La rationalisation des activités sociales

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> La rationalisation
des activités sociales
M. Weber
Séquence 8-SE00
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© Cned – Académie en ligne
Chapitre 1
> La rationalisation des activités sociales
chez Weber
Chapitre 2
..........................................................................................................................
Max Weber : sa vie, son œuvre
Une sociologie compréhensive et explicative
La rationalisation des activités sociales
Le capitalisme et la bureaucratie : deux exemples de rationalisation
> Limites et actualité de la thèse wébérienne
Rationalité et efficacité ?
L’irrationel dans les sociétés modernes
................
Sommaire séquence 8-SE00
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La rationalisation des activités
sociales chez Weber (1864-1920)
L’étude de la rationalisation des activités sociales à partir de l’œuvre de Weber n’est pas rattachée à
un chapitre particulier du programme de terminale. Le caractère transversal du thème permet d’étudier
cette séquence aussi bien en début d’année (après l’introduction) qu’en fin de parcours.
Introduction
L’Allemagne qu’observe Weber fin 19e début 20e est celle de l’émergence rapide d’une économie capitaliste (grands centres industriels, concentrations ouvrières) qui s’accompagne d’un bouleversement
des relations sociales et des organisations ouvrières.
Max Weber comme Tocqueville, Marx et Durkheim va s’interroger sur l’apparition d’une nouvelle société.
En effet, les changements liés à la première révolution industrielle déstabilisent le fonctionnement de
la société alors basé sur la tradition et la religion. C’est un ordre social nouveau en rupture avec les
sociétés traditionnelles que les fondateurs vont chercher à analyser.
Selon Max Weber « le processus de rationalisation des activités sociales » présenté dans ce chapitre
est la caractéristique la plus significative des sociétés modernes occidentales. C’est un processus qui
touche tous les domaines de l’activité humaine.
Max Weber : sa vie, son œuvre (p 466 du manuel)
a. Biographie
Sociologue allemand, Max Weber est né en 1864 à Erfurt dans une famille bourgeoise et protestante. Il
y côtoie de nombreux intellectuels et hommes politiques. Après des études brillantes dans des domaines
très variés (droit, économie politique, philosophie, histoire et théologie), il soutient sa thèse en 1891. Il
débute une carrière d’universitaire qu’il abonnera dès 1891 suite à des problèmes de santé. Il effectue
alors plusieurs voyages à l’étranger et oriente sa réflexion vers la sociologie. Il rédige de nombreux
articles et travaille à son œuvre majeure « Économie et société » qui fera l’objet d’une publication
posthume. Au cours de la dernière période de son existence, Max Weber occupe des responsabilités
politiques. Il meurt en 1920 d’une pneumonie.
b. Ses œuvres principales
L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905)
Le savant et le politique (1919)
Économie et société (1922).
Une sociologie compréhensive et explicative
a. Une sociologie compréhensive (rappels)
Comme nous l’avons vu en introduction de spécialité, pour Max Weber, le sociologue doit chercher
à comprendre les motifs des actions des individus ainsi que les conséquences. C’est une sociologie
compréhensive.
b. Un outil spécifique : « l’idéal type »
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Exercice La construction de l’idéal-type
Document 1
« L’idéal-type peut être défini comme une construction épurée qui permettra de faire le lien entre des
observations empiriques et la perspective théorique. Il s’agit d’un instrument de la connaissance qui rend
la réalité plus intelligible, en sélectionnant et en accentuant les traits les plus significatifs des situations
observées. Dans la sociologie webérienne, l’idéal-type possède un double statut. D’une part, il est construit
pour rendre compte d’une situation historique singulière (la ville antique, le christianisme médiéval...).
D’autre part, il est aussi élaboré pour rationaliser, sous forme de catégories analytiques générales, une
pluralité de situations historiques (idéal-type de la ville, du christianisme, etc.). »
Dictionnaire de sociologie.
Questions
Donnez la définition de l’idéal-type.
L’idéal-type reflète-t-il fidèlement tous les aspects de la réalité ?
Un idéal-type est donc une représentation simplifiée de la réalité construite en accentuant ses traits
spécifiques et en supprimant tout ce qui peut paraître accessoire. C’est un modèle.
Exemple : l’esprit du capitalisme qui est défini selon Max Weber à partir de deux valeurs : le travail
et l’épargne. Les différentes formes de domination étudiées par Max Weber ou encore les différentes
activités sociales (traditionnelles, affectives, rationnelles en valeur, rationnelle en finalité) étudiées
dans le point 3.
c. Les différentes activités sociales
L’analyse des activités des individus en société est au cœur de la théorie de Max Weber puisqu’il s’agit
de comprendre ce qui motive les individus d’agir de telle ou telle façon.
Exercice Déterminants de l’activité sociale
Document 2
Comme toute autre activité, l’activité sociale peut être déterminée : a) de façon rationnelle en finalité
[zweckrational], par des expectations du comportement des objets du monde extérieur ou de celui d’autres
hommes, en exploitant ces expectations comme « conditions » ou comme « moyens » pour parvenir rationnellement aux fins propres, mûrement réfléchies, qu’on veut atteindre ; b) de façon rationnelle en valeur
[wertrational], par la croyance en la valeur intrinsèque inconditionnelle – d’ordre éthique, esthétique, religieux
ou autre – d’un comportement déterminé qui vaut pour lui-même et indépendamment de son résultat ; c) de
façon affectuelle [affektuel], et particulièrement émotionnelle, par des passions et des sentiments actuels ;
d) de ration traditionnelle [traditional], par coutume invétérée.
1. Le comportement strictement traditionnel – tout comme l’imitation par simple réaction (voir paragraphe
précédent) – se situe absolument à la limite, et souvent au-delà, de ce qu’on peut appeler en général une
activité orientée « significativement ». Il n’est, en effet, très souvent qu’une manière morne de réagir à
des excitations habituelles, qui s’obstine dans la direction d’une attitude acquise autrefois. La masse de
toutes les activités quotidiennes familières se rapproche de ce type qui entre dans la systématique non
seulement comme cas limite, mais aussi parce que (on le verra plus loin) l’attachement aux coutumes peut
être maintenu consciemment en des proportions et en un sens variables : dans ce cas, ce type se rapproche
déjà du type discuté sous 2
2. Le comportement strictement affectuel se situe également à la limite et souvent au-delà de ce qui est
orienté de manière significativement consciente ; il peut n’être qu’une réaction sans frein à une excitation
insolite.
[...]
3. Agit d’une manière purement rationnelle en valeur celui qui agit sans tenir compte des conséquences
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prévisibles de ses actes, au service qu’il est de sa conviction portant sur ce qui lui apparaît comme commandé
par le devoir, la dignité, la beauté, les directives religieuses, la piété ou la grandeur d’une « cause », qu’elle
qu’en soit la nature. L’activité rationnelle en valeur consiste toujours (au sens de notre terminologie) en une
activité conforme à des « impératifs » ou à des « exigences » dont l’agent croît qu’ils lui sont imposés.
[...]
4. Agit de façon rationnelle en finalité celui qui orient son activité d’après les fins, moyens et conséquences
subsidiaires [Nebenfolge] et qui confronte en même temps rationnellement les moyens et la fin, la fin et les
conséquences subsidiaires et enfin les diverses fins possibles entre elles. En tout cas, celui-là n’opère ni par
expression des affects (et surtout pas émotionnellement) ni par tradition. La décision entre fins et conséquences concurrentes ou antagonistes peut, de son côté, être orientée de façon rationnelle en valeur : dans ce
cas l’activité n’est rationnelle en finalité qu’au plan des moyens. Il peut également arriver que l’agent, sans
orienter de façon rationnelle en valeur d’après des « impératifs » ou des « exigences » les fins concurrentes
et antagonistes, les accepte simplement comme des stimulants de besoins subjectifs donnés qu’il dispose en
un ordre hiérarchique selon un critère consciemment réfléchi de l’urgence et y oriente ensuite son activité de
telle façon qu’il puisse les satisfaire dans la mesure du possible en respectant cet ordre (tel est le principe du
« marginalisme »). L’orientation rationnelle en valeur peut donc avoir avec l’orientation rationnelle en finalité
des rapports très divers. Du point de vue de la rationalité en finalité cependant, la ratinalité en valeur reste
toujours affectée d’une irrationalité et cela d’autant plus que l’on donne une signification plus absolue à la
valeur d’après laquelle on oriente l’activité. Cela vient de ce que la rationalité en valeur spécule en général
d’autant moins sur les conséquences de l’activité qu’elle prend plus inconditionnellement en considération
la seule valeur intrinsèque de l’acte (la pure conviction, la beauté, le bien absolu ou le devoir absolu). La
rationalité absolue en finalité n’est elle aussi, pour l’essentiel, qu’un cas limite théorique.
Max WEBER, « L’Éthique Protestante et l’esprit du capitalisme ». © Éditions PLON
Question
Faire un tableau qui reprenne les quatre types d’activités sociales avec a. leur définition et b. un
exemple.
Dans la réalité, l’activité se rapproche plus ou moins de l’un de ces types idéaux, bien souvent, elle les
combine.
La rationalisation des activités sociales se traduit par l’élargissement du champ des actions rationnelles
en finalité au détriment des actions traditionnelles.
Cette rationalisation touche l’ensemble des activités sociales qui se dégagent de l’emprise de la tradition
pour se définir en fonction d’une logique propre de l’efficacité et du calcul.
La conséquence de cette rationalisation est le « désenchantement du monde ».
La rationalisation des activités sociales
a. Du processus de rationalisation…
Exercice La rationalisation des activités et le « désenchantement du monde »
Document 3
La rationalisation touche d’abord la sphère économique : l’organisation scientifique du travail, la gestion, la
comptabilité en sont les expressions les plus nettes. M. Weber qualifie ce mode d’organisation de « bureaucratie ». Il précise d’ailleurs que la bureaucratie n’est pas spécifique aux grandes entreprises capitalistes
ou à l’administration publique. Elle s’étend aussi aux partis politiques ou certains ordres religieux, etc.
La rationalisation de la vie politique correspond au règne des experts et des administrateurs. La jeune nation
allemande dont M. Weber est l’observateur est, sur le plan du pouvoir, tiraillée entre ces deux tendances.
D’une part, l’Allemagne connaît l’évolution générale des États modernes vers la centralisation administrative,
la normalisation juridique, l’installation d’une démocratie représentative. D’autre part, le pouvoir aristocratique, autoritaire et patriarcal du Reich wilhelmien1 reste très présent. La rationalisation de l’activité sociale
s’applique également à toutes les formes de pensée. Elle s’exprime bien sûr à travers l’essor des sciences
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et des techniques. La Laïcisation et la technicisation de la pensée mettent fin à l’univers des mythes et des
croyances religieuses. Le monde perd ses dieux, ses fées, ses esprits maléfiques. C’est en ce sens qu’il parle
de « désenchantement du monde ».
Sociologie : la construction des idées Jean-François Dortier, Les Sciences Humaines,
panorama des connaissances, Sciences Humaines Éditions, 1998 p. 285.
Histoire des idées sociologiques
La notion de rationalité mérite un examen spécifique car elle comporte chez Weber, une multiplicité de sens.
Il a d’ailleurs souligné lui-même la polysémie du terme et sa relativité. Ainsi l’activité scientifique en tant
qu’elle élabore des modèles abstraits du monde est différente de celle du client qui achète un produit en
fonction du meilleur rapport qualité/prix.
a) La notion de rationalité renvoie d’abord à l’idée de calcul et d’efficacité. L’introduction de la comptabilité,
des techniques de gestion dans l’activité économique (commerce ou industrie) signifie que les critères de choix
sont fixés en fonction de méthodes rigoureuses et abstraites. En ce sens, elle s’émancipe du jugement.
b) La rationalisation des activités suppose l’autonomisation et la spécialisation des fonctions sociales : pour
que l’économie ou la sphère culturelle puisse introduire des procédures rigoureuses dans le mode de gestion,
il faut qu’elles se dégagent des contraintes religieuses pour suivre leur logique propre. L’émergence d’une
science rationnelle, positive et empirique suppose une émancipation à l’égard de la théologie et la philosophie. Pour que l’entreprise s’engage dans une gestion méthodique de ses activités, il lui faut se séparer
complètement de la communauté familiale. Ce thème de l’automatisation des sphères de la vie sociale est
présent chez Marx (division du travail).
Le passage d’une économie de droit traditionnel à une économie de droit moderne implique une « universalisation » et une « dépersonnalisation des rapports sociaux ». Dans la gestion rationnelle du travail
de l’entreprise capitaliste, les rapports formels et impersonnels du capitaliste au salarié se substituent aux
rapports d’homme à homme du travail artisanal. Un droit systématique, universel et formel se substitue
aux coutumes locales et aux rapports d’allégeance personnelle des sociétés précapitalistes. Ce thème de
la dépersonnalisation des liens sociaux est présent chez d’autres sociologues allemands contemporains de
Weber. Chez Thonnies, le passage de la communauté à la société. Chez Simmel, l’économie marchande
entraîne un processus de « formalisation » des liens sociaux. Calcul et choix stratégique, autonomisation des
fonctions, universalisation et formalisation des activités sociales, telles sont les critères de la rationalisation.
La plupart des sphères de l’activité sociale sont concernées par ce processus dans le domaine culturel.
Sociologie : la construction des idées Jean-François Dortier, Les Sciences Humaines,
panorama des connaissances, Sciences Humaines Éditions, 1998 p. 285..
Questions
Dans quels domaines la rationalité se développe-t-elle ?
En quoi toutes les activités sociales sont-elles marquées par la rationalité ?
Que faut-il entendre par désenchantement du monde ?
Pour Weber, un principe unique fonde et oriente toutes les activités sociales dans les sociétés modernes :
la rationalité.
L’ensemble des activités sociales se dégagent de l’emprise de la tradition et du sacré pour se définir
en fonction d’une logique propre de l’efficacité et du calcul (exemple comptabilité et techniques de
gestion dans l’activité économique). On assiste à une autonomisation et une spécialisation des fonctions
sociales (exemple, avec l’apparition du salariat, séparation de la sphère familiale et professionnelle).
Les rapports sociaux deviennent informels et impersonnels, c’est « l’universalisation et la formalisation
des rapports sociaux ».
b. … au désenchantement du monde
La conséquence de cette rationalisation est le désenchantement du monde : la magie et le surnaturel
disparaissent progressivement comme moyens d’explication des phénomènes dont les hommes sont
les témoins.
1. « L’empire allemand » créé par Bismark et proclamé à Versailles en 1871.
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Le capitalisme et la bureaucratie :
deux exemples de rationalisation
a. Capitalisme et recherche rationnelle de profit
L’action capitaliste
Exercice Définition
Document 4
La « soif d’acquérir », la « recherche du profit », de l’argent, de la plus grande quantité d’argent possible,
n’ont en eux-mêmes rien à voir avec le capitalisme. Garçons de cafés, médecins, cochers, artistes, cocottes,
fonctionnaires vénaux, soldats, voleurs, croisés, piliers de tripots, mendiants, tous peuvent être possédés
de cette même soif – comme ont pu l’être ou l’ont été des gens de conditions variées à toutes les époques
et en tous lieux, partout où existent ou ont existé d’une façon quelconque les conditions objectives de cet
état de choses. Dans les manuels d’histoire de la civilisation à l’usage des classes enfantines on devrait
enseigner à renoncer à cette image naïve. L’avidité d’un gain sans limite n’implique en rien le capitalisme,
bien moins encore son « esprit ». Le capitalisme s’identifierait plutôt avec la dénomination [Bändigung], à
tout le moins avec la modération rationnelle de cette impulsion irrationnelle. Mais il est vrai que le capitaliste
– il est recherche de la rentabilité. Il y est obligé. Là où toute l’économie est soumise à l’ordre capitaliste,
une entreprise capitaliste individuelle qui ne serait pas animée [orientiert] par la recherche de la rentabilité
serait condamnée à disparaître.
Définissons à présent nos termes d’une façon plus précise qu’on ne le fait d’ordinaire. Nous appellerons
action économique « capitaliste » celle qui repose sur l’espoir d’un profit par l’exploitation des possibilités d’échange, c’est-à-dire sur des chances (formellement) pacifiques de profit. L’acquisition par la force
(formelle et réelle) suit ses propres lois et il n’est pas opportun (mais comment l’interdire à quiconque ?)
de la placer dans la même catégorie que l’action orientée (en dernière analyse) vers le profit provenant
de l’échange. Si l’acquisition capitaliste est recherchée rationnellement, l’action correspondante s’analysera en un calcul effectué en termes de capital. Ce qui signifie que si l’action utilise méthodiquement des
matières ou des services personnels comme moyen d’acquisition, le bilan de l’entreprise chiffré en argent
à la fin d’une période d’activité (ou la valeur de l’actif évalué périodiquement dans le cas d’une entreprise
continue) devra excéder le capital, c’est-à-dire la valeur des moyens matériels de production mis en œuvre
pour l’acquisition par voie d’échange.
Max WEBER, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme.
© Éditions PLON
Questions
Quel est le but de l’action capitaliste ?
À quoi s’oppose-t-elle et avec quoi ne faut-il pas la confondre ?
Le but du capitalisme n’est pas « l’appât du gain » mais la recherche rationnelle du profit pour accroître
le capital de l’entreprise. L’activité capitaliste est une activité rationnelle en finalité.
Max Weber a voulu montrer l’existence d’une homologie entre la morale puritaine du protestantisme
et l’idéologie nécessaire à l’essor du capitalisme.
Il part du constat suivant : le capitalisme occidental (dont il situe l’émergence au XVIème est né dans des
régions fortement influencées par le protestantisme.
Éthique protestante et esprit du capitalisme
Pour Max Weber, l’esprit du capitalisme se caractérise par la recherche du profit et de l’accumulation
du capital, par les moyens d’une organisation rationnelle du travail et de la production.
Raymond Aron, Les Étapes de la pensée sociologique, © Éditions GALLIMARD. «Tous les droits d’auteurs de ce texte sont réservés.
Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite ». www.gallimard.fr
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Exercice L’éthique protestante
Document 5
Questions
Rappelez ce qu’est la doctrine de la prédestination.
En quoi la prédestination pouvait-elle être intolérable pour le fidèle ?
Quelle est la signification de l’activité professionnelle du calviniste ?
En quoi l’éthique protestante est-elle favorable au capitalisme ?
Éthique protestante et esprit du capitalisme présentent selon M. Weber « des affinités électives ».
L’esprit du capitalisme peut se définir comme un type de conduite caractérisé par la recherche de
profits toujours accrus grâce à l’utilisation rationnelle et méthodique des moyens de production et
des conditions du marché.
L’éthique protestante correspond à la conception calviniste de la « prédestination ».
Selon la doctrine calviniste, l’homme est prédestiné et ne peut modifier les intentions de Dieu. Si un
individu arrive à s’enrichir, il doit s’enrichir non pour lui mais au profit de Dieu afin de participer à
l’œuvre divine. Durant sa vie, il devra :
- pratiquer l’ascétisme
- bannir la paresse, l’oisiveté et participer à l’édification de Dieu par son travail
- investir ses richesses et les faire fructifier.
Il doit donc consacrer sa vie au travail, à l’accumulation et ne pas dépenser en consommations
ostentatoires.
L’ascétisme protestant (éthique protestante) a permis de lever tous les obstacles qui s’opposaient à la recherche rationnelle du profit et de l’investissement.
b. La bureaucratie
La bureaucratie est une autre illustration de la rationalisation des activités sociales. C’est un mode
particulier d’organisation dont les principales caractéristiques sont les suivantes :
- Le pouvoir y est fondé sur la « compétence et non sur la coutume et la force. »
- Il s’inscrit dans le cadre d’une réglementation impersonnelle.
- L’exécution des tâches est divisée en fonctions spécialisées aux contours méthodiquement définis.
- La carrière est réglée par des critères objectifs : ancienneté, qualifications…
La forme la plus pure de la bureaucratie est l’administration mais Weber considère que les grandes
entreprises s’en approchent. Il considère que cette évolution va dans le bon sens car il estime que ce
type d’organisation est plus efficace que l’ancienne qui était fondée sur des relations personnelles et
inégalitaires. (par exemple un serf et son seigneur.)
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Limites et actualité de la thèse
webérienne
Rationalité
et efficacité ?
a. Les limites de l’OST
Exercice La rationalité contre l’efficacité ?
Document 6
Le courant des relations humaines est né en réaction contre le « rationalisme » de Taylor et des résistances syndicales au système de l’OST. L’école des Relations humaines s’est faite connaître à partir des
enquêtes menées de 1927 à 1933 dans les ateliers Hawthorne de la Western Electric sous la direction
d’Elton Mayo (1880 1949). La direction de l’entreprise, souhaitant améliorer ses résultats, demanda à des
universitaires d’étudier les comportements des salariés face à diverses améliorations des conditions de
travail ou à des augmentations de salaire. Les recherches réalisées à la Western Electric allaient montrer
que les relations interpersonnelles au sein de l’entreprise, aussi bien en ce qui concerne les rapports
entre la direction et les salariés que l’entente entre les ouvriers appartenant à un même atelier, étaient
primordiales en matière d’augmentation de la productivité et d’amélioration de la qualité des produits.
La contribution théorique de l’école des Relations humaines sert souvent à démontrer, en sociologie du
travail, les limites du taylorisme. Elle permet d’expliquer les origines des effets pervers habituellement
accolés à la parcellisation des tâches (tum-over, absentéisme, dégradation de la qualité des produits). Le
travailleur est un agent humain qui a besoin d’être inscrit dans un système de reconnaissance sociale,
de comprendre les instructions qu’il est amené à recevoir de ses supérieurs et de participer de manière
active à l’exercice de sa propre tâche.
J. C. Drouin, Les Giandes Notions de la sociologie, PuF, 1997.
Questions
Quelles sont les observations faites dans le cadre de l’école des Relations humaines ?
En quoi remettent-elles en cause l’analyse de M. Weber ?
b. Le cercle vicieux de la bureaucratie
Weber a montré que l’organisation bureaucratique est plus efficace et plus respectueuse de la liberté
des individus que celle qui l’ont précédée. Le pouvoir des bureaucrates est limité car strictement réglementé. Cependant, il en a sous-estimé les effets pervers qui ont été étudiés notamment par Michel
Crozier (voir corrigé exercice 7).
Exercice La rigidité des routines
Document 7
→ Voir page suivante
Séquence 8-SE00
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Le Phénomène bureaucratique, Sami Naïr,
© Éditions du Seuil, 1964,
coll. Points Essais, 1991.
Question
Résumez, puis illustrez à l’aide d’exemples les quatre principaux problèmes que connaissent les
organisations bureaucratiques.
Exercice Le cercle vicieux bureaucratique
Document 8
Le Phénomène bureaucratique, Sami Naïr,
© Éditions du Seuil, 1964, coll. Points Essais, 1991.
Question
Présentez sous forme de schéma les enchaînements qui conduisent Michel Crozier à parler de « cercle vicieux bureaucratique ».
L’irrationnel
dans les sociétés modernes
Exercice Le paranormal aujourd’hui
Document 9
« Selon un sondage réalisé par CSA/la vie/Le Monde en mars 2003, 43 % des Français interrogés ont déclaré
croire (tout à fait ou un peu) aux prières exaucées, 43 % aux miracles, 37 % aux explications des caractères
par les signes astrologiques, et 23 % aux prédictions croyances ».
Les résultats de ce sondage montrent que la recherche d’explications du monde par des phénomènes surnaturels n’a pas disparu. La thèse du désenchantement peut donc être relativisée.
Question
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Séquence 8-SE00
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Quelles formes prennent les croyances irrationnelles, dans les sociétés modernes ?
Un certain nombre d’individus attribue aujourd’hui encore une place importante dans leurs explications de certains phénomènes au magique et au surnaturel. Cela contredit la thèse de Max Weber du
« désenchantement du monde ».
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