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Communauté de communes du Saint-Gaudinois
Agenda 21
Projet
Réappropriation citoyenne
des berges de Garonne
Diagnostic Technique
Octobre 2011-Février 2012
Rédaction : Jardins du Comminges
Diagnostic technique projet Garonne – Fev 2012 - Communauté de communes du Saint-Gaudinois – Page 1/27
Table des matières
Présentation du contexte.......................................................................................................................3
Objectifs de l’étude et projet Garonne dans son ensemble...................................................................3
Méthodologie de l’étude.......................................................................................................................4
L'Agenda 21.....................................................................................................................................4
L'outil Serpic....................................................................................................................................4
Le relevé de végétation....................................................................................................................5
Les groupes de travail......................................................................................................................6
Présentation du diagnostic technique...................................................................................................7
Zone 1 : Villeneuve de Rivière aux Ruines de la Valentinoise......................................................11
Zone 2 : Lac de Sède......................................................................................................................13
Zone 3 : Valentine / St Gaudens / Miramont.................................................................................15
Zone 4 : Miramont / Estancarbon..................................................................................................17
Zone 5 : Pointis / Labarthe Inard (Les Hierles).............................................................................19
Zone 6 : Le Canal d'Aulné.............................................................................................................21
Synthèse des menaces.........................................................................................................................22
Bilan...................................................................................................................................................23
Annexe................................................................................................................................................24
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Présentation du contexte
Dans le cadre de son Agenda 21, la communauté de Communes du Saint Gaudinois
s’est fixée des objectifs concrets en matière de développement durable pour un territoire
attractif, solidaire et exemplaire. De cette concertation des communes est née une réelle
volonté d’agir. Ainsi un plan d’action a été validé le 13/12/2010 pour que l’Agenda 21 du St
Gaudinois ne reste pas à l’état de vœu pieu…
Née du constat que la Garonne est abandonnée et maltraitée depuis des années et
s’appuyant sur le Schéma Directeur de la Garonne amont réalisé par le Sméag en 2007 et
les nombreux sites Natura 2000 présents sur le secteur, le projet « Réappropriation
citoyenne des berges de Garonne » a vu le jour.
Il s'intègre à l'ensemble des actions mises en œuvre sur le bassin Adour-Garonne pour
atteindre le bon état écologique des eaux en 2015 tel que le prévoit la DCE 1.
Objectifs de l’étude et projet Garonne dans son ensemble.
Le projet Garonne a pour but premier d’aboutir à une appropriation citoyenne des
berges de la Garonne par leur réhabilitation et leur valorisation. Il est prévu d’étendre les
actions à tout le bassin versant, incluant ainsi rivières et sentiers pour l’obtention d’un
maillage complet du patrimoine de la Communauté de communes. La Garonne tiendra
ainsi une place centrale dans la valorisation du St Gaudinois et la plupart des projets,
qu’ils soient touristiques, économiques ou écologiques, tourneront autour de sa mise en
valeur.
Pour mieux gérer son patrimoine il est nécessaire de bien le connaitre. C’est pourquoi les
22 Kms de Garonne traversant le St Gaudinois ont fait l’objet d’une étude approfondie.
Une appréciation globale de l’état de la ripisylve et de sa qualité a été réalisée.
Ainsi, un plan d’action pluriannuel pourra bientôt voir le jour et permettre la mise en
valeur du territoire, dans la droite ligne des objectifs définis par l’Agenda 21.
Le diagnostic Garonne ne vise pas à constituer une somme de connaissances à but
scientifique…il doit permettre d’établir un état des lieux et de mieux comprendre le
fonctionnement de l’écosystème pour identifier tous les éléments susceptibles d’orienter la
gestion ou l’aménagement du territoire concerné. A savoir, les fragilités et les contraintes;
les potentialités et les points forts; et les enjeux liés à cet espace.
L’étude réalisée par les Jardins du Comminges en partenariat avec la Communauté de
communes, le Smeag et la Catezh a permis de mettre en avant le potentiel touristique et
1 La directive-cadre sur l'eau (2000/60/CE), souvent plus simplement désignée par son sigle DCE, est une directive
européenne du Parlement européen et du Conseil prise le 23 octobre 2000. Elle établit un cadre pour une politique
globale communautaire dans le domaine de l'eau. C'est l'élément majeur de la réglementation européenne concernant
la protection globale des ressources en eau douces, saumâtres ou salées, superficielles ou souterraines. Cette
directive vise à prévenir et réduire la pollution des eaux, promouvoir son utilisation durable, protéger
l'environnement, améliorer l'état des écosystèmes aquatiques (zones humides) et atténuer les effets des inondations
et des sécheresses.
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environnemental du fleuve mais aussi d’identifier les freins à une appropriation citoyenne
de la Garonne.
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Méthodologie de l’étude.
L'Agenda 21
Dans le cadre de l'Agenda 21, plusieurs réunions ont été organisées avec les
communes riveraines et les différents acteurs concernés par le projet Garonne afin de
connaitre les attentes de chacun et d’établir une liste des données à collecter pour avoir
une vision la plus complète et objective possible sur le fleuve. Il est apparu que les points
noirs tels les décharges et les problèmes d’érosion et d’atterrissement devaient être relevés,
mais il était également évident de faire apparaitre les potentialités et la richesse de la
Garonne.
Le diagnostic technique a débuté par la collecte des données existantes concernant la
Garonne St Gaudinoise auprès des différents acteurs et partenaires (Agence de l’eau,
SMEAG, CATeZH…). Le DOCOB Garonne amont regorge de données à préciser pour le
St Gaudinois.
L'outil Serpic
L'ensemble des données a été consigné grâce à un outil de cartographie: le Serpic réalisé
par l'APEM2. Cela a permis de visionner les informations existantes et de définir les
manques.
L’outil Serpic permet à tous les acteurs du projet de visualiser les atouts et les faiblesses de
la Garonne, de connaitre à tout moment les actions à réaliser sur le territoire et de suivre
l’avancée des travaux. Par un système de couches de données et un filtre, on peut décider
de ce que l’on voit sur tout ou partie du territoire.
Toutes les données collectées ont été vérifiées sur le terrain et complétées avant d’être
actualisée sur le Serpic.
Les couches mises à jour ou créées sur l'extranet Serpic :
• Les zones d’érosion
Les berges sous-cavées ainsi que les berges érodées ont été répertoriées et les causes
probables en ont été décrites (courant fort, écho d’embâcle, seuil ou barrage…).
• Les atterrissements
Pour mieux en suivre l’évolution il a été noté le type d’atterrissements et le stade de
végétalisation de chacun. De la plage de sable ou de galets nue jusqu’à l’îlot colonisé par
les arbres formant parfois de jolies saulaies blanches.
• Les renforcements de berges
Le type « renforcement de berge » est noté selon qu’il s’agit d’un enrochement simple ou
2 L'APEM , Assemblée Pyrénéenne d'Economie Montagnarde, est une association loi 1901, créée dans le but de
rassembler les compagnies consulaires autour d'un projet global de développement durable des territoires de
montagne.
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végétalisé ou bien s’il s’agit de technique de génie végétal tels le bouturage et la plantation.
• Les décharges sauvages et les zones de dépôts de crues
Elles sont répertoriées afin de les retirer et de mettre en place une surveillance accrue. Les
déchets apportés par les crues se déposent toujours aux mêmes endroits. En les
connaissant on pourra ainsi mettre en place une gestion de ces polluants en les retirant une
fois par an par exemple.
Les zones à invasives (Buddleja, Renouée, Impatiens, Raisin d’Amérique,
Bambou…)
Dans le cadre d’une gestion et d’une surveillance adaptées aux espèces invasives il est
important de connaitre avec précision les sites infectés et l’évolution probable des
peuplements.
•
• Les points de pompage ou de rejets d’eau usée
Pour se prémunir de possible pollutions, il faut connaitre les points pouvant être source de
pollution.
Bien entendu toutes ces données seront actualisées au fil des ans par le technicien rivière,
et à la suite des interventions de gestion ou d’aménagement.
Le relevé de végétation
Un relevé de végétation et une appréciation globale des berges ont également été réalisés
permettant l’élaboration d’une carte présentant l’état général de la ripisylve. Selon des
critères de qualité et de diversité, 3 catégories ont été définies :
 BONNE
La ripisylve est diversifiée. Un grand nombre d’essences est présent et bien représenté.
On retrouve des saules, frênes, aulnes, chênes, charmes, hêtres, peupliers, érables …
pour la strate arborée. Noisetier, fusain, orme, saule, troène, aubépine, sureau,
prunelier, cornouiller… pour la strate arbustive, et diverses graminées, carex et plantes
hygrophyles pour la strate herbacée.
La ripisylve est pérenne. Les différentes strates sont présentes et bien équilibrées. De
jeunes sujets, d’âges différents, sont là pour assurer la relève des arbres plus âgés.
La ripisylve est saine. Il y a un bon équilibre entre la végétation en croissance et les
arbres sénescents apportant du bois mort. Cela apporte une richesse supplémentaire au
milieu en créant des abris et des sites d’alimentation pour la faune. Aucune maladie
notable ne met en péril la santé de la ripisylve.
Ce type de ripisylve est un milieu stable, « auto-suffisant », peu sujet aux
bouleversements (hormis humains) et nécessitant une gestion moindre. Cependant une
surveillance de l’évolution des espèces invasives reste prioritaire pour maintenir une
biodiversité maximale.
 MOYENNE
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La végétation est peu variée. Quelques essences seulement sont présentes… pas plus
de 4 ou 5 en combinaisons plus ou moins harmonieuses.
La ripisylve est sensible. Le renouvellement des sujets âgés n’est pas toujours assuré. La
pyramide des âges est fortement perturbée voir parfois inexistante pour certaines
essences. De plus il manque parfois une strate laissant présager des risques importants
d’instabilité de berges.
La ripisylve présente des risques sanitaires. Beaucoup de grands sujets sont morts sur
pieds ou dépérissant. Leur chute provoque des dégâts sur les arbres voisins et courbes
les jeunes arbustes perturbant leur développement. De plus la luminosité excessive
créée par ce vide favorise la pousse des ronciers et des invasives au détriment des
repousses ligneuses contribuant ainsi à déséquilibrer ce milieu déjà fragilisé.
 MAUVAISE
La ripisylve est pauvre. Parfois mono spécifique, elle est composée de moins de 3
espèces végétales et est souvent dominée par les plantes invasives.
La ripisylve est déséquilibrée. La plupart du temps, il manque une strate et le
renouvellement est très compromis voire impossible. Les plantes invasives recouvrent
la berge empêchant la végétation rivulaire de s’implanter.
La ripisylve est malsaine. Les arbres sont âgés et cassés. Le lierre et le gui recouvrent
les troncs et les branches. Les jeunes pousses quand il y en a sont frêles et tordues… De
plus la mono spécificité de la végétation est un risque majeur face aux maladies ou
ravageurs.
Les groupes de travail
Deux groupes de travail ont été mis en place pour conduire le diagnstic :
•
le comité technique chargé de mettre en place la méthode de travail et de recueillir
l'ensemble des informations nécessaires au diagnostic. Il est composé de la Communauté de communes, du Smeag, de la Catezh et des Jardins du Comminges.
•
le comité de pilotage : il s'est réunit 3 fois pour valider les grandes étapes du diagnostic. Il est présidé par le Président de la Communauté de communes et rassemble l'ensemble des institutions ayant compétence dans le domaine de l'eau ainsi
que les usagers et acteurs d'e l'eau sur le Saint-Gaudinois.
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Présentation du diagnostic technique
La Garonne fait partie du patrimoine local. Elle forge les paysages et sert de lien
entre les communes. Elle parcourt le territoire de la Communauté de Communes du St
Gaudinois, d’ouest en est, sur plus de 22 Km à travers la plaine de Rivière (jusqu’à
Valentine) et la plaine de Pointis et Labarthe-Inard.
Le régime hydrologique de la Garonne sur ce secteur est de type pluvio-nival, avec des
hautes eaux de printemps centrées sur le mois de juin suite à la fonte des neiges et aux
fortes précipitations, et un étiage de début d’automne vers le mois de septembre.
Sur ce territoire le cours de la Garonne est plusieurs fois court-circuité par des
barrages hydroélectriques et une partie de son débit passe par des canaux adjacents. Ces
perturbations influent sur l’érosion des berges et contribuent à l’assèchement des milieux
humides annexes par diminution de la nappe affleurante. Elles restreignent également les
zones recouvertes par les crues par diminution du débit d’eau. Lors des lâchers d’eau
(turbinage) le courant est modifié et sa capacité érosive s’accroit. On peut alors observer un
creusement du lit localisé, une érosion sur la berge située face au canal puis sur la berge
opposée en écho.
Il ne fait nul doute que la Garonne est au centre d’une grande diversité faunistique
et floristique. Plusieurs habitats d’intérêt communautaires sont représentés telles les forêts
mixtes à bois durs des grands fleuves, les forêts alluviales à aulne et frêne où l’on trouve le
rarissime Orme lisse, les formations de rivière alpine à saules buissonnants ou les
précieuses mégaphorbiaies hydrophiles…
Cependant ces habitats sont parfois tellement morcelés ou imbriqués dans d’autres milieux
plus communs qu’il est souvent difficile de les délimiter clairement. La plupart du temps
ces habitats sont en phase final de leur évolution, qui n’est pas la plus intéressante. Le
manque d’entretien et les bouleversements hydriques ont tôt fait de transformer une
saulaie blanches en forêt plus sèches de type chênaie-frênaie ou pire en champs
d’invasives, Buddleja ou renouée…
Pourtant plusieurs espèces d’intérêt patrimonial trouvent ici nourriture, gîte ou protection.
C’est le cas de la discrète Loutre d’Europe, de plusieurs espèces de chauve-souris, de
libellules (Agrion de mercure) et de papillons, du Grand capricorne et du Lucane cerf-volant,
d’oiseaux (busard, Martin-pêcheur, Cigogne blanche…) mais aussi de toute la faune piscicole.
Il y a également une grande variété de plantes inféodées aux milieux humides ou semiaquatiques.
Etant un fleuve à forte capacité érosive et donc de transport de matériaux, la Garonne est
mobile. Elle façonne les paysages et « nettoie » ses berges au fil des crues. Elle dessine ses
méandres en creusant les rives mais c’est un phénomène naturel inévitable qui témoigne
au contraire de sa bonne dynamique.
Afin de facilité l’interprétation des données collectées, la Garonne st Gaudinoise a été
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découpée en 6 unités homogènes quant à leurs caractéristiques morphologiques,
physiques et visuelles.
Le principal critère retenu pour borner les zones a été l’état de la ripisylve tant au niveau
paysager, qu’aux niveaux qualitatif et quantitatif.
 Qu’est-ce qu’une ripisylve ? Il s’agit de l'ensemble des formations boisées,
buissonnantes et herbacées présentes sur les rives d'un cours d'eau. La notion de
rive désignant l'étendue du lit majeur du cours d'eau non submergée à l'étiage.
Les ripisylves sont des formations linéaires étalées le long des cours d'eau, sur
une largeur de 10 à 30 mètres, parfois moins. Si la végétation s'étend sur une
largeur de terrain inondable plus importante, on parlera plutôt de forêt alluviale
ou forêt inondable.
 Rôles et fonctions de la ripisylve.
La ripisylve est vitale pour le cours d’eau et pour la bonne santé et le maintien des milieux
environnants. Voici ces fonctions principales :
• Fonction de maintien des berges
C'est la multiplicité des essences, des types de plantes et de racines qui rend les ripisylves
si résistantes. Pour assurer une protection maximale des berges contre l'érosion, la
ripisylve doit être large d'au moins 6 mètres, sur chaque berge. Elle doit être dense et
équilibrée, dominée par les buissons pour favoriser l’éclairement. Des arbres isolés et hauts
seraient rapidement déchaussés par le courant, des berges uniquement couvertes
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d'herbacés sont creusées par le dessous, et s'écroulent par pans entiers… C’est pourquoi
elle doit se composer d'arbres de tous les âges et de 3 strates végétales :
- arborescente avec par exemple : Aulne glutineux, Frêne, Saules blancs,
Peupliers, Chênes…
- arbustive, avec par exemple : saules arbustifs, aubépine, coudrier, fusain …
- herbacée, avec par exemple : typha, jonc, carex, ou des espèces de la famille
des Poaceae.
L'association des différents systèmes racinaires maintient alors de manière optimale la
terre des berges: les graminées stabilisent le sol à l'échelle des mottes de terre grâce à leurs
racines, les arbustes fixent de petites portions de berges grâce à leurs racines et radicelles,
les arbres stabilisent le tout par sections de plusieurs mètres de berges.
• Fonction paysagère
La ripisylve contribue à l‘amélioration des paysages et du cadre de vie, pouvant ainsi
favoriser le développement d'activités touristiques.
• Fonction de corridor écologique
La ripisylve est un milieu particulier, qui a d'importantes fonctions d'abri et de source de
nourriture pour un grand nombre d'animaux (insectes, reptiles, oiseaux, mammifères,
poissons, crustacés...). Certaines espèces leur sont partiellement inféodées (loutre par
exemple),
d'autres
s'y
réfugient
lors
d'inondations
importantes.
C’est aussi une zone tampon pour la végétation. Les graines et boutures se déposent le
long des berges selon les espèces en fonction de la saison et de la hauteur de l'eau, mais
aussi de la capacité des graines à flotter plus ou moins longtemps ou à s'accrocher aux
aspérités des berges.
• Fonction d'habitat
Pour les habitants de la rivière (poissons, insectes), cavités, racines et radicelles offrent de
nombreux abris (courant et des prédateurs) et parfois de support de ponte. D'autre part,
l'ombre portée sur la rivière semble rassurante pour de nombreuses espèces qui réduisent
leur activité en pleine lumière (espèces lucifuges comme l’anguille par exemple). Elle
permet aussi de garder l'eau assez fraîche en été (essentiel pour les salmonidés) et de
limiter le colmatage de frayères par des algues.
C'est un écotone notamment apprécié du martin-pêcheur, des loutres, ou des castors (qui
la modifient et y entretiennent des ouvertures dans la strate arborescente).
• Fonctions épuratrice et inertielle
Le système racinaire de la ripisylve et les bactéries qui y sont associées constituent un filtre
épurateur pour certains polluants (phosphates et nitrates d'origine agricole ou urbaine par
exemple).
La ripisylve joue aussi un rôle majeur dans le ralentissement de l'onde de crue, contribuant
à limiter la force érosive du courant et participer à la rétention des sédiments (diminuant
le risque de surcreusement des rivières). Si elle est source de matériaux (branches, feuilles)
risquant de créer des embâcles en aval, elle en bloque d'autres venant de l'amont. Elle
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bloque également les déchets flottants lors des fortes crues.
 Évaluation de la qualité des ripisylves
L'évaluation qualitative et quantitative des ripisylves peuvent notamment porter sur:
 sa structure (strates verticales)
 son importance par rapport au linéaire de berge
 la diversité des essences, et la biodiversité qu'elle abrite
 sa naturalité (incluant la conservation d'espaces de divagation du cours
d'eau, de méandres, de bras morts, etc. absence de digue, murs, berges de
palplanches, tunages, etc.)
 son caractère de continuum biologique
 son épaisseur et son opacité (selon la saison)
 sa faune associée
 son état, et l'état de l'eau et des berges (signes d'érosion par le bétail, etc.)
 son degré de protection ou de vulnérabilité à la coupe
 sa capacité à préserver l'eau des engrais, pesticides ou autres polluants du
bassin versant.
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Zone 1 : Villeneuve de Rivière aux Ruines de la Valentinoise.
C’est une zone de méandres actifs débutant à la limite de la communauté de
Communes entre Labarthe de Rivière et Villeneuve de Rivière et allant jusqu’aux ruines de
l’ancien canal de la valentinoise, avant les carrières d’extraction du lac de Sède.
Il s’agit d’un secteur riche et diversifié. La ripisylve est très développée et c’est ici qu’elle
est la plus large sur le territoire de la communauté de communes.
C’est l’un des secteurs les plus intéressants de la Garonne St Gaudinoise. La
ripisylve y est dense et variée se confondant par endroit avec une forêt alluviale peu
bouleversée et des bois environnants bien entretenus. Cela amène une grande richesse
faunistique et floristique mais aussi un attrait paysager non négligeable.
C’est une Garonne « sauvage et naturelle » qui se livre par petits points de vue
depuis la route de Camon en rive droite (parcours cyclable de la Garonne) et depuis la
petite route du chemin de St Jean en rive gauche. Ainsi cela compense la difficulté à
accéder aux berges dans ce secteur.
L’ombrage fournit par les arbres permet de limiter la pousse des ronces, laissant ainsi un
sous-bois praticable malgré qu’il soit dense. Malheureusement le pied de berge et les
atterrissements sableux du lit commencent à souffrir de la colonisation de la renouée et de
l’impatiens au dépens des populations herbacées et hygrophiles… juste en bordure du
fleuve, cet espace, pourtant riche et primordial aux échanges entre milieu aquatique et
terrestre, tant à se banaliser et à s’appauvrir sous la concurrence de ces invasives.
Une succession de milieux se côtoient et se mêlent… berges sableuses, plages de galets,
forêts alluviales (chênaie-frênaie et saulaie-peupleraie…), bras morts, mares temporaires…
La diversité et la richesse de ces espaces font de ce secteur un atout environnemental non
négligeable.
Combiné à des enrochements formés de gros blocs en partie végétalisés, c’est le genre de
milieux que fréquente la Loutre commune (espèce citée dans l’annexe 2 et 4 de la Directive
Habitat). Il s’agit donc d’un secteur à préserver et où des inventaires plus poussés nous
renseigneraient sur la richesse réelle du milieu et de son intérêt écologique pour cette
espèce. (Rappelons que la Loutre est signalée sur le secteur d’Estancarbon).
Le Martin –pêcheur (annexe 1 de la Directive Oiseaux) a été aperçu à plusieurs reprises au
bord de la Garonne et dans les bras morts en sous-bois. La forte érosion des berges hautes
sablonneuses lui offre surement de nouvelles perspectives de gîtes, mais cela reste à
vérifier. Ce qui est certain c’est qu’il utilise le site pour se nourrir.
Il y a de nombreux méandres actifs sur ce secteur. La Garonne façonne son lit en
permanence. Cela créé d’importantes anses d’érosion notamment en rive droite près de la
ferme de Camon et en rive gauche en amont du Moulin de St Jean. C’est un phénomène
naturel qui témoigne de la dynamique du fleuve et permet de réalimenter le lit en
matériaux mobiles.
Malgré le fort potentiel environnemental et paysager de cette zone, il y a tout de
même quelques ombres au tableau…Les points négatifs de ce secteur sont l’odeur
nauséabonde provenant parfois de l’asticotière du Moulin de St Jean, les passages à gué
des gros engins de chantier des carrières et les trop nombreuses décharges sauvages en
rive gauche le long du bois de St Jean à Villeneuve de rivière et en rive droite le long de la
route de Camon … C’est un secteur où l’on trouve toutes sortes de déchets, des ordures
ménagères aux gravats en passant par les pneus et les déchets verts. Vraisemblablement le
déversoir du Canal de Camon est également un site de dépôts mais étant réalisés
directement dans le courant ceux-ci sont difficilement repérables et nettoyables.
Zone 2 : Lac de Sède.
S’étendant des carrières au pont de Valentine, c'est la zone la plus petite mais très
certainement la plus fréquentée. C'est aussi la plus anthropisée puisque, voisine des
carrières d'extraction de granulats, elle jouxte la zone de loisirs du lac de Sède. Comme le
fleuve est en ligne droite à cet endroit, le courant est rapide et la force érosive du courant
est donc importante surtout en période de crue. On peut aussi noter la restitution d’eau du
canal EDF Pointis/Valentine à la Garonne qui soumet parfois la zone à de brutales
variations de niveaux.
C’est une zone écologiquement très pauvre dont l’intérêt principal est qu’elle accueille déjà
du public et pourrait donc être un outil de connaissance de la ripisylve et des menaces qui
pèsent sur le fleuve.
L’état général de la ripisylve est très médiocre. Outre le fait que celle-ci ne soit par
endroit qu’un simple rideau de végétation, elle est également en mauvais état.
La rive droite, côté Valentine, est érodée et la faible végétalisation des berges n’assure pas
une protection suffisante lors des fortes crues…et il parait peu envisageable d’élargir la
ripisylve à 10m puisque le chemin d’exploitation de la carrière jouxte la rive et qu’une
pièce d’eau est située de l’autre côté. Un peu plus loin, cela serait plus facile puisqu’il s’agit
d’une culture, encore que la perte économique de quelques mètres carrés ne soit pas
toujours acceptable pour les riverains.
Les arbres sont âgés et peu d’arbustes sont là pour les remplacer. Plusieurs arbres morts
ont formés des chablis en chutant créant des phénomènes d’érosion de la berge.
En rive gauche, bien que la ripisylve occupe une place plus importante, l’état sanitaire
général n’est pas mieux et les invasives ont pris possession de la berge. Le long du lac par
exemple les Buddleja ont totalement envahis la berge et empêchent aujourd’hui les autres
espèces inféodées de s’implanter. Les arbres qui y subsistent, morts sur pied ou colonisés
par le gui et le lierre, n’assurent plus l’ombrage nécessaire au cours d’eau et à ses berges.
Le milieu est fermé et inaccessible, l’aspect visuel est déplorable.
Cette zone, pourtant fréquentée par le public dans sa partie haute, n’a pas d’accès facilité
aux berges. Et malgré la présence d’un parcours d’initiation à la pêche elle ne donne pas
envie de « s’approprier » les lieux… en effet une sorte de digue végétalisée de 3 à 5m de
dénivelé (taillis et arbres) sépare le fleuve de la base de loisirs du lac de Sède, et va en
s’amenuisant jusqu’au pont de Valentine. Et tout ce secteur est envahi par l’Impatiens et la
Renouée qui poussent à plus de 2m.
Au début 2011, une petite zone d’environ 500m2 avait été nettoyée des chablis de
peupliers la recouvrant. Puis elle avait fait l’objet d’une campagne de bouturage de saules
avec une école primaire du secteur. Les boutures avaient été prélevées sur les berges et les
îlets de la Garonne à proximité du barrage de Miramont et vers Pointis-Inard. Différentes
variétés de saules avaient été collectées (saules blancs et saules arbustifs de type marsault).
Au bout d’un an la grande majorité des boutures est bien implantée et une gestion légère
des invasives de la zone est maintenue pour favoriser le bon enracinement des saules
(1coupe /an + taille). Ce genre d’action pourrait être étendu sur une partie de la berge
gauche inondable. Car pour le moment, malgré la présence de quelques belles cépées de
cornouillers, aubépines, sureau et fusain, cette zone est moyennement diversifiée et peu
de saules subsistent encore.
C’est une berge où beaucoup de gens passent pour rejoindre la base de loisirs du Lac de
Sède. Située entre le passage des voitures et le va et vient incessant des camions de la
carrière, la ripisylve atténue les bruits de la circulation et propose aux » citadins » une
parenthèse verte. En effet outre l’aspect visuel médiocre, les carrières et la route sont
également sources de bruits pour les promeneurs.
Plusieurs coupes sous les lignes EDF forment des amas de branchages et sont très
disgracieuses dans le paysage. Ces coupes ne sont pas nettes et outre le fait qu’elles font
sales, elles sont des plaies ouvertes aux maladies et champignons.
Zone 3 : Valentine / St Gaudens / Miramont
Débutant au pont de Valentine au niveau du parcours d’entrainement de canoë-kayak
cette zone s’étend jusqu’au barrage de Miramont. Portion non court-circuité de Garonne,
ce segment n'est pourtant pas aussi « naturel » qu'on pourrait le croire. L’usine de pâte à
papier Tembec, en rive gauche, a un point de prélèvement dans le cours de la Garonne
avec un débit journalier de 52 000m3. Autre point à surveiller, la station d’épuration de Valentine qui pour le moment fonctionne bien.
La ripisylve est correcte mais dépasse rarement les 15m de large... La diversité y est faible
cependant les invasives y sont présentes en quantité limitée et plutôt en arrière de la ripisylve. Malgré le fort courant les berges ne souffrent pas trop d'érosion.
A proximité des zones urbaines, la Garonne souffre pourtant des détritus jetés dans son
cours et du manque d'entretien de sa ripisylve.
Coincée entre 2 routes passantes la Garonne est peu visible, hormis vue des ponts,
et ses berges ne sont pas fréquentées. Pourtant autrefois ce secteur était le rendez-vous
incontournable du dimanche. Chacun venait se balader sur les berges entre Valentine et
Miramont…on le surnommait à l’époque le chemin des amoureux.
Aujourd’hui les berges sont peu accessibles, et lorsqu’elles le sont on vient y déposer des
poubelles… La renouée s’y développe, occupant un espace déjà restreint qui pourrait
accueillir une végétation rivulaire beaucoup plus intéressante et pérenne. Les arbres sont
vieillissants, recouverts de lierre et de gui, et l’aspect général de la berge ne laisse rien
présager de bon. L’espace est parfois trop restreint pour permettre aux jeunes sujets
d’assurer la relève. La forte pression exercée sur la ripisylve par les activités voisines
(culture, route, industrie, village…) favorise le développement des ronces et des invasives
qui aiment les espaces remaniés et fragilisés. De nombreuses ruines sont présentes.
Certaines d’entre elles peuvent être utilisées par les chauves-souris pour gîter ou se
reposer lors de leur alimentation nocturne sur la Garonne.
Si la rive droite est intéressante pour son rôle de corridor écologique en lien étroit avec les
bois environnants à hauteur de Valentine, la rive gauche offre un plus grand potentiel
d’aménagement. En effet la rive gauche est bordée par la voie rapide, et l’espace entre cette
route et la Garonne n’est pas valorisée (sauf quelques peupleraies dans les endroits les
plus larges). Cela laisse donc un potentiel d’extension de la ripisylve qui pourrait
facilement être valorisé. De plus le canal d’Aulné serpente le long du fleuve ce qui apporte
une diversité supplémentaire et une belle mosaïque de milieux associés. Par endroit la
Garonne est à moins de 3 mètres du canal. Cela signifie que leur cours se confond lors des
crues et que des échanges d’espèces (faune et flore) peuvent alors avoir lieu.
A hauteur du bourg de Miramont la berge droite est quasiment dépourvue de ripisylve et
souffre d’érosion dans les sections non enrochées. La végétation présente, en rideau très
discontinu, est souvent sous-cavée et peu diversifiée. Il y a très peu d’arbres surplombant
des ronciers épars. Il y a même un point d’abreuvement où la berge est effondrée sous le
passage des bovins.
En rive gauche, un petit chemin passe entre la Garonne et le canal d’Aulné sous une belle
chênaie-frênaie. Cet espace est bien végétalisé, les différentes strates sont présentes et
harmonieuses, cependant il y a quelques secteurs où l’on trouve des invasives. En général
c’est là où il y a moins d’entretien (en se rapprochant de la centrale électrique du bourg de
Miramont), les arbres sont plus vieux et le sous-bois est impénétrable (ruines du moulin).
Par contre avec un peu plus d’entretien l’ilet formé face à l’usine électrique pourrait être
un bel exemple de saulaie-peupleraie.
Passé le pont de Miramont on note donc un écart de végétation important entre les deux
berges. Par contre le manque d’entretien est uniforme d’un côté comme de l’autre…
Dans l’usine hydroélectrique de Miramont, face au centre équestre de Ste Anne, se trouve
un nid de Cigogne blanche (annexe 1 de la Directive Oiseaux). Ainsi l’été il n’est pas rare
d’apercevoir ce magnifique échassier chasser en bord de Garonne. La cigogne apprécie les
pâtures et espaces ouverts où elle peut trouver sa nourriture plus facilement, mais elle
aime aussi les plages et ilets de la Garonne où elle trouve poissons, batraciens et petits
gastéropodes.
Zone 4 : Miramont / Estancarbon
C’est le secteur correspondant à la section court-circuitée par le canal EDF de
Miramont à St Sernin. Elle est donc sous l’influence directe des variations plus ou moins
brutales de ses niveaux d’eau. De plus le barrage de Miramont est un obstacle
infranchissable pour les poissons et autres habitants aquatiques de la Garonne.
C’est une zone assez vaste subissant très peu l’influence directe des villes et villages.
Cependant bien qu’en pleine campagne cette zone voit tout de même plusieurs décharges
(surtout en rive droite) venir polluer le lit du fleuve…
Le lit est encaissé sur la majeure partie du tracé, tantôt en rive droite, tantôt en rive
gauche, parfois des deux côtés. Ceci a pour conséquence d’avoir une force érosive
beaucoup plus importante lors des épisodes de crues, ce qui explique en partie l’état
médiocre de la ripisylve sur certaines zones.
Secteur plutôt calme et sauvage, on peut y rencontrer la Loutre d’Europe (Lutra lutra) qui
apprécie la végétation dense et les grands arbres des berges où elle peut établir sa catiche
(abri). Animal discret et solitaire, la loutre a besoin d’une nourriture abondante et variée
en corrélation avec le milieu où elle vit. Son territoire peut s’étendre à plus de 30Km2
autour d’un cours d’eau ou de milieux humides (mares, étangs, marais…). C’est d’ailleurs
un secteur où elle a été signalée comme résidente.
On note un écart important entre rive droite et gauche… Par endroits, principalement en
rive droite, la berge est nue ou réduite à un simple rideau mal entretenu. A d’autres
endroits une forêt rivulaire en sursis occupe l’espace (exploitation des parcelles et
vieillissement sans renouvellement). Beaucoup de bois morts jonche le sol, les ronces et la
renouée forment un sous-bois peu propice au développement des jeunes ligneux ou d’une
végétation herbacée adaptée. En règle générale, la végétation est plus importante quand la
berge est en pente douce, ce qui explique en partie que la rive gauche soit plus végétalisée
que la droite.
Cependant l’activité des espaces avoisinant joue également un rôle déterminant. Sur ce
secteur, lorsque la Garonne jouxte une pâture il n’est pas rare que la ripisylve soit réduite à
son strict minimum. Bien souvent il n’y a pas de séparation entre la zone de pâturage et la
ripisylve. Les animaux mangent les jeunes pousses et fragilisent les arbres et arbustes en
dévorant bourgeons et écorce.
Lorsque c’est un boisement exploité, le bois est coupé jusqu’en pied de berge… c’est alors
un gros traumatisme pour la végétation. Les caractéristiques du milieu changent
brutalement, permettant à des espèces héliophiles ou pionnières de prendre le dessus.
C’est encore si c’est une culture que la bande enherbée est la mieux respectée, permettant
alors à la végétation de se développer de manière plus équilibrée.
Les peuplements de pente pourraient être intéressants s’ils étaient en meilleur état. Mais
trop d’arbres sont morts et la broussaille colonise les parties plus planes de la paroi où les
orpins, fougères et autres plantes rupestres pourraient pousser.
Malgré quelques belles saulaies blanches (Directive Habitats) à régénération naturelle, la
majeure partie de la ripisylve est en mauvais état. Nombreux sont les arbres et arbustes
dépérissant, penchés ou cassés. Il y a un besoin évident de régénérer les peuplements afin
d’en assurer la survie. Ce secteur est sensible aux crues car comme expliqué plus haut, le
courant y est fort et ne trouve pas un lit majeur assez étendu pour en dissiper la force. La
végétation est donc soumise à rude épreuve…d’où l’importance qu’elle soit en bonne
santé.
Les invasives trouvent sur ce type de milieux fragilisés un terrain d’expansion approprié,
et aggravent encore la situation en concurrençant les jeunes ligneux et herbacées …
Le point noir végétal principal de cette zone se situe en rive gauche, à proximité du
pompage de Lamaguère (Labarthe Inard). A cet endroit le cours de la Garonne est coupé
en deux par une importante île végétalisée. Les berges sont très sous-cavées et la ripisylve
se compose d’un simple rideau d’ormes. Cette mono spécificité est dangereuse, mais elle
l’est encore plus à cause de l’essence même. L’orme est une espèce sensible à la graphiose.
La plupart des sujets meurt avant 10 ans… ainsi cette berge déjà soumise aux fortes crues
érosives et aux embâcles, va finir dénudée et s’effondrer. Le contour de l’île quant à lui est
peuplé de Buddleja et de ronces. De vieux frênes, peupliers et saules surplombent un tapis
de renouées et de ronces. Beaucoup de bois mort est charrié par les crues et vient
s’amonceler face à l’îlet en rive gauche (cf. Photo).
Sur ce secteur on remarque aussi des marques d’usages anciens et des curiosités naturelles
comme les alignements en dents de scies que forment les concrétions suite à l’évolution
du lit mineur.
Zone 5 : Pointis / Labarthe Inard (Les Hierles)
Débutant au niveau du canal de restitution de la centrale électrique de st Sernin,
cette zone, assez étendue se poursuit jusqu’à la limite est de la communauté de communes
à Labarthe Inard.
Ce secteur est fortement marqué par la confluence avec la rivière du Ger qui apporte une
vaste zone de divagation du lit avec tout son cortège de milieux humides, d’îlots et de bras
plus ou moins morts. C’est donc un secteur très riche à forte valeur écologique.
A côté de ça les barrages de la Papeterie du vicomte et de l’usine électrique du Fauguéras,
forment des obstacles à la libre circulation des eaux et des poissons, et peuvent être source
de brusques variations de niveaux.
Il y a sur cette zone également une nette différence entre la ripisylve de la berge droite et
celle de la rive gauche.
En rive droite, bien souvent, la ripisylve se compose d’un simple rideau d’arbres. Parfois
elle est absente sur plusieurs centaines de mètres…. Par contre on peut rencontrer de
belles saulaies blanches au niveau de la confluence. La zone de divagation est très
végétalisée. Il y a de grosses disparités au sein même de la rive.
Du côté gauche la ripisylve n’est pas très large mais offre toutefois un bon potentiel de
diversité. Avec une gestion adaptée elle peut permettre à une ripisylve saine et bien étagée
de se développer sans trop d’efforts.
Sur ce secteur il y a de nombreux atterrissements plus ou moins végétalisés, parfois nus,
parfois boisés, qui participent aux phénomènes de mobilité du lit.
Entre les seuils des barrages, les îlets et les atterrissements, il y a de nombreux sites
d’embâcles (mais de faible importance). Ces derniers sont principalement alimentés par le
bois morts des berges en amont et les branches cassantes des saules blancs. On note
également quelques détritus, mais assez peu comparé aux autres zones.
Les Hierles est un site géré par la CATeZH depuis plusieurs années. Ainsi cette zone
bénéficie d’un suivi particulier qui va en guider la gestion et influencer celle de toute cette
zone. Des relevés plus précis et des inventaires faunistiques et floristiques ont été réalisés
par leurs soins et permettent une connaissance plus poussée de la grande diversité qui
existe sur cette zone et sur la Garonne en générale.
Pas moins de 44 espèces de papillons ont été répertoriées sur cette zone, 21 espèces de
libellules, dont une espèce d’intérêt communautaire, l’Agrion de mercure, 20 espèces
d’orthoptères…
Zone 6 : Le Canal d'Aulné
Le canal d’Aulné prend sa source sur la commune de Labarthe de rivière à
proximité de l’asticotière du Moulin de st jean. Il serpente le long de la Garonne jusqu’au
Pré de Lamédan à Estancarbon. Ancien canal d’alimentation des moulins de Stournemil,
Crouzet et de Linos, il s’étend sur plus de 10 Km en lien étroit avec la Garonne. Parfois
moins de 3m les séparent…
D’ailleurs une grosse partie de son débit provient de la Garonne et le restant du ruisseau
de Lavillon qui le rejoint derrière le Lac de Sède.
Ce canal est une source de diversité pour la Garonne. Véritable vivier, il sert de nurserie
aux alevins et les échanges lors des crues permettent également un brassage végétal par
graines et boutures.
Pourvu d’une grande diversité de végétaux et arborant un joli panel d’oiseaux, le canal
d’Aulné est un atout pour la biodiversité. Il traverse hameaux, routes et prairies formant
un corridor écologique non négligeable.
La force de ce canal est d’avoir un cours naturel. Pas de berges en béton ni de vannes. C’est
un cours d’eau comme un autre sur le plan morphologique. Il part de la Garonne et
retourne à la Garonne. C’est un peu comme un bras secondaire… C’est aussi la raison pour
laquelle il est une zone à part entière de ce diagnostic sur la Garonne St Gaudinoise. Sa
richesse et sa diversité sont une réserve pour la Garonne. Les échanges entre ces 2 milieux
sont permanents.
Cependant l’avenir de ce canal est assez trouble. En effet le seuil qui l’alimente est en train
de s’effondrer et du coup il n’y a plus autant d’eau. De plus le manque global d’entretien
fait que son lit s’envase et se comble. La végétation des berges est par endroit tellement
dense que l’on ne voit plus le cours d’eau. Le Buddleja colonise les berges et en association
avec les ronces étouffe les autres plantes. Il est certain que si rien n’est fait on va vers une
banalisation du milieu et une disparition progressive de ce cours d’eau.
La problématique de ce canal est si complexe qu’elle nécessite une étude plus poussée que
nous ne ferons pas ici. Il faudrait réaliser une étude spécifique à ce canal pour mettre en
avant toute sa richesse et les enjeux liés à sa restauration.
Synthèse des menaces
La Garonne est délaissée depuis de trop nombreuses années. La ripisylve souffre du
manque d’entretien et la diversité de ses habitats diminue. De nombreux facteurs, passés
et présents, influencent et menacent la diversité et le bon état sanitaire du fleuve :
L’enfoncement du lit mineur est dû aux extractions massives de granulats en lit mineur,
ainsi qu’aux protections de berges contre l’érosion (enrochements). Cela réduit les apports
en matériaux grossiers arrachés des rives qui contribuaient à alimenter le lit du fleuve.
De plus, les barrages limitent les transports solides. Même si aujourd’hui la
règlementation est très stricte concernant les extractions en lit mineur cela a encore des
incidences néfastes. Notamment la baisse du niveau de la nappe alluviale sur l’ensemble
de la Garonne (qui est la cause principale de la dégradation des habitats riverains). Si cet
abaissement se poursuit, une grande partie des habitats humides déjà dégradés
disparaîtront.
De plus les prélèvements en période d’étiage et les faibles précipitations de ces dernières
décennies ne font qu’amplifier le phénomène.
La fragmentation de la Garonne par les barrages hydroélectriques et les seuils occulte la
libre circulation des espèces piscicoles et des organismes aquatiques et modifie les
courants. Les barrages retiennent également les éléments mobiles du lit.
De nombreuses sections de berges ont été aménagées pour protéger les terres riveraines (le
plus souvent des cultures) des phénomènes d’érosion. Associé à l’enfoncement du lit
mineur, cette artificialisation des berges a conduit à une réduction importante des berges
naturelles en pentes douces où poussent les végétations herbacées hydrophiles comme les
roselières, indispensables aux espèces qui les utilisent pour leur reproduction ou leur
alimentation. Ces enrochements empêchent aussi l’approvisionnement naturel du fleuve
en matériaux.
Il faut également relever une menace supplémentaire : la pollution de l’eau. En effet
même si pour le moment les usines et stations d’épuration semblent donner de bons
résultats, la Garonne n’est pas à l’abri d’un incident… De plus le nombre important de
décharges sauvages est préjudiciable à la qualité de l’eau de la Garonne. Outre le fait que
tous ces déchets soient disgracieux et parfois dangereux (verre brisé, barre métallique
saillante…), il y a également un risque sanitaire qui est peu évoqué. Lors des prospections
de terrain, il a été vu de multiples fois des emballages de médicaments et des produits
toxiques (entretien, huile vidange, antigel…). Ces molécules invisibles ont un impact sur
les micro-organismes et la fertilité des poissons. C’est une menace sournoise que l’on se
doit de prendre au sérieux.
Bilan
Au vu de toutes les informations collectées pour réaliser ce diagnostic, plusieurs
freins à l’appropriation citoyenne des berges de Garonne sont identifiés. C’est une
impression globale très négative qui pousse la population à se désintéresser de leur fleuve.
La Garonne est sale. Elle est perçue comme une décharge à ciel ouvert pour les riverains.
Il suffit de se promener à proximité pour voir des poubelles, des gravats, des appareils
ménagers… Des plastiques s’accrochent aux branches et des pneus encombrent les berges.
La Garonne est inaccessible. La plupart des berges ne sont pas praticables, soit à cause de
leur morphologie trop abrupte, soit à cause de la végétation qui la colonise de manière
excessive. Les plantes invasives s’élèvent parfois à plus de 2 mètres… les ronces forment
des buissons denses infranchissables… les branches et les troncs qui jonchent le sol
rendent les déplacements difficiles et périlleux. Il faut parfois marcher longtemps pour
découvrir le cœur du fleuve.
La Garonne est méconnue. Le mauvais aspect général de la ripisylve donne une image
très négative de la Garonne. Arbres morts, fourrés de ronces, plantes invasives, décharges
sauvages ne donnent absolument pas envie de s’aventurer sur les rives. Pourtant la variété
étonnante de milieux et l’histoire locale sont riches et gagnent à être connus.
Tous ces freins identifiés sont en lien avec des enjeux fonctionnels et écologiques
suivants :
 Les zones d’expansion des crues sont en régression à cause des
aménagements sur le lit mineur (barrages, seuils, enrochements…).
 La nappe alluviale risque d’être polluée par les ordures en tous genres
jonchant la surface, notamment les pesticides et les molécules
médicamenteuses.
 Suite à l’abaissement de la nappe alluviale, on assiste à une déconnection des
annexes fluviales. Les bras morts sont déconnectés du lit mineur et
n’assurent plus leur rôle de filtre et de régulateur de crues.
 Malgré la grande diversité de milieux de la Garonne St Gaudinoise, les
habitats sont morcelés et très perturbés. Il y a des habitats d’intérêts
communautaires sur la zone mais leur état général est préoccupant et en
constante perte de diversité. On assiste à une banalisation des milieux et des
berges (peuplements vieillissants, invasives, assèchement progressif …)
 Les espèces d’intérêt communautaires sont des espèces très sensibles aux
bouleversements de leur habitat… La baisse de diversité perçue aujourd’hui
ne fera que s’amplifier et cela très rapidement, amenant à la disparition de
ces espèces et d’une partie du patrimoine local.
 La culture du fleuve n’est absolument pas mise en avant. Il y a pourtant un
intérêt patrimonial fort et une histoire privilégiée avec la Garonne. En
témoignent les vestiges des moulins et les anciens canaux. Cela est d’autant
plus dommage qu’il y a un potentiel d’ouverture au public et de
vulgarisation des connaissances sur le fonctionnement de la Garonne.
Annexe
Les planches suivantes présentent des photos de la Garonne et de sa ripisylve, zone par
zone.
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