Théâtre Vidy-Lausanne Février à mai 14

publicité
Théâtre Vidy-Lausanne
Février à mai 14
e
r
t
â
é
h
T
u
d
t
e
4
6
o
p
x
E
’
l
e
e nniversaire d
50 a
7 juin 2014
du 29 avril au
n
o
i
t
c
e
r
i
d
e
l
l
e
uv
o
n
a
l
e
d
n
o
i
at
m
m
a
r
g
o
r
p
Première e de la prochaine saison
un prologu
14 juin 2014
du 12 mai au
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014
Nº 44
Théâtre Vidy-Lausanne
Février à mai 14
e
r
t
â
é
h
T
u
d
t
e
4
6
o
p
x
E
’
l
e
e nniversaire d
50 a
7 juin 2014
du 29 avril au
n
o
i
t
c
e
r
i
d
e
l
l
e
uv
o
n
a
l
e
d
n
o
i
at
m
m
a
r
g
o
r
p
Première e de la prochaine saison
un prologu
14 juin 2014
du 12 mai au
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014
Nº 44
© Didier Gourdon
CALIBRE RM 007
BOUTIQUE RICHARD MILLE GRAND HOTEL KEMPINSKI GENEVE
BUCHERER St Moritz
EMBASSY JUWEL Luzern
KIRCHHOFER HAUTE HORLOGERIE Interlaken
www.richardmille.com
© Collection Monnard
Sommaire
5
Les premières propositions de la nouvelle direction
Un prologue de la prochaine saison, du 12 mai au 14 juin 2014.
Exposition pour le cinquantième anniversaire de l’Expo64 et
du Théâtre.
Lecture du Paradoxe sur le comédien de Diderot par Denis Podalydès
et Gabriel Dufay.
6
François d’Assise
Et si François d’Assise n’était pas qu’un saint ? Adel Hakim nous propose une autre vision de cet homme d’une remarquable modernité.
7
VieLLeicht
Mélissa Von Vépy, marionnettiste libre de toute pesanteur, défie l’impossible avec grâce, virevoltant au bout de fils nourriciers.
9
Cinématique
Un ballet digital où des formes géométriques, des lignes, des points,
des lettres de l’alphabet partent à la rencontre du corps des danseurs.
De nos jours [Notes On The Circus]
L’art du cirque revisité avec fraîcheur. Quatre artistes à la fois danseurs,
comédiens et circassiens nous ramènent à l’essence même du cirque.
10
Trois regards croisés
Trois metteurs en scène suisses s’expriment sur leur rapport au métier
sous la plume d’un des leurs : Vincent Brayer.
Les demeurées
L’accès au savoir d’une fille peut s’avérer douloureux voire tragique
pour sa mère qui vit hors du monde. L’auteure Jeanne Benameur, en
dentellière, pose les mots et ceux-ci viennent se nouer dans la gorge.
Didier Carrier, lui, les cueille et les coud sur scène.
11
Bourlinguer
Blaise Cendrars retourne sur les traces de son enfance napolitaine
et Jean-Quentin Châtelain, sous la conduite de Darius Peyamiras,
nous accompagne dans ce voyage intérieur plein d’images et d’odeurs
exotiques.
13
Richard III
Laurent Fréchuret replonge dans Shakespeare en s’emparant cette
fois-ci du plus vil de ses personnages, Richard III, interprété par
Dominique Pinon.
15
17
Journal de ma nouvelle oreille
Zabou Breitman et Isabelle Fruchart présentent une pièce à écouter
avec les yeux pour redécouvrir le monde des sons.
Le Master orientation mise en scène
Une formation haute en couleur présentée par la Manufacture (HETSR)
Seule la mer
Banalité, tendresse et rêves brisés. Un récit humain où tout un chacun
saura se retrouver. Amos Oz raconte l’histoire, Denis Maillefer en est
l’architecte.
18
Portraits d’hommes du monde
Habib Dembélé, Koffi Kwahulé et Hassane Kassi Kouyaté .
19
Misterioso-119
Audacieusement exposé par Kwahulé, l’univers d’une prison où douze
femmes partagent leur rébellion rythmée par un bebop déchaîné.
Goldfish
Inbal Pinto et Avshalom Pollak nous entraînent dans leur dernier
fabuleux voyage scénique. Entre danse et comédie, des histoires burlesques et légères, bien déjantées.
20
Galilée, le mécano
Certains génies ne se révèlent que sur le tard. Galilée en fait partie.
Marco Paolini ressuscite cette figure mythique dont l’étonnante vivacité d’esprit n’a pas pris une ride.
21
Théâtre Kléber-Méleau
La double inconstance
Comédie en trois actes de Pierre de Marivaux qui se déroule au
XVIIIe siècle, à la cour d'un prince imaginaire.
22
Informations
23
Calendrier
Le Théâtre Vidy-Lausanne,
hier, aujourd’hui et demain
Le 30 avril 1964 l’Exposition nationale de Lausanne s’ouvrait avec, dans le
pavillon « Eduquer et créer » conçu par Max Bill, une salle de spectacle. Une
dizaine d’années plus tard cette salle est devenue le Théâtre Vidy-Lausanne
sous l’impulsion du metteur en scène Charles Apothéloz. Pour célébrer ce
cinquantième anniversaire nous organiserons dans nos murs une exposition
qui évoquera cette manifestation et son idée de la modernité et du progrès
et nous rendrons hommage à ces deux personnalités qui ont marqué dès sa
genèse l’identité de ce lieu.
Depuis cinquante ans, sous la conduite des directions successives de
Charles Apothéloz, Franck Jotterand, Pierre Bauer et Jacques Bert, puis
Matthias Langho±, René Gonzalez, Thierry Tordjman et René Zahnd et
grâce à la volonté politique de la Ville et du Canton, le Théâtre a grandi,
s’est transformé, pour devenir un des lieux importants du théâtre
en Europe.
Ce journal vous présente la programmation de février à mai 2014, élaborée
l’an passé par mes prédécesseurs. Elle vous fera voyager de Suisse en Afrique,
en passant par l’Angleterre de Shakespeare d’aujourd’hui et l’Italie de Galilée,
et en faisant la part belle aux écritures contemporaines.
Ensuite, fort de cet héritage d’un demi-siècle, ma responsabilité et mon ambition est d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire du Théâtre Vidy-Lausanne.
Je souhaite qu’il soit un lieu où des artistes, d’ici ou d’ailleurs, prennent le
risque d’inventer le théâtre et la danse d’aujourd’hui, un lieu où se croisent
de nombreux spectateurs, de toutes les générations et curieux de l’art, un lieu
d’échanges et de débats, un lieu ouvert sur le monde qui rayonne sur son territoire comme à l’étranger.
Avec toute l’équipe, nous sommes en train de préparer activement la prochaine saison 2014-2015 avec de nouvelles productions qui seront créées ici
et de nombreux artistes qui viendront pour la première fois. Nous vous la
raconterons le 19 mai 2014.
Mais, dès le printemps prochain, nous avons envie de vous présenter certains de ces créateurs qui s’inscriront dans le nouveau paysage de Vidy. Nous
sommes en train d’imaginer un « Prologue » de la future saison, avec pendant
un mois, du 12 mai au 14 juin 2014, une dizaine de spectacles de théâtre et de
danse. Nous vous donnons rendez-vous le 27 mars 2014 pour vous le dévoiler.
Au plaisir de vous retrouver au Théâtre, aujourd’hui et demain.
Vincent Baudriller
Directeur du Théâtre Vidy-Lausanne
Lausanne, le 20 janvier 2014
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
03
Photo de couverture :
Vue aérienne du pavillon
« Eduquer et créer » de l’Expo64
conçu par Max Bill.
Seul, subsiste aujourd’hui,
le Théâtre Vidy-Lausanne.
Ci-dessus :
Photo de la cour des arts du
pavillon « Eduquer et créer » de
l’Expo64 conçu par Max Bill en
1964. Cette cour est aujourd’hui
la terrasse du Théâtre VidyLausanne.
P
U
B
L
I
C
I
T
E
ORCHESTRE
DE LA SUISSE ROMANDE
13.02.2014
20.02.2014
13.03.2014
05.06.2014
THÉÂTRE BEAULIEU LAUSANNE
20H15
THÉÂTRE BEAULIEU LAUSANNE
20H15
THÉÂTRE BEAULIEU LAUSANNE
20H15
THÉÂTRE BEAULIEU LAUSANNE
20H15
DIRECTION
DIRECTION
DIRECTION
DIRECTION
NEEME
JÄRVI
LARS
VOGT
PIANO
JOHANNES BRAHMS
SYMPHONIE Nº 3
EN FA MAJEUR OP. 90
EDVARD GRIEG
CONCERTO POUR PIANO
ET ORCHESTRE
EN LA MINEUR OP. 16
NEEME
JÄRVI
VADIM
REPIN
TRULS
MØRK
CHARLES
DUTOIT
LOUIS
LORTIE
PIANO
THIERRY
FISCHER
JEANGUIHEN
QUEYRAS
VIOLON
WOLFGANG AMADEUS MOZART
CONCERTO POUR PIANO
ET ORCHESTRE N° 22
EN MI BÉMOL MAJEUR KV 482
OTTORINO RESPIGHI
LES FÊTES ROMAINES
LES FONTAINES DE ROME
LES PINS DE ROME
VIOLONCELLE
VIOLONCELLE
PIOTR ILYITCH TCHAÏKOVSKI
MARCHE SOLENNELLE DU COURONNEMENT
JOHANNES BRAHMS
DOUBLE CONCERTO POUR VIOLON,
VIOLONCELLE ET ORCHESTRE
EN LA MINEUR OP. 102
DIMITRI CHOSTAKOVITCH
SYMPHONIE Nº 11 EN SOL MINEUR
OP. 103, «L’ANNÉE 1905»
AVANT-CONCERTS :
19H30, CONFÉRENCES PRÉLUDES
INFORMATIONS ET BILLETTERIE
WWW.OSR.CH, 021 807 00 00
CLAUDE DEBUSSY
LE MARTYRE DE SAINT SÉBASTIEN,
FRAGMENTS SYMPHONIQUES
MICHAEL JARRELL
EMERGENCES (NACHLESE VI)
POUR VIOLONCELLE ET ORCHESTRE
(CRÉATION SUISSE)
HECTOR BERLIOZ
ROMÉO ET JULIETTE OP. 17,
EXTRAITS SYMPHONIQUES
L’Orchestre de la Suisse Romande bénéficie du soutien de
la Ville de Genève, de la République et canton de Genève et de l’Etat de Vaud.
Photo © Sprint / Corbis
BaseGVA (www.basedesign.com)
Billetterie de l’OCL
Rue Saint-Laurent 19
1003 Lausanne
Lu-ve 9h00-13h00
CONCERT
DÉCOUVERTES
CONCERT
D’ABONNEMENT
CONCERT
DU DIMANCHE
19 FÉVRIER 2014 - 17H00
3 & 4 MARS 2014 - 20H00
9 MARS 2014 - 11H15
JEAN-FRANÇOIS ZYGEL
conception, piano et commentaire
FRANK PETER ZIMMERMANN
direction et violon
BERTRAND DE BILLY
direction
ORCHESTRE DE CHAMBRE
DE LAUSANNE
ORCHESTRE DE CHAMBRE
DE LAUSANNE
ORCHESTRE DE CHAMBRE
DE LAUSANNE
SALLE MÉTROPOLE - LAUSANNE
SALLE MÉTROPOLE - LAUSANNE
AZIZ SHOKHAKIMOV
direction
photo : olivier pasqual
LA 5e SYMPHONIE
Musique de FRANZ SCHUBERT
moserdesign.ch
SAISON
2013-2014
SCANNEZ ET DÉCOUVREZ
NOTRE SAISON AU TRAVERS
D’ARTICLES, INTERVIEWS,
IMAGES ET VIDÉOS.
HAUTE ÉCOLE
DE MUSIQUE
DE LAUSANNE
WWW.OCL.CH
SALLE MÉTROPOLE - LAUSANNE
DAVIDE BANDIERI
clarinette
Œuvres de
WOLFGANG AMADEUS MOZART
021 345 00 25
CURZIO PETRAGLIO
cor de basset
Œuvres de LUIGI CHERUBINI
et FELIX MENDELSSOHN BARTHOLDY
CONCERTS
MASTERCLASSES
CRÉATIONS
WWW.HEMU.CH
Les premières propositions de la nouvelle direction
Lecture de Gabriel Dufay et Denis Podalydès
en écho à l’exposition « Le goût de Diderot » à
la Fondation de l’Hermitage.
En prologue de sa première saison qui sera
annoncée le 19 mai 2014, la nouvelle direction a
choisi de vous présenter, dès le printemps prochain, une dizaine de spectacles pour vous permettre de découvrir certains des artistes qui vont
marquer le futur paysage de Vidy.
Des orientations artistiques apparaîtront déjà :
une ouverture aux artistes suisses, alémaniques
et romands, aux théâtres étrangers, à un théâtre
politique et documentaire ainsi qu’à la danse
contemporaine. Vincent Baudriller vous présentera le programme de ce prologue le 27 mars 2014.
Vincent Baudriller
Le Théâtre Vidy-Lausanne,
Max Bill et l’Expo64
Du 29 avril au 7 juin 2014
Plus d’informations dès le 28 mars
sur www.vidy.ch
Denis Podalydès
Le montage des textes proposés est réalisé par
Gabriel Dufay.
Et là, entre 1927 et 1929, il est l’élève des plus
grands, Kandinsky, Klee, Moholy-Nagy ou
Schlemmer. De la formation pluridisciplinaire si
particulière à cette institution fondée par
Walter Gropius, Max Bill gardera l’habitude de
traiter l’environnement comme un tout et le
besoin de toujours tout remettre en question. Des
principes que, vingt ans plus tard, il va mettre en
pratique à la Hochschule für Gestaltung d’Ulm,
une nouvelle école née dans l’après-guerre et qui
se veut l’héritière du Bauhaus. Il en a planifié le
programme et les bâtiments. Il en sera le premier
recteur.
Max Bill
Expo64
A l’été 1964, 11’728’406 millions de spectateurs
visitent la sixième exposition nationale suisse,
mise en place à Lausanne. 250’000 mètres carrés
ont été gagnés sur le lac pour y installer à Vidy un
large complexe qui comprend une salle de spectacle conçue par l’architecte Max Bill. Durant
quatre mois, les visiteurs peuvent arpenter la voie
suisse et découvrir les œuvres de Jean Tinguely,
approcher le mésoscaphe de Jacques Piccard,
traverser les pavillons qui mettent en valeur le
travail, l’agriculture, les transports et l’éducation. Tout ce qui fait la culture d’une Suisse se
présentant alors entre folklore et avant-garde.
A l’occasion du cinquantième anniversaire
de cet événement, le 29 avril 2014, le Théâtre
Vidy-Lausanne, qui demeure le seul vestige du
complexe, ouvre en ses murs une exposition
retraçant l’Expo64.
En partenariat avec la Ville de Lausanne,
la Cinémathèque, le Musée de l’Elysée, l’EPFL
et la RTS.
Paradoxe sur le comédien de Denis Diderot n’est
pas uniquement un ouvrage théorique, il s’agit
aussi d’un dialogue vif et enlevé entre deux interlocuteurs conversant à bâtons rompus sur l’art de
l’acteur.
Gabriel Dufay et Denis Podalydès, deux acteurs
et metteurs en scène complices que nous avons
déjà pu applaudir à Vidy, ont consacré un entretien sur le sujet à l’occasion de la nouvelle édition
de l’ouvrage canonique de Diderot en 2012. La
boucle est ici bouclée, puisqu’ils interpréteront
des extraits du Paradoxe sur le comédien dans
le cadre d’une lecture exceptionnelle en écho à
l’exposition « Le goût de Diderot » à la Fondation
de l’Hermitage.
Dimanche 30 mars à 17h00
Salle Charles Apothéloz
© Archives Max Bill, Fondation Max, Binia et Jakob Bill, Adligenswil
Le programme sera disponible
dès le 28 mars 2014 au Théâtre ou en ligne
sur www.vidy.ch.
Ouverture de la billetterie également à cette date.
Diderot et l’art
de l’acteur
© Christophe Raynaud Delage
© Ilka Kramer
Du 12 mai
au 14 juin 2014 :
un prologue
de la prochaine
saison
Le Théâtre Vidy-Lausanne a cinquante ans cette
année. Presque une vie d’homme, beaucoup de
péripéties, d’anecdotes et d’aventures. Au départ,
tel Achille, le bâtiment est en e±et promis à une
existence glorieuse, mais brève. Il a pour berceau
l’Exposition nationale suisse de 1964 – dont les
aménagements se veulent éphémères – et pour
père l’un des créateurs les plus en vue à l’époque,
le peintre, sculpteur, graphiste, designer, enseignant et bien sûr architecte Max Bill (1908-1994).
Le Théâtre n’est alors qu’un élément dans un
ensemble plus vaste, le pavillon du secteur 2b
intitulé « L’art de vivre : Eduquer et créer ».
Max Bill ? L’homme mérite d’être présenté. En
Suisse romande, il est en e±et moins connu
aujourd’hui qu’un Jean Tinguely. Il a pourtant
joué un rôle clé dans la vie artistique et culturelle du XXe siècle. Max Bill, donc, est né un
22 décembre 1908 à Winterthour. Fils de chef
de gare, il grandit parmi les rails et les trains,
un environnement particulier que l’on ne peut
s’empêcher de mettre en lien avec son amour des
droites et des lignes. Elève apparemment turbulent, le jeune homme commence par étudier
l’orfèvrerie à l’Ecole des arts appliqués de Zurich
avant d’entrer au prestigieux Bauhaus de Dessau.
Lorsqu’il est sollicité pour participer à l’organisation de l’Expo64, Max Bill est donc au faîte
de sa renommée. Créateur rigoureux, engagé et
exigeant, il a participé aux plus importants combats artistiques et politiques de son temps. Il a
tenté de créer un art libre et autonome, régi par la
logique et la géométrie, en rupture radicale avec
la réalité (le fameux « art concret zurichois »). Il a
développé une architecture volontairement non
spectaculaire, soucieuse « d’être économique et
d’éviter toute dépense inutile ». Homme de gauche
actif en politique, il n’a pas hésité à prendre des
risques et à se mettre à dos ses citoyens lorsqu’il
s’agissait de défendre ses idéaux.
Quand, à l’occasion de son quatre-vingtième
anniversaire, nous l’avions interrogé sur les
raisons de ce débordement d’activités, il nous
avait répondu avec ferveur : « Pourquoi ? Mais
pour trouver des solutions aux problèmes qui
se posent à moi. On n’a jamais fi ni de se poser
des questions. » A ses yeux, il n’existait pas non
plus de hiérarchie entre les arts dits nobles et
les arts appliqués. Il avouait néanmoins une préférence pour l’architecture, « le domaine le plus
complexe ».
En 1960, Max Bill n’est pas un novice en matière
d’architecture d’exposition. On lui doit notamment le pavillon suisse, primé, de la Triennale
de Milan de 1936. A Lausanne, mettant en pratique son intérêt de longue date pour la production industrialisée et la préfabrication, l’architecte
imagine une structure simple et astucieuse composée d’éléments modulaires qui peuvent se juxtaposer, s’empiler ou s’emboîter en fonction des
besoins. Un peu comme dans un meccano géant.
Résultat : un pavillon de 18 600 m2 conçu comme
une petite ville. Max Bill opte « pour une architecture abstraite, compatible avec le lieu mais non
pas spécifiquement conçue pour lui. De même par
rapport au thème, il renonce délibérément à toute
évocation par l’image de l’identité nationale »,
écrit Sylvain Malfroy dans « Expo64 Lausanne,
Pavillon Eduquer et créer ». Construit sur un terrain meuble – par une vaste opération de com-
blement, plus de 200 000 m 2 ont été gagnés sur
le lac pour l’Expo64 –, le pavillon de Max Bill
sera réalisé en vingt-quatre mois. Il est inauguré
le 30 avril 1964. Moins d’un an plus tard, tout,
sauf le théâtre et quelques espaces attenants, est
démantelé et revendu en petites unités à divers
acquéreurs qui s’en serviront comme entrepôts.
Le Théâtre, lui, est sauvé grâce à l’intervention
du grand Charles Apothéloz. Le metteur en scène
lausannois avait été chargé de la programmation
de la salle durant l’Expo64. Il va persuader les
autorités municipales de racheter le bâtiment et
de le conserver – ce que du reste avait souhaité
Max Bill. Il prend la direction de la salle et y établit le Centre dramatique de Lausanne dès 1972.
Une deuxième vie commençait.
[…]
Mireille Descombes
L’Expo, miroir des années soixante
Dans la mémoire collective de la Suisse romande,
l’Expo64 reste le moment fort d’une décennie
prospère où tout semblait possible. On inaugurait la première autoroute et on découvrait les
ordinateurs, le lave-vaisselle, les HLM, la société
des loisirs mais aussi les prémisses de la contestation politique. Pour retracer et décoder cette
« belle » époque dont l’Expo64 a été le moment
fort, la RTS proposera une émission spéciale
au Théâtre Vidy-Lausanne. Avec la projection
en plein air d’images inédites, de nombreuses
séquences d’archives, un reportage qui remontera le temps, les témoignages d’anciens protagonistes ou visiteurs de l’Expo et le regard pointu
de divers observateurs qui n’étaient encore pas
nés en 1964…
Eric Burnand
Journaliste et producteur RTS
Diffusion le 30 avril,
jour du 50e anniversaire,
à 20h15 sur RTS1
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
05
Du 4 au 23 février 2014
Chapiteau Vidy-L
Mise en scène :
Adel Hakim
Adaptation :
Robert Bouvier
Adel Hakim
Assistante à la
mise en scène :
Nathalie Jeannet
Scénographie :
Yves Collet
En collaboration avec :
Michel Bruguière
Création lumière :
Ludovic Buter
Création son :
Christoph Bollmann
Direction technique :
Bernard Colomb
Avec :
Robert Bouvier
Durée :
1h25
Age conseillé :
dès 14 ans
Genre :
théâtre
© Mario Del Curto
François d’Assise
d’après Joseph Delteil
Coproduction :
Compagnie du Passage – Neuchâtel
Théâtre Vidy-Lausanne
Théâtre St-Gervais – Genève
Centre culturel suisse – Paris
Théâtre des Quartiers d’Ivry
Création au Théâtre Saint-Gervais
en mars 1994
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
06.02.
07.02.
08.02.
09.02.
10.02.
11.02.
12.02.
13.02.
14.02.
15.02.
16.02.
17.02.
18.02.
19.02.
20.02.
21.02.
22.02.
23.02.
20h30
19h00
20h30
17h00
relâche
20h30
20h30
20h30
19h00
20h30
17h00
relâche
20h30
20h30
20h30
19h00
20h30
17h00
Personnalité exubérante, François d’Assise a inspiré écrivains et cinéastes. Antonin Artaud, Julien
Green, Roberto Rossellini, Pier-Paolo Pasolini,
tous ont été séduits par l’homme qui parlait
aux oiseaux, figure complexe s’il en est. D’une
étonnante modernité, écologiste avant l’heure,
sceptique à l’égard du progrès, ce personnage
emblématique du catholicisme se voue aux plus
démunis mais s’intéresse également à l’art des
troubadours… C’est un poète, un philosophe, un
être plein de désir, attiré par l’aventure. Il s’engage dans le tourbillon de son époque avec une
fougue joyeuse, une curiosité insatiable.
Le metteur en scène Adel Hakim et le comédien
Robert Bouvier se sont emparés du roman de
Joseph Delteil, François d’Assise, dont ils signent
l’adaptation à la scène. Depuis la création du
spectacle en 1994, Robert Bouvier incarne ce
personnage fascinant, dans un monologue aussi
truculent que poétique. Une aventure d’une
durée inouïe, rarement vue, qui témoigne d’une
alchimie, d’une tension qui ne s’atténue pas mais
qui, au contraire, résiste au temps. Retour sur un
parcours tout à fait singulier.
Robert Bouvier, comment avez-vous découvert
François d’Assise, roman à la langue chatoyante
et musicale, dont l’auteur, Joseph Delteil, semble
aujourd’hui tombé dans l’oubli ?
En 1991, je jouais à Assise, au sein d’une compagnie internationale, un spectacle sur le thème
des croisades. La troupe, formée de Français et de
Palestiniens, se déchirait. Nous étions en pleine
Guerre du Golfe et cela suscitait un débat passionné. Lors des répétitions, nous avons évoqué la
figure de François d’Assise, lui qui durant les croisades avait voulu convertir le sultan d’Egypte.
Ma curiosité était piquée, j’ai visité son couvent, à
Assise, lu tous les livres que j’ai pu trouver à son
sujet, de Christian Bobin à Nikos Kazantzakis.
Alors que les tensions redoublaient dans la compagnie, l’un des comédiens a cité cette phrase de
Delteil tirée du roman François d’Assise : « Il n’y a
qu’une guerre, c’est l’esprit de guerre. » J’ai trouvé
cela si beau, si juste. J’ai emprunté le livre et je
suis tombé amoureux de la langue si sensuelle,
si jubilatoire de Delteil. Il y a chez cet auteur une
attention portée aux sonorités des mots, à leur
musicalité, dans un élan lyrique qui me touche
profondément. Après avoir connu de grands succès littéraires et s’être brouillé avec les surréalistes, Delteil a fui les mondanités parisiennes
pour adopter un style de vie simple, vivant désormais retiré dans sa maison du sud de la France, la
Tuilerie de Massane. Très vite, il est tombé dans
l’oubli, d’autant que sa famille n’a jamais promu
son œuvre. Après un long périple pour obtenir les
droits d’auteur, j’ai proposé ce texte au metteur en
scène Adel Hakim, pour lequel j’avais déjà interprété deux autres pièces, Prométhée enchaîné et
Le parc.
Qu’est-ce qui vous a fasciné dans la figure de
François d’Assise ? Est-ce sa foi inébranlable, un
certain rapport aux valeurs ?
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
06
C’est l’homme, avec sa pensée si moderne, et non
le saint que nous avons voulu porter à la scène.
« Je prétends que tout homme, s’il le veut, peut
devenir François d’Assise, sans être saint le moins
du monde ! » écrivait d’ailleurs Delteil. Loin d’être
une hagiographie, François d’Assise est un vrai
récit d’initiation, vif et poétique, explorant une
vie tumultueuse. Delteil ne nomme d’ailleurs
pas son roman Saint François d’Assise mais bien
François d’Assise. Il s’intéresse plutôt au poète,
au guerrier, au bâtisseur. Car François d’Assise ne
s’est jamais éloigné de la vie matérielle, bien au
contraire. Il s’y est totalement plongé, connaissant la guerre, la maladie, puis se confrontant
aux exigences de la communauté, lorsqu’il crée
l’ordre des franciscains. Mais ce précurseur, ce
grand amoureux de la nature, est aussi un homme
impulsif, courant parfois à sa propre perte.
Pendant la guerre, il découvre que le mal à combattre est d’abord en lui-même et rend les armes
sur-le-champ. Plus tard, il imaginera un ordre
laïc ouvert à tous, suscitant la crainte du Vatican.
C’est cette liberté absolue, celle d’un esprit spontané et ouvert, qui m’a profondément inspiré.
Dans une époque nihiliste, marquée par le pessimisme et la crise ambiante, ce spectacle apporte
un sou≥e d’optimisme et d’espoir vivifiant. Car
même trahi par ses frères, pratiquement limogé,
exclu de l’ordre qu’il a créé, François d’Assise n’a
jamais cessé de s’interroger sur la manière de se
réinventer au quotidien. Douter, se remettre en
question, c’était sa philosophie quotidienne. Ce
personnage m’a permis de garder une curiosité,
un émerveillement pour les choses simples de la
vie. L’enthousiasme, qui sur le plan étymologique
signifie avoir Dieu avec soi, est au cœur de cette
ode à la vie.
Comment incarne-t-on un personnage qui reste
tellement énigmatique ?
Ce qui est intéressant, c’est le goût prononcé de
François d’Assise pour la théâtralité, pour la fantaisie, certainement hérité de sa mère qui adorait les troubadours. Toute sa vie, dans une forme
d’identification absolue, il a vécu comme le Christ,
s’entourant d’apôtres, mettant en scène une
crèche vivante dans laquelle il demandait aux
villageois de jouer tous les rôles, celui des mages,
des bergers, de Joseph et de Marie. Il aurait même
reçu les stigmates, les cinq plaies du Christ s’imprimant dans sa chair. Je ne me suis jamais dit que
j’incarnais un saint mais plutôt un homme habité
par le mystère, infiniment instinctif. En adaptant
le roman, le metteur en scène Adel Hakim a su
créer la distance nécessaire, l’espace pour que la
parole du conteur se déploie. Je me suis attaché
à la langue musicale de Delteil, proche du jazz,
pour trouver le rythme de mon personnage. Juste
avant les premières répétitions, j’ai réalisé un
court-métrage, Claire et François, inspiré de la vie
de François d’Assise. Avec plusieurs acteurs, nous
sommes partis à l’étranger tourner une série de
flash-back sur la jeunesse du saint. On y découvre
sainte Claire, son grand amour, jouée par Valérie
Dréville. Si ces plans n’ont finalement jamais été
utilisés, ils m’habitent encore aujourd’hui. Enfin,
je trouve une forme d’écho entre l’engagement
religieux et la condition du comédien. Ce dernier
consacre toute sa vie à la scène, dans une forme
de radicalité absolue. Je suis habité par le théâtre,
par les voix des grands poètes et des dramaturges comme Alfred de Musset, Albert Cohen,
Jean-Pierre Milovano± et bien sûr Joseph Delteil.
Oui, il y a bien quelque chose de sacré ici aussi.
Si les spectacles ont aujourd’hui une durée de
vie souvent limitée, vous jouez François d’Assise
depuis 1994. En tant que comédien, comment
se réinvente-t-on sur vingt ans, sur plus de trois
cents représentations ? Le temps permet-il de
faire évoluer, grandir son personnage ?
Avec le temps, certains aspects du personnage résonnent plus fortement en moi.
L’investissement que j’ai fourni pour le Théâtre du
Passage, dont je suis le directeur, m’a permis de
comprendre le combat mené par François d’Assise
pour la création de son ordre. Mais aussi de ressentir sa grande désolation quand celui-ci se voit
menacé de dissolution. Je saisis mieux son inquiétude, teintée de désespoir. J’ai commencé à jouer
ce rôle il y a vingt ans, quand j’étais plus vif, plus
souple. Mais j’ai gagné en profondeur, en maturité. Ce rôle m’a permis de conserver une forme
de légèreté, de candeur enfantine, très éloignée
de mon rôle de directeur, lourd de responsabilités. Dans ma recherche de comédien, je travaille
avant tout sur mes manques, mes maladresses,
mon côté hésitant. « Pour écrire la vie d’un personnage, il faut réinventer son âme », a≤rme
d’ailleurs Delteil. François d’Assise, c’est cette
mélodie que je connais par cœur et avec laquelle
je peux m’amuser, rêver. Chaque soir, je tente de
réinventer la partition avec plus d’audace, j’improvise, je me joue des tours.
La scénographie du spectacle, très minimaliste,
dévoile un plateau presque nu, jonché de terre
et de tôle, qui rappelle le théâtre populaire de
Jacques Copeau. « Un chant d’oiseau, un soupir
du vent ne sont possibles que sur une scène où il
n’y a pas d’arbres, aucun décor », écrivait ce dernier. Cela vous est-il apparu comme une nécessité face au dépouillement de François d’Assise ?
Absolument, la scénographie témoigne de la simplicité sans esbroufe du personnage. Quelques
gerbes de blé, un petit muret, de la tôle, des sacs
en plastique, une guirlande d’ampoules su≤sent
ici à recréer son monde, laissant place à l’imaginaire. Parfois, nous avons joué ce spectacle
en plein air, sans décor, juste pour entendre en
bruit de fond le sou≥e du vent. Le costume du
personnage est lui aussi essentiel pour traduire
une grande humilité. Chez Emmaüs, communauté proche du message de François d’Assise,
nous avons trouvé un vieux pantalon et une
corde. C’est à l’image de sa modestie. Rappelons
aussi quel sens la nudité a eu dans l’histoire de
François. Traîné en justice par son propre père,
déshérité, il s’est dépouillé de ses habits devant
celui qui était un grand drapier d’Assise, avant
d’entamer une nouvelle vie. S’il est arrivé que
certains spectateurs soient choqués de me voir
dévêtu, cette composante est pourtant omniprésente dans les représentations picturales du
saint. Cela me rappelle le geste de ce banquier qui
courait nu dans la rue après avoir rendu son costume-cravate à ses patrons, écœuré par l’univers
de la fi nance. Chez François d’Assise, je retrouve
ce même mélange de transgression jubilatoire, à la
fois épique et baroque.
Propos recueillis par Olivia Barron
Du 11 au 22 février 2014
Salle René Gonzalez
Conception, interprétation :
Mélissa Von Vépy
Collaborations artistiques :
Sumako Koseki
Pierre Meunier
Son :
Jean-Damien Ratel
Lumière :
Xavier Lazarini
Réalisation scénographie :
Neil Price
Costume :
Catherine Sardi
Régie générale et lumière :
Sabine Charreire
Régie son et plateau :
Julien Chérault
Olivier Pot
Production-diffusion :
Laurent Pla-Tarruella
Administration :
David Cherpin/ReSet’e
Avec :
Mélissa Von Vépy
© Christophe Raynaud de Lage
VieLLeicht
de Mélissa Von Vépy
Durée :
50 minutes
Age conseillé :
tout public
Genre :
théâtre vertical
Mélissa Von Vépy
Production :
Happés – théâtre vertical
Coproduction :
Théâtre Vidy-Lausanne
La Verrerie d’Alès – Pôle national cirque
Languedoc-Roussillon
Le Carré – Les Colonnes, Scène
conventionnée Saint-Médard-en-Jalles/
Blanquefort
Théâtre Jean Lurçat – Scène nationale
d’Aubusson
Les Migrateurs – Associés pour les arts du
cirque à Strasbourg
La Filature – Scène nationale Mulhouse
Remerciements à :
Mathilde Arsenault
Dominique Grand
Sandrine Leblond
Avec le soutien de :
Comment être un pantin vivant ? Comment
s’affranchir de la pesanteur ?
Après Miroir, Miroir (2009), qui dévoilait le faceà-face avec soi-même, la trapéziste suisse
Mélissa Von Vépy revient cette saison avec
VieLLeicht, une création inspirée par l’univers
de la marionnette. Dans ce solo fascinant, elle
s’improvise marionnette humaine, le corps bardé
de fils, liens contraignants et nourriciers. Sa performance réalise un rêve merveilleux, une utopie :
la disparition de la pesanteur. Car le pantin vole,
tourne, virevolte, libéré des lois de la gravité et
de tout état d’âme. Inspirée par la nouvelle de
Heinrich von Kleist, Sur le théâtre de marionnettes, Mélissa Von Vépy s’élance à l’assaut de
la verticalité dans un trajet fait d’envols et de
chutes, d’élan et d’abandon. Les fils qui animent
la marionnette, souligne Kleist, sont comparables à l’âme du danseur.
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines –
Scène nationale
La Passerelle – Scène nationale de Gap
Le Conseil régional Languedoc-Roussillon
Le Conseil général du Gard
Le ministère de la Culture et de la
Communication – DGCA et DRAC
Languedoc-Roussillon
Création au Théâtre de Hautepierre/
Les Migrateurs à Strasbourg
le 16 septembre 2013
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
11.02.
12.02.
13.02.
14.02.
15.02.
16.02.
17.02.
18.02.
19.02.
20.02.
21.02.
22.02.
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
07
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
relâche
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
Comment la nouvelle de Heinrich von Kleist, Sur
le théâtre de marionnettes (1810), vous a-t-elle
inspiré la création de VieLLeicht ?
J’ai découvert par hasard cette étonnante petite
nouvelle de Kleist dans la vitrine d’une librairie.
L’illustration de couverture, un pantin suspendu
par des fi ls, a immédiatement suscité ma curiosité. Trapéziste de formation, ma recherche porte
surtout sur l’aérien. Je suis toujours en quête
de matériaux, de scénographies qui vont me
permettre d’évoluer à la verticale, dans les airs.
J’ai été séduite par ce texte si riche alors qu’il
compte seulement dix pages. C’est une conversation sur la grâce entre un danseur étoile et le
narrateur. Le danseur est tellement fasciné par les
marionnettes qu’il va les observer tous les jours
au théâtre. Il confie au narrateur son admiration
pour leurs mouvements mécaniques parfaitement
exécutés, échappant à la pesanteur. Mais aussi
pour la beauté, la grâce qui émanent de ces êtres
dénués d’états d’âme, d’a±ects. Les deux hommes
s’accordent sur l’idée que la grâce provient d’une
innocence propre à la matière pure, inconsciente
d’elle-même. Seul un dieu pourrait l’atteindre,
lui dont la conscience infinie, totale, se situe à
l’exact opposé. Cette idée qu’un être sans âme, la
marionnette, puisse incarner la grâce m’a immédiatement troublée. Je trouvais à la fois étrange et
fabuleux qu’un pantin puisse émouvoir un grand
danseur. Je le comprends au sens où la marionnette – représentation du réel – n’est personne en
soi, elle est donc universelle et permet toutes les
projections, tous les fantasmes. Pour la création
de VieLLeicht, j’ai eu envie de travailler cette idée
de la grâce, par essence insaisissable. Il s’agit d’un
pari insensé car, évanescente, elle surgit toujours
par inadvertance, presque accidentellement. Dès
qu’on tente de s’en approcher, elle échappe. Pour
cela, j’ai dû lâcher prise afi n d’atteindre cet état
de jubilation, de légèreté, d’abandon, qui est pour
moi synonyme de la grâce.
Votre personnage hybride, mi-femme mi-marionnette, évolue sur scène dans une chorégraphie
aérienne, emportée par des forces contraires.
Comment avez-vous construit cette créature
étrange, presque animale ?
Ce qui m’amusait, c’était de subvertir la nouvelle,
de l’interpréter à rebours du propos de Kleist en
redonnant une âme à la marionnette. Pour cela,
j’ai imaginé incarner sur scène une femme bien
humaine, en condition de marionnette, c’est-àdire avec des fi ls reliés à ses membres, dont on ne
sait pas ce qui est au bout ou qui est au bout. Un
être complexe plein de vie, d’humeurs. Sur le plateau, ce personnage un brin naïf, perdu, découvre
sa propre solitude, s’ouvre au monde. On est ici
très loin de l’image de la marionnette éthérée,
lisse, qui émerveille tant le danseur étoile chez
Kleist. La scénographie, un cadre auquel je suis
suspendue par un système de cordages et de poulies, a aussi été déterminante. Car le fait d’être
attachée d’un bout à l’autre du corps a créé une
infi nité de jeux inattendus. « Le dépassement de
soi, l’allégement et enfi n la danse », écrit d’ailleurs
Friedrich Nietzsche, louant l’élan vital d’un corps.
Emmêlée et contrainte dans mes mouvements,
je cherche à m’en sortir, à rétablir une verticale.
Sur scène, j’ai élaboré un système de contrepoids
qui me permet de monter, de descendre et d’évoluer dans les airs. Je souhaitais que le dispositif
soit entièrement autonome, sans manipulation
extérieure, afi n de me glisser dans la peau d’une
marionnette livrée à elle-même, seule en scène.
C’est un peu la métaphore de mon rôle de metteure en scène et d’interprète, toujours à la fois
dedans et dehors.
Comment trouve-t-on la bonne distance pour se
mettre en scène soi-même ?
C’est presque impossible ! Lorsqu’on travaille
seule, le temps de création est toujours plus long,
ponctué de moments d’errance, de tâtonnements
et de doutes. Lors des répétitions, je me filme afin
d’obtenir un retour sur ce que je fais. J’adore ces
temps de rêverie où la pensée, le corps, cheminent
en solitaire. Mais dans un second temps, j’aime
faire appel à un regard extérieur, indispensable
pour rebondir. La recherche se doit d’être ponctuée par ces moments de rencontre et d’échange.
Pour VieLLeicht, j’ai eu la chance d’avoir deux
formidables collaborateurs artistiques à mes côtés,
le metteur en scène Pierre Meunier et la chorégraphe Sumako Koseki. Tous deux m’ont guidée,
rassurée par leur regard critique et a±ûté, toujours
complémentaire. Pierre Meunier a été d’une aide
précieuse pour l’interprétation et le rythme tandis
que Sumako Koseki m’a apporté un vrai savoir
chorégraphique.
Sumako Koseki est une chorégraphe de butô,
cette danse japonaise à la fois poétique et minimaliste. Pourquoi souhaitiez-vous mêler le butô à
l’art de la marionnette ?
Depuis quelques années, je chemine à côté de
deux grandes prêtresses du butô, les chorégraphes Carlotta Ikeda et Sumako Koseki. Pour
moi, la danse butô est une quête d’un corps
enveloppe, matière indéterminée propice à toutes
les métamorphoses. En visant une forme de
transparence, la personnalité du danseur s’e±ace
totalement, laissant place à une multitude de personnages. Exactement comme la marionnette qui
peut endosser tous les rôles. C’est aussi une danse
très avant-gardiste où l’imaginaire de l’interprète joue un rôle central dans l’élaboration de la
chorégraphie. En un instant, le corps du danseur
peut se transformer en loup, en arbre, en caillou
ou même en insecte. Le butô et l’art de la marionnette sont liés par cette recherche d’un corps
très engagé, traversé par le vivant, passeur. Dans
la pratique du butô, la grâce survient lorsque
l’artiste s’abandonne enfi n, échappant à sa propre
volonté. Pour VieLLeicht, je cherchais justement à
atteindre cet état de légèreté absolue, sans e±ort
ni démonstration apparente dans la performance.
C’est grâce au butô que j’ai pu accéder à un corps
flottant et disponible, proche de celui du pantin.
Dans le cirque contemporain, le travail du son et
de la lumière semble occuper une place centrale.
Qu’en est-il dans VieLLeicht ?
Avec mes collaborateurs de longue date,
Jean-Damien Ratel pour le son et Xavier Lazarini
à la lumière, c’est un voyage sensoriel que nous
souhaitons proposer au public. Pour la bandeson, nous avons utilisé des cuivres qui rappellent l’ambiance d’une arène, d’un spectacle
populaire. Et puis, j’ai voulu que s’exprime une
solitude abyssale, envahissante. Ainsi, des notes
aiguës saturent le plateau comme un cri strident, à la manière de la musique concrète. Avec
Xavier Lazarini, la mise en lumière est toujours
très subtile et sobre, oscillant entre des blancs
vraiment crus et des teintes jaunes plus chaleureuses. Xavier a eu cette belle idée de placer de
petites ampoules au sol, recréant l’atmosphère
d’un atelier. Il faut dire que le titre du spectacle,
VieLLeicht, qui signifie « peut-être » en allemand,
crée un suspens, une interrogation. On ne sait pas
si cette créature étrange, inerte au début, va fi nalement réussir à s’animer, à s’élever…
Propos recueillis par Olivia Barron
P
U
B
L
I
C
I
T
E
THÉÂTRE
LAURENT MAUVIGNIER / COLLECTIF LES POSSÉDÉS
JE. 6 ET VE. 7 MARS 2014 / 20H
LE THÉÂTRE DE VEVEY
WWW.THEATREDEVEVEY.CH
021 925 94 94
Avec :
Adrien Mondot
Satchie Noro
Durée :
environ 70 minutes
Age conseillé :
dès 10 ans
Genre :
jonglage numérique
© DR
Production :
Compagnie Adrien M/Claire B
Hexagone, Scène nationale de Meylan
La Ferme du Buisson, Scène nationale de
Marne la Vallée
El mediator, Scène conventionnée
musiques actuelles et arts numériques de
Perpignan
[ars]numerica, Centre européen du Pays
de Montbéliard
Les Subsistances, laboratoire
international de création artistique de
Lyon
© Raoul Lemercier
Le Théâtre de Création – Ville de Grenoble
Centre des arts, Enghien-les-Bains
Manège, Mons/CECN
Ministère de la Culture et de la
Communication/DICREAM
DRAC Rhône-Alpes Conseil régional
Rhône-Alpes
Conseil général d’Isère – Ville de Grenoble
La compagnie Adrien M/Claire B est
conventionnée par la DRAC Rhône-Alpes,
par la région Rhône-Alpes et soutenue par
la Ville de Lyon.
Création à l’Hexagone – Scène nationale
de Meylan en 2010
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
12.02.
13.02.
14.02.
15.02.
16.02.
17.02.
18.02.
19.02.
19h00
19h00
20h30
19h00
17h30
relâche
19h00
19h00
Stage de Pâques
autour du spectacle
Cinématique
Du 14 au 17 avril 2014
Plus d’informations à la page 22
« Plus qu’un cas particulier, le jonglage est pour
moi le mouvement sous toutes ses formes. Il
m’habite. Peu importe que les objets et les corps
soient réels ou virtuels. » C’est ainsi qu’Adrien
Mondot a conçu Cinématique, un spectacle qui
nous emmène à travers des paysages numériques en mouvement, composés de lignes, de
points ou de lettres projetés, tel un fleuve digital
continu que viennent matérialiser des danseurs,
des corps humains dans une jungle digitale.
Adrien Mondot emprunte à l’art du cirque le côté
ludique des enjeux humains sur scène, au jonglage la symbolique du danger et à la danse son
abstraction. Le numérique lui semble être le seul
moyen d’y parvenir.
C. S.
un spectacle d’Ivan Mosjoukine
Du 3 au 11 avril 2014
Salle Charles Apothéloz
Conçu et réalisé par :
Maroussia Diaz Verbèke
Erwan Ha Kyoon Larcher
Tsirihaka Harrivel
Vimala Pons
Création lumière :
Ivan Mosjoukine
Avec les notes d’éclairage de :
Elise Lahouassa
Constructeur :
Stephan Duve
Costumes et accessoires :
Marion Jouffre
Chefs monteur :
Manu Debuck
Matthieu Duval
Tim Van Der Steen
Administration/production :
Mathilde Ochs
Avec :
Maroussia Diaz Verbèke
Erwan Ha Kyoon Larcher
Tsirihaka Harrivel
Vimala Pons
Durée :
1h50
Age conseillé :
dès 8 ans
Genre :
cirque
Coproduction :
La brèche – Centre Régional des arts du
cirque de Basse Normandie à CherbourgOcteville
L’Hippodrome – Scène nationale de Douai
Parc de La Villette (EPPGHV)
Les Subsistances à Lyon
La Verrerie d’Alès – Pôle national des
arts du Cirque Languedoc-Roussillon
(PNC-LR)
Cirque-Théâtre d’Elbeuf – Centre des arts
du cirque de Haute-Normandie
Soutiens, pour les résidences :
La brèche – Centre régional des arts du
cirque de Basse Normandie – CherbourgOcteville
La Cascade – Maison des arts du clown et
du cirque, Bourg-Saint-Andéol
Le Monfort, Paris
© Ivan Mosjoukine
© Magali Bazi
© Adrien Mondot
Conception et interprétation :
Adrien Mondot
Danse :
Satchie Noro
Maëlle Reymond
(en alternance)
Création son/musique :
Laurent Buisson
Christophe Sartori
Création lumière :
Jérémy Chartier
Elsa Revol
Dramaturge :
Charlotte Farcet
De nos jours [Notes On The Circus]
Du 12 au 19 février 2014
Salle Charles Apothéloz
© Adrien Mondot
Cinématique
par la compagnie Adrien M/Claire B
L’Espace Périphérique – Parc de la
Villette-Ville de Paris
Association de regards et mouvements,
Hostellerie de Pontempeyrat
L’Hippodrome, Scène nationale de Douai
Parc de La Villette (EPPGHV)
Les Subistances, Lyon
L’Agora, PNAC de Boulazac
La Ferme du Buisson, Scène nationale de
Marne-la-Vallée
LE CENTQUATRE, Paris.
Avec l’aide de :
Jeunes Talents Cirque Europe 2009-2010,
opération financée avec le soutien de la
Commission européenne
Ministère de la Culture et de la
Communication : DGCA et DRAC Ile-deFrance – Ville de Paris
Sous les couleurs de :
TSILO.COM
Ils sont quatre, deux hommes, deux femmes et ils
font partie d’Ivan Mosjoukine, un collectif du nom
d’un acteur russe populaire dans les années 20.
Avec De nos Jours [Notes On The Circus], ils ont
l’intention de faire parler le cirque, de le faire
résonner sur des notes aussi originales que
surprenantes.
Vous verrez des artistes qui se mettent à l’envers
même quand le monde va mal. Ils connaissent la
gravité de la situation mais ils prennent pourtant
la liberté de s’en extraire. Quelle audace, quelle
action, quel suspens ! Un spectacle où « introspection » rime avec « autodérision ».
M.-O. C.
Création aux Subsistances
le 27 février 2012
Extraits de presse
« Même si Adrien Mondot réfute être un magicien du virtuel, on ne peut s’empêcher de lui
en donner l’attribut car, d’un plateau nu, il nous
fait voyager dans une foultitude de paysages
digitaux. »
Christiane Dampne, Le Dauphiné libéré
« L’ingénieux jongleur informaticien continue
d’explorer comment la relation à l’objet peut être
source d’émotion, en faisant éclater les limites
du jonglage virtuel. »
Christiane Dampne, mouvement.net
« Adrien Mondot offre un moment artistique de
pure grâce comme on en voit trop peu souvent.
Cinématique devient un spectacle intelligent et
sensitif à prendre comme un voyage irrationnel
saisissant. »
Aurélien Martinez, Le petit bulletin
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
09
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
03.04.
04.04.
05.04.
06.04.
07.04.
08.04.
09.04.
10.04.
11.04.
19h00
20h30
19h00
17h30
relâche
19h00
19h00
19h00
20h30
Stage intergénérationnel
autour du spectacle
De nos jours [Notes On The Circus]
Dimanche 6 avril 2014, à 15h00
Plus d’informations à la page 22
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
09
Extraits de presse
« Un premier grand show et un feu d’artifice
d’idées.»
Rosita Boisseau, Le Monde
« Sous forme de courtes notes thématiques,
ils vont ainsi renouveler la forme, innover tout
en rendant hommage aux traditions du cirque.
La notion de numéro subsiste, morcelée, sous
forme contemporaine traversée de personnages
bien connus tels que le lanceur de couteaux ou
la femme à barbe. […] Absolument enthousiasmantes, leurs notes sur le cirque apportent un
parfait équilibre entre l’éphémère des émotions
et un propos bien étoffé. »
Sarah Despoisse, culturopoing.com
« Le charme du spectacle réside dans la combinaison entre performance physique et propos
poétique. On appelle ça du cirque. C’est cela et
bien plus. Des numéros qui s’enchaînent comme
par magie, qui font appel au théâtre, à la musique
et à l’humour, et ne cessent d’évoluer et de
surprendre. »
Lucile Roy, L’Humanité
Didier Carrier
Darius Peyamiras
Denis Maillefer
Une tâche pas facile m’a été confiée par le
Théâtre Vidy-Lausanne. En effet, comment un
jeune artiste comme moi peut-il interviewer
d’autres metteurs en scène helvétiques, surtout
lorsqu’ils sont plus expérimentés dans leur pratique théâtrale ? Quels sujets aborder ? De quelle
manière ?
Au fur et à mesure de mes pérégrinations et de
mes lectures, j’ai réalisé que les questions qui
m’habitent résonneraient certainement chez
chacun de mes pairs. Dès lors, j’ai décidé de
proposer à Didier Carrier, Denis Maillefer et
Darius Peyamiras de répondre à ces questions
que je trouve essentielles dans ma pratique.
Ces derniers ont accepté de jouer le jeu.
Vincent Brayer
démarrent au quart de tour, d’autres prennent du
temps et de l’énergie. Les raisons ne sont pas toujours évidentes.
Je n’aborde un texte que si je connais l’auteur.
Je construis mes mises en scène en lisant les
di±érentes biographies des auteurs morts ou en
rencontrant les auteurs vivants. Par exemple, en
apprenant que Racine était orphelin, son œuvre
m’est apparue plus limpide. Ou encore en apercevant un regard, un sourire de l’auteur vivant en
face de moi, son œuvre s’éclaircit.
Avoir de l’énergie est concrètement être en forme,
avoir une disponibilité, être constamment en
éveil. Ainsi, le comédien aspire à certaines disciplines qui lui conviennent, des méthodes qui
l’enrichissent et lui permettent d’être dynamique.
Au début, il se concentre sur son travail et évite
le plus possible les dispersions, les distractions.
Quant à ce que je nomme la « mise en transe », elle
signifie se séparer de son ego, faire abstraction
du quotidien, se transcender au point de ne plus
appartenir qu’à son travail pendant une période
donnée. Ainsi, on parvient à se faire peur, à se
surprendre, à mieux se connaître. Du tréfonds de
nous-mêmes surviennent les échos d’une énergie
païenne. Le sacré appartient aussi aux profanes.
Et commencer par se tenir silencieusement, rester
immobile avant de jouer demeure la première des
règles à accepter. De là naît l’énergie du jeu.
Pourquoi avez-vous choisi de pratiquer ce métier ?
Darius Peyamiras : Je dois remonter loin dans ma
mémoire. Adolescent, j’ai été éveillé au théâtre
par un comédien romand qui nous donnait des
cours au gymnase, Gilbert Divorne. Plus tard, j’ai
vu un spectacle de Philippe Mentha au Lapin vert
à Lausanne. C’était une pièce de Gilbert Jolliet,
Nabuchodonosor est mort. Un texte étrange, poétique, qui m’a fait voyager. Et j’ai voulu continuer
le voyage.
Denis Maillefer : Plus jeune, j’allais au Théâtre
Kléber-Méleau, un endroit qui me faisait rêver.
Je regardais des pièces classiques, j’aimais regarder les acteurs. Un jour au gymnase, il manquait
quelques rôles dans une pièce de Carlo Goldoni.
Je me suis lancé et je n’ai jamais abandonné.
Cependant, j’ai compris assez vite que je n’étais
pas un acteur et que j’avais plutôt des ambitions
de metteur en scène.
Didier Carrier : J’ai su et décidé à l’âge de treize
ans que j’allais devenir un artiste. Mais dans
quelle discipline ? Après mon baccalauréat, je
voulais vaguement partir à Paris pour réaliser des
fi lms. Alors que je travaillais en tant qu’ouvrier, je
suis tombé un jour sur une a≤che pour un stage
de théâtre. Mon entourage m’a encouragé à me
lancer dans ce domaine. Petit à petit, je réalisais
avoir trouvé ma vocation. Assez vite, je dirigeais
mes camarades, j’avais de bonnes idées. Plus tard,
j’ai compris que j’adorais mener des équipes, lancer des projets, prendre tous les risques.
Qu’est-ce qui détermine le choix d’un texte ?
Comment l’abordez-vous ?
Darius Peyamiras : Je lis beaucoup, je m’intéresse
à tout ce qui est essentiel. Une sorte de déclic doit
se déclencher lors de la rencontre avec l’écriture
d’un auteur. Je dois être ébranlé et surpris pour le
choisir. Tel a été le cas avec Blaise Cendrars.
De temps en temps, je veux absolument aborder
une thématique parce que je pense qu’elle est
importante dans le contexte actuel. Et là, tout
est possible : adaptation et écriture de plateau. Je
prends beaucoup de notes et je me perds. J’en ai
besoin pour retrouver ensuite ma voie. J’ai toujours privilégié les textes ou les thématiques qui
abordent le monde sous deux aspects, à la fois
« horizontal », c’est-à-dire l’immanence des êtres,
les relations entre humains, leurs confl its, et
l’aspect « vertical », c’est-à-dire la transcendance,
le poétique.
Denis Maillefer : J’aime le français et j’aime
entendre les acteurs parler cette langue sur scène.
Les rencontres avec des textes relèvent le plus
souvent du hasard. Une personne me conseille
une pièce ou un roman qui résonnent en moi.
J’apprécie avoir l’impression que le texte parle
de moi, de ce que je ressens, de ce qui est caché,
secret et que je ne pourrais raconter que sur scène.
Didier Carrier : Tout commence par l’intérêt puis
on trouve des raisons. Quelquefois, entre l’envie
de monter un texte et sa réalisation, s’écoulent
dix ans. Je suis tenace. Mais aussi, je laisse la vie
choisir pour moi. Il su≤t de saisir les occasions
au bon moment. Je suis également très sensible à
la musique au point que j’aurais pu devenir musicien. En tous les cas, je suis mélomane, comme on
dit. Parfois, une idée de texte peut jaillir d’une
musique ou d’une simple mélodie.
J’aime aussi les vers pour leur rythme et
parce qu’on ne parle pas ainsi naturellement.
J’assume le « parler bizarre » du comédien. Les
envies peuvent prendre corps rien que parce
qu’un théâtre est enthousiaste. Certains projets
L’exploration psychologique des personnages
est-elle au cœur de votre travail ?
Darius Peyamiras : Question fondamentale ! Je ne
peux que répondre par un paradoxe : j’ai besoin
que l’acteur interroge son personnage, qu’il se
demande qui il est. Cependant, je n’aime pas le
jeu psychologique. Finalement, le personnage et
l’acteur ne font qu’un. Chaque comédien donnera
à tel ou tel rôle une couleur particulière. J’ai vu
trois ou quatre mises en scène d’Hamlet, je me
souviens de l’interprétation de Philippe Avron,
Gérard Desarthe ou Lars Eidinger et de la mise en
scène, mais je n’ai jamais vu le même personnage.
Lorsqu’un acteur me dit « je ne peux pas faire ce
pas à gauche ou ce geste parce que je ne le sens
pas », je me dis que c’est raté, car soit je ne me suis
pas bien exprimé, soit je me suis trompé dans ma
distribution. Le théâtre est comme la musique : il
doit sonner juste et, parfois, il ne faut pas tenir
compte de la psychologie. Elle n’est qu’un outil
de compréhension pour l’acteur qui doit a≤rmer
une parole, une action, sans donner d’explication.
Le jeu psychologique a tendance à expliquer la
situation, et se faisant, il ne laisse pas de place au
spectateur. Alors je me méfie de la psychologie au
théâtre.
Denis Maillefer : Le personnage est l’acteur qui le
joue. Je pense qu’il faut travailler sur des lignes
de jeu actives et non figées. Je préfère dire à un
acteur « tu veux ceci », et tout le travail est centré
sur cet objectif actif, plutôt que dire « tu es ceci
ou cela ».
Didier Carrier : Non, l’exploration psychologique
n’est pas au centre de mon métier. Je privilégie
les points de vue, une certaine objectivité du personnage. D’ailleurs, qui est-il ? Selon moi, il s’agit
d’un savant mélange de l’acteur, de l’auteur et du
metteur en scène. Il n’existe pas de vérité absolue
ou scientifique sur Hamlet, Néron ou Sganarelle.
Il n’est pas seulement utile d’aimer son personnage, comme pour soi, il faut connaître ses bons
et ses mauvais penchants. Le comédien doit
soumettre son personnage, révéler par son intermédiaire une certaine biographie de lui-même,
présenter le contraire de l’évidence. De ce fait,
j’aime la phrase de Dullin : « Pour jouer l’avare, je
dois jouer tout ce en quoi il n’est pas avare. »
En même temps, n’hésitons pas à user de simplicité, voire à devenir simpliste. Ulysse est rusé,
Arlequin est drôle et Cléopâtre est belle. En
résumé, trouvons une forme juste et agréable.
La psychologie du personnage signifierait qu’il a
un passé et un avenir en dehors de la pièce ainsi
qu’une existence propre, ce qui n’est pas le cas.
L’énergie au théâtre est un concept auquel les
metteurs en scène ou les acteurs font référence,
même s’il est difficile à cerner. Est-ce une notion
que vous utilisez ?
Darius Peyamiras : Je serai pragmatique. Il s’agit
d’une notion vieille comme le monde. L’énergie
– comme la matière – est essentielle au théâtre.
Albert Einstein l’a génialement trouvé par sa
célèbre formule. Energie et matière sont liées, il
existe une transformation constante de l’une à
l’autre. L’acteur a besoin de libérer son énergie par
ses mouvements, sa parole, son intelligence. Mais
si elle devient une mécanique, l’intérêt se dissipe.
La vigueur d’un comédien est d’abord sa présence. Il peut être immobile et silencieux, s’il est
traversé par un dynamisme incarné, exprimé par
son corps et sa parole, alors la situation devient
intéressante.
Denis Maillefer : Oui, la recherche de l’énergie a
toujours lieu, même en cas de lenteur, de douceur
ou d’intimité. Un combat, un désir, une envie doit
se manifester par le personnage. Sinon la vigueur
disparaît.
Didier Carrier : J’y vois deux sens. D’une part, une
force physique et mentale très concrète, d’autre
part, une certaine mise en transe.
Les demeurées
© DR
© Philippe Juon
© Fabienne Degoumois
Trois regards croisés
de Jeanne Benameur
Du 29 avril au 18 mai 2014
La Passerelle
Mise en scène :
Didier Carrier
Texte :
Jeanne Benameur
(© Editions Denoël)
Scénographie :
Florence Magni
Lumière :
Danielle Milovic
Musique et percussions :
Béatrice Graf
Construction décor :
Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
Avec :
Maria Perez
Laurence Vielle
Durée :
1h30
Age conseillé :
dès 15 ans
Genre :
conte poétique et social
Coproduction :
Le Poche Genève
Théâtre Vidy-Lausanne
Création au Théâtre Vidy-Lausanne
Comment définiriez-vous votre travail dans le
paysage théâtral helvétique actuel ?
Darius Peyamiras : Mon travail est multiforme.
Je me sens traversé par les quatre cultures
helvétiques. Mais je suis sans racines et suis
quelquefois absent de ce paysage comme un
électron libre. Je ne supporte pas le chômage,
j’exerce alors parfois un autre métier. Celui de
metteur en scène est impossible, il relève d’un
des plus di≤ciles au monde. Il faudrait l’exercer
sans relâche et les multiples autorités, membre
de commission d’attribution de subvention,
directeur de théâtre ou responsable politique, ne
savent pas ou ne peuvent pas tenir compte de cet
aspect. Ils sont liés à une machine qui fonctionne
comme le système sous-jacent qui la fait vivre :
ce néolibéralisme concurrentiel engorgé qui ne
parle que d’innovation, d’originalité, de part de
marché, de public cible, de recette. Il y a trente
ans, on ne se souciait pas vraiment de remplir les
salles des spectacles dits « indépendants » dont je
faisais partie. Il fallait que le spectacle soit fort.
Puis le public a davantage été pris en compte et à
juste titre. Je ne trouve rien de plus triste qu’une
salle vide. Mais le problème est que nous avons
été phagocytés par ce système. Aujourd’hui, les
salles doivent être remplies. Le taux d’occupation
est devenu un gage de la qualité du spectacle. Or
cette qualité dépend de beaucoup de facteurs, pas
seulement de la fréquentation. Dans ce système,
seuls les plus forts résistent à l’image de produits
de consommation.
Denis Maillefer : Je fais des spectacles qui ont
pour ambition de toucher l’intimité de chacun. Je
pense que je fais un travail singulier qui n’est pas
dans la provocation ni la déconstruction. Je ne me
vois pas dans un courant particulier ou repérable
clairement. Je pense faire un travail d’aujourd’hui
dans des formes relativement classiques.
Didier Carrier : Je ne me défi nis pas d’un pays en
particulier. Mon unique patrie n’est rattachée
qu’à ma langue : le français. Partir d’une problématique consensuelle et en proposer une facette
originale me paraît une façon adéquate, pour ce
qui me convient, de créer un spectacle. J’ai plusieurs cordes à mon arc : je mets en scène, j’interprète, j’écris et je suis marionnettiste. Cela me
permet de me diversifier et de ne pas appartenir à
une famille particulière.
Parfois, je me sens plus proche de la femme
de ménage d’origine étrangère que de certains
artistes suisses.
le 29 avril 2014
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
29.04.
30.04.
01.05.
02.05.
03.05.
04.05.
05.05.
06.05.
07.05.
08.05.
09.05.
10.05.
11.05.
12.05.
13.05.
14.05.
15.05.
16.05.
17.05.
18.05.
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
relâche
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
Les demeurées raconte l’histoire
d’une mère, La Varienne, et de sa
fille, Luce. Toutes deux vivent d’un
amour fusionnel jusqu’au jour où
Luce commence l’école et y apprend
le savoir qui manque à sa mère. Une
femme rustre, repliée dans un silence
et un dénis profonds. Leur relation si
proche semble s’enfoncer dans un
gouffre où mère et fille ne pourront en
sortir indemnes. Une histoire de cœur,
une vie à deux, un accès au savoir
que Didier Carrier met en scène au
Théâtre Vidy-Lausanne. Une création
rouge vif interprétée par un duo de
comédiennes à la fois tendres et animales. Maria Perez et Laurence Vielle
que vous avez pu découvrir à Vidy
dans Du coq à Lasne en janvier 2012.
M.-O. C.
Si vous aviez un conseil à donner à des jeunes
voulant se lancer dans le métier, que leur
diriez-vous ?
Darius Peyamiras : « Formez-vous avec la
conscience que vous êtes en train de construire
un véhicule de Formule 1. » Ou alternativement
une automobile de Formule 2 ou 3. Le principal
est que l’engin roule.
Denis Maillefer : Etre honnête, se demander la
nécessité de chaque instant et surtout rire de ce
travail exigeant, mais aussi splendide.
Didier Carrier : « Apprenez à aimer la vie qui
accompagne le métier de metteur en scène. »
Propos recueillis par Vincent Brayer
Un merci particulier à Josette Féral pour son
travail de recherche.
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
10
Bourlinguer
d’après Blaise Cendrars
Du 5 au 23 mars 2014
La Passerelle
Mise en scène et adaptation :
Darius Peyamiras
Texte :
Blaise Cendrars
(© Editions Denoël)
Scénographie et costume :
Gilles Lambert
Réalisation du costume :
Mireille Dessingy
Lumière :
Jonas Bühler
Espace sonore :
Michel Zürcher
Répétiteur :
Thomas Lambert
Construction décor :
Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
© Simon Letellier
Avec :
Jean-Quentin Châtelain
Jean-Quentin Châtelain
Durée :
environ 1h20
Age conseillé :
dès 12 ans
Genre :
récit poétique
Production déléguée :
Théâtre Vidy-Lausanne
Coproduction :
Dans Bourlinguer, recueil autobiographique,
l’écrivain suisse Blaise Cendrars revient sur la
colline du Vomero, lieu de sa jeunesse napolitaine, dans une nouvelle intitulée Gênes. Ce
récit, retour à l’enfance, déploie un trésor de
paysages et d’émotions. Le metteur en scène
Darius Peyamiras s’en empare, accompagné par
l’acteur Jean-Quentin Châtelain, un maître dans
l’art du monologue.
Théâtre Le Poche (Genève)
Compagnie Argos * Théâtre
Avec le soutien de :
Le DIP Genève
La Fondation Casino Barrière Montreux
Création au Poche Genève
le 10 février 2014
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
05.03.
06.03.
07.03.
08.03.
09.03.
10.03.
11.03.
12.03.
13.03.
14.03
15.03.
16.03.
17.03.
18.03.
19.03.
20.03.
21.03.
22.03.
23.03.
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
11
« Suisse errant » comme le surnommait
Max Jacob, soldat, correspondant de guerre et
poète, Cendrars n’a cessé de sillonner le globe,
en quête de lui-même. « Chaque fois que je me
suis trouvé quelque part à l’étranger, aux antipodes, n’importe où en train de bourlinguer, je
me demandais : mon pauvre petit vieux, qu’est-ce
que tu fous là ? D’où viens-tu ? […] Exactement
comme si je venais de naître », constatait d’ailleurs l’auteur dans une interview donnée à
Lausanne en 1949. Mais voyager, Cendrars l’a fait
aussi de son fauteuil, retranché pour écrire dans
sa maison de Villefranche-sur-Mer. Dès 1943,
c’est là-bas qu’il entame un projet autobiographique colossal, où la fiction domine largement
la réalité, dont Bourlinguer sera l’un des volets.
Darius Peyamiras, comment est né votre désir
d’adapter ce récit autobiographique, lumineux et
sensuel à la scène ?
Je voulais faire un spectacle sur la marche, une
pratique qui sert de révélateur de soi face au
monde, mais aussi une source de méditation.
Lorsqu’on marche plusieurs jours, on perd ses
repères spatio-temporels, on échappe à ses habitudes, à la sonnerie de son téléphone portable.
C’est un joyeux égarement, où l’on est porté
par les paysages et les rêveries intimes. Je souhaitais aussi retravailler avec mon complice de
longue date, l’acteur Jean-Quentin Châtelain, que
j’avais dirigé sur un précédent spectacle, Mars de
Fritz Zorn. Ensemble, nous avons lu des textes
sur la marche, la promenade, de Nicolas Bouvier
à Robert Walser, en passant par Gustave Roud,
l’auteur du Petit traité de la marche en plaine.
Bourlinguer s’est imposé par sa langue musicale et
envoûtante qui semble suivre les courbes d’une
spirale. Mais c’est surtout la vivacité du récit, la
profondeur de ce conte philosophique sur la place
de l’homme dans le monde qui m’ont séduit. Le
livre rassemble une série de nouvelles où Blaise
Cendrars se met en scène parcourant di±érents
ports d’Europe, de Venise à Paris « Port-de-Mer »,
en aventurier des temps modernes. Dans Gênes,
Cendrars s’arrête d’abord à Naples, terre de son
enfance, et c’est ce moment-là que j’ai choisi
de porter à la scène. Car la dimension philosophique de cette fable sur l’enfance, sur le temps
qui passe, mais aussi sur le deuil, m’a infi niment
touché.
A seize ans, Cendrars ne « se souvenait déjà plus
de son enfance » car il « était à 16 000 lieues du
lieu de sa naissance », confie-t-il dans son grand
poème, La prose du Transsibérien, écrit en 1913.
Comment cette enfance, refoulée par l’écrivain,
est-elle réinventée dans Gênes ?
De retour à Naples, Cendrars découvre un paysage défiguré par l’urbanisation galopante, transformé par les bâtiments modernes. « Il ne fait
pas bon revenir dans le paradis de son enfance
qui est un paradis perdu, le paradis des amours
enfantines », souligne-t-il. C’est un homme épuisé,
acculé, fuyant depuis des mois son ancien patron,
après avoir été mêlé à un trafic de perles fi nes.
A bout de force, il s’arrête huit jours dans le clos
Virgili, le jardin de son enfance qui abrite le tombeau de Virgile, sans parvenir du tout à trouver
le repos. Assailli par un a≥ux de souvenirs, il
revoit l’Italie du XIXe siècle, bruyante et parfumée, peuplée de personnages hauts en couleur,
marchands, paysans ou spéculateurs sans foi
ni loi. Dans le texte s’entrechoquent des anecdotes sur la vie napolitaine et des réflexions philosophiques sur le genre humain. Cendrars, à
soixante ans passés, raconte son enfance, jouant
de décalages constants. Ainsi la mort, absente
des préoccupations juvéniles, domine le récit.
Trois temps, enfance, jeunesse et âge mûr, se
croisent, se superposent à l’intérieur du texte,
libérant une puissante mécanique de souvenirs.
Les spécialistes parlent d’ailleurs d’une écriture
rhapsodique, dénuée de toute chronologie et qui
procède par strates, par collages, dans une étonnante modernité. C’est un chaos magistralement
orchestré.
L’autobiographie semble être au cœur de votre
démarche théâtrale. En 1986, vous avez créé au
Théâtre Vidy-Lausanne Mars, une adaptation de
l’autobiographie de Fritz Zorn. Pourquoi ce genre
littéraire intime, où fiction et réalité se brouillent,
vous est-il si cher ?
Je me sers de l’autobiographie, parole poétique, pour parler un peu de moi, de mes rêves.
D’origine iranienne, j’ai une sympathie certaine
pour les êtres en exil, déracinés. Et Fritz Zorn,
comme Cendrars, sont de grands déracinés,
errant dans leur propre pays. Mais ce qui me fascine est avant tout la manière dont le réel est
transformé, modelé, sublimé par la plume de ces
auteurs. Certains disent que Cendrars est un véritable « mythobiographe ». Il travestit le réel, le
subvertit sans cesse. En fait la vérité n’est pas ici
de mise. Car l’auteur se situe dans un tout autre
registre, celui de la sincérité. Ainsi, Cendrars
n’a jamais voyagé en Transsibérien comme il le
raconte dans son œuvre. Mais, enfant, il a visité
une cabine de ce train mythique exposée lors
de l’exposition universelle de 1900 à Paris. De
même, la petite Elena qui apparaît dans Gênes,
tuée involontairement par un chasseur d’oiseaux,
n’a vraisemblablement jamais existé. Mais il y
a bien eu un drame dans la réalité. Car l’auteur
a entretenu une liaison amoureuse et un long
échange épistolaire avec une certaine Hélène,
une jeune fi lle morte lors de l’incendie de sa
chambre à Saint-Pétersbourg. Comme dans la
structure d’un rêve, tout est transformé, déplacé,
créant un univers fascinant. Je crois aussi que la
parole intime, autobiographique, o±re un regard
neuf sur le monde. Dans Gênes, l’ambivalence de
Cendrars à l’égard du progrès, entre rejet et fascination, s’a≤rme. Car le narrateur est horrifié
par les ravages des constructions qui saccagent
le paysage de sa colline chérie. Toute sa vie, il a
entretenu un point de vue décalé vis-à-vis du
progrès, de la prétendue modernité. Ce qui ne l’a
pas empêché de se passionner pour les nouvelles
technologies comme l’invention de la radio ou du
cinéma.
Chez Cendrars, il n’y a pas de reconquête du
temps perdu comme chez Marcel Proust. Le
passé resurgit par éclats, visions et sensations
fugaces comme des flash-back cinématographiques. Cette vivacité du récit a-t-elle joué dans
votre désir d’adapter Bourlinguer à la scène ?
Absolument. A la di±érence de Proust, le temps
passé est totalement perdu pour Cendrars, irréversiblement. Cependant, l’écriture lui permet de
retrouver ses yeux d’enfant pour mieux se séparer défi nitivement du passé. Pour l’auteur, écrire
est incendier sa mémoire par le verbe avant de
renaître libre. C’est aussi le cas lors de grands
procès où la parole permet de témoigner des faits,
de libérer les victimes du poids du passé. Ainsi,
l’écriture de Cendrars a quelque chose d’infi niment cathartique et de violent, pas du tout nostalgique. C’est pour cette raison qu’il a choisi ce
pseudonyme incroyable, Blaise Cendrars, qui
évoque les « braises » et les « cendres ». Dans le
premier volume de ses mémoires, L'homme foudroyé (1945), il explique que « L’écriture est un
incendie qui embrase un grand remue-ménage
d’idées et qui fait flamboyer des associations
d’images avant de les réduire en braises crépitantes et en cendres retombantes. […] Car écrire
c’est brûler vif, mais c’est aussi renaître de ses
cendres »…
Dans Gênes, Blaise Cendrars ressuscite non
des personnages célèbres, mais des gens du
peuple, les paysans napolitains. Pourquoi cette
fresque pittoresque, tableau de l’Italie rurale du
XIXe siècle, vous a-t-elle intéressé ?
Dès la première lecture, j’ai été frappé par la
théâtralité de ce petit peuple napolitain, pétri de
croyances et de traditions. Cela me rappelait les
scènes de foule si importantes dans l’œuvre de
Shakespeare. C’est tout l’imaginaire populaire,
tissé de vieilles légendes et de superstitions qui
anime ces personnages très typés et qui sont
intimement liés à la personnalité de Cendrars, à
son goût pour l’aventure abracadabrante. Ainsi,
la Zia Regula, la folle du village qui urine debout
et révèle au narrateur la di±érence des sexes ou,
le paysan Pasqualé, conteur hors pair, qui o±re
une figure paternelle de substitution. Avec eux,
tout le théâtre de la rue, grandiloquent et joyeux,
entre en scène sous nos yeux.
Propos recueillis par Olivia Barron
BOURLINGUER
DE BLAISE CENDRARS
MISE EN SCÈNE DARIUS PEYAMIRAS
AVEC JEAN-QUENTIN CHÂTELAIN
THÉÂTRE LE POCHE
www.lepoche.ch - 022 310 37 59
location Service culturel Migros
10 FÉVRIER > 2 MARS 2014
………………………………………………………….
Jean-Quentin Châtelain , comédien
(Récits e xtraordinaires et fantastiques )
Prochain spectacle : IRRÉSISTIBLE
Fabrice Roger-Lacan / Claude Vuillemin
24 MARS > 13 AVRIL 2014
………………………………………………………….
U
B
L
I
C
I
T
E
DU 8 NOVEMBRE 2013
AU 27 AVRIL 2014
VÉHICULES
COLLECTION
DE L’ART BRUT
LAUSANNE
MA-DI : 11H À 18H,
FERMÉ LES 24, 25 DÉCEMBRE 2013 ET 1ER JANVIER 2014
LUNDI DE PÂQUES OUVERT
AVENUE DES BERGIÈRES 11
1004 LAUSANNE
WWW.ARTBRUT.CH
Image : Curzio Di Giovanni, Unnaa Posc rossa scurra rossa rossa, 2002.
DU 30 AVRIL AU 18 MAI 2014
DU 29 JANVIER AU 16 FÉVRIER 2014
DU 21 AU 25 MAI 2014
DU 12 AU 30 MARS 2014
LES 14 ET 15 JUIN 2014
DU 2 AU 13 AVRIL 2014
Exposition
Philippe Halsman, Dalí Atomicus, 1948, Musée de l’Elysée © 2013 Philippe Halsman Archive / Magnum Photos
Droits exclusifs pour les images de Salvador Dalí : Fundació Gala-Salvador, Figueres, 2014
P
Philippe Halsman,
Etonnez-moi !
29.01 – 11.05.2014
Musée de l’Elysée
18, avenue de l’Elysée
CH-1006 Lausanne
Ouvert Ma–Di 11h–18h
www.elysee.ch
© DR
Richard III
de William Shakespeare
Du 4 au 14 mars 2014
Salle Charles Apothéloz
Mise en scène :
Laurent Fréchuret
Traduction :
Dorothée Zumstein
Dramaturge :
Vanasay Khamphommala
Scénographie :
Stéphanie Mathieu
Lumière :
Eric Rossi
Assistant lumière :
David Carreira
Costumes :
Claire Risterucci
Assistante costumes :
Carmen Bagoë, Samy
Habilleuse :
Cara Ben Assayag
Maquillage et perruques :
Françoise Chaumayrac
Son :
François Chabrier
Régie générale :
Alain Deroo
Régie plateau :
François Pelaprat
Musique :
Dominique Lentin
Bob Lipman
Directeur de production :
Slimane Mouhoub
Stagiaire production :
Bénédicte Ryckmans
Avec :
Jean-Claude Bolle-Reddat
Amaury de Crayencour
Thierry Gibault
Pierre Hiessler
David Houri
Pauline Huruguen
Jessica Martin
Nine de Montal
Dominique Pinon
Martine Schambacher
Durée :
3h00 (avec entracte)
Age conseillé :
dès 14 ans
Genre :
théâtre
Production :
Théâtre de l’Incendie
Coproduction :
Le Préau – CDR de
Basse-Normandie – Vire
Théâtre de Sartrouville et des
Yvelines – CDN
Dominique Pinon
Richard III, ce méchant haut en couleur et spectaculaire, a toujours attiré les grands du théâtre
comme du cinéma (Laurence Olivier, Al Pacino
ou encore Sir Ian McKellen). Aujourd’hui
Laurent Fréchuret réalise le rêve de monter
cette pièce au Théâtre Vidy-Lausanne, avec
comme acteur principal Dominique Pinon.
Dominique Pinon, ce n’est pas la première fois
que vous travaillez avec Laurent Fréchuret, comment est née cette nouvelle collaboration autour
de Richard III ?
En 2006, Laurent m’a proposé d’interpréter le Roi
Lear de William Shakespeare que nous avons joué
cette même année au Théâtre de Sartrouville.
Un théâtre qu’il a dirigé pendant plus de dix ans.
J’avais pour ma part fait la connaissance de cet
auteur en jouant Puck dans Le songe d’une nuit
d’été sous la direction de Yannis Kokkos au Théâtre
des Amandiers à Nanterre. Cette deuxième expérience m’a permis d’approfondir ma relation
avec les textes de Shakespeare et c’est en travaillant autour de la création du Roi Lear que
Laurent Fréchuret m’a proposé tout naturellement
son nouveau projet autour de Richard III, un autre
futur voyage dans la folie.
Avec le soutien de :
Théâtre de Villefranche-sur-Saône,
ADAMI et SPEDIDAM
Avec la participation du :
T2G – Théâtre de Gennevilliers, Centre
dramatique national de création
contemporaine
Avec la participation artistique du Jeune
Théâtre national
Le Théâtre de l’Incendie est subventionné
par le ministère de la Culture et de la
Communication, par la Ville de
Saint-Etienne, le Conseil général de la
Loire et la région Rhône-Alpes
Remerciements :
Centre dramatique régional de Tours
Vous allez tenir le rôle principal de la pièce :
Richard, un des plus beaux portraits du mal
jamais écrits. Comment appréhendez-vous ce
personnage ?
Bien sûr Richard III est une pièce mythique dans
le sens où tout le monde en a entendu parler sans
l’avoir forcément vu ou lu au préalable, tels ces
passants qu’Al Pacino interroge sur les trottoirs
de New York à l’occasion de son fi lm autour de
Richard III. Pour ma part, j’ai eu la chance de voir
beaucoup de pièces de Shakespeare mais jamais
celle-ci et je suis en train de découvrir le monstre
né de cette œuvre. Je ne sais pas encore à quoi
ressemblera mon Richard. Je peux déjà ressentir
que ce rôle peut se jouer à plusieurs, sans doute
me ressemblera-t-il un peu. Mais il sera surtout
fait des autres personnages et des acteurs qui
les jouent. Et particulièrement, du regard bienveillant de Laurent Fréchuret.
Création au CDR de Tours
Quels aspects du texte vous ont le plus séduit à
la première lecture de Richard III ?
le 21 janvier 2014
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
04.03.
05.03.
06.03.
07.03.
08.03.
09.03.
10.03.
11.03.
12.03.
13.03.
14.03.
19h00
19h00
19h00
20h30
19h00
17h30
relâche
19h00
19h00
19h00
20h30
Lorsque j’ai découvert cette pièce pour la première fois, j’étais au tout début de ma carrière.
En tant que jeune comédien, je me souviens avoir
été saisi par cette particularité propre à ce grand
auteur et avoir été considérablement marqué par
cette aptitude que Shakespeare a de manipuler
les mots et de jouer avec les genres. Richard III
vacille sans cesse entre tragédie et farce. Ces subtilités font de ses écrits une œuvre aussi complexe
que passionnante. Le ton n’est jamais totalement
sombre, les personnages sont d’une complexité
rare et d’une profonde richesse.
Une œuvre aussi passionnante à décortiquer
vous donnerait-elle envie de faire de la mise en
scène ?
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
13
J’aime jouer et j’aime être mis en scène. Diriger
une équipe ? Pour être honnête, je ne suis pas
certain d’en être réellement capable. Ce métier
demande une extrême patience et j’ai l’impression
que, si j’assumais un tel exercice, je serais bien
trop tenté d’imposer aux acteurs la méthode que
moi-même j’adopterais sur le plateau. Ce qui n’est,
à mon avis, pas une manière positive de fonction-
ner. Un metteur en scène se doit de laisser une
certaine liberté aux acteurs et ainsi pouvoir les
sentir de manière individuelle, c’est-à-dire savoir
détacher chaque personnalité afi n d’ajouter du
relief à l’objet fi nal.
Pour vous, quelles sont les principales qualités
que se doit d’avoir un bon metteur en scène ?
J’ai eu l’occasion de travailler avec une multitude de directeurs d’acteurs aux méthodes et aux
parcours bien di±érents. Je suis un comédien
caméléon qui s’adapte et fait confiance. Chaque
expérience me permet de grandir toujours davantage. Un bon metteur en scène doit être capable
de rassembler son équipe autour d’un projet et de
transmettre son énergie afi n de fédérer au mieux
les di±érentes entités présentes sur un plateau.
Il est censé allier plusieurs personnalités et les
emmener dans une direction commune. Au-delà
d’être un chef d’orchestre, le metteur en scène est
un œil.
A ce jour, je ne sais quelle méthode Laurent
Fréchuret souhaite adopter pour son futur spectacle. Mais quoi qu’il décide, je suis impatient
de le découvrir et de m’immerger dans ce projet
commun. Il est toujours assez délicat de s’exprimer sur un travail qui n’a pas encore commencé.
Le théâtre est une alchimie qui s’opère sur le
plateau durant les répétitions. Je vais à cette
occasion pouvoir découvrir mes di±érents partenaires. Des échanges vont se créer, mon personnage va peu à peu se nourrir de l’énergie des
autres et se construire progressivement. Mais
pour le moment, je suis encore plongé dans le
mystère. En attendant cette étape de travail, je
m’imprègne un maximum du texte en l’ingurgitant de façon à aborder les premières répétitions
avec plus de liberté.
Vous êtes comédien depuis des années, comment avez-vous évolué dans votre métier ?
Depuis que, adolescent, j’ai découvert Fin de partie de Samuel Beckett à la Maison de la culture
d’Amiens, j’aspire à être comédien. C’était la première fois que je voyais une pièce de cet auteur
et j’en suis ressorti absolument ébloui. Non seulement j’avais ri, mais elle m’avait aussi fortement interrogé. Elle m’a surtout fait prendre
conscience qu’il existe une autre façon de voir la
vie ou du moins de la rendre plus vivable. Pour
moi le théâtre est un moyen d’observer le monde,
de le comprendre et de le rendre un peu plus supportable. Le théâtre permet aussi de goûter à un
univers qui ne nous appartient pas forcément,
aller de l’autre côté du miroir. Avec les années, je
crois avoir pris de plus en plus conscience qu’être
comédien est un véritable métier. Je dirais qu’à
mes débuts, même si je prenais mes rôles avec
beaucoup de sérieux, je n’étais, malgré tout,
qu’un jeune imprudent et inconscient. Je n’abordais pas cette profession comme étant di≤cile et
versatile. Je n’avais pas pleinement conscience de
cette instabilité que vous impose le métier d’acteur et je n’avais pas encore réalisé à quel point
le comédien dépendait du désir des gens. J’adore
ce métier. Je vis pour ce travail et aujourd’hui
encore, même après toutes ces années, je ne vois
pas quelle autre activité pourrait égaler le plaisir
que je ressens lorsque je suis sur un plateau ou
face à une caméra.
Justement, le public vous connaît surtout au
cinéma dans les films de Jean-Pierre Jeunet
notamment, d’Olivier Van Hoofstadt, de
Claude Lelouch pour ne citer qu’eux, mais la
scène occupe aussi beaucoup de votre temps.
Dans quoi vous reconnaissez-vous le mieux ?
Il est vrai qu’au théâtre nous ne sommes pas
dans un système de production similaire à celui
du cinéma mais, en tant que comédiens, nous
sommes malgré tout amenés à jouer un personnage. Contrairement aux Anglo-Saxons, les
Français ont tendance à discerner les deux arts,
mais le cinéma et le théâtre ne se di±érencient
pas pour un acteur, ils sont, au contraire, complémentaires. Je me rends compte que la plupart des
réalisateurs français ont une faible connaissance
du théâtre et de ses règles. Pourtant, il me paraît
naturel, voire primordial, pour un artiste de s’investir et de s’intéresser aux deux disciplines.
Vous est-il déjà arrivé de vous faire dominer par
votre propre personnage ?
Je suis de ceux qui se laissent faire par leur personnage, qui s’ouvrent naturellement à eux, mais
jamais je ne me fais dominer par ce dernier. Jouer
c’est jouer et il doit toujours y avoir une part
de jeu. D’ailleurs, c’est ce qui me plaît tant dans
Richard III, cette idée est très présente dans la
pièce, « Je vais vous jouer le méchant », c’est ça qui
est formidable. Habités par un personnage, nous
le sommes forcément. Nous sommes absorbés par
une langue, par un texte. Quand nous montons sur
les planches, nous nous approprions le langage, les
mimiques, l’apparence de quelqu’un d’autre. Tous
ces éléments sont très forts à vivre pour un comédien. Mais lorsque nous quittons le plateau, nous
redevenons ce que nous avons toujours été. Il est
évident que notre rôle nous poursuit, nous questionne, mais nous nous devons de rester les pieds
sur terre. Je ne vais pas devenir un criminel en
jouant Richard III. Pour finir, l’important ce n’est
pas ce que le comédien ressent, l’important c’est
ce que le public ressent, c’est ce qu’il reçoit. Trop
d’artistes ont tendance à l’oublier.
Quelles sont vos récentes inspirations ?
En ce moment, je suis en train de jouer Inconnu
à cette adresse de Kressmann Taylor, un texte
bouleversant. Puis, récemment, j’ai découvert la
performance de Robert Hirsch dans Le père, il
n’existe rien de comparable. Si à l’âge de 88 ans
j’arrive à être aussi brillant sur un plateau alors
je serai un comédien accompli. C’est un acteur
extraordinaire. Je ne vais évidemment pas tous
les soirs au théâtre, mais il me plaît de découvrir le travail des autres. Aller voir des artistes
sur scène, c’est quand même de là qu’est née mon
envie de faire ce métier.
Avez-vous un rêve de comédien ?
Je n’ai pas de rêves en particulier, j’ai juste envie
de faire ce métier le plus longtemps possible.
Peut-on appeler ça un rêve ? Si oui, alors j’en ai un.
Propos recueillis par Fanny Guichard
U
B
L
I
C
I
T
E
Vous désirez ? © Christophe Ubelmann
P
Théâtre
Danse
Théâtre
Théâtre
Musique
Oblomov
Vous désirez ?
Seule la mer
Revue hip-hop
De Beaux Lendemains
Dorian Rossel-Cie STT
O’Brother Company
Russel Banks – Emmanuel Meirieu
Amos Oz – Denis Maillefer
Concerto, vous avez dit
concerto ?
28 fév. et 1er mars à 20h30
10 et 11 mars à 20h30
Philippe Béran – OCG
Céline Lefèvre
François Berdeaux
Du 11 au 14 fév. à 20h30
13 mars à 19h
25 fév. à 20h
forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin / Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h
Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe
C R É AT I O N M O N D I A L E
AU
BFM
MÉMOIRE
D E L’ O M B R E
SUR DES MUSIQUES DE
G U S TA V M A H L E R
CHORÉGRAPHIE
KEN OSSOLA
BALLET DU GRAND THÉÂTRE
DIRECTION
SAISON1314
12>20.02.2014
Fabrication suisse
matériel
pin et hêtre naturels
provenance : Suisse
Max Bill
ULMER
dimensions
(largeur, profondeur,
hauteur, hauteur d’assise)
39 x 30 x 44 x 44 cm
PHILIPPE COHEN
WWW.GENEVEOPERA.CH
+41(0)22 322 5050
Le Théâtre Vidy-Lausanne et Teo Jakob,
vous proposent en exclusivité une édition limitée, signée et numérotée du tabouret/table de chevet ULMER de Max Bill
commémoratif des 50 ans de l’Expo64, Max Bill étant l’architecte en chef de la section « Eduquer et créer » de l’Exposition nationale suisse de 1964 et de l’actuel Théâtre VidyLausanne.
souscription du 3 février au 30 mars 2014 avec le bulletin de commande ci-dessous :
nom, prénom :
adresse :
email :
tél. / portable :
date :
signature :
Je commande le tabouret/table de chevet ULMER de Max Bill, édition limitée, signée et
numérotée, commémoratif des 50 ans de l’Expo64 et m’engage à verser Fr. 300.–/pièce
TVA incluse, hors frais de port, sur le compte CCP 10-888-0 mention tabouret Max Bill.
Ce tabouret pourra être retiré dès le 15 mai 2014 à 18h00 à la réception du Théâtre, lors de
SHJVUMtYLUJLK\ÄSZKL4H_)PSS1HRVI)PSS
Vidy-L
Nombre de tabouret(s) / table(s) de chevet souhaité(s) :
Courrier: Théâtre Vidy-L., Av. E.-Jaques Dalcroze 5, CH – 1007 Lausanne I email: [email protected]
Du 11 au 22 mars 2014
Chapiteau Vidy-L
Adaptation et mise en scène :
Zabou Breitman
Texte :
Isabelle Fruchart
Décor :
Simon Stehlé
Conception sonore :
Laury Chanty
Lumière :
André Diot
Costumes :
Amina Rezig
Assistante de production :
Diane Derosier
Avec :
Isabelle Fruchart
Durée :
1h20
Age conseillé :
dès 12 ans
Genre :
monologue fleuri
Production déléguée :
© BM Palazon
Journal de ma nouvelle oreille
de et avec Isabelle Fruchart
Isabelle Fruchart
Comment entendre le monde autrement ?
C’est une tempête sous un crâne que soulève
Journal de ma nouvelle oreille, écrit et joué par
la comédienne Isabelle Fruchart. Malentendante
depuis l’adolescence, elle raconte dans ce monologue autobiographique sa redécouverte des
sons, vingt ans plus tard, grâce à un appareil
auditif. Bouleversante de sensibilité et d’humour,
la pièce, dénuée de tout pathos, irradie de désir.
Car les sons enfouis, voix familières, bruits de
vaisselle sous l’eau, grêlons tambourinant sur
le toit, refont peu à peu surface. Mis en scène
par Zabou Breitman, Journal de ma nouvelle
oreille scande une musique neuve, éveillant notre
écoute au monde. Nous avons rencontré les
deux créatrices de cette fable musicale et intime,
Zabou Breitman et Isabelle Fruchart.
reillée. Chez celle-ci, tous les bruits parviennent
au cerveau avec la même intensité, nivelés. Le
moindre petit bruit, une serviette en papier qui
se froisse, une pièce de monnaie qui tombe au sol,
prend une ampleur inouïe. Pour créer la bandeson, nous avons amplifié les notes perçues par
Isabelle, notamment lorsque la troisième symphonie de Johannes Brahms retentit sur scène. Cela
crée quelque chose de très beau et de très violent
à la fois, comme une locomotive qui freinerait à
toute allure en gare. Par moments, des sons quasi
inaudibles pour la comédienne, comme le cri aigu
du nourrisson ou le son cristallin du triangle,
traversent le plateau. Mais ce qui me semblait
primordial est qu’elle s’adresse directement au
public, dans une forme frontale assumée. Parfois,
je laisse donc la salle allumée, pour créer une
proximité, une écoute plus intime.
Comment avez-vous écrit Journal de ma nouvelle
oreille, ce monologue à la fois drôle et sensible ?
Isabelle Fruchart : J’écris depuis l’enfance, des
Pourquoi ce choix d’un décor végétal et fantastique, véritable nid de verdure qui protège la
comédienne ?
Zabou Breitman : Journal de ma nouvelle oreille
Théâtre Vidy-Lausanne
Coproduction :
Théâtre national de Nice
Théâtre de Châtillon
Théâtre Liberté Toulon
Diffusion :
Prima donna
Remerciements à :
Alexandra et Dominique Duvivier,
magiciens
Sarah Zoghlami, chorégraphe
Création au Théâtre du Chêne Noir
le 6 juillet 2013
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
11.03.
12.03.
13.03.
14.03.
15.03.
16.03.
17.03.
18.03.
19.03.
20.03.
21.03.
22.03.
20h30
20h30
20h30
19h00
20h30
17h00
relâche
20h30
20h30
20h30
19h00
20h30
Stage intergénérationnel
autour du spectacle
Journal de ma nouvelle oreille
Dimanche 16 mars 2014, à 14h30
Plus d’informations à la page 22
textes, du théâtre, mais il m’arrive aussi de tenir
un journal intime. J’aime garder une trace, un
souvenir des instants forts de ma vie comme le
début de mon histoire d’amour ou la création
d’un spectacle. Il se trouve qu’à quatorze ans j’ai
perdu 70 % d’audition à chaque oreille dans les
fréquences aiguës et je n’ai été diagnostiquée que
tardivement, à vingt-six ans. Alors, très abattue, j’ai fui les médecins, je me suis adaptée en
déployant des trésors d’ingéniosité, en rusant.
On s’étonne souvent que je sois devenue comédienne et musicienne malgré mes oreilles de
grand-mère. Mais Ludwig van Beethoven était
sourd. Et qu’y a-t-il de plus stimulant que d’aller
vers des domaines insoupçonnés, des horizons
di≤ciles ? C’est là où j’aime travailler vraiment,
même si c’est épuisant. A trente-sept ans, j’ai
décidé de me faire appareiller, fatiguée de ne pas
bien entendre. J’ai trouvé cela si magique que j’ai
voulu noter aussitôt toutes mes sensations dans
mon journal. Ce fut une redécouverte inouïe des
bruits du quotidien, du son de l’eau qui goutte
du robinet, de la pluie, mais aussi de ma propre
voix. Lors de la phase d’adaptation, longue de
neuf mois, je me suis prise de passion pour la fiction radiophonique. J’étais littéralement rivée à
mon poste de radio, avec il est vrai un bon prétexte, celui de repeindre tous mes meubles. Cela
m’a d’ailleurs donné l’idée d’adapter mon journal
intime pour la radio. C’est ainsi qu’est né Journal
de ma nouvelle oreille, fable sur l’écoute, récit initiatique en quatre temps qui correspondent aux
paliers d’adaptation à mon appareil auditif. Avant
de proposer le texte aux radios, j’ai réuni un
cercle d’amis pour une lecture. A ma grande surprise, ils ont jugé ce texte beaucoup plus théâtral
que radiophonique. Et l’une de mes amies a transmis le texte à Zabou Breitman qui m’a contactée.
Pour une comédienne, est-ce si simple de jouer
son propre rôle, de livrer une part de sa vie aussi
intime sur scène ?
Isabelle Fruchart : Il ne s’agit pas ici de raconter
ma vie. Plutôt de conter une fable sonore, une
histoire, qui aurait très bien pu ne pas être la
mienne. Lorsque les spectateurs s’étonnent que
je sois « vraiment » la personne dont je parle, je
suis souvent perplexe, gênée. Car il ne s’agit pas
de témoignage, sinon j’irais faire des conférences
ou un travail de sensibilisation. Encore moins de
susciter la compassion. Sur scène, je transcende
cette matière autobiographique pour ouvrir un
paysage poétique et sensoriel qui dépasse ma
petite histoire personnelle. Pour cela, j’ai dû chercher la bonne distance, entre sincérité et retenue, pour ne pas être submergée par l’émotion.
Car nous sommes tous concernés par l’écoute,
par ces choses que nous ne voulons pas entendre
que nous comprenons de travers en accommodant le réel à notre guise. Cette approximation est
notre poésie personnelle, notre monde singulier.
Et puis, je trouve cela très beau de livrer ce texte
dans un théâtre, lieu de l’écoute par excellence.
Comment pense-t-on l’orchestration sonore d’un
spectacle qui parle justement de l’écoute ?
Zabou Breitman : J’ai eu envie d’accompagner ce
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
15
monologue d’une bande sonore poétique et fantaisiste, proche de ce qu’entend Isabelle Fruchart.
Le créateur son a donc utilisé un stéthoscope
afi n d’entendre comme la comédienne. Il faut
savoir que l’oreille naturelle hiérarchise les sons,
les informations, contrairement à l’oreille appa-
m’a inspiré une image très forte, celle du cycle
des saisons, d’un renouveau. Ainsi j’ai eu l’idée
d’un mur végétal sur lequel tout pousse, repousse.
Sur scène, cette éclosion accompagne la renaissance d’Isabelle, telle une fleur qui s’ouvre dans
un langage onirique. Cette alcôve de verdure, ce
jardin secret, plonge aussi le récit dans un univers
proche du conte, abstrait et enfantin. Car l’enfance est l’âge où la mémoire auditive d’Isabelle
s’est construite à partir de voix, de bruits, de
sons qui ont ensuite disparu. Mais c’est aussi
l’âge de l’approximation, le moment où l’on n’est
pas obligé de tout comprendre et heureusement.
Je trouve cela terrible quand tout doit être compris, souligné, expliqué. Cela bloque l’imagination. Au contraire, la part d’approximation révèle
l’imaginaire qui silhouette chaque être. Enfant,
j’étais fascinée par les contes de Bulgarie et de
Tchécoslovaquie, peuplés de princesses et de
sorcières abominables. Isabelle a quelque chose
d’une princesse slave avec ses beaux cheveux
blonds et ses pommettes hautes.
L’univers médical est très présent dans vos créations. De votre premier film, Se souvenir des
belles choses, sur la perte de la mémoire, à votre
adaptation théâtrale d’Urgences, le documentaire de Raymond Depardon. Pourquoi vous intéresse-t-il autant ?
Zabou Breitman : Ma passion pour la médecine me
vient de mon grand-père, médecin de campagne,
que j’aimais infi niment. Enfant, il me racontait
des anecdotes improbables, me prodiguait des
conseils drolatiques mais sensés. « Si les femmes
ont plus de bronchites que les hommes, c’est
parce qu’elles n’osent ni cracher ni se moucher »,
me disait-il en m’incitant à ne pas me gêner. Mon
premier fi lm, Se souvenir des belles choses, s’intéressait à la reconstruction de l’identité après une
perte de la mémoire et se passait dans l’enceinte
d’un centre de rééducation. Ensuite, j’ai adapté à
la scène le documentaire de Raymond Depardon,
Urgences, né d’une immersion aux urgences
psychiatriques de l’Hôtel-Dieu à Paris. J’ai toujours été étonnée par la manière dont le corps
humain malade ou déficient est trop souvent
perçu comme anormal, incomplet, par la société.
Comme si l’être se limitait à la seule apparence.
Ce sont des préjugés encore tenaces aujourd’hui.
Notamment à propos des personnes âgées, qui,
même diminuées, gardent souvent toute leur
vivacité d’esprit. Au cours d’une émission radiophonique, j’ai rencontré Anne-Sarah Kertudo qui
a lancé en France la permanence juridique pour
les malentendants et qui s’est battue pour leurs
droits. Il faut savoir qu’en 1880 la langue des
signes a été interdite en France sous le prétexte
qu’elle n’était pas une « vraie » langue, qu’elle ne
permettait pas de parler à Dieu. On racontait que
sa gestuelle entravait la respiration des sourds et
favorisait la tuberculose. Très longtemps, la surdité a été associée à une forme d’imbécillité tandis que les aveugles, eux, étaient perçus comme
des médiums, des possédés. Il a fallu attendre
1991 pour que la langue des signes soit enfi n
reconnue en France par la loi Fabius favorisant le
bilinguisme. Mais tout cela sera au cœur de mon
prochain fi lm.
Propos recueillis par Olivia Barron
Le Master
orientation
mise en scène
de la
Manufacture :
recherche
et création
contemporaine
Nous vivons un moment de déséquilibre politique, économique et culturel dont il est souvent di≤cile de saisir le sens. Le théâtre par des
mutations poétiques et esthétiques est parfois
capable de refléter cette fragilité et de nous y
rendre sensibles. Il n’y parvient que quand il met
en crise ses propres modèles, par le recyclage
ou, souvent, par la destruction, en explorant et
en hybridant de nouvelles formes avec ce qui
vit encore dans les anciennes. Pour continuer de
jouer un rôle essentiel dans cette expression de la
complexité du monde, pour investir des territoires
inconnus, pour rester dans la création, le théâtre
doit aujourd’hui réinventer les catégories qui ont
jusqu’ici structurées les arts de la scène et renoncer aux anciennes séparations entre ce domaine,
la danse, la performance, la musique, le théâtre
de texte ou encore le répertoire. La formation
des jeunes artistes occupe évidemment une place
déterminante dans cette dynamique de la scène
contemporaine. Elle doit allier spécialisation et
hybridation, connaissance de l’histoire du théâtre
et conscience des transformations actuelles.
C’est dans ce contexte de spécialisation et de pluridisciplinarité que les hautes écoles de théâtre
de Zurich (ZFH), de Berne (BFH), de la Suisse italienne (SUPSI) et de la Suisse romande (HETSR)
ont développé un projet novateur : la création
d’un Master of Arts en Théâtre conjoint au
niveau suisse. La dynamique plurielle du MasterCampus-Théâtre-CH o±re une chance unique de
mettre en perspective nos références culturelles
et esthétiques et de s’ouvrir à d’autres sensibilités
artistiques. Elle permet des échanges réguliers
avec des enseignants et des étudiants italophones
et germanophones, mais aussi des croisements
entre les di±érentes techniques de la scène
enseignées dans les autres écoles (performance,
théâtre du mouvement, régie, dramaturgie, pédagogie du théâtre).
Dans ce cadre, la Manufacture, Haute école de
théâtre de Suisse romande (HETSR), a choisi,
pour son Master, l’orientation mise en scène
pour devenir un point de rencontre entre plusieurs courants théâtraux, un carrefour, un lieu
d’échanges de di±érentes manières d’envisager la
création. A l’heure où la scène contemporaine se
refonde à partir des métissages entre les cultures
et les arts, le rôle du metteur en scène doit se
transformer mais il reste central. Associant enseignements fondamentaux de la mise en scène
(dramaturgie, direction de l’acteur, scénographie, histoire du théâtre) et formation à des arts
connexes (performance, vidéo, son, danse, etc.),
le Master de mise en scène à la Manufacture place
au cœur de sa formation la relation étroite entre
recherche et création ainsi qu’un travail de fi n
d’études comprenant un volet théorique (mémoire
de recherche) et un volet pratique (projet artistique). Composée de séminaires théoriques,
d’ateliers, de stages et de projets personnels, cette
formation renforce les compétences théoriques et
techniques de l’étudiant et lui permet d’a≤rmer
son identité artistique, consciente des enjeux de
la scène contemporaine.
Laurent Berger
Responsable Master mise en scène
à la Manufacture – HETSR
Le Master théâtre, orientation mise en scène s’adresse à des
comédiens avec un Bachelor of Arts en Théâtre HES-SO, à
des étudiants provenant des filières universitaires en arts
du spectacle ou à des praticiens désireux d’approfondir
leur savoir théorique et pratique en vue d’aborder la mise en
scène ou d’effectuer des recherches sur certains aspects de
leur pratique. Le diplôme Master of Arts en Théâtre HES-SO
s’obtient après trois semestres d’études à temps plein (ou
cinq semestres à temps partiel sur dérogation) et après la
réalisation de 90 crédits ECTS. Trente crédits sont consacrés au travail de fin d’études, constitué d’un volet théorique
(mémoire) et d’un volet pratique (projet pratique, artistique
et de recherche). Pour les 60 crédits restants, 30 ECTS sont
dédiés à des cours théoriques et des ateliers centrés sur une
approche précise, méthodologique ou technique, de la mise
en scène. Les 30 derniers sont destinés à des projets personnels. Certains crédits sont proposés en partenariat avec les
autres hautes écoles spécialisées du campus.
L’admission se fait chaque année sur concours (délai d’inscription pour la rentrée 2014 : 14 avril 2014). Informations complémentaires sur le site de l’école : www.hetsr.ch.
P
U
B
L
I
C
I
T
E
D ES VINS EXCEPTIONNELS
POUR VOTRE PLUS GRAND PLAISIR
A USSERGEWÖHNLICHE W EINE
FÜR MAXIMALES T RINKVERGNÜGEN
E XCEPTIONALS WINES
FOR YOUR BIGGEST PLEASURE
J. & P. Testuz SA | Le Treytorrens | CH - 1096 Cully
Tél. +41 21 799 99 11 | Fax 021 799 99 22
Commandes 0848 850 111| [email protected]
www.testuz.ch
AIMERLIRE
Nous vous invitons à découvrir tous
nos coups de cœur de la rentrée 2014.
TOUS LES LIVRES, POUR TOUS LES LECTEURS
payot.ch
Du 18 au 23 mars 2014
Salle Charles Apothéloz
Mise en scène :
Denis Maillefer
Adaptation :
Denis Maillefer
Marie-Cécile Ouakil
Assistante à la mise en scène :
Emilie Launay-Bobillot
Scénographie :
Yangalie Kohlbrenner
Lumière :
Laurent Junod
Costumes :
Isa Boucharlat
Assistante costumes :
Karine Dubois
Son :
Philippe de Rahm
Maquillage :
Cristina Simoes
Musique :
Billie Bird
Régisseur général :
Hervé Jabveneau
Administration et communication :
Catherine Monney
Médiation :
Florence Proton
Avec :
Anne Alvaro (filmée)
Billie Bird
Jacqueline Corpataux
Pierre-Isaïe Duc
Caroline Imhof
Cédric Leproust
Joël Maillard
Roberto Molo
Baptiste Morisod
Léa Pohlhammer
© Catherine Monney
Seule la mer
d’Amos Oz
A Tel-Aviv, Albert Danon est seul. Sa femme
Nadia vient de mourir d’un cancer et son fils Rico
est parti au Tibet. Bettine, une vieille amie, veuve
elle aussi, s’inquiète pour Albert. Surtout lorsque
Dita, la petite amie de Rico, emménage chez lui.
Un chassé-croisé de voix et d’histoires qu’Amos
Oz tisse en un poème qui se lit, se dit, s’entend
comme un roman. A moins qu’il s’agisse d’un
roman qui se lit comme un poème ? Le metteur
en scène Denis Maillefer et les comédiens Cédric
Leproust et Pierre-Isaïe Duc nous dévoilent leurs
impressions.
C. S.
Durée :
2h15
Age conseillé :
Comment parler de ce roman ?
J’ai hâte d’y être pour dire un peu de poésie.
Lire Seule la mer, et à plus forte raison mettre en
scène Seule la mer, c’est chercher d’impossibles
réponses à très anciennes questions, comment
vivre, pourquoi vivre, comment et pourquoi
aimer. Et aussi, par rebond, pourquoi tenter de
raconter sur un plateau, pourquoi mettre en
scène, que dire avec cela, que chercher.
J’aimerais que ce qui se passe sur le plateau nous
projette au cœur de nous-mêmes et que cette sensation nous accompagne durablement, un jour,
cent jours, dix ans. Oz le dit dans un texte intitulé
Pourquoi lire paru en 1987 : « Nous, en tant que
lecteurs, nous accordons notre grâce à quelque
chose en nous, à cette part de nous-mêmes avec
laquelle en général nous ne vivons pas en paix. Et
c’est là le grand miracle de l’art et de la littérature
en particulier, la possibilité d’une grâce. La réconciliation, fi nalement, avec cette part de nousmêmes dont nous aurions voulu qu’elle meure ou
qu’elle n’existe pas. »
Amos Oz écrit des mots qui accompagnent, mais
aussi qui éclairent, qui arrivent à dire ce que je
ressens. Il a une intelligence généreuse et humaniste, une acuité et une précision parfois lapidaire,
tout comme Anton Tchekhov, qu’il cite fréquemment et qu’il admire : « Oui, Tchekhov. C’est pour
moi très étrange et très troublant de quitter La
cerisaie et de retrouver si fortement Tchekhov.
Dans sa manière de parler de détails apparemment
insignifiants mais qui se révèlent essentiels, dans
cette tendresse si crue, dans cette attirance pour
les grands et petits ratages qui laissent les individus déprimés, leurs rêves brisés, les illusions en
morceaux […], mais tous sont en vie. »*
Amos Oz dit que les habitants du quartier de
Jérusalem de son enfance sont des gens qu’en
vérité il n’a trouvés que chez Tchekhov. Les
gestes, aussi, chez ces frais immigrés un peu
perdus dans un pays dont ils ne savent rien, le
ramènent en Russie. Mais probablement suis-je
moi-même, un peu, insidieusement, tchekhovisé !
Tchekhov apprend à regarder di±éremment, lire
di±éremment, aimer di±éremment, peut-être
mettre en scène di±éremment. Et tant mieux.
Sinon à quoi bon lire, mettre en scène, aimer…
Peut-être devrais-je commencer par sa forme.
Seule la mer est écrit comme une succession de
poèmes alternant la prose et les vers libres, les
formes très courtes comme des pensées fulgurantes, des épisodes éclairs, des passages plus
longs et descriptifs permettant au fi l de la narration de se déployer. Cela attribue à l’œuvre beaucoup de rythme et laisse ainsi le lecteur éveillé,
sensible et curieux.
On pourrait presque apparenter cette forme à un
bon scénario de fi lm, à la di±érence que la poésie écrite par Oz nous amène au-delà du langage
naturaliste cinématographique. C’est un des éléments que je trouve très intéressant du point de
vue du traitement de la parole à reporter sur le
plateau de même que l’univers installé par l’auteur. En e±et, il transbahute le lecteur dans des
milieux, des décors très di±érents. On passe par
exemple de l’intimité d’une chambre au gigantisme des montagnes du Tibet, du bureau de
l’auteur lui-même à la description d’un paysage
marin. Ce que je trouve enfi n très sensible est
la manière dont les personnages dialoguent et
évoluent au fi l de l’histoire. A mon avis, il existe
quelque chose qui s’apparente beaucoup à l’univers de Tchekhov. Il y a ce que les personnages
(se) disent, mais il y a surtout ce qu’ils ne (se)
disent pas, qui se laisse pourtant entrevoir. Cela
forme ainsi une toile très riche et complexe de
sentiments. Peut-être pourrais-je ainsi comparer
Seule la mer aux peintures de Marc Chagall, où le
mélange des couleurs crée toujours une harmonie hypnotique à la fois angélique et terrifiante.
En e±et, Oz joue constamment sur le chaud et
le froid (température du milieu où l’action évolue, température des sentiments). Enfi n, ce que
je trouve particulièrement beau est la solitude de
chacun des personnages et de voir comment ils
essaient de lutter contre celle-ci. Par exemple, le
personnage de Rico est particulièrement émouvant. Parti seul au Tibet après le décès de sa mère,
il réalise une sorte de voyage initiatique dans
lequel il se cherche. Qui est-il seul sans sa mère ?
Que reste-t-il d’elle en lui ? Doit-on fuir le monde
(son monde) pour se trouver ? Malgré cette solitude recherchée, il se réfugie régulièrement
dans les bras d’une prostituée pour soulager son
manque de l’autre, mais aussi parce qu’il y trouve
des réponses à ces questions.
Par sa fi ne rugosité, Seule la mer nous renvoie
au plus près de notre propre intimité, à notre
fragilité d’être soi et d’être au monde pour une
durée déterminée. L’un des rôles essentiels du
théâtre est de ramener le public à ces notions et
en tant qu’acteur je trouve fondamental d’être
à la recherche de ce chas d’aiguille dans lequel
il faut s’insinuer pour percer à vif l’intimité du
spectateur. Ce travail est, je crois, au centre des
spectacles de Denis Maillefer. Je me réjouis donc
d’être à ses côtés dans cette nouvelle création
pour continuer cette exploration.
Durant notre dernier travail sur La cerisaie,
Denis Maillefer me glisse en passant lors des
répétitions : « Ah, il faudrait que tu lises Seule la
mer d’Amos Oz. »
Le cerveau reptilien du comédien que je suis se
met en marche : « Pour quelles raisons souhaite-til me le faire lire ? » – « A-t-il une idée derrière la
tête ou est-ce par pur plaisir de partager un bon
livre ? » – « Ou encore un conseil pour une lecture
de vacances ?… » – Nous étions en avril 2012.
Après l’avoir lu, je découvre un auteur singulier
qui parle de la grande Histoire de l’Homme à travers les petites choses de la vie. Des personnages
comme des oasis esseulées au milieu du désert.
Des personnages qui tentent de communiquer. On
est à l’intérieur d’eux, de leur réflexion, de leur
ressenti. Ils nous sont proches par leur quête du
quotidien, par leur désir de comprendre la vie et
ses secrets. J’ai pensé intimité. Puis poésie aussi.
L’humanité a besoin de poésie aujourd’hui comme
hier. On est en manque de poésie.
Aucun doute, ce n’est pas une lecture de plage
ou juste un conseil de bon bouquin. C’est de la
matière pour un projet. C’est de la matière pour
Denis.
Denis Maillefer
Cédric Leproust
dès 14 ans
Genre :
théâtre
Pourquoi j’aime Amos Oz ?
Coproduction :
Théâtre en Flammes
Théâtre Les Halles Sierre
Théâtre Vidy-Lausanne
Théâtre Forum Meyrin
Théâtre Benno Besson
Avec le soutien de :
Label + Théâtre Romand
Etat de Vaud
Ville de Lausanne
ThéâtrePro Valais
Pro Helvetia
Loterie Romande
Fondation Leenaards
Migros pour-cent-culturel
Création au Théâtre Benno Besson
le 13 février 2014
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
18.03.
19.03.
20.03.
21.03.
22.03.
23.03.
19h00
19h00
19h00
20h30
19h00
17h30
Atelier BD autour du spectacle
Seule la mer
Prévu courant février 2014
Atelier d’écriture autour du spectacle
Seule la mer
Prévu courant mars 2014
Plus d’informations à la page 22
* (Oz, entretien radiophonique, 1977)
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
17
Pierre-Isaïe Duc
Habib Dembélé, l’élu du peuple
(A vous la nuit)
Koffi Kwahulé, musicien des mots
(Misterioso-119)
Hassane Kassi Kouyaté, griot du monde
(Kouta)
Rien ne destinait Habib Dembélé au théâtre, mais
tout à la politique !
Déjà, il avait préparé son entrée en scène, venant
au monde quarante-six ans jour pour jour après la
première révolte contre l’administration coloniale
lancée par son arrière-grand-père. Presque une
commémoration. Cela se passait en 1962 dans la
petite ville de San au Mali, à tout juste 450 kilomètres de Bamako. Mais dans le café où nous le
retrouvons, près de la station de métro Stalingrad
dans ce nord de Paris très cosmopolite, il est
connu de tous. Des admirateurs le saluent, interrompant l’interview pour venir le féliciter. Nous
attendions un comédien. Il s’agit d’un personnage
public qui paraît à l’aise ici comme ailleurs. « J’ai
commencé la politique tout enfant, à l’école »,
confie celui qui voulait en avril dernier faire élire
Nelson Mandela président d’Afrique. Di≤cile
pour nous d’imaginer cette enfance avec ces syndicats écoliers très remontés contre le gouvernement malien, même s’il semble y avoir tout appris.
Sauf le théâtre, un don inné. Peter Brook, dont il
a été l’un des acteurs phares, raconte sa capacité
fantastique à imiter instantanément une poignée
de personnes juste entraperçues.
Il voulait être ministre, faire de la politique,
mais son professeur de dessin l’envoie à dix- huit
ans étudier la peinture à l’Institut des arts de
Bamako. Là-bas, le théâtre devient son échappatoire. Tout semble défi nitivement compromis
quand son père, un petit fonctionnaire des
douanes, lui annonce, en toute solennité, qu’il
prend sa retraite. Comprenez qu’Habib devient
« le soutien de sa famille », avec trois cents personnes à aider. Cela s’arrange enfi n quand notre
homme réalise que théâtre et combat politique ne
font qu’un. Alors tout s’enchaîne très vite.
Wari, une comédie d’Ousmane Sow, son premier
rôle, où il incarne Son Excellence Guimba, dictateur corrompu, connaît un écho retentissant. « La
pièce a soulevé un vent de contestation sans précédent au Mali, prémices à la révolution de 1991 »,
raconte-t-il, plutôt fier. Désormais surnommé
« Guimba national », vénéré, Dembélé devient si
populaire qu’il échappe à la censure. Di≤cile de
croire en le rencontrant que cet homme incroyablement tendre représente une menace pour
certains politiciens maliens. Capable de remplir
l’immense stade de Bamako pour des one-manshow électriques, il inquiète les profiteurs, des
politiciens corrompus aux grandes bourgeoises,
redoutables avec leurs servantes mal payées. Il
est sur tous les fronts. Lassé de voir les « novellas » brésiliennes sur les chaînes o≤cielles, il crée
Les aventures de Séko Boiré, première série télévisée malienne. Il faut le voir dans le rôle de Séko,
jouer ce pauvre bougre, ce mari évidemment cocu
parti à la ville chercher sa femme adultère. Son
jeu burlesque, tragi-comique, reste d’une vivacité
sidérante.
Peter Brook ne s’y est pas trompé. Avec lui,
il sillonne le monde dans un sublime Hamlet.
Revenu au pays natal, Dembélé se présente à
l’élection présidentielle de 2002 pour casser la
langue de bois o≤cielle. « Entre ceux qui vous
font pleurer et celui qui vous fait rire, choisissez ! » annonce son slogan de campagne. Va-t-il se
représenter en 2017 ? Peut-être. D’ici là, il prépare
un spectacle sur les événements récents au Mali
et o±re cette saison à Vidy un conte passionnel,
A vous la nuit.
Ne lui parlez pas de théâtre africain, il se méfie du
terme comme de la peste. Pour le grand dramaturge ivoirien Ko≤ Kwahulé, ce qualificatif n’est
rien d’autre qu’un tissu de préjugés et d’attentes
grotesques. « On refuse souvent à l’artiste africain
sa singularité. Il doit venir de sa tribu, écrire de
sa case, avoir la musique dans la peau ! » Le ton
est donné. Loin de renier ses origines, l’auteur
cherche une forme neuve pour éviter de se laisser
défi nir par les autres. Aussi écrit-il en ce moment
un roman sur la communauté chinoise de son
quartier, le XIe arrondissement de Paris où se
concentrent les grossistes asiatiques. C’est d’ailleurs là, au Bataclan, célèbre salle de concert, qu’il
nous retrouve. Car cet auteur jovial, qu’on prendrait volontiers pour un rugbyman, vu sa carrure,
est un grand amateur de jazz, de John Coltrane à
Thelonius Monk. Mais, enfant, confie-t-il, c’est le
cinéma qui le fascinait. Lui qui, dès six ans, fi lait
à peine rentré de l’école pour passer ses soirées
dans l’unique salle de cinéma d’Abengourou, sa
ville natale. Une formation très e≤cace. Il allait
même intégrer la section cinéma de l’Institut des
arts d’Abidjan quand celle-ci a mis la clef sous la
porte, faute de moyens !
Dépité, Ko≤ se rabat sur une formation théâtrale et commence à écrire pour la scène sans
pourtant trop y croire. « Pour moi, être auteur,
c’était un métier d’élite, il fallait avoir fait de
brillantes études, être agrégé de Lettres, comme
Léopold Sédar Senghor », raconte-t-il. Formation
théâtrale à Paris, à l’Ecole de la rue Blanche, thèse
sur le théâtre ivoirien, il accumule les diplômes,
écrit, mais n’ose pas trop le faire savoir. Ses
intimes seront extrêmement surpris de découvrir
Le grand-serpent, sa première pièce présentée à
la bibliothèque de la Sorbonne-Nouvelle, avantgarde des études théâtrales.
Jouer en Côte d’Ivoire une pièce parlant d’un despote, c’est le pas que franchit Kwahulé en toute
inconscience. Car avec Le grand-serpent, l’allusion
est à peine voilée. Puisque c’est l’histoire d’un
dictateur, la bonté même quand il était enfant,
qui soudain se couvre d’écailles et se mue en
tyran. Une figure fi nalement proche du dragon
de nos mythologies. Evidemment, la censure
tombe, immédiate. Les soldats prennent d’assaut
le théâtre, la troupe est sous le choc. De retour à
Paris, c’est la panique. Bourse d’études supprimée et les amis qui fuient. Un seul, le metteur
en scène Guédéba Martin, poursuivra l’aventure.
C’est pour leur duo soudé qu’il écrit 1+1=1, énorme
succès en France comme à Abidjan. « La forme du
duo n’existait pas encore en Afrique, c’était une
vraie nouveauté », souligne Ko≤ modeste.
Depuis, les commandes a≥uent, son œuvre se
joue sur trois continents. S’inspirant du tempo
des grands improvisateurs de bebop et de free
jazz, Kwahulé a bâti une langue neuve, rythmée
et volontiers violente pour parler d’un monde
clos, sans issue. Misterioso-119, la pièce montée à
Vidy par Cédric Dorier, se déroule d’ailleurs dans
l’enceinte étou±ante d’une prison pour femmes.
Violence elliptique, cris de révolte, c’est un univers sombre et haletant que la présence solaire de
Ko≤ Kwahulé dément sans cesse.
Comme sa montre est encore à l’heure africaine,
le metteur en scène Hassane Kassi Kouyaté arrive
avec une heure de retard au « Tout va mieux »,
son café de prédilection, choisi sans doute pour
son nom optimiste. Mais nous ne lui en voudrons
pas, car il est arrivé la veille. Sans cesse en mouvement, c’est comme cela qu’il aime vivre, entre
Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso,
et Paris. Dans un voyage permanent entre le
conte africain et le théâtre du monde.
Issu d’une grande famille de griots burkinabés,
Kouyaté a grandi dans un univers de musique,
de théâtre et de danse. « On naît griot, on ne
le devient pas », rappelle-t-il, évoquant un lien
de sang, celui d’une lignée qui perdure depuis
1235, l’avènement de l’empire mandingue. Un
savoir qui se transmet de père en fi ls, par osmose,
dans un bain de mots, de contes et de sons. Car
Hassane est le fi ls de Sotigui Kouyaté, acteur
fétiche de Peter Brook. Il est arrivé en France à
vingt ans, par le biais du regroupement familial.
De son père, il dit qu’il lui doit presque tout. Une
gratitude qui sidère de ce côté-ci du détroit de
Gibraltar où être « fi ls de » n’est pas vraiment bien
porté.
Pourtant, pour échapper à une route toute tracée,
il choisit le commerce, une voie diamétralement
opposée à celle de son père. Finançant ses études
par son talent de conteur. Toutefois, le monde
de l’entreprise ne lui plaît guère. Et très vite, la
scène s’impose à lui comme une évidence. Le
voilà embarqué dans des tournées internationales
avec le Théâtre Spirale puis sous la direction de
Peter Brook dans le Costume, fable tragi-comique
de Can Themba où un couple se déchire.
A le côtoyer, on perçoit la part sacrée qu’occupe le
théâtre dans sa vie. Il y consacre d’ailleurs absolument tous ses instants, dirigeant parallèlement
sa compagnie à Paris et un festival de contes
itinérant, celui de Yeleen, à Bobo-Dioulasso au
Burkina Faso. Il y reçoit des conteurs, des musiciens, des danseurs, des écrivains du monde
entier qui mènent là-bas des ateliers d’écriture.
Auteur publié de plusieurs contes, il n’a jamais
demandé de droits d’auteur, évoquant un « patrimoine immatériel » ouvert à tous. Passionné,
jamais en vacances, Hassane Kassi Kouyaté
investit tout l’argent récolté dans des projets
d’envergure. Comme le centre culturel de Djéliya
à Bobo-Dioulasso qu’il a créé avec ses frères il y a
vingt-sept ans. Situé dans le quartier défavorisé
de Diaradougou, l’endroit propose une formation artistique aux jeunes déscolarisés créant
un vivier de talents. Mais pour le Théâtre VidyLausanne, Hassane Kassi Kouyaté s’est à nouveau
confronté à la mise en scène d’un roman, Kouta,
inspiré de l’ouvrage de Massa Makan Diabaté.
« Kouta parle d’un monde en mutation, celui d’une
petite ville d’Afrique à la veille des indépendances, déchirée entre modernité et tradition. »
Un propos qui reste d’actualité.
Kouta
d’après la trilogie
de Massa Makan Diabaté
Du 6 au 10 mai 2014
Salle Charles Apothéloz
Mise en scène :
Hassane Kassi Kouyaté
Adaptation :
René Zahnd
Assistant à la mise en scène :
Mamadou Ouattara
Lumière :
Cyril Mulon
Costumes :
Anuncia Blas
Eléments scénographiques :
Papa Mahamoudou Kouyaté
Régie plateau :
Bruno Dani
Construction décor :
Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
Avec :
Kary Coulibaly
Bakary Konaté
Michel Sangaré
Béno Sanvée
Fily Traoré
Fatou Zongo
Photos : © DR
Cette saison, le Théâtre Vidy-Lausanne
présente trois artistes créateurs de
formes atypiques, tous venus d’Afrique.
L’écrivain Koffi Kwahulé ainsi que les
metteurs en scène Habib Dembélé et
Hassane Kassi Kouyaté nous ont livré le
récit de leur parcours hors du commun.
Durée :
environ 1h30
Age conseillé :
Propos recueillis par Olivia Barron
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
18
dès 12 ans
Genre :
théâtre
Production :
Théâtre Vidy-Lausanne
Coproduction :
Le Tarmac – scène internationale
francophone
Compagnie Deux Temps Trois
Mouvements
La trilogie de Massa Makan Diabaté
est publiée aux Editions Hatier
Création au Théâtre Vidy-Lausanne
le 6 mai 2014
A vous la nuit
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
06.05.
07.05.
08.05.
09.05.
10.05.
19h00
19h00
19h00
20h30
19h00
de et avec Habib Dembélé
Du 21 au 31 mai 2014
La Passerelle
Texte et mise en scène :
Habib Dembélé
Avec :
Nana Coulibaly (chanteuse)
Habib Dembélé
Bakary Diarra (musicien)
Durée :
1h
Age conseillé :
dès 10 ans
Genre :
théâtre avec de la musique live
Production :
Compagnie MIA
Compagnie Guimba
Remerciements à :
Monique Blin
Création à Douai en 1999
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
21.05.
22.05.
23.05.
24.05.
25.05.
26.05.
27.05.
28.05.
29.05.
30.05.
31.05.
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
Mise en scène :
Cédric Dorier
Assistante à la mise en scène :
Christine Laure Hirsig
Scénographie :
Adrien Moretti
Dramaturgie :
Denis Lavalou
Lumière :
Christophe Forey
Costumes :
Severine Besson
Maquillage et coiffures :
Katrine Zingg
Univers sonore :
David Scrufari
Chorégraphie :
Katy Hernan
Construction décor :
Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
Avec :
Alexandra Camposampiero
Camille Giacobino
Nathalie Goussaud
Marie-Aude Guignard
Elima Héritier
Garance La Fata
Tiffany-Jane Madden
Safi Martin Yé
Anne Ottiger
Anne-Sophie Rohr Cettou
Anne-Catherine Savoy Rossier
Christiane Sordet
Durée :
1h35
Age conseillé :
dès 16 ans
Genre :
comédie tragique
Production déléguée :
Théâtre Vidy-Lausanne
Coproduction :
Compagnie Les Célébrants
Théâtre du Grütli
Avec le soutien de :
Etat de Vaud
Ville de Lausanne
Loterie Romande Vaud
Loterie Romande Genève
Fondation Leenaards
Fondation Sandoz
Pour-cent culturel Migros Vaud
Fondation Ernst Göhner
Stanley Thomas Johnson Foundation
CORODIS
Création au Théâtre Vidy-Lausanne
le 11 mars 2014
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
11.03.
12.03.
13.03.
14.03.
15.03.
16.03.
17.03.
18.03.
19.03.
20.03.
21.03.
22.03.
23.03.
24.03.
25.03.
26.03.
27.03.
28.03.
29.03.
30.03.
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
relâche
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
18h30
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
18h30
autres textes, est flou. J’ai eu le désir d’un bilan, plus
exactement d’une récapitulation. D’une certaine
manière Misterioso-119 est un rendez-vous, celui
de toutes les figures féminines qui traversent mes
autres textes. Le désir aussi d’interroger le chœur
des pom-pom girls. Malgré la fascination quasi
tyrannique qu’elles exercent sur moi, je ne peux
m’empêcher de voir en elles l’avatar ultime du chœur
grec antique, un chœur qui n’a plus rien à dire et
qui se contente de bribes de chants vides de sens,
des sortes de jappements, le chœur d’une humanité
qui ne parvient plus à faire communauté en dépit de
toutes nos machines de mise en relation.
Qu’est-ce qui vous interpelle le plus dans l’exploration de l’univers carcéral ?
Cédric Dorier : Ce qui m’a intéressé tout d’abord dans
le texte de Ko≤ est que nous ne sommes pas dans un
univers réaliste. La pièce n’est pas un témoignage sur
ce qui se passe dans les prisons mais une fable cruelle
et drôle ancrée dans cet univers. C’est aussi ce que
proximité et promiscuité provoquent en matière de
relations et de réactions humaines qui m’interpelle.
Mais le plus troublant dans Misterioso-119, est que,
par de nombreux indices, l’auteur semble vouloir nous
dire que la vraie liberté n’est pas forcément là où nous
la situons nous-mêmes.
Koffi Kwahulé : Presque toutes mes pièces se passent
dans des lieux étroits et fermés – des pré-prisons, en
quelque sorte. La prison, en tant que fermeture institutionnalisée, o≤cielle, en constitue l’aboutissement,
si j’ose dire, naturel, car les figures que je traite sont
essentiellement des personnages qui n’ont plus d’espace pour reculer, des personnages dos au mur.
par Inbal Pinto & Avshalom Pollak
Dance Company
Les 4 et 5 mai 2014
Chapiteau Vidy-L
Chorégraphie :
Inbal Pinto
Avshalom Pollak
Chorégraphie, design sonore
et costumes :
Inbal Pinto
Avshalom Pollak
Musique :
Vera Lynn
Yma Sumac
Kurt Weill
John Zorn
The Dukes Of Dixieland
Moten’s Kansas City Orchestra
Lumière :
Yoann Tivoli
Avec :
Danseurs :
Noga Harmelin
Ella Rothschild
Acteurs :
Zvi Fishzon
Yoseph Pollak
Durée :
son comme dans le monde « libre ». Simplement,
Misterioso-119 exprime la primauté du rêve sur le
réel. L’esclave, dit un dicton ivoirien, appartient au
maître, mais les rêves de l’esclave appartiennent à
l’esclave seul. La société, dans son fonctionnement,
s’impose comme un espace nécessairement coercitif, un autel sacrificiel où je suis invité à aliéner des
parts de moi-même. Une prison « nécessaire » pour
ne pas retourner à l’in-civilisation. Face à cette prison intériorisée, le rêve intervient comme un élan
prométhéen, la marge où l’inédit est encore possible.
danse contemporaine, théâtre,
Quelles difficultés et quel défi cela représente-t-il
pour un metteur en scène d’aborder un texte où
répliques et nombre d’interprètes sont à définir ?
Cédric Dorier : C’est très agréable au départ, car on a
Spectacle présenté dans le cadre
50 minutes
Age conseillé :
dès 5 ans
Genre :
pantomime, performance
Production :
Company
Création au Maalot Cultural Hall (Israël)
Pourquoi ce titre Goldfish ?
en 2012
Le couple tournoie sur scène à l’image de poissons
rouges dans un bocal. Ils ne peuvent s’échapper
et sont constamment surveillés !
de Steps, Festival de danse du
Pour-cent culturel de Migros
www. steps.ch/fr/home
ET
L
P
COM
Dimanche
Lundi
undi
ndi
04.05.
05.05.
dix. On avait du mal à faire fusionner un ensemble
de répliques que l’on croyait devoir attribuer à un
personnage avec un autre alors plutôt que de forcer
le dialogue et de devoir aller trop dans l’absurde, on
a préféré vraiment continuer à ouvrir. Et lorsqu’on
est arrivé à douze, forcément cela nous a interpellés. On pense spontanément aux références chrétiennes, mais la symbolique du douze, est beaucoup
plus ancienne et universelle : les douze vies de l’hindouisme, les douze animaux de l’horoscope chinois,
les douze noms du Soleil en sanscrit, etc. Partout et
en tout temps, le douze est le nombre des cycles parfaits, immuables, de la nature et de la vie, le cycle
des renaissances. Et dans Misterioso-119, c’est de cela
dont il est question, le sacrifice, la répétition du même
pour conserver une forme d’harmonie, de logique et
de mystère. Et donc, on s’est arrêté à ce nombre.
Koffi Kwahulé : Dès le départ, je voulais qu’elles
soient douze peut-être parce que je suis chrétien.
Pas religieux, je ne suis même pas sûr de croire en
Dieu, simplement chrétien. Mais ce chi±re n’est
écrit nulle part. Cédric Dorier est d’ailleurs le premier à avoir découvert qu’elles étaient douze.
La scène est un terrain de jeu pour toutes les
formes artistiques. Celles-ci donnent vie à un
espace qui a du sens et qui laisse au public libre
cours à sa fantaisie. Tout est théâtre…
Pourquoi une armoire comme point de départ ?
Qu’est-ce qu’elle symbolise ?
Et toute cette blancheur ? Que représente-t-elle ?
Le choix du blanc – ou du blanc cassé – sert à
créer une ambiance pour le milieu que nous avons
imaginé. Nous voulions évoquer un vieux film. Il
existe peu de sources lumineuses sur scène et la
blancheur en devient une. Il en est de même pour
les costumes ou le maquillage. Tout cela en opposition avec les personnages sombres qui ouvrent
la pièce en allumant la première lumière.
De la légèreté, de l’humour, de la poésie et de la
fantaisie… le spectateur pénètre dans un monde
différent. Cherchez-vous à relier fantaisie, rêve et
réalité ?
Nous créons un ensemble de possibilités. Les
univers que nous élaborons sont constitués de
di±érents éléments. Ils doivent stimuler l’émotion, l’imagination et la réflexion. Parfois cela ressemble à un rêve éveillé ; nous pavons la route du
voyage de chacun.
Connaissez-vous l’histoire intime de chacune de
ces femmes ?
Koffi Kwahulé : Non, d’elles, je ne sais rien d’autre
Propos recueillis par Cornelius Schregle
que les mots qui les construisent. De toute façon,
je ne les pense pas comme des personnages, mais
comme des énergies. Mettre des énergies côte à
côte, les faire se rencontrer, s’a±ronter pour créer un
espace sonore où proposer à l’autre l’émotion que je
crois, candidement je le sais, urgent de partager.
Propos recueillis par Denis Lavalou
18h
18h0
18h00
19h00
Nous entrons dans un univers de danse et de
pantomime. Quelle est la relation au théâtre ?
L’armoire a une fonction importante. Il s’agit d’un
mur qui crée une séparation nette entre la scène
et l’arrière-scène. Elle constitue un lieu de transition, de transformation et une source de lumière.
Cette penderie est un personnage à part entière,
une sorte de monstre aux yeux multiples, une
boîte magique dans laquelle on peut entrer. Un
portail vers d’autres mondes.
Qu’est-ce qui vous a amené à privilégier le
nombre douze ?
Cédric Dorier : On a commencé à huit puis neuf et
violence. Le fait que je ne peux voir un tableau du
Caravage sans aussitôt penser à Francis Bacon.
Cédric Dorier : L’originalité dans le choix du
cadrage – quasi photographique –, la force d’évocation des regards, la sensualité des corps exacerbée par
la lumière. Ce sont les lignes de force, l’énergie de sa
peinture mais aussi la fragilité, une forme d’abandon
et la surprise qui émanent des personnages. Il sait
saisir l’instant et le théâtraliser sans raideur ni lourdeur. C’est une grande source d’inspiration pour mon
travail théâtral.
Découverts dans nos contrées, dans le cadre du
Festival Steps, Inbal Pinto et Avshalom Pollak
viennent pour la première fois à Vidy où ils présentent Goldfish, leur dernière création délirante
et décapante. Avec l’humour qui les caractérise.
Inbal Pinto & Avshalom Pollak Dance
Je sais que Caravage est un de vos peintres préférés, qu’est-ce qui vous interpelle le plus dans
sa peinture ?
Koffi Kwahulé : Le mouvement et la lumière de la
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
19
Point de départ : une armoire contenant des vêtements, un rectangle blanc au sol, des objets disposés sur des cubes. Point commun : tout est
blanc, mais un blanc cassé, celui du temps qui
passe, ambiance vieux film. Point de vue : dans
cet univers onirique, un couple. Deux danseurs
qui viennent habiter cet espace nous entraînent
dans leur monde imaginaire, s’interrogent sur
tous les sujets, mais sans nous donner les
réponses, simplement des indices. Libres à nous
de les interpréter.
On a l’impression que l’incarcération est pour
un grand nombre de ces femmes une véritable
« usine à rêves », serait-ce que le monde « libre »
ne leur (ne nous) permet plus de rêver ?
Koffi Kwahulé : Non, on rêve partout, en pri-
l’impression de pouvoir vraiment créer un projet original, une pièce jamais représentée. Ensuite, le travail
est très ardu et insécurisant. Avec mon dramaturge,
on cherchait une logique tout en se méfiant des systèmes. Nous avons élaboré toutes sortes de versions
autour de divers types de regroupements – thèmes et
variations de répliques, échos d’une scène à l’autre,
di±érences de niveaux de langue, thématiques obsessionnelles, mais aussi vrais dialogues, vraies réponses.
© Eyal Landesman
Du 11 au 30 mars 2014
Salle René Gonzalez
Goldfish
Misterioso-119
Koffi Kwahulé, quel est le point de départ de
l’écriture de Misterioso-119 ?
Koffi Kwahulé : Le point de départ, comme pour mes
de Koffi Kwahulé
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
19
Du 7 au 31 mai 2014
Salle René Gonzalez
Mise en scène :
Charles Tordjman
Texte :
Francesco Niccolini
Marco Paolini
Michela Signori
Traduction :
Daniela Almansi
Francesco Niccolini
Marco Paolini
Collaboration artistique :
Gabriela Ossola
Scénographie :
Vincent Tordjman
Lumière :
Christian Pinaud
Musique :
VICNET
Son :
Gabriele Turra
© Marco Caselli Nirmal
Galilée, le mécano
de Francesco Niccolini,
Marco Paolini et Michela Signori
Marco Paolini
Avec :
Marco Paolini
Galilée, le mécano est un spectacle né de
manière bien particulière : vous avez créé en
Italie en 2010 votre spectacle Itis Galileo, qui
a beaucoup tourné. Puis vous avez rencontré
Charles Tordjman, qui a vu ce spectacle, l’a aimé
et vous a alors proposé de créer pour la France
Galilée, le mécano.
Marco Paolini, à l’origine, comment en êtesvous venu à l’idée d’évoquer Galilée au théâtre ?
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire un
spectacle autour de cette figure ?
Durée :
2h
Age conseillé :
dès 14 ans
Genre :
théâtre
Coproduction :
Théâtre Vidy-Lausanne
Jolefilm (Italie)
Compagnie Fabbrica
Remerciements à :
L’Institut culturel italien de Paris
La Compagnie Fabbrica reçoit le soutien
financier du ministère de la Culture et de
la Communication/DGCA
Création au Théâtre Vidy-Lausanne
le 7 mai 2014
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
07.05.
08.05.
09.05.
10.05.
11.05.
12.05.
13.05.
14.05.
15.05.
16.05.
17.05.
18.05.
19.05.
20.05.
21.05.
22.05.
23.05.
24.05.
25.05.
26.05.
27.05.
28.05.
29.05.
30.05.
31.05.
19h30
19h30
19h30
19h30
relâche
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
18h30
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
18h30
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
Un anniversaire est à l’origine de ce spectacle : on
célébrait en Italie les deux cents ans de la découverte de la lunette par Galilée et on m’a proposé
de faire quelque chose autour de cet événement.
Mais je n’aime pas les anniversaires. Alors au
début, j’ai refusé. J’ai attendu qu'il soit passé puis
j’ai commencé à lire des ouvrages sur Galilée et,
petit à petit, ma curiosité s’est éveillée.
Ce qui m’a intéressé était avant tout la confrontation entre la pensée de l’époque – le XVIe siècle –,
avec ses croyances, son côté magique, et la pensée scientifique de Galilée. Ainsi je me suis interrogé sur la science et sur le rôle et l’évolution de la
pensée dans notre société occidentale.
Par exemple, si on prend cette évolution depuis
le XIXe siècle : ce siècle est la période où la relation de la science au monde est la plus forte,
c’est le triomphe du rationalisme, beaucoup
rejettent la religion. Après la Seconde Guerre
mondiale, on commence à penser de façon critique sur la science, on questionne ses limites.
Chez les hommes de théâtre, je pense notamment à ce qu’a pu écrire Bertolt Brecht ou encore
Friedrich Dürrenmatt avec Die Physiker…
Aujourd’hui, entre autres, je remarque que des
millions de gens consultent leur horoscope le
matin avant d’aller travailler. Alors que les horoscopes appartiennent au système de pensée de
Ptolémée, c’est-à-dire à un univers qui aurait dû
disparaître après les découvertes de Galilée, et
pourtant quand j’observe, je m’interroge, je me
pose des questions naïves. En tant qu’Occidental,
je ne veux rejeter ni les traditions, ni l’histoire de
notre société. Je me suis surtout dit qu’il y avait
beaucoup de parallèles entre l’histoire de Galilée
et l'époque contemporaine. Ainsi, je raconte l’histoire de Galilée. C’est sur lui que je me concentre
et pour les parallèles contemporains, inutile de les
souligner ; il su≤t de jouer au présent, à la rencontre de l’intelligence des spectateurs afi n que
chacun d’entre eux puisse s’interroger et établir
des liens.
Qui est Galilée pour vous ? Un génie ? Un magicien ? Un homme juste un peu plus curieux et
audacieux que les autres à son époque ?
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
20
Galilée, c’est vraiment un mécano.
Je suis charmé par sa manière artisanale de
répondre à une culture construite sur des fondements rigides, figée par cinq cents ans d’inertie. A son époque, on n’a pas le droit de douter de
la Bible, ni de remettre Aristote en question. Se
permettre le doute est un luxe qui confi ne aussi
à la solitude. Galilée est très seul, il n’a personne
avec qui discuter, à qui exposer ses découvertes
ou ses questionnements. D’autant que le livre de
Copernic, De Revolutionibus, qui était le fondement de la réflexion de Galilée, était très di≤cile à
lire. Presque personne ne l’avait lu !
Très jeune, Galilée s’est interrogé et a douté. Il a
continué de le faire toute sa vie, malgré l’Inquisition et la destruction de sa réputation. Même
âgé, il doute, il reprend des expériences physiques de sa jeunesse qu’il avait laissées de côté et
à septante-quatre ans il publie Discours sur deux
sciences nouvelles qui est le livre le plus frais et le
plus imaginatif que j’ai jamais lu. Galilée est un
espoir pour notre civilisation vieillissante.
Avec lui, la science n’est pas une abstraction, mais
une pratique artisanale. Il est de ces gens qui font
l’histoire de la science et cette histoire est une
petite histoire tissée de doutes, de solitudes et
de di≤cultés. Alors qu’à l’école on nous enseigne
la science comme étant une discipline qui a une
autorité naturelle. Ça en devient ardu de comprendre ce qu’elle peut avoir d’intéressant.
Avez-vous trouvé de la matière et de l’inspiration
théâtrale au sein même des écrits de Galilée ?
Sinon, comment vous y êtes-vous pris ?
Au début, il était di≤cile pour moi de lire Galilée.
Des livres sur lui, oui , mais pas les siens. Je n’ai
pas fait d’études de physique et je ne me sentais
pas assez armé pour comprendre. Puis j’ai essayé,
un peu pour rire au départ, de lire les livres de
Galilée à d’autres personnes, en utilisant la langue
de la commedia dell’arte – le vénitien ancien, la
langue d’avant Goldoni –, en la jouant un peu.
Je me suis rendu compte que, avec ce procédé,
les gens comprenaient l’objet de la pensée de
Galilée. L’idée m’est venue car j’ai découvert que
la parution du livre de Copernic et la constitution
de la première troupe de théâtre professionnelle
à Padoue, étaient deux événements contemporains : 1543 pour Copernic et 1545 pour la troupe
de théâtre. J’ai trouvé cette concomitance charmante. Il existe aussi une correspondance d’anniversaire entre Galilée et Shakespeare : les deux
sont nés en 1564. Ces concomitances ne sont que
des prétextes, mais des prétextes très séduisants
pour l’imagination.
Justement dans le spectacle, vous posez cette
question à propos du Dialogue sur les deux
grands systèmes du monde de Galilée : dans ce
texte, « Où est la commedia ? » Pensez-vous qu’il
soit possible de faire du théâtre avec tout ?
Ah, d’un point de vue galiléen, il ne faut jamais
faire d’a≤rmations absolues seulement des
a≤rmations relatives.
Faire du théâtre avec tout serait un beau défi. A
mon avis, il est nécessaire de ne pas trop respecter les barrières, les catégorisations et les spécialistes. Il faut plonger les mains dans d’autres
matériaux. Mais la seule raison qui peut pousser à le faire est la curiosité personnelle. Dans le
cas de ce spectacle sur Galilée, je ne peux avoir
une réflexion sur la science que parce que je m’y
intéresse.
Pour raconter une histoire, on a toujours besoin
de trouver un point de départ et un point d’arrivée. Cela impose de faire un peu de dramaturgie
et d’accepter, parfois, de ne pas être totalement
logique, car dramaturgie et logique ne vont pas
toujours de pair. L’idéal, si cette petite cuisine est
bien faite est que le spectateur ne s’en rende pas
compte, qu’il ne puisse pas se figurer quels sont les
ingrédients et les ustensiles utilisés.
Comment s’est passée la rencontre avec
Charles Tordjman ? Comment est née l’idée de
cet autre Galilée ? Qu’est-ce qui vous a plu dans
l’idée de créer un spectacle sur Galilée ailleurs
qu’en Italie ?
Avant de rencontrer Charles Tordjman, je n’aurais
jamais pu imaginer faire un spectacle ailleurs
qu’en Italie. Sur scène, j’utilise une langue très
orale et très théâtrale qui impose une action physique. Le texte d’Itis Galileo, je le connais, mais je
ne l’ai jamais appris par cœur. Je détermine un
cadre, des standards et que j’improvise au sein
de ce cadre en essayant d’utiliser le moins de
mots possible afi n d’être le plus clair possible. Je
raconte ; je n’entre pas dans un personnage, c’est
très di±érent.
Tout le monde comprend ce que je dis en général
et cette compréhension provient d’une complicité
entre le public et moi, de références et de métaphores communes, or, cet aspect ne peut pas se
traduire.
En Charles, j’ai rencontré un homme de théâtre
disposé à se confronter à une autre culture théâtrale et aussi quelqu’un qui comprend à fond la
culture qui est à la base de mon travail. Il m’o±re
la chance de faire un travail européen et pas seulement national. En Italie, je suis très populaire,
mais je me demande si ce que je fais peut être
communiqué ailleurs. Est-ce du théâtre ou estce uniquement lié à moi ? Grâce à Charles, je vais
pouvoir le vérifier et me confronter à des éléments physiques de théâtre di±érents de ceux
que je connais. C’est un risque pour lui comme
pour moi. Il faut prendre des risques. Sinon, à
quoi bon ?
Votre langue maternelle est l’italien et vous allez
jouer en français pour Galilée, le mécano. Vous
maîtrisez très bien cette langue. Cependant
converser et jouer sont deux choses bien
différentes.
Desirez-vous faire une incursion dans mes
angoisses nocturnes ?
Il est évident que le spectateur entendra forcément un Italien qui parle en français. Mais il ne
faut pas jouer l’Italien qui parle en français, sinon
il en ressortira une grosse blague. J’aspire à jouer
dans un bon niveau de français. Je redoute de ne
pas arriver là où je veux et que les spectateurs
ne comprennent pas. Mais au fi nal, le récit d’un
Italien ou d’un Français, cela n’a que peu d’importance. Si les gens sont intéressés par ce qui est
raconté, ils se moquent de qui s’exprime.
L’intérêt des gens, la réception est un élément
qu’il faut vérifier en premier et pas seulement
auprès du public. Auprès des étudiants, aussi, par
exemple.
Pour Itis Galileo, vous jouiez certains passages
du spectacle en vénitien ancien. Avez-vous souhaité, avec Charles Tordjman, conserver cette
originalité pour Galilée, le mécano ?
Je ne sais pas. Charles y est prêt mais, j’ai parfois
l’impression de jouer un autre spectacle dans le
spectacle et que ça ne va pas ensemble.
Je me souviens avoir joué Itis Galileo en Sicile.
Le public ne comprenait rien du tout, c’était
comme écouter Sting qui chanterait en portugais ! Mais bon, Sting qui chante en portugais, ça
peut être charmant, non ? A mon avis, l’important est d’avoir établi la relation avec les spectateurs. Ensuite on peut jouer ou raconter dans une
langue qu’ils ne comprennent pas, mais seulement
dans une certaine mesure. Il s’agit d’un équilibre
qu’il faut chercher en répétition.
Pour le théâtre, vous êtes aussi bien comédien
que metteur en scène. Pour le cinéma, vous produisez et vous jouez. Auriez-vous l’envie de réaliser un film ?
Non, pas du tout. Je n’ai aucune aptitude à commander, je ne pourrais pas être réalisateur et
mettre en scène d’autres comédiens.
Quels sont vos prochains projets, théâtraux et/ou
cinématographiques ?
Je n’en parle jamais. Je peux vous confier qu'en
ce moment, je travaille sur Giuseppe Verdi
avec Marco Brunello qui est un grand musicien
de musique classique, mais qui ne joue jamais
d’opéra. Nous racontons Verdi sur scène, mais
sans les chanteurs lyriques. On a évacué les problèmes ! C’est le public qui chante depuis la salle.
Je m’amuse bien avec ce projet, mais il s'agit juste
d'une parenthèse.
Propos recueillis par Pauline Masson
de Marivaux
du 4 au 16 mars 2014
Théâtre Kléber-Méleau
Mise en scène :
Philippe Mentha
Assistant à la mise en scène :
Michel Fidanza
Scénographie :
Audrey Vuong
Costumes :
Patricia Faget
Avec :
Philippe Mentha
Céline Nidegger
David Pion
Lise Ramu
Christian Robert-Charrue
Alexandra Tiedemann
Barbara Tobola
Edmond Vullioud
Coproduction :
Théâtre de Carouge
Théâtre Kléber-Méleau
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
04.03.
05.03.
06.03.
07.03.
08.03.
09.03.
10.03.
11.03.
12.03.
13.03.
14.03.
15.03.
16.03.
19h00
19h00
19h00
20h30
19h00
17h30
relâche
19h00
19h00
19h00
20h30
19h00
17h30
© Mario Del Curto
La double inconstance
Théâtre Kléber-Méleau
Marivaux oppose le monde de la cour au monde
rural, la richesse à la pauvreté, le pouvoir à
l’impuissance.
Françoise Rubellin
Professeur à l’Université de Nantes
Théâtre Kléber-Méleau
Février à mai 2014 l Nº 44
21
Pierre Carlet de Marivaux naît en 1688. Son père,
Nicolas Carlet, d’origine normande, travaille à
l’administration de la marine. Journaliste, romancier, ce témoin de son siècle et d’un monde qui
change sera auteur dramatique. Ses comédies
parlent un langage nouveau : celui de la conversation. Il les o±re aux comédiens italiens « Les
acteurs français ont la fureur de montrer de
l’esprit. » Chez lui tout sera jeux, déguisements,
feintes, ou fausses confidences, pour mieux
démasquer la vérité sous l’apparence : c’est son
obsession (références : Le Télémaque travesti,
L'Homère travesti, Le prince travesti, La fausse suivante, Le jeu de l’amour et du hasard, Le triomphe
de l’amour). De même, bien des puissants tairont leur titre pour être sûrs d’être aimés pour
eux-mêmes…
Amoureux de toutes les nuances et complexités,
Marivaux se donne le droit « de rire des hommes
en général et de moi-même que je vois dans les
autres ». En 1742, grâce à Madame de Tencin,
l’Académie française le préfère à Voltaire qui
dira « Marivaux pèse des œufs de mouche dans
des balances de toile d’araignée. »
Avec quel esprit et quel style, il pose son regard
lucide, cruel, enjoué, sur notre nature ! Il mourra
ruiné en 1763 – voilà deux cent cinquante ans.
Si le XVIIIe a critiqué son style et ses néologismes,
ses sujets n’ont pas vieilli. Le fossé entre riches
et pauvres, entre villes et campagnes, se creuse ;
le temps ne peut adoucir toutes les blessures de
l’inconstance. Ici, non sans tendresse, Marivaux
conduit deux amants à leur double inconstance
et les voit contribuer malgré eux à leur propre
manipulation.
Les utopies des comédies et des contes nous proposent un miroir magique : qu’on s’y reconnaisse
ou pas, il peut encore nous éclairer.
de ces fi lles et garçons qui, sans en sou±rir, se
détachent peu à peu de leur amour d’enfance au
profit d’un autre, plus fort, plus profond et pas
moins sincère, une fois devenus adultes ?
Une pièce ne prouve rien ! On voit naître le crime
de l’extrême richesse comme de la misère, de la
puissance et de l’humiliation. Mais inconstant,
qui ne le fut jamais ? A changer d’âge, d’intérêt,
nous évoluons. Le nier friserait l’aveuglement ou
la niaiserie. Heureusement que la vie, ses chocs,
ses surprises et ses transformations, saura nous
guérir !
* En 1947, dans La répétition ou l’amour puni, inspirée de La
« La double inconstance le prouve, l’innocence
n’existe pas » – a-t-on écrit.
– Vraiment ! – Et si elle existait mais n’avait qu’un
temps ? Ne serait-ce pas su≤samment cruel, fatal,
évident ?
Pour Jean Anouilh*, la pièce racontait « l’histoire
d’un crime ». Faudra-t-il juger criminelle la vie
double inconstance, Anouilh reprenait brillamment le thème
de l’innocence violée, l’un de ses sujets majeurs, récurrent.
w w w. l as e m euse.ch
En choisissant les Cafés La Semeuse,
vous contribuez au soutien du Théâtre de Vidy
et savourez l’un des meilleurs cafés du monde...
Bonne dégustation…
LA SEMEUSE S.A.s0AYSANS(ORLOGERSs,A#HAUXDE&ONDSs4£LsINFO LASEMEUSECH
Activités ludiques en lien
avec les spectacles
Pour tous les goûts !
Le Théâtre Vidy-Lausanne organise régulièrement des stages et des ateliers de théâtre, de cirque,
de cinéma ou de marionnettes. Destinés à des enfants, à des adolescents, parfois à des familles, ils
remportent un vif succès. Voici la prochaine proposition :
Propositions pour les familles
Les stages intergénérationnels permettent à des duos composés d’un adulte (grand-parent, parrain,
maman) de faire découvrir sa passion pour le théâtre à un enfant en participant ensemble à un atelier
de 1h30 autour d’un spectacle programmé à Vidy.
Le stage est suivi d’un goûter puis de la pièce.
Prix : Fr. 40.– par duo comprenant deux invitations pour le spectacle.
Renseignements et inscriptions auprès de Camille Menoud :
[email protected] ou par téléphone au 021 619 45 80.
Prochains rendez-vous :
Le dimanche 16 mars 2014, à 14h30 :
Journal de ma nouvelle oreille
Mise en scène : Zabou Breitman
Dès 12 ans
Le dimanche 6 avril 2014, à 15h00 :
De nos jours [Notes On The Circus]
Un spectacle d’Ivan Mosjoukine
Dès 8 ans
Le magazine Générations Plus et les thés Newby sont partenaires des stages intergénérationnels.
Stage de Pâques
Le Théâtre Vidy-Lausanne, en collaboration avec Isabelle Baudet, Expression 5/20+, propose un stage
autour du spectacle Cinématique, par la compagnie Adrien M/Claire B. Destiné aux enfants et aux
adolescents, il se déroulera du 14 au 17 avril 2014.
Prix : Fr. 280.–
Inscriptions auprès de [email protected].
Atelier BD autour de Seule la mer d’Amos Oz,
mise en scène : Denis Maillefer
L’objectif de cet acte de médiation est d’intéresser au théâtre des jeunes qui étudient dans des écoles
préprofessionnelles et de les sensibiliser à l’interdisciplinarité à travers un atelier BD, mené par
Matthieu Berthod. Ils auront l’occasion d’analyser des parties de l’œuvre littéraire et de les transposer
sous forme de bandes dessinées.
Dès 15 ans.
Activité prévue courant février.
Atelier d’écriture libre autour du spectacle Seule la mer
d’Amos Oz, mise en scène : Denis Maillefer
Cette approche menée par Eugène, auteur contemporain romand, est proposée dans des classes de
gymnase et permet d’appréhender une œuvre à travers un atelier d’écriture et de découvrir comment
la transposer sur scène.
Dès 16 ans.
Activité prévue courant mars.
Prochain Grand débat
Le lundi 24 février 2014 à 19h00 à la Salle Charles Apothéloz
Michel Serres sera l’invité du Grand Débat de février pour présenter Petite Poucette, un clin d’œil aux
pouces utilisés pour envoyer les messages depuis les téléphones portables.
Entrée libre.
En collaboration avec Payot Libraire et l’Hebdo.
Réservations auprès de [email protected].
Soirée littéraire autour de l’œuvre
de Philippe Jaccottet
Le lundi 24 mars 2014 à 19h00 à la Salle Charles Apothéloz
Les œuvres du poète paraissent dans la collection de la Pléiade à la fi n de février 2014, une occasion
intéressante de recevoir le poète au Théâtre Vidy-Lausanne.
Au programme de cette soirée, Philippe Jaccottet donnera une lecture sur scène d'extraits de son
œuvre en présence d'éditeurs qui prendront également la parole.
Il s'agit notamment de Hugues Pradier, directeur éditorial de la Bibliothèque de la Pléiade,
et de José-Flore Tappy, collaboratrice du Centre de recherches sur les lettres romandes de l'UNIL
et responsable de cette édition.
En collaboration avec Payot Libraire et l'Hebdo.
Réservations auprès de [email protected].
Festival Archipel
Avantage adhérents 13-14
Le Festival Archipel (21-30 mars 2014) propose aux adhérents du Théâtre Vidy-Lausanne une entrée
o±erte pour un billet acheté par catégorie.
O±re valable sur présentation de la carte de réduction et sur tous les concerts à l’exception de
Delusion of the Fury, Re mix, Face à la mer.
Billetterie : www.archipel.org.
Théâtre Vidy-L
Février à mai 2014 l Nº 44
22
Le Théâtre Vidy-Lausanne en tournée (février à mai 2014)
Eraritjaritjaka
Conception, musique et mise en scène : Heiner Goebbels
Du 26 au 28 février – Onassis Cultural Centre (Athènes)
I went to the house but did not enter
Conception, musique et mise en scène : Heiner Goebbels
Du 6 au 8 mars – Biennale Musiques en Scène, TNP (Lyon)
Stifters Dinge
Conception, musique et mise en scène : Heiner Goebbels
Du 13 au 15 mars – Biennale Musiques en Scène, TNP (Lyon)
Max Black
Conception, musique et mise en scène : Heiner Goebbels
Les 13 et 14 mars – Le Volcan, scène nationale (Le Havre)
Les 21 et 22 mars – Biennale Musiques en Scène,
Théâtre de la Renaissance (Oullins)
Les revenants d’après Henrik Ibsen
Mise en scène : Thomas Ostermeier
Du 5 au 8 février – MC2 (Grenoble)
Les 12 et 13 février – L’Equinoxe, scène nationale (Châteauroux)
Les 19 et 20 février – Maison de la culture (Amiens)
Les 25 et 26 février – L’Espal, centre culturel (Le Mans)
Les 7 et 8 mars – Le Carré (Sainte-Maxime)
Les 13 et 14 mars – CNCDC (Châteauvallon)
Du 18 au 22 mars – Les Célestins (Lyon)
Du 26 au 29 mars – La Comédie (Clermont-Ferrand)
Les 11 et 12 avril – Le Parvis (Ibos)
Les 16 et 17 avril – L’Archipel (Perpignan)
Les 24 et 25 avril – Espace Malraux (Chambéry)
Les 10 et 11 mai – Théâtre Equilibre (Fribourg)
Les 15 et 16 mai – Bonlieu (Annecy)
Un canto lungo di 50 anni de Giovanna Marini
Le 21 mars – Teatro Sociale (Bellinzone)
André, un spectacle de Marie Rémond
Du 18 au 21 février – Le Dôme Théâtre (Albertville)
Du 25 au 28 février – L’Espace Malraux (Chambéry)
Le 4 mars – L’Arc-en-Ciel (Rungis)
Le 8 mars – La Piscine (Châtenay-Malabry)
Du 12 au 14 mars – 140 (Bruxelles)
Le 21 mars – Salle Jean Renoir (Bois-Colombes)
Les 22 et 23 mars – Théâtre des Bergeries (Noisy-le-Sec)
Le 28 mars – Casino Théâtre (Le Locle)
Du 1er au 5 avril – Théâtre du Passage (Neuchâtel)
Les 10 et 11 avril – Maison de la culture Le Corbusier (Firminy)
Le 15 avril – Le Manège (Maubeuge)
Les 17 et 18 avril – Théâtre du Beauvaisis (Beauvais)
Blue Jeans de Yeung Faï
Conception, scénographie et marionnettes : Yeung Faï
Du 4 au 15 février – Le Monfort Théâtre (Paris)
Du 18 au 21 février – La Comédie de Béthune (Béthune)
Du 22 au 26 mai – Théâtre des Marionnettes (Genève)
La compagnie des spectres d’après le roman de Lydie Salvayre
De et avec Zabou Breitman
Le 4 février – Centre culturel Aragon (Oyonnax)
Les 7 et 8 février – Théâtre de Châtillon (Châtillon)
Les 6 et 7 mars – Espace Vélodrome (Plan-les-Ouates)
Le 15 mars – La Terrasse (Gif-sur-Yvette)
Le 22 mai – Le Toboggan (Décines)
Le 27 mai – Théâtre des Pénitents (Montbrison)
Prix des places
Plein tarif : Fr. 42.–
AVS, AI, chômeurs : Fr. 27.–
16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 16.–
Moins de 16 ans : Fr. 10.–
Prix des places avec la carte de réduction
Plein tarif : Fr. 16.–
AVS, AI, chômeurs : Fr. 16.–
16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 10.–
Tarifs des cartes de réduction
f Carte adhérent
Plein tarif : Fr. 130.–
AVS, AI, chômeurs : Fr. 80.–
f Carte 16-25
16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 20.–
Pour les billets à prix réduits, une pièce
justificative peut être demandée à l’entrée
du spectacle.
Infos
Nous ne prenons aucune réservation (sauf
pour les adhérents 13-14).
Les billets ne sont ni échangés, ni remboursés.
L’accès aux salles n’est pas garanti après le
début des représentations.
Le dimanche, la caisse est ouverte une
heure avant le début de la première
représentation.
Points de vente
Théâtre Vidy-Lausanne
Av. E.-Jaques-Dalcroze 5
1007 Lausanne
Tél. 021 619 45 45
www.vidy.ch
ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h
Librairie Payot
Pl. Pépinet 4
1003 Lausanne
ouvert du lundi au vendredi de 13h à 18h30
et le samedi de 10h à 14h et de 14h30 à 18h
Théâtre Kléber-Méleau
Ch. de l’Usine-à-Gaz 9
1020 Renens
Tél. 021 625 84 29
Fax 021 625 84 34
Journal de ma nouvelle oreille de et avec Isabelle Fruchart
Adaptation et mise en scène : Zabou Breitman
Du 25 au 28 mars – Théâtre de Châtillon (Châtillon)
Les 4 et 5 avril – Théâtre Liberté (Toulon)
Immortels de Nasser Djemaï
Texte et mise en scène : Nasser Djemaï
Les 6 et 7 février – Domaine d’O (Montpellier)
Les 11 et 12 février – Théâtre d’Angoulème (Angoulème)
Du 18 au 22 février – MC2 (Grenoble)
Du 18 au 28 mars – Théâtre 71 (Malakoff)
Le 4 avril – Théâtre Liberté (Toulon)
Du 8 au 10 avril – L’Apostrophe (Cergy-Pontoise)
Directeur de publication :
Vincent Baudriller
Publicité et coordination :
Sarah Turin
([email protected])
Coordination :
Marie-Odile Cornaz
([email protected])
Correctrice :
Julie Weidmann
Photolithographie :
Bombie, Genève
Impression :
IRL Plus SA
Ont contribué à ce numéro :
Olivia Barron
Laurent Berger
Vincent Brayer
Mireille Descombes
Fanny Guichard
Denis Lavalou
Catherine Mancusi
Pauline Masson
Cornelius Schregle
Remerciements
A nos fidèles partenaires
A nos généreux donateurs
Fondation de Famille Sandoz
Fondation Leenaards
Fondation Hoffmann
Fondation Landis & Gyr
Fondation Ernst Göhner
Un merci particulier à une mécène généreuse
et anonyme
Main sponsor
www.richardmille.com
Partenaire média
Photo de couverture :
Archives de la Ville de Lausanne,
P 32 (Würgler), documentation
Exposition nationale 1964
Conseil de fondation
Présidente du conseil :
Vera Michalski-Hoffmann
Présidents d’honneur :
Michel Pierre Glauser
Raymond Junod
Vice-président du conseil :
Daniel Brélaz
Membres du conseil :
Anne Biéler
Pascal Broulis
Juliane Cosandier
Pierre-Henri Dumont
Patrick Ferla
Nathalie Fluri
Anne-Claude Gilli-Studer
Jean-Claude Grangier
Grégoire Junod
Frédéric Maire
Jean-Yves Pidoux
Jean-Pierre Potvliege
Fabien Ruf
Pierre Starobinski
Brigitte Waridel
Elisabeth Wermelinger
Partenaires culturels
Arsenic
Collection de l’Art Brut
La Cinémathèque suisse
Musée de l’Elysée
Fondation de l’Hermitage
HEMU
ECAL
HETSR
A ceux qui, d’une manière ou d’une autre,
soutiennent notre activité
Association des
Leuba+Michel SA
Amis du Théâtre
Migros Pour-cent culturel
Bongénie – Grieder
Moyard Meuble
Cinétoile Malley
Newby Thé
CHUV – Centre
Omega
hospitalier universitaire Payot
vaudois
Philip Morris
Feldschlösschen
Pro Infirmis
Filofax
Richard Mille
Groupe Mutuel
RTS – La 1ère
Sedelec
Hermès
Sicpa
Hertz
Sunrise
Honda
Swissquote
Hôtel d’Angleterre
Switcher
Hôtel Aulac
Testuz
Hôtel Beau-Rivage
Transports Publics de
Jean Genoud SA
la Région Lausannoise
La Clinique
Voyages et Culture
de La Source
La Semeuse
Laurent Perrier
Le Temps
Le Théâtre Vidy-Lausanne est subventionné
par la Ville de Lausanne, par le Canton
de Vaud et par le Fonds intercommunal de
soutien aux institutions culturelles de
la région lausannoise.
Salle Charles Apothéloz
La Passerelle
Salle René Gonzalez
Chapiteau Vidy-L
Foyer du Théâtre
François d’Assise
Février
VieLLeicht
Cinématique
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
12.02.
13.02.
14.02.
15.02.
16.02.
17.02.
18.02.
19.02.
19h00
19h00
20h30
19h00
17h30
relâche
19h00
19h00
04.03.
05.03.
06.03.
07.03.
08.03.
09.03.
10.03.
11.03.
12.03.
13.03.
14.03.
19h00
19h00
19h00
20h30
19h00
17h30
relâche
19h00
19h00
19h00
20h30
18.03.
19.03.
20.03.
21.03.
22.03.
23.03.
19h00
19h00
19h00
20h30
19h00
17h30
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
11.02.
12.02.
13.02.
14.02.
15.02.
16.02.
17.02.
18.02.
19.02.
20.02.
21.02.
22.02.
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
relâche
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
06.02.
07.02.
08.02.
09.02.
10.02.
11.02.
12.02.
13.02.
14.02.
15.02.
16.02.
17.02.
18.02.
19.02.
20.02.
21.02.
22.02.
23.02.
20h30
19h00
20h30
17h00
relâche
20h30
20h30
20h30
19h00
20h30
17h00
relâche
20h30
20h30
20h30
19h00
20h30
17h00
Richard III
Bourlinguer
Mars
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Seule la mer
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
05.03.
06.03.
07.03.
08.03.
09.03.
10.03.
11.03.
12.03.
13.03.
14.03
15.03.
16.03.
17.03.
18.03.
19.03.
20.03.
21.03.
22.03.
23.03.
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
Présentation du prologue
Jeudi
27.03.
19h30
Lecture Paradoxe sur le comédien
Dimanche
30.03.
17h00
Misterioso-119
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
11.03.
12.03.
13.03.
14.03.
15.03.
16.03.
17.03.
18.03.
19.03.
20.03.
21.03.
22.03.
23.03.
24.03.
25.03.
26.03.
27.03.
28.03.
29.03.
30.03.
Journal de ma nouvelle oreille
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
relâche
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
18h30
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
18h30
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
11.03.
12.03.
13.03.
14.03.
15.03.
16.03.
17.03.
18.03.
19.03.
20.03.
21.03.
22.03.
20h30
20h30
20h30
19h00
20h30
17h00
relâche
20h30
20h30
20h30
19h00
20h30
De nos jours [Notes On The Circus]
Avril
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
03.04.
04.04.
05.04.
06.04.
07.04.
08.04.
09.04.
10.04.
11.04.
19h00
20h30
19h00
17h30
relâche
19h00
19h00
19h00
20h30
50e anniversaire de l’Expo64
et du Théâtre
Les demeurées
Mai
Kouta
Mardi
06.05.
19h00
Mercredi
07.05.
19h00
Jeudi
08.05.
19h00
Vendredi
09.05.
20h30
Samedi
10.05.
19h00
Prologue
Du 12 mai au 14 juin 2014
Présentation de la saison 14-15
Lundi
19.05.
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
29.04.
30.04.
01.05.
02.05.
03.05.
04.05.
05.05.
06.05.
07.05.
08.05.
09.05.
10.05.
11.05.
12.05.
13.05.
14.05.
15.05.
16.05.
17.05.
18.05.
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
relâche
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
19h30
A vous la nuit
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
21.05.
22.05.
23.05.
24.05.
25.05.
26.05.
27.05.
28.05.
29.05.
30.05.
31.05.
20h00
20h00
20h00
20h00
18h00
relâche
20h00
20h00
20h00
20h00
20h00
Du 29 avril au 7 juin 2014
Goldfish
Dimanche
Lundi
Galilée, le mécano
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Dimanche
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
07.05.
08.05.
09.05.
10.05.
11.05.
12.05.
13.05.
14.05.
15.05.
16.05.
17.05.
18.05.
19.05.
20.05.
21.05.
22.05.
23.05.
24.05.
25.05.
26.05.
27.05.
28.05.
29.05.
30.05.
31.05.
04.05.
05.05.
19h30
19h30
19h30
19h30
relâche
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
18h30
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
18h30
relâche
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
Juin
ine saison
a
h
c
ro
p
la
e
d
e
u
g
lo
2014 : un pro
Du 12 mai au 14 juin n.
directio
ation de la nouvelle
Première programm
de danse.
et
tacles de théâtre
Une dizaine de spec
27 mars 2014 à 19h30
le
é
nc
no
ue sera an
Le détail de ce prolog
18h00
19h00
La métamorphose, une histoire Hermès
Carrés en twill de soie
Hermes.com
Téléchargement