AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE ------ SERVICE DE PRESSE et D'INFORMATION Revue hebdomadaire de la presse allemande POLITIQUE INTERIEURE Procès du groupuscule néo-nazi NSU L’ensemble de la presse a fait part de son indignation après l'annonce par le tribunal de Munich qu’aucun journaliste turc ne figurait sur la liste des 50 médias accrédités ayant un accès garanti à la salle d'audience du procès du groupuscule néonazi allemand NSU, qui se tiendra à partir du 17 avril, pour des meurtres racistes ayant fait huit victimes parmi les ressortissants turcs d'Allemagne. Le tribunal s'est justifié en indiquant avoir attribué les places par ordre de réception des demandes, mais les journaux indiquent que le gouvernement fédéral a réagi pour faire part de son incompréhension. « Il serait bon que dans cette affaire qui intéresse évidemment le public turc et les gens d'origine turque en Allemagne une solution soit trouvée pour que les journalistes aient un accès correct pour couvrir les audiences », a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, a également souhaité de la part du tribunal que « l'intérêt médiatique (pour cette affaire) soit pris en compte avec sensibilité ». Le procès sera celui de Beate Zschäpe, membre de la cellule « Clandestinité nationale-socialiste », arrêtée en novembre 2011 et accusée de participation aux assassinats de huit Turcs et d'un Grec entre 2000 et 2006, ainsi que d'une policière en 2007. POLITIQUE EUROPEENNE Compromis sur le sauvetage de Chypre L’ensemble de la presse a abondamment commenté le compromis intervenu à Bruxelles entre les ministres des Finances des pays de la zone euro, la BCE et le FMI pour le sauvetage de Chypre, moyennant la restructuration de la première banque du pays, la Bank of Cyprus, et le démantèlement de la deuxième, la Laïki, en échange d'un prêt de 10 milliards d'euros. Les journaux reprennent les propos de la chancelière et du ministre des Finances qui se sont montrés satisfaits de l’accord. « Le résultat trouvé est bon aussi parce qu’il met face à leurs responsabilités ceux qui sont pour quelque chose dans les problèmes survenus », a déclaré Mme Merkel. « Le but a toujours été de mettre à contribution le secteur bancaire surdimensionné. Nous avons donc at- Semaine du 22 au 28 mars 2013 teint ce que nous avons toujours tenu pour juste », a de son côté indiqué Wolfgang Schäuble avant d’ajouter : « nous n’exigeons pas des autres ce que nous refuserions nous-mêmes de faire si la situation l’exigeait ». Les quotidiens indiquent également qu’à l’exception de Die Linke, les partis d’opposition ont marqué leur approbation ce qui, de l’avis du Handelsblatt, devrait faciliter la tâche du gouvernement pour obtenir une majorité au Bundestag lorsque celui-ci sera amené à se prononcer courant avril. Au-delà d’un soulagement perceptible, la presse ne manque pas de souligner que Chypre, qui se voit imposer un plan de sauvetage ayant valeur de première, va devoir à présent faire face à de grandes difficultés. « Par la perte des revenus tirés d’un secteur bancaire pléthorique, l’économie de l’île va être réduite d’au moins un quart et des milliers de Chypriotes vont perdre leur emploi, sans compter que Chypre va devenir le pays le plus endetté de la zone euro », s’inquiète le Tagesspiegel. La FAZ évoque elle aussi des « conséquences dramatiques » pour l’économie chypriote. Plusieurs quotidiens concluent de facto à une « expérience risquée » (Die Welt) de nature à saper la confiance que les épargnants européens pouvaient avoir jusqu’ici. « Pour la première fois des banques en difficulté ne vont pas être sauvées, mais rationalisées ou fermées et les coûts ne devront pas être supportés par l’ensemble des contribuables, comme ce fut le cas en Irlande ou en Espagne, c’est une mesure juste, mais elle n’est pas sans risque car la confiance détruite ne pourra pas empêcher à l’avenir la fuite de capitaux », fait valoir le Handelsblatt. « La ponction qui va être appliquée aux comptes de plus de 100.000 euros anéantit le sentiment de confiance qui prévalait jusqu’ici et détruit concrètement le modèle économique de Chypre », relève la Süddeutsche Zeitung pour qui cette mesure s’apparente à une « violation des droits de propriété ». Tout en se félicitant également que le secteur bancaire soit mis à contribution, Die Welt estime que le cas chypriote restera singulier. « Ce que l’on a osé là, on ne l’oserait en aucun cas en Italie ou en Espagne », juge le quotidien. « Chypre était un adversaire aisé dans la mesure où il faisait l’unanimité contre lui », estime aussi la Süddeutsche Zeitung. Pour la FAZ, une leçon s’impose : chaque épargnant européen sait à présent que ses économies n’ont rien de sûr et que l’Eurogroupe peut être amené à les lui confisquer. « Il serait temps de laisser tranquille le contribuable européen au lieu de lui imposer sans cesse de nouveaux fardeaux », s’indigne le journal de Francfort avant de rappeler que « l’union monétaire n’était pas destinée à devenir une union de transfert dans laquelle les banques, les fonds financiers et les grands investisseurs seraient sûrs d’être mis à l’abri ». A la question de savoir si la zone euro est à présent sortie de l’ornière, les journaux répondent par la négative. « Des pays tels que la France, l’Espagne et surtout l’Italie sont loin d’être sortis d’affaire », fait valoir le tabloïd Bild. « La vraie menace pour l’Europe s’appelle l’Italie », met en exergue Die Welt qui rappelle que la péninsule fait actuellement face à une double crise : économique et politique. Perquisition à Moscou dans les bureaux de fondations allemandes La presse s’est beaucoup émue de la perquisition menée par la justice russe dans les bureaux de la Konrad Adenauer Stiftung (proche de la CDU) et de la Friedrich Semaine du 22 au 28 mars 2013 Ebert Stiftung (proche du SPD) à Moscou. Les médias indiquent que le gouvernement allemand a réagi en convoquant au ministère des Affaires étrangères le numéro deux de l'ambassade de Russie en Allemagne pour lui exprimer son inquiétude. Ils ajoutent que la chancelière abordera le sujet lors de la visite du président Poutine, les 7 et 8 avril, qui inaugurera la Foire de Hanovre dont la Russie est cette année le pays partenaire. « Nos fondations et leurs partenaires dans la société civile russe prennent une part importante au développement des relations germano-russes et toute mesure visant à compromettre, voire à criminaliser leur activité, nuit à nos relations », a déclaré hier le porte-parole du gouvernement fédéral, dont les propos sont repris par l'ensemble de la presse. Commentant le « climat de défiance » qui prévaut à Moscou, Die Welt fait valoir que les autorités russes sont « lassées des leçons de morale prodiguées par les démocraties occidentales et relayées par les fondations ». Le Tagesspiegel et la Berliner Zeitung, qui se montrent également critiques envers l’attitude jugée ambiguë, du gouvernement fédéral et des responsables politiques allemands en général, soulignent que le jour même où la perquisition dans les locaux de la Konrad Adenauer Stiftung a été rendue publique, le candidat tête de liste du SPD, Peer Steinbrück, s’abstenait de critiquer ouvertement le déficit démocratique de la Russie. POLITIQUE INTERNATIONALE 5ème sommet du groupe pays émergents BRICS à Durban La presse s’est intéressée au sommet qui a réuni à Durban les cinq pays considérés comme les plus avancés des émergents et rassemblés sous le nom de BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). La décision prise par ces cinq Etats de fonder une banque de développement commune et indépendante de la Banque mondiale a été mentionnée, souvent pour souligner que des divisions se sont fait jour pour savoir où cette banque devait avoir son siège. « L’avènement d’un nouvel ordre du monde est reporté », commente ainsi, non sans une pointe d’ironie, la FAZ. Les quotidiens ont exprimé des doutes quant à la pertinence et à l’avenir de cette alliance. La Süddeutsche Zeitung, notamment, remarque que ces « géants sans force » n’arrivent pas à acquérir une puissance politique à la hauteur de leur taille économique et ne font plus rêver : « en tant que club, les BRICS ne sont depuis longtemps déjà plus attractifs ». Pour la presse, ces Etats « partagent un lit […], mais ils ont des rêves différents » (Handelsblatt), ainsi que des « intérêts divergents » (Tagesspiegel). Ils traversent en outre des « temps difficiles économiquement », souligne la Süddeutsche Zeitung, et « leur croissance ne suffit pas à étancher la soif d’ascension sociale de leur population et à stabiliser leur niveau de vie ». Le quotidien de Munich, citant l’exemple de la politique d’investissement de la Chine en Afrique « ressentie comme néocolonialiste », émet des critiques quant à la politique menée par les BRICS : « on ne peut pas acheter la reconnaissance et la loyauté dans le monde. On doit les mériter ». Situation au Mali La presse est revenue cette semaine sur la visite effectuée le week-end par le ministre en charge de la Coopération et du Développement, Dirk Niebel (FDP), au Semaine du 22 au 28 mars 2013 Mali. Elle a surtout noté que M. Niebel « a passé outre les considérations de sécurité de la police criminelle fédérale et visité la ville de Mopti sans protection personnelle », ce qui lui vaut, de la part de la Berliner Zeitung le qualificatif de « ministre sans peur ». Dans journal télévisé, la première chaîne publique ARD a quant à elle souligné la volonté du ministre que l’Allemagne participe à la reconstruction du Mali et son souhait de voir des élections se tenir en juillet, comme prévu. Le rapport du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, concernant le Mali a également retenu l’attention des médias. La presse souligne sa volonté d’envoyer « une force de maintien de la paix conséquente pour un Mali en guerre civile », pouvant aller jusqu’à 11 200 hommes et incluant les troupes africaines, ainsi qu’une « force parallèle pour s’occuper des islamistes » (spiegel online) qui, elle, « ne doit pas recevoir de mandat officiel de l’ONU » (Handelsblatt). « De source diplomatique, la France pourrait être disposée à fournir des soldats pour cette force parallèle », précise encore le Spiegel./. Semaine du 22 au 28 mars 2013