Théâtre Vidy-Lausanne Février à mai 14 e r t â é h T u d t e 4 6 o p x E ’ l e e nniversaire d 50 a 7 juin 2014 du 29 avril au n o i t c e r i d e l l e uv o n a l e d n o i at m m a r g o r p Première e de la prochaine saison un prologu 14 juin 2014 du 12 mai au Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 Nº 44 Théâtre Vidy-Lausanne Février à mai 14 e r t â é h T u d t e 4 6 o p x E ’ l e e nniversaire d 50 a 7 juin 2014 du 29 avril au n o i t c e r i d e l l e uv o n a l e d n o i at m m a r g o r p Première e de la prochaine saison un prologu 14 juin 2014 du 12 mai au Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 Nº 44 © Didier Gourdon CALIBRE RM 007 BOUTIQUE RICHARD MILLE GRAND HOTEL KEMPINSKI GENEVE BUCHERER St Moritz EMBASSY JUWEL Luzern KIRCHHOFER HAUTE HORLOGERIE Interlaken www.richardmille.com © Collection Monnard Sommaire 5 Les premières propositions de la nouvelle direction Un prologue de la prochaine saison, du 12 mai au 14 juin 2014. Exposition pour le cinquantième anniversaire de l’Expo64 et du Théâtre. Lecture du Paradoxe sur le comédien de Diderot par Denis Podalydès et Gabriel Dufay. 6 François d’Assise Et si François d’Assise n’était pas qu’un saint ? Adel Hakim nous propose une autre vision de cet homme d’une remarquable modernité. 7 VieLLeicht Mélissa Von Vépy, marionnettiste libre de toute pesanteur, défie l’impossible avec grâce, virevoltant au bout de fils nourriciers. 9 Cinématique Un ballet digital où des formes géométriques, des lignes, des points, des lettres de l’alphabet partent à la rencontre du corps des danseurs. De nos jours [Notes On The Circus] L’art du cirque revisité avec fraîcheur. Quatre artistes à la fois danseurs, comédiens et circassiens nous ramènent à l’essence même du cirque. 10 Trois regards croisés Trois metteurs en scène suisses s’expriment sur leur rapport au métier sous la plume d’un des leurs : Vincent Brayer. Les demeurées L’accès au savoir d’une fille peut s’avérer douloureux voire tragique pour sa mère qui vit hors du monde. L’auteure Jeanne Benameur, en dentellière, pose les mots et ceux-ci viennent se nouer dans la gorge. Didier Carrier, lui, les cueille et les coud sur scène. 11 Bourlinguer Blaise Cendrars retourne sur les traces de son enfance napolitaine et Jean-Quentin Châtelain, sous la conduite de Darius Peyamiras, nous accompagne dans ce voyage intérieur plein d’images et d’odeurs exotiques. 13 Richard III Laurent Fréchuret replonge dans Shakespeare en s’emparant cette fois-ci du plus vil de ses personnages, Richard III, interprété par Dominique Pinon. 15 17 Journal de ma nouvelle oreille Zabou Breitman et Isabelle Fruchart présentent une pièce à écouter avec les yeux pour redécouvrir le monde des sons. Le Master orientation mise en scène Une formation haute en couleur présentée par la Manufacture (HETSR) Seule la mer Banalité, tendresse et rêves brisés. Un récit humain où tout un chacun saura se retrouver. Amos Oz raconte l’histoire, Denis Maillefer en est l’architecte. 18 Portraits d’hommes du monde Habib Dembélé, Koffi Kwahulé et Hassane Kassi Kouyaté . 19 Misterioso-119 Audacieusement exposé par Kwahulé, l’univers d’une prison où douze femmes partagent leur rébellion rythmée par un bebop déchaîné. Goldfish Inbal Pinto et Avshalom Pollak nous entraînent dans leur dernier fabuleux voyage scénique. Entre danse et comédie, des histoires burlesques et légères, bien déjantées. 20 Galilée, le mécano Certains génies ne se révèlent que sur le tard. Galilée en fait partie. Marco Paolini ressuscite cette figure mythique dont l’étonnante vivacité d’esprit n’a pas pris une ride. 21 Théâtre Kléber-Méleau La double inconstance Comédie en trois actes de Pierre de Marivaux qui se déroule au XVIIIe siècle, à la cour d'un prince imaginaire. 22 Informations 23 Calendrier Le Théâtre Vidy-Lausanne, hier, aujourd’hui et demain Le 30 avril 1964 l’Exposition nationale de Lausanne s’ouvrait avec, dans le pavillon « Eduquer et créer » conçu par Max Bill, une salle de spectacle. Une dizaine d’années plus tard cette salle est devenue le Théâtre Vidy-Lausanne sous l’impulsion du metteur en scène Charles Apothéloz. Pour célébrer ce cinquantième anniversaire nous organiserons dans nos murs une exposition qui évoquera cette manifestation et son idée de la modernité et du progrès et nous rendrons hommage à ces deux personnalités qui ont marqué dès sa genèse l’identité de ce lieu. Depuis cinquante ans, sous la conduite des directions successives de Charles Apothéloz, Franck Jotterand, Pierre Bauer et Jacques Bert, puis Matthias Langho±, René Gonzalez, Thierry Tordjman et René Zahnd et grâce à la volonté politique de la Ville et du Canton, le Théâtre a grandi, s’est transformé, pour devenir un des lieux importants du théâtre en Europe. Ce journal vous présente la programmation de février à mai 2014, élaborée l’an passé par mes prédécesseurs. Elle vous fera voyager de Suisse en Afrique, en passant par l’Angleterre de Shakespeare d’aujourd’hui et l’Italie de Galilée, et en faisant la part belle aux écritures contemporaines. Ensuite, fort de cet héritage d’un demi-siècle, ma responsabilité et mon ambition est d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire du Théâtre Vidy-Lausanne. Je souhaite qu’il soit un lieu où des artistes, d’ici ou d’ailleurs, prennent le risque d’inventer le théâtre et la danse d’aujourd’hui, un lieu où se croisent de nombreux spectateurs, de toutes les générations et curieux de l’art, un lieu d’échanges et de débats, un lieu ouvert sur le monde qui rayonne sur son territoire comme à l’étranger. Avec toute l’équipe, nous sommes en train de préparer activement la prochaine saison 2014-2015 avec de nouvelles productions qui seront créées ici et de nombreux artistes qui viendront pour la première fois. Nous vous la raconterons le 19 mai 2014. Mais, dès le printemps prochain, nous avons envie de vous présenter certains de ces créateurs qui s’inscriront dans le nouveau paysage de Vidy. Nous sommes en train d’imaginer un « Prologue » de la future saison, avec pendant un mois, du 12 mai au 14 juin 2014, une dizaine de spectacles de théâtre et de danse. Nous vous donnons rendez-vous le 27 mars 2014 pour vous le dévoiler. Au plaisir de vous retrouver au Théâtre, aujourd’hui et demain. Vincent Baudriller Directeur du Théâtre Vidy-Lausanne Lausanne, le 20 janvier 2014 Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 03 Photo de couverture : Vue aérienne du pavillon « Eduquer et créer » de l’Expo64 conçu par Max Bill. Seul, subsiste aujourd’hui, le Théâtre Vidy-Lausanne. Ci-dessus : Photo de la cour des arts du pavillon « Eduquer et créer » de l’Expo64 conçu par Max Bill en 1964. Cette cour est aujourd’hui la terrasse du Théâtre VidyLausanne. P U B L I C I T E ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE 13.02.2014 20.02.2014 13.03.2014 05.06.2014 THÉÂTRE BEAULIEU LAUSANNE 20H15 THÉÂTRE BEAULIEU LAUSANNE 20H15 THÉÂTRE BEAULIEU LAUSANNE 20H15 THÉÂTRE BEAULIEU LAUSANNE 20H15 DIRECTION DIRECTION DIRECTION DIRECTION NEEME JÄRVI LARS VOGT PIANO JOHANNES BRAHMS SYMPHONIE Nº 3 EN FA MAJEUR OP. 90 EDVARD GRIEG CONCERTO POUR PIANO ET ORCHESTRE EN LA MINEUR OP. 16 NEEME JÄRVI VADIM REPIN TRULS MØRK CHARLES DUTOIT LOUIS LORTIE PIANO THIERRY FISCHER JEANGUIHEN QUEYRAS VIOLON WOLFGANG AMADEUS MOZART CONCERTO POUR PIANO ET ORCHESTRE N° 22 EN MI BÉMOL MAJEUR KV 482 OTTORINO RESPIGHI LES FÊTES ROMAINES LES FONTAINES DE ROME LES PINS DE ROME VIOLONCELLE VIOLONCELLE PIOTR ILYITCH TCHAÏKOVSKI MARCHE SOLENNELLE DU COURONNEMENT JOHANNES BRAHMS DOUBLE CONCERTO POUR VIOLON, VIOLONCELLE ET ORCHESTRE EN LA MINEUR OP. 102 DIMITRI CHOSTAKOVITCH SYMPHONIE Nº 11 EN SOL MINEUR OP. 103, «L’ANNÉE 1905» AVANT-CONCERTS : 19H30, CONFÉRENCES PRÉLUDES INFORMATIONS ET BILLETTERIE WWW.OSR.CH, 021 807 00 00 CLAUDE DEBUSSY LE MARTYRE DE SAINT SÉBASTIEN, FRAGMENTS SYMPHONIQUES MICHAEL JARRELL EMERGENCES (NACHLESE VI) POUR VIOLONCELLE ET ORCHESTRE (CRÉATION SUISSE) HECTOR BERLIOZ ROMÉO ET JULIETTE OP. 17, EXTRAITS SYMPHONIQUES L’Orchestre de la Suisse Romande bénéficie du soutien de la Ville de Genève, de la République et canton de Genève et de l’Etat de Vaud. Photo © Sprint / Corbis BaseGVA (www.basedesign.com) Billetterie de l’OCL Rue Saint-Laurent 19 1003 Lausanne Lu-ve 9h00-13h00 CONCERT DÉCOUVERTES CONCERT D’ABONNEMENT CONCERT DU DIMANCHE 19 FÉVRIER 2014 - 17H00 3 & 4 MARS 2014 - 20H00 9 MARS 2014 - 11H15 JEAN-FRANÇOIS ZYGEL conception, piano et commentaire FRANK PETER ZIMMERMANN direction et violon BERTRAND DE BILLY direction ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE SALLE MÉTROPOLE - LAUSANNE SALLE MÉTROPOLE - LAUSANNE AZIZ SHOKHAKIMOV direction photo : olivier pasqual LA 5e SYMPHONIE Musique de FRANZ SCHUBERT moserdesign.ch SAISON 2013-2014 SCANNEZ ET DÉCOUVREZ NOTRE SAISON AU TRAVERS D’ARTICLES, INTERVIEWS, IMAGES ET VIDÉOS. HAUTE ÉCOLE DE MUSIQUE DE LAUSANNE WWW.OCL.CH SALLE MÉTROPOLE - LAUSANNE DAVIDE BANDIERI clarinette Œuvres de WOLFGANG AMADEUS MOZART 021 345 00 25 CURZIO PETRAGLIO cor de basset Œuvres de LUIGI CHERUBINI et FELIX MENDELSSOHN BARTHOLDY CONCERTS MASTERCLASSES CRÉATIONS WWW.HEMU.CH Les premières propositions de la nouvelle direction Lecture de Gabriel Dufay et Denis Podalydès en écho à l’exposition « Le goût de Diderot » à la Fondation de l’Hermitage. En prologue de sa première saison qui sera annoncée le 19 mai 2014, la nouvelle direction a choisi de vous présenter, dès le printemps prochain, une dizaine de spectacles pour vous permettre de découvrir certains des artistes qui vont marquer le futur paysage de Vidy. Des orientations artistiques apparaîtront déjà : une ouverture aux artistes suisses, alémaniques et romands, aux théâtres étrangers, à un théâtre politique et documentaire ainsi qu’à la danse contemporaine. Vincent Baudriller vous présentera le programme de ce prologue le 27 mars 2014. Vincent Baudriller Le Théâtre Vidy-Lausanne, Max Bill et l’Expo64 Du 29 avril au 7 juin 2014 Plus d’informations dès le 28 mars sur www.vidy.ch Denis Podalydès Le montage des textes proposés est réalisé par Gabriel Dufay. Et là, entre 1927 et 1929, il est l’élève des plus grands, Kandinsky, Klee, Moholy-Nagy ou Schlemmer. De la formation pluridisciplinaire si particulière à cette institution fondée par Walter Gropius, Max Bill gardera l’habitude de traiter l’environnement comme un tout et le besoin de toujours tout remettre en question. Des principes que, vingt ans plus tard, il va mettre en pratique à la Hochschule für Gestaltung d’Ulm, une nouvelle école née dans l’après-guerre et qui se veut l’héritière du Bauhaus. Il en a planifié le programme et les bâtiments. Il en sera le premier recteur. Max Bill Expo64 A l’été 1964, 11’728’406 millions de spectateurs visitent la sixième exposition nationale suisse, mise en place à Lausanne. 250’000 mètres carrés ont été gagnés sur le lac pour y installer à Vidy un large complexe qui comprend une salle de spectacle conçue par l’architecte Max Bill. Durant quatre mois, les visiteurs peuvent arpenter la voie suisse et découvrir les œuvres de Jean Tinguely, approcher le mésoscaphe de Jacques Piccard, traverser les pavillons qui mettent en valeur le travail, l’agriculture, les transports et l’éducation. Tout ce qui fait la culture d’une Suisse se présentant alors entre folklore et avant-garde. A l’occasion du cinquantième anniversaire de cet événement, le 29 avril 2014, le Théâtre Vidy-Lausanne, qui demeure le seul vestige du complexe, ouvre en ses murs une exposition retraçant l’Expo64. En partenariat avec la Ville de Lausanne, la Cinémathèque, le Musée de l’Elysée, l’EPFL et la RTS. Paradoxe sur le comédien de Denis Diderot n’est pas uniquement un ouvrage théorique, il s’agit aussi d’un dialogue vif et enlevé entre deux interlocuteurs conversant à bâtons rompus sur l’art de l’acteur. Gabriel Dufay et Denis Podalydès, deux acteurs et metteurs en scène complices que nous avons déjà pu applaudir à Vidy, ont consacré un entretien sur le sujet à l’occasion de la nouvelle édition de l’ouvrage canonique de Diderot en 2012. La boucle est ici bouclée, puisqu’ils interpréteront des extraits du Paradoxe sur le comédien dans le cadre d’une lecture exceptionnelle en écho à l’exposition « Le goût de Diderot » à la Fondation de l’Hermitage. Dimanche 30 mars à 17h00 Salle Charles Apothéloz © Archives Max Bill, Fondation Max, Binia et Jakob Bill, Adligenswil Le programme sera disponible dès le 28 mars 2014 au Théâtre ou en ligne sur www.vidy.ch. Ouverture de la billetterie également à cette date. Diderot et l’art de l’acteur © Christophe Raynaud Delage © Ilka Kramer Du 12 mai au 14 juin 2014 : un prologue de la prochaine saison Le Théâtre Vidy-Lausanne a cinquante ans cette année. Presque une vie d’homme, beaucoup de péripéties, d’anecdotes et d’aventures. Au départ, tel Achille, le bâtiment est en e±et promis à une existence glorieuse, mais brève. Il a pour berceau l’Exposition nationale suisse de 1964 – dont les aménagements se veulent éphémères – et pour père l’un des créateurs les plus en vue à l’époque, le peintre, sculpteur, graphiste, designer, enseignant et bien sûr architecte Max Bill (1908-1994). Le Théâtre n’est alors qu’un élément dans un ensemble plus vaste, le pavillon du secteur 2b intitulé « L’art de vivre : Eduquer et créer ». Max Bill ? L’homme mérite d’être présenté. En Suisse romande, il est en e±et moins connu aujourd’hui qu’un Jean Tinguely. Il a pourtant joué un rôle clé dans la vie artistique et culturelle du XXe siècle. Max Bill, donc, est né un 22 décembre 1908 à Winterthour. Fils de chef de gare, il grandit parmi les rails et les trains, un environnement particulier que l’on ne peut s’empêcher de mettre en lien avec son amour des droites et des lignes. Elève apparemment turbulent, le jeune homme commence par étudier l’orfèvrerie à l’Ecole des arts appliqués de Zurich avant d’entrer au prestigieux Bauhaus de Dessau. Lorsqu’il est sollicité pour participer à l’organisation de l’Expo64, Max Bill est donc au faîte de sa renommée. Créateur rigoureux, engagé et exigeant, il a participé aux plus importants combats artistiques et politiques de son temps. Il a tenté de créer un art libre et autonome, régi par la logique et la géométrie, en rupture radicale avec la réalité (le fameux « art concret zurichois »). Il a développé une architecture volontairement non spectaculaire, soucieuse « d’être économique et d’éviter toute dépense inutile ». Homme de gauche actif en politique, il n’a pas hésité à prendre des risques et à se mettre à dos ses citoyens lorsqu’il s’agissait de défendre ses idéaux. Quand, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, nous l’avions interrogé sur les raisons de ce débordement d’activités, il nous avait répondu avec ferveur : « Pourquoi ? Mais pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent à moi. On n’a jamais fi ni de se poser des questions. » A ses yeux, il n’existait pas non plus de hiérarchie entre les arts dits nobles et les arts appliqués. Il avouait néanmoins une préférence pour l’architecture, « le domaine le plus complexe ». En 1960, Max Bill n’est pas un novice en matière d’architecture d’exposition. On lui doit notamment le pavillon suisse, primé, de la Triennale de Milan de 1936. A Lausanne, mettant en pratique son intérêt de longue date pour la production industrialisée et la préfabrication, l’architecte imagine une structure simple et astucieuse composée d’éléments modulaires qui peuvent se juxtaposer, s’empiler ou s’emboîter en fonction des besoins. Un peu comme dans un meccano géant. Résultat : un pavillon de 18 600 m2 conçu comme une petite ville. Max Bill opte « pour une architecture abstraite, compatible avec le lieu mais non pas spécifiquement conçue pour lui. De même par rapport au thème, il renonce délibérément à toute évocation par l’image de l’identité nationale », écrit Sylvain Malfroy dans « Expo64 Lausanne, Pavillon Eduquer et créer ». Construit sur un terrain meuble – par une vaste opération de com- blement, plus de 200 000 m 2 ont été gagnés sur le lac pour l’Expo64 –, le pavillon de Max Bill sera réalisé en vingt-quatre mois. Il est inauguré le 30 avril 1964. Moins d’un an plus tard, tout, sauf le théâtre et quelques espaces attenants, est démantelé et revendu en petites unités à divers acquéreurs qui s’en serviront comme entrepôts. Le Théâtre, lui, est sauvé grâce à l’intervention du grand Charles Apothéloz. Le metteur en scène lausannois avait été chargé de la programmation de la salle durant l’Expo64. Il va persuader les autorités municipales de racheter le bâtiment et de le conserver – ce que du reste avait souhaité Max Bill. Il prend la direction de la salle et y établit le Centre dramatique de Lausanne dès 1972. Une deuxième vie commençait. […] Mireille Descombes L’Expo, miroir des années soixante Dans la mémoire collective de la Suisse romande, l’Expo64 reste le moment fort d’une décennie prospère où tout semblait possible. On inaugurait la première autoroute et on découvrait les ordinateurs, le lave-vaisselle, les HLM, la société des loisirs mais aussi les prémisses de la contestation politique. Pour retracer et décoder cette « belle » époque dont l’Expo64 a été le moment fort, la RTS proposera une émission spéciale au Théâtre Vidy-Lausanne. Avec la projection en plein air d’images inédites, de nombreuses séquences d’archives, un reportage qui remontera le temps, les témoignages d’anciens protagonistes ou visiteurs de l’Expo et le regard pointu de divers observateurs qui n’étaient encore pas nés en 1964… Eric Burnand Journaliste et producteur RTS Diffusion le 30 avril, jour du 50e anniversaire, à 20h15 sur RTS1 Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 05 Du 4 au 23 février 2014 Chapiteau Vidy-L Mise en scène : Adel Hakim Adaptation : Robert Bouvier Adel Hakim Assistante à la mise en scène : Nathalie Jeannet Scénographie : Yves Collet En collaboration avec : Michel Bruguière Création lumière : Ludovic Buter Création son : Christoph Bollmann Direction technique : Bernard Colomb Avec : Robert Bouvier Durée : 1h25 Age conseillé : dès 14 ans Genre : théâtre © Mario Del Curto François d’Assise d’après Joseph Delteil Coproduction : Compagnie du Passage – Neuchâtel Théâtre Vidy-Lausanne Théâtre St-Gervais – Genève Centre culturel suisse – Paris Théâtre des Quartiers d’Ivry Création au Théâtre Saint-Gervais en mars 1994 Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 06.02. 07.02. 08.02. 09.02. 10.02. 11.02. 12.02. 13.02. 14.02. 15.02. 16.02. 17.02. 18.02. 19.02. 20.02. 21.02. 22.02. 23.02. 20h30 19h00 20h30 17h00 relâche 20h30 20h30 20h30 19h00 20h30 17h00 relâche 20h30 20h30 20h30 19h00 20h30 17h00 Personnalité exubérante, François d’Assise a inspiré écrivains et cinéastes. Antonin Artaud, Julien Green, Roberto Rossellini, Pier-Paolo Pasolini, tous ont été séduits par l’homme qui parlait aux oiseaux, figure complexe s’il en est. D’une étonnante modernité, écologiste avant l’heure, sceptique à l’égard du progrès, ce personnage emblématique du catholicisme se voue aux plus démunis mais s’intéresse également à l’art des troubadours… C’est un poète, un philosophe, un être plein de désir, attiré par l’aventure. Il s’engage dans le tourbillon de son époque avec une fougue joyeuse, une curiosité insatiable. Le metteur en scène Adel Hakim et le comédien Robert Bouvier se sont emparés du roman de Joseph Delteil, François d’Assise, dont ils signent l’adaptation à la scène. Depuis la création du spectacle en 1994, Robert Bouvier incarne ce personnage fascinant, dans un monologue aussi truculent que poétique. Une aventure d’une durée inouïe, rarement vue, qui témoigne d’une alchimie, d’une tension qui ne s’atténue pas mais qui, au contraire, résiste au temps. Retour sur un parcours tout à fait singulier. Robert Bouvier, comment avez-vous découvert François d’Assise, roman à la langue chatoyante et musicale, dont l’auteur, Joseph Delteil, semble aujourd’hui tombé dans l’oubli ? En 1991, je jouais à Assise, au sein d’une compagnie internationale, un spectacle sur le thème des croisades. La troupe, formée de Français et de Palestiniens, se déchirait. Nous étions en pleine Guerre du Golfe et cela suscitait un débat passionné. Lors des répétitions, nous avons évoqué la figure de François d’Assise, lui qui durant les croisades avait voulu convertir le sultan d’Egypte. Ma curiosité était piquée, j’ai visité son couvent, à Assise, lu tous les livres que j’ai pu trouver à son sujet, de Christian Bobin à Nikos Kazantzakis. Alors que les tensions redoublaient dans la compagnie, l’un des comédiens a cité cette phrase de Delteil tirée du roman François d’Assise : « Il n’y a qu’une guerre, c’est l’esprit de guerre. » J’ai trouvé cela si beau, si juste. J’ai emprunté le livre et je suis tombé amoureux de la langue si sensuelle, si jubilatoire de Delteil. Il y a chez cet auteur une attention portée aux sonorités des mots, à leur musicalité, dans un élan lyrique qui me touche profondément. Après avoir connu de grands succès littéraires et s’être brouillé avec les surréalistes, Delteil a fui les mondanités parisiennes pour adopter un style de vie simple, vivant désormais retiré dans sa maison du sud de la France, la Tuilerie de Massane. Très vite, il est tombé dans l’oubli, d’autant que sa famille n’a jamais promu son œuvre. Après un long périple pour obtenir les droits d’auteur, j’ai proposé ce texte au metteur en scène Adel Hakim, pour lequel j’avais déjà interprété deux autres pièces, Prométhée enchaîné et Le parc. Qu’est-ce qui vous a fasciné dans la figure de François d’Assise ? Est-ce sa foi inébranlable, un certain rapport aux valeurs ? Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 06 C’est l’homme, avec sa pensée si moderne, et non le saint que nous avons voulu porter à la scène. « Je prétends que tout homme, s’il le veut, peut devenir François d’Assise, sans être saint le moins du monde ! » écrivait d’ailleurs Delteil. Loin d’être une hagiographie, François d’Assise est un vrai récit d’initiation, vif et poétique, explorant une vie tumultueuse. Delteil ne nomme d’ailleurs pas son roman Saint François d’Assise mais bien François d’Assise. Il s’intéresse plutôt au poète, au guerrier, au bâtisseur. Car François d’Assise ne s’est jamais éloigné de la vie matérielle, bien au contraire. Il s’y est totalement plongé, connaissant la guerre, la maladie, puis se confrontant aux exigences de la communauté, lorsqu’il crée l’ordre des franciscains. Mais ce précurseur, ce grand amoureux de la nature, est aussi un homme impulsif, courant parfois à sa propre perte. Pendant la guerre, il découvre que le mal à combattre est d’abord en lui-même et rend les armes sur-le-champ. Plus tard, il imaginera un ordre laïc ouvert à tous, suscitant la crainte du Vatican. C’est cette liberté absolue, celle d’un esprit spontané et ouvert, qui m’a profondément inspiré. Dans une époque nihiliste, marquée par le pessimisme et la crise ambiante, ce spectacle apporte un sou≥e d’optimisme et d’espoir vivifiant. Car même trahi par ses frères, pratiquement limogé, exclu de l’ordre qu’il a créé, François d’Assise n’a jamais cessé de s’interroger sur la manière de se réinventer au quotidien. Douter, se remettre en question, c’était sa philosophie quotidienne. Ce personnage m’a permis de garder une curiosité, un émerveillement pour les choses simples de la vie. L’enthousiasme, qui sur le plan étymologique signifie avoir Dieu avec soi, est au cœur de cette ode à la vie. Comment incarne-t-on un personnage qui reste tellement énigmatique ? Ce qui est intéressant, c’est le goût prononcé de François d’Assise pour la théâtralité, pour la fantaisie, certainement hérité de sa mère qui adorait les troubadours. Toute sa vie, dans une forme d’identification absolue, il a vécu comme le Christ, s’entourant d’apôtres, mettant en scène une crèche vivante dans laquelle il demandait aux villageois de jouer tous les rôles, celui des mages, des bergers, de Joseph et de Marie. Il aurait même reçu les stigmates, les cinq plaies du Christ s’imprimant dans sa chair. Je ne me suis jamais dit que j’incarnais un saint mais plutôt un homme habité par le mystère, infiniment instinctif. En adaptant le roman, le metteur en scène Adel Hakim a su créer la distance nécessaire, l’espace pour que la parole du conteur se déploie. Je me suis attaché à la langue musicale de Delteil, proche du jazz, pour trouver le rythme de mon personnage. Juste avant les premières répétitions, j’ai réalisé un court-métrage, Claire et François, inspiré de la vie de François d’Assise. Avec plusieurs acteurs, nous sommes partis à l’étranger tourner une série de flash-back sur la jeunesse du saint. On y découvre sainte Claire, son grand amour, jouée par Valérie Dréville. Si ces plans n’ont finalement jamais été utilisés, ils m’habitent encore aujourd’hui. Enfin, je trouve une forme d’écho entre l’engagement religieux et la condition du comédien. Ce dernier consacre toute sa vie à la scène, dans une forme de radicalité absolue. Je suis habité par le théâtre, par les voix des grands poètes et des dramaturges comme Alfred de Musset, Albert Cohen, Jean-Pierre Milovano± et bien sûr Joseph Delteil. Oui, il y a bien quelque chose de sacré ici aussi. Si les spectacles ont aujourd’hui une durée de vie souvent limitée, vous jouez François d’Assise depuis 1994. En tant que comédien, comment se réinvente-t-on sur vingt ans, sur plus de trois cents représentations ? Le temps permet-il de faire évoluer, grandir son personnage ? Avec le temps, certains aspects du personnage résonnent plus fortement en moi. L’investissement que j’ai fourni pour le Théâtre du Passage, dont je suis le directeur, m’a permis de comprendre le combat mené par François d’Assise pour la création de son ordre. Mais aussi de ressentir sa grande désolation quand celui-ci se voit menacé de dissolution. Je saisis mieux son inquiétude, teintée de désespoir. J’ai commencé à jouer ce rôle il y a vingt ans, quand j’étais plus vif, plus souple. Mais j’ai gagné en profondeur, en maturité. Ce rôle m’a permis de conserver une forme de légèreté, de candeur enfantine, très éloignée de mon rôle de directeur, lourd de responsabilités. Dans ma recherche de comédien, je travaille avant tout sur mes manques, mes maladresses, mon côté hésitant. « Pour écrire la vie d’un personnage, il faut réinventer son âme », a≤rme d’ailleurs Delteil. François d’Assise, c’est cette mélodie que je connais par cœur et avec laquelle je peux m’amuser, rêver. Chaque soir, je tente de réinventer la partition avec plus d’audace, j’improvise, je me joue des tours. La scénographie du spectacle, très minimaliste, dévoile un plateau presque nu, jonché de terre et de tôle, qui rappelle le théâtre populaire de Jacques Copeau. « Un chant d’oiseau, un soupir du vent ne sont possibles que sur une scène où il n’y a pas d’arbres, aucun décor », écrivait ce dernier. Cela vous est-il apparu comme une nécessité face au dépouillement de François d’Assise ? Absolument, la scénographie témoigne de la simplicité sans esbroufe du personnage. Quelques gerbes de blé, un petit muret, de la tôle, des sacs en plastique, une guirlande d’ampoules su≤sent ici à recréer son monde, laissant place à l’imaginaire. Parfois, nous avons joué ce spectacle en plein air, sans décor, juste pour entendre en bruit de fond le sou≥e du vent. Le costume du personnage est lui aussi essentiel pour traduire une grande humilité. Chez Emmaüs, communauté proche du message de François d’Assise, nous avons trouvé un vieux pantalon et une corde. C’est à l’image de sa modestie. Rappelons aussi quel sens la nudité a eu dans l’histoire de François. Traîné en justice par son propre père, déshérité, il s’est dépouillé de ses habits devant celui qui était un grand drapier d’Assise, avant d’entamer une nouvelle vie. S’il est arrivé que certains spectateurs soient choqués de me voir dévêtu, cette composante est pourtant omniprésente dans les représentations picturales du saint. Cela me rappelle le geste de ce banquier qui courait nu dans la rue après avoir rendu son costume-cravate à ses patrons, écœuré par l’univers de la fi nance. Chez François d’Assise, je retrouve ce même mélange de transgression jubilatoire, à la fois épique et baroque. Propos recueillis par Olivia Barron Du 11 au 22 février 2014 Salle René Gonzalez Conception, interprétation : Mélissa Von Vépy Collaborations artistiques : Sumako Koseki Pierre Meunier Son : Jean-Damien Ratel Lumière : Xavier Lazarini Réalisation scénographie : Neil Price Costume : Catherine Sardi Régie générale et lumière : Sabine Charreire Régie son et plateau : Julien Chérault Olivier Pot Production-diffusion : Laurent Pla-Tarruella Administration : David Cherpin/ReSet’e Avec : Mélissa Von Vépy © Christophe Raynaud de Lage VieLLeicht de Mélissa Von Vépy Durée : 50 minutes Age conseillé : tout public Genre : théâtre vertical Mélissa Von Vépy Production : Happés – théâtre vertical Coproduction : Théâtre Vidy-Lausanne La Verrerie d’Alès – Pôle national cirque Languedoc-Roussillon Le Carré – Les Colonnes, Scène conventionnée Saint-Médard-en-Jalles/ Blanquefort Théâtre Jean Lurçat – Scène nationale d’Aubusson Les Migrateurs – Associés pour les arts du cirque à Strasbourg La Filature – Scène nationale Mulhouse Remerciements à : Mathilde Arsenault Dominique Grand Sandrine Leblond Avec le soutien de : Comment être un pantin vivant ? Comment s’affranchir de la pesanteur ? Après Miroir, Miroir (2009), qui dévoilait le faceà-face avec soi-même, la trapéziste suisse Mélissa Von Vépy revient cette saison avec VieLLeicht, une création inspirée par l’univers de la marionnette. Dans ce solo fascinant, elle s’improvise marionnette humaine, le corps bardé de fils, liens contraignants et nourriciers. Sa performance réalise un rêve merveilleux, une utopie : la disparition de la pesanteur. Car le pantin vole, tourne, virevolte, libéré des lois de la gravité et de tout état d’âme. Inspirée par la nouvelle de Heinrich von Kleist, Sur le théâtre de marionnettes, Mélissa Von Vépy s’élance à l’assaut de la verticalité dans un trajet fait d’envols et de chutes, d’élan et d’abandon. Les fils qui animent la marionnette, souligne Kleist, sont comparables à l’âme du danseur. Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines – Scène nationale La Passerelle – Scène nationale de Gap Le Conseil régional Languedoc-Roussillon Le Conseil général du Gard Le ministère de la Culture et de la Communication – DGCA et DRAC Languedoc-Roussillon Création au Théâtre de Hautepierre/ Les Migrateurs à Strasbourg le 16 septembre 2013 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 11.02. 12.02. 13.02. 14.02. 15.02. 16.02. 17.02. 18.02. 19.02. 20.02. 21.02. 22.02. Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 07 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 relâche relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 Comment la nouvelle de Heinrich von Kleist, Sur le théâtre de marionnettes (1810), vous a-t-elle inspiré la création de VieLLeicht ? J’ai découvert par hasard cette étonnante petite nouvelle de Kleist dans la vitrine d’une librairie. L’illustration de couverture, un pantin suspendu par des fi ls, a immédiatement suscité ma curiosité. Trapéziste de formation, ma recherche porte surtout sur l’aérien. Je suis toujours en quête de matériaux, de scénographies qui vont me permettre d’évoluer à la verticale, dans les airs. J’ai été séduite par ce texte si riche alors qu’il compte seulement dix pages. C’est une conversation sur la grâce entre un danseur étoile et le narrateur. Le danseur est tellement fasciné par les marionnettes qu’il va les observer tous les jours au théâtre. Il confie au narrateur son admiration pour leurs mouvements mécaniques parfaitement exécutés, échappant à la pesanteur. Mais aussi pour la beauté, la grâce qui émanent de ces êtres dénués d’états d’âme, d’a±ects. Les deux hommes s’accordent sur l’idée que la grâce provient d’une innocence propre à la matière pure, inconsciente d’elle-même. Seul un dieu pourrait l’atteindre, lui dont la conscience infinie, totale, se situe à l’exact opposé. Cette idée qu’un être sans âme, la marionnette, puisse incarner la grâce m’a immédiatement troublée. Je trouvais à la fois étrange et fabuleux qu’un pantin puisse émouvoir un grand danseur. Je le comprends au sens où la marionnette – représentation du réel – n’est personne en soi, elle est donc universelle et permet toutes les projections, tous les fantasmes. Pour la création de VieLLeicht, j’ai eu envie de travailler cette idée de la grâce, par essence insaisissable. Il s’agit d’un pari insensé car, évanescente, elle surgit toujours par inadvertance, presque accidentellement. Dès qu’on tente de s’en approcher, elle échappe. Pour cela, j’ai dû lâcher prise afi n d’atteindre cet état de jubilation, de légèreté, d’abandon, qui est pour moi synonyme de la grâce. Votre personnage hybride, mi-femme mi-marionnette, évolue sur scène dans une chorégraphie aérienne, emportée par des forces contraires. Comment avez-vous construit cette créature étrange, presque animale ? Ce qui m’amusait, c’était de subvertir la nouvelle, de l’interpréter à rebours du propos de Kleist en redonnant une âme à la marionnette. Pour cela, j’ai imaginé incarner sur scène une femme bien humaine, en condition de marionnette, c’est-àdire avec des fi ls reliés à ses membres, dont on ne sait pas ce qui est au bout ou qui est au bout. Un être complexe plein de vie, d’humeurs. Sur le plateau, ce personnage un brin naïf, perdu, découvre sa propre solitude, s’ouvre au monde. On est ici très loin de l’image de la marionnette éthérée, lisse, qui émerveille tant le danseur étoile chez Kleist. La scénographie, un cadre auquel je suis suspendue par un système de cordages et de poulies, a aussi été déterminante. Car le fait d’être attachée d’un bout à l’autre du corps a créé une infi nité de jeux inattendus. « Le dépassement de soi, l’allégement et enfi n la danse », écrit d’ailleurs Friedrich Nietzsche, louant l’élan vital d’un corps. Emmêlée et contrainte dans mes mouvements, je cherche à m’en sortir, à rétablir une verticale. Sur scène, j’ai élaboré un système de contrepoids qui me permet de monter, de descendre et d’évoluer dans les airs. Je souhaitais que le dispositif soit entièrement autonome, sans manipulation extérieure, afi n de me glisser dans la peau d’une marionnette livrée à elle-même, seule en scène. C’est un peu la métaphore de mon rôle de metteure en scène et d’interprète, toujours à la fois dedans et dehors. Comment trouve-t-on la bonne distance pour se mettre en scène soi-même ? C’est presque impossible ! Lorsqu’on travaille seule, le temps de création est toujours plus long, ponctué de moments d’errance, de tâtonnements et de doutes. Lors des répétitions, je me filme afin d’obtenir un retour sur ce que je fais. J’adore ces temps de rêverie où la pensée, le corps, cheminent en solitaire. Mais dans un second temps, j’aime faire appel à un regard extérieur, indispensable pour rebondir. La recherche se doit d’être ponctuée par ces moments de rencontre et d’échange. Pour VieLLeicht, j’ai eu la chance d’avoir deux formidables collaborateurs artistiques à mes côtés, le metteur en scène Pierre Meunier et la chorégraphe Sumako Koseki. Tous deux m’ont guidée, rassurée par leur regard critique et a±ûté, toujours complémentaire. Pierre Meunier a été d’une aide précieuse pour l’interprétation et le rythme tandis que Sumako Koseki m’a apporté un vrai savoir chorégraphique. Sumako Koseki est une chorégraphe de butô, cette danse japonaise à la fois poétique et minimaliste. Pourquoi souhaitiez-vous mêler le butô à l’art de la marionnette ? Depuis quelques années, je chemine à côté de deux grandes prêtresses du butô, les chorégraphes Carlotta Ikeda et Sumako Koseki. Pour moi, la danse butô est une quête d’un corps enveloppe, matière indéterminée propice à toutes les métamorphoses. En visant une forme de transparence, la personnalité du danseur s’e±ace totalement, laissant place à une multitude de personnages. Exactement comme la marionnette qui peut endosser tous les rôles. C’est aussi une danse très avant-gardiste où l’imaginaire de l’interprète joue un rôle central dans l’élaboration de la chorégraphie. En un instant, le corps du danseur peut se transformer en loup, en arbre, en caillou ou même en insecte. Le butô et l’art de la marionnette sont liés par cette recherche d’un corps très engagé, traversé par le vivant, passeur. Dans la pratique du butô, la grâce survient lorsque l’artiste s’abandonne enfi n, échappant à sa propre volonté. Pour VieLLeicht, je cherchais justement à atteindre cet état de légèreté absolue, sans e±ort ni démonstration apparente dans la performance. C’est grâce au butô que j’ai pu accéder à un corps flottant et disponible, proche de celui du pantin. Dans le cirque contemporain, le travail du son et de la lumière semble occuper une place centrale. Qu’en est-il dans VieLLeicht ? Avec mes collaborateurs de longue date, Jean-Damien Ratel pour le son et Xavier Lazarini à la lumière, c’est un voyage sensoriel que nous souhaitons proposer au public. Pour la bandeson, nous avons utilisé des cuivres qui rappellent l’ambiance d’une arène, d’un spectacle populaire. Et puis, j’ai voulu que s’exprime une solitude abyssale, envahissante. Ainsi, des notes aiguës saturent le plateau comme un cri strident, à la manière de la musique concrète. Avec Xavier Lazarini, la mise en lumière est toujours très subtile et sobre, oscillant entre des blancs vraiment crus et des teintes jaunes plus chaleureuses. Xavier a eu cette belle idée de placer de petites ampoules au sol, recréant l’atmosphère d’un atelier. Il faut dire que le titre du spectacle, VieLLeicht, qui signifie « peut-être » en allemand, crée un suspens, une interrogation. On ne sait pas si cette créature étrange, inerte au début, va fi nalement réussir à s’animer, à s’élever… Propos recueillis par Olivia Barron P U B L I C I T E THÉÂTRE LAURENT MAUVIGNIER / COLLECTIF LES POSSÉDÉS JE. 6 ET VE. 7 MARS 2014 / 20H LE THÉÂTRE DE VEVEY WWW.THEATREDEVEVEY.CH 021 925 94 94 Avec : Adrien Mondot Satchie Noro Durée : environ 70 minutes Age conseillé : dès 10 ans Genre : jonglage numérique © DR Production : Compagnie Adrien M/Claire B Hexagone, Scène nationale de Meylan La Ferme du Buisson, Scène nationale de Marne la Vallée El mediator, Scène conventionnée musiques actuelles et arts numériques de Perpignan [ars]numerica, Centre européen du Pays de Montbéliard Les Subsistances, laboratoire international de création artistique de Lyon © Raoul Lemercier Le Théâtre de Création – Ville de Grenoble Centre des arts, Enghien-les-Bains Manège, Mons/CECN Ministère de la Culture et de la Communication/DICREAM DRAC Rhône-Alpes Conseil régional Rhône-Alpes Conseil général d’Isère – Ville de Grenoble La compagnie Adrien M/Claire B est conventionnée par la DRAC Rhône-Alpes, par la région Rhône-Alpes et soutenue par la Ville de Lyon. Création à l’Hexagone – Scène nationale de Meylan en 2010 Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi 12.02. 13.02. 14.02. 15.02. 16.02. 17.02. 18.02. 19.02. 19h00 19h00 20h30 19h00 17h30 relâche 19h00 19h00 Stage de Pâques autour du spectacle Cinématique Du 14 au 17 avril 2014 Plus d’informations à la page 22 « Plus qu’un cas particulier, le jonglage est pour moi le mouvement sous toutes ses formes. Il m’habite. Peu importe que les objets et les corps soient réels ou virtuels. » C’est ainsi qu’Adrien Mondot a conçu Cinématique, un spectacle qui nous emmène à travers des paysages numériques en mouvement, composés de lignes, de points ou de lettres projetés, tel un fleuve digital continu que viennent matérialiser des danseurs, des corps humains dans une jungle digitale. Adrien Mondot emprunte à l’art du cirque le côté ludique des enjeux humains sur scène, au jonglage la symbolique du danger et à la danse son abstraction. Le numérique lui semble être le seul moyen d’y parvenir. C. S. un spectacle d’Ivan Mosjoukine Du 3 au 11 avril 2014 Salle Charles Apothéloz Conçu et réalisé par : Maroussia Diaz Verbèke Erwan Ha Kyoon Larcher Tsirihaka Harrivel Vimala Pons Création lumière : Ivan Mosjoukine Avec les notes d’éclairage de : Elise Lahouassa Constructeur : Stephan Duve Costumes et accessoires : Marion Jouffre Chefs monteur : Manu Debuck Matthieu Duval Tim Van Der Steen Administration/production : Mathilde Ochs Avec : Maroussia Diaz Verbèke Erwan Ha Kyoon Larcher Tsirihaka Harrivel Vimala Pons Durée : 1h50 Age conseillé : dès 8 ans Genre : cirque Coproduction : La brèche – Centre Régional des arts du cirque de Basse Normandie à CherbourgOcteville L’Hippodrome – Scène nationale de Douai Parc de La Villette (EPPGHV) Les Subsistances à Lyon La Verrerie d’Alès – Pôle national des arts du Cirque Languedoc-Roussillon (PNC-LR) Cirque-Théâtre d’Elbeuf – Centre des arts du cirque de Haute-Normandie Soutiens, pour les résidences : La brèche – Centre régional des arts du cirque de Basse Normandie – CherbourgOcteville La Cascade – Maison des arts du clown et du cirque, Bourg-Saint-Andéol Le Monfort, Paris © Ivan Mosjoukine © Magali Bazi © Adrien Mondot Conception et interprétation : Adrien Mondot Danse : Satchie Noro Maëlle Reymond (en alternance) Création son/musique : Laurent Buisson Christophe Sartori Création lumière : Jérémy Chartier Elsa Revol Dramaturge : Charlotte Farcet De nos jours [Notes On The Circus] Du 12 au 19 février 2014 Salle Charles Apothéloz © Adrien Mondot Cinématique par la compagnie Adrien M/Claire B L’Espace Périphérique – Parc de la Villette-Ville de Paris Association de regards et mouvements, Hostellerie de Pontempeyrat L’Hippodrome, Scène nationale de Douai Parc de La Villette (EPPGHV) Les Subistances, Lyon L’Agora, PNAC de Boulazac La Ferme du Buisson, Scène nationale de Marne-la-Vallée LE CENTQUATRE, Paris. Avec l’aide de : Jeunes Talents Cirque Europe 2009-2010, opération financée avec le soutien de la Commission européenne Ministère de la Culture et de la Communication : DGCA et DRAC Ile-deFrance – Ville de Paris Sous les couleurs de : TSILO.COM Ils sont quatre, deux hommes, deux femmes et ils font partie d’Ivan Mosjoukine, un collectif du nom d’un acteur russe populaire dans les années 20. Avec De nos Jours [Notes On The Circus], ils ont l’intention de faire parler le cirque, de le faire résonner sur des notes aussi originales que surprenantes. Vous verrez des artistes qui se mettent à l’envers même quand le monde va mal. Ils connaissent la gravité de la situation mais ils prennent pourtant la liberté de s’en extraire. Quelle audace, quelle action, quel suspens ! Un spectacle où « introspection » rime avec « autodérision ». M.-O. C. Création aux Subsistances le 27 février 2012 Extraits de presse « Même si Adrien Mondot réfute être un magicien du virtuel, on ne peut s’empêcher de lui en donner l’attribut car, d’un plateau nu, il nous fait voyager dans une foultitude de paysages digitaux. » Christiane Dampne, Le Dauphiné libéré « L’ingénieux jongleur informaticien continue d’explorer comment la relation à l’objet peut être source d’émotion, en faisant éclater les limites du jonglage virtuel. » Christiane Dampne, mouvement.net « Adrien Mondot offre un moment artistique de pure grâce comme on en voit trop peu souvent. Cinématique devient un spectacle intelligent et sensitif à prendre comme un voyage irrationnel saisissant. » Aurélien Martinez, Le petit bulletin Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 09 Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi 03.04. 04.04. 05.04. 06.04. 07.04. 08.04. 09.04. 10.04. 11.04. 19h00 20h30 19h00 17h30 relâche 19h00 19h00 19h00 20h30 Stage intergénérationnel autour du spectacle De nos jours [Notes On The Circus] Dimanche 6 avril 2014, à 15h00 Plus d’informations à la page 22 Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 09 Extraits de presse « Un premier grand show et un feu d’artifice d’idées.» Rosita Boisseau, Le Monde « Sous forme de courtes notes thématiques, ils vont ainsi renouveler la forme, innover tout en rendant hommage aux traditions du cirque. La notion de numéro subsiste, morcelée, sous forme contemporaine traversée de personnages bien connus tels que le lanceur de couteaux ou la femme à barbe. […] Absolument enthousiasmantes, leurs notes sur le cirque apportent un parfait équilibre entre l’éphémère des émotions et un propos bien étoffé. » Sarah Despoisse, culturopoing.com « Le charme du spectacle réside dans la combinaison entre performance physique et propos poétique. On appelle ça du cirque. C’est cela et bien plus. Des numéros qui s’enchaînent comme par magie, qui font appel au théâtre, à la musique et à l’humour, et ne cessent d’évoluer et de surprendre. » Lucile Roy, L’Humanité Didier Carrier Darius Peyamiras Denis Maillefer Une tâche pas facile m’a été confiée par le Théâtre Vidy-Lausanne. En effet, comment un jeune artiste comme moi peut-il interviewer d’autres metteurs en scène helvétiques, surtout lorsqu’ils sont plus expérimentés dans leur pratique théâtrale ? Quels sujets aborder ? De quelle manière ? Au fur et à mesure de mes pérégrinations et de mes lectures, j’ai réalisé que les questions qui m’habitent résonneraient certainement chez chacun de mes pairs. Dès lors, j’ai décidé de proposer à Didier Carrier, Denis Maillefer et Darius Peyamiras de répondre à ces questions que je trouve essentielles dans ma pratique. Ces derniers ont accepté de jouer le jeu. Vincent Brayer démarrent au quart de tour, d’autres prennent du temps et de l’énergie. Les raisons ne sont pas toujours évidentes. Je n’aborde un texte que si je connais l’auteur. Je construis mes mises en scène en lisant les di±érentes biographies des auteurs morts ou en rencontrant les auteurs vivants. Par exemple, en apprenant que Racine était orphelin, son œuvre m’est apparue plus limpide. Ou encore en apercevant un regard, un sourire de l’auteur vivant en face de moi, son œuvre s’éclaircit. Avoir de l’énergie est concrètement être en forme, avoir une disponibilité, être constamment en éveil. Ainsi, le comédien aspire à certaines disciplines qui lui conviennent, des méthodes qui l’enrichissent et lui permettent d’être dynamique. Au début, il se concentre sur son travail et évite le plus possible les dispersions, les distractions. Quant à ce que je nomme la « mise en transe », elle signifie se séparer de son ego, faire abstraction du quotidien, se transcender au point de ne plus appartenir qu’à son travail pendant une période donnée. Ainsi, on parvient à se faire peur, à se surprendre, à mieux se connaître. Du tréfonds de nous-mêmes surviennent les échos d’une énergie païenne. Le sacré appartient aussi aux profanes. Et commencer par se tenir silencieusement, rester immobile avant de jouer demeure la première des règles à accepter. De là naît l’énergie du jeu. Pourquoi avez-vous choisi de pratiquer ce métier ? Darius Peyamiras : Je dois remonter loin dans ma mémoire. Adolescent, j’ai été éveillé au théâtre par un comédien romand qui nous donnait des cours au gymnase, Gilbert Divorne. Plus tard, j’ai vu un spectacle de Philippe Mentha au Lapin vert à Lausanne. C’était une pièce de Gilbert Jolliet, Nabuchodonosor est mort. Un texte étrange, poétique, qui m’a fait voyager. Et j’ai voulu continuer le voyage. Denis Maillefer : Plus jeune, j’allais au Théâtre Kléber-Méleau, un endroit qui me faisait rêver. Je regardais des pièces classiques, j’aimais regarder les acteurs. Un jour au gymnase, il manquait quelques rôles dans une pièce de Carlo Goldoni. Je me suis lancé et je n’ai jamais abandonné. Cependant, j’ai compris assez vite que je n’étais pas un acteur et que j’avais plutôt des ambitions de metteur en scène. Didier Carrier : J’ai su et décidé à l’âge de treize ans que j’allais devenir un artiste. Mais dans quelle discipline ? Après mon baccalauréat, je voulais vaguement partir à Paris pour réaliser des fi lms. Alors que je travaillais en tant qu’ouvrier, je suis tombé un jour sur une a≤che pour un stage de théâtre. Mon entourage m’a encouragé à me lancer dans ce domaine. Petit à petit, je réalisais avoir trouvé ma vocation. Assez vite, je dirigeais mes camarades, j’avais de bonnes idées. Plus tard, j’ai compris que j’adorais mener des équipes, lancer des projets, prendre tous les risques. Qu’est-ce qui détermine le choix d’un texte ? Comment l’abordez-vous ? Darius Peyamiras : Je lis beaucoup, je m’intéresse à tout ce qui est essentiel. Une sorte de déclic doit se déclencher lors de la rencontre avec l’écriture d’un auteur. Je dois être ébranlé et surpris pour le choisir. Tel a été le cas avec Blaise Cendrars. De temps en temps, je veux absolument aborder une thématique parce que je pense qu’elle est importante dans le contexte actuel. Et là, tout est possible : adaptation et écriture de plateau. Je prends beaucoup de notes et je me perds. J’en ai besoin pour retrouver ensuite ma voie. J’ai toujours privilégié les textes ou les thématiques qui abordent le monde sous deux aspects, à la fois « horizontal », c’est-à-dire l’immanence des êtres, les relations entre humains, leurs confl its, et l’aspect « vertical », c’est-à-dire la transcendance, le poétique. Denis Maillefer : J’aime le français et j’aime entendre les acteurs parler cette langue sur scène. Les rencontres avec des textes relèvent le plus souvent du hasard. Une personne me conseille une pièce ou un roman qui résonnent en moi. J’apprécie avoir l’impression que le texte parle de moi, de ce que je ressens, de ce qui est caché, secret et que je ne pourrais raconter que sur scène. Didier Carrier : Tout commence par l’intérêt puis on trouve des raisons. Quelquefois, entre l’envie de monter un texte et sa réalisation, s’écoulent dix ans. Je suis tenace. Mais aussi, je laisse la vie choisir pour moi. Il su≤t de saisir les occasions au bon moment. Je suis également très sensible à la musique au point que j’aurais pu devenir musicien. En tous les cas, je suis mélomane, comme on dit. Parfois, une idée de texte peut jaillir d’une musique ou d’une simple mélodie. J’aime aussi les vers pour leur rythme et parce qu’on ne parle pas ainsi naturellement. J’assume le « parler bizarre » du comédien. Les envies peuvent prendre corps rien que parce qu’un théâtre est enthousiaste. Certains projets L’exploration psychologique des personnages est-elle au cœur de votre travail ? Darius Peyamiras : Question fondamentale ! Je ne peux que répondre par un paradoxe : j’ai besoin que l’acteur interroge son personnage, qu’il se demande qui il est. Cependant, je n’aime pas le jeu psychologique. Finalement, le personnage et l’acteur ne font qu’un. Chaque comédien donnera à tel ou tel rôle une couleur particulière. J’ai vu trois ou quatre mises en scène d’Hamlet, je me souviens de l’interprétation de Philippe Avron, Gérard Desarthe ou Lars Eidinger et de la mise en scène, mais je n’ai jamais vu le même personnage. Lorsqu’un acteur me dit « je ne peux pas faire ce pas à gauche ou ce geste parce que je ne le sens pas », je me dis que c’est raté, car soit je ne me suis pas bien exprimé, soit je me suis trompé dans ma distribution. Le théâtre est comme la musique : il doit sonner juste et, parfois, il ne faut pas tenir compte de la psychologie. Elle n’est qu’un outil de compréhension pour l’acteur qui doit a≤rmer une parole, une action, sans donner d’explication. Le jeu psychologique a tendance à expliquer la situation, et se faisant, il ne laisse pas de place au spectateur. Alors je me méfie de la psychologie au théâtre. Denis Maillefer : Le personnage est l’acteur qui le joue. Je pense qu’il faut travailler sur des lignes de jeu actives et non figées. Je préfère dire à un acteur « tu veux ceci », et tout le travail est centré sur cet objectif actif, plutôt que dire « tu es ceci ou cela ». Didier Carrier : Non, l’exploration psychologique n’est pas au centre de mon métier. Je privilégie les points de vue, une certaine objectivité du personnage. D’ailleurs, qui est-il ? Selon moi, il s’agit d’un savant mélange de l’acteur, de l’auteur et du metteur en scène. Il n’existe pas de vérité absolue ou scientifique sur Hamlet, Néron ou Sganarelle. Il n’est pas seulement utile d’aimer son personnage, comme pour soi, il faut connaître ses bons et ses mauvais penchants. Le comédien doit soumettre son personnage, révéler par son intermédiaire une certaine biographie de lui-même, présenter le contraire de l’évidence. De ce fait, j’aime la phrase de Dullin : « Pour jouer l’avare, je dois jouer tout ce en quoi il n’est pas avare. » En même temps, n’hésitons pas à user de simplicité, voire à devenir simpliste. Ulysse est rusé, Arlequin est drôle et Cléopâtre est belle. En résumé, trouvons une forme juste et agréable. La psychologie du personnage signifierait qu’il a un passé et un avenir en dehors de la pièce ainsi qu’une existence propre, ce qui n’est pas le cas. L’énergie au théâtre est un concept auquel les metteurs en scène ou les acteurs font référence, même s’il est difficile à cerner. Est-ce une notion que vous utilisez ? Darius Peyamiras : Je serai pragmatique. Il s’agit d’une notion vieille comme le monde. L’énergie – comme la matière – est essentielle au théâtre. Albert Einstein l’a génialement trouvé par sa célèbre formule. Energie et matière sont liées, il existe une transformation constante de l’une à l’autre. L’acteur a besoin de libérer son énergie par ses mouvements, sa parole, son intelligence. Mais si elle devient une mécanique, l’intérêt se dissipe. La vigueur d’un comédien est d’abord sa présence. Il peut être immobile et silencieux, s’il est traversé par un dynamisme incarné, exprimé par son corps et sa parole, alors la situation devient intéressante. Denis Maillefer : Oui, la recherche de l’énergie a toujours lieu, même en cas de lenteur, de douceur ou d’intimité. Un combat, un désir, une envie doit se manifester par le personnage. Sinon la vigueur disparaît. Didier Carrier : J’y vois deux sens. D’une part, une force physique et mentale très concrète, d’autre part, une certaine mise en transe. Les demeurées © DR © Philippe Juon © Fabienne Degoumois Trois regards croisés de Jeanne Benameur Du 29 avril au 18 mai 2014 La Passerelle Mise en scène : Didier Carrier Texte : Jeanne Benameur (© Editions Denoël) Scénographie : Florence Magni Lumière : Danielle Milovic Musique et percussions : Béatrice Graf Construction décor : Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne Avec : Maria Perez Laurence Vielle Durée : 1h30 Age conseillé : dès 15 ans Genre : conte poétique et social Coproduction : Le Poche Genève Théâtre Vidy-Lausanne Création au Théâtre Vidy-Lausanne Comment définiriez-vous votre travail dans le paysage théâtral helvétique actuel ? Darius Peyamiras : Mon travail est multiforme. Je me sens traversé par les quatre cultures helvétiques. Mais je suis sans racines et suis quelquefois absent de ce paysage comme un électron libre. Je ne supporte pas le chômage, j’exerce alors parfois un autre métier. Celui de metteur en scène est impossible, il relève d’un des plus di≤ciles au monde. Il faudrait l’exercer sans relâche et les multiples autorités, membre de commission d’attribution de subvention, directeur de théâtre ou responsable politique, ne savent pas ou ne peuvent pas tenir compte de cet aspect. Ils sont liés à une machine qui fonctionne comme le système sous-jacent qui la fait vivre : ce néolibéralisme concurrentiel engorgé qui ne parle que d’innovation, d’originalité, de part de marché, de public cible, de recette. Il y a trente ans, on ne se souciait pas vraiment de remplir les salles des spectacles dits « indépendants » dont je faisais partie. Il fallait que le spectacle soit fort. Puis le public a davantage été pris en compte et à juste titre. Je ne trouve rien de plus triste qu’une salle vide. Mais le problème est que nous avons été phagocytés par ce système. Aujourd’hui, les salles doivent être remplies. Le taux d’occupation est devenu un gage de la qualité du spectacle. Or cette qualité dépend de beaucoup de facteurs, pas seulement de la fréquentation. Dans ce système, seuls les plus forts résistent à l’image de produits de consommation. Denis Maillefer : Je fais des spectacles qui ont pour ambition de toucher l’intimité de chacun. Je pense que je fais un travail singulier qui n’est pas dans la provocation ni la déconstruction. Je ne me vois pas dans un courant particulier ou repérable clairement. Je pense faire un travail d’aujourd’hui dans des formes relativement classiques. Didier Carrier : Je ne me défi nis pas d’un pays en particulier. Mon unique patrie n’est rattachée qu’à ma langue : le français. Partir d’une problématique consensuelle et en proposer une facette originale me paraît une façon adéquate, pour ce qui me convient, de créer un spectacle. J’ai plusieurs cordes à mon arc : je mets en scène, j’interprète, j’écris et je suis marionnettiste. Cela me permet de me diversifier et de ne pas appartenir à une famille particulière. Parfois, je me sens plus proche de la femme de ménage d’origine étrangère que de certains artistes suisses. le 29 avril 2014 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 29.04. 30.04. 01.05. 02.05. 03.05. 04.05. 05.05. 06.05. 07.05. 08.05. 09.05. 10.05. 11.05. 12.05. 13.05. 14.05. 15.05. 16.05. 17.05. 18.05. 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 relâche relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 Les demeurées raconte l’histoire d’une mère, La Varienne, et de sa fille, Luce. Toutes deux vivent d’un amour fusionnel jusqu’au jour où Luce commence l’école et y apprend le savoir qui manque à sa mère. Une femme rustre, repliée dans un silence et un dénis profonds. Leur relation si proche semble s’enfoncer dans un gouffre où mère et fille ne pourront en sortir indemnes. Une histoire de cœur, une vie à deux, un accès au savoir que Didier Carrier met en scène au Théâtre Vidy-Lausanne. Une création rouge vif interprétée par un duo de comédiennes à la fois tendres et animales. Maria Perez et Laurence Vielle que vous avez pu découvrir à Vidy dans Du coq à Lasne en janvier 2012. M.-O. C. Si vous aviez un conseil à donner à des jeunes voulant se lancer dans le métier, que leur diriez-vous ? Darius Peyamiras : « Formez-vous avec la conscience que vous êtes en train de construire un véhicule de Formule 1. » Ou alternativement une automobile de Formule 2 ou 3. Le principal est que l’engin roule. Denis Maillefer : Etre honnête, se demander la nécessité de chaque instant et surtout rire de ce travail exigeant, mais aussi splendide. Didier Carrier : « Apprenez à aimer la vie qui accompagne le métier de metteur en scène. » Propos recueillis par Vincent Brayer Un merci particulier à Josette Féral pour son travail de recherche. Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 10 Bourlinguer d’après Blaise Cendrars Du 5 au 23 mars 2014 La Passerelle Mise en scène et adaptation : Darius Peyamiras Texte : Blaise Cendrars (© Editions Denoël) Scénographie et costume : Gilles Lambert Réalisation du costume : Mireille Dessingy Lumière : Jonas Bühler Espace sonore : Michel Zürcher Répétiteur : Thomas Lambert Construction décor : Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne © Simon Letellier Avec : Jean-Quentin Châtelain Jean-Quentin Châtelain Durée : environ 1h20 Age conseillé : dès 12 ans Genre : récit poétique Production déléguée : Théâtre Vidy-Lausanne Coproduction : Dans Bourlinguer, recueil autobiographique, l’écrivain suisse Blaise Cendrars revient sur la colline du Vomero, lieu de sa jeunesse napolitaine, dans une nouvelle intitulée Gênes. Ce récit, retour à l’enfance, déploie un trésor de paysages et d’émotions. Le metteur en scène Darius Peyamiras s’en empare, accompagné par l’acteur Jean-Quentin Châtelain, un maître dans l’art du monologue. Théâtre Le Poche (Genève) Compagnie Argos * Théâtre Avec le soutien de : Le DIP Genève La Fondation Casino Barrière Montreux Création au Poche Genève le 10 février 2014 Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 05.03. 06.03. 07.03. 08.03. 09.03. 10.03. 11.03. 12.03. 13.03. 14.03 15.03. 16.03. 17.03. 18.03. 19.03. 20.03. 21.03. 22.03. 23.03. 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 11 « Suisse errant » comme le surnommait Max Jacob, soldat, correspondant de guerre et poète, Cendrars n’a cessé de sillonner le globe, en quête de lui-même. « Chaque fois que je me suis trouvé quelque part à l’étranger, aux antipodes, n’importe où en train de bourlinguer, je me demandais : mon pauvre petit vieux, qu’est-ce que tu fous là ? D’où viens-tu ? […] Exactement comme si je venais de naître », constatait d’ailleurs l’auteur dans une interview donnée à Lausanne en 1949. Mais voyager, Cendrars l’a fait aussi de son fauteuil, retranché pour écrire dans sa maison de Villefranche-sur-Mer. Dès 1943, c’est là-bas qu’il entame un projet autobiographique colossal, où la fiction domine largement la réalité, dont Bourlinguer sera l’un des volets. Darius Peyamiras, comment est né votre désir d’adapter ce récit autobiographique, lumineux et sensuel à la scène ? Je voulais faire un spectacle sur la marche, une pratique qui sert de révélateur de soi face au monde, mais aussi une source de méditation. Lorsqu’on marche plusieurs jours, on perd ses repères spatio-temporels, on échappe à ses habitudes, à la sonnerie de son téléphone portable. C’est un joyeux égarement, où l’on est porté par les paysages et les rêveries intimes. Je souhaitais aussi retravailler avec mon complice de longue date, l’acteur Jean-Quentin Châtelain, que j’avais dirigé sur un précédent spectacle, Mars de Fritz Zorn. Ensemble, nous avons lu des textes sur la marche, la promenade, de Nicolas Bouvier à Robert Walser, en passant par Gustave Roud, l’auteur du Petit traité de la marche en plaine. Bourlinguer s’est imposé par sa langue musicale et envoûtante qui semble suivre les courbes d’une spirale. Mais c’est surtout la vivacité du récit, la profondeur de ce conte philosophique sur la place de l’homme dans le monde qui m’ont séduit. Le livre rassemble une série de nouvelles où Blaise Cendrars se met en scène parcourant di±érents ports d’Europe, de Venise à Paris « Port-de-Mer », en aventurier des temps modernes. Dans Gênes, Cendrars s’arrête d’abord à Naples, terre de son enfance, et c’est ce moment-là que j’ai choisi de porter à la scène. Car la dimension philosophique de cette fable sur l’enfance, sur le temps qui passe, mais aussi sur le deuil, m’a infi niment touché. A seize ans, Cendrars ne « se souvenait déjà plus de son enfance » car il « était à 16 000 lieues du lieu de sa naissance », confie-t-il dans son grand poème, La prose du Transsibérien, écrit en 1913. Comment cette enfance, refoulée par l’écrivain, est-elle réinventée dans Gênes ? De retour à Naples, Cendrars découvre un paysage défiguré par l’urbanisation galopante, transformé par les bâtiments modernes. « Il ne fait pas bon revenir dans le paradis de son enfance qui est un paradis perdu, le paradis des amours enfantines », souligne-t-il. C’est un homme épuisé, acculé, fuyant depuis des mois son ancien patron, après avoir été mêlé à un trafic de perles fi nes. A bout de force, il s’arrête huit jours dans le clos Virgili, le jardin de son enfance qui abrite le tombeau de Virgile, sans parvenir du tout à trouver le repos. Assailli par un a≥ux de souvenirs, il revoit l’Italie du XIXe siècle, bruyante et parfumée, peuplée de personnages hauts en couleur, marchands, paysans ou spéculateurs sans foi ni loi. Dans le texte s’entrechoquent des anecdotes sur la vie napolitaine et des réflexions philosophiques sur le genre humain. Cendrars, à soixante ans passés, raconte son enfance, jouant de décalages constants. Ainsi la mort, absente des préoccupations juvéniles, domine le récit. Trois temps, enfance, jeunesse et âge mûr, se croisent, se superposent à l’intérieur du texte, libérant une puissante mécanique de souvenirs. Les spécialistes parlent d’ailleurs d’une écriture rhapsodique, dénuée de toute chronologie et qui procède par strates, par collages, dans une étonnante modernité. C’est un chaos magistralement orchestré. L’autobiographie semble être au cœur de votre démarche théâtrale. En 1986, vous avez créé au Théâtre Vidy-Lausanne Mars, une adaptation de l’autobiographie de Fritz Zorn. Pourquoi ce genre littéraire intime, où fiction et réalité se brouillent, vous est-il si cher ? Je me sers de l’autobiographie, parole poétique, pour parler un peu de moi, de mes rêves. D’origine iranienne, j’ai une sympathie certaine pour les êtres en exil, déracinés. Et Fritz Zorn, comme Cendrars, sont de grands déracinés, errant dans leur propre pays. Mais ce qui me fascine est avant tout la manière dont le réel est transformé, modelé, sublimé par la plume de ces auteurs. Certains disent que Cendrars est un véritable « mythobiographe ». Il travestit le réel, le subvertit sans cesse. En fait la vérité n’est pas ici de mise. Car l’auteur se situe dans un tout autre registre, celui de la sincérité. Ainsi, Cendrars n’a jamais voyagé en Transsibérien comme il le raconte dans son œuvre. Mais, enfant, il a visité une cabine de ce train mythique exposée lors de l’exposition universelle de 1900 à Paris. De même, la petite Elena qui apparaît dans Gênes, tuée involontairement par un chasseur d’oiseaux, n’a vraisemblablement jamais existé. Mais il y a bien eu un drame dans la réalité. Car l’auteur a entretenu une liaison amoureuse et un long échange épistolaire avec une certaine Hélène, une jeune fi lle morte lors de l’incendie de sa chambre à Saint-Pétersbourg. Comme dans la structure d’un rêve, tout est transformé, déplacé, créant un univers fascinant. Je crois aussi que la parole intime, autobiographique, o±re un regard neuf sur le monde. Dans Gênes, l’ambivalence de Cendrars à l’égard du progrès, entre rejet et fascination, s’a≤rme. Car le narrateur est horrifié par les ravages des constructions qui saccagent le paysage de sa colline chérie. Toute sa vie, il a entretenu un point de vue décalé vis-à-vis du progrès, de la prétendue modernité. Ce qui ne l’a pas empêché de se passionner pour les nouvelles technologies comme l’invention de la radio ou du cinéma. Chez Cendrars, il n’y a pas de reconquête du temps perdu comme chez Marcel Proust. Le passé resurgit par éclats, visions et sensations fugaces comme des flash-back cinématographiques. Cette vivacité du récit a-t-elle joué dans votre désir d’adapter Bourlinguer à la scène ? Absolument. A la di±érence de Proust, le temps passé est totalement perdu pour Cendrars, irréversiblement. Cependant, l’écriture lui permet de retrouver ses yeux d’enfant pour mieux se séparer défi nitivement du passé. Pour l’auteur, écrire est incendier sa mémoire par le verbe avant de renaître libre. C’est aussi le cas lors de grands procès où la parole permet de témoigner des faits, de libérer les victimes du poids du passé. Ainsi, l’écriture de Cendrars a quelque chose d’infi niment cathartique et de violent, pas du tout nostalgique. C’est pour cette raison qu’il a choisi ce pseudonyme incroyable, Blaise Cendrars, qui évoque les « braises » et les « cendres ». Dans le premier volume de ses mémoires, L'homme foudroyé (1945), il explique que « L’écriture est un incendie qui embrase un grand remue-ménage d’idées et qui fait flamboyer des associations d’images avant de les réduire en braises crépitantes et en cendres retombantes. […] Car écrire c’est brûler vif, mais c’est aussi renaître de ses cendres »… Dans Gênes, Blaise Cendrars ressuscite non des personnages célèbres, mais des gens du peuple, les paysans napolitains. Pourquoi cette fresque pittoresque, tableau de l’Italie rurale du XIXe siècle, vous a-t-elle intéressé ? Dès la première lecture, j’ai été frappé par la théâtralité de ce petit peuple napolitain, pétri de croyances et de traditions. Cela me rappelait les scènes de foule si importantes dans l’œuvre de Shakespeare. C’est tout l’imaginaire populaire, tissé de vieilles légendes et de superstitions qui anime ces personnages très typés et qui sont intimement liés à la personnalité de Cendrars, à son goût pour l’aventure abracadabrante. Ainsi, la Zia Regula, la folle du village qui urine debout et révèle au narrateur la di±érence des sexes ou, le paysan Pasqualé, conteur hors pair, qui o±re une figure paternelle de substitution. Avec eux, tout le théâtre de la rue, grandiloquent et joyeux, entre en scène sous nos yeux. Propos recueillis par Olivia Barron BOURLINGUER DE BLAISE CENDRARS MISE EN SCÈNE DARIUS PEYAMIRAS AVEC JEAN-QUENTIN CHÂTELAIN THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch - 022 310 37 59 location Service culturel Migros 10 FÉVRIER > 2 MARS 2014 …………………………………………………………. Jean-Quentin Châtelain , comédien (Récits e xtraordinaires et fantastiques ) Prochain spectacle : IRRÉSISTIBLE Fabrice Roger-Lacan / Claude Vuillemin 24 MARS > 13 AVRIL 2014 …………………………………………………………. U B L I C I T E DU 8 NOVEMBRE 2013 AU 27 AVRIL 2014 VÉHICULES COLLECTION DE L’ART BRUT LAUSANNE MA-DI : 11H À 18H, FERMÉ LES 24, 25 DÉCEMBRE 2013 ET 1ER JANVIER 2014 LUNDI DE PÂQUES OUVERT AVENUE DES BERGIÈRES 11 1004 LAUSANNE WWW.ARTBRUT.CH Image : Curzio Di Giovanni, Unnaa Posc rossa scurra rossa rossa, 2002. DU 30 AVRIL AU 18 MAI 2014 DU 29 JANVIER AU 16 FÉVRIER 2014 DU 21 AU 25 MAI 2014 DU 12 AU 30 MARS 2014 LES 14 ET 15 JUIN 2014 DU 2 AU 13 AVRIL 2014 Exposition Philippe Halsman, Dalí Atomicus, 1948, Musée de l’Elysée © 2013 Philippe Halsman Archive / Magnum Photos Droits exclusifs pour les images de Salvador Dalí : Fundació Gala-Salvador, Figueres, 2014 P Philippe Halsman, Etonnez-moi ! 29.01 – 11.05.2014 Musée de l’Elysée 18, avenue de l’Elysée CH-1006 Lausanne Ouvert Ma–Di 11h–18h www.elysee.ch © DR Richard III de William Shakespeare Du 4 au 14 mars 2014 Salle Charles Apothéloz Mise en scène : Laurent Fréchuret Traduction : Dorothée Zumstein Dramaturge : Vanasay Khamphommala Scénographie : Stéphanie Mathieu Lumière : Eric Rossi Assistant lumière : David Carreira Costumes : Claire Risterucci Assistante costumes : Carmen Bagoë, Samy Habilleuse : Cara Ben Assayag Maquillage et perruques : Françoise Chaumayrac Son : François Chabrier Régie générale : Alain Deroo Régie plateau : François Pelaprat Musique : Dominique Lentin Bob Lipman Directeur de production : Slimane Mouhoub Stagiaire production : Bénédicte Ryckmans Avec : Jean-Claude Bolle-Reddat Amaury de Crayencour Thierry Gibault Pierre Hiessler David Houri Pauline Huruguen Jessica Martin Nine de Montal Dominique Pinon Martine Schambacher Durée : 3h00 (avec entracte) Age conseillé : dès 14 ans Genre : théâtre Production : Théâtre de l’Incendie Coproduction : Le Préau – CDR de Basse-Normandie – Vire Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN Dominique Pinon Richard III, ce méchant haut en couleur et spectaculaire, a toujours attiré les grands du théâtre comme du cinéma (Laurence Olivier, Al Pacino ou encore Sir Ian McKellen). Aujourd’hui Laurent Fréchuret réalise le rêve de monter cette pièce au Théâtre Vidy-Lausanne, avec comme acteur principal Dominique Pinon. Dominique Pinon, ce n’est pas la première fois que vous travaillez avec Laurent Fréchuret, comment est née cette nouvelle collaboration autour de Richard III ? En 2006, Laurent m’a proposé d’interpréter le Roi Lear de William Shakespeare que nous avons joué cette même année au Théâtre de Sartrouville. Un théâtre qu’il a dirigé pendant plus de dix ans. J’avais pour ma part fait la connaissance de cet auteur en jouant Puck dans Le songe d’une nuit d’été sous la direction de Yannis Kokkos au Théâtre des Amandiers à Nanterre. Cette deuxième expérience m’a permis d’approfondir ma relation avec les textes de Shakespeare et c’est en travaillant autour de la création du Roi Lear que Laurent Fréchuret m’a proposé tout naturellement son nouveau projet autour de Richard III, un autre futur voyage dans la folie. Avec le soutien de : Théâtre de Villefranche-sur-Saône, ADAMI et SPEDIDAM Avec la participation du : T2G – Théâtre de Gennevilliers, Centre dramatique national de création contemporaine Avec la participation artistique du Jeune Théâtre national Le Théâtre de l’Incendie est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, par la Ville de Saint-Etienne, le Conseil général de la Loire et la région Rhône-Alpes Remerciements : Centre dramatique régional de Tours Vous allez tenir le rôle principal de la pièce : Richard, un des plus beaux portraits du mal jamais écrits. Comment appréhendez-vous ce personnage ? Bien sûr Richard III est une pièce mythique dans le sens où tout le monde en a entendu parler sans l’avoir forcément vu ou lu au préalable, tels ces passants qu’Al Pacino interroge sur les trottoirs de New York à l’occasion de son fi lm autour de Richard III. Pour ma part, j’ai eu la chance de voir beaucoup de pièces de Shakespeare mais jamais celle-ci et je suis en train de découvrir le monstre né de cette œuvre. Je ne sais pas encore à quoi ressemblera mon Richard. Je peux déjà ressentir que ce rôle peut se jouer à plusieurs, sans doute me ressemblera-t-il un peu. Mais il sera surtout fait des autres personnages et des acteurs qui les jouent. Et particulièrement, du regard bienveillant de Laurent Fréchuret. Création au CDR de Tours Quels aspects du texte vous ont le plus séduit à la première lecture de Richard III ? le 21 janvier 2014 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi 04.03. 05.03. 06.03. 07.03. 08.03. 09.03. 10.03. 11.03. 12.03. 13.03. 14.03. 19h00 19h00 19h00 20h30 19h00 17h30 relâche 19h00 19h00 19h00 20h30 Lorsque j’ai découvert cette pièce pour la première fois, j’étais au tout début de ma carrière. En tant que jeune comédien, je me souviens avoir été saisi par cette particularité propre à ce grand auteur et avoir été considérablement marqué par cette aptitude que Shakespeare a de manipuler les mots et de jouer avec les genres. Richard III vacille sans cesse entre tragédie et farce. Ces subtilités font de ses écrits une œuvre aussi complexe que passionnante. Le ton n’est jamais totalement sombre, les personnages sont d’une complexité rare et d’une profonde richesse. Une œuvre aussi passionnante à décortiquer vous donnerait-elle envie de faire de la mise en scène ? Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 13 J’aime jouer et j’aime être mis en scène. Diriger une équipe ? Pour être honnête, je ne suis pas certain d’en être réellement capable. Ce métier demande une extrême patience et j’ai l’impression que, si j’assumais un tel exercice, je serais bien trop tenté d’imposer aux acteurs la méthode que moi-même j’adopterais sur le plateau. Ce qui n’est, à mon avis, pas une manière positive de fonction- ner. Un metteur en scène se doit de laisser une certaine liberté aux acteurs et ainsi pouvoir les sentir de manière individuelle, c’est-à-dire savoir détacher chaque personnalité afi n d’ajouter du relief à l’objet fi nal. Pour vous, quelles sont les principales qualités que se doit d’avoir un bon metteur en scène ? J’ai eu l’occasion de travailler avec une multitude de directeurs d’acteurs aux méthodes et aux parcours bien di±érents. Je suis un comédien caméléon qui s’adapte et fait confiance. Chaque expérience me permet de grandir toujours davantage. Un bon metteur en scène doit être capable de rassembler son équipe autour d’un projet et de transmettre son énergie afi n de fédérer au mieux les di±érentes entités présentes sur un plateau. Il est censé allier plusieurs personnalités et les emmener dans une direction commune. Au-delà d’être un chef d’orchestre, le metteur en scène est un œil. A ce jour, je ne sais quelle méthode Laurent Fréchuret souhaite adopter pour son futur spectacle. Mais quoi qu’il décide, je suis impatient de le découvrir et de m’immerger dans ce projet commun. Il est toujours assez délicat de s’exprimer sur un travail qui n’a pas encore commencé. Le théâtre est une alchimie qui s’opère sur le plateau durant les répétitions. Je vais à cette occasion pouvoir découvrir mes di±érents partenaires. Des échanges vont se créer, mon personnage va peu à peu se nourrir de l’énergie des autres et se construire progressivement. Mais pour le moment, je suis encore plongé dans le mystère. En attendant cette étape de travail, je m’imprègne un maximum du texte en l’ingurgitant de façon à aborder les premières répétitions avec plus de liberté. Vous êtes comédien depuis des années, comment avez-vous évolué dans votre métier ? Depuis que, adolescent, j’ai découvert Fin de partie de Samuel Beckett à la Maison de la culture d’Amiens, j’aspire à être comédien. C’était la première fois que je voyais une pièce de cet auteur et j’en suis ressorti absolument ébloui. Non seulement j’avais ri, mais elle m’avait aussi fortement interrogé. Elle m’a surtout fait prendre conscience qu’il existe une autre façon de voir la vie ou du moins de la rendre plus vivable. Pour moi le théâtre est un moyen d’observer le monde, de le comprendre et de le rendre un peu plus supportable. Le théâtre permet aussi de goûter à un univers qui ne nous appartient pas forcément, aller de l’autre côté du miroir. Avec les années, je crois avoir pris de plus en plus conscience qu’être comédien est un véritable métier. Je dirais qu’à mes débuts, même si je prenais mes rôles avec beaucoup de sérieux, je n’étais, malgré tout, qu’un jeune imprudent et inconscient. Je n’abordais pas cette profession comme étant di≤cile et versatile. Je n’avais pas pleinement conscience de cette instabilité que vous impose le métier d’acteur et je n’avais pas encore réalisé à quel point le comédien dépendait du désir des gens. J’adore ce métier. Je vis pour ce travail et aujourd’hui encore, même après toutes ces années, je ne vois pas quelle autre activité pourrait égaler le plaisir que je ressens lorsque je suis sur un plateau ou face à une caméra. Justement, le public vous connaît surtout au cinéma dans les films de Jean-Pierre Jeunet notamment, d’Olivier Van Hoofstadt, de Claude Lelouch pour ne citer qu’eux, mais la scène occupe aussi beaucoup de votre temps. Dans quoi vous reconnaissez-vous le mieux ? Il est vrai qu’au théâtre nous ne sommes pas dans un système de production similaire à celui du cinéma mais, en tant que comédiens, nous sommes malgré tout amenés à jouer un personnage. Contrairement aux Anglo-Saxons, les Français ont tendance à discerner les deux arts, mais le cinéma et le théâtre ne se di±érencient pas pour un acteur, ils sont, au contraire, complémentaires. Je me rends compte que la plupart des réalisateurs français ont une faible connaissance du théâtre et de ses règles. Pourtant, il me paraît naturel, voire primordial, pour un artiste de s’investir et de s’intéresser aux deux disciplines. Vous est-il déjà arrivé de vous faire dominer par votre propre personnage ? Je suis de ceux qui se laissent faire par leur personnage, qui s’ouvrent naturellement à eux, mais jamais je ne me fais dominer par ce dernier. Jouer c’est jouer et il doit toujours y avoir une part de jeu. D’ailleurs, c’est ce qui me plaît tant dans Richard III, cette idée est très présente dans la pièce, « Je vais vous jouer le méchant », c’est ça qui est formidable. Habités par un personnage, nous le sommes forcément. Nous sommes absorbés par une langue, par un texte. Quand nous montons sur les planches, nous nous approprions le langage, les mimiques, l’apparence de quelqu’un d’autre. Tous ces éléments sont très forts à vivre pour un comédien. Mais lorsque nous quittons le plateau, nous redevenons ce que nous avons toujours été. Il est évident que notre rôle nous poursuit, nous questionne, mais nous nous devons de rester les pieds sur terre. Je ne vais pas devenir un criminel en jouant Richard III. Pour finir, l’important ce n’est pas ce que le comédien ressent, l’important c’est ce que le public ressent, c’est ce qu’il reçoit. Trop d’artistes ont tendance à l’oublier. Quelles sont vos récentes inspirations ? En ce moment, je suis en train de jouer Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor, un texte bouleversant. Puis, récemment, j’ai découvert la performance de Robert Hirsch dans Le père, il n’existe rien de comparable. Si à l’âge de 88 ans j’arrive à être aussi brillant sur un plateau alors je serai un comédien accompli. C’est un acteur extraordinaire. Je ne vais évidemment pas tous les soirs au théâtre, mais il me plaît de découvrir le travail des autres. Aller voir des artistes sur scène, c’est quand même de là qu’est née mon envie de faire ce métier. Avez-vous un rêve de comédien ? Je n’ai pas de rêves en particulier, j’ai juste envie de faire ce métier le plus longtemps possible. Peut-on appeler ça un rêve ? Si oui, alors j’en ai un. Propos recueillis par Fanny Guichard U B L I C I T E Vous désirez ? © Christophe Ubelmann P Théâtre Danse Théâtre Théâtre Musique Oblomov Vous désirez ? Seule la mer Revue hip-hop De Beaux Lendemains Dorian Rossel-Cie STT O’Brother Company Russel Banks – Emmanuel Meirieu Amos Oz – Denis Maillefer Concerto, vous avez dit concerto ? 28 fév. et 1er mars à 20h30 10 et 11 mars à 20h30 Philippe Béran – OCG Céline Lefèvre François Berdeaux Du 11 au 14 fév. à 20h30 13 mars à 19h 25 fév. à 20h forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin / Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe C R É AT I O N M O N D I A L E AU BFM MÉMOIRE D E L’ O M B R E SUR DES MUSIQUES DE G U S TA V M A H L E R CHORÉGRAPHIE KEN OSSOLA BALLET DU GRAND THÉÂTRE DIRECTION SAISON1314 12>20.02.2014 Fabrication suisse matériel pin et hêtre naturels provenance : Suisse Max Bill ULMER dimensions (largeur, profondeur, hauteur, hauteur d’assise) 39 x 30 x 44 x 44 cm PHILIPPE COHEN WWW.GENEVEOPERA.CH +41(0)22 322 5050 Le Théâtre Vidy-Lausanne et Teo Jakob, vous proposent en exclusivité une édition limitée, signée et numérotée du tabouret/table de chevet ULMER de Max Bill commémoratif des 50 ans de l’Expo64, Max Bill étant l’architecte en chef de la section « Eduquer et créer » de l’Exposition nationale suisse de 1964 et de l’actuel Théâtre VidyLausanne. souscription du 3 février au 30 mars 2014 avec le bulletin de commande ci-dessous : nom, prénom : adresse : email : tél. / portable : date : signature : Je commande le tabouret/table de chevet ULMER de Max Bill, édition limitée, signée et numérotée, commémoratif des 50 ans de l’Expo64 et m’engage à verser Fr. 300.–/pièce TVA incluse, hors frais de port, sur le compte CCP 10-888-0 mention tabouret Max Bill. Ce tabouret pourra être retiré dès le 15 mai 2014 à 18h00 à la réception du Théâtre, lors de SHJVUMtYLUJLK\ÄSZKL4H_)PSS1HRVI)PSS Vidy-L Nombre de tabouret(s) / table(s) de chevet souhaité(s) : Courrier: Théâtre Vidy-L., Av. E.-Jaques Dalcroze 5, CH – 1007 Lausanne I email: [email protected] Du 11 au 22 mars 2014 Chapiteau Vidy-L Adaptation et mise en scène : Zabou Breitman Texte : Isabelle Fruchart Décor : Simon Stehlé Conception sonore : Laury Chanty Lumière : André Diot Costumes : Amina Rezig Assistante de production : Diane Derosier Avec : Isabelle Fruchart Durée : 1h20 Age conseillé : dès 12 ans Genre : monologue fleuri Production déléguée : © BM Palazon Journal de ma nouvelle oreille de et avec Isabelle Fruchart Isabelle Fruchart Comment entendre le monde autrement ? C’est une tempête sous un crâne que soulève Journal de ma nouvelle oreille, écrit et joué par la comédienne Isabelle Fruchart. Malentendante depuis l’adolescence, elle raconte dans ce monologue autobiographique sa redécouverte des sons, vingt ans plus tard, grâce à un appareil auditif. Bouleversante de sensibilité et d’humour, la pièce, dénuée de tout pathos, irradie de désir. Car les sons enfouis, voix familières, bruits de vaisselle sous l’eau, grêlons tambourinant sur le toit, refont peu à peu surface. Mis en scène par Zabou Breitman, Journal de ma nouvelle oreille scande une musique neuve, éveillant notre écoute au monde. Nous avons rencontré les deux créatrices de cette fable musicale et intime, Zabou Breitman et Isabelle Fruchart. reillée. Chez celle-ci, tous les bruits parviennent au cerveau avec la même intensité, nivelés. Le moindre petit bruit, une serviette en papier qui se froisse, une pièce de monnaie qui tombe au sol, prend une ampleur inouïe. Pour créer la bandeson, nous avons amplifié les notes perçues par Isabelle, notamment lorsque la troisième symphonie de Johannes Brahms retentit sur scène. Cela crée quelque chose de très beau et de très violent à la fois, comme une locomotive qui freinerait à toute allure en gare. Par moments, des sons quasi inaudibles pour la comédienne, comme le cri aigu du nourrisson ou le son cristallin du triangle, traversent le plateau. Mais ce qui me semblait primordial est qu’elle s’adresse directement au public, dans une forme frontale assumée. Parfois, je laisse donc la salle allumée, pour créer une proximité, une écoute plus intime. Comment avez-vous écrit Journal de ma nouvelle oreille, ce monologue à la fois drôle et sensible ? Isabelle Fruchart : J’écris depuis l’enfance, des Pourquoi ce choix d’un décor végétal et fantastique, véritable nid de verdure qui protège la comédienne ? Zabou Breitman : Journal de ma nouvelle oreille Théâtre Vidy-Lausanne Coproduction : Théâtre national de Nice Théâtre de Châtillon Théâtre Liberté Toulon Diffusion : Prima donna Remerciements à : Alexandra et Dominique Duvivier, magiciens Sarah Zoghlami, chorégraphe Création au Théâtre du Chêne Noir le 6 juillet 2013 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 11.03. 12.03. 13.03. 14.03. 15.03. 16.03. 17.03. 18.03. 19.03. 20.03. 21.03. 22.03. 20h30 20h30 20h30 19h00 20h30 17h00 relâche 20h30 20h30 20h30 19h00 20h30 Stage intergénérationnel autour du spectacle Journal de ma nouvelle oreille Dimanche 16 mars 2014, à 14h30 Plus d’informations à la page 22 textes, du théâtre, mais il m’arrive aussi de tenir un journal intime. J’aime garder une trace, un souvenir des instants forts de ma vie comme le début de mon histoire d’amour ou la création d’un spectacle. Il se trouve qu’à quatorze ans j’ai perdu 70 % d’audition à chaque oreille dans les fréquences aiguës et je n’ai été diagnostiquée que tardivement, à vingt-six ans. Alors, très abattue, j’ai fui les médecins, je me suis adaptée en déployant des trésors d’ingéniosité, en rusant. On s’étonne souvent que je sois devenue comédienne et musicienne malgré mes oreilles de grand-mère. Mais Ludwig van Beethoven était sourd. Et qu’y a-t-il de plus stimulant que d’aller vers des domaines insoupçonnés, des horizons di≤ciles ? C’est là où j’aime travailler vraiment, même si c’est épuisant. A trente-sept ans, j’ai décidé de me faire appareiller, fatiguée de ne pas bien entendre. J’ai trouvé cela si magique que j’ai voulu noter aussitôt toutes mes sensations dans mon journal. Ce fut une redécouverte inouïe des bruits du quotidien, du son de l’eau qui goutte du robinet, de la pluie, mais aussi de ma propre voix. Lors de la phase d’adaptation, longue de neuf mois, je me suis prise de passion pour la fiction radiophonique. J’étais littéralement rivée à mon poste de radio, avec il est vrai un bon prétexte, celui de repeindre tous mes meubles. Cela m’a d’ailleurs donné l’idée d’adapter mon journal intime pour la radio. C’est ainsi qu’est né Journal de ma nouvelle oreille, fable sur l’écoute, récit initiatique en quatre temps qui correspondent aux paliers d’adaptation à mon appareil auditif. Avant de proposer le texte aux radios, j’ai réuni un cercle d’amis pour une lecture. A ma grande surprise, ils ont jugé ce texte beaucoup plus théâtral que radiophonique. Et l’une de mes amies a transmis le texte à Zabou Breitman qui m’a contactée. Pour une comédienne, est-ce si simple de jouer son propre rôle, de livrer une part de sa vie aussi intime sur scène ? Isabelle Fruchart : Il ne s’agit pas ici de raconter ma vie. Plutôt de conter une fable sonore, une histoire, qui aurait très bien pu ne pas être la mienne. Lorsque les spectateurs s’étonnent que je sois « vraiment » la personne dont je parle, je suis souvent perplexe, gênée. Car il ne s’agit pas de témoignage, sinon j’irais faire des conférences ou un travail de sensibilisation. Encore moins de susciter la compassion. Sur scène, je transcende cette matière autobiographique pour ouvrir un paysage poétique et sensoriel qui dépasse ma petite histoire personnelle. Pour cela, j’ai dû chercher la bonne distance, entre sincérité et retenue, pour ne pas être submergée par l’émotion. Car nous sommes tous concernés par l’écoute, par ces choses que nous ne voulons pas entendre que nous comprenons de travers en accommodant le réel à notre guise. Cette approximation est notre poésie personnelle, notre monde singulier. Et puis, je trouve cela très beau de livrer ce texte dans un théâtre, lieu de l’écoute par excellence. Comment pense-t-on l’orchestration sonore d’un spectacle qui parle justement de l’écoute ? Zabou Breitman : J’ai eu envie d’accompagner ce Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 15 monologue d’une bande sonore poétique et fantaisiste, proche de ce qu’entend Isabelle Fruchart. Le créateur son a donc utilisé un stéthoscope afi n d’entendre comme la comédienne. Il faut savoir que l’oreille naturelle hiérarchise les sons, les informations, contrairement à l’oreille appa- m’a inspiré une image très forte, celle du cycle des saisons, d’un renouveau. Ainsi j’ai eu l’idée d’un mur végétal sur lequel tout pousse, repousse. Sur scène, cette éclosion accompagne la renaissance d’Isabelle, telle une fleur qui s’ouvre dans un langage onirique. Cette alcôve de verdure, ce jardin secret, plonge aussi le récit dans un univers proche du conte, abstrait et enfantin. Car l’enfance est l’âge où la mémoire auditive d’Isabelle s’est construite à partir de voix, de bruits, de sons qui ont ensuite disparu. Mais c’est aussi l’âge de l’approximation, le moment où l’on n’est pas obligé de tout comprendre et heureusement. Je trouve cela terrible quand tout doit être compris, souligné, expliqué. Cela bloque l’imagination. Au contraire, la part d’approximation révèle l’imaginaire qui silhouette chaque être. Enfant, j’étais fascinée par les contes de Bulgarie et de Tchécoslovaquie, peuplés de princesses et de sorcières abominables. Isabelle a quelque chose d’une princesse slave avec ses beaux cheveux blonds et ses pommettes hautes. L’univers médical est très présent dans vos créations. De votre premier film, Se souvenir des belles choses, sur la perte de la mémoire, à votre adaptation théâtrale d’Urgences, le documentaire de Raymond Depardon. Pourquoi vous intéresse-t-il autant ? Zabou Breitman : Ma passion pour la médecine me vient de mon grand-père, médecin de campagne, que j’aimais infi niment. Enfant, il me racontait des anecdotes improbables, me prodiguait des conseils drolatiques mais sensés. « Si les femmes ont plus de bronchites que les hommes, c’est parce qu’elles n’osent ni cracher ni se moucher », me disait-il en m’incitant à ne pas me gêner. Mon premier fi lm, Se souvenir des belles choses, s’intéressait à la reconstruction de l’identité après une perte de la mémoire et se passait dans l’enceinte d’un centre de rééducation. Ensuite, j’ai adapté à la scène le documentaire de Raymond Depardon, Urgences, né d’une immersion aux urgences psychiatriques de l’Hôtel-Dieu à Paris. J’ai toujours été étonnée par la manière dont le corps humain malade ou déficient est trop souvent perçu comme anormal, incomplet, par la société. Comme si l’être se limitait à la seule apparence. Ce sont des préjugés encore tenaces aujourd’hui. Notamment à propos des personnes âgées, qui, même diminuées, gardent souvent toute leur vivacité d’esprit. Au cours d’une émission radiophonique, j’ai rencontré Anne-Sarah Kertudo qui a lancé en France la permanence juridique pour les malentendants et qui s’est battue pour leurs droits. Il faut savoir qu’en 1880 la langue des signes a été interdite en France sous le prétexte qu’elle n’était pas une « vraie » langue, qu’elle ne permettait pas de parler à Dieu. On racontait que sa gestuelle entravait la respiration des sourds et favorisait la tuberculose. Très longtemps, la surdité a été associée à une forme d’imbécillité tandis que les aveugles, eux, étaient perçus comme des médiums, des possédés. Il a fallu attendre 1991 pour que la langue des signes soit enfi n reconnue en France par la loi Fabius favorisant le bilinguisme. Mais tout cela sera au cœur de mon prochain fi lm. Propos recueillis par Olivia Barron Le Master orientation mise en scène de la Manufacture : recherche et création contemporaine Nous vivons un moment de déséquilibre politique, économique et culturel dont il est souvent di≤cile de saisir le sens. Le théâtre par des mutations poétiques et esthétiques est parfois capable de refléter cette fragilité et de nous y rendre sensibles. Il n’y parvient que quand il met en crise ses propres modèles, par le recyclage ou, souvent, par la destruction, en explorant et en hybridant de nouvelles formes avec ce qui vit encore dans les anciennes. Pour continuer de jouer un rôle essentiel dans cette expression de la complexité du monde, pour investir des territoires inconnus, pour rester dans la création, le théâtre doit aujourd’hui réinventer les catégories qui ont jusqu’ici structurées les arts de la scène et renoncer aux anciennes séparations entre ce domaine, la danse, la performance, la musique, le théâtre de texte ou encore le répertoire. La formation des jeunes artistes occupe évidemment une place déterminante dans cette dynamique de la scène contemporaine. Elle doit allier spécialisation et hybridation, connaissance de l’histoire du théâtre et conscience des transformations actuelles. C’est dans ce contexte de spécialisation et de pluridisciplinarité que les hautes écoles de théâtre de Zurich (ZFH), de Berne (BFH), de la Suisse italienne (SUPSI) et de la Suisse romande (HETSR) ont développé un projet novateur : la création d’un Master of Arts en Théâtre conjoint au niveau suisse. La dynamique plurielle du MasterCampus-Théâtre-CH o±re une chance unique de mettre en perspective nos références culturelles et esthétiques et de s’ouvrir à d’autres sensibilités artistiques. Elle permet des échanges réguliers avec des enseignants et des étudiants italophones et germanophones, mais aussi des croisements entre les di±érentes techniques de la scène enseignées dans les autres écoles (performance, théâtre du mouvement, régie, dramaturgie, pédagogie du théâtre). Dans ce cadre, la Manufacture, Haute école de théâtre de Suisse romande (HETSR), a choisi, pour son Master, l’orientation mise en scène pour devenir un point de rencontre entre plusieurs courants théâtraux, un carrefour, un lieu d’échanges de di±érentes manières d’envisager la création. A l’heure où la scène contemporaine se refonde à partir des métissages entre les cultures et les arts, le rôle du metteur en scène doit se transformer mais il reste central. Associant enseignements fondamentaux de la mise en scène (dramaturgie, direction de l’acteur, scénographie, histoire du théâtre) et formation à des arts connexes (performance, vidéo, son, danse, etc.), le Master de mise en scène à la Manufacture place au cœur de sa formation la relation étroite entre recherche et création ainsi qu’un travail de fi n d’études comprenant un volet théorique (mémoire de recherche) et un volet pratique (projet artistique). Composée de séminaires théoriques, d’ateliers, de stages et de projets personnels, cette formation renforce les compétences théoriques et techniques de l’étudiant et lui permet d’a≤rmer son identité artistique, consciente des enjeux de la scène contemporaine. Laurent Berger Responsable Master mise en scène à la Manufacture – HETSR Le Master théâtre, orientation mise en scène s’adresse à des comédiens avec un Bachelor of Arts en Théâtre HES-SO, à des étudiants provenant des filières universitaires en arts du spectacle ou à des praticiens désireux d’approfondir leur savoir théorique et pratique en vue d’aborder la mise en scène ou d’effectuer des recherches sur certains aspects de leur pratique. Le diplôme Master of Arts en Théâtre HES-SO s’obtient après trois semestres d’études à temps plein (ou cinq semestres à temps partiel sur dérogation) et après la réalisation de 90 crédits ECTS. Trente crédits sont consacrés au travail de fin d’études, constitué d’un volet théorique (mémoire) et d’un volet pratique (projet pratique, artistique et de recherche). Pour les 60 crédits restants, 30 ECTS sont dédiés à des cours théoriques et des ateliers centrés sur une approche précise, méthodologique ou technique, de la mise en scène. Les 30 derniers sont destinés à des projets personnels. Certains crédits sont proposés en partenariat avec les autres hautes écoles spécialisées du campus. L’admission se fait chaque année sur concours (délai d’inscription pour la rentrée 2014 : 14 avril 2014). Informations complémentaires sur le site de l’école : www.hetsr.ch. P U B L I C I T E D ES VINS EXCEPTIONNELS POUR VOTRE PLUS GRAND PLAISIR A USSERGEWÖHNLICHE W EINE FÜR MAXIMALES T RINKVERGNÜGEN E XCEPTIONALS WINES FOR YOUR BIGGEST PLEASURE J. & P. Testuz SA | Le Treytorrens | CH - 1096 Cully Tél. +41 21 799 99 11 | Fax 021 799 99 22 Commandes 0848 850 111| [email protected] www.testuz.ch AIMERLIRE Nous vous invitons à découvrir tous nos coups de cœur de la rentrée 2014. TOUS LES LIVRES, POUR TOUS LES LECTEURS payot.ch Du 18 au 23 mars 2014 Salle Charles Apothéloz Mise en scène : Denis Maillefer Adaptation : Denis Maillefer Marie-Cécile Ouakil Assistante à la mise en scène : Emilie Launay-Bobillot Scénographie : Yangalie Kohlbrenner Lumière : Laurent Junod Costumes : Isa Boucharlat Assistante costumes : Karine Dubois Son : Philippe de Rahm Maquillage : Cristina Simoes Musique : Billie Bird Régisseur général : Hervé Jabveneau Administration et communication : Catherine Monney Médiation : Florence Proton Avec : Anne Alvaro (filmée) Billie Bird Jacqueline Corpataux Pierre-Isaïe Duc Caroline Imhof Cédric Leproust Joël Maillard Roberto Molo Baptiste Morisod Léa Pohlhammer © Catherine Monney Seule la mer d’Amos Oz A Tel-Aviv, Albert Danon est seul. Sa femme Nadia vient de mourir d’un cancer et son fils Rico est parti au Tibet. Bettine, une vieille amie, veuve elle aussi, s’inquiète pour Albert. Surtout lorsque Dita, la petite amie de Rico, emménage chez lui. Un chassé-croisé de voix et d’histoires qu’Amos Oz tisse en un poème qui se lit, se dit, s’entend comme un roman. A moins qu’il s’agisse d’un roman qui se lit comme un poème ? Le metteur en scène Denis Maillefer et les comédiens Cédric Leproust et Pierre-Isaïe Duc nous dévoilent leurs impressions. C. S. Durée : 2h15 Age conseillé : Comment parler de ce roman ? J’ai hâte d’y être pour dire un peu de poésie. Lire Seule la mer, et à plus forte raison mettre en scène Seule la mer, c’est chercher d’impossibles réponses à très anciennes questions, comment vivre, pourquoi vivre, comment et pourquoi aimer. Et aussi, par rebond, pourquoi tenter de raconter sur un plateau, pourquoi mettre en scène, que dire avec cela, que chercher. J’aimerais que ce qui se passe sur le plateau nous projette au cœur de nous-mêmes et que cette sensation nous accompagne durablement, un jour, cent jours, dix ans. Oz le dit dans un texte intitulé Pourquoi lire paru en 1987 : « Nous, en tant que lecteurs, nous accordons notre grâce à quelque chose en nous, à cette part de nous-mêmes avec laquelle en général nous ne vivons pas en paix. Et c’est là le grand miracle de l’art et de la littérature en particulier, la possibilité d’une grâce. La réconciliation, fi nalement, avec cette part de nousmêmes dont nous aurions voulu qu’elle meure ou qu’elle n’existe pas. » Amos Oz écrit des mots qui accompagnent, mais aussi qui éclairent, qui arrivent à dire ce que je ressens. Il a une intelligence généreuse et humaniste, une acuité et une précision parfois lapidaire, tout comme Anton Tchekhov, qu’il cite fréquemment et qu’il admire : « Oui, Tchekhov. C’est pour moi très étrange et très troublant de quitter La cerisaie et de retrouver si fortement Tchekhov. Dans sa manière de parler de détails apparemment insignifiants mais qui se révèlent essentiels, dans cette tendresse si crue, dans cette attirance pour les grands et petits ratages qui laissent les individus déprimés, leurs rêves brisés, les illusions en morceaux […], mais tous sont en vie. »* Amos Oz dit que les habitants du quartier de Jérusalem de son enfance sont des gens qu’en vérité il n’a trouvés que chez Tchekhov. Les gestes, aussi, chez ces frais immigrés un peu perdus dans un pays dont ils ne savent rien, le ramènent en Russie. Mais probablement suis-je moi-même, un peu, insidieusement, tchekhovisé ! Tchekhov apprend à regarder di±éremment, lire di±éremment, aimer di±éremment, peut-être mettre en scène di±éremment. Et tant mieux. Sinon à quoi bon lire, mettre en scène, aimer… Peut-être devrais-je commencer par sa forme. Seule la mer est écrit comme une succession de poèmes alternant la prose et les vers libres, les formes très courtes comme des pensées fulgurantes, des épisodes éclairs, des passages plus longs et descriptifs permettant au fi l de la narration de se déployer. Cela attribue à l’œuvre beaucoup de rythme et laisse ainsi le lecteur éveillé, sensible et curieux. On pourrait presque apparenter cette forme à un bon scénario de fi lm, à la di±érence que la poésie écrite par Oz nous amène au-delà du langage naturaliste cinématographique. C’est un des éléments que je trouve très intéressant du point de vue du traitement de la parole à reporter sur le plateau de même que l’univers installé par l’auteur. En e±et, il transbahute le lecteur dans des milieux, des décors très di±érents. On passe par exemple de l’intimité d’une chambre au gigantisme des montagnes du Tibet, du bureau de l’auteur lui-même à la description d’un paysage marin. Ce que je trouve enfi n très sensible est la manière dont les personnages dialoguent et évoluent au fi l de l’histoire. A mon avis, il existe quelque chose qui s’apparente beaucoup à l’univers de Tchekhov. Il y a ce que les personnages (se) disent, mais il y a surtout ce qu’ils ne (se) disent pas, qui se laisse pourtant entrevoir. Cela forme ainsi une toile très riche et complexe de sentiments. Peut-être pourrais-je ainsi comparer Seule la mer aux peintures de Marc Chagall, où le mélange des couleurs crée toujours une harmonie hypnotique à la fois angélique et terrifiante. En e±et, Oz joue constamment sur le chaud et le froid (température du milieu où l’action évolue, température des sentiments). Enfi n, ce que je trouve particulièrement beau est la solitude de chacun des personnages et de voir comment ils essaient de lutter contre celle-ci. Par exemple, le personnage de Rico est particulièrement émouvant. Parti seul au Tibet après le décès de sa mère, il réalise une sorte de voyage initiatique dans lequel il se cherche. Qui est-il seul sans sa mère ? Que reste-t-il d’elle en lui ? Doit-on fuir le monde (son monde) pour se trouver ? Malgré cette solitude recherchée, il se réfugie régulièrement dans les bras d’une prostituée pour soulager son manque de l’autre, mais aussi parce qu’il y trouve des réponses à ces questions. Par sa fi ne rugosité, Seule la mer nous renvoie au plus près de notre propre intimité, à notre fragilité d’être soi et d’être au monde pour une durée déterminée. L’un des rôles essentiels du théâtre est de ramener le public à ces notions et en tant qu’acteur je trouve fondamental d’être à la recherche de ce chas d’aiguille dans lequel il faut s’insinuer pour percer à vif l’intimité du spectateur. Ce travail est, je crois, au centre des spectacles de Denis Maillefer. Je me réjouis donc d’être à ses côtés dans cette nouvelle création pour continuer cette exploration. Durant notre dernier travail sur La cerisaie, Denis Maillefer me glisse en passant lors des répétitions : « Ah, il faudrait que tu lises Seule la mer d’Amos Oz. » Le cerveau reptilien du comédien que je suis se met en marche : « Pour quelles raisons souhaite-til me le faire lire ? » – « A-t-il une idée derrière la tête ou est-ce par pur plaisir de partager un bon livre ? » – « Ou encore un conseil pour une lecture de vacances ?… » – Nous étions en avril 2012. Après l’avoir lu, je découvre un auteur singulier qui parle de la grande Histoire de l’Homme à travers les petites choses de la vie. Des personnages comme des oasis esseulées au milieu du désert. Des personnages qui tentent de communiquer. On est à l’intérieur d’eux, de leur réflexion, de leur ressenti. Ils nous sont proches par leur quête du quotidien, par leur désir de comprendre la vie et ses secrets. J’ai pensé intimité. Puis poésie aussi. L’humanité a besoin de poésie aujourd’hui comme hier. On est en manque de poésie. Aucun doute, ce n’est pas une lecture de plage ou juste un conseil de bon bouquin. C’est de la matière pour un projet. C’est de la matière pour Denis. Denis Maillefer Cédric Leproust dès 14 ans Genre : théâtre Pourquoi j’aime Amos Oz ? Coproduction : Théâtre en Flammes Théâtre Les Halles Sierre Théâtre Vidy-Lausanne Théâtre Forum Meyrin Théâtre Benno Besson Avec le soutien de : Label + Théâtre Romand Etat de Vaud Ville de Lausanne ThéâtrePro Valais Pro Helvetia Loterie Romande Fondation Leenaards Migros pour-cent-culturel Création au Théâtre Benno Besson le 13 février 2014 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 18.03. 19.03. 20.03. 21.03. 22.03. 23.03. 19h00 19h00 19h00 20h30 19h00 17h30 Atelier BD autour du spectacle Seule la mer Prévu courant février 2014 Atelier d’écriture autour du spectacle Seule la mer Prévu courant mars 2014 Plus d’informations à la page 22 * (Oz, entretien radiophonique, 1977) Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 17 Pierre-Isaïe Duc Habib Dembélé, l’élu du peuple (A vous la nuit) Koffi Kwahulé, musicien des mots (Misterioso-119) Hassane Kassi Kouyaté, griot du monde (Kouta) Rien ne destinait Habib Dembélé au théâtre, mais tout à la politique ! Déjà, il avait préparé son entrée en scène, venant au monde quarante-six ans jour pour jour après la première révolte contre l’administration coloniale lancée par son arrière-grand-père. Presque une commémoration. Cela se passait en 1962 dans la petite ville de San au Mali, à tout juste 450 kilomètres de Bamako. Mais dans le café où nous le retrouvons, près de la station de métro Stalingrad dans ce nord de Paris très cosmopolite, il est connu de tous. Des admirateurs le saluent, interrompant l’interview pour venir le féliciter. Nous attendions un comédien. Il s’agit d’un personnage public qui paraît à l’aise ici comme ailleurs. « J’ai commencé la politique tout enfant, à l’école », confie celui qui voulait en avril dernier faire élire Nelson Mandela président d’Afrique. Di≤cile pour nous d’imaginer cette enfance avec ces syndicats écoliers très remontés contre le gouvernement malien, même s’il semble y avoir tout appris. Sauf le théâtre, un don inné. Peter Brook, dont il a été l’un des acteurs phares, raconte sa capacité fantastique à imiter instantanément une poignée de personnes juste entraperçues. Il voulait être ministre, faire de la politique, mais son professeur de dessin l’envoie à dix- huit ans étudier la peinture à l’Institut des arts de Bamako. Là-bas, le théâtre devient son échappatoire. Tout semble défi nitivement compromis quand son père, un petit fonctionnaire des douanes, lui annonce, en toute solennité, qu’il prend sa retraite. Comprenez qu’Habib devient « le soutien de sa famille », avec trois cents personnes à aider. Cela s’arrange enfi n quand notre homme réalise que théâtre et combat politique ne font qu’un. Alors tout s’enchaîne très vite. Wari, une comédie d’Ousmane Sow, son premier rôle, où il incarne Son Excellence Guimba, dictateur corrompu, connaît un écho retentissant. « La pièce a soulevé un vent de contestation sans précédent au Mali, prémices à la révolution de 1991 », raconte-t-il, plutôt fier. Désormais surnommé « Guimba national », vénéré, Dembélé devient si populaire qu’il échappe à la censure. Di≤cile de croire en le rencontrant que cet homme incroyablement tendre représente une menace pour certains politiciens maliens. Capable de remplir l’immense stade de Bamako pour des one-manshow électriques, il inquiète les profiteurs, des politiciens corrompus aux grandes bourgeoises, redoutables avec leurs servantes mal payées. Il est sur tous les fronts. Lassé de voir les « novellas » brésiliennes sur les chaînes o≤cielles, il crée Les aventures de Séko Boiré, première série télévisée malienne. Il faut le voir dans le rôle de Séko, jouer ce pauvre bougre, ce mari évidemment cocu parti à la ville chercher sa femme adultère. Son jeu burlesque, tragi-comique, reste d’une vivacité sidérante. Peter Brook ne s’y est pas trompé. Avec lui, il sillonne le monde dans un sublime Hamlet. Revenu au pays natal, Dembélé se présente à l’élection présidentielle de 2002 pour casser la langue de bois o≤cielle. « Entre ceux qui vous font pleurer et celui qui vous fait rire, choisissez ! » annonce son slogan de campagne. Va-t-il se représenter en 2017 ? Peut-être. D’ici là, il prépare un spectacle sur les événements récents au Mali et o±re cette saison à Vidy un conte passionnel, A vous la nuit. Ne lui parlez pas de théâtre africain, il se méfie du terme comme de la peste. Pour le grand dramaturge ivoirien Ko≤ Kwahulé, ce qualificatif n’est rien d’autre qu’un tissu de préjugés et d’attentes grotesques. « On refuse souvent à l’artiste africain sa singularité. Il doit venir de sa tribu, écrire de sa case, avoir la musique dans la peau ! » Le ton est donné. Loin de renier ses origines, l’auteur cherche une forme neuve pour éviter de se laisser défi nir par les autres. Aussi écrit-il en ce moment un roman sur la communauté chinoise de son quartier, le XIe arrondissement de Paris où se concentrent les grossistes asiatiques. C’est d’ailleurs là, au Bataclan, célèbre salle de concert, qu’il nous retrouve. Car cet auteur jovial, qu’on prendrait volontiers pour un rugbyman, vu sa carrure, est un grand amateur de jazz, de John Coltrane à Thelonius Monk. Mais, enfant, confie-t-il, c’est le cinéma qui le fascinait. Lui qui, dès six ans, fi lait à peine rentré de l’école pour passer ses soirées dans l’unique salle de cinéma d’Abengourou, sa ville natale. Une formation très e≤cace. Il allait même intégrer la section cinéma de l’Institut des arts d’Abidjan quand celle-ci a mis la clef sous la porte, faute de moyens ! Dépité, Ko≤ se rabat sur une formation théâtrale et commence à écrire pour la scène sans pourtant trop y croire. « Pour moi, être auteur, c’était un métier d’élite, il fallait avoir fait de brillantes études, être agrégé de Lettres, comme Léopold Sédar Senghor », raconte-t-il. Formation théâtrale à Paris, à l’Ecole de la rue Blanche, thèse sur le théâtre ivoirien, il accumule les diplômes, écrit, mais n’ose pas trop le faire savoir. Ses intimes seront extrêmement surpris de découvrir Le grand-serpent, sa première pièce présentée à la bibliothèque de la Sorbonne-Nouvelle, avantgarde des études théâtrales. Jouer en Côte d’Ivoire une pièce parlant d’un despote, c’est le pas que franchit Kwahulé en toute inconscience. Car avec Le grand-serpent, l’allusion est à peine voilée. Puisque c’est l’histoire d’un dictateur, la bonté même quand il était enfant, qui soudain se couvre d’écailles et se mue en tyran. Une figure fi nalement proche du dragon de nos mythologies. Evidemment, la censure tombe, immédiate. Les soldats prennent d’assaut le théâtre, la troupe est sous le choc. De retour à Paris, c’est la panique. Bourse d’études supprimée et les amis qui fuient. Un seul, le metteur en scène Guédéba Martin, poursuivra l’aventure. C’est pour leur duo soudé qu’il écrit 1+1=1, énorme succès en France comme à Abidjan. « La forme du duo n’existait pas encore en Afrique, c’était une vraie nouveauté », souligne Ko≤ modeste. Depuis, les commandes a≥uent, son œuvre se joue sur trois continents. S’inspirant du tempo des grands improvisateurs de bebop et de free jazz, Kwahulé a bâti une langue neuve, rythmée et volontiers violente pour parler d’un monde clos, sans issue. Misterioso-119, la pièce montée à Vidy par Cédric Dorier, se déroule d’ailleurs dans l’enceinte étou±ante d’une prison pour femmes. Violence elliptique, cris de révolte, c’est un univers sombre et haletant que la présence solaire de Ko≤ Kwahulé dément sans cesse. Comme sa montre est encore à l’heure africaine, le metteur en scène Hassane Kassi Kouyaté arrive avec une heure de retard au « Tout va mieux », son café de prédilection, choisi sans doute pour son nom optimiste. Mais nous ne lui en voudrons pas, car il est arrivé la veille. Sans cesse en mouvement, c’est comme cela qu’il aime vivre, entre Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso, et Paris. Dans un voyage permanent entre le conte africain et le théâtre du monde. Issu d’une grande famille de griots burkinabés, Kouyaté a grandi dans un univers de musique, de théâtre et de danse. « On naît griot, on ne le devient pas », rappelle-t-il, évoquant un lien de sang, celui d’une lignée qui perdure depuis 1235, l’avènement de l’empire mandingue. Un savoir qui se transmet de père en fi ls, par osmose, dans un bain de mots, de contes et de sons. Car Hassane est le fi ls de Sotigui Kouyaté, acteur fétiche de Peter Brook. Il est arrivé en France à vingt ans, par le biais du regroupement familial. De son père, il dit qu’il lui doit presque tout. Une gratitude qui sidère de ce côté-ci du détroit de Gibraltar où être « fi ls de » n’est pas vraiment bien porté. Pourtant, pour échapper à une route toute tracée, il choisit le commerce, une voie diamétralement opposée à celle de son père. Finançant ses études par son talent de conteur. Toutefois, le monde de l’entreprise ne lui plaît guère. Et très vite, la scène s’impose à lui comme une évidence. Le voilà embarqué dans des tournées internationales avec le Théâtre Spirale puis sous la direction de Peter Brook dans le Costume, fable tragi-comique de Can Themba où un couple se déchire. A le côtoyer, on perçoit la part sacrée qu’occupe le théâtre dans sa vie. Il y consacre d’ailleurs absolument tous ses instants, dirigeant parallèlement sa compagnie à Paris et un festival de contes itinérant, celui de Yeleen, à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Il y reçoit des conteurs, des musiciens, des danseurs, des écrivains du monde entier qui mènent là-bas des ateliers d’écriture. Auteur publié de plusieurs contes, il n’a jamais demandé de droits d’auteur, évoquant un « patrimoine immatériel » ouvert à tous. Passionné, jamais en vacances, Hassane Kassi Kouyaté investit tout l’argent récolté dans des projets d’envergure. Comme le centre culturel de Djéliya à Bobo-Dioulasso qu’il a créé avec ses frères il y a vingt-sept ans. Situé dans le quartier défavorisé de Diaradougou, l’endroit propose une formation artistique aux jeunes déscolarisés créant un vivier de talents. Mais pour le Théâtre VidyLausanne, Hassane Kassi Kouyaté s’est à nouveau confronté à la mise en scène d’un roman, Kouta, inspiré de l’ouvrage de Massa Makan Diabaté. « Kouta parle d’un monde en mutation, celui d’une petite ville d’Afrique à la veille des indépendances, déchirée entre modernité et tradition. » Un propos qui reste d’actualité. Kouta d’après la trilogie de Massa Makan Diabaté Du 6 au 10 mai 2014 Salle Charles Apothéloz Mise en scène : Hassane Kassi Kouyaté Adaptation : René Zahnd Assistant à la mise en scène : Mamadou Ouattara Lumière : Cyril Mulon Costumes : Anuncia Blas Eléments scénographiques : Papa Mahamoudou Kouyaté Régie plateau : Bruno Dani Construction décor : Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne Avec : Kary Coulibaly Bakary Konaté Michel Sangaré Béno Sanvée Fily Traoré Fatou Zongo Photos : © DR Cette saison, le Théâtre Vidy-Lausanne présente trois artistes créateurs de formes atypiques, tous venus d’Afrique. L’écrivain Koffi Kwahulé ainsi que les metteurs en scène Habib Dembélé et Hassane Kassi Kouyaté nous ont livré le récit de leur parcours hors du commun. Durée : environ 1h30 Age conseillé : Propos recueillis par Olivia Barron Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 18 dès 12 ans Genre : théâtre Production : Théâtre Vidy-Lausanne Coproduction : Le Tarmac – scène internationale francophone Compagnie Deux Temps Trois Mouvements La trilogie de Massa Makan Diabaté est publiée aux Editions Hatier Création au Théâtre Vidy-Lausanne le 6 mai 2014 A vous la nuit Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 06.05. 07.05. 08.05. 09.05. 10.05. 19h00 19h00 19h00 20h30 19h00 de et avec Habib Dembélé Du 21 au 31 mai 2014 La Passerelle Texte et mise en scène : Habib Dembélé Avec : Nana Coulibaly (chanteuse) Habib Dembélé Bakary Diarra (musicien) Durée : 1h Age conseillé : dès 10 ans Genre : théâtre avec de la musique live Production : Compagnie MIA Compagnie Guimba Remerciements à : Monique Blin Création à Douai en 1999 Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 21.05. 22.05. 23.05. 24.05. 25.05. 26.05. 27.05. 28.05. 29.05. 30.05. 31.05. 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 Mise en scène : Cédric Dorier Assistante à la mise en scène : Christine Laure Hirsig Scénographie : Adrien Moretti Dramaturgie : Denis Lavalou Lumière : Christophe Forey Costumes : Severine Besson Maquillage et coiffures : Katrine Zingg Univers sonore : David Scrufari Chorégraphie : Katy Hernan Construction décor : Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne Avec : Alexandra Camposampiero Camille Giacobino Nathalie Goussaud Marie-Aude Guignard Elima Héritier Garance La Fata Tiffany-Jane Madden Safi Martin Yé Anne Ottiger Anne-Sophie Rohr Cettou Anne-Catherine Savoy Rossier Christiane Sordet Durée : 1h35 Age conseillé : dès 16 ans Genre : comédie tragique Production déléguée : Théâtre Vidy-Lausanne Coproduction : Compagnie Les Célébrants Théâtre du Grütli Avec le soutien de : Etat de Vaud Ville de Lausanne Loterie Romande Vaud Loterie Romande Genève Fondation Leenaards Fondation Sandoz Pour-cent culturel Migros Vaud Fondation Ernst Göhner Stanley Thomas Johnson Foundation CORODIS Création au Théâtre Vidy-Lausanne le 11 mars 2014 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 11.03. 12.03. 13.03. 14.03. 15.03. 16.03. 17.03. 18.03. 19.03. 20.03. 21.03. 22.03. 23.03. 24.03. 25.03. 26.03. 27.03. 28.03. 29.03. 30.03. 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 relâche relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 18h30 relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 18h30 autres textes, est flou. J’ai eu le désir d’un bilan, plus exactement d’une récapitulation. D’une certaine manière Misterioso-119 est un rendez-vous, celui de toutes les figures féminines qui traversent mes autres textes. Le désir aussi d’interroger le chœur des pom-pom girls. Malgré la fascination quasi tyrannique qu’elles exercent sur moi, je ne peux m’empêcher de voir en elles l’avatar ultime du chœur grec antique, un chœur qui n’a plus rien à dire et qui se contente de bribes de chants vides de sens, des sortes de jappements, le chœur d’une humanité qui ne parvient plus à faire communauté en dépit de toutes nos machines de mise en relation. Qu’est-ce qui vous interpelle le plus dans l’exploration de l’univers carcéral ? Cédric Dorier : Ce qui m’a intéressé tout d’abord dans le texte de Ko≤ est que nous ne sommes pas dans un univers réaliste. La pièce n’est pas un témoignage sur ce qui se passe dans les prisons mais une fable cruelle et drôle ancrée dans cet univers. C’est aussi ce que proximité et promiscuité provoquent en matière de relations et de réactions humaines qui m’interpelle. Mais le plus troublant dans Misterioso-119, est que, par de nombreux indices, l’auteur semble vouloir nous dire que la vraie liberté n’est pas forcément là où nous la situons nous-mêmes. Koffi Kwahulé : Presque toutes mes pièces se passent dans des lieux étroits et fermés – des pré-prisons, en quelque sorte. La prison, en tant que fermeture institutionnalisée, o≤cielle, en constitue l’aboutissement, si j’ose dire, naturel, car les figures que je traite sont essentiellement des personnages qui n’ont plus d’espace pour reculer, des personnages dos au mur. par Inbal Pinto & Avshalom Pollak Dance Company Les 4 et 5 mai 2014 Chapiteau Vidy-L Chorégraphie : Inbal Pinto Avshalom Pollak Chorégraphie, design sonore et costumes : Inbal Pinto Avshalom Pollak Musique : Vera Lynn Yma Sumac Kurt Weill John Zorn The Dukes Of Dixieland Moten’s Kansas City Orchestra Lumière : Yoann Tivoli Avec : Danseurs : Noga Harmelin Ella Rothschild Acteurs : Zvi Fishzon Yoseph Pollak Durée : son comme dans le monde « libre ». Simplement, Misterioso-119 exprime la primauté du rêve sur le réel. L’esclave, dit un dicton ivoirien, appartient au maître, mais les rêves de l’esclave appartiennent à l’esclave seul. La société, dans son fonctionnement, s’impose comme un espace nécessairement coercitif, un autel sacrificiel où je suis invité à aliéner des parts de moi-même. Une prison « nécessaire » pour ne pas retourner à l’in-civilisation. Face à cette prison intériorisée, le rêve intervient comme un élan prométhéen, la marge où l’inédit est encore possible. danse contemporaine, théâtre, Quelles difficultés et quel défi cela représente-t-il pour un metteur en scène d’aborder un texte où répliques et nombre d’interprètes sont à définir ? Cédric Dorier : C’est très agréable au départ, car on a Spectacle présenté dans le cadre 50 minutes Age conseillé : dès 5 ans Genre : pantomime, performance Production : Company Création au Maalot Cultural Hall (Israël) Pourquoi ce titre Goldfish ? en 2012 Le couple tournoie sur scène à l’image de poissons rouges dans un bocal. Ils ne peuvent s’échapper et sont constamment surveillés ! de Steps, Festival de danse du Pour-cent culturel de Migros www. steps.ch/fr/home ET L P COM Dimanche Lundi undi ndi 04.05. 05.05. dix. On avait du mal à faire fusionner un ensemble de répliques que l’on croyait devoir attribuer à un personnage avec un autre alors plutôt que de forcer le dialogue et de devoir aller trop dans l’absurde, on a préféré vraiment continuer à ouvrir. Et lorsqu’on est arrivé à douze, forcément cela nous a interpellés. On pense spontanément aux références chrétiennes, mais la symbolique du douze, est beaucoup plus ancienne et universelle : les douze vies de l’hindouisme, les douze animaux de l’horoscope chinois, les douze noms du Soleil en sanscrit, etc. Partout et en tout temps, le douze est le nombre des cycles parfaits, immuables, de la nature et de la vie, le cycle des renaissances. Et dans Misterioso-119, c’est de cela dont il est question, le sacrifice, la répétition du même pour conserver une forme d’harmonie, de logique et de mystère. Et donc, on s’est arrêté à ce nombre. Koffi Kwahulé : Dès le départ, je voulais qu’elles soient douze peut-être parce que je suis chrétien. Pas religieux, je ne suis même pas sûr de croire en Dieu, simplement chrétien. Mais ce chi±re n’est écrit nulle part. Cédric Dorier est d’ailleurs le premier à avoir découvert qu’elles étaient douze. La scène est un terrain de jeu pour toutes les formes artistiques. Celles-ci donnent vie à un espace qui a du sens et qui laisse au public libre cours à sa fantaisie. Tout est théâtre… Pourquoi une armoire comme point de départ ? Qu’est-ce qu’elle symbolise ? Et toute cette blancheur ? Que représente-t-elle ? Le choix du blanc – ou du blanc cassé – sert à créer une ambiance pour le milieu que nous avons imaginé. Nous voulions évoquer un vieux film. Il existe peu de sources lumineuses sur scène et la blancheur en devient une. Il en est de même pour les costumes ou le maquillage. Tout cela en opposition avec les personnages sombres qui ouvrent la pièce en allumant la première lumière. De la légèreté, de l’humour, de la poésie et de la fantaisie… le spectateur pénètre dans un monde différent. Cherchez-vous à relier fantaisie, rêve et réalité ? Nous créons un ensemble de possibilités. Les univers que nous élaborons sont constitués de di±érents éléments. Ils doivent stimuler l’émotion, l’imagination et la réflexion. Parfois cela ressemble à un rêve éveillé ; nous pavons la route du voyage de chacun. Connaissez-vous l’histoire intime de chacune de ces femmes ? Koffi Kwahulé : Non, d’elles, je ne sais rien d’autre Propos recueillis par Cornelius Schregle que les mots qui les construisent. De toute façon, je ne les pense pas comme des personnages, mais comme des énergies. Mettre des énergies côte à côte, les faire se rencontrer, s’a±ronter pour créer un espace sonore où proposer à l’autre l’émotion que je crois, candidement je le sais, urgent de partager. Propos recueillis par Denis Lavalou 18h 18h0 18h00 19h00 Nous entrons dans un univers de danse et de pantomime. Quelle est la relation au théâtre ? L’armoire a une fonction importante. Il s’agit d’un mur qui crée une séparation nette entre la scène et l’arrière-scène. Elle constitue un lieu de transition, de transformation et une source de lumière. Cette penderie est un personnage à part entière, une sorte de monstre aux yeux multiples, une boîte magique dans laquelle on peut entrer. Un portail vers d’autres mondes. Qu’est-ce qui vous a amené à privilégier le nombre douze ? Cédric Dorier : On a commencé à huit puis neuf et violence. Le fait que je ne peux voir un tableau du Caravage sans aussitôt penser à Francis Bacon. Cédric Dorier : L’originalité dans le choix du cadrage – quasi photographique –, la force d’évocation des regards, la sensualité des corps exacerbée par la lumière. Ce sont les lignes de force, l’énergie de sa peinture mais aussi la fragilité, une forme d’abandon et la surprise qui émanent des personnages. Il sait saisir l’instant et le théâtraliser sans raideur ni lourdeur. C’est une grande source d’inspiration pour mon travail théâtral. Découverts dans nos contrées, dans le cadre du Festival Steps, Inbal Pinto et Avshalom Pollak viennent pour la première fois à Vidy où ils présentent Goldfish, leur dernière création délirante et décapante. Avec l’humour qui les caractérise. Inbal Pinto & Avshalom Pollak Dance Je sais que Caravage est un de vos peintres préférés, qu’est-ce qui vous interpelle le plus dans sa peinture ? Koffi Kwahulé : Le mouvement et la lumière de la Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 19 Point de départ : une armoire contenant des vêtements, un rectangle blanc au sol, des objets disposés sur des cubes. Point commun : tout est blanc, mais un blanc cassé, celui du temps qui passe, ambiance vieux film. Point de vue : dans cet univers onirique, un couple. Deux danseurs qui viennent habiter cet espace nous entraînent dans leur monde imaginaire, s’interrogent sur tous les sujets, mais sans nous donner les réponses, simplement des indices. Libres à nous de les interpréter. On a l’impression que l’incarcération est pour un grand nombre de ces femmes une véritable « usine à rêves », serait-ce que le monde « libre » ne leur (ne nous) permet plus de rêver ? Koffi Kwahulé : Non, on rêve partout, en pri- l’impression de pouvoir vraiment créer un projet original, une pièce jamais représentée. Ensuite, le travail est très ardu et insécurisant. Avec mon dramaturge, on cherchait une logique tout en se méfiant des systèmes. Nous avons élaboré toutes sortes de versions autour de divers types de regroupements – thèmes et variations de répliques, échos d’une scène à l’autre, di±érences de niveaux de langue, thématiques obsessionnelles, mais aussi vrais dialogues, vraies réponses. © Eyal Landesman Du 11 au 30 mars 2014 Salle René Gonzalez Goldfish Misterioso-119 Koffi Kwahulé, quel est le point de départ de l’écriture de Misterioso-119 ? Koffi Kwahulé : Le point de départ, comme pour mes de Koffi Kwahulé Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 19 Du 7 au 31 mai 2014 Salle René Gonzalez Mise en scène : Charles Tordjman Texte : Francesco Niccolini Marco Paolini Michela Signori Traduction : Daniela Almansi Francesco Niccolini Marco Paolini Collaboration artistique : Gabriela Ossola Scénographie : Vincent Tordjman Lumière : Christian Pinaud Musique : VICNET Son : Gabriele Turra © Marco Caselli Nirmal Galilée, le mécano de Francesco Niccolini, Marco Paolini et Michela Signori Marco Paolini Avec : Marco Paolini Galilée, le mécano est un spectacle né de manière bien particulière : vous avez créé en Italie en 2010 votre spectacle Itis Galileo, qui a beaucoup tourné. Puis vous avez rencontré Charles Tordjman, qui a vu ce spectacle, l’a aimé et vous a alors proposé de créer pour la France Galilée, le mécano. Marco Paolini, à l’origine, comment en êtesvous venu à l’idée d’évoquer Galilée au théâtre ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire un spectacle autour de cette figure ? Durée : 2h Age conseillé : dès 14 ans Genre : théâtre Coproduction : Théâtre Vidy-Lausanne Jolefilm (Italie) Compagnie Fabbrica Remerciements à : L’Institut culturel italien de Paris La Compagnie Fabbrica reçoit le soutien financier du ministère de la Culture et de la Communication/DGCA Création au Théâtre Vidy-Lausanne le 7 mai 2014 Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 07.05. 08.05. 09.05. 10.05. 11.05. 12.05. 13.05. 14.05. 15.05. 16.05. 17.05. 18.05. 19.05. 20.05. 21.05. 22.05. 23.05. 24.05. 25.05. 26.05. 27.05. 28.05. 29.05. 30.05. 31.05. 19h30 19h30 19h30 19h30 relâche relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 18h30 relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 18h30 relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 Un anniversaire est à l’origine de ce spectacle : on célébrait en Italie les deux cents ans de la découverte de la lunette par Galilée et on m’a proposé de faire quelque chose autour de cet événement. Mais je n’aime pas les anniversaires. Alors au début, j’ai refusé. J’ai attendu qu'il soit passé puis j’ai commencé à lire des ouvrages sur Galilée et, petit à petit, ma curiosité s’est éveillée. Ce qui m’a intéressé était avant tout la confrontation entre la pensée de l’époque – le XVIe siècle –, avec ses croyances, son côté magique, et la pensée scientifique de Galilée. Ainsi je me suis interrogé sur la science et sur le rôle et l’évolution de la pensée dans notre société occidentale. Par exemple, si on prend cette évolution depuis le XIXe siècle : ce siècle est la période où la relation de la science au monde est la plus forte, c’est le triomphe du rationalisme, beaucoup rejettent la religion. Après la Seconde Guerre mondiale, on commence à penser de façon critique sur la science, on questionne ses limites. Chez les hommes de théâtre, je pense notamment à ce qu’a pu écrire Bertolt Brecht ou encore Friedrich Dürrenmatt avec Die Physiker… Aujourd’hui, entre autres, je remarque que des millions de gens consultent leur horoscope le matin avant d’aller travailler. Alors que les horoscopes appartiennent au système de pensée de Ptolémée, c’est-à-dire à un univers qui aurait dû disparaître après les découvertes de Galilée, et pourtant quand j’observe, je m’interroge, je me pose des questions naïves. En tant qu’Occidental, je ne veux rejeter ni les traditions, ni l’histoire de notre société. Je me suis surtout dit qu’il y avait beaucoup de parallèles entre l’histoire de Galilée et l'époque contemporaine. Ainsi, je raconte l’histoire de Galilée. C’est sur lui que je me concentre et pour les parallèles contemporains, inutile de les souligner ; il su≤t de jouer au présent, à la rencontre de l’intelligence des spectateurs afi n que chacun d’entre eux puisse s’interroger et établir des liens. Qui est Galilée pour vous ? Un génie ? Un magicien ? Un homme juste un peu plus curieux et audacieux que les autres à son époque ? Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 20 Galilée, c’est vraiment un mécano. Je suis charmé par sa manière artisanale de répondre à une culture construite sur des fondements rigides, figée par cinq cents ans d’inertie. A son époque, on n’a pas le droit de douter de la Bible, ni de remettre Aristote en question. Se permettre le doute est un luxe qui confi ne aussi à la solitude. Galilée est très seul, il n’a personne avec qui discuter, à qui exposer ses découvertes ou ses questionnements. D’autant que le livre de Copernic, De Revolutionibus, qui était le fondement de la réflexion de Galilée, était très di≤cile à lire. Presque personne ne l’avait lu ! Très jeune, Galilée s’est interrogé et a douté. Il a continué de le faire toute sa vie, malgré l’Inquisition et la destruction de sa réputation. Même âgé, il doute, il reprend des expériences physiques de sa jeunesse qu’il avait laissées de côté et à septante-quatre ans il publie Discours sur deux sciences nouvelles qui est le livre le plus frais et le plus imaginatif que j’ai jamais lu. Galilée est un espoir pour notre civilisation vieillissante. Avec lui, la science n’est pas une abstraction, mais une pratique artisanale. Il est de ces gens qui font l’histoire de la science et cette histoire est une petite histoire tissée de doutes, de solitudes et de di≤cultés. Alors qu’à l’école on nous enseigne la science comme étant une discipline qui a une autorité naturelle. Ça en devient ardu de comprendre ce qu’elle peut avoir d’intéressant. Avez-vous trouvé de la matière et de l’inspiration théâtrale au sein même des écrits de Galilée ? Sinon, comment vous y êtes-vous pris ? Au début, il était di≤cile pour moi de lire Galilée. Des livres sur lui, oui , mais pas les siens. Je n’ai pas fait d’études de physique et je ne me sentais pas assez armé pour comprendre. Puis j’ai essayé, un peu pour rire au départ, de lire les livres de Galilée à d’autres personnes, en utilisant la langue de la commedia dell’arte – le vénitien ancien, la langue d’avant Goldoni –, en la jouant un peu. Je me suis rendu compte que, avec ce procédé, les gens comprenaient l’objet de la pensée de Galilée. L’idée m’est venue car j’ai découvert que la parution du livre de Copernic et la constitution de la première troupe de théâtre professionnelle à Padoue, étaient deux événements contemporains : 1543 pour Copernic et 1545 pour la troupe de théâtre. J’ai trouvé cette concomitance charmante. Il existe aussi une correspondance d’anniversaire entre Galilée et Shakespeare : les deux sont nés en 1564. Ces concomitances ne sont que des prétextes, mais des prétextes très séduisants pour l’imagination. Justement dans le spectacle, vous posez cette question à propos du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde de Galilée : dans ce texte, « Où est la commedia ? » Pensez-vous qu’il soit possible de faire du théâtre avec tout ? Ah, d’un point de vue galiléen, il ne faut jamais faire d’a≤rmations absolues seulement des a≤rmations relatives. Faire du théâtre avec tout serait un beau défi. A mon avis, il est nécessaire de ne pas trop respecter les barrières, les catégorisations et les spécialistes. Il faut plonger les mains dans d’autres matériaux. Mais la seule raison qui peut pousser à le faire est la curiosité personnelle. Dans le cas de ce spectacle sur Galilée, je ne peux avoir une réflexion sur la science que parce que je m’y intéresse. Pour raconter une histoire, on a toujours besoin de trouver un point de départ et un point d’arrivée. Cela impose de faire un peu de dramaturgie et d’accepter, parfois, de ne pas être totalement logique, car dramaturgie et logique ne vont pas toujours de pair. L’idéal, si cette petite cuisine est bien faite est que le spectateur ne s’en rende pas compte, qu’il ne puisse pas se figurer quels sont les ingrédients et les ustensiles utilisés. Comment s’est passée la rencontre avec Charles Tordjman ? Comment est née l’idée de cet autre Galilée ? Qu’est-ce qui vous a plu dans l’idée de créer un spectacle sur Galilée ailleurs qu’en Italie ? Avant de rencontrer Charles Tordjman, je n’aurais jamais pu imaginer faire un spectacle ailleurs qu’en Italie. Sur scène, j’utilise une langue très orale et très théâtrale qui impose une action physique. Le texte d’Itis Galileo, je le connais, mais je ne l’ai jamais appris par cœur. Je détermine un cadre, des standards et que j’improvise au sein de ce cadre en essayant d’utiliser le moins de mots possible afi n d’être le plus clair possible. Je raconte ; je n’entre pas dans un personnage, c’est très di±érent. Tout le monde comprend ce que je dis en général et cette compréhension provient d’une complicité entre le public et moi, de références et de métaphores communes, or, cet aspect ne peut pas se traduire. En Charles, j’ai rencontré un homme de théâtre disposé à se confronter à une autre culture théâtrale et aussi quelqu’un qui comprend à fond la culture qui est à la base de mon travail. Il m’o±re la chance de faire un travail européen et pas seulement national. En Italie, je suis très populaire, mais je me demande si ce que je fais peut être communiqué ailleurs. Est-ce du théâtre ou estce uniquement lié à moi ? Grâce à Charles, je vais pouvoir le vérifier et me confronter à des éléments physiques de théâtre di±érents de ceux que je connais. C’est un risque pour lui comme pour moi. Il faut prendre des risques. Sinon, à quoi bon ? Votre langue maternelle est l’italien et vous allez jouer en français pour Galilée, le mécano. Vous maîtrisez très bien cette langue. Cependant converser et jouer sont deux choses bien différentes. Desirez-vous faire une incursion dans mes angoisses nocturnes ? Il est évident que le spectateur entendra forcément un Italien qui parle en français. Mais il ne faut pas jouer l’Italien qui parle en français, sinon il en ressortira une grosse blague. J’aspire à jouer dans un bon niveau de français. Je redoute de ne pas arriver là où je veux et que les spectateurs ne comprennent pas. Mais au fi nal, le récit d’un Italien ou d’un Français, cela n’a que peu d’importance. Si les gens sont intéressés par ce qui est raconté, ils se moquent de qui s’exprime. L’intérêt des gens, la réception est un élément qu’il faut vérifier en premier et pas seulement auprès du public. Auprès des étudiants, aussi, par exemple. Pour Itis Galileo, vous jouiez certains passages du spectacle en vénitien ancien. Avez-vous souhaité, avec Charles Tordjman, conserver cette originalité pour Galilée, le mécano ? Je ne sais pas. Charles y est prêt mais, j’ai parfois l’impression de jouer un autre spectacle dans le spectacle et que ça ne va pas ensemble. Je me souviens avoir joué Itis Galileo en Sicile. Le public ne comprenait rien du tout, c’était comme écouter Sting qui chanterait en portugais ! Mais bon, Sting qui chante en portugais, ça peut être charmant, non ? A mon avis, l’important est d’avoir établi la relation avec les spectateurs. Ensuite on peut jouer ou raconter dans une langue qu’ils ne comprennent pas, mais seulement dans une certaine mesure. Il s’agit d’un équilibre qu’il faut chercher en répétition. Pour le théâtre, vous êtes aussi bien comédien que metteur en scène. Pour le cinéma, vous produisez et vous jouez. Auriez-vous l’envie de réaliser un film ? Non, pas du tout. Je n’ai aucune aptitude à commander, je ne pourrais pas être réalisateur et mettre en scène d’autres comédiens. Quels sont vos prochains projets, théâtraux et/ou cinématographiques ? Je n’en parle jamais. Je peux vous confier qu'en ce moment, je travaille sur Giuseppe Verdi avec Marco Brunello qui est un grand musicien de musique classique, mais qui ne joue jamais d’opéra. Nous racontons Verdi sur scène, mais sans les chanteurs lyriques. On a évacué les problèmes ! C’est le public qui chante depuis la salle. Je m’amuse bien avec ce projet, mais il s'agit juste d'une parenthèse. Propos recueillis par Pauline Masson de Marivaux du 4 au 16 mars 2014 Théâtre Kléber-Méleau Mise en scène : Philippe Mentha Assistant à la mise en scène : Michel Fidanza Scénographie : Audrey Vuong Costumes : Patricia Faget Avec : Philippe Mentha Céline Nidegger David Pion Lise Ramu Christian Robert-Charrue Alexandra Tiedemann Barbara Tobola Edmond Vullioud Coproduction : Théâtre de Carouge Théâtre Kléber-Méleau Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 04.03. 05.03. 06.03. 07.03. 08.03. 09.03. 10.03. 11.03. 12.03. 13.03. 14.03. 15.03. 16.03. 19h00 19h00 19h00 20h30 19h00 17h30 relâche 19h00 19h00 19h00 20h30 19h00 17h30 © Mario Del Curto La double inconstance Théâtre Kléber-Méleau Marivaux oppose le monde de la cour au monde rural, la richesse à la pauvreté, le pouvoir à l’impuissance. Françoise Rubellin Professeur à l’Université de Nantes Théâtre Kléber-Méleau Février à mai 2014 l Nº 44 21 Pierre Carlet de Marivaux naît en 1688. Son père, Nicolas Carlet, d’origine normande, travaille à l’administration de la marine. Journaliste, romancier, ce témoin de son siècle et d’un monde qui change sera auteur dramatique. Ses comédies parlent un langage nouveau : celui de la conversation. Il les o±re aux comédiens italiens « Les acteurs français ont la fureur de montrer de l’esprit. » Chez lui tout sera jeux, déguisements, feintes, ou fausses confidences, pour mieux démasquer la vérité sous l’apparence : c’est son obsession (références : Le Télémaque travesti, L'Homère travesti, Le prince travesti, La fausse suivante, Le jeu de l’amour et du hasard, Le triomphe de l’amour). De même, bien des puissants tairont leur titre pour être sûrs d’être aimés pour eux-mêmes… Amoureux de toutes les nuances et complexités, Marivaux se donne le droit « de rire des hommes en général et de moi-même que je vois dans les autres ». En 1742, grâce à Madame de Tencin, l’Académie française le préfère à Voltaire qui dira « Marivaux pèse des œufs de mouche dans des balances de toile d’araignée. » Avec quel esprit et quel style, il pose son regard lucide, cruel, enjoué, sur notre nature ! Il mourra ruiné en 1763 – voilà deux cent cinquante ans. Si le XVIIIe a critiqué son style et ses néologismes, ses sujets n’ont pas vieilli. Le fossé entre riches et pauvres, entre villes et campagnes, se creuse ; le temps ne peut adoucir toutes les blessures de l’inconstance. Ici, non sans tendresse, Marivaux conduit deux amants à leur double inconstance et les voit contribuer malgré eux à leur propre manipulation. Les utopies des comédies et des contes nous proposent un miroir magique : qu’on s’y reconnaisse ou pas, il peut encore nous éclairer. de ces fi lles et garçons qui, sans en sou±rir, se détachent peu à peu de leur amour d’enfance au profit d’un autre, plus fort, plus profond et pas moins sincère, une fois devenus adultes ? Une pièce ne prouve rien ! On voit naître le crime de l’extrême richesse comme de la misère, de la puissance et de l’humiliation. Mais inconstant, qui ne le fut jamais ? A changer d’âge, d’intérêt, nous évoluons. Le nier friserait l’aveuglement ou la niaiserie. Heureusement que la vie, ses chocs, ses surprises et ses transformations, saura nous guérir ! * En 1947, dans La répétition ou l’amour puni, inspirée de La « La double inconstance le prouve, l’innocence n’existe pas » – a-t-on écrit. – Vraiment ! – Et si elle existait mais n’avait qu’un temps ? Ne serait-ce pas su≤samment cruel, fatal, évident ? Pour Jean Anouilh*, la pièce racontait « l’histoire d’un crime ». Faudra-t-il juger criminelle la vie double inconstance, Anouilh reprenait brillamment le thème de l’innocence violée, l’un de ses sujets majeurs, récurrent. w w w. l as e m euse.ch En choisissant les Cafés La Semeuse, vous contribuez au soutien du Théâtre de Vidy et savourez l’un des meilleurs cafés du monde... Bonne dégustation… LA SEMEUSE S.A.s0AYSANS(ORLOGERSs,A#HAUXDE&ONDSs4£LsINFO LASEMEUSECH Activités ludiques en lien avec les spectacles Pour tous les goûts ! Le Théâtre Vidy-Lausanne organise régulièrement des stages et des ateliers de théâtre, de cirque, de cinéma ou de marionnettes. Destinés à des enfants, à des adolescents, parfois à des familles, ils remportent un vif succès. Voici la prochaine proposition : Propositions pour les familles Les stages intergénérationnels permettent à des duos composés d’un adulte (grand-parent, parrain, maman) de faire découvrir sa passion pour le théâtre à un enfant en participant ensemble à un atelier de 1h30 autour d’un spectacle programmé à Vidy. Le stage est suivi d’un goûter puis de la pièce. Prix : Fr. 40.– par duo comprenant deux invitations pour le spectacle. Renseignements et inscriptions auprès de Camille Menoud : [email protected] ou par téléphone au 021 619 45 80. Prochains rendez-vous : Le dimanche 16 mars 2014, à 14h30 : Journal de ma nouvelle oreille Mise en scène : Zabou Breitman Dès 12 ans Le dimanche 6 avril 2014, à 15h00 : De nos jours [Notes On The Circus] Un spectacle d’Ivan Mosjoukine Dès 8 ans Le magazine Générations Plus et les thés Newby sont partenaires des stages intergénérationnels. Stage de Pâques Le Théâtre Vidy-Lausanne, en collaboration avec Isabelle Baudet, Expression 5/20+, propose un stage autour du spectacle Cinématique, par la compagnie Adrien M/Claire B. Destiné aux enfants et aux adolescents, il se déroulera du 14 au 17 avril 2014. Prix : Fr. 280.– Inscriptions auprès de [email protected]. Atelier BD autour de Seule la mer d’Amos Oz, mise en scène : Denis Maillefer L’objectif de cet acte de médiation est d’intéresser au théâtre des jeunes qui étudient dans des écoles préprofessionnelles et de les sensibiliser à l’interdisciplinarité à travers un atelier BD, mené par Matthieu Berthod. Ils auront l’occasion d’analyser des parties de l’œuvre littéraire et de les transposer sous forme de bandes dessinées. Dès 15 ans. Activité prévue courant février. Atelier d’écriture libre autour du spectacle Seule la mer d’Amos Oz, mise en scène : Denis Maillefer Cette approche menée par Eugène, auteur contemporain romand, est proposée dans des classes de gymnase et permet d’appréhender une œuvre à travers un atelier d’écriture et de découvrir comment la transposer sur scène. Dès 16 ans. Activité prévue courant mars. Prochain Grand débat Le lundi 24 février 2014 à 19h00 à la Salle Charles Apothéloz Michel Serres sera l’invité du Grand Débat de février pour présenter Petite Poucette, un clin d’œil aux pouces utilisés pour envoyer les messages depuis les téléphones portables. Entrée libre. En collaboration avec Payot Libraire et l’Hebdo. Réservations auprès de [email protected]. Soirée littéraire autour de l’œuvre de Philippe Jaccottet Le lundi 24 mars 2014 à 19h00 à la Salle Charles Apothéloz Les œuvres du poète paraissent dans la collection de la Pléiade à la fi n de février 2014, une occasion intéressante de recevoir le poète au Théâtre Vidy-Lausanne. Au programme de cette soirée, Philippe Jaccottet donnera une lecture sur scène d'extraits de son œuvre en présence d'éditeurs qui prendront également la parole. Il s'agit notamment de Hugues Pradier, directeur éditorial de la Bibliothèque de la Pléiade, et de José-Flore Tappy, collaboratrice du Centre de recherches sur les lettres romandes de l'UNIL et responsable de cette édition. En collaboration avec Payot Libraire et l'Hebdo. Réservations auprès de [email protected]. Festival Archipel Avantage adhérents 13-14 Le Festival Archipel (21-30 mars 2014) propose aux adhérents du Théâtre Vidy-Lausanne une entrée o±erte pour un billet acheté par catégorie. O±re valable sur présentation de la carte de réduction et sur tous les concerts à l’exception de Delusion of the Fury, Re mix, Face à la mer. Billetterie : www.archipel.org. Théâtre Vidy-L Février à mai 2014 l Nº 44 22 Le Théâtre Vidy-Lausanne en tournée (février à mai 2014) Eraritjaritjaka Conception, musique et mise en scène : Heiner Goebbels Du 26 au 28 février – Onassis Cultural Centre (Athènes) I went to the house but did not enter Conception, musique et mise en scène : Heiner Goebbels Du 6 au 8 mars – Biennale Musiques en Scène, TNP (Lyon) Stifters Dinge Conception, musique et mise en scène : Heiner Goebbels Du 13 au 15 mars – Biennale Musiques en Scène, TNP (Lyon) Max Black Conception, musique et mise en scène : Heiner Goebbels Les 13 et 14 mars – Le Volcan, scène nationale (Le Havre) Les 21 et 22 mars – Biennale Musiques en Scène, Théâtre de la Renaissance (Oullins) Les revenants d’après Henrik Ibsen Mise en scène : Thomas Ostermeier Du 5 au 8 février – MC2 (Grenoble) Les 12 et 13 février – L’Equinoxe, scène nationale (Châteauroux) Les 19 et 20 février – Maison de la culture (Amiens) Les 25 et 26 février – L’Espal, centre culturel (Le Mans) Les 7 et 8 mars – Le Carré (Sainte-Maxime) Les 13 et 14 mars – CNCDC (Châteauvallon) Du 18 au 22 mars – Les Célestins (Lyon) Du 26 au 29 mars – La Comédie (Clermont-Ferrand) Les 11 et 12 avril – Le Parvis (Ibos) Les 16 et 17 avril – L’Archipel (Perpignan) Les 24 et 25 avril – Espace Malraux (Chambéry) Les 10 et 11 mai – Théâtre Equilibre (Fribourg) Les 15 et 16 mai – Bonlieu (Annecy) Un canto lungo di 50 anni de Giovanna Marini Le 21 mars – Teatro Sociale (Bellinzone) André, un spectacle de Marie Rémond Du 18 au 21 février – Le Dôme Théâtre (Albertville) Du 25 au 28 février – L’Espace Malraux (Chambéry) Le 4 mars – L’Arc-en-Ciel (Rungis) Le 8 mars – La Piscine (Châtenay-Malabry) Du 12 au 14 mars – 140 (Bruxelles) Le 21 mars – Salle Jean Renoir (Bois-Colombes) Les 22 et 23 mars – Théâtre des Bergeries (Noisy-le-Sec) Le 28 mars – Casino Théâtre (Le Locle) Du 1er au 5 avril – Théâtre du Passage (Neuchâtel) Les 10 et 11 avril – Maison de la culture Le Corbusier (Firminy) Le 15 avril – Le Manège (Maubeuge) Les 17 et 18 avril – Théâtre du Beauvaisis (Beauvais) Blue Jeans de Yeung Faï Conception, scénographie et marionnettes : Yeung Faï Du 4 au 15 février – Le Monfort Théâtre (Paris) Du 18 au 21 février – La Comédie de Béthune (Béthune) Du 22 au 26 mai – Théâtre des Marionnettes (Genève) La compagnie des spectres d’après le roman de Lydie Salvayre De et avec Zabou Breitman Le 4 février – Centre culturel Aragon (Oyonnax) Les 7 et 8 février – Théâtre de Châtillon (Châtillon) Les 6 et 7 mars – Espace Vélodrome (Plan-les-Ouates) Le 15 mars – La Terrasse (Gif-sur-Yvette) Le 22 mai – Le Toboggan (Décines) Le 27 mai – Théâtre des Pénitents (Montbrison) Prix des places Plein tarif : Fr. 42.– AVS, AI, chômeurs : Fr. 27.– 16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 16.– Moins de 16 ans : Fr. 10.– Prix des places avec la carte de réduction Plein tarif : Fr. 16.– AVS, AI, chômeurs : Fr. 16.– 16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 10.– Tarifs des cartes de réduction f Carte adhérent Plein tarif : Fr. 130.– AVS, AI, chômeurs : Fr. 80.– f Carte 16-25 16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 20.– Pour les billets à prix réduits, une pièce justificative peut être demandée à l’entrée du spectacle. Infos Nous ne prenons aucune réservation (sauf pour les adhérents 13-14). Les billets ne sont ni échangés, ni remboursés. L’accès aux salles n’est pas garanti après le début des représentations. Le dimanche, la caisse est ouverte une heure avant le début de la première représentation. Points de vente Théâtre Vidy-Lausanne Av. E.-Jaques-Dalcroze 5 1007 Lausanne Tél. 021 619 45 45 www.vidy.ch ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h Librairie Payot Pl. Pépinet 4 1003 Lausanne ouvert du lundi au vendredi de 13h à 18h30 et le samedi de 10h à 14h et de 14h30 à 18h Théâtre Kléber-Méleau Ch. de l’Usine-à-Gaz 9 1020 Renens Tél. 021 625 84 29 Fax 021 625 84 34 Journal de ma nouvelle oreille de et avec Isabelle Fruchart Adaptation et mise en scène : Zabou Breitman Du 25 au 28 mars – Théâtre de Châtillon (Châtillon) Les 4 et 5 avril – Théâtre Liberté (Toulon) Immortels de Nasser Djemaï Texte et mise en scène : Nasser Djemaï Les 6 et 7 février – Domaine d’O (Montpellier) Les 11 et 12 février – Théâtre d’Angoulème (Angoulème) Du 18 au 22 février – MC2 (Grenoble) Du 18 au 28 mars – Théâtre 71 (Malakoff) Le 4 avril – Théâtre Liberté (Toulon) Du 8 au 10 avril – L’Apostrophe (Cergy-Pontoise) Directeur de publication : Vincent Baudriller Publicité et coordination : Sarah Turin ([email protected]) Coordination : Marie-Odile Cornaz ([email protected]) Correctrice : Julie Weidmann Photolithographie : Bombie, Genève Impression : IRL Plus SA Ont contribué à ce numéro : Olivia Barron Laurent Berger Vincent Brayer Mireille Descombes Fanny Guichard Denis Lavalou Catherine Mancusi Pauline Masson Cornelius Schregle Remerciements A nos fidèles partenaires A nos généreux donateurs Fondation de Famille Sandoz Fondation Leenaards Fondation Hoffmann Fondation Landis & Gyr Fondation Ernst Göhner Un merci particulier à une mécène généreuse et anonyme Main sponsor www.richardmille.com Partenaire média Photo de couverture : Archives de la Ville de Lausanne, P 32 (Würgler), documentation Exposition nationale 1964 Conseil de fondation Présidente du conseil : Vera Michalski-Hoffmann Présidents d’honneur : Michel Pierre Glauser Raymond Junod Vice-président du conseil : Daniel Brélaz Membres du conseil : Anne Biéler Pascal Broulis Juliane Cosandier Pierre-Henri Dumont Patrick Ferla Nathalie Fluri Anne-Claude Gilli-Studer Jean-Claude Grangier Grégoire Junod Frédéric Maire Jean-Yves Pidoux Jean-Pierre Potvliege Fabien Ruf Pierre Starobinski Brigitte Waridel Elisabeth Wermelinger Partenaires culturels Arsenic Collection de l’Art Brut La Cinémathèque suisse Musée de l’Elysée Fondation de l’Hermitage HEMU ECAL HETSR A ceux qui, d’une manière ou d’une autre, soutiennent notre activité Association des Leuba+Michel SA Amis du Théâtre Migros Pour-cent culturel Bongénie – Grieder Moyard Meuble Cinétoile Malley Newby Thé CHUV – Centre Omega hospitalier universitaire Payot vaudois Philip Morris Feldschlösschen Pro Infirmis Filofax Richard Mille Groupe Mutuel RTS – La 1ère Sedelec Hermès Sicpa Hertz Sunrise Honda Swissquote Hôtel d’Angleterre Switcher Hôtel Aulac Testuz Hôtel Beau-Rivage Transports Publics de Jean Genoud SA la Région Lausannoise La Clinique Voyages et Culture de La Source La Semeuse Laurent Perrier Le Temps Le Théâtre Vidy-Lausanne est subventionné par la Ville de Lausanne, par le Canton de Vaud et par le Fonds intercommunal de soutien aux institutions culturelles de la région lausannoise. Salle Charles Apothéloz La Passerelle Salle René Gonzalez Chapiteau Vidy-L Foyer du Théâtre François d’Assise Février VieLLeicht Cinématique Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi 12.02. 13.02. 14.02. 15.02. 16.02. 17.02. 18.02. 19.02. 19h00 19h00 20h30 19h00 17h30 relâche 19h00 19h00 04.03. 05.03. 06.03. 07.03. 08.03. 09.03. 10.03. 11.03. 12.03. 13.03. 14.03. 19h00 19h00 19h00 20h30 19h00 17h30 relâche 19h00 19h00 19h00 20h30 18.03. 19.03. 20.03. 21.03. 22.03. 23.03. 19h00 19h00 19h00 20h30 19h00 17h30 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 11.02. 12.02. 13.02. 14.02. 15.02. 16.02. 17.02. 18.02. 19.02. 20.02. 21.02. 22.02. 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 relâche relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 06.02. 07.02. 08.02. 09.02. 10.02. 11.02. 12.02. 13.02. 14.02. 15.02. 16.02. 17.02. 18.02. 19.02. 20.02. 21.02. 22.02. 23.02. 20h30 19h00 20h30 17h00 relâche 20h30 20h30 20h30 19h00 20h30 17h00 relâche 20h30 20h30 20h30 19h00 20h30 17h00 Richard III Bourlinguer Mars Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Seule la mer Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 05.03. 06.03. 07.03. 08.03. 09.03. 10.03. 11.03. 12.03. 13.03. 14.03 15.03. 16.03. 17.03. 18.03. 19.03. 20.03. 21.03. 22.03. 23.03. 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 Présentation du prologue Jeudi 27.03. 19h30 Lecture Paradoxe sur le comédien Dimanche 30.03. 17h00 Misterioso-119 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 11.03. 12.03. 13.03. 14.03. 15.03. 16.03. 17.03. 18.03. 19.03. 20.03. 21.03. 22.03. 23.03. 24.03. 25.03. 26.03. 27.03. 28.03. 29.03. 30.03. Journal de ma nouvelle oreille 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 relâche relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 18h30 relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 18h30 Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 11.03. 12.03. 13.03. 14.03. 15.03. 16.03. 17.03. 18.03. 19.03. 20.03. 21.03. 22.03. 20h30 20h30 20h30 19h00 20h30 17h00 relâche 20h30 20h30 20h30 19h00 20h30 De nos jours [Notes On The Circus] Avril Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi 03.04. 04.04. 05.04. 06.04. 07.04. 08.04. 09.04. 10.04. 11.04. 19h00 20h30 19h00 17h30 relâche 19h00 19h00 19h00 20h30 50e anniversaire de l’Expo64 et du Théâtre Les demeurées Mai Kouta Mardi 06.05. 19h00 Mercredi 07.05. 19h00 Jeudi 08.05. 19h00 Vendredi 09.05. 20h30 Samedi 10.05. 19h00 Prologue Du 12 mai au 14 juin 2014 Présentation de la saison 14-15 Lundi 19.05. Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 29.04. 30.04. 01.05. 02.05. 03.05. 04.05. 05.05. 06.05. 07.05. 08.05. 09.05. 10.05. 11.05. 12.05. 13.05. 14.05. 15.05. 16.05. 17.05. 18.05. 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 relâche relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 19h30 A vous la nuit Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 21.05. 22.05. 23.05. 24.05. 25.05. 26.05. 27.05. 28.05. 29.05. 30.05. 31.05. 20h00 20h00 20h00 20h00 18h00 relâche 20h00 20h00 20h00 20h00 20h00 Du 29 avril au 7 juin 2014 Goldfish Dimanche Lundi Galilée, le mécano Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 07.05. 08.05. 09.05. 10.05. 11.05. 12.05. 13.05. 14.05. 15.05. 16.05. 17.05. 18.05. 19.05. 20.05. 21.05. 22.05. 23.05. 24.05. 25.05. 26.05. 27.05. 28.05. 29.05. 30.05. 31.05. 04.05. 05.05. 19h30 19h30 19h30 19h30 relâche relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 18h30 relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 18h30 relâche 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 Juin ine saison a h c ro p la e d e u g lo 2014 : un pro Du 12 mai au 14 juin n. directio ation de la nouvelle Première programm de danse. et tacles de théâtre Une dizaine de spec 27 mars 2014 à 19h30 le é nc no ue sera an Le détail de ce prolog 18h00 19h00 La métamorphose, une histoire Hermès Carrés en twill de soie Hermes.com