ATHÉISME 1 François-Marie Arouet (1694– 1778), dit Voltaire, écrivain et philosophe français du siècle des Lumières Portrait de Voltaire par Nicolas de Largillière (vers 1724-1725) château de Versailles. Voltaire à 83 ans. Houdon a su capter l’âge et la souffrance, la malice et la vitalité de l’écrivain dans ce buste réalisé quelques semaines avant sa mort. François-Marie Arouet (16941778) dit Voltaire, a marqué le XVIIIe siècle et demeure une figure centrale de la mémoire collective française. Symbole des Lumières, inventeur du conte philosophique, poète, historien, ses impertinences à l’égard du pouvoir l’entraînèrent dans une série de disgrâces Voltaire à 41 ans. « Il est maigre, d’un tempérament sec. Il a … le visage décharné, l’air spirituel et caustique, les yeux étincelants et malins. Vif jusqu’à l’étourderie ; c’est un ardent qui va et vient, qui vous éblouit et qui pétille.» (D'après Quentin de La Tour). Château de Ferney : à la limite de la frontière suisse, Voltaire s’y installe finalement. Il reconstruit entièrement le château à partir de 1758. Il aménage le parc et «cultive son jardin». Il y mène une intense vie sociale et littéraire. Candide, face au nègre esclave atrocement mutilé par ses propriétaires, qui lui dit : « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ». Article dans Études littéraires (17 01 2011) ; l’auteur parle du « racisme » de Voltaire. Il dit : j’admets certes qu’il était contre l’esclavage (« le Nègre de Surinam » de « Candide », 1759), qu’il était pour la liberté en général… Mais, je ne vois absolument pas où est l’ironie dans la deuxième partie de l’introduction, « différentes races d’hommes », de Essai sur les mœurs et l’esprit des nations (1756), ni dans le Traité de Métaphysique (1734). Bien au contraire, dans ces deux œuvres, Voltaire tente d’avoir le raisonnement le plus logique et le plus scientifique qu’il puisse faire à son niveau, puisque son but est d’exposer ses idées sur l’Homme en général. Voltaire est fondamentalement opposé à l'image du « bon sauvage » des pays équatoriaux. De même, il ne pense pas du tout que l'homme est « bon » à l'état de nature, image promue par Jean-Jacques Rousseau ou Denis Diderot. Voltaire considère que les hommes noirs, des pays équatoriaux, sont des « animaux humains » comme le sont aussi les hommes blancs (il vit avant Darwin). Pour lui, si les Africains sont victimes de l'Européen… c’est parce que les chefs nègres collaborent activement avec les marchands européens pour leur vendre des esclaves africains. Il écrit, dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations : « Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité. » Il développe l’idée de l’infériorité intellectuelle de la race noire. Il faut certes remettre les choses dans leur contexte, la période coloniale, les préjugés, etc. Mais, peut-on dire qu’il n’était pas raciste ? Quelques extraits : Essai sur les mœurs et l’esprit des nations (1756), Introduction, Chapitre II, « Différentes races d’hommes » : « les Nègres et les Négresses, transportés dans les pays les plus froids, y produisent toujours des animaux de leur espèce » . Traité de métaphysique (1734), Chapitre V, « je vois des hommes qui me paraissent supérieurs à ces nègres, comme ces nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres et aux autres animaux de cette espèce. » Les Lumières sont racistes. Parfois, elles sont ténébreuses ! Un auteur, Paul Bairoch avance le chiffre de 25 millions de Noirs ayant subi la traite arabe contre 11 millions ayant subi celle des Occidentaux Scène de marché aux esclaves, Harîrî Schefer, XIIIe siècle Déiste, Voltaire hait la religion chrétienne. Extraverti, esprit précis, son arme est l’ironie. Il veut « écraser l’infâme ». L'Essai sur les Mœurs et l'esprit des Nations, de Voltaire (1756) est un ouvrage monumental (des centaines de pages). Il affirme la perversité de la religion chrétienne à travers l'histoire, et, plus particulièrement, du catholicisme. Cette thèse passe en particulier par deux démonstrations : - l'enseignement chrétien est erroné. L'idée que tous les hommes sont issus d'un même père et d'une même mère, Adam et Ève, est fausse. Les races humaines n'ont rien à voir entre elles. Elles ont des origines différentes. - la religion chrétienne prolonge la religion juive, qui est celle d'une nation odieuse et ennemie du genre humain. La religion chrétienne a hérité des tares du judaïsme. L'œuvre de JeanJacques Rousseau a eu une influence considérable chez tous les réformateurs et révolutionnaires des XIXe et XXe siècles. « Je suis tombé par terre ; c'est la faute à Voltaire, Le nez dans le ruisseau ; c'est la faute à Rousseau. » Rousseau est bien différent ; il est autodidacte et campagnard. Il aime la vie simple, le travail humble, la solitude, la nature. Il reste pauvre. Il est foncièrement optimiste mais d’humeur ombrageuse. Protestant de Genève, il reste toujours chrétien par le cœur, sinon par le dogme et la conduite. Son arme, c’est l’éloquence, et c’est au sentiment qu’il parle. Les deux hommes ont entretenu longtemps des relations courtoises avant leur rupture en 1760. Rousseau participe au combat philosophique, c’est un ami de Diderot et d’Alembert, un collaborateur de l’Encyclopédie. Page de garde d'Émile ou De l'Éducation de Jean Jacques Rousseau. C’est un traité d'éducation portant sur « l'art de former les hommes » publié en 1762. Il demeure, aujourd’hui encore, l’un des ouvrages les plus lus sur le sujet. Au Japon, l’autorité du développement de l’enfant impose à tous les instituteurs d’écoles maternelles la lecture de l’Émile. Rousseau s'oppose à l'éducation des jeunes filles. Rousseau se met en ménage avec une lingère, MarieThérèse Le Vasseur en 1745 ; elle restera auprès de lui sa vie durant. Ensuite, il épouse Thérèse civilement. Il doit supporter cette femme bavarde et inintelligente ainsi que toute la famille de celle-ci. Entre 1747 et 1751, naissent de cette union cinq enfants que Jean-Jacques Rousseau fait placer sans regret aux Enfants-Trouvés, l'assistance publique de l'époque. Il dit qu'il n'a pas les moyens d'entretenir une famille. Au livre 8 des Confessions, il écrit clairement qu’il a livré ses enfants à l'éducation publique en considérant cet acte comme un acte de citoyen, de père. Il dit ailleurs qu'il a fait ce choix pour soustraire les enfants à l'emprise de sa belle-famille. Cette décision lui sera reprochée plus tard par Voltaire, lorsque Rousseau se posera en pédagogue dans son livre Émile.