Note_methodo_analyse connectivité

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Note méthodologique
Analyse de la connectivité écologique
Auteurs : CRENAM, IPAMAC et Parcs naturels associés au projet
PROJET « TRAME ECOLOGIQUE
DU MASSIF CENTRAL »
Identification d’une
d’une trame écologique du Massif central
avec extension vers les Pyrénées
Association Inter
Inter-Parcs
Parcs du Massif central
(IPAMAC)
PNR des Causses du Quercy
PNR des Grands Causses
PNR du Haut-Languedoc
PNR Livradois-Forez
PNR de Millevaches en Limousin
PNR des Monts d’Ardèche
PNR du Morvan
PNR du Pilat
PNR des Volcans d’Auvergne
PN des Cévennes
Parcs naturels régionaux associés :
PNR de la Narbonnaise en Méditerranée
PNR des Pyrénées Catalanes
Laboratoires de recherche associés
CEMAGREF UMR TETIS - Montpellier
CRENAM / ISIG - CNRS - UMR EVS - Université Jean Monnet - Saint-Étienne
Avril 2011
Environnement
Ville Société
UMR 5600 CNRS
Résumé
Après l’identification des réservoirs de biodiversité potentiels, il a été expérimenté une
analyse de leur connectivité basée sur la structure globale du territoire. En s’appuyant sur des
modélisations SIG, les zones potentiellement favorables aux déplacements d’une majorité
d’espèces de faune et de flore ont été cartographiées entre les réservoirs de biodiversité
potentiels afin de mettre en évidence des corridors écologiques potentiels multi-trames et
plurispécifiques. La méthode retenue s’appuie sur le postulat qu’une espèce, quelle qu’elle
soit, a plutôt tendance à emprunter et utiliser (pour ces déplacement, son alimentation, sa
reproduction, etc.) des milieux dont la qualité écologique est la meilleure. Afin de compléter
l’analyse de la trame écologique potentielle, les principaux obstacles ont été superposés aux
résultats obtenus. La délimitation synthétique et schématique des réservoirs de biodiversité et
des corridors écologiques du Massif central et du Languedoc-Roussillon, relevant
d’orientations stratégiques et politiques concertées, n’a pas été réalisée dans le cadre de cette
étude expérimentale.
La présente note méthodologique détaille la démarche méthodologique mise en œuvre pour
analyser la connectivité écologique du territoire et présente les résultats obtenus.
Sommaire
Introduction .............................................................................................................................. 3
1.
2.
Méthode ............................................................................................................................. 4
1.1.
Distance linéaire....................................................................................................... 5
1.2.
Distance coût ............................................................................................................ 7
Résultats et analyse des résultats .................................................................................. 12
2.1.
Comparaison de méthodes ..................................................................................... 12
2.1.1.Distance linéaire/distance coût .................................................................. 12
2.1.2.Avec/sans prise en compte des zones relais potentielles........................... 14
2.2.
3.
Analyse des résultats .............................................................................................. 14
Discussion et perspectives .............................................................................................. 20
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Analyse de la connectivité
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Introduction
La connectivité écologique désigne la connectivité fonctionnelle qui lie ou relie des éléments
éco-paysagers entre eux, du point de vue d'un individu, d'une espèce, d'une population ou d'une
association de ces entités, pour tout ou partie de leur stade de développement, à un moment donné ou
pour une période donnée. La connectivité écologique diminue notamment quand la fragmentation
écologique augmente.
C’est une notion relative qui prend un sens différent selon les espèces et populations étudiées, mais
aussi selon le grain et l'échelle du paysage considérés par l'observateur. Ainsi deux milieux peuvent
être connectés pour une espèce et déconnectés pour une autre. C’est le cas, par exemple, d’un grand
cours d'eau ou d’une route qui sont quasi infranchissables pour certaines espèces (hérissons), mais
aisément franchissables pour des oiseaux.
Pour des espèces suffisamment mobiles (ou capables de disperser leurs propagules), les milieux
peuvent être physiquement disjoints, mais fonctionnellement interconnectés par des « structures-gué »,
ou par des corridors biologiques immatériels utilisables par une espèce considérée (exemple :
papillons).
Ainsi la connectivité structurelle ou contiguïté d’habitat peut être différente de la connectivité
fonctionnelle.
Or si la connectivité structurelle peut être « facilement » évaluée à partir de l’analyse de la structure du
paysage indépendamment de paramètres biologiques, la connectivité fonctionnelle, intégrant le
comportement d’une ou de plusieurs espèces dans l’analyse du paysage, est plus difficile à mesurer.
Cette deuxième approche nécessite, en effet, de bien connaître les espèces cibles et le résultat variant
d’une espèce à l’autre, ou d’une guilde d’espèces à l’autre n’est pas généralisable.
De plus, la vérification sur le terrain de la connectivité réelle (fonctionnelle) d'éléments du paysage
nécessite des méthodes souvent coûteuses et/ou délicates (radio-pistage, télédétection, détection et/ou
photographie automatique, pièges à traces, méthodes de capture-marquage-recapture...). 1
A l’échelle interrégionale, les données dont nous disposons ne permettent pas de mesurer la
connectivité réelle du paysage entre les réservoirs de biodiversité identifiés précédemment.
1
http://fr.wikipedia.org/wiki/Connectivité_écologique, consulté le 7 décembre 2010
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Au regard
rd des données dont nous disposons,
dispos
de l’échelle de travail et des délais du projet, nous avons
choisi une approche privilégiant des considérations structurelles (approche paysagère) plutôt que des
considérations biologiques (approche « fonctionnelle »).. En s’appuyant sur des modélisations SIG,
nous avons expérimenté une analyse de la connectivité structurelle globale,, donc potentielle afin de
mettre en évidence des corridors écologiques potentiels multi-trames
trames et plurispécifiques,
plurispécifiques susceptibles
de permettre le déplacement d’une majorité d’espèces de faune et de flore entre les réservoirs de
biodiversité identifiés précédemment.
précédemment
1. Méthode
D’un point de vue méthodologique, deux modèles ont été testés :
•
l’un basé sur un algorithme « distance linéaire » (distance en ligne droite) qui prend
en compte uniquement la distance entre les réservoirs de biodiversité,
biodiversité
•
et l’autre sur un algorithme « distance-coût » (friction cumulée) qui prend en compte
la distance et la résistance (ou friction) de l’occupation des sols aux déplacements des
espèces.
Figure 1. Schémas des 2 algorithmes testés
Distance linéaire
Friction cumulée (distance-coût)
(distance
2
Diffusion isotropique
Les possibilités de déplacement
sont considérées comme
constantes quelle que soit la
nature de l’occupation des sols
2
Diffusion anisotropique
Les possibilités de déplacement sont considérées
comme différentes selon la nature de l’occupation
l’
des sols.. Elles augmentent du rouge au vert :
• Le vert représente des milieux perméables aux
déplacements –un
un faible coefficient de friction
leur est attribué;
• Tandis que le rouge représente des milieux
opposant une résistance importante aux
déplacements – un fort coefficient de
résistance leur est attribué.
Isotropie : invariance des propriétés physiques d’un milieu en fonction de la direction.
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Les données utilisées pour analyser la connectivité ont été d’une part la cartographie affinée de
l’occupation des sols préalablement réalisée (cf. note méthodologique « Analyse de l’occupation des
sols ») et d’autre part les réservoirs de biodiversité et zones relais potentiels précédemment identifiés
(cf. note méthodologique « Identification des réservoirs de biodiversité potentiels »).
Pour chacune des méthodes, 2 tests ont été réalisés :
•
d’une part à partir des réservoirs de biodiversité potentiels (potentiel écologique évalué à
partir de la combinaison des 5 indices >= 150 et superficie >= 500 ha),
•
et d’autre part, à partir de toutes les zones dont le potentiel écologique a été évalué comme
>= 150 : les réservoirs de biodiversité potentiels (>= 500 ha) + les zones relais potentielles
(<= 500 ha).
1.1. Distance linéaire
Cette première méthode consiste à calculer la distance en ligne droite autour des réservoirs de
biodiversité. Elle revient donc à construire des zones tampons (ou buffers) autour des réservoirs, qui
sont ainsi dilatés de manière uniforme et progressive (cf. Figure 2). Seule la distance entre les
réservoirs de biodiversité entre en jeu dans ce type d’analyse qui modélise des potentialités de
déplacement de la faune et de la flore homogènes autour des réservoirs de biodiversité, malgré les
différentes occupations des sols présentes. Le relief n’est pas non plus pris en compte.
Figure 2. Analyse de la connectivité basée sur des distances linéaires
Extraits des cartographies obtenues sur une zone test
2a. A partir des réservoirs de biodiversité
Légende
Réservoirs de biodiversité et zones relais
Réservoirs de biodiversité potentiels
2b. A partir des réservoirs et des zones relais
Zones de connectivité
Fort potentiel
à
Zones relais potentielles
Faible potentiel
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Il est important de noter que les différents niveaux (ou classes) de potentialité des zones de
connectivité (représentés par un dégradé de vert) correspondent à des seuils déterminés de façon
arbitraire (cf. Figure 3) en s’appuyant sur l’histogramme des valeurs de distance obtenues, généré
automatiquement par le logiciel de cartographie (cf. Figure 4). Ces seuils peuvent être modifiés
« manuellement » pour être adaptés en fonction de la pertinence du résultat cartographique.
cartographique
Zones de connectivité potentielles
Distances à partir des réservoirs de biodiversité potentiels
0 - 300 m
300,1 - 424 m
424,1 - 1 000 m
1 000,1 - 1 500 m
1 500,1 - 56 365 m
Figure 3.. Différents seuils de distance choisis « arbitrairement » pour représenter les
différents niveaux de potentialité des zones de connectivité
Figure 4.. Extrait de l'histogramme des valeurs obtenues selon la méthode "distance
linéaire" (et sans prise en compte des zones relais)
La dilatation peut être complétée par une étape d’érosion (ou de contraction)3 afin de mettre en
évidence les zones permettant de fusionner deux réservoirs de biodiversité ou zones relais.
relais Seules, les
zones de connexion potentielle les plus « directes » seraient ainsi conservées. Cette étape n’a pas été
3
Allag-Dhuisme
Dhuisme F., Amsallem J., Barthod C., Deshayes M., Graffin V., Lefeuvre C., Salles E. (coord),
Barnetche C., Brouard-Masson
Masson J, Delaunay A., Garnier CC, Trouvilliez J. (2010). Guide méthodologique
identifiant les enjeux nationaux et transfrontaliers relatifs à la préservation et à la remise en bon état des
continuités écologiques ett comportant un volet relatif à l’élaboration des schémas régionaux de cohérence
écologique – deuxième document en appui à la mise en œuvre de la Trame verte et bleue en France. Proposition
issue du comité opérationnel Trame verte et bleue. MEEDDM ed.
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mise en œuvre dans le cadre de ce projet. En effet, le comité technique et scientifique du projet a
préféré approfondir la deuxième méthode présentée ci-dessous, jugée plus pertinente.
1.2. Distance coût
La seconde méthode utilisée repose sur une logique de « distance-coût ». Cette logique, qui se
veut plus fonctionnelle que l’approche précédente, a été utilisée notamment pour cartographier le
réseau écologique de Rhône-Alpes4. Elle prend en compte les capacités de déplacement des
organismes qui varient selon l’habitat traversé. En fonction de l’espèce ou de la guilde d’espèces
considérée, l’occupation des sols est alors considérée comme plus ou moins perméable au déplacement
de ces espèces. A chaque occupation des sols est attribué un coefficient de friction relative à sa
perméabilité pour l’espèce ou la guilde d’espèces considérée. La distance qu’elle peut parcourir à
partir d’un point donné va alors être variable en fonction des milieux traversés.
Dans le cadre de ce projet, au lieu de baser l’analyse sur les capacités de déplacement d’une
guilde d’espèces et d’avoir une approche par sous-trame en définissant une matrice de friction pour
chaque sous-trame, telle que dans l’étude réalisée par la Région Rhône-Alpes par exemple, nous avons
basé notre réflexion sur le potentiel écologique5 du territoire (toutes sous-trames confondues) défini
dans l’étape précédente d’identification des réservoirs de biodiversité potentiels (cf. note
méthodologique « Identification des réservoirs de biodiversité potentiels »). Notre réflexion part du
principe que la connectivité entre les réservoirs de biodiversité n’est pas uniforme mais qu’elle est
fonction de la qualité et de la diversité des milieux présents. Plus la qualité et la diversité sont
médiocres, plus la friction est considérée comme élevée et la connectivité réduite. Les espèces ne sont
donc pas prises en compte directement ici mais ce sont la qualité et la diversité de la mosaïque
paysagère, considérées comme des facteurs de fonctionnalité des milieux en termes de connectivité
pour la majorité des espèces, qui constituent le paramètre fondamental et conditionnent le tracé des
zones de connectivité.
Techniquement, deux données sont nécessaires :
• Les réservoirs de biodiversité potentiels (et les zones relais) à partir desquels va être calculée
la connectivité ;
• La matrice de frictions qui attribue un coût (ou valeur de friction) aux différents milieux
selon leur potentiel écologique préalablement évalué (cf. note méthodologique
4
http://biodiversite.rhonealpes.fr/documents/corridors/RERA2010_Methode.pdf, consulté le 27 avril 2011
Ce potentiel a été évalué en combinant 5 indices : hétérogénéité, naturalité, rareté des milieux, densité
hydrologique et singularité géologique
5
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« Identification des réservoirs de biodiversité potentiels ») : en considérant que les zones à
fort potentiel écologique ont un faible potentiel de friction et inversement (cf. Figure 5).
Figure 5. Définition de la matrice de frictions à partir du potentiel écologique
Les réservoirs de biodiversité et zones relais, qui possèdent un potentiel écologique supérieur à 150,
sont regroupés en une seule et même classe de façon à les écarter de la matrice de friction considérant
qu’au sein de toutes ces zones la friction est nulle. Dans un second temps, toutes les valeurs sont
inversées de façon à ce que les milieux de faible potentiel écologique aient les valeurs de friction les
plus fortes (cf. Figure 6).
Figure 6. Schéma de construction de la matrice de friction
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L’algorithme « distance-coût » calcule ensuite, en partant des réservoirs de biodiversité
potentiels et en prenant en compte la matrice de friction, le coût du passage du centre d’un pixel au
centre du pixel adjacent (cf. Figure 7). Aucun coût maximum n’est renseigné si bien que l’algorithme
fonctionne jusqu’aux limites de la couverture du fichier. Les valeurs obtenues expriment des unités
de coût mais ne traduisent en aucun cas des mètres linéaires. Afin d’éviter les confusions, nous
parlerons de friction cumulée et l’utiliserons comme unité.
Où R = résolution
Friction cumulée = 300
Friction cumulée = 750
Figure 7. Algorithme coût-distance
Les frictions cumulées ont été calculées dans un premier test autour des réservoirs de biodiversité
potentiels (potentiel écologique >= 150 et superficie >= 500 ha), mais un second test a également été
réalisé autour des réservoirs de biodiversité et des zones relais potentiels (potentiel écologique >= 150
et superficie <= 500 ha) (cf. Figure 8).
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Figure 8 : Analyse de la connectivité basée sur des distances coût
8a. A partir des réservoirs de biodiversité
8b. A partir des réservoirs et des zones relais
Légende
Zones de connectivité
Fort potentiel
Réservoirs de biodiversité et zones relais
Réservoirs de biodiversité potentiels
à
Zones relais potentielles
Faible potentiel
Contrairement à la dilatation progressive et uniforme que l’on observait autour des réservoirs
de biodiversité avec la méthode « distance linéaire » (cf. Figure 2), la dilatation réalisée avec
l’algorithme distance coût n’est pas régulière. Elle ne s’étend pas sous forme « d’auréoles »
homogènes de plus en plus grandes mais elle présente des contours beaucoup plus tortueux avec
parfois une dissymétrie importante de part et d’autre des réservoirs (cf. Figure 8). Cela s’explique par
la prise en compte de la qualité des milieux environnants. Les milieux considérés comme peu
favorables vont restreindre la portée de la dilatation alors que des milieux ayant un potentiel
écologique élevé permettent une dilatation plus importante, plus étendue.
Il est important de noter que les différents niveaux (ou classes) de potentialité des zones de
connectivité (représentés par un dégradé de vert) correspondent à des seuils (cf. Figure 9) déterminés,
ici aussi, de façon arbitraire en s’appuyant sur l’histogramme des valeurs de distance obtenues, généré
automatiquement par le logiciel de cartographie.
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Zones de connectivité
Friction cumulée à partir des réservoirs de biodiversité
0 - 15 000
15 000 - 30 000
30 000 - 45 000
45 000 - 60 000
60 000 - 1 114 179
Figure 9. Différents seuils de friction cumulée choisis arbitrairement pour représenter les
différents niveaux de potentialité des zones de connectivité
Ces seuils peuvent être modifiés facilement lors de la réutilisation des données produites afin
d’adapter la représentation cartographique au territoire étudié :
Plus le seuillage sera élevé, plus la part du territoire englobée dans la zone de connectivité à
fort potentielle sera étendue et plus la connectivité « cartographique » sera grande mais pourra
englober des milieux artificialisés limitant la fonctionnalité réelle des potentialités identifiées,
Un seuillage plus strict pourra permettre de préciser le niveau de potentialité à l’intérieur de la
zone à fort potentiel identifiée dans le cadre de ce projet et de mettre en évidence les
connectivités les plus fonctionnelles au regard des limites liées aux données d’occupation des
sols utilisées.
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2. Résultats et analyse des résultats
2.1. Comparaison de méthodes
2.1.1. Distance linéaire/distance coût
La démarche expérimentale
mentale et la logique de recherche du projet ont conduit à tester deux
méthodes différentes. Les résultats obtenus à partir de ces deux méthodess semblent,
semblent à première vue et
à l’échelle de la zone d’étude, assez similaires (cf. annexe 1). Toutefois, lorsqu’on affine l’analyse, des
différences sont visibles (cf. Figure 10)
10 mais elles ne peuvent être réellement quantifiées puisque les
algorithmes utilisés sont différents,
différents n’aboutissant pas tous les deux à des distances en m linéaire et que
les différentss seuils de représentation choisis ne sont pas comparables.
comparables
Figure 10. « Comparaison » des résultats obtenus à partir des deux méthodes testées6
De façon générale, dans les secteurs les plus artificialisées (zones urbanisées, plaines
plaine agricoles, etc.)
des zones de connectivité potentielle ressortent avec la méthode « distance linaire » alors qu’elles ne
ressortent pas avec la méthode « distance-coût » qui prend en compte la qualité des milieux.
milieux C’est le
cas notamment en région littorale dans les secteurs les plus urbanisés et intensifiés.
intensifiés
6
Pour des seuils maximaux de friction cumulée de 45 000 et de mètre linaire de 1500 m
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La méthode « distance linéaire » met également en évidence plus de zones de connectivité potentielle
le long des principaux cours d’eau (Allier, Loire et Rhône). Cette différence avec la méthode
« distance-coût » souligne la mauvaise qualité des milieux rivulaires (présence de cultures, de zones
urbanisées, etc.). Enfin la méthode « distance-coût » permet de mettre en évidence des zones de
connectivité potentielle dans les secteurs les plus naturels composés de milieux forestiers et/ou de
milieux agropastoraux (plateau de Millevaches, Morvan, etc.) qui ne ressortent pas avec la première
méthode.
Au regard des résultats obtenus, la méthode «distance coût » semble donc la plus pertinente. Elle
permet également de garder une certaine cohérence avec l’approche basée sur la qualité et la diversité
de la mosaïque paysagère initiée dans le cadre de l’identification des réservoirs de biodiversité
potentiel. Cependant, si l’outil « distance-coût » est implémenté dans de nombreux logiciels SIG, son
utilisation nécessite toutefois certaines capacités techniques (bonnes compétences en SIG, maîtrise
technique de ces logiciels) et de travailler en mode « raster ».
Tableau 1. Avantages et inconvénients des deux méthodes testées
Méthode
« Distance
linéaire »
Méthode
« Distance
coût »
Accessibilité technique et reproductibilité
☺
Prise en compte de la qualité de l’occupation des sols
entre les réservoirs de biodiversité
☺
Pertinence des résultats obtenus
☺*
Cohérence de la démarche (prise en compte des
résultats obtenus dans l’étape précédente
d’identification des réservoirs de biodiversité
potentiels)
☺
*N.B : L’application que nous avons faite de l’algorithme coût-distance présente un biais lié aux
différentes échelles de valeurs des données utilisées. En effet, l’algorithme distance-coût utilisé calcule
la friction cumulée des réservoirs de biodiversité jusqu’aux limites de la couverture du fichier. Dans
notre cas, la friction est évaluée sur une échelle de 1 à 150 or la distance s’étend sur plusieurs milliers
de mètres. La différence d’échelle entre les deux données combinées par l’algorithme à savoir la
friction et la distance donne plus de poids à la distance qu’à la friction ce qui n’est pas sans
conséquence sur les résultats. Des tests supplémentaires seraient donc à envisager en essayant de
standardiser les deux échelles de valeurs de façon à rééquilibrer les deux paramètres.
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2.1.2. Avec/sans prise en compte des zones relais potentielles
Les résultats obtenus à partir des réservoirs de biodiversité uniquement et à partir des
réservoirs et des zones relais apparaissent très complémentaires (cf. annexe 1).
Dans le premier cas, les zones relais proches des réservoirs de biodiversité sont intégrées dans les
zones de connectivité à fort potentiel. De par leur potentiel écologique élevé, ces zones relais jouent,
en effet, un rôle important dans la connectivité entre les réservoirs de biodiversité potentiels en
augmentant ou en créant des connectivités potentielles.
Dans le deuxième cas, la connectivité est calculée à partir de toutes les zones relais potentielles au
même titre que les réservoirs de biodiversité potentiels. L’ensemble des zones relais est donc pris en
compte, ce qui permet de compléter l’analyse et de mettre en évidence des enjeux de connectivité
potentielle de niveau territorial inférieur sur des zones dépourvues de réservoirs de biodiversité
potentiels d’après le critère de surface retenu (Allier, Bourgogne, Nord et Ouest du Limousin, SudOuest de l’Aveyron, Est de la Loire et Rhône). La surface totale des zones de connectivité à fort
potentiel augmentent alors considérablement. Par exemple :
•
sans prendre en compte les zones relais : la surface des réservoirs de biodiversité et des zones
de connectivité à fort potentiel (entre 0 et 15000 friction cumulée) occupent 43% du territoire
d’étude,
•
en prenant en compte les zones relais : la surface totale des réservoirs de biodiversité, zones
relais et zones de connectivité à fort potentiel (entre 0 et 15000 friction cumulée) occupent
66% du territoire d’étude.
La prise en compte des zones relais permet également d’affiner l’analyse et de mettre en évidence des
connexions qui semblent plus pertinentes. C’est le cas, par exemple, en Aveyron entre le Causse
Comtal au Nord de Rodez et le reste des Grands Causses. Sans ces zones relais, les pelouses calcicoles
du Causse Comtal apparaîtraient comme connectées à des territoires cristallins (Massif de l’Aubrac au
Nord) avec lesquels les espèces calcicoles ont moins d’affinités, mais isolées des autres territoires
calcaires.
2.2. Analyse des résultats
Suite à l’analyse comparative méthodologique, en vue d’approfondir l’analyse des résultats
obtenus, il a été décidé de s’appuyer principalement sur les résultats obtenus à l’issue de la
modélisation basée sur des distances-coût et à partir des réservoirs de biodiversité et zones relais
potentiels (cf. Figure 11).
Les zones de connectivité potentielle identifiées à partir de l’analyse globale « toute sous-trame
confondue » réalisée sont composées comme les réservoirs de biodiversité et zone relais potentiels
d’une mosaïque de milieux (cf. Figure 13). Sont ainsi mis en évidence les zones potentiellement plus
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favorables aux déplacements d’une majorité d’espèces en considérant l’attractivité des milieux de
meilleure qualité écologique indépendamment des infrastructures anthropiques linéaires (routes, voies
ferrées, etc.). En raison du manque et de l’hétérogénéité des données existantes, l’analyse de la qualité
et de la connectivité du réseau hydrographique et des milieux humides et aquatiques (trame bleue) n’a
pas été approfondie. Cependant les résultats obtenus ont été complétés par la superposition des
principaux cours d’eau qui représentent également des potentialités fortes en termes de continuité
écologique.
La cartographie produite met en évidence les potentialités d’échanges de faune et de flore
entre les différents territoires du Massif central (du Nord au Sud et d’Est en Ouest) et entre le Massif
central et les Pyrénées.
Figure 11. Réservoirs de biodiversité, zones relais et connectivités potentiels
Les continuités écologiques existantes permettent ainsi aux espèces continentales de descendre
jusqu’au Sud des Cévennes, aux espèces méditerranéennes et atlantiques de pénétrer le Massif central
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via les cours d’eau notamment, etc. Cependant, s’il est probable que les « chemins » mis en évidence
conviennent à la majorité des espèces (avec plus ou moins de facilité selon la biologie de l’espèce)
compte tenu des limites de l’interprétation des données d’occupation du sol, il est également possible
qu’un certain nombre d’espèces, à la marge, n’utilisent pas ces corridors. En effet, les espèces liées à
des milieux particuliers et rares, ont des comportements qui échappent à la généralisation obtenue.
Ainsi, une analyse approfondie de ces zones de connectivité potentielle doit faire appel à l’expertise et
aux connaissances de terrain des spécialistes en fonction de l’écologie des espèces à considérer. Elle
relève donc d’une échelle infra de travail (SRCE, SCoT, PNR, etc.) et de choix en relation avec les
enjeux et objectifs de ces projets.
Globalement,
réalisée
souligne
la
le
cartographie
fort
potentiel
écologique du territoire d’étude où les
zones ayant un potentiel élevé en termes
de biodiversité et de connectivité restent la
grande dominante. On peut constater
qu’une part importante des principales
potentialités identifiées en termes de
réservoirs de biodiversité et de zones de
connectivité est intégrée dans un Parc
naturel, illustrant la forte responsabilité de
ces territoires en termes de préservation du
patrimoine naturel du Massif central.
Les plateaux de l’Aubrac et de la
Margeride ressortent clairement sur la
cartographie réalisée pour leurs enjeux
significatifs en termes de biodiversité à
l’échelle du Massif central. Ces territoires
font d’ailleurs l’objet de projets de PNR à
des stades d’avancement différents.
Figure 12. Confrontation des résultats avec les
zonages des Parcs naturels
La cartographie produite permet également de resituer les territoires de Parcs dans un contexte
plus large et de mettre en évidence les continuités écologiques inter-parcs et interrégionales. Afin de
préciser ces enjeux, la composition des principales potentialités identifiées peut être analysée (cf.
Figure 13).
Projet IPAMAC « Trame écologique du Massif central » - Note méthodologique
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Figure 13. Composition des réservoirs de biodiversité, zones relais potentiels et zones de connectivité à fort
potentiel
Les proportions des différents milieux peuvent être très variables en fonction du secteur
considéré (prédominance des milieux fermés sur les massifs forestiers ou des milieux ouverts sur les
zones d’estives par exemple). Globalement, la composition des zones de connectivité à fort potentiel
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montre l’importance des zones de prairies et cultures dans la connectivité du territoire. Les milieux
forestiers prédominants dans les réservoirs de biodiversité potentiels sont également largement
représentés au sein des zones de connectivité à fort potentiel. Certains milieux artificialisés et milieux
ouverts agricoles de type « grandes cultures » à priori peu favorables à la biodiversité, apparaissent
aussi, de par leur proximité avec des milieux à plus fort potentiel écologique. La fonctionnalité des
connectivités modélisées sur ces secteurs artificialisés mériteraient une expertise approfondie.
Par ailleurs, il est important de rappeler que le rôle des milieux humides et aquatiques dans la
connectivité écologique du territoire est largement sous-représenté dans le cadre de cette analyse basée
sur les données Corine Land Cover.
Composition des zones de connectivité à fort potentiel
0,68%
0,47%
11,53%
0,09%
2,92%
Milieux artificialisés
5,85%
Milieux ouverts de type "grandes
cultures"
Autres espaces agricoles
6,10%
Prairies et cultures avec
prédominance de cultures
Prairies et cultures avec
prédominance de prairies
Landes et pelouses d'altitude
27,43%
36,39%
0,16%
8,38%
Grands massifs forestiers
majoritairement naturels
Autres bois, plantations et
accrues
Saltus méditerranéen
Milieux humides et aquatiques
intérieurs
Milieux humides et aquatiques
littoraux
Figure 14. Composition des zones de connectivité à fort potentiel
Enfin, les principaux obstacles (cf. note méthodologique « analyse de la fragmentation ») ont
été superposés aux potentialités identifiées (cf. Figures 27 et 28). Ils représentent des ruptures
potentielles des zones de connectivité identifiées et peuvent donc limiter le déplacement des espèces.
L’analyse de ces ruptures, ne prenant pas en compte ni le trafic routier ou ferré réel ni les points de
perméabilité existants (ponts, tunnels, passages à faune, etc..), comporte des limites importantes liées à
l’échelle du projet et au manque de données. Toutefois, elle permet de mettre en évidence des « zones
de conflits potentiels » qui mériteraient une analyse approfondie de la fonctionnalité de la trame
écologique. La vallée de l’Allier en est l’illustration la plus flagrante dans sa partie avale, à la fois
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cœur de nature, axe de circulation (corridor) pour les espèces aquatiques (saumon en particulier) et
longée ou traversée (fragmentée potentiellement) par les routes, autoroutes, voies ferrées et
agglomérations. Les agglomérations de Saint-Etienne et de Clermont-Ferrand montrent également
l’impact de leur étalement respectivement vers le Puy en Velay et Roanne d’une part et vers le sud
d’autre part (Issoire, Brioude). Elles augmentent ainsi les zones de conflits potentiels entre les
réservoirs de biodiversité contenus dans les Parcs du Pilat et du Livradois-Forez d’une part et entre le
Livradois-Forez et les Volcans d’Auvergne d’autre part. L’Autoroute A75 traverse de même de
nombreux réservoirs de biodiversité tout au long de son parcours. Le vert (réservoirs de biodiversité et
zones de connectivité potentiels) reste cependant la grande dominante du Massif central !
Enfin, même si les spécificités de la zone méditerranéenne n’ont pas été approfondies en tant
que telles dans le cadre de cette étude, certaines problématiques du territoire de Languedoc-Roussillon
ressortent sur la carte finale notamment:
Les lagunes, identifiées comme des réservoirs de biodiversité potentiels, apparaissent
isolées les unes des autres par des zones urbaines et des infrastructures qui causent
également leur isolement par rapport aux réservoirs de biodiversité de «l’arrière pays»
composés de milieux secs (garrigues).
La partie orientale de la chaîne des Pyrénées ainsi que le massif des Corbières présentent
de vastes ensembles de réservoirs de biodiversité potentiels peu fragmentés.
La contribution du massif des Corbières aux connexions entre le Massif central et les
Pyrénées est mise en évidence. Ces connexions sont probablement plus ou moins
efficientes en raison de la présence de quelques zones urbaines, de zones agricoles et de
plusieurs infrastructures de transport entre Narbonne et Toulouse, dans ce couloir qui
présente tout de même des resserrements offrant une forte proximité entre les 2 massifs
(notamment près de Lézignan-Corbières).
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3. Discussion et perspectives
La délimitation synthétique et schématique des réservoirs de biodiversité et des corridors
écologiques du Massif central et du Languedoc-Roussillon, relevant d’orientations stratégiques et
politiques concertées, n’a pas été réalisée dans le cadre de ce diagnostic. Les résultats obtenus
correspondent à une modélisation des réservoirs de biodiversité et de la connectivité écologique du
territoire. Ils constituent des éléments de connaissance sur les continuités écologiques à appréhender
au regard des dimensions expérimentale et interrégionale du projet. Les cartes produites présentent des
potentialités qui nécessiteraient d’êtres précisées et validées par des expertises de terrain et confrontées
aux enjeux socio-économiques du territoire dans le cadre d’une démarche concertée avec l’ensemble
des acteurs concernés afin de définir les enjeux de préservation des continuités écologiques.
Les données produites sont exploitables dans le cadre d’un projet de territoire en prenant en compte les
limites d’analyses liées à l’échelle retenue du 1/100 000e, aux données initiales utilisées
(essentiellement Corine Land Cover), et à l’étendue du territoire d’étude (l’ensemble du Massif central
et du Languedoc-Roussillon). Les seuils de délimitation des réservoirs de biodiversité et des zones de
connectivité, proposés dans le cadre de cette étude pour mettre en évidence une trame écologique à
l’échelle du Massif central, peuvent être modifiés afin de les adapter au contexte (choix du plan ou
projet considéré, territoire concerné, échelle de travail…).
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ANNEXE 1
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ANNEXE 2
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ANNEXE 3
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