne la survenue possible d’infections nosocomiales
Les comités de lutte contre les infections supervisent aussi un certain nombre de fonctions
importantes dans le cadre de leurs activités. On trouvera dans les sections qui suivent une
description de ces fonctions.
Stratégies de base pour réduire le risque d’infections nosocomiales
Hygiène des mains et port de gants
L’hygiène des mains est considérée comme la procédure la plus importante pour la prévention
des infections nosocomiales. Si l’on dispose des installations et des fournitures appropriées,
cette méthode simple de lutte contre les infections réduira considérablement celles-ci. Un
évier avec l’eau courante et du savon est de façon générale nécessaire, mais pas indispensable.
A défaut, on peut utiliser des antiseptiques pour les mains utilisables sans eau, avec des
résultats comparables. On peut se procurer des préparations antiseptiques dans le commerce
ou les préparer localement avec de l’alcool isopropylique à 70 % et de la glycérine.
L’utilisation de serviettes jetables ou de serviettes lavables à usage unique est encouragée
dans tous les hôpitaux. Les essuie-mains réutilisables en tissu sont une source de
contamination, et il faudra établir des procédures concernant leur utilisation et leur entretien.
Les indications absolues de l’hygiène des mains ne sont en général pas connues du fait de
l’absence d’études bien contrôlées. Le contact des mains ou tout autre contact significatif avec
CPT Participant (final).doc
231
des matériels potentiellement infectés (sang, expectorations, plaies, peau) nécessite une
hygiène des mains rigoureuse avant et après chaque contact.
Recommandations spécifiques pour l’hygiène des mains
Le lavage des mains est recommandé :

Avant de réaliser un acte invasif

Avant de procéder à des soins sur des patients sensibles (patients immunodéprimés,
nouveau-nés)

Avant et après tout contact avec des plaies

Après toute situation au cours de laquelle une contamination microbienne peut se
produire (contact avec du sang, du mucus, des matières fécales, de l’urine, des
expectorations)

Après avoir touché des objets inertes sur lesquels peuvent se trouver des contaminants

Avant et après tout contact avec des patients
En général, le contact superficiel avec des sources non connues pour contenir des agents
pathogènes ne nécessite pas de précautions particulières en ce qui concerne l’hygiène des
mains.
Technique d’hygiène des mains
Frotter vigoureusement sur toutes leurs faces les mains savonnées pendant au moins 20
secondes, puis bien rincer avec de l’eau propre et non contaminée. On utilisera des produits
contenant un antiseptique avant de procéder à des soins sur des patients à haut risque (comme
les nouveau-nés et les patients immunodéprimés) et avant toute intervention chirurgicale.
Recommandations spécifiques pour le port de gants
Le port de gants est encouragé pour toutes les interventions chirurgicales et pour les examens
lorsqu’il peut y avoir un risque de contamination. Il existe deux raisons importantes pour
porter des gants :

Offrir une barrière protectrice pour empêcher une contamination importante à partir du
sang, des liquides biologiques, des sécrétions et des plaies

Empêcher la transmission d’agents pathogènes des mains du personnel soignant aux
patients
Le port de gants n’élimine pas la nécessité de mesures d’hygiène des mains, car les gants
peuvent avoir de petits défauts ou se déchirer pendant l’emploi. Le fait de ne pas changer de
gants entre les contacts avec des patients constitue un risque en ce qui concerne la lutte contre
les infections.
Des politiques et procédures concernant l’hygiène des mains et le port de gants devront être
établies et diffusées auprès du personnel de l’hôpital. Il est nécessaire de disposer d’un
CPT Participant (final).doc
232
système permettant de vérifier le respect de ces politiques. Des listes de contrôle pour
l’observation sont utiles pour déterminer si le personnel de l’hôpital respecte les mesures
appropriées d’hygiène des mains.
Isolement et précautions standard
Le surpeuplement des salles d’hôpital conduit souvent à la propagation de maladies
infectieuses ou parasitaires entre les patients, et des patients au personnel hospitalier. On peut
éviter cette propagation en observant des procédures d’isolement et de protection des
personnes atteintes de maladies transmissibles.
Les mesures d’isolement et l’application des précautions standard sont nécessaires lorsque des
patients se présentent à l’hôpital avec des maladies transmissibles telles qu’infections
respiratoires aiguës, diarrhée, tuberculose active, rougeole, varicelle et autres maladies
transmissibles courantes. Dans l’idéal, chacun de ces patients devrait être placé en chambre
individuelle, avec des procédures d’isolement appropriées. Si aucune chambre individuelle
n’est disponible, il est nécessaire de placer ces patients dans la même salle que d’autres
patients atteints de la même maladie infectieuse et d’observer des mesures appropriées
d’isolement (barrières).
Les précautions standard et les mesures d’isolement comprennent :

Politiques et procédures complètes et écrites

Placement et transport des patients – chambres individuelles si possible pour limiter la
transmission de micro-organsmes aux membres du personnel, aux visiteurs et aux
autres patients ; placement dans la même salle pour les patients infectés par le même
agent pathogène

Politique des visites

Hygiène des mains et port de gants comme on l’a vu ci-dessus

Masques, lunettes de protection et visières pour les activités de soins qui peuvent
entraîner des éclaboussures ou des projections de gouttelettes de sang ou de liquides
biologiques, et pour les contaminants présents sous forme d’aérosols

Blouses et équipements de protection pour les éclaboussures importantes ou
l’exposition à des agents pathogènes véhiculés par le sang

Les instruments piquants ou tranchants et les aiguilles doivent être manipulés avec
soin. NE PAS enlever, plier, casser ou manipuler les aiguilles à la main. Lorsqu’ils
sont usagés, les aiguilles, lames de scalpel et autres instruments piquants ou tranchants
doivent être déposés dans des récipients résistants à la perforation

Nettoyage – les chambres, placards et tables de nuit doivent être nettoyés de façon
appropriée comme indiqué dans la section ci-dessous
Stratégies de nettoyage des locaux
Le nettoyage adéquat des locaux hospitaliers à intervalles réguliers est l’un des aspects les
plus importants de tout programme de lutte contre les infections. La propreté de l’hôpital est
CPT Participant (final).doc
233
la première chose que voit le patient en entrant. Non seulement un hôpital propre est moins
susceptible de favoriser la propagation de maladies infectieuses et parasitaires mais aussi il
crée une image positive et inspire confiance dans le personnel professionnel. Les
recommandations suivantes réduiront fortement le risque d’infections nosocomiales liées aux
conditions d’hygiène des locaux :

Des politiques et procédures écrites décrivant clairement les tâches à accomplir et la
façon de faire doivent être préparées à l’intention du personnel de nettoyage.

Le nettoyage devrait comporter un lavage régulier des sols avec des désinfectants
appropriés. Les toilettes devront être nettoyées régulièrement, car elles peuvent
constituer une source de contamination à l’intérieur de l’hôpital. Le matériel de
nettoyage doit également être nettoyé après chaque usage pour réduire le risque de
propagation de micro-organismes potentiellement dangereux. Il n’est pas recommandé
de nettoyer les murs et les plafonds sauf s’ils sont visiblement sales. L’utilisation de
désinfectants agissant par brumisation n’est pas recommandée.

L’élimination des déchets devra se faire par incinération des articles contaminés, y
compris les aiguilles, seringues, matériel contaminé par du sang, etc. Les déchets
infectieux devront être soit incinérés soit autoclavés avant d’être évacués dans une
décharge locale spéciale.

Les seringues jetables avec leur aiguille, les lames de scalpel et autres objets piquants
ou tranchants susceptibles de provoquer des blessures devront être stockés dans un
récipient résistant à la perforation jusqu’à élimination de celui-ci. Pour prévenir toute
piqûre d’aiguille accidentelle pouvant entraîner une infection par un agent pathogène
dangereux, ne pas recapuchonner, plier ni casser les aiguilles.

Le linge sale devra être mis en sacs et séparé du circuit normal de l’hôpital. Il devra
être lavé avec de l’eau chaude (au moins 71 °C/160 °F). Le linge propre devra être
transporté et stocké d’une façon qui permette d’éviter toute contamination croisée.
Nettoyage, désinfection et stérilisation des instruments et des fournitures
Les recommandations ci-dessous permettront de réduire fortement le risque d’infections
nosocomiales liées à des fournitures non stériles :

Des politiques et procédures écrites sont nécessaires.

Tous les objets à désinfecter ou stériliser doivent d’abord être soigneusement nettoyés
de façon à éliminer toutes les matières organiques.

Lorsqu’une stérilisation est nécessaire, on utilisera un stérilisateur à vapeur à condition
que les articles à stériliser ne soient pas endommagés par la chaleur, la pression ou
l’humidité. Les stérilisateurs nécessitent un chargement et un placement appropriés
des articles à stériliser.

Pour les articles réutilisables, le contrôle de qualité est indispensable et exige des
politiques et procédures spécifiques qui seront rigoureusement observées en tout
temps.
CPT Participant (final).doc
234
o Contrôler et enregistrer les paramètres de stérilisation (temps, température et
pression)
o Utiliser des indicateurs chimiques pour s’assurer de la stérilisation
o Utiliser au moins une fois par semaine des indicateurs biologiques pour la
stérilisation par la vapeur

Une fois stérilisés, les articles doivent être stockés dans des endroits réservés aux
produits stérilisés et empêchant leur contamination.

Les articles ou dispositifs destinés à un usage unique ne doivent pas être traités en vue
d’une réutilisation.
Utilisation appropriée des cathéters intravasculaires et des liquides et médicaments pour la
voie intraveineuse
Les dispositifs IV invasifs et les médicaments pour la voie intraveineuse peuvent être vitaux
s’ils sont utilisés de façon appropriée. S’ils sont utilisés de façon inappropriée, ils peuvent
entraîner des infections nosocomiales susceptibles de mettre la vie en danger. Pour assurer au
maximum la prévention de ces infections, les hôpitaux doivent adopter les pratiques et
politiques suivantes :

Politiques et procédures complètes concernant l’insertion et le contrôle des cathéters,
et la préparation des liquides et des médicaments pour la voie IV. Des programmes
éducatifs pour former et contrôler le personnel dans ce domaine sont nécessaires.

Les cathéters IV et en particulier les cathéters veineux centraux ne doivent être utilisés
qu’en cas de nécessité absolue, car ces dispositifs sont associés à des taux élevés
d’infection, surtout lorsqu’ils sont insérés au cours d’une intervention chirurgicale.

L’utilisation de cathéters en silicone élastomère ou en polyuréthane de haute qualité
est recommandée, car ils sont connus pour donner lieu à des taux plus faibles
d’infection. Eviter les matériels en polychlorure de vinyle, qui augmentent les taux
d’infection.

La préparation des solutions IV exige le respect de normes strictes en matière de
bonnes pratiques de fabrication, et ces solutions doivent être achetées auprès de
fournisseurs fiables connus pour exercer un contrôle de qualité rigoureux. La
contamination du fait de solutions incorrectement préparées peut être une cause
importante d’infections nosocomiales.

L’addition de médicaments aux solutions IV doit être réalisée au niveau central par le
personnel de la pharmacie. Si cela n’est pas possible, des politiques et procédures
spécifiques devront être préparées à l’intention du personnel infirmier qui devra faire
l’objet d’une certification de compétence avant d’être autorisé à préparer de tels
mélanges. Utiliser rapidement toutes les solutions de lipides et solutions de nutrition
parentérale.
CPT Participant (final).doc
235
Utilisation appropriée des sondes urinaires et des systèmes de drainage vésical
Les sondes urinaires à demeure ne doivent être utilisées qu’en cas de nécessité absolue pour
lever une obstruction du flux urinaire ou surveiller la diurèse chez des patients dont l’état est
critique. Leur utilisation doit être arrêtée dès que possible pour réduire le risque d’infection
nosocomiale. Les recommandations suivantes devront être appliquées :

Des politiques et procédures écrites sont nécessaires pour les techniques d’insertion,
d’utilisation et de maintien en place des sondes urinaires.

Seuls des systèmes de drainage en système clos devront être utilisés. Des sondes pour
irrigation à triple voie devront être disponibles pour les patients ayant subi une
intervention urologique et chez lesquels des irrigations fréquentes sont nécessaires. Il
faut éviter toute ouverture du système, y compris pour les irrigations et le prélèvement
d’échantillons d’urine.

Chez certains patients, l’utilisation d’un étui pénien, un cathéterisme sus-pubien ou un
cathéterisme urétral intermittent peuvent être des alternatives intéressantes.
Utilisation appropriée de la ventilation mécanique et du matériel d’assistance respiratoire
La ventilation mécanique ne devra être utilisée qu’en cas de nécessité absolue, car ces
dispositifs peuvent entraîner des taux élevés d’infections nosocomiales. Des politiques et
procédures spécifiques sont nécessaires si l’hôpital possède de tels dispositifs. Il est important
d’assurer une aspiration correcte, et les cathéters ne doivent être utilisés qu’une fois (ou
préparés de façon appropriée en vue de leur réutilisation). Les produits d’aspiration devront
être éliminés de façon appropriée et peu de temps après leur recueil. Tout le matériel doit être
stérilisé par l’oxyde d’éthylène ou subir une désinfection poussée avant réutilisation. Parmi
les autres directives importantes figurent :

Arrêter la ventilation mécanique dès que possible

Utiliser des humidificateurs chauffés

Assurer la manipulation correcte des médicaments pour inhalation, des nébuliseurs et
des tubulures.
Précautions concernant les interventions chirurgicales et les soins du site opératoire
Les mesures suivantes peuvent aider à réduire l’incidence des infections nosocomiales liées
aux interventions chirurgicales et aux soins du site opératoire :

Mettre en œuvre des politiques et procédures complètes.

Réduire au minimum le séjour préopératoire à l’hôpital.

Sauf nécessité absolue, éviter de raser le patient. S’il le faut, utiliser une tondeuse (ou
à défaut un rasoir jetable). La tête des tondeuses doit être désinfectée après chaque
usage. Si un rasage est nécessaire, le faire immédiatement avant l’intervention et non
la veille au soir.
CPT Participant (final).doc
236

N’appliquer une prophylaxie antibiotique que si elle est indiquée. On utilisera le
médicament, la dose et l’intervalle d’administration appropriés en se conformant aux
protocoles établis. Habituellement, la prophylaxie consiste en une dose unique d’un
antimicrobien, une à deux heures avant l’intervention. On surveillera les pratiques de
prescription dans ce domaine pour assurer que la prophylaxie est correctement
appliquée. Une utilisation inappropriée contribuera à la résistance aux antimicrobiens,
aux réactions indésirables, à l’allongement de la durée d’hospitalisation et à
l’augmentation des coûts.

S’assurer que les chariots à pansements pour le nettoyage et les soins du site
opératoire ne contiennent pas d’instruments qui sont mis à tremper entre deux emplois,
car cette pratique peut conduire à une contamination des désinfectants. Les
instruments stériles doivent être fournis sous emballage individuel stérile.

N’utiliser que des antiseptiques et désinfectants efficaces. Les désinfectants anciens,
comme le chlorure de benzalkonium, ne doivent pas être conservés en stock en raison
de problèmes d’efficacité. Comme pour les médicaments de la liste du formulaire, les
antiseptiques et désinfectants doivent être choisis sur la base de données factuelles.

S’assurer que l’antisepsie des mains et des avant-bras des membres de l’équipe
chirurgicale comporte une friction peropératoire avec un antiseptique approprié.
Education du personnel hospitalier
Des programmes éducatifs mettant l’accent sur les techniques et procédures appropriées de
lutte contre les infections sont nécessaires pour contrôler les infections nosocomiales. Les
activités éducatives seront axées sur les fonctions de base de la lutte contre les infections,
avec notamment l’hygiène des mains, le nettoyage des locaux, les techniques aseptiques, les
procédures de préparation des liquides et médicaments pour la voie IV, les soins aux patients
sous ventilation assistée et des patients porteurs d’une sonde urinaire à demeure, les soins des
plaies et l’utilisation de solutions antiseptiques, l’isolement des patients et les précautions
universelles, l’utilisation efficace des services de laboratoire de microbiologie, et l’utilisation
appropriée des antimicrobiens.
Contrôle de la santé des employés
Des programmes de santé du personnel sont nécessaires pour contrôler l’état de santé de tous
les employés de l’établissement médical et procéder aux vaccinations. Les objectifs d’un
programme de santé du personnel sont :

Eduquer le personnel de soins en matière de lutte contre les infections

Surveiller les infections potentiellement dangereuses chez les employés et procéder
aux investigations nécessaires

Assurer des soins aux employés atteints de maladies liées à l’activité professionnelle

Assurer les vaccinations du personnel
CPT Participant (final).doc
237
Dans le cadre de tout programme de santé du personnel, les vaccinations suivantes devront
être faites afin de réduire le risque pour le personnel de contracter des infections et de les
transmettre aux patients :








Hépatites A et B
Grippe (vaccination annuelle)
Rougeole
Rubéole
Varicelle-zona
BCG (Bacille Calmette-Guérin)
Poliomyélite
Tétanos/diphtérie
Manipulation appropriée des aliments et de l’eau
Il a été démontré que les flambées d’infections transmises par l’eau et les aliments observées
dans des hôpitaux des Etats-Unis d’Amérique étaient provoquées par des aliments et de l’eau
contaminés, une cuisson insuffisante des aliments, la présence d’infections chez les personnes
manipulant les aliments, et l’utilisation d’un matériel contaminé.
Des politiques et procédures écrites décrivant la manipulation correcte des aliments et de l’eau
dans l’environnement hospitalier sont nécessaires pour réduire l’incidence des infections
nosocomiales.
Surveillance et évaluation de l’utilisation appropriée des antimicrobiens
Ce programme est capital pour le contrôle de l’utilisation des antimicrobiens à l’hôpital. Le
contrôle et les restrictions d’utilisation des antimicrobiens sont indispensables pour assurer
que le traitement et la prophylaxie par les antimicrobiens sont appropriés. L’utilisation sans
nécessité et inappropriée des antimicrobiens entraîne un allongement de la durée du séjour
hospitalier, une incidence accrue de la résistance aux antimicrobiens et une augmentation des
coûts.
Le CPT et le comité de lutte contre les infections devront établir des directives thérapeutiques
pour les antimicrobiens, des directives pour la prophylaxie et des directives spécifiques pour
la prophylaxie en chirurgie. Un système de surveillance est indispensable pour assurer une
utilisation appropriée de ces médicaments.
Voir la session 10 : « Directives thérapeutiques standard », et la session 11 : « Etudes
d’évaluation de l’utilisation des médicaments », pour davantage d’informations sur l’examen
et l’évaluation de l’utilisation des antimicrobiens.
L’étude de cas ci-dessous (Donald Goldman, document non publié) illustre l’utilisation
inappropriée des antimicrobiens dans la prophylaxie de la césarienne. Ce type d’utilisation des
antimicrobiens conduit à une augmentation des infections, de la résistance aux antimicrobiens,
des coûts et des réactions indésirables.
Le risque d’endométrite à la suite d’une césarienne dépasse 30 %, et la prophylaxie par
antimicrobiens en réduit l’incidence de 66 %. L’étude compare deux hôpitaux en ce qui
concerne l’utilisation des antimicrobiens pour la prophylaxie de la césarienne. L’hôpital A
applique la prophylaxie à 70 % de ses patientes et 31 % d’entre elles reçoivent la prophylaxie
CPT Participant (final).doc
238
dans l’heure qui suit l’intervention. L’hôpital B applique la prophylaxie à 32 % de ses
patientes et 70 % d’entre elles reçoivent des antimicrobiens dans l’heure qui suit
l’intervention.
Comment décririez-vous l’utilisation de la prophylaxie par antimicrobiens dans ces deux
hôpitaux ?

L’hôpital A applique la prophylaxie à un trop grand nombre de patientes, car elle ne
devrait être utilisée que pour les interventions à haut risque. Seules 31 % des patientes
ont reçu le traitement au bon moment, ce qui ajoute à l’utilisation incorrecte du
médicament.

L’hôpital B applique la prophylaxie de façon correcte (c’est-à-dire seulement chez les
patientes à haut risque) et donne le médicament au bon moment dans 70 % des cas –
ce qui est encore trop faible pour l’administration d’une dose unique. Ce pourcentage
représente une amélioration par rapport à l’hôpital A, mais reste inacceptable car de
nombreux échecs seront dus à l’administration du médicament à un moment
inapproprié. Quand l’antimicrobien est donné plus près de l’intervention, on observe
une baisse correspondante de l’incidence des infections post-opératoires.
La prophylaxie appropriée par antimicrobiens est l’une des activités les plus importantes
qu’un programme de lutte contre les infections puisse mettre en pratique pour réduire
l’incidence des infections nosocomiales en cas de césarienne. L’administration de ces
antimicrobiens est dans les possibilités d’amélioration des pratiques du personnel dans
presque tous les contextes et les résultats en sont visibles dans un délai relativement court.
L’utilisation appropriée des antimicrobiens est une question importante pour le CPT et le
comité de lutte contre les infections. Ces comités doivent travailler ensemble pour parvenir à
l’usage rationnel des médicaments.
Implications pour le CPT
Les CPT ont la capacité de gérer les listes du formulaire, d’améliorer la sélection des
médicaments, d’identifier les problèmes d’utilisation des médicaments, et de mettre en œuvre
des stratégies d’amélioration. Les comités et programmes de lutte contre les infections aident
à endiguer les maladies infectieuses et parasitaires et les infections nosocomiales dans les
hôpitaux et les établissements de soins de santé primaires. Ces deux organismes peuvent
travailler ensemble pour améliorer les résultats de façon significative grâce à la lutte contre
les maladies infectieuses et parasitaires et en assurant l’utilisation appropriée des
médicaments à tous les niveaux. La synergie entre les deux comités peut donner des résultats
remarquables en termes de bénéfice global au niveau des soins de santé, tout en permettant de
réaliser d’importantes économies.
Lorsqu’un CPT et un comité de lutte contre les infections coexistent dans un établissement, on
peut attendre du CPT les activités suivantes :

Soutien de toutes les activités de lutte contre les infections

Formation des membres du comité de lutte contre les infections sur l’utilisation
appropriée des antimicrobiens
CPT Participant (final).doc
239

Sélection des antimicrobiens, désinfectants et antiseptiques appropriés

Sélection de tous les antimicrobiens à utiliser à l’hôpital, en relation avec des
informations reposant sur des bases factuelles

Elaboration et mise en œuvre de directives sur les traitements antimicrobiens
appropriés, y compris pour la prophylaxie en chirurgie

Surveillance de la préparation et de l’administration des médicaments pour la voie IV
et des préparations injectables

Etudes d’évaluation et surveillance de l’utilisation des antimicrobiens

En coopération avec le comité de lutte contre les infections, mise en œuvre de l’outil
d’évaluation de la lutte contre les infections (ICAT) afin de comprendre les pratiques
en vigueur de lutte contre les infections. (Cet outil sera examiné dans la section
suivante.)
Lorsqu’il n’existe pas de comité de lutte contre les infections, le CPT (par le biais d’un souscomité de lutte contre les infections) peut assurer des programmes de base en matière de lutte
contre les infections et encourager la mise en place d’un programme officiel de lutte contre les
infections dans le cadre de l’hôpital. Comme l’absence de comité a de nombreuses
conséquences mais que les bénéfices d’un tel comité sont bien connus, les CPT ont toutes les
raisons de mettre en place un programme de lutte contre les infections dans la mesure des
ressources dont dispose l’établissement de santé.
L’importance de la formation dans ce domaine est capitale, et les membres du CPT sont
encouragés à recevoir une formation complète. On peut trouver sur Internet divers sites
fournissant des informations et une formation en ligne (voir annexe 1). Par exemple, le site
des U.S. Centers for Disease Control and Prevention (CDC) (www.cdc.gov) possède un
programme de formation en ligne qui peut servir de matériel d’enseignement pour les
techniques de base de la lutte contre les infections.
Outil d’évaluation de la lutte contre les infections (ICAT) et programme d’amélioration de
la qualité RPM Plus/MSH
Management Sciences for Health (MSH) a récemment élaboré, par le biais de son programme
Rational Pharmaceutical Management Plus (RPM Plus), un outil (ICAT en anglais [Infection
Control Assessment Tool]) permettant d’évaluer les pratiques de lutte contre les infections et
de mettre en œuvre des interventions visant à modifier ces pratiques par un mécanisme
d’amélioration de la qualité. L’ICAT et le programme d’amélioration de la qualité offrent une
approche standardisée en associant un outil d’auto-évaluation de la lutte contre les infections
et des méthodes d’amélioration rapide de la qualité ou de résolution rapide des problèmes par
une équipe (RCQI en anglais [rapid cycle quality improvement]) pour améliorer les pratiques
en vigueur à l’hôpital. Dans l’approche RCQI, une équipe pluridisciplinaire travaille en
collaboration pour améliorer une situation identifiée. L’équipe détermine les domaines qui
nécessitent une amélioration et établit les priorités, fixe d’un commun accord des objectifs
spécifiques et utilise des outils d’amélioration de la qualité ou de résolution de problèmes
pour analyser les données disponibles sur les systèmes existants. Ensuite, elle élabore, teste et
met en œuvre une série de modifications ciblées et de coût abordable qui peuvent être
appliquées au niveau local dans le système pour améliorer la situation et atteindre les objectifs
CPT Participant (final).doc
240
fixés. La force de cette méthode réside dans la synergie des idées au sein de l’équipe en ce qui
concerne l’examen des systèmes et l’élaboration de solutions appropriées pour les améliorer.
Cette méthodologie a été appliquée dans divers contextes de soins de santé dans le monde
entier.
L’outil d’évaluation de la lutte contre les infections fournit en outre des ressources pour les
activités d’amélioration de la qualité et des directives reconnues au plan international en ce
qui concerne les pratiques de lutte contre les infections.
Pour de plus amples informations, contacter les programmes RPM Plus et SPS de MSH à
Arlington, VA, Etats-Unis d’Amérique (courriel : [email protected] ; site Internet :
www.msh.org/rpmplus).
Activité 2. Elaboration de recommandations pour votre établissement
Revoyez cette session et formulez des recommandations à l’intention de votre hôpital ou de
votre dispensaire de soins de santé primaires pour la création d’un comité de lutte contre les
infections, l’amélioration du comité existant ou la constitution d’un sous-comité de lutte
contre les infections au sein du CPT. Examinez les questions suivantes :

Quels seraient les bénéfices pour votre hôpital si un programme efficace de lutte
contre les infections était mis en place ?

Comment votre CPT peut-il contribuer à améliorer les pratiques de lutte contre les
infections dans votre établissement de santé ?
Résumé
La lutte contre les infections est une activité critique dans les hôpitaux et les établissements de
soins de santé primaires. De même, les comités de lutte contre les infections sont importants à
la fois pour fournir les politiques et procédures et pour surveiller les activités d’un programme
actif de prévention et de lutte contre les infections. De nombreuses stratégies simples et peu
coûteuses peuvent empêcher les infections.
Il est largement démontré que les pratiques et les comités de lutte contre les infections ont un
bon rapport coût-efficacité. Les économies réalisées du fait de la diminution des taux
d’infections nosocomiales compensent largement le coût des activités de lutte. En axant ses
efforts sur la lutte contre les infections et sur les CPT, les systèmes de santé peuvent jeter les
bases de programmes plus complets d’amélioration de la qualité qui amélioreront également
les résultats au niveau des patients.
Les CPT peuvent soutenir de nombreuses activités de lutte contre les infections, par exemple :

Lavage des mains et utilisation d’antiseptiques et de désinfectants appropriés

Surveillance de la préparation et de l’administration des médicaments pour la voie IV
et des préparations injectables
CPT Participant (final).doc
241
Les CPT doivent assurer la promotion active d’une meilleure utilisation des antimicrobiens au
moyen de :

Directives pour le traitement et pour la prophylaxie en chirurgie

Sélection des antimicrobiens appropriés pour la liste du formulaire

Etudes d’évaluation de l’utilisation des antimicrobiens
Les comités de lutte contre les infections, s’ils sont fonctionnels, permettront de :

Réduire la propagation des maladies infectieuses et parasitaires

Réduire la morbidité et la mortalité

Maintenir la santé et la motivation du personnel

Réduire l’incidence de la résistance aux antimicrobiens

Réduire les coûts de la santé
CPT Participant (final).doc
242
Annexe 1. Ressources sur Internet et sur CD-ROM : informations, directives et
protocoles sur la lutte contre les infections
RPM Plus/MSH
Rational Pharmaceutical Management Plus. 2006. Improving Hospital Infection Control
Practices – A Standardized Approach Using the Infection Control Assessment Tool and Rapid
Cycle Quality Improvement : Introduction to the Infection Control CD-ROM. (Soumis à
l’U.S. Agency for International Development par le Rational Pharmaceutical Management
Plus Program. Arlington, VA : Management Sciences for Health.)
U.S. Centers for Disease Control and Prevention (CDC) : documents et directives
Lutte contre les infections : index :
http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/a_z.html
Hygiène des mains :
http://www.cdc.gov/handhygiene/
Directives pour la prévention de la propagation de la tuberculose dans les hôpitaux :
http://www.cdc.gov/epo/mmwr/preview/mmwrhtml/00035909.htm
Directives pour les infections du site opératoire :
http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/gl_surgicalsite.html
Amélioration de l’observance du lavage des mains :
http://www.cdc.gov/ncidod/eid/vol7no2/pittet.htm
Directives de lutte contre les infections pour le personnel hospitalier :
http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/gl_hcpersonnel.html
Cathéters intraveineux :
http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/gl_intravascular.html
Procédures d’isolement :
http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/gl_isolation.html
Prévention des infections par piqûre d’aiguille :
http://www.cdc.gov/niosh/docs/2000-135
« Updated U.S. Public Health Service Guidelines for the Management of Occupational
Exposures to HBV, HCV, and HIV and Recommendations for Postexposure Prophylaxis » :
http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/rr5011a1.htm
Sondes urinaires :
http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/gl_catheter_assoc.html
Utilisation des données de la surveillance :
http://www.cdc.gov/ncidod/eid/vol7no2/gaynes.htm
CPT Participant (final).doc
Alliance for Patient Safety (Organisation mondiale de la Santé)
(Hygiène des mains et sécurité des interventions chirurgicales)
http://who.int/patientsafety
http://who.int/patientsafety/challenge/en
American International Health Alliance
Site Internet et manuels de formation :
www.aiha.com
EngenderHealth
Programme de formation en ligne sur la lutte contre les infections :
http://www.engenderhealth.org/IP/index.html
243
CPT Participant (final).doc
244
SESSION 13. RÉSISTANCE AUX ANTIMICROBIENS
Objectif et contenu
La session 13 fournit des informations sur la menace mondiale que constitue la résistance aux
antimicrobiens et sur le rôle du comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) dans la lutte
contre la résistance aux antimicrobiens.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Comprendre la situation mondiale de la résistance aux antimicrobiens

Décrire le rôle du CPT dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens

Commenter les stratégies à facettes multiples utilisées pour contenir la résistance aux
antimicrobiens
Préparation et matériel
Lire le Guide du participant.
Pour en savoir plus
Apisarnthanarak A, Danchaijivitr S, Khawcharoenporn T, Limsrivilai J, Warachan B, Bailey
TC, Fraser VJ, and the Thammasart University Antibiotic Management Team. 2006.
Effectiveness of Education and an Antibiotic-Control Program in a Tertiary Care Hospital in
Thailand. Clinical Infectious Diseases 42(6):768–775.
Arnold FW, McDonald LC, Smith RS, Newman D, Ramirez JA. 2006. Improving
Antimicrobial Use in the Hospital Setting by Providing Usage Feedback to Prescribing
Physicians. Infection Control and Hospital Epidemiology (4):378–382.
Bassetti M, Di Biagio A, Rebesco B, Amalfitano ME, Topal J, Bassetti D. 2001. The Effect of
Formulary Restriction in the Use of Antibiotics in an Italian Hospital. European Journal of
Clinical Pharmacology 57(6–7):529–534.
Cosgrove SE. 2006. The Relationship between Antimicrobial Resistance and Patient
Outcomes : Mortality, Length of Hospital Stay, and Health Care Costs. Clinical Infectious
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Pharmacy World and Science 17(4):96–102.
Maswoswe JJ, Okpara AU. 1995. Enforcing a Policy for Restricting Antimicrobial Drug Use.
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Mol PG, Wieringa JE, Nannanpanday PV, Gans RO, Degener JE, Laseur M, HaaijerRuskamp FM. 2005. Improving Compliance with Hospital Antibiotic Guidelines : A TimeSeries Intervention Analysis. Journal of Antimicrobial Chemotherapy 55(4):550–557.
CPT Participant (final).doc
245
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2001. WHO Global Strategy for Containment of
Antimicrobial Resistance (WHO/CDC/DRS/2001.2). Genève : OMS
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2005. Endiguer la résistance aux antimicrobiens
(Perspectives politiques de l’OMS sur les médicaments N° 10 (WHO/EDM/2005.1). Genève :
OMS.
Ozkurt Z, Erol S, Kadanali A, Ertek M, Ozden K, Tasyaran MA. 2005. Changes in Antibiotic
Use, Cost, and Consumption after an Antibiotic Restriction Policy Applied by Infectious
Disease Specialists. Japanese Journal of Infectious Diseases 58(6) :338–343.
Saez-Llorens X, Castrejon de Wong MM, Castano E, De Suman O, De Moros D, De Atencio
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Susceptibilities : A Lesson from a Pediatric Institution in a Developing Country. Pediatric
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Saizy-Callaert S, Causse R, Fuhrman C, Le Paih MF, Thebault A, Chouaid C. 2003. Impact of
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Sirinavin S, Suvanakoot P, Sathapatayavongs B, Malatham K. 1998. Effect of Antibiotic
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Antimicrobial Chemotherapy 54(2):295–298.
Introduction
L’utilisation des antimicrobiens a largement contribué à la baisse de la morbidité et de la
mortalité dues aux maladies infectieuses et parasitaires au cours du demi-siècle passé. Ces
résultats sont toutefois de plus en plus compromis par le problème, en augmentation rapide,
de la résistance à ces médicaments. Les maladies infectieuses et parasitaires comme la
tuberculose, les infections sexuellement transmissibles, les infections respiratoires aiguës, le
paludisme, la dysenterie et le VIH/SIDA sont devenues de plus en plus difficiles et coûteuses
à traiter, ce qui entraîne une charge très lourde, en particulier dans les pays en développement
où les ressources sont limitées et les taux d’infection élevés. L’augmentation des coûts du fait
des infections résistantes nuit gravement aux efforts de prévention, de lutte et de traitement
des maladies infectieuses et parasitaires dans le monde entier et compromet les bénéfices tirés
des investissements dans le domaine de la santé.
Les facteurs qui contribuent à la résistance aux antimicrobiens présentent de nombreux
aspects et apparaissent plus nettement dans les pays dont les ressources sont limitées, où les
problèmes d’accessibilité, de qualité, de gestion et d’utilisation des médicaments sont la règle.
L’afflux de médicaments contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme grâce aux
initiatives mondiales en faveur de la santé a fortement augmenté le potentiel de résistance
dans les pays dont les systèmes de santé sont défaillants et où la capacité de gestion des
médicaments est faible, sans compter le manque de professionnels compétents dans les
domaines de la résistance aux médicaments et de l’usage rationnel des antimicrobiens. Même
s’il existe des outils et des approches éprouvés pour améliorer la gestion et l’utilisation des
CPT Participant (final).doc
246
antimicrobiens, il n’existe au niveau des pays que peu de programmes d’information et de
lutte concernant la résistance aux antimicrobiens. En général, les dangers liés à cette
résistance sont largement méconnus et les interventions portant sur la gestion des
médicaments et sur la résistance aux antimicrobiens ne sont pas mises en œuvre.
Situation mondiale de la résistance aux antimicrobiens
Une résistance aux médicaments est apparue dans toutes les catégories d’agents pathogènes :
virus, champignons, parasites et bactéries. Parmi les agents pathogènes majeurs devenus
résistants aux antimicrobiens figurent :

Bactéries à l’origine de diverses infections, comme les staphylocoques, les
entérocoques et E. coli

Agents à l’origine d’infections respiratoires, comme Streptococcus pneumoniae et les
agents de la tuberculose et de la grippe

Agents pathogènes véhiculés par les aliments, comme Salmonella et Campylobacter

Micro-organismes transmis par voie sexuelle, comme Neisseria gonorrhoeae

Candida et autres infections fongiques

Parasites, comme Plasmodium falciparum, l’agent du paludisme

Virus de l’immunodéficience humaine (VIH), l’agent du SIDA
Parmi les facteurs qui contribuent à l’accélération de la résistance figurent l’inefficacité de la
chloroquine comme antipaludique primaire, la tuberculose multirésistante (MDR-TB) et la
tuberculose ultrarésistante (XDR-TB), diverses maladies diarrhéiques et infections
respiratoires aiguës résistantes aux antibiotiques, le VIH/SIDA, et Staphylococcus aureus
résistant à la méticilline (SARM). De nombreux mécanismes complexes de résistance aux
antifongiques ont été observés.25 L’introduction du fluconazole au début des années 1990
pour le traitement de la candidose a été rapidement suivie par l’apparition de cas de candidose
buccale résistante à ce médicament, que l’on trouve chez un tiers des patients atteints de
SIDA avancé.26 Le traitement de première intention pour le paludisme (chloroquine) a cessé
d’être efficace dans 81 des 92 pays où le paludisme représente un grave problème de santé. La
pénicilline a perdu une grande partie de son efficacité contre la pneumonie, la méningite et la
gonococcie dans de nombreux pays. Aux Etats-Unis d’Amérique, 80 % des isolements de
Staphylococcus aureus sont résistants à la pénicilline et 32 % sont résistants à la méticilline.
25
Kontoyannis DP, Lewis RE. 2002. Antifungal Drug Resistance of Pathogenic Fungi. Lancet 359(9312):1135–
1144.
26
Law D, Moore CB, Wardle HM et al. 1994. High Prevalence of Antifungal Resistance in Candida spp. from
Patients with AIDS. Journal of Antimicrobial Chemotherapy 34(5):659–668.
CPT Participant (final).doc
247
On trouvera ci-dessous d’autres exemples qui illustrent l’augmentation du problème mondial
de la résistance aux antimicrobiens :27

Les infections multirésistantes à S. enterica sérotype paratyphi (S. paratyphi) sont
associées à une augmentation de la gravité signalée de la maladie et constituent
maintenant un problème majeur de santé publique en Asie.

La résistance de Shigella à l’ampicilline, à la tétracycline, au cotrimoxazole et au
chloramphénicol est répandue en Afrique, alors que ces médicaments sont encore
utilisés pour le traitement de première intention de la dysenterie dans de nombreux
endroits. L’introduction de l’acide nalidixique a été suivie d’une émergence de la
résistance chez Shigella.

L’émergence et la propagation de la résistance de S. dysenteriae type 1 au
cotrimoxazole, à l’ampicilline, à la tétracycline, au chloramphénicol et, de plus en
plus, à l’acide nalidixique au cours des vingt dernières années signifient que ces
antimicrobiens peu coûteux et largement disponibles ne peuvent plus être utilisés de
façon empirique.

La résistance à la pénicilline et à l’érythromycine constitue un problème émergent en
ce qui concerne les infections communautaires à S. pneumoniae en Asie, au Mexique,
en Argentine et au Brésil ainsi que dans certaines parties du Kenya et de l’Ouganda.

L’extension de la résistance de N. gonorrhoeae a obligé à remplacer la pénicilline et la
tétracycline par des médicaments de première intention plus coûteux, vis-à-vis
desquels une résistance est rapidement apparue. Dans les Caraïbes et en Amérique du
Sud, une résistance à l’azithromycine a été trouvée dans 16 à 72 % des isolements
réalisés en divers endroits, ce qui a conduit à recommander de remplacer à son tour ce
médicament par la ceftriaxone, la spectinomycine ou les quinolones. Le coût élevé des
autres options, comme les céphalosporines de troisième génération, rend par ailleurs
leur utilisation prohibitive dans de nombreux pays en développement.

La résistance du choléra aux antimicrobiens est de plus en plus fréquente dans les pays
en développement. Jusqu’à 90 % des isolements de Vibrio cholerae sont résistants à
au moins un antimicrobien.
Alors que le choix des antimicrobiens devient limité, les médecins des pays en développement
peuvent être obligés d’utiliser des médicaments anciens qui sont de plus en plus inefficaces,
avec pour conséquence des taux élevés d’échec thérapeutique.28 De plus, les nouveaux
antibiotiques pour les traitements de deuxième, troisième et quatrième intentions sont
beaucoup plus coûteux que les médicaments de première intention utilisés à l’origine. Là où
les ressources sont limitées, les médecins n’ont souvent pas d’accès aux tests de sensibilité ou
ne peuvent se permettre de modifier le traitement. Ces restrictions aggravent encore les
conséquences de l’augmentation de la résistance aux antimicrobiens dans ces pays.
Les hôpitaux constituent une source importante d’infections résistantes aux médicaments. Les
infections nosocomiales peuvent toucher jusqu’à 10 % des patients hospitalisés. Les
27
Okeke IN, Laxminarayan R, Bhutta ZA, et al. 2005. Antimicrobial Resistance in Developing Countries. Part
I : Recent Trends and Current Status. Lancet Infectious Diseases 5(8):481–493.
28
Howard DH, Scott RD. 2005. The Economic Burden of Drug Resistance. Clinical Infectious Diseases
41(Suppl 4):S283–286.
CPT Participant (final).doc
248
principales bactéries impliquées dans les infections nosocomiales sont les SARM,
Enterococcus faecium, E. faecalis, E. coli, K. pneumoniae, Enterobacter spp., Citrobacter
spp., Pseudomonas aeruginosa et Acinetobacter calcoaceticus.
La transmission nosocomiale de micro-organismes multirésistants impliqués dans des
infections communautaires courantes, comme les pneumocoques, M. tuberculosis, Salmonella
spp., Shigella spp. et V. cholerae, est de plus en plus souvent documentée dans les pays en
développement. Le transfert horizontal de gènes résistants d’une souche à l’autre peut
également aggraver le risque d’infections nosocomiales résistantes.
Impact de la résistance aux antimicrobiens
La résistance aux antimicrobiens fait augmenter la morbidité et la mortalité chez les patients
atteints de maladies très diverses. La période d’infectiosité est prolongée, d’où un risque accru
de transmission des micro-organismes résistants. Par exemple, une étude sur la tuberculose
ultrarésistante réalisée en 2006 en Afrique du Sud a montré que sur 53 cas identifiés, 52 sont
morts de cette maladie.29 Ces patients atteints de tuberculose résistante (et non traitée) ont très
certainement eu la possibilité de transmettre la maladie à d’autres personnes.
Le coût de la résistance aux antimicrobiens pour l’individu et pour la société est énorme. Par
exemple, le traitement de la tuberculose multirésistante coûte environ 300 fois plus que celui
de la tuberculose non résistante. Le coût du traitement d’une infection à SARM est le triple de
celui des infections staphylococciques sensibles à la méticilline.30 Le passage de la
chloroquine à un traitement par une association à base d’artémisinine du fait de la résistance
multiplie le coût par 18.31 L’utilisation d’antimicrobiens de deuxième intention pour traiter les
infections résistantes est non seulement plus coûteuse, mais peut aussi conduire à une
incidence accrue de réactions indésirables.
Les antibiotiques représentent 20–40 % du budget pharmaceutique d’un hôpital et, s’ils ne
sont pas gérés avec soin, ils peuvent contribuer à élever inutilement les coûts de la santé. Les
infections nosocomiales consomment des ressources qui pourraient sans cela être disponibles
pour des programmes d’amélioration de l’accessibilité et de la qualité des soins.
Causes de la résistance aux antimicrobiens
Parmi les principaux facteurs qui contribuent à l’émergence et à la propagation de la
résistance aux antimicrobiens, leur prescription inappropriée par les dispensateurs de soins de
santé et l’automédication inappropriée pratiquée par les patients, ainsi que la mauvaise
observance du traitement, sont particulièrement importants. Entre 20 et 50 % des
antimicrobiens prescrits pour l’usage médical sont peut-être inutiles.32 Environ la moitié du
total des antibiotiques sont utilisés dans l’agriculture et non chez l’homme, et 40 à 80 % des
antimicrobiens à usage vétérinaire sont d’un intérêt douteux.33 De plus, l’accès limité aux
soins de santé, l’absence de réglementation en ce qui concerne la disponibilité des
29
Singh JA, Upshur R, Padayatchi N. 2007. XDR-TB in South Africa : No Time for Denial or Complacency.
Public Library of Science Medicine 4(1):e50.
30
Abramson A, Sexton DJ. 1999. Nosocomial Methicillin-Resistant and Methicillin-Susceptible Staphylococcus
aureus Primary Bacteremia : At What Costs ? Infection Control and Hospital Epidemiology 20(6):408–411.
31
Omari AA, Gamble C, Garner P. 2004. Artemether-Lumefantrine for Uncomplicated Malaria : A Systematic
Review. Tropical Medicine and International Health 9(2):192–199.
32
Wise R, Hart T, Cars O et al. 1998. Antimicrobial Resistance is a Major Threat to Public Health. British
Medical Journal 317:609–610.
33
Ibid.
CPT Participant (final).doc
249
antimicrobiens, les produits de qualité inférieure, contrefaits ou ne répondant pas aux normes,
les mauvaises conditions de stockage et l’insuffisance de la lutte contre les infections dans les
établissements de santé constituent autant de facteurs relevant du système de santé et qui
contribuent à l’apparition et à la propagation de la résistance.
Plusieurs facteurs contribuent à la persistance du problème de la résistance aux antimicrobiens
dans la communauté : principes culturels, demande d’antimicrobiens de la part des patients,
incitations financières pour les prescripteurs et dispensateurs, campagnes publicitaires de
l’industrie pharmaceutique à destination des consommateurs, des prescripteurs et des
fournisseurs, et formation insuffisante du personnel de santé et des pharmaciens. La pauvreté
et les difficultés économiques qui poussent les patients à interrompre trop tôt leur traitement
ou à partager leurs médicaments avec leur famille contribuent également à l’émergence et à la
propagation de la résistance.
Les motifs de prescription inappropriée sont :

Lacunes de la formation

Incertitude du diagnostic

Formulaires et directives thérapeutiques standard non disponibles ou non utilisés

Crainte d’un résultat insuffisant chez le patient et besoin de se rassurer

Crainte des réclamations

Prescripteurs-dispensateurs financièrement incités à vendre davantage de médicaments

Analyses microbiologiques non disponibles ou non utilisées

Demande de la part du patient

Incitations financières liées à la vente de médicaments

Influence des laboratoires pharmaceutiques au moyen de campagnes publicitaires
inappropriées et tendancieuses
Approches principales de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens
Pour parvenir à endiguer la résistance aux antimicrobiens, il faut agir à tous les niveaux du
système de santé. Les interventions peuvent consister en information et communication,
programmes de formation, recherche, surveillance, prévention des maladies infectieuses et
parasitaires, amélioration de la qualité des produits pharmaceutiques, amélioration de
l’utilisation des médicaments, interventions au niveau des pays, réglementation
pharmaceutique, programmes de lutte contre les infections dans les hôpitaux et les
dispensaires de soins de santé primaires, et amélioration de la capacité de gestion des
médicaments.
Une des approches principales consiste à préserver l’efficacité des antimicrobiens existants,
ce que l’on peut obtenir grâce à la mise en œuvre de CPT efficaces pour surveiller et contrôler
l’utilisation de ces médicaments au niveau de l’hôpital et des établissements de soins de santé
primaires.
CPT Participant (final).doc
250
Rôle du CPT dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens
Les CPT ont un rôle important à jouer dans la surveillance et l’amélioration de l’utilisation
des médicaments dans les établissements de santé et dans la lutte contre la résistance aux
antimicrobiens. La stratégie mondiale de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) pour
l’endiguement de la résistance aux antimicrobiens désigne les CPT comme moyen
d’intervention capital pour endiguer la résistance dans les établissements de santé. La
deuxième conférence internationale sur l’amélioration de l’utilisation des médicaments, tenue
en 2004,34 a recommandé la création de CPT dans les établissements de santé de tous niveaux
pour appuyer les efforts visant à améliorer l’utilisation des médicaments et à contenir les
coûts.
En milieu hospitalier, le CPT est un organe clé pour aider à préserver l’efficacité des
antimicrobiens existants. Ce but peut être atteint de diverses manières :

Mise à jour et gestion d’une liste d’antimicrobiens pour le formulaire

Elaboration de politiques concernant les acquisitions et la qualité des antimicrobiens

Elaboration et mise à jour de directives et de protocoles pour les antibiotiques

Elaboration de politiques concernant les antimicrobiens (par exemple antimicrobiens
de réserve, niveaux de prescription, ordres stop automatiques, bons de commande pour
antimicrobiens) afin d’améliorer le respect des directives et des protocoles

Evaluation de l’utilisation des antimicrobiens selon des critères de pertinence
préétablis et application de mesures correctrices

Mise en place d’une formation avant emploi et en cours d’emploi sur l’usage rationnel
des antimicrobiens et la résistance aux antimicrobiens

Contribution à la collecte et à la gestion des données de la surveillance des
antimicrobiens et des informations sur la résistance en vue d’une action coordonnée
avec le comité de lutte contre les infections

Education des patients sur l’utilisation des antimicrobiens, y compris leur utilisation
inappropriée, et pour encourager l’observance du traitement

Appui aux activités de pharmacovigilance portant sur les antimicrobiens
Interventions de lutte contre la résistance aux antimicrobiens
Mise à jour et gestion d’une liste d’antimicrobiens pour le formulaire
La liste des antimicrobiens pour le formulaire doit contenir les agents jugés les plus utiles
dans le contexte de la population de patients hospitalisés. L’efficacité, l’innocuité, la qualité,
la pharmacocinétique et le coût sont tous à prendre en compte dans la décision d’ajouter ou
non un antimicrobien à la liste. On devra éviter les doublons à l’intérieur d’une même classe
thérapeutique (par exemple quinolones ou céphalosporines de troisième génération). Le CPT
34
http://www.icium.org
CPT Participant (final).doc
251
ou le sous-comité des antimicrobiens pourront appliquer les techniques décrites dans la
session 2 : « Elaboration et tenue à jour d’une liste du formulaire ».
Elaboration de politiques concernant les acquisitions et la qualité des antimicrobiens
Le CPT ou le sous-comité des antimicrobiens peuvent élaborer des politiques appropriées au
sujet des acquisitions et de la qualité des antimicrobiens. Par exemple, seuls les
antimicrobiens approuvés pour la liste du formulaire seront acquis en routine par l’hôpital. Il
restera possible d’acheter des antimicrobiens ne figurant pas sur la liste, mais seulement avec
l’autorisation du CPT dans le cadre d’une procédure d’utilisation de médicaments hors liste.
Des politiques peuvent aussi être élaborées pour l’acquisition d’antimicrobiens génériques
auprès de fournisseurs disposant d’un système de traçage fiable.
Elaboration et mise à jour de directives et de protocoles pour les antimicrobiens
En plus de la gestion de la liste des antimicrobiens pour le formulaire, le CPT ou le souscomité des antimicrobiens émet des directives pour l’utilisation des antimicrobiens figurant
sur la liste et des antimicrobiens hors liste. La pharmacie de l’hôpital ne dispense un
antimicrobien hors liste que si ce médicament est prescrit conformément aux directives. Par
exemple, des directives spécifiques pour la posologie des antimicrobiens (dose et durée)
peuvent être élaborées par le sous-comité pour les médicaments inscrits sur la liste du
formulaire. Ces directives peuvent être imprimées sur une fiche posologique ou être
rassemblées dans un manuel de poche abrégé.
Elaboration de politiques en matière d’antimicrobiens pour améliorer le respect des
directives
Le CPT peut élaborer et mettre en œuvre des politiques à facettes multiples en association
avec diverses approches pour améliorer le respect des directives et des protocoles concernant
les antimicrobiens. Il est important de fournir les preuves, les justifications et les bénéfices au
niveau local des politiques en matière d’antimicrobiens lorsqu’on cherche à obtenir un
consensus des partenaires à l’échelle de l’hôpital, de façon que les prescripteurs ne se sentent
pas « commandés » par le CPT lors de la mise en œuvre de ces politiques.
Politiques concernant les niveaux de prescription des antimicrobiens
Les politiques de prescription doivent spécifier trois niveaux d’antimicrobiens :
antimicrobiens de première intention, pour prescription restreinte, et de réserve.

Antimicrobiens de première intention – peuvent être prescrits par tous les médecins

Antimicrobiens pour prescription restreinte – pour les agents pathogènes
multirésistants, les infections mixtes, ou certaines affections qui exigent une attention
spéciale ou une prescription d’antimicrobiens plus chers après discussion avec le chef
du service
o Certains antimicrobiens peuvent être limités à des spécialités médicales ou à
des services particuliers (par exemple unités de soins intensifs). Les restrictions
peuvent également s’appliquer à certains antimicrobiens à large spectre.
CPT Participant (final).doc

252
Antimicrobiens de réserve – utiles contre un large éventail d’infections, mais dont
l’utilisation peut être limitée en raison de la nécessité de réduire le risque d’apparition
d’une résistance ou en raison de leur coût élevé
Par exemple, les carbapénems (imipénem/méropénem) sont des antimicrobiens à large spectre
actifs contre une majorité d’agents pathogènes à Gram positif et négatif. Les hôpitaux essaient
de réserver ces antibiotiques pour des affections spécifiques comme les infections
nosocomiales résistantes, et ils ne sont en général dispensés qu’après discussion avec un
spécialiste des maladies infectieuses et parasitaires ou le chef du service.
Ordres stop automatiques
Le but d’un ordre stop automatique est de limiter de façon appropriée la durée de l’utilisation
d’un antimicrobien. Cette stratégie a été appliquée avec succès pour limiter la durée de la
prophylaxie en chirurgie dans les hôpitaux du Royaume-Uni. Des dates d’arrêt peuvent aussi
être fixées pour l’utilisation des antimicrobiens en traitement empirique ou dans un but
thérapeutique. Le sous-comité des antimicrobiens émet une recommandation à l’intention du
CPT aux fins d’autorisation d’ordres stop pour une liste d’antimicrobiens prioritaires, en
fonction de la dose et de la durée du traitement. La mise en œuvre de cette approche peut être
réalisée efficacement au moyen de bons de commande pour antimicrobiens.
Bons de commande pour antimicrobiens
Plutôt qu’un imprimé de prescription classique, un bon de commande pour antimicrobiens est
une fiche préimprimée spéciale, en général d’une couleur différente. Les prescripteurs
classent les antimicrobiens selon leur usage – prophylactique, empirique ou thérapeutique.
Pour la prophylaxie en chirurgie, l’arrêt automatique de l’antimicrobien a lieu habituellement
dans les 24 à 48 heures, selon la décision de l’établissement ; pour le traitement empirique, la
cause présumée de l’infection doit être établie ; pour l’usage thérapeutique, les agents
pathogènes isolés et les tests de sensibilité correspondants doivent être établis. La figure 1
montre un exemple de bon de commande pour antimicrobiens.35
35
Sital Shah, Chief Pharmacist, Aga Khan University Hospital, Nairobi, Kenya. Ancienne participante au cours
international de formation de formateurs pour les CPT, Malaisie, 2005.
CPT Participant (final).doc
Figure 1. Exemple de bon de commande pour antibiotiques
253
CPT Participant (final).doc
254
Sur le bon de commande sont mentionnées la politique concernant les ordres stop
automatiques et la liste des antimicrobiens pour utilisation restreinte en vigueur dans l’hôpital
en question. Des instructions pour l’utilisation des cultures et des tests de sensibilité y figurent
également.
Figure 2. Exemple d’instructions figurant sur un bon de commande pour antimicrobiens
Passage de la voie intraveineuse à la voie orale
On peut aussi parvenir à une utilisation plus rationnelle des antimicrobiens en appliquant une
politique de passage de la voie intraveineuse à la voie orale, une méthode largement utilisée
pour abaisser le coût des médicaments à la fois pour l’établissement et pour le patient. Cette
CPT Participant (final).doc
255
méthode comporte plusieurs avantages : moins de temps pour la préparation, risques plus
faibles de complications ou de réactions indésirables, et raccourcissement du séjour à
l’hôpital. Le programme de passage de la voie IV à la voie orale comprend l’établissement de
critères de décision, le choix d’un antimicrobien approprié, une consultation avec le médecin
traitant, et la surveillance du patient. Pour appliquer cette politique avec succès, il faut établir
des directives précises pour déterminer quels sont les patients qui peuvent être transférés à la
voie orale et ceux chez qui la voie IV doit être maintenue.
Evaluation de l’utilisation des antimicrobiens selon des critères de pertinence préétablis et
application de mesures correctrices
L’évaluation consiste à choisir des antimicrobiens coûteux ou susceptibles d’entraîner des
abus puis à réaliser une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments au moyen des
techniques décrites dans la session 11 : « Etudes d’évaluation de l’utilisation des
médicaments ». Cet examen est particulièrement utile si le sous-comité des antimicrobiens a
établi des directives pour certains antimicrobiens et souhaite déterminer si ces directives sont
respectées (selon des critères préétablis). L’évaluation peut être réalisée en examinant un
échantillon aléatoire d’ordonnances ou de dossiers de cas sur une période prolongée (par
exemple 6 à 12 mois) ou sur une brève période d’étude (un à trois mois) pendant laquelle les
patients ont reçu l’antimicrobien en question.
Les données sont mises en tableaux et on détermine la conformité à divers indicateurs. Si les
données montrent une non-conformité, on pourra prendre des mesures correctrices pour
améliorer l’utilisation de l’antimicrobien. On pourra pour cela utiliser diverses méthodes
comme indiqué dans la session 10 : « Stratégies d’amélioration de l’utilisation des
médicaments – Vue d’ensemble ». Après l’intervention, on réalise une deuxième évaluation
pour déterminer l’impact des mesures correctrices sur l’utilisation de l’antimicrobien.
Mise en place d’une formation avant emploi et en cours d’emploi sur l’usage rationnel des
antimicrobiens et la résistance aux antimicrobiens
Une formation à l’utilisation appropriée des antimicrobiens est indispensable pour tous les
professionnels de santé de l’hôpital ou de l’établissement de soins de santé primaires. Des
programmes réguliers de formation en cours d’emploi peuvent améliorer l’utilisation des
antimicrobiens et réduire l’incidence des réactions indésirables tout en abaissant le coût global
des soins de santé. Cette formation devra également être assurée dans le cadre des études
supérieures et les établissements universitaires locaux devront être encouragés à inscrire les
concepts d’usage rationnel des antimicrobiens et de résistance aux antimicrobiens dans leurs
programmes.
Liaison avec le comité de lutte contre les infections en ce qui concerne l’évaluation et
l’utilisation des données de la surveillance de la résistance aux antimicrobiens
La surveillance de la résistance des bactéries aux antimicrobiens est un élément essentiel de
tout programme destiné à endiguer la propagation de la résistance. Ce n’est qu’en connaissant
l’étendue du problème que l’on pourra faire des choix adéquats et convaincre le personnel de
modifier ses comportements en matière d’utilisation des médicaments. Les données sur la
résistance aident non seulement à choisir l’antimicrobien correct pour un patient déterminé,
mais aussi, lorsqu’elles sont rassemblées, permettent au CPT de connaître les profils de
sensibilité lors du choix des antimicrobiens pour la liste du formulaire. Dans de nombreux
hôpitaux, le laboratoire ne rassemble pas les données de résistance dans le cadre du processus
CPT Participant (final).doc
256
du formulaire, mais il incombe au CPT de faire en sorte que ces données lui soient
communiquées dans la mesure du possible. Les données seront collectées par le service de
microbiologie et l’équipe de lutte contre les infections.
La résistance est souvent exprimée en nombre d’isolements. Mais ces données incluent en
général les prélèvements multiples réalisés sur quelques malades gravement atteints et ne
donnent pas une image exacte de la résistance globale chez l’ensemble des patients. Pour être
utilisables dans le cadre du processus du formulaire, les données sur la résistance doivent être
représentatives de tous les patients potentiels et doivent par conséquent être exprimées en
nombre de cas (ou de patients) et non d’isolements. Si les prélèvements destinés à la culture
sont réalisés dès l’admission, avant l’administration de tout antibiotique, les données pourront
être utilisées pour dresser un tableau de la résistance dans la communauté.
Une discussion détaillée sur la surveillance de la résistance dépasserait le cadre de ce cours.
Cependant, si une telle surveillance est réalisée, il est extrêmement important d’effectuer un
contrôle de la qualité des examens de laboratoire. Il est pire d’avoir des résultats inexacts que
pas de résultats du tout. Un laboratoire de microbiologie sérieux doit être en mesure de
présenter au CPT un dossier d’assurance interne et externe de la qualité.

L’assurance interne de la qualité consiste à effectuer à intervalles réguliers des
contrôles internes et à en consigner les résultats de façon à assurer que tout
l’équipement de laboratoire fonctionne et que le recueil et le traitement des
échantillons sont effectués d’une manière reproductible.

L’assurance externe de la qualité implique la participation du laboratoire à un système
externe d’évaluation géré par un laboratoire de référence. Dans un tel système, le
laboratoire de référence envoie des prélèvements cliniques d’épreuve et demande au
laboratoire participant d’identifier le germe en cause et d’établir son profil de
sensibilité. Cela permet de contrôler la compétence du laboratoire participant par
rapport à celle du laboratoire de référence.
Education des patients sur l’utilisation des antimicrobiens, y compris leur utilisation
inappropriée, et afin d’encourager l’observance du traitement
Les pharmaciens dispensateurs qui travaillent dans le service de consultations externes de
l’hôpital doivent informer les patients sur l’utilisation appropriée des antimicrobiens et les
encourager à suivre correctement leur traitement (observance). En plus de l’éducation du
patient en face-à-face, le sous-comité des antimicrobiens peut réaliser des tableaux
d’affichage à placer dans les salles d’attente et à proximité du comptoir de dispensation. Selon
le contexte de l’établissement, l’éducation des patients peut également aider à diminuer leurs
demandes injustifiées d’antimicrobiens.
Appui aux activités de pharmacovigilance portant sur les antimicrobiens
L’innocuité des antimicrobiens et leur toxicité doivent être surveillées de façon systématique
et coordonnée. Le sous-comité des antimicrobiens peut adopter diverses stratégies, comme on
l’a vu dans la session 4 : « Evaluation et gestion de l’innocuité des médicaments ». Des
activités de pharmacovigilance devront être élaborées et mises en œuvre pour certains
antimicrobiens présentant des problèmes connus d’innocuité. On peut aussi surveiller
l’utilisation des antimicrobiens dans des groupes vulnérables comme les enfants et les
personnes âgées. Les interventions comprennent l’ajustement des doses de certains
CPT Participant (final).doc
257
antimicrobiens (p. ex. aminosides, vancomycine) en cas d’insuffisance hépatique ou rénale,
l’attention portée au risque d’allergie (pénicillines) et l’identification des interactions
potentielles avec d’autres médicaments (macrolides, azolés). Ces activités de
pharmacovigilance permettront de réduire l’incidence des réactions indésirables, de diminuer
le recours inutile à des antimicrobiens de remplacement, et d’améliorer l’utilisation des
antimicrobiens en général.
Création d’un sous-comité des antimicrobiens au sein du CPT
La création d’un sous-comité des antimicrobiens au sein d’un CPT peut contribuer à
l’établissement d’un groupe de travail chargé d’élaborer des programmes d’éducation et
d’intervention dans le but de contenir la menace que constitue la résistance aux
antimicrobiens. Le sous-comité des antimicrobiens peut se charger d’élaborer des politiques
concernant l’utilisation des antimicrobiens et les faire approuver par le CPT et par le
personnel médical. Le sous-comité des antimicrobiens joue aussi un rôle dans l’évaluation et
la sélection des antimicrobiens pour la liste du formulaire.
Pour réussir, le sous-comité des antimicrobiens doit avoir des attributions claires (encadré 1)
et sa composition doit être bien définie. Par exemple, dans un hôpital privé du Kenya,36 le
sous-comité des antimicrobiens est pluridisciplinaire et sa composition est la suivante :





Pharmacien clinique
Microbiologiste
Représentant du personnel infirmier
Représentant du personnel médical
Pharmacien-chef
Encadré 1. Attributions d’un sous-comité des antimicrobiens : exemple du Kenya
1. Assurer que la politique de l’hôpital en matière d’antibiotiques est appliquée
dans l’unité de soins intensifs.
2. Promouvoir l’usage rationnel des antibiotiques.
3. Eduquer les médecins, infirmiers et le personnel de la pharmacie en ce qui
concerne l’utilisation appropriée des antibiotiques.
4. Réaliser des études d’évaluation de l’utilisation des médicaments et effectuer
des audits réguliers.
5. Assurer que les profils de résistance et de sensibilité sont déterminés.
Dans cet hôpital, une étude d’évaluation de l’utilisation des médicaments a été réalisée et a
montré une utilisation excessive des carbapénems. Ce résultat a été porté à l’attention du CPT
et a conduit à la mise en œuvre de directives pour l’utilisation de cette classe
d’antimicrobiens. Une baisse sensible de l’utilisation de ces médicaments a été constatée ainsi
36
Sital Shah, Chief Pharmacist, Aga Khan University Hospital, Nairobi, Kenya. Ancienne participante au cours
international de formation de formateurs pour les CPT, Malaisie, 2005.
CPT Participant (final).doc
258
qu’une diminution significative des coûts. Le CPT s’est aussi intéressé à l’utilisation des
injections dans le service de consultations externes. Des études simples faisant appel à des
indicateurs ont conduit à une réduction de l’utilisation des injections dans ce service et à des
économies sur ces médicaments et sur le coût de leur administration.
Il existe d’autres exemples d’activités liées aux CPT et ayant conduit à une amélioration de
l’utilisation des antimicrobiens :

Bons de commande pour antimicrobiens au Kenya – Cet imprimé oblige le personnel à
inscrire l’indication de l’antimicrobien et à préciser si celui-ci doit être utilisé pour la
prophylaxie ou le traitement. L’adoption de cet imprimé a réduit l’utilisation des
antimicrobiens coûteux à large spectre dans un hôpital de Nairobi.

Bons de commande pour antimicrobiens en Thaïlande – Cet imprimé invite les
médecins à donner des explications claires sur le diagnostic clinique et étiologique et
sur la sensibilité présumée aux antimicrobiens. Son adoption a entraîné une baisse de
l’utilisation d’antimicrobiens non nécessaires et une baisse de 30 % des coûts associés
à ces médicaments.37

Passage de la voie IV à la voie orale pour les antimicrobiens – Cette activité, conduite
par le CPT, a institué un programme de passage de la voie intraveineuse à la voie orale
le plus tôt possible pour économiser l’emploi des antimicrobiens injectables et abaisser
les coûts. Le respect des directives a été encouragé et surveillé. Cette activité a
entraîné une amélioration de l’utilisation des antimicrobiens, avec une diminution de
l’utilisation des médicaments pour la voie intraveineuse, plus coûteux.38
Collaboration du CPT avec les services et les comités hospitaliers
Les CPT peuvent collaborer avec les autres services et départements de l’hôpital (figure 3),
pour obtenir une synergie face à la menace que représente la résistance aux antimicrobiens. Ils
peuvent collaborer avec :

Différents départements – pour la formation des étudiants, médecins, pharmaciens,
infirmiers et patients

Le comité de lutte contre les infections – pour réduire la propagation des agents
pathogènes résistants

Le département de microbiologie – pour collecter et gérer les informations sur les
agents pathogènes et les profils de résistance

La direction de l’hôpital – pour élaborer et mettre en œuvre des politiques d’utilisation
des antibiotiques

La pharmacie – pour améliorer les acquisitions et la qualité des antimicrobiens
37
Sirinavin SP et al. 1998. Effect of Antibiotic Order Form Guiding Rational Use of Expensive Drugs on Cost
Containment. Southeast Asian Journal of Tropical Medicine and Public Health 29:636–642.
38
McLaughlin CM et al. 2005. Pharmacy-Implemented Guidelines on Switching from Intravenous to Oral
Antibiotics : An Intervention Study. Quarterly Journal of Medicine 98:745–752.
CPT Participant (final).doc
259
Figure 3. Collaboration du CPT
Activité
Chaque groupe devra identifier et commenter un problème courant d’utilisation des
antimicrobiens ou une question concernant la résistance aux antimicrobiens dans les hôpitaux
de ses membres. Le groupe devra ensuite présenter une ou plusieurs stratégies pour faire face
à ces problèmes. Préparez-vous à répondre aux questions suivantes :

Quelle stratégie utiliserez-vous pour résoudre le problème d’utilisation des
antibiotiques ? Comment utiliserez-vous le CPT (s’il existe) pour conduire ou soutenir
le processus ?

Comment surveillerez-vous l’application de votre stratégie ?

Quels pourraient être les obstacles potentiels à la mise en œuvre de votre stratégie ?
Résumé
Il est certain que les antimicrobiens ont largement contribué à la baisse de la morbidité et de la
mortalité dues aux maladies infectieuses et parasitaires au cours du demi-siècle passé. Sans
des antimicrobiens efficaces, ces maladies auraient été dévastatrices pour la population
mondiale.
Ces résultats sont de plus en plus compromis par le problème, en augmentation rapide, de la
résistance à ces médicaments. L’OMS a identifié le CPT comme mécanisme d’intervention
important pour gérer et endiguer la résistance aux antimicrobiens dans les hôpitaux. Un CPT
CPT Participant (final).doc
260
peut intervenir de nombreuses façons pour endiguer la résistance aux antimicrobiens, par
exemple en mettant en place des programmes et des interventions visant à identifier les
problèmes d’utilisation des antimicrobiens et en mettant en œuvre des interventions
spécifiques pour améliorer la prescription, l’utilisation et la gestion de ces médicaments.
Pour être efficace, le CPT doit avoir le soutien de la direction de son établissement. La
documentation des bénéfices cliniques et économiques qu’il permet d’obtenir fournira à la
direction de l’hôpital la preuve du rôle vital que joue le CPT pour préserver l’efficacité des
antimicrobiens existants. Ces bénéfices peuvent être obtenus par tout un éventail de
méthodes :

Mise à jour et gestion d’une liste d’antimicrobiens pour le formulaire

Elaboration de politiques concernant les acquisitions et la qualité des antimicrobiens

Elaboration et mise à jour de directives et de protocoles pour les antibiotiques

Elaboration de politiques en matière d’antimicrobiens (par exemple antimicrobiens de
réserve, niveaux de prescription, ordres stop automatiques, bons de commande pour
antimicrobiens) pour améliorer le respect des directives et des protocoles

Evaluation de l’utilisation des antimicrobiens selon des critères de pertinence
préétablis et application de mesures correctrices

Mise en place d’une formation avant emploi et en cours d’emploi sur l’usage rationnel
des antimicrobiens et la résistance aux antimicrobiens

Contribution à la collecte et à la gestion des données de la surveillance des
antimicrobiens et des informations sur la résistance en vue d’une action coordonnée
avec le comité de lutte contre les infections

Education des patients sur l’utilisation des antimicrobiens, y compris leur utilisation
inappropriée, et pour encourager l’observance du traitement

Appui aux activités de pharmacovigilance portant sur les antimicrobiens
CPT Participant (final).doc
261
SESSION 14. POUR DÉMARRER
Remerciements
Cette session a été adaptée de : Organisation mondiale de la Santé et Management Sciences
for Health. 2005. Les comités pharmaceutiques et thérapeutiques : Guide pratique. Genève :
OMS.
Objectif et contenu
La session 14 fournira aux participants des informations sur les méthodes pratiques de
démarrage d’un comité pharmaceutique et thérapeutique (CPT) depuis le début ou
d’amélioration d’un CPT peu actif. Les applications pratiques sont présentées, et les
problèmes qui peuvent se poser lors de la mise en place et du fonctionnement d’un CPT sont
traités en détail. Les solutions aux questions soulevées par les participants au sujet de la mise
en place et du fonctionnement d’un CPT sont recherchées lors d’un travail par petits groupes
et font ensuite l’objet d’une discussion générale.
Objectifs
A la fin de cette session, les participants seront capables de :

Comprendre les bases de la mise en place d’un CPT lorsqu’il n’en existe pas

Comprendre comment améliorer le fonctionnement d’un CPT existant

Identifier et résoudre les problèmes de gestion et d’utilisation des médicaments qui se
posent lors de la mise en place et du fonctionnement d’un CPT
Préparation et matériel
Lisez le Guide du participant.
Aborder le problème
Un CPT doit s’occuper de nombreuses questions mais ne peut tout faire en même temps,
surtout au début. La façon de démarrer dépendra des circonstances et du contexte selon le
pays, le système de santé et l’hôpital. De nombreux pays n’ont pas de CPT dans leurs
hôpitaux et établissements de santé. Dans d’autres où il existe des CPT, ceux-ci ne
fonctionnent pas toujours correctement. Dans tout changement, il faut d’abord que quelqu’un
prenne conscience de la nécessité de changer les choses. Lorsqu’il s’agit des CPT, c’est
d’abord à vous, le lecteur de ce guide, de prendre conscience du fait que l’usage irrationnel
des médicaments pose un problème et qu’un CPT pourrait constituer un cadre adéquat pour
résoudre ce problème dans votre environnement. Ensuite, vous devrez convaincre les autres
de la nécessité d’aborder le problème de l’usage irrationnel des médicaments et travailler avec
eux à la recherche de solutions par le biais d’un CPT.
CPT Participant (final).doc
262
Approche par étapes pour démarrer un CPT lorsqu’il n’en existe pas
Etape 1. Procédez à quelques recherches préliminaires
Pour démarrer un CPT, vous devrez faire preuve de persuasion. Vous serez mieux préparé si
vous rassemblez d’abord quelques données de base. Les questions à vous poser et à poser aux
autres sont par exemple :

Existe-t-il des données sur les problèmes d’utilisation des médicaments ? Si oui,
rassemblez-les.

Les responsables (médecins, pharmaciens, infirmiers) pensent-ils qu’il existe des
problèmes, et si oui lesquels ? Les problèmes rapportés peuvent être par exemple :
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
Prescription de trop nombreux médicaments
Utilisation excessive d’antibiotiques ou d’injections
Erreurs médicamenteuses
Médicaments inefficaces
Médicaments de mauvaise qualité
Réactions indésirables
Fréquentes ruptures de stock dues à un budget insuffisant
Fréquentes ruptures de stock dues à un mauvais système d’approvisionnement
Médicaments ne figurant pas sur la liste du formulaire
Prescripteurs ne suivant pas la liste du formulaire

D’après le personnel, quel est le problème le plus grave ?

Comment le personnel pense-t-il que ces problèmes, surtout le plus grave, devraient
être traités ?

Parmi les problèmes les plus graves, lequel serait le plus facile à résoudre ?
Étape 2. Faites-vous un allié dans la hiérarchie
Apportez le résultat de votre recherche initiale au responsable médical du niveau le plus élevé
que vous pourrez trouver et demandez-lui ce qu’il en pense. Présentez les données que vous
avez rassemblées et montrez comment elles pourraient influer de façon négative sur le
traitement du patient et/ou augmenter le budget de l’hôpital (ou de l’établissement de santé).
Montrez comment un meilleur usage des médicaments pourrait conduire à de meilleurs
résultats pour le patient et/ou à une diminution des coûts. Préparez un plan d’action avec ce
responsable. Un tel plan pourrait comprendre :

Une réunion avec l’ensemble du personnel médical afin de désigner un problème à
examiner, ou

L’investigation initiale d’un problème d’utilisation des médicaments pour en parler
plus tard avec le personnel médical
CPT Participant (final).doc
263
Étape 3. Rencontrez l’ensemble du personnel médical et des partenaires
Avec l’accord de l’administration, rencontrez l’ensemble du personnel de santé de niveau
supérieur pour examiner les problèmes d’utilisation des médicaments. Lors de la première
réunion, vous pouvez :

Présenter les résultats de vos premières recherches

Présenter quelques données supplémentaires sur l’utilisation des médicaments, par
exemple les résultats d’une analyse ABC, que vous avez pu obtenir après votre
rencontre avec le responsable médical du niveau le plus élevé
Puis :

Si tous admettent que les problèmes d’utilisation des médicaments sont une question
importante, leur demander comment ils souhaitent que ces problèmes soient abordés –
c’est votre première occasion d’avancer l’idée d’un CPT

S’ils ne pensent pas que les problèmes d’utilisation des médicaments sont
suffisamment graves pour justifier la création d’un CPT, obtenez leur accord pour
étudier un problème de leur choix concernant l’utilisation des médicaments
Si les prescripteurs sont impliqués dès le début dans un projet visant à étudier un problème
d’utilisation des médicaments, ils en accepteront plus facilement les résultats. De toute façon,
certaines investigations détaillées comme les études d’évaluation de l’utilisation des
médicaments ne peuvent être réalisées sans la coopération et la participation des médecins. Il
sera judicieux de choisir un problème assez simple pour lequel vous voyez une solution que
de vous lancer dans l’étude d’un problème plus complexe pour lequel il n’existe pas de
réponse aisée. Il faut que cette première investigation soit un succès, de façon que vous
puissiez vous en servir plus tard comme argument pour demander la création d’un CPT.
Étape 4. Mesurez l’ampleur du problème d’utilisation des médicaments
La mesure détaillée d’un problème est votre première étape vers l’amélioration de l’usage des
médicaments. Ce que vous rechercherez dépendra de la nature du problème qu’il a été
convenu d’étudier. Une approche possible des problèmes liés à la liste du formulaire, aux
ruptures de stocks et à l’usage excessif de certains médicaments pourrait comprendre les
étapes suivantes :

Impliquer tous les responsables dans une analyse VEN pour identifier les médicaments
vitaux, essentiels et non essentiels

Réaliser une analyse ABC pour identifier les médicaments qui consomment la plus
grande partie du budget (médicaments A)

Comparer les analyses VEN et ABC pour rechercher s’il existe des médicaments non
essentiels dans la catégorie A (coût élevé/consommation élevée)
L’utilisation d’indicateurs d’établissements de santé et d’hôpitaux peut aussi être utile pour
mesurer un problème d’utilisation des médicaments.
CPT Participant (final).doc
264
Étape 5. Présentez vos résultats et préparez les étapes suivantes avec vos partenaires
Présentez les résultats de vos investigations à l’ensemble des partenaires. Pendant votre
exposé, vous pouvez mentionner le temps que ce travail a pris et remercier toutes les
personnes qui y ont participé ou ont apporté leur aide. En supposant que certains problèmes
aient été identifiés, examinez les points suivants avec le groupe de partenaires :

Ce qu’ils pensent des résultats ; essayez d’obtenir un consensus sur les problèmes
jugés les plus importants

Comment s’attaquer aux problèmes identifiés – c’est votre deuxième occasion
d’avancer l’idée d’un CPT

Un plan pour l’investigation plus détaillée du problème choisi afin de trouver les
meilleures solutions pour le corriger
Que le groupe souhaite ou non entrer en matière sur la création d’un CPT, ne perdez pas une
occasion d’essayer de promouvoir un usage plus rationnel des médicaments. Après l’analyse
VEN/ABC, l’étape suivante consiste à examiner avec le groupe la nature et l’étendue du
problème, ses causes et ce que l’on peut faire. Si les causes sont bien connues et admises, le
groupe peut trouver des solutions. Sinon, il devra se mettre d’accord sur un processus
d’investigation plus détaillée (voir étape 6).
Même si la réunion des partenaires n’est pas une réunion de CPT, elle représente une occasion
de donner une idée de la façon dont fonctionne un tel comité. Ainsi, on fera un compte rendu
de la réunion. Il peut être nécessaire de rédiger une brève proposition en vue de réaliser toute
investigation approuvée de l’utilisation des médicaments et de la soumettre à l’autorité
administrative de l’hôpital ou de la région en demandant des ressources humaines et
financières. La participation des principaux prescripteurs et des partenaires à la réunion
conduira à une coopération accrue, à une meilleure acceptation des résultats et aussi à une
reconnaissance du travail effectué.
Étape 6. Lancez-vous dans une investigation détaillée de l’utilisation des médicaments
Le type de l’étude dépendra de la nature du problème et du type d’établissement. Il peut être
nécessaire de rédiger une brève proposition et de la communiquer aux membres du groupe de
prescripteurs et de partenaires et à l’administration de l’hôpital avant d’entreprendre l’étude.
Assurez-vous que vous avez mentionné la question des ressources humaines et financières
nécessaires pour procéder à l’investigation. Il pourra être nécessaire d’engager du personnel
supplémentaire, ou au moins de décharger le personnel en place de certaines tâches pour lui
permettre de participer à l’étude.
Dans un hôpital, on peut réaliser une étude d’évaluation sur un ou deux médicaments choisis
selon les critères suivants :




Médicament ayant la valeur la plus élevée
Médicament ayant des effets secondaires graves
Médicament non essentiel
Médicament davantage consommé que prévu d’après le tableau de morbidité
CPT Participant (final).doc
265
Dans les établissements de soins de santé primaires, une étude faisant appel à des indicateurs
peut être plus appropriée. Dans les deux cas, une part d’investigation qualitative est nécessaire
pour trouver les raisons qui motivent les comportements de prescription. Le choix final du
type d’investigation à effectuer sera celui du groupe.
Étape 7. Présentez vos résultats détaillés et préparez un plan d’intervention
Présentez les résultats de votre investigation détaillée à l’ensemble des partenaires lors d’une
réunion et par écrit à la direction de l’hôpital. Pendant votre exposé, vous pouvez mentionner
le temps que ce travail a pris et remercier toutes les personnes qui y ont participé ou ont
apporté leur aide. Examinez et adoptez avec les prescripteurs et les partenaires présents dans
le groupe un plan d’action qui pourra comprendre :

Une intervention ciblée, basée sur les résultats de l’étude détaillée

Le lancement d’un processus du formulaire ou autre moyen général d’améliorer
l’utilisation des médicaments – c’est votre troisième occasion d’avancer l’idée d’un
CPT
Étape 8. Mettez en œuvre et évaluez une intervention destinée à corriger le problème
Mettez en œuvre l’intervention et évaluez-la en mesurant le problème d’utilisation des
médicaments avant et après l’intervention. Les interventions peuvent être basées sur
l’éducation, sur la gestion ou sur la réglementation et devront être mises en œuvre avec
l’entière coopération et participation des prescripteurs et des partenaires. Mesurez aussi le
coût de l’intervention et les économies réalisées en termes de diminution des médicaments
utilisés, car les administrateurs de l’hôpital seront plus disposés à vous soutenir s’ils voient
que vos mesures permettent d’économiser de l’argent. Le type d’intervention dépendra de la
nature du problème identifié et étudié.
Étape 9. Présentez les résultats de votre intervention aux prescripteurs
La dernière étape de toute étude d’intervention consiste à présenter les résultats aux
partenaires intéressés, ici aux prescripteurs et à l’administration de l’hôpital ou de
l’établissement de santé. De fait, si les prescripteurs ont participé à l’étude, ils connaîtront
déjà les résultats et souhaiteront en faire part à l’ensemble des autres prescripteurs. Au cours
de cette étape, il faudra insister sur les points suivants :

Les bénéfices – meilleurs soins aux patients et réduction des coûts pour l’hôpital ou
l’établissement de santé

La nécessité de disposer de temps et de ressources pour obtenir une amélioration

La nécessité d’avoir un mécanisme durable pour réaliser un tel travail – c’est votre
quatrième occasion d’avancer l’idée d’un CPT
CPT Participant (final).doc
266
Étape 10. Planifiez la création d’un CPT
Si le processus ci-dessus a été appliqué, il est très probable que vous avez déjà planifié la
création d’un CPT. Sinon, une intervention réussie pourra vous faire obtenir le soutien dont
vous avez besoin. A présent, votre allié dans la hiérarchie, que vous avez constamment tenu
au courant de vos activités, devrait être assez motivé pour vous aider à établir un CPT. Les
attributions, la composition et les méthodes de travail du futur CPT devront être approuvées
par le corps médical et par l’administration de l’hôpital. Pour réussir, un CPT doit être actif. Il
faudra donc poursuivre le cycle d’examen des problèmes d’utilisation des médicaments, en
s’attaquant à un problème à la fois.
Réactivation de CPT non fonctionnels
De nombreux CPT ne fonctionnent pas. Les façons d’aborder ce problème sont à peu près les
mêmes que lorsqu’il s’agit de créer un CPT de toutes pièces. Souvent, les CPT ne
fonctionnent pas pour diverses raisons :

Absence de prise de conscience des problèmes d’utilisation des médicaments ou
d’intérêt pour résoudre ces problèmes

Manque de connaissance de ce qu’un CPT peut faire pour traiter les problèmes
d’utilisation des médicaments

Manque de temps des membres du CPT ou de reconnaissance de leur travail pour
entreprendre les activités nécessaires

Absence de mandat ou de soutien de l’administration
La première étape consiste ici aussi à mesurer l’ampleur du problème et à en comprendre les
causes. Ce n’est qu’après cela que des solutions pourront être trouvées.
Si le personnel n’est pas conscient de l’existence de problèmes d’utilisation des médicaments,
faites la démonstration de ces problèmes et de leurs causes. Si les membres du CPT ne sont
pas actifs, trouvez pourquoi. Peut-être que leurs efforts ne sont pas assez reconnus, dans ce
cas vous devrez trouver des incitations appropriées – il faudra pour cela obtenir l’appui de
l’administration. Peut-être aussi les membres du CPT se trouvent-ils devant un conflit
d’intérêts et ne souhaitent-ils pas s’engager. Dans un tel cas, il vous faudra obtenir le soutien
de l’administration pour faire mettre en place une réglementation concernant les conflits
d’intérêts chez les membres du CPT. Pour cela, il faudra probablement mettre en évidence
une utilisation inappropriée des médicaments, par exemple le coût que représente l’utilisation
d’un médicament de marque onéreux qui n’est pas plus efficace ni dépourvu de risque qu’un
médicament moins coûteux.
Si un CPT a cessé de fonctionner parce qu’un problème particulier n’a pu être résolu, par
exemple une décision concernant l’inscription d’un médicament sur la liste du formulaire,
rechercher si toutes les mesures appropriées ont été prises. Sinon, reprendre le problème en
suivant une série approuvée d’étapes. Si toutes les étapes correctes ont été suivies sans
résultat, ou si elles n’ont pu être suivies pour des raisons indépendantes de votre volonté, alors
laissez ce problème de côté et choisissez-en un plus simple et traitez-le en premier. Résolvez
les problèmes les plus simples avant de vous attaquer aux plus complexes.
CPT Participant (final).doc
267
Voir à l’annexe 1 une liste des problèmes couramment rencontrés par les CPT avec les
solutions recommandées.
Activité
La session 14 est destinée à élaborer des solutions pour les problèmes pratiques rencontrés par
les participants lors de la création et du fonctionnement d’un CPT. Ces problèmes peuvent
être liés à des questions de gestion ou à des questions médicales relevant du CPT.
Les questionnaires d’enquête issus de l’activité de la session 1 : « Les comités
pharmaceutiques et thérapeutiques – Vue d’ensemble » ont été analysés, et un problème par
groupe a été identifié et sera attribué au groupe en question. Chaque groupe devra élaborer un
plan d’action pour résoudre le problème identifié et présentera le problème et la solution
proposée devant l’ensemble des participants. Les solutions devront être pratiques et
réalisables.
Chaque groupe devra travailler sur le problème qui lui a été attribué et préparer une
présentation comportant :


Une description succincte du problème et de ses causes
Un plan d’action pratique pour résoudre le problème
Résumé et conclusion
Le but d’un CPT est d’assurer que les patients reçoivent des soins thérapeutiques de la
meilleure qualité. Tous les pays et tous les établissements de santé du monde connaissent des
problèmes d’utilisation des médicaments. Un CPT doit donc toujours être à la recherche de
tels problèmes et essayer de les résoudre. Il n’existe pas de solution ou de point de départ
unique pour tous les CPT hospitaliers. Ce que vous ferez dépendra des circonstances locales.
Les activités du CPT devront être basées sur les problèmes – rechercher les problèmes et
trouver des solutions.
Ce n’est pas le rôle du CPT de contrôler le fonctionnement d’un service ou d’un autre. La
composition du CPT doit refléter les divers services et l’éventail de ses compétences doit lui
permettre d’assurer que tous les aspects de la gestion et de l’utilisation des médicaments sont
mis en œuvre au plus haut niveau et de manière coordonnée.
En conclusion, qu’il s’agisse de créer un CPT ou de le rendre plus fonctionnel, il faudra une
stratégie basée sur :






Les conditions locales
Les données locales
Un démarrage à petite échelle et un développement ultérieur
Le choix d’un problème auquel il sera facile de s’attaquer
Un processus décisionnel transparent
Un soutien politique et administratif
Il existe presque toujours quelque chose à faire pour démarrer. Les patients méritent que nous
fassions tout notre possible pour assurer qu’ils reçoivent, à des doses convenables, des
médicaments adaptés à leurs besoins cliniques.
268
CPT Participant (final).doc
Annexe 1. Exemples de problèmes, leurs causes et leurs solutions
Problèmes
Causes
Solutions
Liste du
formulaire non
suivie
Pas de liste du formulaire

Elaborer une liste du formulaire
Les prescripteurs ne
connaissent pas la liste du
formulaire

Distribuer la liste du formulaire
Les prescripteurs ne croient
pas en la liste du formulaire

Impliquer les prescripteurs dans
l’élaboration d’une liste du formulaire

Eduquer les prescripteurs
Pas de correspondance entre
la liste du formulaire et les
directives thérapeutiques
standard

Revoir la liste du formulaire pour
assurer la cohérence avec les directives
Il n’existe pas de directives,
ou elles sont périmées

Elaborer des directives ou les réviser
Les prescripteurs ne
connaissent pas les
directives thérapeutiques
standard

Distribuer les directives
Les prescripteurs ne croient
pas en les directives

Impliquer les prescripteurs dans
l’élaboration des directives
Pas de correspondance entre
les directives thérapeutiques
standard et la liste du
formulaire

Revoir la liste du formulaire pour
assurer la cohérence avec les directives
Trop grand nombre de
médicaments utilisés, la
pharmacie a du mal à suivre

Revoir la liste du formulaire pour
réduire le nombre de médicaments
disponibles
Fournisseurs peu fiables

Revoir le système d’acquisition des
médicaments

Préqualifier les fournisseurs
Usage excessif des
médicaments

Etudier l’utilisation des médicaments
fortement consommés
Budget insuffisant

Revoir chaque catégorie thérapeutique
de la liste du formulaire et choisir
l’équivalent thérapeutique le moins
cher
Directives
thérapeutiques
standard non
suivies
Fréquentes
ruptures de stock
269
CPT Participant (final).doc
Médicaments non
couverts par le
budget
Erreurs
médicamenteuses
signalées
Absence
d’efficacité des
médicaments
signalée
Réactions
indésirables
signalées
Usage excessif et irrationnel
des médicaments

Etudier l’utilisation des médicaments
fortement consommés
Utilisation de médicaments
très chers

Revoir chaque catégorie thérapeutique
de la liste du formulaire et choisir
l’équivalent thérapeutique le moins
cher
Manque de connaissances du
personnel

Eduquer le personnel sur le système de
notification des erreurs
Forte charge de travail du
personnel

Revoir les pratiques de travail
Eclairage insuffisant et bruit
excessif

Veiller à ce que les procédures de
dispensation aient lieu dans un endroit
bien éclairé et peu bruyant
Mauvaise communication,
par exemple par écrit et
verbalement ; les
prescripteurs ne savent pas
rédiger correctement une
ordonnance

Etablir des protocoles pour que les
ordonnances soient écrites lisiblement
Nécessité de calculs
complexes pour la
prescription

Elaborer des directives thérapeutiques
standard et une liste du formulaire ou
les revoir de façon à simplifier les
calculs
Usage inapproprié des
médicaments – erreur de
prescription, erreur
médicamenteuse

Etudier l’utilisation clinique du
médicament signalé comme inefficace
Faible efficacité du
médicament

Revoir la littérature sur l’efficacité du
médicament et réexaminer son
inscription sur la liste du formulaire

Vérifier la qualité
Mauvaise qualité du
médicament, constatée par
examen visuel ou par des
tests

Revoir le processus d’acquisition et de
stockage

Envisager de changer de fournisseur
Usage inapproprié des
médicaments – erreur de
prescription, erreur
médicamenteuse

Etudier l’utilisation clinique du
médicament signalé pour avoir
provoqué une réaction indésirable
270
CPT Participant (final).doc
Usage excessif et
irrationnel des
médicaments
Pas d’amélioration
de l’état du patient
Mauvaise qualité du
médicament, constatée par
examen visuel ou par des
tests

Revoir le processus d’acquisition et de
stockage

Envisager de changer de fournisseur
Réaction indésirable vraie

Signaler au centre national de
pharmacovigilance

Revoir le profil d’innocuité du
médicament et réexaminer son
inscription sur la liste du formulaire
Absence de normes
d’utilisation reconnues

Elaborer et mettre en œuvre des
directives thérapeutiques standard
Habitudes du prescripteur

Utiliser des méthodes qualitatives pour
étudier les habitudes du prescripteur,
puis élaborer et mettre en œuvre une
intervention appropriée
Manque de connaissances du
prescripteur

Eduquer les prescripteurs en face-àface et à l’aide de matériels imprimés
Pression des pairs

Identifier les personnes influentes et les
impliquer dans l’élaboration et la mise
en œuvre de directives thérapeutiques
standard et dans les études d’évaluation
de l’utilisation des médicaments
Demande des patients

Utiliser des méthodes qualitatives pour
étudier la demande des patients, puis
élaborer et mettre en œuvre une
intervention appropriée
Usage inapproprié des
médicaments

Etudier l’utilisation clinique des
médicaments chez les patients dont
l’état ne s’est pas amélioré
Faible efficacité des
médicaments

Revoir la littérature sur l’efficacité des
médicaments utilisés chez les patients
dont l’état ne s’est pas amélioré et
réexaminer leur inscription sur la liste
du formulaire
Mauvaise qualité des
médicaments

Revoir le processus d’acquisition et de
stockage des médicaments utilisés chez
les patients dont l’état ne s’est pas
amélioré

Envisager de changer de fournisseur

Eduquer les prescripteurs en face-àface et à l’aide de matériels imprimés
Diagnostic erroné
271
CPT Participant (final).doc
CPT non
fonctionnel
Manque d’assiduité aux
réunions du CPT du fait de
l’absence d’incitations

Examiner avec l’administration la
possibilité d’offrir des incitations, par
exemple une décharge de temps en
reconnaissance du travail effectué pour
le CPT, une collation lors des réunions,
etc.
Absence de transparence du
processus décisionnel, d’où
un manque de confiance du
personnel dans le CPT

Elaborer et documenter les attributions
du CPT

Approuver et documenter un processus
de gestion de la liste du formulaire et
de prise de décisions dans d’autres
domaines

Instituer la déclaration de tout conflit
d’intérêts par les membres du CPT

Fournir des preuves de l’usage
irrationnel des médicaments,
démontrer ses conséquences nocives
pour les patients et son coût financier
Personnel non convaincu de
la nécessité d’un CPT
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