16-reperes-05-2010:Mise en page 1 23/04/10 10:10 Page 222 Repères vue critique, à une utopie scolaire au destin plus que chahuté… passant par l’âme. Freud en serait resté à une conception positiviste, c’est-àdire métaphysique, du psychisme, en concevant le fantasme comme reproduction d’une perception antérieure et les phénomènes de culture comme résultats de désirs et d’angoisses infantiles. Lacan aurait mis en évidence que le sujet de la psychanalyse est le sujet cartésien de la science moderne. Propos qui ont au moins le mérite de susciter une discussion. Au titre d’un savoir, l’on rencontre « Les découvertes philosophiques négatives de la physique contemporaine » ou « Neurosciences et recherches cognitives » ; les analyses offrent alors de resituer, et de restituer, les débats, dans un contexte historique déterminé, à l’intérieur desquels des réflexions de différents auteurs ont trouvé leur centre de gravité. Cette histoire de la philosophie se présente moins comme une histoire de la philosophie à proprement parler que comme une histoire contextuelle et synthétique des idées. Elle décrit la manière dont la philosophie a pu répondre aux grandes questions de son temps, confrontée à l’émergence de savoirs nouveaux ou bien à des bouleversements politiques ou religieux dont elle devait prendre la mesure. C’est ce qui constitue sans doute l’une de ses profondes originalités. Celle-ci se révèle jusque dans sa forme, classique et novatrice grâce à l’existence de notices transversales thématiques. Nous devons aussitôt nous corriger : il ne s’agit pas seulement de philosophie occidentale au sens restreint. Par exemple, deux riches chapitres, l’un sur Damas et Bagdad, l’autre sur Averroès/Ibn Rushd, nous font sentir combien furent riches en terre d’islam le mouvement de transmission de l’héritage grec, durant lequel les traducteurs, les savants et les professeurs des trois religions d’Abraham travaillèrent Thierry Paquot Jean-François Pradeau (sous la dir. de) HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE Paris, Le Seuil, 2009, 803 p., 27 € Cette histoire de la philosophie ne ressemble à aucune autre. D’abord, elle prend pour point de départ le postulat que la philosophie n’a pas toujours dit la même chose, mais qu’elle parle toujours de la même chose : de la réalité et de la connaissance que nous pouvons en prendre ; du sens de notre existence, et de la manière dont nous pouvons la conduire. Une intention sousjacente, mais parfois explicite, la dirige donc. Ensuite, cette histoire rassemble chronologiquement cinquante-cinq chapitres en un seul volume, réunissant des contributeurs de dix nationalités distinctes. Enfin, ces textes présentent l’ensemble de la philosophie occidentale depuis les présocratiques jusqu’à la philosophie mathématique contemporaine (Hilbert, le Cercle de Vienne, Brouwer, Cavaillès). Ils sont de deux sortes : soit ils exposent un philosophe et son œuvre, soit ils étudient de manière synthétique le développement d’une question, ou bien d’un savoir : sont ainsi étudiés, par exemple, « L’âme mise à nu », « Pouvoir et démocratie » (y sont évoqués le débat anglo-saxon entre libéraux et communautariens, Habermas, Hayek, Rawls, Honneth, Claude Lefort, Jacques Rancière). Dans « L’âme mise à nu », est explorée, après Platon, la question du sujet depuis la notion de substrat ou subjectum jusqu’à la subjectivité en 222