L`hypertension portale (HTP) - Souvent une complication des cirrhoses

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Actualité Santé
L’hypertension portale (HTP)
Souvent une complication des cirrhoses
Conséquence d’un blocage de la veine porte au niveau hépatique,
l’HTP est une conséquence fréquente des cirrhoses. Elle est alors
souvent responsable de complications telles que varices œsophagiennes, gastriques avec les hémorragies digestives qui les accompagnent dans un tableau pouvant être létal.
C
Infos
...
L’estimation
de la gravité de
l’hémorragie
digestive repose sur
la fréquence
cardiaque,
la pression artérielle,
la fréquence
respiratoire,
la recoloration
capillaire, l’agitation
et les troubles
de conscience.
L’interprétation de
deux de ces facteurs
peut être difficile
chez le cirrhotique :
la fréquence
cardiaque est
modifiée par
l’hypercinésie
circulatoire
et la prise éventuelle
de bêtabloquants ;
les troubles de
conscience peuvent
être en partie liés
à une
encéphalopathie
hépatique.
omplication de l’évolution
des cirrhoses, l’HTP se
signale lorsque la pression
portale est supérieure à 10 mmHg
ou lorsqu’un gradient hépatique
supérieur à 5 mmHg existe. Si la
pression dépasse 12 mmHg, un
saignement est possible. L’incidence des hémorragies digestives
en France par rupture de varices
œsophagiennes, est de 14,5/
100 000 habitants. Cette complication est gravissime puisqu’un
patient sur deux ayant saigné décédera dans l’année suivant son accident. En dehors de la montée de
pression, les varices saignent surtout si elles sont grosses, parsemées de taches rouges. Elles risquent également plus facilement
de se compliquer lorsque les signes
d’insuffisance hépatocellulaire sont
plus importants, lorsque l’intoxication alcoolique se poursuit, lorsque
se greffe un carcinome hépatique.
Dans l’histoire naturelle de la cirrhose, l’apparition d’une ascite
constitue un tournant évolutif.
Trente pour cent des cirrhotiques
développent une ascite au cours de
l’évolution de leur maladie. Dix
pour cent des malades ascitiques
développent une ascite réfractaire.
Un syndrome hépatorénal survient
chez 4 à 10 % des malades hospitalisés pour ascite. L’ascite est
secondaire à une hypertension portale et à une insuffisance hépatocellulaire. En réponse à l’action de
substances vasodilatatrices, se
développe un syndrome d’hypercinésie circulatoire avec augmentation du débit sanguin dans le territoire porte et diminution de la
résistance vasculaire périphérique,
provoquant une hypovolémie effi-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005
cace. Celle-ci entraîne l’activation
de systèmes vasoconstricteurs et
antinatriurétiques favorisant la
rétention hydrosodée qui précède
et entretient la formation d’ascite. Il
n’y a pas de traitement préventif
spécifique de la première poussée
d’ascite chez les cirrhotiques. En
revanche, certains facteurs favorisant son apparition doivent être évités : apports excessifs de sel et de
médicaments favorisant la rétention
hydrosodée.
Seul le traitement de l’hépatopathie
chronique, y compris la transplantation hépatique, est capable de corriger à la fois l’insuffisance hépatique
et l’hypertension portale. L’infection
est également à craindre lorsque la
concentration liquidienne protidique de l’ascite est plus élevée.
Conduite à tenir
Chez les patients porteurs de cirrhose hépatique, en l’absence de
varices œsophagiennes, une endoscopie doit être réalisée tous les
trois ans, pour vérifier l’état local,
tous les deux ans si existent des
varices de stade I et tous les ans en
cas d’atteinte hépatique sévère. Si
des varices de stade II ou III existent, il ne convient pas de multiplier
les endoscopies, mais de pratiquer
un traitement prophylactique. En
l’absence de contre-indications, on
doit alors prescrire un traitement à
base de bêtabloquants non cardio
sélectifs. En cas d’impossibilité, est
recommandée la ligature des
varices en prophylaxie primaire. En
cas d’échec ou d’insuffisance des
bêtabloquants, la ligature doit être
réalisée. En cas d’échec, est discutée l’indication d’une anastomose
portosystémique intra-hépatique
mise en place par voie transjugulaire ou TIPS.
Si l’hémorragie est déclenchée, un
traitement précoce et prolongé de
2 à 5 jours doit être mis en place à
base de substances vaso-actives.
Au cours de l’endoscopie une ligature peut être réalisée. Si les résultats ne sont pas satisfaisants, la
mise en place de TIPS comme la
transplantation hépatique se discute. En cas d’hémorragie aiguë,
une antibiothérapie systématique
est instaurée. Le traitement de l’ascite après ponction exploratrice,
repose sur des ponctions itératives,
voire plus si complications (antibiothérapie, diurétique). Si l’ascite est
réfractaire, là encore se discutent
une mise en place de TIPS, une
transplantation hépatique.
En revanche, plus difficile à réaliser
et donc progressivement abandonnée : la sclérose de varices car on
lui préfère la ligature. De la même
façon, l’anastomose portocave est
abandonnée. Elle était en effet responsable d’un taux élevé de mortalité et d’encéphalopathies hépatiques.
JB
Conférence de consensus Anaes 2003
Une urgence
La rupture de varices œsophagiennes est une urgence. La
prise en charge doit commencer
le plus tôt possible, idéalement
au domicile du malade ou pendant le transport médicalisé. Le
malade doit être hospitalisé dans
un établissement comportant au
moins une unité de soins intensifs et un plateau technique d’endoscopie.
La prise en charge apprécie
d’abord la gravité et le terrain ;
elle comprend des mesures communes à toutes les hémorragies
digestives et des mesures spécifiques propres à l’hypertension
portale.
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