Goitre multinodulaire - Surveiller les risques de malignité

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Actualité S anté
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Goitre multinodulaire
Surveiller les risques de malignité
Pathologie fréquemment renc ontrée, le goitre thyroïdien
peut poser des problèmes diagnostiques mais sur tout
thérapeutiques. Ainsi plus d ’une f emme sur deu x après
60 ans a un nodule thyroïdien, d ’où l ’intérêt de palper le
cou des patientes sur tout dès c et âge.
L
e “goitre” (du latin guttur,
“gorge”) est un terme très
imprécis qui ne désigne pas
une maladie. Il signifie simplement
une thyroïde plus grosse que la
normale. Dans toutes les maladies
thyroïdiennes, on retrouve ce terme
de “goitre” difficile à distinguer du
nodule. Dans le cas du goitre, toute
la glande thyroïde augmente de
volume. Cela provoque, à la base
du cou, un renflement qui peut être
énorme ou à peine visible. Le
nodule, quant à lui, se caractérise
plutôt par une petite masse circonscrite sur la thyroïde. Habituellement, il n'est pas suffisamment
gros pour être apparent. Dans de
rares cas, des nodules se forment
sur un goitre. La thyroïde est alors
gonflée et bosselée : il s'agit du
goitre multinodulaire.
Diagnostic
Ce peut être une découverte due au
hasard d’un examen médical, ou
encore faite suite à un autorepérage
du patient devant la glace lors de sa
toilette, ou encore la cause de douleurs cervicales antérieures avec
dysphagie. Dans tous les cas, la palpation soigneuse du cou, l’examinateur étant placé derrière le patient
assis, permet d’apprécier le volume
et la consistance de la thyroïde.
Étant donné la fréquence de la
pathologie, elle doit faire partie de
l’examen classique, même en
dehors de tout signe d’appel. On se
doit aussi, dans ce contexte, de
rechercher la présence éventuelle
d’adénopathies cervicales. Le plus
souvent c’est une augmentation globale du volume total ou partiel de la
glande qui est sentie à la palpation
plus que les nodules eux-mêmes,
en fait, rarement perçus. Autant de
soupçons qui sont d’abord confirmés par l’échographie appréciant la
glande dans ses dimensions et son
contenu. Les nodules sont visualisés ; leur nombre, leur taille, leur
caractère sont indiqués : hypo-, isoou hyperéchogène. Le reste de la
glande est analysé selon les mêmes
abaques : hypo- ou hyperéchogène.
Parallèlement, un examen sanguin
renseigne sur le taux de l’hormone
hypophysaire TSH. Selon le niveau
retrouvé, on est en hyper-, hypo- ou
euthyroïdie.
Le dosage des anticorps antithyroïdiens permet de caractériser une
thyroïdite. Celui de calcitonine,
dans un contexte de nodule isolé,
un cancer médullaire. Si la TSH est
normale, que les nodules sont des
kystes inférieurs à 1 cm, on arrête là
les investigations. Dans les cas
contraires, on pratiquera une scintigraphie. Voire une cytoponction
guidée à la recherche d’une
atteinte tumorale. On ciblera essentiellement les nodules hétérogènes
et microcalcifiés. En cas de goitre
plongeant et risquant d’être compressif, on complétera le bilan par
une radiographie du thorax et une
IRM.
Traitement
Le bilan effectué, le traitement sera
différent selon les résultats obtenus.
Lorsque les nodules sont petits et
que l’on est en euthyroïdie, un traitement freinant l’évolution, à la L-thyroxine est possible. Il doit faire baisser la TSH en maintenant un taux
normal de T4. Lorsque les nodules
dépassent 3 cm, la chirurgie est la
règle. En cas d’hypothyroïdie avec
TSH augmentée : le lévothyrox doit
faire baisser la TSH < 2 µu/ml. Dans
tous les cas et devant les risques de
transformation, la surveillance doit
être particulièrement attentive.
Un suivi attentif
Le risque de transformation des
goitres multinodulaires en lymphome ou en cancer est toujours à
craindre en filigrane.
La palpation clinique sera au minimum annuelle, et la surveillance clinique devra aussi s’attacher aux
paramètres généraux comme le
poids, l’état cardiovasculaire, l’état
général. Suivra ou non une échographie selon les résultats, voire
une cytoponction. Lorsqu’un traitement freinant l’évolution est instauré, le dosage de TSH sera
semestriel.
En cas d’intervention pour une
pathologie bénigne, la surveillance
portera sur les paramètres déjà vus
et sur le maintien d’une TSH entre
0,8 et 1,5 µu/ml.
JB
Per sonne s à r i s q u e
• Les personnes ayant un
proche parent porteur d’un
nodule à la thyroïde.
• Les personnes âgées.
• Les personnes ayant déjà eu
un trouble de la thyroïde.
• Les personnes ayant déjà reçu
une radiothérapie à la tête ou au
cou.
• Les personnes ayant été exposées à des particules radioactives émanant de tests
nucléaires ou d’accidents,
comme celui de Tchernobyl en
1986. Dans leur cas, on note une
augmentation du risque de cancer de la thyroïde. Les effets peuvent se faire sentir jusqu’à plusieurs milliers de kilomètres de
distance de l’émanation radioactive. Les impacts sur la thyroïde
peuvent apparaître plusieurs
années après l’exposition.
Infos
...
Les causes du
goitre simple
La cause la plus
fréquente du goitre
est une carence
alimentaire en iode.
L'iode est un élément
essentiel au bon
fonctionnement de la
thyroïde. La
grossesse et
certaines maladies
inflammatoires ou
immunitaires peuvent
aussi entraîner un
goitre.
Professions S anté Infirmier Infirmière N ° 63 • mai 2005
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