Université de Benha Faculté de Droit Économie Internationale ()ﺍﳌﺴﺘﻮﻯ ﺍﻟﺜﺎﻧﻲ – ﻓﺼﻞ ﺩﺭﺍﺳﻲ ﺃﻭﻝ (٢١٥ )ﻛﻮﺩ Par Dr. Magda Chalabi Professeur Faculté de droit Université de Benha 2012 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Introduction 1 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com INTRODUCTION Depuis 1980 de nombreux bouleversements se sont succédé dans les relations économiques entre nations. Un marché international des capitaux en pleine expansion n'a pas seulement forgé de nouveaux liens entre les centres financiers mondiaux mais il a aussi soulevé des inquiétudes en ce qui concerne la stabilité financière générale; dans les pays en développement, les nouveaux pays industrialisés ont pris aux pays développés une part importante du marché des biens manufacturés à l'exportation; plus récemment, les déséquilibres macroéconomiques, combinés avec des changements structurels dans la composition des courants d'échange, ont suscité des pressions politiques qui menacent gravement le système ouvert d'échanges internationaux qui fut construit avec tant de peine après la seconde guerre mondiale; et plus récemment, les pays de l'ancien bloc 2 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com soviétique ont ébranlé la règle communiste dans l'espoir d'instaurer des économies de marché ouvertes aux flux internationaux de biens et de capital. Même aux États-Unis, qui se suffisent plus à eux-mêmes que les nations plus petites, les problèmes de politique économique internationale sont devenus prioritaires et sont maintenant discutés dans les premières pages des journaux. Les développements actuels de l'économie mondiale soulèvent des problèmes qui ont préoccupé les spécialistes internationaux de l'économie pendant plus de deux siècles, comme la nature des mécanismes internationaux d'ajustement et les mérites du libre échange par rapport au protectionnisme. Comme ce fut toujours le cas dans la théorie de l'économie internationale, le jeu simultané des faits et des idées a conduit à de nouveaux modes d'analyse. On peut noter trois exemples significatifs de progrès récents: l'approche des taux de change par le marché des 3 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com actifs; les nouvelles théories du commerce international basées sur les rendements croissants et la structure de marché plutôt que sur le fondement traditionnel des avantages comparatifs: enfin, l'analyse intertemporelle des flux internationaux de capitaux qui a permis à la fois de raffiner le concept de "balance extérieure" et de discuter les facteurs qui déterminent les emprunts des pays en développement et les conduit éventuellement à faire défaut. Le but de ce manuel est de fournir les éléments de base permettant la compréhension des mécanismes qui commandent l'organisation des relations économiques internationales. 4 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre I Théorie du commerce international 5 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre I Théorie du commerce international* L'étude des problèmes monétaires et commerciaux internationaux a toujours été une partie spécialement vivante et controversée de la science économique. Beaucoup des idées de base de l'analyse économique moderne émergent d'abord aux 18éme et 19éme siècles dans des débats concernant les échanges et la politique monétaire au niveau international. Et cependant, à aucune autre époque * Voir: - - - Bernard Guillochon "Économie internationale", DUNOD, Paris, 1993. p. 67. Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale". Traduit de l'anglais par Achille Hanne quart et Fabienne Le loup, deuxième édition française 3e tirage 1998 – Département De Boeck Université – Paris, Bruxelles. p. 1. Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale." Traduit de l'américain par Philippe de Lavergne du livre publié par Richard D. Irwin, 1996. Ed. Economica 1997, pour la traduction française p. 13. Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations". Nathan / HER 2000 Paris. p.7. 6 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com antérieure, l'étude de l'économie internationale n'a été aussi importante qu'aujourd'hui. Par l'échange international de biens et services et par les flux internationaux de monnaie, les économies des différents pays se relient plus étroitement les unes aux autres que ce ne fut jamais le cas auparavant. En même temps, l'économie internationale connaît plus de turbulences qu'elle n'en a eues pendant des décennies. Se hausser au niveau d'un environnement international changeant est devenu la principale préoccupation des stratégies industrielles et des politiques économiques nationales. Section I: Quel est l'objectif de l'économie internationale?* L'économie internationale utilise les mêmes méthodes fondamentales d'analyse que les autres branches de la science économique; en effet, les motivations et les * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"...... Op., Cit. p. 3 7 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com comportements des individus et des entreprises sont les mêmes dans la sphère internationale que dans les transactions nationales. Lorsqu' une bouteille de vin espagnol est présentée sur une table anglaise, la séquence d'événements n'est pas très différente de la séquence qui amène un vin californien sur une table de New York, et la distance de transport est même bien moins grande! Cependant l'économie internationale implique des préoccupations différentes et nouvelles parce que l'échange international et le flux d'investissement se font entre pays indépendants. L'Espagne et le Royaume-Uni sont des États souverains: Californie et New York ne le sont pas. Le transport de vin espagnol vers le Royaume-Uni peut être perturbé si le gouvernement britannique impose un quota qui limite les importations; le vin espagnol peut devenir soudainement moins cher pour les consommateurs britanniques si le taux de change de la peseta espagnole baisse par rapport à la livre sterling. Aucun de ces deux 8 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com événements ne peut se produire à l'intérieur des États-Unis où la Constitution interdit les restrictions aux échanges entre les États et où une seule monnaie à cours. La matière de l'économie internationale porte ainsi sur les problèmes résultant des interactions entre Etats souverains. Sept thèmes principaux la traversent: les gains de l'échange, la structure des échanges, le protectionnisme, la balance de paiement, la détermination du taux de change, la coordination internationale des politiques et le marché international du capital. 9 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section II: Productivité du travail et avantage comparatif: le modèle ricardien* ١. Le modèle ricardien, est le modèle le plus simple qui montre comment des différences entre pays donnent lieu à du commerce international et à des gains de l'échange. Dans ce modèle, le travail est le seul facteur de production et les seules différences entre pays résident dans la productivité du travail des diverses industries. ٢. Dans le modèle ricardien, les pays exporteront les biens que leur force de travail produit de manière relativement éfficiente et importeront les biens que leur force de travail produit de manière relativement inéfficiente. En d'autres mots, la structure de production d'un pays est déterminée par les avantages comparatifs. * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale".......Op., Cit. p.33 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"....Op., Cit. p. 33 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale.".....Op., Cit. p. 11 10 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com ٣. On peut montrer de deux manières que les échanges sont profitables pour un pays. Nous pouvons d'abord voir dans l'échange une méthode indirecte de production. Plutôt que de produire un bien par ses propres moyens, le pays peut produire un autre bien et l'échanger contre le premier. Le modèle simple montre la chose suivante: chaque fois qu'un bien est importé, il doit se vérifier que cette "production indirecte" exige moins de travail que la production directe. En second lieu, nous pouvons montrer que les échanges déplacent les possibilités de consommation d'un pays, impliquant ainsi des gains de l'échange. ٤. La distribution des gains de l'échange dépend du prix relatif des biens que les pays produisent. Pour déterminer ces prix relatifs, il est nécessaire de faire intervenir au niveau mondial l'offre et la demande relatives de ces biens. Le prix relatif implique de même un salaire relatif. 11 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com ٥. La proposition que les échanges sont profitables ne souffre pas de qualification. Il n'y a donc aucune exigence que le pays soit "compétitif" ou que l'échange soit "équitable". En particulier nous pouvons montrer que trois idées communément formulées sur les échanges sont fausses. D'abord, un pays gagne aux échanges même s'il a une productivité plus faible que le pays partenaire dans toutes les industries. Ensuite, le commerce est profitable même si les industries étrangères doivent leur compétitivité uniquement à de bas salaires. Troisièmement, le commerce est profitable même si les exportations d'un pays incorporent plus de travail que ses importations. ٦. L'extension du modèle à un facteur et deux biens à un modèle avec de nombreux biens ne change pas ces conclusions. Il y a une seule différence: il devient nécessaire de considérer directement la demande relative de travail pour déterminer les salaires relatifs plutôt que de le faire par le biais de la demande relative des biens. 12 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com De plus, le modèle à nombreux biens peut être utilisé pour illustrer un point important: les coûts de transport peuvent donner lieu à une situation où il existe des biens non échangés. ٧. Si certaines des prédictions du modèle ricardien ne correspondent clairement pas à la réalité, l'affirmation de base - à savoir que les pays tendront à exporter les biens pour lesquels ils ont une productivité relative élevée - a été confirmée par nombres d'études. Section III: Facteurs spécifiques et distribution du revenu.* ١. Le commerce international exerce souvent des effets puissants sur la distribution du revenu à l'intérieur d'un pays de sorte qu'il produit des gagnants et des perdants. Ces effets sur la distribution du revenu viennent de deux * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"....Op., Cit. p. 68 13 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com raisons: les facteurs de production ne peuvent se déplacer instantanément et sans coût d'une industrie à l'autre; les changements dans les combinaisons de production au sein d'une économie ont des effets différentiels sur la demande des différents facteurs de production. ٢. Un modèle intéressant pour intégrer les effets de distribution de revenu est le modèle à facteurs spécifiques: il permet de distinguer entre des facteurs à usage général qui peuvent se déplacer de secteur à secteur et des facteurs à usage spécifique qui sont particuliers à certains secteurs. Dans ce modèle, les différences de ressources peuvent conduire les pays à avoir des courbes d'offre relative différentes et donner ainsi naissance à un commerce international. ٣. Dans le modèle à facteurs spécifiques, les facteurs spécifiques des secteurs exportateurs de chaque pays gagnent à l'échange tandis que les facteurs spécifiques 14 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com des secteurs concurrents des importations y perdent. Les facteurs mobiles qui sont capables de travailler dans l'un ou l'autre secteur peuvent gagner ou perdre. ٤. Le commerce international donne néanmoins lieu à un gain global dans le sens limité où ceux qui gagnent pourraient en principe compenser ceux qui perdent tout en gardant une situation meilleure qu'auparavant. ٥. pour la plupart des économistes, les effets du commerce international sur le revenu ne sont pas une raison valable pour limiter les échanges. Dans ses effets distributifs, le commerce international n'est pas différent de beaucoup d'autres formes du changement économique qui ne sont normalement pas réglementées. En outre, les économistes préféreraient que l'on aborde les problèmes de distribution du revenu directement plutôt qu'en interférant avec les flux commerciaux. 15 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com ٦. Néanmoins, dans le jeu politique de fait où se décide la politique commerciale, la distribution du revenu prend une importance cruciale. Ceci est vrai en particulier parce que ceux qui perdent à l'échange forment d'habitude un groupe beaucoup plus informé, cohérent et organisé que ceux qui y gagnent. Section IV: Economies d'échelle, concurrence imparfaite et commerce international. * 1. L'échange international ne résulte pas seulement d'un avantage comparatif mais peut aussi résulter de rendements croissants ou d'économies d'échelle. On entend par là la tendance qu'ont les coûts d'être d'autant * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale"....Op., Cit. p.97-100 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"....Op., Cit. p. 134 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale.".....Op., Cit. p. 107 Michael PORTER, The Competitive Advantage of Nations, New York: Free Press, 1990. 16 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com plus faibles que la production est importante. Les économies d'échelle incitent les nations à se spécialiser et à commercer entre elles, même en l'absence de différences entre les pays dans les ressources ou la technologie. 2. Les économies d'échelle mettent normalement en échec la concurrence parfaite de sorte que les échanges en présence d'économies d'échelle doivent être analysés avec des modèles de concurrence imparfaite. Deux modèles importants de ce type sont constitués par le modèle de concurrence monopolistique et le modèle de dumping. Un troisième modèle, celui d'économies externes, est compatible avec la concurrence parfaite. 3. Dans la concurrence monopolistique, l'industrie se compose d'un certain nombre d'entreprises produisant des produits différenciés. Ces firmes se comportent comme des monopoleurs individuels mais des entreprises 17 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com nouvelles entrent dans l'industrie en profit jusqu'a ce que les profits de monopole soient éliminés par la concurrence. Cet équilibre est affecté par la dimension du marché: un marché plus important soutiendra un nombre plus grand d'entreprises, chacune produisant sur une plus grande échelle et ayant en conséquence un coût moyen plus bas. 4. Le commerce international permet la création d'un marché intégré qui est plus étendu que le marché de chacun des pays. Il rend ainsi possible d'offrir simultanément aux consommateurs une plus grande variété de produits et des prix plus bas. 5. Dans le modèle de concurrence monopolistique, le commerce international peut être subdivisé en deux catégories. Le commerce à double sens de produits différenciés à l'intérieur d'une industrie est appellé commerce intra-industriel. L'échange des produits d'une 18 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com industrie pour les produits d'une autre est appellé commerce inter-industriel. Le commerce intra-industriel reflète des économies d'échelle; le commerce interindustriel reflète des avantages comparatifs. Le commerce intra-industriel n'exerce pas les mêmes effets puissants sur la distribution du revenu que le commerce inter-industriel. 6. Le dumping se produit lorsqu'une firme monopolistique impose un prix plus bas pour ses ventes à l'exportation que pour ses ventes intérieures. Il constitue une stratégie de maximisation du profit lorsque les ventes à l'exportation sont plus sensibles au prix que ne le sont les ventes intérieures et lorsque les firmes peuvent segmenter effectivement les marchés. Ce second point signifie qu'elles sont capables d'empêcher les consommateurs intérieurs d'acquérir les biens destinés aux marchés d'exportation. Le dumping réciproque se 19 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com produit lorsque deux firmes monopolistiques se livrent mutuellement à la pratique du dumping sur le marché l'une de l'autre: ce dumping réciproque peut être une cause de commerce international. 7. Les économies externes sont des économies échelle qui se produisent au niveau de l'industrie au lieu de se produire au niveau de la firme. Elles confèrent un rôle important aux détermination accidents et à l'histoire dans la de la structure des échanges internationaux. Lorsque les économies externes sont étendues, un pays possédant au départ une industrie importante peut y maintenir son avantage même si un autre pays pouvait potentiellement produire les mêmes biens à un coût plus faible. On peut concevoir que des pays puissent perdre à l'échange lorsque les économies externes sont importantes. 20 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section V: Les mouvements internationaux des facteurs* 1. Les mouvements de facteurs au plan international peuvent constituer un substitut aux échanges commerciaux. Il n'est donc pas surprenant que les migrations internationales de main-d'œuvre soient similaires dans leurs causes et leurs effets aux échanges commerciaux basés sur des différences de ressources entre les pays. La main-d'œuvre se déplace des pays ou elle est abondante vers les pays ou elle est rare. Ce déplacement augmente la production mondiale totale mais a aussi de puissants effets de revenu qui frappent négativement certains groupes. 2. Les prêts et emprunts internationaux peuvent être considérés comme une forme d'échange international mais celui-ci implique l'échange d'une consommation présente pour une consommation future plutôt que * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"....Op., Cit. p. 196. 21 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com l'échange d'un bien pour un autre. Le prix relatif auquel cet échange intertemporel prend place est égal à un plus le taux d'intérêt réel. 3. Si elles servent souvent comme véhicules des prêts et emprunts internationaux, les firmes multinationales se présentent principalement comme des moyens de s'assurer le contrôle d'activités prenant place dans deux ou plusieurs pays. La théorie de la firme multinationale n'est pas aussi développée que d'autres parties de la théorie économique internationale. On peut toutefois présenter un cadre général d'analyse qui met l'accent sur deux éléments expliquant l'existence des multinationales: un motif de localisation qui amène la firme à installer des activités dans différents pays et un motif d'internalisation qui amène ces activités à s'intégrer dans une seule firme. 4. Les motifs de localisation sont, pour les multinationales, les mêmes que ceux sous-tendant 22 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com les échanges internationaux. Les motifs d'internalisation restent moins bien compris: la théorie actuelle y souligne deux aspects, le besoin d'un moyen de transférer la technologie et les avantages, dans certains cas, de I'intégration verticale. Section VI: Problèmes d'économie régionale* 1. Les économistes font normalement une distinction nette entre le commerce international ou entre pays, et le commerce interrégional ou à l'intérieur d'un pays. Les, bouleversements politiques récents ont néanmoins atténue cette distinction, conduisant à une résurgence d'intérêt pour l'économie régionale 2. Les pays ne sont pas des unités économiques "naturelles": les régions qui composent un pays ne seraient pas nécessairement les principaux partenaires les * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"....Op., Cit. p. 220. 23 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com unes des autres en l'absence de frontières politiques. En pratique cependant, le commerce entre régions d'un même pays est habituellement plus important que le commerce international. Les raisons incluent les barrières délibérées aux échanges imposées par les pays, les coûts résultant de l'existence de monnaies différentes, les différences entre les normes et réglementations nationales, et les restrictions à l'immigration qui limitent la mobilité internationale de la main- d'oeuvre. 3. L'Acte Unique Européen, base de l' "objectif 1992", vise à éliminer beaucoup des obstacles qui limitent encore le commerce dans la CE. L'Association Nord-Américaine de Libre-Echange (NAFTA) vise à assurer le même résultat, mais de manière plus limitée, entre les EtatsUnis, le Canada et le Mexique. Dans la mesure où ces initiatives réussissent, l'économie 24 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com internationale et l'économie régionale deviendront plus proches sur les deux continents. 4. Ce sont les mêmes forces qui déterminent les échanges entre régions et entre nations. Il y a cependant des différences quantitatives. Les régions tendent à être plus spécialisées et à avoir une plus grande intensité d'échanges, spécialement parce que des marchés intégrés permettent mieux la spécialisation liée aux économies externes. Il y a aussi une plus grande mobilité des facteurs de production, spécialement de la maind'oeuvre. entre régions qu'entre nations. 5. La forte mobilité des facteurs signifie qu'en longue période, les exportations d'une région, à la différence de celles d'un pays, ne sont pas déterminées par les avantages comparatifs. Comme les salaires tendent à s'égaliser entre à régions, les structures à long terme de 25 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com spécialisation reflètent au contraire les avantages absolus. 6. Les économies régionales sont souvent caractérisées par un développement inégal. Il s'agit d'un processus de causation cumulative dans lequel les régions disposant d'un avantage initial dû à des accidents historiques attirent de manière croissante les activités et l'emploi des autres régions On désigne les économies externes associées à de fortes concentrations de population et d'activités sous le nom d'économies d'agglomération. Tandis que le développement inégal s'est souvent produit, l'expérience américaine depuis la deuxième guerre mondiale suggère que les forces y conduisant se sont affaiblies avec le temps. 26 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre II La Politique Commerciale 27 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre II La Politique Commerciale* Section I: Analyse élémentaire d'un droit de douane La plupart des économistes prônent le libre échange entre nations, les tarifs douaniers et les obstacles non tarifaires étant réduits au minimum. Et les économistes ont même eu tendance à se montrer plus critiques à l'égard des barrières commerciales que d'autres groupes au sein de la * Voir: - - - Bernard Guillochon "Économie internationale", DUNOD, Paris, 1993. p. 117. Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale". Traduit de l'anglais par Achille Hanne quart et Fabienne Le loup, deuxième édition française 3e tirage 1998 – Département De Boeck Université – Paris, Bruxelles. p. 223 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale." Traduit de l'américain par Philippe de Lavergne du livre publié par Richard D. Irwin, 1996. Ed. Economica 1997, pour la traduction française p. 159-161. Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations". Nathan / HER 2000 Paris. P.95. 28 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com société, même s'ils ont pris bien soin de recenser les cas exceptionnels où les barrières commerciales leur paraissent justifiées. Il est rare de trouver un tel consensus parmi les économistes professionnels. Pourquoi l'accord se fait-il sur ce point? Le consensus en faveur du libre échange se fonde essentiellement sur un corps d'analyse économique qui montre qu'en général une libéralisation des échanges entraîne des gains nets tant pour les nations que pour l'ensemble du monde. On peut découvrir , à l'aide des courbes d'offre et de demande que le libre échange procure plus de bien-être que l'absence de commerce extérieur. Dans cette deuxième partie, notre propos essentiel sera de comparer une politique de libre échange à tout un éventail beaucoup plus large de mesures instaurant des barrières commerciales qui n'éliminent pas forcément tout commerce international. C'est surtout sur cette analyse plus détaillée 29 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com des mesures de politique commerciale que les économistes se sont fondés pour estimer que le libre échange est en général préférable à des restrictions partielles sur les échanges extérieurs, à certaines exceptions près. Dès lors qu'on a assimilé cette analyse, on peut saisir plus facilement ce qui sépare la majorité des économistes des groupes partisans d'une restriction des échanges. Section II: Les principes fondamentaux de l'analyse tarifaire* Un tarif douanier, la plus simple des mesures de politique commerciale, est une taxe levée à l'occasion de l'importation d'un bien. Les tarifs spécifiques sont levés sous forme d'un montant fixe par unité du bien importé (par exemple, 3$ par baril de pétrole). Les tarifs ad valorem sont des taxes levées sous la forme d'une fraction de la valeur du * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"...... Op., Cit. p. 225 30 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com bien importé (par exemple, le tarif américain de 25% sur l'importation de camions). Dans l'un et l'autre cas, l'effet du tarif est d'élever le coût de livraison des biens dans le pays. Les tarifs sont la forme la plus ancienne de politique commerciale et ils ont été traditionnellement utilisés comme source de recettes par les gouvernements. Jusqu'à l'introduction de l'impôt sur le revenu par exemple, le gouvernement américain tirait la majeure partie de ses revenus des tarifs douaniers. Leur véritable objectif, cependant, fut habituellement non de fournir des recettes au gouvernement mais de protéger des secteurs économiques particuliers. Au début du dix-neuvième siècle, le RoyaumeUni utilisa les droits de douane (les fameuses lois sur le blé) pour protéger son agriculture contre la concurrence des importations. A la fin du dix-neuvième siècle, I'Allemagne et les Etats-Unis protégèrent leurs nouveaux secteurs industriels en imposant des droits de douane sur les 31 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com importations de produits manufacturés. L'importance des droits de douane a diminué à l'époque récente parce que les gouvernements modernes préfèrent protéger leurs industries par diverses barrières non tarifaires. Néanmoins, la compréhension des effets des droits de douane reste la base indispensable pour comprendre les autres politiques commerciales. Section III: Les instruments de la politique commerciale* Un droit de douane creuse un écart entre les prix étrangers et les prix intérieurs, élevant le prix intérieur mais dans une mesure moindre que le droit de douane. Il faut cependant noter un cas important et d'intérêt direct: un "petit pays" ne saurait avoir aucune influence substantielle sur les * - Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"...... Op., Cit. p. 249 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale. "...... Op., Cit. p. 215 32 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com prix étrangers Dans un petit pays, le droit de douane est donc entièrement reporté sur le prix intérieur Les coûts et bénéfices d'un tarif douanier ou de toute autre politique commerciale peuvent être mesures en utilisant les concepts de surplus du consommateur et de surplus du producteur. En utilisant ces concepts, nous pouvons montrer que les producteurs domestiques font des gains parce que le tarif augmente le prix qu'ils reçoivent; les consommateurs domestiques perdent par contre pour la même raison. Il y a également un gain de recettes pour le gouvernement. Si nous ajoutons globalement les gains et les pertes résultant d'un droit de douane, nous trouvons que l'effet net sur le bien-être national peut être subdivisé en deux parties. Il y a une perte d'efficience qui résulte des distorsions provoquées dans les incitations auxquelles sont confrontés les producteurs et les consommateurs domestiques. De 33 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com l'autre côté, il y a un gain de termes d'échange qui reflète la tendance du droit à pousser les prix des exportations étrangères à la baisse. Dans le cas d'un petit pays qui ne peut pas affecter les prix étrangers, ce second effet est nul de sorte qu'il subit, sans ambiguïté, une perte. L'analyse d'un droit de douane peut être aisément adaptée à d'autres mesures de politique commerciale, comme les subsides à l'exportation, les quotas à l'importation et les restrictions volontaires d'exportation. Un subside à l'exportation provoque des pertes d'efficience analogues à celles d'un droit de douane mais aggrave ces pertes en causant une détérioration des termes d'échange Les quotas d'importation et les restrictions volontaires d'exportation diffèrent des droits de douane du fait qu'ils ne fournissent pas de recettes au gouvernement. Au lieu de cela, les montants que le gouvernement aurait prélevés comme recettes reviennent sous forme de rentes à ceux qui 34 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com reçoivent les licences d'importation dans le cas d'un quota, aux étrangers dans le cas de restrictions volontaires d'exportation. Section IV: L'économie politique des mesures commerciales* En 1981, les Etats-Unis demandèrent au Japon de limiter ses exportations de voitures vers les Etats-Unis. Cette mesure augmenta le prix des voitures importées et obligea les consommateurs des Etats-Unis à acheter des voitures américaines pour lesquelles il est clair qu'ils n'avaient pas le même intérêt. Tandis que le Japon accepta de satisfaire le gouvernement américain sur ce point, il refusa de céder sur un autre: la demande américaine que le Japon élimine les quotas sur la viande bovine et les citrons. * - Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"...... Op., Cit. p. 263 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale. "...... Op., Cit. p. 395 35 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Ces quotas obligeaient les consommateurs japonais à acheter des produits domestiques incroyablement chers plutôt que de les importer des Etats-Unis à meilleur compte. Les gouvernements des deux pays étaient donc décidés à poursuivre des politiques qui ont des coûts plus élevés que leurs bénéfices. De toute évidence, les politiques des gouvernements reflètent des objectifs qui vont au-delà d'une simple mesure des coûts et bénéfices La première étape pour comprendre dans les faits la politique commerciale est de se demander quelles raisons les gouvernements peuvent avoir de ne pas intervenir dans les échanges: en d'autres mots, quels arguments peut-on faire valoir en faveur du libre échange? Bien que peu de pays pratiquent le libre-échange, la plupart des économistes persistent à considérer que c'est là une politique désirable. Ce plaidoyer repose sur trois types d'arguments. La première justification réside dans les gains 36 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com d'efficience résultant du libre-échange: c'est là simplement une lecture inverse de l'analyse coût-bénéfice de la politique commerciale. Ensuite, beaucoup d'économistes considèrent que le libre-échange assure des gains additionnels au-delà de cette analyse formelle. Finalement, il faut tenir compte de la difficulté à transformer une analyse économique complexe dans des politiques réelles: même ceux qui ne considèrent pas le libre-échange comme la meilleure politique imaginable en viennent à considérer qu'il vaut mieux s'y tenir en gros. Il y a des raisons intellectuellement respectables pour s'écarter du libre-échange. Un premier argument est en principe valable: les pays peuvent améliorer leurs termes d'échange grâce à des tarifs ou des taxes à l'exportation optimaux. Cet argument n'est cependant pas décisif en pratique. Les petits pays ne peuvent avoir une grande influence sur les prix de leurs importations ou de leurs 37 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com exportations; ils ne peuvent donc utiliser les tarifs ou d'autres politiques pour améliorer leurs termes d'échange Les grands pays par contre sont capables d'influencer leurs termes d'échange mais, en imposant des droits de douane, ils courent le risque de désorganiser les accords commerciaux et de provoquer des représailles. L'autre argument pour s'écarter du libre-échange repose sur les échecs du marche intérieur. Si un marché domestique donné, comme le marché du travail, ne fonctionne pas correctement, la renonciation au libreéchange peut parfois contribuer à remédier à ce vice de fonctionnement. Selon la théorie du bien-être de second rang, il n'est plus optimal pour le gouvernement, si un marché donné ne fonctionne pas de manière correcte, de s'abstenir de toute intervention sur d'autres marchés. Un tarif peut augmenter le bien-être si la production d'un bien 38 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com fournit un bénéfice social marginal qui n'est pas saisi par la mesure du surplus du producteur. Bien que les échecs de marché soient probablement généralisés, il faut éviter de recourir trop librement à l'argument de l'échec du marché intérieur. D'abord, l'argument justifie des politiques intérieures plutôt que des politiques commerciales; les tarifs sont toujours un moyen inférieur ou de "second rang" pour corriger des échecs du marche intérieur qu'il vaut toujours mieux traiter à leur source. Ensuite, il est difficile d'analyser de manière suffisamment correcte les échecs de marché pour être sûr de recommander les politiques appropriées. Dans la pratique, la politique commerciale est dominée par des considérations concernant la distribution du revenu. Il n'y a pas de manière unique de modéliser le jeu politique dont émerge la politique commerciale mais on a proposé en la matière plusieurs concepts fructueux. Le 39 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com premier est le concept de bien-être social pondéré. Dans cette vue des choses, le gouvernement accorde un poids différent à tout dollar additionnel de gain ou de perte selon les groupes affectés: de la sorte, la politique commerciale cherche à assurer les bénéfices aux groupes favorisés. Il y a ensuite le concept de sentiment conservateur du bien-être social. Dans cette perspective, les gouvernements sont réticents à infliger des pertes considérables à quelque groupe que ce soit. Enfin, il y a le problème de l'action collective. Ici, la politique commerciale est déterminée par la capacité différentielle des groupes de s'organiser pour promouvoir politiquement leur intérêt collectif, même s'il peut être de l'intérêt de chacun individuellement de s'abstenir. Si la politique commerciale était décidée sur une base purement intérieure, il serait très difficile de progresser sur le chemin du libre-échange Cependant, les pays industriels 40 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com ont en fait réalisé de substantielles réductions tarifaires par un processus de négociation internationale. La négociation internationale contribue à la réduction des tarifs de deux manières: elle élargit la base d'intérêt pour le libre-échange en donnant aux exportateurs un avantage direct; elle aide les gouvernements à éviter les guerres commerciales désavantageuses pour chacun qui résulteraient de politiques non coordonnées au niveau international. Bien que certains progrès furent faits dans les années 1930 vers la libéralisation des échanges sur base d'accords bilatéraux, la coordination internationale s'est organisée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, sous la forme d'accords multilatéraux. Ceux-ci sont réalisés sous les auspices de l'Accord général sur les tarifs et le commerce (General Agreement on Tariffs and Trade = GATT). Le GATT, qui consiste à la fois en une administration et en un ensemble de règles, est l'institution centrale du système 41 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com international échanges. Il a connu un succès considérable pendant trois décades mais est maintenant confronte à de sérieux problèmes. Finalement, en plus des réductions généralisées de tarifs qui ont été décidées dans le cadre des négociations internationales, divers groupes de pays ont négocié des accords préférentiels de commerce dans lesquels ils baissent les droits de douane l'un par rapport à l'autre mais non par rapport au reste du monde. Les exemples les plus simples sont ceux des unions douanières. La valeur économique pour un pays de s'associer à une union douanière est ambiguë. Cette association peut conduire au remplacement d'une production domestique à coût élevé par des importations venant de l'union: c'est le cas de création de commerce où le pays gagne. D'un autre côté, l'association peut conduire au remplacement d'importations à faible coût de l'extérieur de l'union par des importations plus coûteuses 42 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com de l'intérieur de l'union: il y a alors diversion du commerce et le pays perd.* Section V: La politique commerciale dans les pays en développement** Jusqu'a présent, nous avons analyse lés instruments de la politique commerciale et ses objectifs sans en spécifier le contexte — donc sans dire grand chose des pays qui entreprennent ces politiques. Chaque pays a ses problèmes et son histoire mais, en discutant les politiques économiques on distingue globalement deux groupes de pays. D'un côté, * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"...... Op., Cit. p. 288-290 - Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale. "...... Op., Cit. p. 133 - Bernard Guillochon "Économie internationale"...... Op., Cit. p. 140-142 ** Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld……Op., Cit p. 297. - Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel......Op., Cit p. 159. - Bernard Guillochon "Economie internationale"……......Op., Cit p. 117 43 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com on trouve les pays développes ou avancés: l'Amérique du Nord, l'Europe Occidentale, le Japon et quelques autres. Quels que soient leurs problèmes économiques ces pays constituent des économies hautement florissantes par rapport aux standards du reste du monde. Avec seulement 15% de la population mondiale, les pays avancés interviennent pour environ 70% de la production et du commerce international du monde. Etant donné la performance de ces économies, il est raisonnable de supposer que leurs systèmes économiques sont relativement efficients de sorte qu'on n'y insiste guère pour obtenir des mesures commerciales et qu'on ne met pas dans celles-ci de trop grands espoirs. La plus grande partie de la population mondiale vit cependant dans des pays en développement qui accusent un retard considérable par rapport aux pays avancés'. Ces pays en développement vont de nations en croissance rapide 44 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com comme la Corée du Sud à des nations comme l'Ethiopie qui vivent aux limites de la subsistance. Malgré des différences immenses entre les pays en développement, le retard économique relatif qu'ils partagent donne certains traits communs à leur politique commerciale. D'abord, beaucoup de nations en développement ont essayé d'utiliser la politique commerciale pour promouvoir leur industrie manufacturière en opposition avec les secteurs traditionnels comme l'agriculture ou les mines: ils espéraient que ceci les aiderait à rattraper les pays riches. Ensuite, beaucoup de pays pauvres ont essayé d'utiliser la politique commerciale pour corriger le problème de développement inégal ou dualisme à intérieur du pays. Finalement, des pays en développement plaident quelquefois que leur relative pauvreté n'est pas leur faute mais est due au contraire à un système économique international injuste: ils ont à 45 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com l'occasion cherché à utiliser les négociations internationales pour apporter des changements à ce système.* La politique commerciale des pays peu développés peut être étudiée avec les mêmes outils analytiques que ceux utilisés pour sa discussion dans les pays avancés. Les problèmes particuliers caractéristiques des pays en développement sont cependant différents. En particulier, la politique commerciale des pays en développement se préoccupe de trois objectifs: promouvoir l'industrialisation, faire face au développement inégal de l'économie domestique et contrecarrer des relations économiques avec les pays avancés basées éventuellement sur l'exploitation et 1'injustice. La politique gouvernementale d'industrialisation a souvent été justifiée par l'argument de l'industrie naissante; * - Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale"...... Op., Cit. p. 297-298 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale. "...... Op., Cit. p. 359 46 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com pour celui-ci, les industries nouvelles ont besoin d'être protégées temporairement de la concurrence des industries établies dans d'autres pays. L'argument de l'industrie naissante est seulement valable s'il peut être formulé sous la forme de l'argument d'échec de marché en faveur de la protection. Les deux justifications données habituellement sont l'existence d'imperfections sur les marchés des capitaux et le problème d'appropriabilité des connaissances générées par les firmes pionnières. En utilisant comme justification l'argument de l'industrie naissante, beaucoup de pays peu développés ont poursuivi des politiques d'industrialisation en substitution des importations où des industries domestiques sont crées sous la protection de droits de douane et de quota à 1'importation. Bien que ces politiques aient permis de développer l'industrie manufacturière, elles n'ont pas globalement donné les gains attendus en matière de 47 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com croissance économique et de niveau de vie. Beaucoup d'économistes formulent aujourd'hui des critiques sévères à l'égard de la substitution des importations: ils prétendent qu'elle a encouragé un système de production inefficient et a coût élevé. Un petit groupe de pays en développement se sont organisés pour poursuivre leur industrialisation non par la substitution d'importations mais par le développement des exportations de produits manufacturés. Ces nouveaux pays industrialisés ont réalisé une croissance rapide de leur production et de leur niveau de vie. Une question majeure est de savoir si d'autres pays peuvent arriver à des succès similaires en abandonnant les politiques de substitution d'importations. La plupart des pays en développement sont caractérisés par le dualisme économique: un secteur industriel à haut salaire et à forte intensité du capital y 48 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com coexiste avec un secteur traditionnel à bas salaire. Les économies dualistes ont souvent un grave problème de chômage urbain. La différence dans les salaires entre les secteurs modernes et traditionnels a parfois été invoquée comme un argument en faveur de la protection du secteur industriel. C'est l'argument des différentiels de salaires en faveur de la protection. Cette opinion n'a cependant plus beaucoup de crédit parmi les économistes. Des analyses plus récentes suggèrent que la protection renforcera la migration ruraleurbaine: celle-ci aggrave le problème du chômage urbain et peut aggraver les symptômes du dualisme. Les gouvernements des pays en voie de développement et leurs partisans soutiennent que le système économique international actuel est injuste et que la pauvreté des pays en développement est liée a l'opulence des pays riches. La présentation la plus cohérente de cette 49 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com idée est constituée par la doctrine du développement inégal qui est en rapport avec l'argument de l'industrie naissante. Selon cette doctrine, les pays avancés ont eu la chance d'établir leurs secteurs industriels en premier lieu, bloquant ainsi le développement industriel de concurrents plus tardifs. L'examen des faits ne permet cependant pas de soutenir l'idée que les nations avancées ont acquis leur opulence au détriment des autres. A un niveau global, les entreprises multinationales ont été accusées de ne pas apporter de bénéfices aux pays hôtes, soit parce qu'elles emploient des technologies inappropriées soit parce qu'elles échouent à effectuer les transferts de technologie en faveur du reste de l'économie. Les défenseurs des multinationales répliquent que les multinationales utilisent des technologies inappropriées parce qu'elles sont confrontées à des signaux économiques faussés. En ce qui concerne le problème des transferts de 50 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com technologie, certains pays y ont réussi avec des investissements étrangers considérables tandis que d'autres y ont réussi sans ceux-ci: il est donc difficile de proposer une réponse certaine. Finalement, la plupart des pays en développement exportent des matières premières et ils ont toujours essayé de trouver des manières d'en augmenter les prix. Dans les années 1970, le succès de l'OPEP a avivé l'espoir que la constitution de cartels d'exportation de matières premières pourrait améliorer les termes d'échange de beaucoup de pays en développement. Il semble cependant que l'OPEP a bénéficié de circonstances exceptionnellement favorables (mais l'OPEP a aussi fini par rencontrer des temps difficiles). 51 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre III Le GATT Et l'organisation Mondiale Du Commerce 52 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre III Le GATT Et l'organisation Mondiale Du Commerce Entre la fin de la seconde guerre mondiale et le premier choc pétrolier, le commerce international a connu une expansion sans précédent. Cette croissance régulière et forte (7% par an de 1948 à 1973) s'est appuyée sur plusieurs facteurs: reconstruction de 1'Europe et du Japon, énergie à bon marché, stabilité monétaire pendant deux décennies, industrialisation du Tiers Monde à partir de 1960. L'ensemble de règles dans lequel le commerce a évolué a lui aussi joué un rôle favorable. Surtout connu pour les grandes négociations internationales qui ont jalonné son existence (Kennedy Round, Tokyo Round, Uruguay Round), le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade, ou Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) a contribué efficacement, par une activité quotidienne discrète, à ouvrir les économies sur l'extérieur et à accroître l'interdépendance entre les pays. A partir de 1973 les brusques et très fortes variations du coût de l'énergie, la persistance d'un niveau élevé de chômage dans la 53 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com plupart des pays industrialisés, l'endettement croissant des pays en développement, les fluctuations importantes des taux de change, ont freiné l'augmentation de la production et du commerce international: 2,5% par an entre 1973 et 1983, avec des années de croissance nulle (1981) ou de récession (1975 et 1982). C'est pour réagir à ces défis qu'a été lancé en 1986 un cycle de négociations sans précédent, auquel ont participé 117 pays représentant 90% du commerce mondial. Il a abouti le 15 avril 1994, a Marrakech, à un accord d'une grande portée, qui rénove les bases du commerce mondial et crée l'Organisation Mondiale du Commerce. Au moment ou l'OMC se met en place, le commerce international trouve un nouvel élan. 54 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com SECTION I: LA CHARTE DE LA HAVANE* A l'origine du GATT, il y a le constat d'une faillite et l'échec d'un projet ambitieux. La faillite est celle du système qui a régi les relations économiques internationales entre les deux guerres mondiales. L'échec est celui de la charte de La Havane qui se proposait, avec la création d'une organisation internationale du commerce, de permettre aux échanges internationaux de reprendre leur essor sur la base de règles nouvelles. * Voir: - - - - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce", Troisième édition mise a jour Presses Universitaires de France, 1996, Octobre. p. 5 Bernard Guillochon "Économie internationale", DUNOD, Paris, 1993. p. 134. Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale". Traduit de l'anglais par Achille Hanne quart et Fabienne Le loup, deuxième édition française 3e tirage 1998 – Département De Boeck Université – Paris, Bruxelles. p. 263 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale." Traduit de l'américain par Philippe de Lavergne du livre publié par Richard D. Irwin, 1996. Ed. Economica 1997, pour la traduction française p. 185. Delorme H. et Clerc D., Un nouveau GATT? Les échanges mondiaux après l'Uruguay Round, Ed. Complexe, coll. "CERI", 1994. 55 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com L'élaboration de la charte de la Havane* * En décembre 1945, en même temps qu'ils leur communiquent leurs propositions, les Etats-Unis invitent 14 pays a participer a des négociations sur la réduction des droits de douane et des autres obstacles au commerce, sur la base des principes contenus dans les propositions. Les pays qui acceptent sont: la France, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg; l'Australie, le Canada, et la Nouvelle-Zélande; l'Afrique du Sud; l'Inde et la Chine; le Brésil et Cuba; enfin, la Tchécoslovaquie. Le 18 février 1946, le Conseil économique et social de l'ONU, sur proposition américaine, convoque une "conférence mondiale sur le commerce et l'emploi". La résolution est votée a l'unanimité. Elle crée un comité préparatoire dont font partie les 14 pays qui ont accepté la négociation commerciale, ainsi que la Norvège, le Chili et le Liban. Havane énumère quatre moyens: développement économique et reconstruction; accès de tous les pays, dans des conditions d'égalité, aux marchés, aux sources d'approvisionn-ement et aux moyens de ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 13 56 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com production; réduction des obstacles au commerce international; consultations et cooperation au sein de l'OIC sein de l'OIC. 57 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com SECTION II: LE GATT, ORGANISATION INTERNATIONALE* L'abandon du projet d'Organisation Internationale du Commerce Trois ans de négociations aboutissent le 24 mars 1948 à la signature par 53 pays de l'Acte final de la conférence de La Havane, à laquelle est annexée la charte créant l'OIC. Cette charte n'entrera pas en vigueur et l'OIC ne verra jamais le jour. Paradoxalement, ce sont les inspirateurs de la charte qui vont la faire échouer. La charte de La Havane n'évoque en effet la planification que comme moyen de reconstruction pour les pays dévastés par la guerre, et comme instrument de développement dans les pays du Tiers Monde. La participation de l"URSS à l'élaboration de la charte de La Havane a été si formelle que rien dans la charte ne peut être considéré comme une caution internationale à la politique économique des pays à commerce d'État. ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 19 58 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Il n'empêche que les termes acceptés par le négociateur américain ont été jugés peu compatibles avec la philosophie qui est celle du Congrès, surtout dans un contexte marqué par le début de la guerre froide. C'est du reste ce contexte qui améne le Congrès à se demander si le moment est bien venu de créer, dans un monde coupé en deux, une Organisation Internationale du Commerce. La mise en place d'un cadre multilatéral pour le commerce peut-elle conduire à la paix, alors que l'Union soviétique demande à la Pologne et à la Tchécoslovaquie de ne pas entrer au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale? Le projet de charte est examiné en commission pendant toute l'année 1949. Au cours d'auditions qui se déroulent l'année suivante, l'administration s'efforce en vain de le faire approuver, jusqu'au moment (décembre 1950) où le Président Truman décide de la retirer de l'ordre du jour du Congrès. Pendant toute cette période, les autres pays signataires de l'Acte final, voyant que l'approbation du Congrès n'irait pas de soi, se sont gardés de soumettre la charte à leur parlement. En 1951, le projet de charte de La Havane est définitivement enterré. 59 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com De la charte de La Havane au GATT Cela ne veut pas dire, bien au contraire, que le travail des négociateurs ait été vain. Sur les points qui ont été rejetés par le Congrès, l'effort de formulation ou de codification facilitera la tâche des conférences futures. Par exemple, on retrouve aujourd'hui, dans plusieurs accords internationaux de produits (café, cacao, sucre), une partie du dispositif envisagé par la charte de La Havane. Mais surtout, un pan entier de la charte, celui qui est consacré à la "politique commerciale", va être sauvé. En effet, parallèlement à l'élaboration de la charte, s'est déroulée d'avril à octobre 1947, sur initiative américaine, une négociation tarifaire multilatérale, la première du genre, dont l'objet était de montrer par anticipation ce que pouvaient être les négociations tarifaires prévues par la charte. Cette négociation est féconde. En sept mois, 23 pays diminuent leurs droits de douane sur un volume d'échanges représentant la moitié du commerce international; de plus, et ceci est 60 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com d'une grande portée, ils décident de mettre en vigueur la partie commerciale, tout juste achevée, de la charte de La Havane, sans attendre la fin de la conférence Cette partie prend le titre d'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. Le GATT est signé le 30 octobre 1947, au Palais des Nations de Genève, par les 23 pays qui viennent de mener à bien la première grande négociation multilatérale de l'histoire sur les droits de douane (45000 concessions tarifaires portant sur un commerce d'environ 10 milliards de dollars): Australie, Belgique, Brésil, Birmanie, Canada, Ceylan, Chili, Chine, Cuba, Etats-Unis, France, Inde, Liban, Luxembourg, Norvège, NouvelleZélande, Pakistan, Pays-Bas, Rhodésie du Sud, Royaume-Uni, Syrie, Tchécoslovaquie, Afrique du Sud. A l'opposé de la charte de La Havane, qui créait une institution internationale complète dotée d'une structure détaillée, le GATT de 1948 prévoit pour seul organe la "réunion des Parties Contractantes", c'est-à-dire de l'ensemble des signataires. Le secrétaire exécutif des Parties Contractantes n'a pas d'autre fonction que celle d'informer les gouvernements signataires des nouvelles admissions a l'Accord général. C'est avec la pratique que son rôle va s'accroître. 61 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section III: Le GATT, organisation internationale* Conçu comme un simple accord commercial, le GATT est peu à peu devenu une véritable organisation internationale. La terminologie, elle, n'a pas changé. L'expression utilisée est la même pour désigner le traité et l'institution qui en a été jusqu'en 1994 la gardienne. On dira que telle mesure est conforme ou contraire au GATT, mais aussi que le GATT a son siège à Genève Le GATT réunissait jusqu'a la création de l'OMC tous les éléments constitutifs d'une organisation internationale. ١. Le Conseil. Les Parties Contractantes ont crée en 1960 un Conseil des représentants, auquel elles délèguent largement leurs pouvoirs. ٢. Règles de vote. Le GATT fonctionne suivant le principe "un Etat, une voix". La règle est que les décisions sont acquises à la majorité des voix exprimées. ٣. Le directeur général et le secrétariat. Dans l'histoire du GATT, le rôle du directeur général a dépassé de beaucoup ses ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 23 62 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com fonctions de chef du secrétariat, avait participé de bout en bout à l'élaboration de l'Accord général Comme "secrétaire exécutif", puis comme directeur général, il est resté au GATT pendant vingt ans (1948-1968). Lors des négociations tarifaires il a été souvent chargé de rapprocher les positions en présence, lorsque les efforts des négociateurs n'avaient pas abouti. Ce rôle de médiateur a culminé au Kennedy Round où, sur les dossiers les plus complexes (celui de l'American Selling Price par exemple) les compromis ont été établis sous son égide. Cette fonction d'arbitre est devenue plus difficile à exercer avec l'augmentation importante du nombre des parties contractantes à partir des années 60. 63 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com SECTION IV: LES PREMIÈRES NÉGOCIATIONS * Pour réduire les droits de douane, ce qui est son objectif principal, le GATT procède de deux manières: il organise les négociations destinées à les abaisser, et il veille ensuite à ce que, dans toute la mesure du possible, les droits ainsi diminués ne soient pas relevés. La négociation, au GATT, va de pair avec la "consolidation", mécanisme essentiel de la protection des concessions. Les négociations tarifaires Le GATT, lui-meme issu d'une négociation de ce type, a pour mission d'organiser de grandes négociations tarifaires internationales 1. Avant le Kennedy Round. -Genève (avril-octobre 1947). C'est au cours de cette négociation que va être inaugurée la technique "bi-multilatérale". Chaque État négocie avec l'État qui est le plus directement intéressé par une baisse des droits (règle du principal ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 30 64 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com fournisseur), puis les droits résultant de cette négociation bilatérale sont étendus à l'ensemble des participants à la négociation Au total, la moitie du commerce mondial de l'époque bénéficie de réductions tarifaires. Annecy (1949), Torquay (1950-1951) et Genève (1955-1956). - La négociation d'Annecy est destinée à fixer les conditions d'accession de 11 pays. Celle de Torquay (Royaume-Uni) est justifiée par la candidature de l'Allemagne fédérale. Elle débouche sur une réduction moyenne des tarifs d'environ 25% par rapport à 1948. Ensuite, à partir de 1951, l'élan libre-échangiste s'essouffle. A l'exception d'une négociation, modeste dans ses effets, qui se tiendra à Genève en 1955-1956, il n'y aura plus de grande baisse tarifaire avant 1967. L'administration américaine a de plus en plus de mal à obtenir le renouvellement périodique des Trade Agreements Acts, et lorsqu'elle l'obtient, c'est avec une marge de négociation limitée. Cette attitude du Congrès vient de ce qu'il a le sentiment d'avoir laissé 1'administration, dans le passé, faire à l'Europe des concessions 65 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com tarifaires qui n'ont pas été payées de retour dans le domaine non tarifaire: les pays européens, tout en supprimant les restrictions quantitatives entre eux, maintiennent encore à cette époque des contingents a l'égard des pays tiers. Le développement des échanges entre États européens se fait dans le cadre de l'Organisation européenne pour la coopération économique et avec l'appui décisif du plan Marshall (rétablissement graduel de la convertibilité des monnaies, élimination des restrictions quantitatives). Le GATT s'élargit peu dans les années 50 (34 parties contractantes en 1952, 35 en 1957). Négociation XXIV § 6 (septembre 1960 - mai 1961) et Dillon Round (mai 1961 -mars 1962). - Conscientes des risques auxquels cette stagnation expose le GATT, les Parties Contractantes décident en 1957, lors d'une session réunie à dessein au niveau ministériel, de donner un essor aux activités de l'Accord général Un groupe de travail prépare un rapport (rapport Haberler) sur la base duquel un "programme d' action en vue d'une expansion du commerce international" est adopté lors d'une nouvelle réunion à l'échelon ministériel (novembre 1958). Ce programme d'action comporte 66 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com trois grandes rubriques: relance des négociations tarifaires, étude du protectionnisme agricole et commerce des pays en développement Dans l'intervalle, un fait de grande importance pour le commerce international est intervenu: la signature du traité de Rome (25 mars 1957), prévoyant qu'a partir du 1er janvier 1962, les États membres de la Communauté économique européenne commencent à aligner leurs tarifs nationaux sur un tarif douanier commun. Plus que tout autre élément, c'est la création de la CEE qui va donner au GATT un nouvel élan. En effet, la mise en place d'une union douanière entre les Six oblige ceux-ci, en vertu de l'article XXIV § 6 de l'Accord général, à entrer en consultation avec les pays tiers. Ceux-ci peuvent demander des compensations si le nouveau tarif douanier commun est supérieur aux tarifs nationaux préexistants. * 2. Le Kennedy Round . L'idée d'une nouvelle négociation multilatérale est lancée presque au même moment par la CEE et par les États-Unis. ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 37 67 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com La Communauté souhaite notamment réduire la cassure créée en Europe par la mise en place de deux ensembles commerciaux concurrents (marche commun et AELE) en négociant les baisses tarifaires avec les pays de l'AELE, qui constituent pour elle un partenaire important (35% de ses exportations). Cet objectif deviendra très important par la suite, lorsque l'opposition du général de Gaulle (janvier 1963) a l'entrée du Royaume-Uni dans le Marche commun obligera ce pays a rester au sein de l'Association européenne de libreéchange. Parallèlement, les Etats-Unis doivent faire face au défi que représente le développement très rapide d'une CEE qui devient, et ne cessera désormais être, la première puissance commerciale du monde, et qui reçoit 20% de leurs exportations. La candidature britannique a l'adhésion (1961) accroît encore la volonté américaine de s'engager à fond dans la voie de la libération des échanges La négociation Kennedy est plus ambitieuse que les négociations précédentes, car elle veut s'attaquer aux obstacles non tarifaires, libérer les échanges agricoles et prendre en considération les besoins des pays en développement. Mais, alors que dans ces trois secteurs, elle va soit échouer soit aboutir à des résultats très minces 68 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com par rapport aux buts initiaux, le volet tarifaire du Kennedy Round débouche sur un bilan très positif. Les bases de la négociation tarifaire résultent d'un compromis entre thèses américaine et européenne: • en principe, la réduction des droits de douane (avec un objectif de 50%) sera linéaire; • lorsque des disparités "significatives" seront constatées d'un tarif a l'autre, des règles particulières pourront être appliquées pour déboucher sur une réduction "harmonisante"; • les exceptions, c'est-à-dire les produits sur lesquels la baisse sera nulle ou inférieure à la réduction moyenne, devront être aussi peu nombreuses que possible. * Les premières négociations agricoles . Le GATT s'applique à l'agriculture. Cependant le développement des échanges agricoles s'est partiellement fait en marge des règles de l'Accord général ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 42 69 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Cette situation s'explique peut-être par la part encore réduite que représente en 1947 le commerce des produits agricoles dans le commerce mondial, justifiant la priorité donnée à la libéralisation des échanges de produits manufacturés. Elle est due surtout à la spécificité des politiques agricoles dont le GATT a été obligé de tenir compte et qui, tout naturellement, a eu des répercussions sur les grandes négociations multilatérales. 70 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com SECTION V: LE TOKYO ROUND* La réduction des droits de douane A peine achevée la réduction tarifaire décidée au Kennedy Round, les États-Unis proposent une nouvelle négociation commerciale. Les négociations sont ouvertes officiellement le 14 septembre 1973 à Tokyo par les ministres de plus de 80 pays, mais elles ne commenceront en fait qu'en 1977. La crise de l'énergie et le quadruplement du prix du pétrole, s'ajoutant à l'abandon de la convertibilité-or du dollar (1971) et à la fin du système des parités fixes (1973) quelques mois à peine après l'adoption de la déclaration de Tokyo, briseront pour un long moment l'élan initial. Jusqu'alors les négociations du GATT s'étaient déroulées dans un contexte de croissance économique régulière des échanges internationaux. Avec la crise, le commerce international va croître chaque année moins fortement qu'avant 1973 et en 1975, pour la ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 45 71 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com première fois depuis la création du GATT, il va même baisser en volume de - 5%. 72 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com SECTION VI: LE CYCLE DE L'URUGUAY * Le Tokyo Round à peine terminé, les États-Unis proposent à leurs partenaires du GATT d'entamer un nouveau cycle de négociations. L'administration Reagan poursuit un triple objectif: • contenir aux États-Unis les pressions protectionnistes qu'alimente la persistance d'importants déficits commerciaux bilatéraux, principalement à l'égard du Japon et des nouveaux pays industrialisés d'Asie; • étendre au reste du monde les principes de la philosophie reaganienne: libéralisme économique, déréglementation; • trouver une solution à la grave crise de surproduction que traverse l'agriculture américaine Historique de la négociation Commence en 1986 à Punta del Este et prévu pour durer quatre ans, le cycle de l'Uruguay ne s'achèvera qu'en 1994, au terme de négociations ambitieuses par leur champ d'application, complexes ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 63 73 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com techniquement, mettant en cause des enjeux commerciaux considérables qui donneront lieu à plusieurs reprises à de graves affrontements entre les principaux partenaires, surtout, une fois encore, entre les États-Unis et la Communauté économique européenne Adoptée le 20 septembre 1986 par les ministres des 94 parties contractantes, la déclaration de Punta del Este comporte deux parties. La première partie concerne le commerce des marchandises. Elle vise d'une part la libéralisation accrue du commerce international y compris, ce qui est une grande nouveauté, celle des échanges agricoles, et l'expansion du commerce mondial par une amélioration de l'accès aux marchés; d'autre part le renforcement du rôle du GATT, "afin de soumettre une part plus grande des échanges commerciaux mondiaux à des disciplines multilatérales convenues, efficaces et ayant force exécutoire". La seconde partie de la déclaration vise la libéralisation du commerce des services, sujet qui n'avait été abordé par aucune des négociations précédentes, et qui revêt pour la CEE une grande importance. 74 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com * Bilan des négociations agricoles Bien que la part de l'agriculture dans le commerce mondial n'ait cessé de diminuer (20% des échanges mondiaux en 1970, 12% en 1990) l'agriculture va occuper dans le cycle de l'Uruguay une place centrale, constituant à plusieurs reprises la principale source de blocage et occultant les négociations dans les autres secteurs. Alors que les sept cycles de négociation précédents ont porté sur les concessions douanières, l'Uruguay Round concerne la libéralisation du commerce des produits agricoles et par conséquent les politiques agricoles elles-mêmes. L'accord sur la propriété intellectuelle* C'est un domaine dans lequel l'affrontement entre pays du Nord et du Sud est inévitable: les premiers, principaux innovateurs et déposants de brevets, souhaitent en améliorer la protection, alors que ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 77 ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 83 75 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com les seconds cherchent à faciliter la diffusion des innovations et des connaissances et sont donc favorables à une réduction de la protection de la propriété intellectuelle, qu'ils considèrent comme une entrave au transfert de technologie. Dans ce domaine le GATT n'avait, avant le cycle de l'Uruguay, qu'une compétence résiduelle (art. IX de l'Accord général). La protection de la propriété intellectuelle faisait certes l'objet de plusieurs conventions internationales: convention de Paris sur la propriété industrielle, convention de Berne sur la protection des œuvres littéraires et artistiques, convention de Rome sur la protection des artistes interprètes ou exécutants, traité de Washington sur les circuits intégrés, arrangement de Madrid sur la répression de la fausse provenance, arrangement de Lisbonne sur la protection des appellations d'origine. Mais ces accords n'étaient signés que par un nombre limité de pays et étaient gérés par une organisation internationale, l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, dépourvue de moyens efficaces pour faire respecter ces accords. 76 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com L'accord général sur le commerce des services* Premier pays excédentaire du monde en matière de services les États-Unis ont demandé dès le début des années 80 l'ouverture d'une négociation multilatérale dans ce secteur, qui représente environ 20% du commerce mondial. La CEE, premier importateur et premier exportateur de services, avait, elle aussi, tout intérêt à une telle négociation La difficulté de définir avec précision les échanges de services a compliqué les discussions. En effet, il peut y avoir échange de services lorsqu'un fournisseur opère à l'étranger (services bancaires), lorsque le consommateur achète à l'étranger (tourisme) ou quand le fournisseur et le consommateur sont établis dans des pays différents (télécommunications). Le service peut également être incorporé dans un bien tangible et échangé comme un bien ordinaire (films, logiciels). Les réticences des pays en développement, et en particulier des nouveaux pays industrialisés, expliquent aussi le retard avec lequel les discussions se sont engagées (1990) et leur longueur (quatre ans). Les pays en développement ont obtenu que la négociation sur les services ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 87 77 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com soit distincte de la négociation sur les biens. Ils craignaient d'avoir à échanger une ouverture des marchés industrialisés à leurs exportations de biens, contre une ouverture de leur propre secteur des services, compromettant les chances de développement à terme de ce dernier. 78 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com SECTION VII: L'ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE* Le cadre institutionnel Sur le plan juridique, la conclusion du cycle de l'Uruguay s'est traduite par la signature à Marrakech, le 15 avril 1994, d'un Acte final auquel sont annexés: • l'accord créant l'Organisation Mondiale du Commerce; • 20 accords multilatéraux sur le commerce des marchandises; • 4 accords multilatéraux portant sur le commerce des services, la propriété intellectuelle, le règlement des différends, l'examen des politiques commerciales; • 4 accords "plurilatéraux", c'est-à-dire n'engageant que ceux qui les signent et pas, automatiquement, l'ensemble des États membres de l'OMC (aéronefs civils, marchés publics, produits laitiers, viande bovine); ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 91 79 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com • 23 déclarations et décisions relatives pour l'essentiel à des sujets sur lesquels, faute d'accord, les négociations devront se poursuivre dans le cadre de l'OMC. L'OMC se voit confier cinq grandes missions: • assurer la mise en œuvre de cet ensemble d'accords; • offrir un cadre à de futures négociations permettant de développer le commerce international; • examiner régulièrement les politiques commerciales de ses membres, pour éliminer ce qui peut faire obstacle aux échanges; • assurer une meilleure efficacité des procédures de règlement des différends; • créer une enceinte permanente de négociation L'OMC remplace le GATT comme organisation internationale. Elle reprend ses locaux (le centre William Rappard a Genève), son secrétariat (400 personnes), son budget (131 millions de francs suisses en 1995) qui est financé par les contributions de ses membres, 80 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com proportionnelles à leur part dans le commerce mondial (14,94% pour les États-Unis, 11,5% pour l'Allemagne, 8,6% pour le Japon, 6,78% pour la France, 5,8% pour le Royaume-Uni, 5,7% pour l'Italie, 4,3% pour le Canada, le barème minimum, pour les pays en développement, étant de 0,03%). L'OMC est plus structurée que le GATT. Une conférence ministérielle, qui se réunira tous les deux ans, remplace la session annuelle des parties contractantes. L'instance de gestion courante, qui siège au niveau des représentants permanents (le conseil du GATT), prend le titre de conseil général; il est assisté d'un organe de règlement des différends, d'un organe d'examen des politiques commerciales, d'un organe de supervision des textiles, de trois conseils (commerce des marchandises; commerce des services; aspects des droits de la propriété intellectuelle touchant au commerce) et de quatre comités (commerce et développement; commerce et environnement; restrictions appliquées à des fins de balance des paiements; budget, finances et administration). Tous sont présidés par des représentants permanents des États membres auprès de l'OMC. 81 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com SECTION VIII: L'OMC ET LES PAYS EN DEVELOPPEMENT* Les pays en développement étaient présents au GATT et même largement. Parmi les 23 pays signataires originaires de l'Accord général il y avait 11 pays en développement Pourtant, les pays en développement ont longtemps considéré que le GATT avait été conçu par les pays industrialisés, et pour eux, afin de réorganiser le commerce international conformément à leurs intérêts. Ils avaient le sentiment, non pas que les règles du jeu étaient dirigées contre eux, mais qu'elle ne jouaient pas en leur faveur. Les pays en développement songent dès le début des années 60 à créer une nouvelle organisation, universelle, où ils auront par conséquent une large majorité, et à l'intérieur de laquelle ils pourront faire passer leurs idées. Cette réflexion mûrit à l'occasion des conférences de Belgrade (1961) et du Caire (1962) et aboutit, avec l'accord des pays industrialisés, à la convocation par le Conseil économique et social des Nations Unies d'une "Conférence des ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 105 82 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Nations Unies sur le Commerce et le Développement" qui va devenir un organe permanent de l'ONU. La Ire CNUCED (Genève, mars-juin 1964) n'aboutit pas sur le plan commercial à des résultats spectaculaires. L'idée la plus novatrice (le principe de préférences tarifaires en faveur des seuls pays en développement) défendue par les pays en développement, soutenue par plusieurs pays européens (France, Royaume-Uni, Belgique), est vigoureusement combattue par les États-Unis, partisans d'une approche libre-échangiste classique. Elle apparaît néanmoins dans l'un des "principes généraux" adoptés par la conférence, non comme un engagement des pays industrialisés, qui votent contre ou s'abstiennent, mais comme un point de départ pour le travail future de la CNUCED. Grâce a quoi la IIe CNUCED (New Delhi, février-mars 1968) adopte à l'unanimité (résolution 21/II) le principe de l'adoption, si possible des 1970, d'un "système mutuellement acceptable et généralisé, de préférences en faveur des pays en développement". 83 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com L'action du GATT en faveur du développement* La création de la CNUCED, le fait que dès sa première réunion elle ait examiné les problèmes commerciaux les plus importants pour les pays en développement, ont été pour le GATT un stimulant salutaire. Un an après la IIe CNUCED, les Parties Contractantes procédaient a la première révision substantielle du GATT en lui ajoutant une partie IV sur le commerce et le développement Cette partie IV reste d'inspiration libre-échangiste: c'est par l'abaissement puis la suppression des obstacles de tous ordres (tarifaires, non tarifaires, fiscaux) aux exportations des pays en développement que celles-ci pourront s'accroître. Mais, et sur ce point elle innove indiscutablement par rapport a l'Accord général de 1947, elle reconnaît la nécessité d'améliorer la situation des marchés mondiaux de produits de base, afin que les prix soient rémunérateurs pour les pays producteurs et équitables pour les pays consommateurs. ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 109 84 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Elle offre aux pays en développement la possibilité de demander périodiquement aux pays industrialisés, dans le cadre du "comité du commerce et du développement", des comptes sur les mesures prises par eux pour ouvrir leurs marchés. Les pays en développement et le cycle de l'Uruguay* Les pays en développement ont toujours considéré qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner, si le cycle de l'Uruguay n'aboutissait pas à un accord. échec du multilatéralisme aurait fait fleurir les accords bilatéraux entre pays industrialises et restreint l'accès à leurs marches pour les exportations de biens manufacturés des pays en développement. Le compromis final entre les États-Unis et la Communauté a donc été accueilli avec soulagement par tous ces pays, dont la part dans les échanges mondiaux a malheureusement peu augmenté depuis vingt-cinq ans (18,4% en 1970, 21,6% en 1990), et qui, de ce fait, n'avaient pas dans les négociations le poids nécessaire pour imposer leurs décisions. Cette faible progression masque de grandes variations géographiques (effondrement du poids de l'Afrique, ** Voir: - Daniel Jouanneau "Le GATT et l'Organisation Mondiale du Commerce"…..Op., Cit. p. 111 85 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com progrès spectaculaire de l'Asie) et structurelles (diminution de la place des matières premières). La part des pays en développement dans les exportations de produits alimentaires est passée entre 1970 et 1990 de 32,5% a 27,2% du marché mondial, celle des produits manufacturés de 5,5% à 16,3%. Les résultats du cycle de l'Uruguay comportent pour les pays en développement une série d'éléments très positifs. Le renforcement des disciplines multilatérales créera une plus grande sécurité juridique et diminuera les risques d'abus de pouvoir de la part des pays industrialisés les plus puissants. Ceci est vrai en particulier du recours aux mesures compensatoires et de l'utilisation de la clause de sauvegarde. La réaffirmation de la règle de la non-discrimination, comme la suppression à terme de l'AMF, répondent à une demande constante des pays en développement. Le cycle de l'Uruguay a eu pour les pays en développement deux conséquences moins favorables. L'accord de Marrakech devrait engendrer une hausse du prix des produits agricoles pouvant pénaliser les pays en développement importateurs de produits alimentaires. C'est pourquoi ceux-ci ont obtenu l'adoption par les Parties Contractantes d'une décision 86 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com prévoyant qu'une part croissante des produits dont ils ont besoin leur sera fournie aux conditions de l'aide alimentaire, et que les pays ayant à court terme des difficultés à financer des niveaux normaux d'importation pourront bénéficier de facilités d'emprunt particulières auprès des institutions internationales. En second lieu les baisses de droits de douane acceptées par les pays industrialisés vont éroder les marges de préférence dont bénéficient les pays en développement au titre du SPG. Aussi, les pays en développement demandent-ils l'amélioration des schémas de préférence, par inclusion de nouveaux produits et extension aux obstacles non tarifaires et aux services. 87 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre IV Relations Financières Internationales 88 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre IV Relations Financières Internationales* Cette partie est consacrée aux déterminants des flux de capitaux et de monnaies entre pays et aux effets de ces flux sur la croissance, l'inflation, le taux de change et les soldes de la balance des paiements. Un système monétaire international se caractérise par le type de monnaies utilisées dans les échanges et par le * Voir: - - - - Bernard Guillochon "Économie internationale", DUNOD, Paris, 1993. p. 148. Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale". Traduit de l'anglais par Achille Hanne quart et Fabienne Le loup, deuxième édition française 3e tirage 1998 – Département De Boeck Université – Paris, Bruxelles. p. 345 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale." Traduit de l'américain par Philippe de Lavergne du livre publié par Richard D. Irwin, 1996. Ed. Economica 1997, pour la traduction française p. 427. Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations". Nathan / HER 2000 Paris. P.189. Y. SIMON (1991), Techniques financières internationales, Collection "Gestion", Paris, Economica. 89 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com degré de flexibilité des taux de change. Le système d'avant 1914, souvent qualifié d'étalon-or, repose sur la fixité des taux de change, sur la référence à l'or dans la définition des monnaies et sur l'utilisation de la livre sterling. Dans l'entredeux-guerres, la monnaie britannique perd son rôle et les gouvernements utilisent les changements de parités pour tenter de faire face aux difficultés nées de la crise. Le système de Bretton-Woods instauré en 1944 est fondé sur la fixité des changes et sur l'utilisation du dollar. Les crises de conflance dans la monnaie américaine aboutissent, en 1973, à abandonner le système de Bretton-Woods et à laisser les taux de change fluctuer, ce qui n'aboutit pas à la stabilisation souhaitée. Au sein de ce système, les pays de la CEE constituent une zone de changes fixes, où la coordination des politiques économiques doit préparer la mise en place d'une monnaie unique. 90 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section I: Eléments Constitutifs D'un Système Monétaire International* Un système monétaire international peut se définir comme l'ensemble des mécanismes qui permettent aux transactions entre résidents et non-résidents d'être réglées. Caractériser le système revient a répondre a plusieurs questions: - quelles monnaies sont employées au niveau international? - quelles relations existent entre les flux de paiements entre pays et les variables caractéristiques de l'activité économique des pays (prix, taux d'intérêt, masse monétaire, revenu national)? - les taux de change (prix des monnaies les unes en les autres) sont-ils flexibles, c'est-à-dire totalement liés * Voir: - Bernard Guillochon "Economie internationale"……Op., Cit. p. 149. 91 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com aux comportements des agents privés, ou maintenus fixes par la volonté des banques centrales? Les monnaies utilisées internationalement dépendent des préférences des agents privés, du poids économique des divers pays et des accords passés entre gouvernements, ces divers facteurs s'influençant mutuellement. Si un pays bénéficie d'un excédent de sa balance de base, il reçoit un flux monétaire en paiement qui stimule son activité interne et fait monter ses prix. Ces modifications agissent sur le solde de la balance de base à l'origine du processus et sur le taux de change du pays. A l'inverse, un pays qui supporte un déficit de sa balance de base perd des actifs monétaires, ce qui freine son activité intérieure et tend à faire baisser ses prix. Là encore, ces variations ont des effets sur le solde et sur le taux de change. Ces mécanismes n'agissent pas de la même façon à toutes les époques. Le système monétaire international dépend également du degré de flexibilité des 92 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com taux de change, le taux de change étant égal au prix d'une monnaie en termes d'une autre. Dans un système de changes parfaitement flexibles, les banques centrales n'interviennent pas du tout dans le mécanisme de marché qui détermine les prix des monnaies les unes par rapport aux autres. Elles laissent les comportements des agents privés déterminer les taux de change. Dans un système de changes fixes, chaque banque centrale choisit la parité de sa monnaie dans la monnaie-étalon et agit, si besoin est, pour ramener, sur le marché des changes, le taux de change au niveau de la parité officielle. En fait, le plus souvent, les banques centrales tolèrent des petites fluctuations autour de la parité officielle. Elles n'agissent que quand le cours atteint la limite inférieure (cours-plancher) ou la limite supérieure (coursplafond). 93 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section II: L'Étalon-Or* Le système théorique L'étalon-or est un système monétaire idéal analysé par les auteurs classiques. En fait, il n'a jamais complètement fonctionné. Il repose sur l'utilisation de l'or comme monnaie, au niveau interne et externe, et sur la fixité des changes. Le rôle de l'or En étalon-or, les monnaies de tous les pays sont définies par un certain poids d'or. Les moyens monétaires * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale"……Op., Cit. p. 150 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 601 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 587 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"……Op., Cit. p.16 94 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com utilisés sont l'or et des monnaies convertibles en or (billets, monnaies divisionnaires). La quantité d'or dont dispose la banque centrale d'un pays détermine la masse monétaire de celui-ci, à cause de la convertibilité. Ce stock d'or officiel dépend lui-même des entrées d'or dans le pays liées aux paiements de l'extérieur et des apports des particuliers qui désirent convertir l'or qu'ils possèdent en pièces dont la frappe est libre. Fixité des changes et points d'or* Supposons que le coût de transport de l'or entre pays soit nul. Dans ce cas, le taux de change d'une monnaie en une autre est égal au rapport des poids d'or des monnaies * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale"……Op., Cit. p. 151 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 552 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 455 95 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com concernées. Ceci résulte des arbitrages que les opérateurs réalisent sur le marché des changes, lorsqu'ils comparent le taux de change au prix officiel. Montrons cela sur un exemple. Supposons que la parité officielle du franc soit de 0,32 gramme d'or et que celle de la livre sterling soit de 8 grammes d'or. Le taux de change d'équilibre va être d'une livre pour 8 = 25 francs. 0,32 Si, en effet, le taux de change étant inférieur à 25 francs, valait, par exemple 22 francs, ceux qui veulent se procurer des francs avec des livres passeraient par l'or et non par le marché des changes. Avec une livre, ils obtiennent 8 grammes d'or auprès des autorités monétaires britanniques puis, avec cet or, 25 francs auprès des autorités monétaires françaises. Avec cette même livre, ils n'obtiennent que 22 francs sur le marché des changes. L'offre de livres contre francs sur le marché des changes disparaît donc, ce qui fait 96 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com remonter le prix de la livre en francs au taux officiel de 25 francs. Un mécanisme symétrique jouerait si le prix de la livre était supérieur à 25 francs sur le marché des changes. Le taux de change tend donc à revenir au pair, c'est-à-dire à un niveau égal au rapport des poids d'or. En fait, le paiement en or a l'extérieur du pays nécessite des frais de transport du métal jaune, à la charge du débiteur. Tant que le prix de la livre en francs, sur le marché des changes, est compris dans la fourchette déterminée par les coûts de transport de l'or et située autour du pair, les paiements se font en monnaies et non en or. Si le taux de change sort de cette fourchette, les paiements se font en or. Le prix de la livre en francs égal au pair augmenté du coût de transport de l'or de la France vers la GrandeBretagne est le point de sortie d'or de la France. C'est le taux au-dessus duquel les paiements depuis la France se font en 97 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com or et non en livres. Symétriquement existe un point d'entrée d'or en France. C'est le taux en dessous duquel les débiteurs préfèrent payer en or, plutôt qu'en francs. Le rééquilibre automatique des balances* En régime d'étalon-or, les balances courantes ont tendance à revenir à l'équilibre. Si, en effet, le solde courant est positif, le pays bénéficie d'une entrée d'or et/ou de sa monnaie qui fait monter les prix intérieurs et stimule l'activité. Ceci dégrade sa balance courante qui perd son excédent. Un mécanisme symétrique joue en cas de déficit. De plus, les banques centrales doivent agir sur le taux d'escompte pour résorber le déséquilibre de la balance de * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale"……Op., Cit. p. 151 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 552 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 455 98 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com base (paiements courants + mouvements de capitaux à long terme). Si celle-ci est excédentaire, la banque centrale doit abaisser le taux d'escompte, ce qui freine l'entrée des capitaux, stimule l'activité interne et provoque des importations, donc est à l'origine d'un déficit courant. Si le solde de base est déficitaire, la banque centrale doit accroître le taux d'escompte pour supprimer ce déficit. Section III: Les difficultés de l'entre-deux-guerres Après 1918, les puissances européennes ressentent la nécessité de définir un nouvel ordre monétaire international, ne reposant plus uniquement sur la livre sterling et l'or. A laconférence de Gênes de 1922, elles décident: - d'abandonner la convertibilité des billets en pièces d'or et de la limiter au lingot, qui peut être utilisé pour financer les grosses transactions internationales; 99 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com - de reconnaître officiellement les devises comme moyens de réserves pour les banques centrales, à côté de l'or. Dans ce nouveau système, qualifié de Gold Exchange Standard (étalon de change-or), les autorités monétaires ont le choix entre les changes flexibles et les changes fixes. Choisir les changes flexibles, c'est créer un climat de grande instabilité pour les intervenants sur les marchés des changes, mais c'est aussi se doter d'un instrument d'ajustement supplémentaire en cas de crise ou d'inflation. Les changes fixes suppriment le risque lié à l'incertitude, mais reportent sur d'autres variables économiques le poids des adaptations. Dans la période qui suit la fin des hostilités, les pays s'engagent dans des programmes de reconstruction nécessairement inflationnistes, compte tenu de la rareté des ressources. Pour éviter que cette inflation n'engendre de trop profonds déficits courants, les gouvernements laissent les 100 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com taux de change fluctuer, ce qui se traduit, pour certains pays, comme l'Allemagne en 1922-23, par des phases de dépréciation considérable de la monnaie nationale. Après des mesures d'assainissement monétaire (réduction du déficit public, limitation de la demande interne et de la croissance de la masse monétaire), les pays d'Europe reviennent à des parités fixes: l'Allemagne en 1923, la Grande-Bretagne en 1925 (elle choisit la parité-or de 1914), la France en 1926. La crise de 1929 conduit les pays à se protéger des influences extérieures en établissant ou renforçant les barrières à l'importation et en cherchant à se créer un avantage de compétitivité par une dévaluation ou une dépréciation de la monnaie nationale. La Grande-Bretagne abandonne les changes fixes en 1931. La chute de la livre, qui apparaît aussitôt, permet au pays de surmonter en partie la crise, en augmentant ses exportations, notamment en 101 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com direction de son empire avec qui elle ressert ses liens commerciaux. La France cherche d'abord à établir une zone de parités fixes avec paiements internationaux en or, entre un ensemble de pays européens et elle-même, le bloc-or. Devant l'aggravation du déficit commercial et du chômage et au moment de la politique de relance du Front Populaire qui déchaîne une vague spéculative contre le franc, le gouvernement procède à une forte dévaluation (36%). Celleci permettra une certaine reprise de la production. Les EtatsUnis laissent flotter le dollar au moment du New-Deal, puis stabilisent la parité au taux de 35 dollars l'once d'or, en janvier 1934. Ce taux et l'ensemble des réformes économiques adoptées permettent aux Etats-Unis de retrouver progressive-ment le chemin de la prospérité. 102 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section IV: Le système de bretton-woods* Le système monétaire international mis en place en 1944 à la conférence de Bretton-Woods vise à éviter l'instabilité et l'anarchie qui caractérisent les relations monétaires de l'entre-deux-guerres. Il repose sur la fixité des changes et sur l'utilisation du dollar américain comme monnaie internationale. Des difficultés de fonctionnement apparaissent dés la décennie 1960. il est abandonné en 1973, après deux années de crise. * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale"……Op., Cit. p. 153 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 608 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 595 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"……Op., Cit. p.18 103 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Les principes* Tenue en juillet 1944 à Bretton-Woods (Etats-Unis), la conférence rassemble quarante-quatre nations qui vont s'accorder pour adopter un système de changes fixes et un système où toutes les monnaies peuvent être utilisées, conjointement avec l'or (Gold Exchange Standard = étalon de change-or). 1. Parités fixes Chaque pays choisit une parité. La monnaie est définie en or ou en dollars des Etats-Unis, le dollar étant luimême rattaché de façon fixe à l'or, au taux de 35 dollars * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale"……Op., Cit. p. 154 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 552 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 651 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"……Op., Cit. p.18 104 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com l'once, parité de 1934. Le taux de change d'une monnaie en une autre est fixe et égal au rapport des quantités d'or ou de dollars qui caractérisent chacune d'entre elles. 2. Les moyens de paiement L'étalon retenu pour la définition des monnaies est l'or ou le dollar. Les moyens de paiement internationaux sont l'or et les devises. Le dollar est, de fait, la devise la plus utilisée dans les transactions internationales, en raison, notamment, de la puissance économique des Etats-Unis, du rôle de monnaiepivot du dollar et de sa convertibilité en or. 105 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com 3. Les mécanismes de coopération monétaire internationale* Le texte instaure un Fonds Monétaire International (FMI) qui, au départ, n'est pas une banque supranationale (qui serait capable de créer des moyens de paiement internationaux), mais un simple intermédiaire financier. Il recueille les fonds déposés par les états membres et prête ces fonds aux pays qui en font la demande. Chaque Etat doit verser au FMI une certaine somme, sa quote-part, constituée pour un quart d'or et pour trois quarts de sa propre monnaie. L'importance de la quote-part dépend de la puissance économique du pays, au regard, en particulier, de sa place dans les échanges mondiaux. Cette quote-part est révisable tous les cinq ans. Au moment de la signature, l'ensemble des pays développés détient plus de * Voir: - Bernard Guillochon "Économie internationale"……Op., Cit. p. 154 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"……Op., Cit. p.189 106 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com 50% des fonds déposés, les Etats-Unis ayant une quote-part supérieure au cinquième du total. Les prêts accordés à un pays sont proportionnels à sa quote-part. Le FMI consent aux autorités monétaires qui le demandent des prêts sans aucune restriction s'ils correspondent à la tranche-or et, après examen, s'ils sortent de la tranche-or. Il peut prêter jusqu'a 125% de la quotepart. Des crédits supplémentaires (Stand-by Arrangements) peuvent être également consentis. Section V: Le temps du flottement impur* Depuis 1973, on se trouve dans un système de flottement impur (Dirty float), où la flexibilité des taux de * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale"…Op., Cit. p. 157 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 79 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 705 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"…Op., Cit. p.95 107 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com change n'est pas totale. En effet, certains pays forment des zones de parités fixes (comme le Système Monétaire Européen) et les banques centrales, même si elles ne déclarent aucune parité, interviennent sur les marchés des changes quand elles jugent que les mouvements des cours sont excessifs. Les défenseurs des changes flexibles faisaient valoir, dans la période antérieure à 1973, que le marché ferait apparaître les cours d'équilibre et révélerait les véritables préférences des opérateurs. Ils mettaient également en avant le caractère stabilisant de la spéculation en régime de changes flottants. En fait, aucune stabilité n'est apparue. Les taux de change ont connu des phases longues d'appréciation ou de dépréciation, mais jamais de stabilité, et les oscillations à court terme autour des évolutions longues ont été plus intenses que prévu. Nous préciserons quels sont les 108 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com facteurs d'instabilité, avant de distinguer les principales phases dans l'évolution. 1. Les facteurs d'instabilité L'échange des monnaies se fait pour des raisons commerciales (achat ou vente de biens et services) et financières (placements pour obtenir des gains en capital et/ou des revenus). Les années soixante-dix et quatre-vingts sont caractérisées par l'importance croissante des transactions financières sur les marchés des changes. Or ces opérations ont un caractère fortement spéculatif qui provoque l'instabilité des cours et permet à des processus cumulatifs de se mettre en place. Les anticipations de hausse (ou de baisse) alimentent la hausse (ou la baisse), alors même que les caractéristiques réelles des économies (croissance, inflation, chômage, salaires) ne justifient pas de telles évolutions. Le poids des facteurs financiers se voit 109 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com dans le fait que l'évolution des taux d'intérêt, en liaison avec les politiques monétaires, prend une place prééminente, sinon exclusive, dans les déterminants des taux de change, depuis 1973. Les anticipations des intervenants prolongent l'évolution constatée ou la renversent, selon les moments. Elles sont influencées par l'état de l'équilibre macroéconomique des pays, en particulier par le solde courant et le déficit public, par les événements politiques et par les déclarations des gouvernements, lorsqu'ils se réunissent pour des conférences monétaires internationales. Mais il n'existe, en ce domaine, aucune causalité bien établie. Ainsi, le déficit courant et le mauvais état des finances publiques des Etats-Unis provoquent la faiblesse du dollar de 1973 à 1978, mais, en revanche, ne l'empêchent pas de s'apprécier constamment à partir de 1981 et d'atteindre des sommets historiques au début de 1985. De même, les accords du Plaza (septembre 1985) provoquent bien la baisse du dollar souhaitée par les responsables 110 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com gouvernementaux; mais, par contre, les accords du Louvre (février 1987) n'ont pas les effets attendus. Par ailleurs, les énormes mouvements des taux de change devraient influencer fortement les soldes courants. En particulier, la dépréciation d'une monnaie engendrant, toutes choses égales par ailleurs, un abaissement du prix des biens exportables en termes de devises étrangères, devrait provoquer une réduction de déficit courant ou une apparition d'excédent courant. Là encore, la période actuelle donne des exemples contraires. Les Etats-Unis, malgré la forte dépréciation du dollar entre 1985 et 1991, gardent leur déficit courant. Celui-ci se réduit, certes, mais lentement et tardivement. 111 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com 2. Faiblesse du dollar et abondance de liquidités* (1973-1978) De 1973 a 1978, la monnaie américaine se déprécie par rapport aux monnaies européennes, puis par rapport au yen, malgré la hausse du prix du pétrole en 1973 et 1974, qui ne stimule que temporairement la demande de dollars. La faiblesse du dollar, en moyen terme, vient de la défiance des opérateurs à l'égard des choix économiques du gouvernement américain (excès de croissance monétaire et déficit public) et de la faiblesse des taux réels aux EtatsUnis, qui limite les placements dans cette monnaie. * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale"……Op., Cit. p. 158 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 644 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 713 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"…Op., Cit. p. 95 112 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Au laxisme monétaire des Etats-Unis correspond une abondance de liquidités internationales que le système bancaire utilise pour des prêts aux pays de l'OCDE et aux pays en développement. La communauté internationale redécouvre les changes flexibles, déjà expérimentés dans les années vingt. Leur instabilité alimente une spéculation plutôt déstabilisante, mais permet d'isoler les conjonctures des influences externes, ce qui parait utile dans cette période de marasme économique qui suit le premier choc pétrolier. Finalement, la pratique des changes flexibles est entérinée par l'accord signé par les membres du FMI à la Jamaïque en janvier 1976. Dans cet accord, les changes flottants sont acceptés, l'or perd son rôle de moyen de paiement officiel et le droit de tirage spécial (DTS) devient le numéraire. Le DTS est un instrument de paiement créé en 1967, réservé aux opérations entre banques centrales des pays membres du 113 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com FMI. Chaque banque centrale reçoit une dotation en DTS proportionnelle à sa quote-part, un DTS permettant d'obtenir automatiquement des crédits en devises auprès des autres banques centrales. Le renforcement du rôle du DTS par les accords de la Jamaïque restera un phénomène mineur par rapport aux événements de la décennie 1980. 114 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre V L'Europe Monétaire 115 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre V L'Europe Monétaire* Du système monétaire européen à l'euro Le traité de Rome de 1957, acte fondateur de la CEE, prévoit la formation d'une zone monétaire où les taux de change sont fixes, où les politiques macroéconomiques sont harmonisées et ou la circulation des capitaux entre pays membres est libre. Mais aucun moyen n'est prévu et l'existence d'une monnaie unique n'est pas évoquée. * Voir: - - - Bernard Guillochon "Économie internationale"……Op., Cit. p. 162 Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 705 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 550-555 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"…Op., Cit. p. 115 J.P. PATAT (1990), L'Europe monétaire, Collection "Repères", Paris, La Découverte. P. MAILLET et P. ROLLET (1991), Intégration économique européenne, théorie et pratique, Collection "Nathan Supérieur/Economie", Paris, Nathan. 116 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section I: Les principes du SME Le SME repose sur une monnaie, l'écu, sur la fixité des changes et sur la coopération. Il regroupe les douze pays de la CEE, depuis le 16 juin 1989: l'Allemagne, la France, l'Irlande, la Grande-Bretagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, le Danemark, l'Espagne, le Portugal et la Grèce. L'écu, monnaie-étalon L'écu (European Currency Unit) est d'abord un panier de monnaies des pays membres. Il est donc défini par des quantités des diverses monnaies, chaque quantité traduisant le poids économique du pays au sein de la Communauté, compte tenu du pouvoir d'achat de chaque unité monétaire dans son pays. En juin 1993. La valeur de l'écu en l'une des monnaies qui le composent est obtenue à partir de ces quantités et des taux de change des diverses monnaies les 117 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com unes par rapport aux autres. Cette valeur varie quotidiennement, puisque les taux de change fluctuent. Mais ces variations sont limitées, tant que les taux de change restent eux-mêmes dans les fourchettes fixées par le SME et égales a + 2,25% autour du cours central. Le poids de chaque monnaie dans l'écu est égal au rapport de la quantité de la monnaie dans l'écu, à la valeur de l'écu dans cette monnaie, compte tenu des taux de change du jour. Au début de 1993, le poids du deutsche mark est d'environ 32%, celui du franc français d'environ 20%; celui de la livre sterling et du florin d'environ 10%. Chaque Etat fixe, pour sa monnaie, un cours-pivot (ou cours central) en écus. L'écu est donc la monnaie-étalon permettant la définition de toutes les autres. Le rapport de deux cours-pivots est égal au taux de change central d'une monnaie en termes d'une autre. On peut, par exemple, obtenir le taux central du deutsche mark en termes de francs 118 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com français en faisant le rapport du cours-pivot de l'écu en francs au cours-pivot de l'écu en deutsche mark. Section II: L'Euro monnaie unique* Un premier projet d'union monétaire européenne avait été élaboré, a la fin de années 70, par le très ambitieux rapport Werner, qui prévoyait, de façon un peu audacieuse, le passage à l'union monétaire avant 1980! L'instabilité du système monétaire international, dès le début des années 70, a rendu ce projet inapplicable. L'idée d'Union économique et monétaire (UEM) a été relancée, dans le prolongement de l'Acte unique, à partir de 1988-1989, sur la base du Rapport Delars qui prévoyait trois étapes, dont la première consistait * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 705 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 755 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"……Op., Cit. p.130-135 119 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com à adopter, en 1990, la libre circulation des capitaux et à créer une conférence gouvernementale. Celle-ci aboutit en fait au traité de Maastricht qui fut adopté en 1991, et signé et ratifié en 1992. la troisième étape commencera avec l'adoption de la monnaie unique, la deuxième constituant une période de transition. A la base, l'union monétaire se traduit par la mise en place d'une monnaie unique, l'euro, qui se substitue aux monnaies des pays qui adhèrent à l'union monétaire. Bien évidemment, la monnaie unique implique une politique monétaire unique et une politique de change unique à l'égard des monnaies tierces. Section III: Le passage à la monnaie unique Le traité de Maastricht prévoyait le passage à l'union monétaire en 1997 - ce qui ne s'est pas réalisé - ou en 1999 pour les pays respectant les cinq "critères de convergence". 120 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com - le taux d'inflation ne doit pas dépasser de plus de 1,5% celui des trois pays les plus performants en matière de stabilité de prix; - le taux d'intérêt à long terme ne doit pas dépasser de plus de 2% celui des trois pays les plus performants en matière de stabilité de prix. Ces deux critères visent, d'une part, à éviter que les pays entrant dans la zone euro ne soient brutalement soumis à des baisses de taux d'intérêt et de prix et, d'autre part, à ce que la zone euro se fasse autour des pays les plus rigoureux en matière de lutte contre l'inflation: la convergence s'opère non sur la moyenne, mais sur la rigueur monétaire. - le troisième critère, participer à la zone normale du régime de change du SME a été vidé pratiquement de son contenu avec le passage à des marges de fluctuation élargies a plus ou moins 15%. 121 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Ce sont les deux derniers critères, ceux qui concernent les finances publiques et les "déficits publics excessifs", qui, à la fin des années 90, posent le plus de problèmes: - le déficit public ne doit pas excéder 3% du PIB; - la dette publique ne doit pas être supérieure à 60% du PIB. Jusqu'au dernier moment, la fin 1997 et le début 1998, les pires hypothèses ont été envisagées concernant l'application des critères de Maastricht et le passage à la monnaie unique. Non seulement le passage, dès le premier janvier 1997, n'a pas pu être réalisé, d'autant qu'il supposait, à la fois, le respect par une majorité de pays des critères de convergence et un vote politique, mais le passage à la monnaie unique est apparu, aux yeux de nombreux observateurs, comme problématique pour 1999. De 1993 a la fin de 1997, le respect par un grand nombre de pays des critères de 122 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com convergence du traité de Maastricht paraissait à la fois peu probable et dangereux. La récession a rendu le respect des critères de Maastricht difficiles et coûteux, surtout les deux critères de finances publiques (dette publique inférieure a 60% du PIB et surtout déficit public inférieur à 3% du PIB). Contrairement à la plupart des prévisions, le sommet de Bruxelles de mai 1998 entérine un passage à la monnaie large sans que l'appréciation des critères de convergence n'aient fait l'objet d'une lecture politique: onze pays sélectionnés dont l'Italie, l'Espagne et le Portugal, pays qualifiés par certains dirigeants allemands de pays du "club med". Les critères ont ainsi été respectés: seul le critère de dette publique inférieure à 60% a fait l'objet d'une interprétation large, deux pays, l'Italie et la Belgique, dépassant le chiffre de 120%. C'est un grand volontarisme politique, notamment, dans les pays marqués par un taux d'inflation élevé et un déficit public important qui a permis 123 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com de réduire fortement les déficits publics, mais la volonté politique n'explique pas tout: sans la reprise de la croissance, le seuil fatidique de 3% n'aurait pu être atteint; en effet le ratio déficit public sur PIB est extrêmement dépendant de l'état de la conjoncture économique. 124 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre VI Le Fonds Monétaire International (FMI) et la régulation du système financier international 125 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre VI Le Fonds Monétaire International (FMI) et la régulation du système financier international* Le rôle du FMI Parallèlement au développement accéléré du système financier international privé constitué de grandes banques et de marchés de capitaux, le rôle du FMI dans le financement de l'économie mondiale s'est renforcé. Plus précisément, il est aujourd'hui une institution financière qui participe à la dynamique globale du système financier international. * Voir: - - Bernard Guillochon "Économie internationale", DUNOD, Paris, 1993. p. 154. Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale". Traduit de l'anglais par Achille Hanne quart et Fabienne Le loup, deuxième édition française 3e tirage 1998 – Département De Boeck Université – Paris, Bruxelles. p. 787 Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations". Nathan / HER 2000 Paris. P.189. 126 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Cependant, d'une manière peut-être paradoxale, malgré un rôle relativement mineur dans le financement direct des déséquilibres des paiements, le Fonds joue un rôle politique déterminant dans la gestion des crises des pays émergents. Section I: Le drainage des fonds: l'insuffisance de dépôts relayés par d'autres ressources A. Les dépôts des pays membres A l'origine, le FMI est un "fonds" et non une banque, comme les négociateurs britanniques de Bretton-Woods, et à leur tête J.M. Keynes, l'auraient souhaité. Ceci implique l'existence de ressources préalables pour l'octroi de crédit, alors qu'une banque peut, par définition, créer des liquidités nouvelles en anticipant sur la production et les échanges futurs. 127 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Dans ce dispositif, les "quote-parts" attribuées à chaque pays membre, en fonction de sa place dans l'économie mondiale, jouent un rôle déterminant. Elles permettent de définir le niveau des dépôts au FMI et les crédits dont bénéficient les membres. Surtout, les différents organes du FMI, Conseil des gouverneurs et Conseil d'administration, reposent sur un système de nombre de voix par pays, qui varie en fonction des quotes-parts; le FMI s'apparente donc à une société par actions, au sein de laquelle chaque actionnaire a un pouvoir proportionnel à son apport en capital. Le FMI fonctionne donc comme une "cagnote", approvisionnée par les dépôts en or (puis en devises, à partir des accords de la Jamaïque de 1976) - pour 25% - et en monnaie nationale des pays membres - pour 75% de la quote-part. 128 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com B. Les allocations de Droits de tirages spéciaux (DTS) La création de DTS à la fin des années 60 reflète, d'une part, les besoins croissants en liquidités internationales qui ne peuvent être couverts par les mécanismes financiers existants et, d'autre part, la volonté de compléter le système de crédits conditionnels et remboursables des Droits de tirages normaux (DTN) par la procédure plus souple des allocations de DTS. Le DTS est une liquidité internationale créée par le FMI et allouée aux pays membres en fonction des quotes-parts, dans le but d'alimenter leurs réserves. En 1999,29 milliards de dollars (qu'il faut comparer aux 193 milliards de dollars déposés par les pays membres) ont été alloués en six allocations, la dernière remontant à 1981. La logique des DTS est ainsi radicalement différente de celle des DTN. D'une part, les liquidités fournies ne proviennent d'aucun dépôt préalable, mais d'une création "ex nihilo" par le FMI. D'autre part, ces ressources ne doivent pas être 129 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com remboursées. Ces deux caractéristiques sont résumées par la notion d' "allocation", différente de celle de prêt. Le DTS est ainsi, au même titre que l'or, les devises et les avoirs en compte au FMI, un instrument de réserve. Les avoirs en DTS sont rémunérés par un taux d'intérêt. Afin de rendre cet actif plus attrayant, les taux d'intérêt sont, depuis 1983, définis en fonction des taux du marchés des créances à court terme. Les pays membres peuvent utiliser des DTS de différentes façons. La conversion en devises s'opère dans des transactions entre le Fonds et les pays membres ou dans le cadre d'une "transaction avec désignation" auprès d'un pays membre désigné par le FMI - en particulier lors de remboursements de DTN. Les DTS peuvent être aussi utilisés directement entre pays membres pour différents types d'opérations: acquisition de devises, opérations à terme, octroi de crédits, règlement de dettes. 130 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Le DTS est en outre une unité de compte. Section II: Le FMI, un organisme de crédit international Quand un pays membre effectue un tirage sur le FMI, il achète avec sa propre monnaie des monnaies d'autres pays membres ou des DTS ("achat"). Un tirage se traduit par un accroissement des avoirs du FMI en monnaie du pays qui effectue le tirage et en une diminution de DTS et des monnaies demandées; on peut donc dire qu'au sein du FMI, "la mauvaise monnaie chasse la bonne" et qu'il peut naître un risque d'il liquidité sur certaines devises. Le pays membre s'engage dans un délai de 3 à 5 ans de faire l'opération inverse, en rachetant sa propre monnaie et en livrant des DTS ou des devises désignées par le FMI, opération qualifiée de "rachat". Un pays membre dispose d'une tranche de réserve au Fonds, dans la mesure où les avoirs du fonds dans son unité monétaire sont inférieurs à sa quote-part. Concrètement, un 131 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com pays a, à l'origine, 75% de sa quote-part en monnaie nationale. Deux types d'opérations peuvent faire varier ce niveau: - à l'initiative du pays membre, s'il utilise cette tranche, le montant en monnaie nationale augmente; - à l'initiative des autres pays membres: lorsque un pays demande de la monnaie concernée (exemple le franc), le montant de cette monnaie baisse (les avoirs en francs), ce qui accroît les possibilités de tirage du pays (la France). Les tirages dans le cadre des tranches de réserves sont automatiques et ne constituent pas véritablement un crédit (pas de commission ni d'obligation de rachat). Au-delà de la tranche de réserve, existent plusieurs types de crédit, chacun s'accompagnant de règles d'octroi spécifiques: un pays peut tirer dans quatre tranches de crédit, chacune équivalant à 25% de sa quote-part, et peut bénéficier d'autres 132 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com mécanismes financiers. Le pays membre peut obtenir sous forme de crédit jusqu' a six fois sa quote-part. Ainsi, on peut schématiser l'évolution de la fonction du FMI au cours des dernières années. Dans un premier temps, il joue le rôle d'un pourvoyeur. SECTION III: LES DTS ET LEUR PLACE DANS LES RESSOURCES Le DTS comme unité de compte* Le flottement des monnaies et l'abandon du dollar comme étalon international ont conduit le FMI à recourir à une unité de compte propre. Le nom choisi a été celui de DTS (en anglais SDR), sans qu'il y ait de lien évident entre la procédure des allocations et l'unité de compte. La valeur * Voir: - Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"...Op., Cit. p. 194 133 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com du DTS s'est émancipée de celle du dollar a l'origine défini comme le dollar par une fraction d'once d'or (1/35 e), le DTS est défini en 1974 par un panier de 16 monnaies et en 1981 le panier est réduit aux cinq principales monnaies. La pondération, revue en 1991, est la suivante: dollar (39%), mark (21%), yen (18%) et livre sterling et franc français (11% chacun). La valeur du DTS est donc variable. Le DTS est donc, pour le FMI, unité de compte et instrument de comptabilisation pour les statistiques élaborées par le FMI. En outre, certains pays (4, dont l'Iran et la Libye) l'utilisent comme étalon de référence de la valeur de leur monnaie. Enfin, deux contrats privés et des traités internationaux se référent au DTS. 134 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section IV: La conditionnalité, expression du pouvoir du FMI sur les pays déficitaires* Quantitativement insuffisantes pour couvrir les besoins de financement des PVD, les interventions du FMI sont contestées dans leurs objectifs et leurs formes. Elles ont en effet été assorties de conditions très strictes de politique économique qui peuvent compromettre la croissance des pays bénéficiaires et renforcer les inégalités. En vertu de la "conditionnalité", un programme de politique économique est élaboré par les experts du Fonds et son acceptation par le pays conditionne l'octroi du crédit; en outre, en cas de réalisation insuffisante du plan, le Fonds suspend ses crédits. Les contributions du FMI sont assorties de conditions d'autant plus contraignantes que le montant du crédit est élevé. La part des prêts soumis a un degré élevé de conditionnalité est passée de 50% en 1979 à 90% en 1985. * Voir: - Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"...Op., Cit. p. 195 135 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Le contenu des politiques d'ajustement* Les politiques préconisées sont, en général, de trois types: - le réajustement monétaire: la dévaluation vise à rendre les produits nationaux plus compétitifs et à renchérir, et donc dissuader, les importations; - l'austérité interne: la contraction de la demande interne est recherchée par des mesures restreignant les dépenses budgétaires et la consommation des ménages. La contraction du déficit public est obtenue principalement par les limitations de dépenses, mais aussi par des hausses d'impôts. L'action sur la demande des ménages prend la forme d'une rigueur salariale et d'une politique de "vérité des prix": en raison de la suppression des subventions, les prix correspondent mieux aux coûts, mais le coût de la vie augmente fortement. L'exemple le plus éloquent en * Voir: - Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"...Op., Cit. p. 197 136 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com est la détaxation du prix du pain adoptée fréquemment a l'instigation du FMI; - la libéralisation de l'économie est mise en oeuvre dans les rapports avec l'extérieur: ouverture aux produits - remise en cause des mesures protectionnistes - et aux capitaux étrangers limitation du contrôle des changes. Mais elle se traduit aussi par la réduction du rôle de l'État dans l'économie: réduction des subventions et vérité des prix, privatisations, réduction des dépenses publiques. Section V: La régulation du système financier international à la fin des années quatre-vingt-dix Dans la deuxième moitié des années 90, le FMI est confronté à de nouvelles crises, essentiellement financières et touchant des pays émergents, et se traduisant par des retraits brutaux de capitaux d'un pays, entraînant une chute de la monnaie, une crise des marchés de capitaux et des 137 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com faillites bancaires. Le FMI intervient au profit du Mexique en 1995, à la demande du gouvernement mexicain après l'échec de l'intervention des États-Unis en 1997, c'est le tour des pays asiatiques: la Thaïlande fait appel au FMI en juillet, l'Indonésie en octobre et la Corée en novembre. Ses interventions ont été massives et pour partie inefficaces. Il s'en est suivi de vives critiques qui ne doivent pas masquer que, au cours de la dernière période, l'ampleur des interventions du FMI et les appels spontanés d'États en difficultés s'inscrivent en rupture avec le passé, lui conférant une crédibilité qu'il n'avait pas et le consacrant comme pièce maîtresse du système financier international. 138 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section VI: Les crises du système financier et monétaire* L'instabilité des relations monétaires et financières depuis la fin des années 60 s'inscrit dans une crise mondiale aux visages multiples. La récession, le chômage massif, les déficits publics constituent les formes majeures des bouleversements des enchaînements macroéconomiques, au moment où les mutations touchant les processus de production et la division du travail - dans l'entreprise, la société comme au niveau international - peuvent être interprétés en termes de troisième révolution industrielle. Le glissement des échanges mondiaux vers le Pacifique, la montée du protectionnisme non tarifaire et l'essor du bilatéralisme sont les expressions les plus patentes de la crise des échanges internationaux; en outre, le progrès du * Voir: - Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"...Op., Cit. p. 29 139 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com commerce de compensation, en restaurant le troc, restreint le rôle de la monnaie et des banques dans l'échange. Dans ce contexte, le système financier et monétaire est soumis à différents types de "crises". Les crises monétaires se traduisent par des fièvres spéculatives qui conduisent à une redéfinition des cours des monnaies, soit par la dépréciation (ou l'appréciation) brutale d'une monnaie, soit par le réaménagement de grilles de parités dans le SME. Les crises monétaires peuvent consister en un simple - et sain - ajustement, lorsqu'elles corrigent des taux de change antérieurs décalés par rapport à la réalité économique, mais elles comportent, le plus souvent, une dimension spéculative qui contribue plus à l'aggravation des déséquilibres qu'à leur résorption. Surtout, la récurrence des crises récentes, qui portent sur le dollar, tient à ce que, en l'absence d'ajustement de l'économie 140 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com américaine, les taux de change sont soumis à des pressions contradictoires. Les crises boursières, les "krachs", se traduisent par des baisses brutales du cours des actions sur les marchés boursiers et résultent de la conjonction de différents facteurs. Ainsi, dans un contexte de déséquilibres financiers massifs, la baisse brutale et cumulative des cours en octobre 1987 est liée à l'explosion de "bulles spéculatives" dont le mouvement a été amplifié par les mutations des circuits de financement. Si l'histoire récente a été dominée par de fréquentes crises monétaires, et par l'association d'une crise boursière et d'une crise monétaire en octobre 1987, il faut rappeler que, depuis le début des années 80, se manifeste une crise financière latente et plus profonde. Cette crise s'est traduite, jusqu'ici, par la crise de l'endettement, l'affirmation brutale de l'insolvabilité de certains pays et la 141 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com recherche de solutions passant à la fois par des techniques financières et par l'adoption de politiques d'ajustement. Le surendettement a plus affecté les résultats des banques que leur existence: en effet, si l'insolvabilité des débiteurs n'a pas débouché jusqu'a présent sur des faillites bancaires en cascade, on ne peut exclure le scénario selon lequel une crise du système bancaire - entraînant dans son sillage, comme en 1929, un krach boursier-résulterait de la crise de l'endettement. 142 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre VII Déséquilibres économiques et financiers Les mutations de l'épargne mondiale 143 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre VII Déséquilibres économiques et financiers Les mutations de l'épargne mondiale* La situation du système financier mondial reflète, non seulement les désordres propres au système financier et monétaire, mais aussi les déséquilibres des relations économiques internationales. En effet, le système financier s'articule autour du mode de formation de l'épargne au * Voir: - - - Bernard Guillochon "Économie internationale", DUNOD, Paris, 1993. p. 148-161. Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale". Traduit de l'anglais par Achille Hanne quart et Fabienne Le loup, deuxième édition française 3e tirage 1998 – Département De Boeck Université – Paris, Bruxelles. p. 739 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale." Traduit de l'américain par Philippe de Lavergne du livre publié par Richard D. Irwin, 1996. Ed. Economica 1997, pour la traduction française p. 575. Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations". Nathan / HER 2000 Paris. p.53. 144 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com niveau mondial et de ses canaux de circulation entre les espaces nationaux. Une économie a un besoin de financement, lorsque l'insuffisance de l'épargne nationale doit être compensée par un recours à des ressources extérieures. Dès lors, l'étude des besoins et des capacités de financement, à travers les balances des opérations courantes, fait apparaître des pôles d'alimentation et de pompage de l'épargne mondiale. L'évolution du système financier international se lit, ainsi, à la lumière des transformations touchant ces pôles et des mécanismes de drainage les reliant les uns aux autres. 145 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section I: Des circuits dominés par les excédents pétroliers* Le premier choc pétrolier et les "créanciers spontanés": le développement d'une "économie mondiale d'endettement" La crise pétrolière de 1973 s'est accompagnée d'un mode d'ajustement par l'endettement, alimenté par le recyclage des excédents de l'OPEP. Il a en effet gonflé simultanément les capacités de financement des pays exportateurs de pétrole, et les besoins de financement des pays importateurs, qu'il s'agisse de pays développés ou de pays en voie de développement, et plus particulièrement des nouveaux pays industrialisés. La première crise pétrolière a donc entraîné une modification du partage du revenu mondial au profit des * Voir: - Bernard Guillochon "Économie internationale"...... Op., Cit. p. 148-161 - Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"…Op., Cit. p.53 146 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com pays exportateurs de pétrole (en particulier les pays de l'OPEP). L'impact sur l'économie mondiale de cette redistribution dépend de la "capacité d'absorption", c'est-àdire de la plus ou moins grande propension à importer de ces pays. Or la capacité d'absorption des pays exportateurs de pétrole est globalement faible, en raison de la taille de la population relativement réduite pour certains d'entre eux (Emirats, Arabie développement Saoudite...) jusqu'alors et des modes de initiés. Il s'ensuit une augmentation du taux d'épargne mondial. L'épargne ainsi libérée est massivement placée auprès du système bancaire international et reprêteé par lui aux pays à besoin de financement. Les pays de l'OPEP sont ainsi devenus des créanciers spontanés, fournissant 80% de la contrepartie des déficits mondiaux. 147 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Du deuxième choc pétrolier à la crise de 1982: La fin des créanciers spontanés Le début des années 80 connaît une modification très importante dans les procédures d'ajustement financier. Les changements tiennent à l'évolution des rapports de force internationaux, aux stratégies des agents - entreprises et banques - et aux politiques économiques mises en œuvre. Le deuxième choc pétrolier résulte d'une nouvelle vague d'augmentation du prix du pétrole en 1979-1980, qui provoque une modification spectaculaire de la structure de l'offre et de la demande d'énergie et, conjointement, des rapports entre les différents protagonistes. Entamée en 1979, la baisse de la consommation de pétrole se poursuit jusqu'en 1983, en raison d'une réduction de l'intensité énergétique de l'activité (consommation de pétrole par unité produite), du développement d'énergies alternatives et d'un ralentissement de la croissance économique, qui réduisent les besoins 148 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com énergétiques des pays développés, comme des pays en voie de développement Section II: Des déséquilibres accrus au Nord et des transferts croissants en provenance du Sud* Le retournement de la situation américaine et le nouveau rôle financier du Japon Les pays industrialisés, qui étaient, de 1974 a 1979, emprunteurs nets sur les marchés internationaux de capitaux, retrouvent, à partir de 1981, leur rôle traditionnel de fournisseur de fonds sur ces marchés; c'est le cas en particulier du Japon et de l'Allemagne qui enregistrent, à partir de 1982, des excédents croissants. * Voir: - Bernard Guillochon "Économie internationale"...... Op., Cit. p. 148-161 - Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"…Op., Cit. p.53 149 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Les États-Unis, quant à eux, octroient, en 1982, pour 150 milliards (Md) de dollars de créances nettes aux pays déficitaires. Mais, très rapidement, leur fonction d'alimentation décroît pour disparaître, à telle enseigne qu' à partir de 1985, les États-Unis se trouvent, pour la première fois depuis. 1918 dans la position de etebiteur net du reste du monde pour 60 milliards de dollards le stock de dettes, nourri par les déficits, atteint 5325 (Md) a la fin 1988. Quand L'Europe Et Le Japon Financent Les Etats-Unis Les États-Unis, qui avaient presque renoué avec l'équilibre au début des années 90, enregistrent un déficit extérieur croissant depuis 1992. Parallèlement, l'Europe accumule un excèdent courant. Quant au Japon, il est structurellement excédentaire depuis le début des années 80. La France contribue aujourd'hui largement à l'excèdent européen: le solde positif de sa balance courante a presque 150 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com doublé en 1997 et frôle désormais les 40 milliards de dollars. Concrètement, cela signifie que les États-Unis, qui dépensent plus qu'ils ne gagnent, sont structurellement emprunteurs, tandis que l'Europe et le Japon vivent en dessous de leurs moyens et prêtent au reste du monde leur surplus d'épargne D'un point de vue comptable, un déséquilibre de la balance des transactions courantes reflète un écart entre le taux d'investissement et le taux d'épargne national. Ainsi, les États-Unis, portes par une croissance soutenue de l'activité depuis 1992, affichent un taux d'investissement élevé. Or, leur taux d'épargne est structurellement faible, car les ménages dépensent l'essentiel de leur revenu: il s'élève à seulement 6%, contre 10% en Europe et 13% au Japon. A l'inverse, l'Union européenne et surtout le Japon, qui ne parviennent pas à sortir leur économie de la léthargie, investissent peu. Ils se retrouvent donc avec des excédents 151 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com commerciaux en progression (puisqu'ils importent peu) et un excèdent de la balance des transactions courantes en hausse. La progression du taux d'épargne au Japon et en Europe accentue encore cette situation. Section III: L'articulation entre le financier et l'économie* Le primat du financier L'étude des balances des opérations courantes éclaire nettement le fonctionnement du système financier international et ceci a deux points de vue. D'une part, si l'on envisage l'économie mondiale dans sa totalité, aux excédents commerciaux des uns correspondent les déficits des autres, aux capacités de * Voir: - Bernard Guillochon "Économie internationale"...... Op., Cit. p. 148-161 - Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"…Op., Cit. p.53 152 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com financement des premiers, correspondent les besoins de financement des seconds - mêne si, d'un point de vue statistique, il n'est pas possible de retrouver cette stricte équivalence. D'autre part et surtout, déséquilibres économiques et déséquilibres financiers sont en étroite relation. Une première manière d'en envisager I 'articulation consiste a considérer que les déséquilibres commerciaux et, plus généralement, les déséquilibres des opérations courantes, doivent être comblés par des opérations financières et monétaires de sens inverse. Par exemple, un pays connaît pour des raisons de compétitivité un déficit qu'il doit combler par endettement ou prélèvement sur ses réserves. De façon analogue, des excédents commerciaux donnent la possibilité à un pays d'exporter des capitaux. Dans cette perspective, l'enchaînement s'opère des variables économiques vers les variables monétaires et le financier est 153 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com envisagé comme un moyen de régler des déséquilibres de nature économique Cette vision, qui assigne un rôle secondaire, un rôle d'ajustement, aux relations financières, tend a être remise en cause dans le passé récent. On interprète souvent l'équilibre extérieur à la lumière des besoins et des capacités de financement des agents économiques Section IV: La pénurie d'épargne mondiale ? Au début des années 90, s'est développée la thèse d'un déséquilibre entre l'épargne et l'investissement à l'échelle du monde, de la pénurie de l'épargne mondiale. Plusieurs arguments ont été développés à l'appui de cette thèse, même si la théorie du cycle de vie, selon laquelle les jeunes s'endettent, les adultes épargnent et les retraités désépargnent, laisse prévoir, compte tenu de révolution 154 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com démographique des pays du Nord, une certaine reprise à terme de l'épargne des ménages: — l'inertie de la consommation des ménages, dans un contexte de croissance ralentie des revenus réels, qui tend à peser défavorablement sur l'épargne; — l'augmentation généralisée de l'endettement, qu'il s'agisse des ménages des entreprises ou des administrations ; — la hausse des taux d'intérêts réels pèse sur les profits et épargne des entreprises; — les restructurations des pays de l'Europe de l'Est s'accompagnent d'un énorme besoin de financement. Pourtant, le constat de la montée des déséquilibres doit être nuancé: par construction, au niveau mondial, la balance courante globale est équilibrée, la montée des déficits d'un groupe de pays s'accompagnant de surplus financiers d'autres pays, même si, au niveau statistique, les 155 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com besoins de financement dépassent les capacités d'un montant de 72 milliards de dollars en 1989! Au total, la thèse de la pénurie de l'épargne mondiale a le mérite de souligner le problème des déséquilibres régionaux entre épargne et investissement, mais elle tend à occulter la dimension qualitative du financement: la structure de l'épargne et son adéquation aux besoins de financement comptent tout autant que son niveau.* * Voir: - Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations"…..Op., Cit. p.62-63 156 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre VIII Les pays en développement: dette, stabilisation et réforme 157 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Chapitre VIII Les pays en développement: dette, stabilisation et réforme* Depuis le début des années 1980 cependant, les problèmes macroéconomiques des pays pauvres ont été à l'avant-plan des préoccupations en ce qui concerne la stabilité et l'avenir de l'économie internationale. Pendant pratiquement les quatre décennies qui ont suivi la seconde * Voir: - - - Bernard Guillochon "Économie internationale", DUNOD, Paris, 1993. p. 197-200. Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale". Traduit de l'anglais par Achille Hanne quart et Fabienne Le loup, deuxième édition française 3e tirage 1998 – Département De Boeck Université – Paris, Bruxelles. p. 757 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale." Traduit de l'américain par Philippe de Lavergne du livre publié par Richard D. Irwin, 1996. Ed. Economica 1997, pour la traduction française p. 793. Jean-Pierre Faugère - Colette Voisin "Le Système Financier et Monétaire International-crises et Mutations". Nathan / HER 2000 Paris. p. 33-37. 158 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com guerre mondiale, le commerce entre pays industrialisés et pays en développement a connu une forte expansion. De même, les pays en développement ont contracté des emprunts auprès des pays riches. En raison de ces liens plus étendus, chacun des deux groupes de pays est devenu plus dépendant de la santé économique de l'autre. Les évènements dans les pays en développement exercent donc un impact significatif sur le bien-être et les politiques des pays avancés. Section I: Caractéristiques macroéconomiques des pays en développement Parmi les nombreuses caractéristiques économiques qui différencient les pays en développement des pays développés, cinq se révèlent particulièrement importantes pour l'analyse macroéconomique. Ces caractéristiques s'appliquent à la majorité des pays en développement, sans 159 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com les couvrir tous cependant, et plusieurs d'entre elles sont partagées par certains pays industrialisés. Néanmoins, il est important de décrire à larges traits les éléments les plus «représentatifs» développement de la pour structure des comprendre économies les en relations macroéconomiques entre celles-ci et les pays industrialisés. 1. Les marchés financiers sont limites et sujets à d'importants contrôles officiels. Les gouvernements maintiennent souvent les taux d'intérêt au-dessous du niveau qui égaliserait l'offre et la demande de crédits, ces derniers tendent donc à faire l'objet d'un rationnement. 2. L'intervention directe des gouvernements dans l'économie s'étend au-delà des marchés financiers. Les gouvernements possèdent une part significative des entreprises et leurs dépenses constituent un pourcentage substantiel du PNB. 160 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com 3. Les gouvernements financent une grande part de leurs dépenses par l'émissions de monnaie. Cette pratique conduit à des taux moyens d' inflation élevés et quelquefois à l'indexation des salaires, des contrats de prêts et d'autres prix au niveau général des prix. 4. Les taux de change sont fixés par les gouvernements et non par les forces du marché. Les prêts et emprunts privés internationaux font l'objet de sévères restrictions et les gouvernements peuvent n'autoriser les résidents à acquérir des devises étrangères que pour certaines opérations. Certains pays appliquent des taux de change différents selon la nature des transactions. 5. Les ressources naturelles ou les matières agricoles constituent une part importante des exportations pour beaucoup de pays en développement 161 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section II: Le sous-développement des marchés financiers Dans l'ensemble, les marchés financiers des pays en développement ne s'ajustent pas avec la généralité la rapidité caractéristiques des pays industriels. Les marchés des actions sont généralement rudimentaires ou inexistants; il en va de même pour ceux des dettes à long terme. Les prêts bancaires aux secteurs des entreprises et de l'agriculture sont étroitement contrôlés par les gouvernements, qui décrètent souvent des taux d'intérêt artificiellement bas. L'absence d'actifs financiers à haut rendement qui sont disponibles dans les économies industrialisées signifie que les épargnants n'ont pas de possibilités attrayantes de placements. Les contrôles gouvernementaux visent souvent aussi à empêcher les épargnants de détenir des actifs étrangers. Ainsi, les principaux actifs financiers disponibles 162 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com sont les dépôts en compte courant ou à terme. Pour cette raison au moins partiellement, les taux d'épargne tendent à être bas dans les pays en développement. Une grande part de l'épargne privée disponible finit par financer les dépenses gouvernementales et la fragmentation des marchés financiers rend coûteux d'orienter le reste de l'épargne vers le financement des investissements des entreprises privées. Dans la plupart des pays en développement, un "marché bridé" informel des crédits permet d'opérer des prêts de faible ampleur à des taux de marché. Ce marché est alimenté par des prêteurs individuels, des opérateur sur gage, des agents de commerce ou des associations privées d'épargne. Du coté de la demande, on trouve les ménages, les petites entreprises et les exploitations agricoles. Certains pays en développement s'appuient sur ces marchés financiers informels pour opérer des restructurations plus larges de leur marché financier. 163 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section III: L'inflation et le budget public* Lorsque les marché financiers sont sous-développés, les gouvernements éprouvent des difficultés à financer leur déficit par l'émission d'obligations intérieures. Cette difficulté les conduit à emprunter largement à l'étranger. Ces pays sont aussi amenés à compter sur une source supplémentaire de recettes: ils font marcher la planche à billets et utilisent la monnaie additionnelle créée pour acheter des biens et services. La création de monnaie conduit à l'inflation, laquelle érode la valeur réelle des encaisses monétaires nominales. Les taux d'inflation dans les pays en développement paraissent spectaculaires quand on les compare à ceux que les pays industrialisés. Cet accroissement rapide des prix reflète les efforts faits par les gouvernements pour extraire * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 761 164 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com de leur économie le seigneuriage venant de l'impression de monnaie. Suite à cette forte inflation chronique, les salaires nominaux sont quelquefois indexés au niveau des prix. Quand les salaires sont indexés, ils sont ajustés fréquemment en réponse à l'inflation plutôt qu'ils ne restent fixés jusqu' à la prochaine phase de négociation salariale. Cette procédure vise à éviter les fortes fluctuations des salaries réels qui se produiraient sans cela pendant la durée d'une convention salariale. L'indexation a deux inconvénients majeurs qui ont contribué à l'instabilité économique des pays en développement. D'abord, des changements dans les salaires réels peuvent être nécessaires pour maintenir le plein emploi mais l'indexation rend difficile, sinon impossible, d'effectuer ces changements. Si, par exemple, les salaires réels ne diminuent pas quand les termes d'échange se détériorent, les 165 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com industries d'exportation seront forcées de licencier des travailleurs et de fermer des établissements. Le second problème vient de ce que les salaires sont souvent liés aux hausses de prix dans une période antérieure. Si un gouvernement décide par exemple de réduire un taux d'inflation rapide, les salaires réels peuvent encore augmenter pour un temps: les salaires nominaux continuent en effet à être ajustés vers le haut pour correspondre à l'inflation antérieure. Section IV: Taux de change fixes, contrôles des changes et monnaies inconvertibles * La plupart des pays en développement ont des taux de change fixes et contrôlent strictement les transactions * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 763 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 793 166 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com financières en devises. Les contrôles de change empêchent les résidents d'acheter légalement des devises étrangères sans autorisation gouvernementale; en même temps, ceux qui gagnent des devises étrangères peuvent être forcés de les céder au gouvernement contre de la monnaie nationale. Les étrangers qui détiennent des devises d'un pays en développement ne sont généralement pas en état de les échanger contre des devises étrangères auprès de la banque centrale ou de résidents. Ainsi, les monnaies des pays en développement sont souvent inconvertibles, même pour des transactions en compte courant. Pourquoi les pays en développement fixent-ils leur taux de change et supervisent -ils les transactions avec l'étranger? Une raison de base est le désir des gouvernements d'utiliser les systèmes de change comme outils de politique commerciale. Beaucoup de pays en développement maintiennent des taux de change différents 167 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com pour différents types de transactions en compte courant. Par exemple, un gouvernement peut subsidier les investissements en vendant des dollars à un prix avantageux aux entreprises qui importent des biens d'équipement. Par contre, il peut taxer les biens de consommation de luxe en vendant ces dollars à un prix élevé aux individus qui importent des limousines. Ces systèmes de taux de change multiples ne peuvent être mis en oeuvre que si le gouvernement lui-meme achète et vend les devises étrangères aux taux qu'il souhaite maintenir et empêche le secteur privé de faire des opérations à d'autres taux. Grâce au contrôle des changes, la banque centrale peut aussi éviter de fortes réductions dans ses réserves de change qui la rendraient finalement incapable de maintenir le niveau du taux de change. Enfin, en empêchant le public de détenir des devises étrangères plutôt que de la 168 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com monnaie nationale, le gouvernement peut collecter un plus grand seigneuriage en faisant tourner la planche à billets. Jusqu' au début des années 1970, les pays en développement définissaient en général leur monnaie par rapport à la monnaie d'un grand pays industriel, généralement le dollar mais quelquefois aussi la livre anglaise ou le franc français. Lors du flottement des monnaies des pays industrialisés, certains pays choisirent plutôt de lier leur monnaie à des paniers de monnaies de pays industrialisés. On peut montrer par un exemple que, dans un régime de change flottant, il est plus risqué pour un pays de lier sa monnaie à une seule devise étrangère. Ainsi, un pays en développement liant sa monnaie au dollar se verrait forcé de la réévaluer contre les autres monnaies si le dollar s'appréciait fortement. Par contre, en liant sa monnaie à un panier de devises, le pays peut réduire les effets qu'exerceraient sur son commerce international de fortes 169 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com fluctuations dans le cours des monnaies individuelles comprises dans le panier. Section V: La structure des exportations dans les pays en développement* Beaucoup de pays en développement tirent une grande part de leurs recettes d'exportations d'un petit nombre de ressources naturelles ou de produits agricoles. Le Nigéria dépend ainsi fortement du pétrole, le Chili du cuivre, la Colombie du café (et de la cocaïne), la Malaisie du caoutchouc. La dépendance des pays à l'égard de pareilles exportations soulève un problème macroéconomique parce que les prix des matières premières sont très variables par rapport aux prix des produits manufacturés. A leur tour, des changements drastiques dans les prix des principaux biens d' * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 765 170 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com exportations d'un pays provoquent des changements correspondants dans son revenu réel et sa balance courante. Une chute du prix des exportations par exemple pourrait conduire en même temps a une dépression de l'économie et à un déficit de la balance courante. Le gouvernement pourrait ainsi se trouver dans l'impossibilité de retrouver l'équilibre intérieur et extérieur tant que les prix des exportations ne se sont pas rétablis. Les prix à I 'exportation des pays en développement sont particulièrement sensibles aux politiques macroéconomiques adoptées par les pays avancés. Une réduction de la demande globale dans les pays industrialisés se communique rapidement aux pays en développement par les prix des matières premières qui s'effondrent et les revenus réels qui diminuent. 171 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section VI: Emprunts et endettement dans les pays en développement* Un autre trait des pays en voie de développement est crucial pour comprendre la nature de leurs problèmes macroéconomiques: ils s'appuient fortement sur l'entrée de capitaux étrangers pour financer leurs investissements intérieurs. Dans les décennies après la seconde guerre mondiale, les pays en développement ont fait des emprunts auprès des pays riches et ont ainsi accumulé une dette substantielle a l'égard du reste du monde (environ 1 400 milliards de dollars à la fin de 1992). Cette dette a constitué le foyer de la crise de l'endettement international qui a préoccupé les décideurs économiques depuis 1982. * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 765 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 755 172 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com L'économie de l'emprunt dans les pays en développement Beaucoup de pays en développement ont contracté des emprunts importants à l'étranger et ont ainsi accumulé une dette substantielle. Quels sont les facteurs économiques derrière cette évolution à l'investissement intérieur, cette différence constitue le déficit de la balance courante. Comme on l'a vu plus haut, l'épargne nationale est généralement faible dans les pays en développement. Mais, comme ces mêmes pays sont pauvrement dotés en capital, les occasions d'y faire des investissements rentables peuvent être abondantes. Pareille occasions justifient un haut niveau d'investissement. En ayant un déficit de sa balance courante, un pays peut obtenir des ressources à des fins d'investissement même si son niveau intérieur d'épargne est faible. Un déficit de la balance courante implique par ailleurs que le pays emprunte à étranger. Pour être capable aujourd'hui d' importer plus de biens de l'étranger qu'il n'y 173 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com exporte, le pays doit promettre de payer dans l'avenir les intérêts et le principal des prêts que l'étranger lui fait. Notez que, lorsque les pays en développement empruntent pour entreprendre des investissements productifs qu'ils ne feraient pas sans cela, eux-mêmes et les prêteurs y gagnent. Les pays emprunteurs y gagnent car ils peuvent développer leur stock de capital en dépit d'une épargne nationale limitée. Les pays prêteurs y gagnent car ils reçoivent un rendement plus élevé sur leur épargne que ce ne serait le cas a intérieur de leurs frontières. Ce raisonnement donne une justification pour le déficit extérieur des pays en développement et leur endettement. Mais il ne justifie pas n' importe quel prêt des pays développes. Des prêts faits pour financer des investissements non profitables ou l'importation de biens de consommation peuvent conduire à des dettes que les emprunteurs ne pourront rembourser. En outre, les 174 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com gouvernements peuvent, par des politiques erronées, déprimer anormalement le taux d 'épargne nationale et provoquer ainsi un excès d'emprunts à l'étranger. Les gains potentiels des prêts et emprunts internationaux ne pourront se matérialiser que si les prêteurs ont confiance dans le remboursement. Comme on le verra plus loin, c'est une perte générale de confiance qui est à l'origine de la crise de 1982 de l'endettement dans les pays en développement. Section VII: Origines de la crise de l'endettement dans les pays en développement* Pendant les années 1981-1983, l'économie mondiale connut sa plus forte récession depuis les années 1930. Tout * Voir: - Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld "Économie Internationale".……Op., Cit. p. 777 Peter H. Lindert et Thomas A. Pugel "Économie Internationale."……Op., Cit. p. 793 175 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com comme la Grande Crise rendit difficile aux pays en développement d'honorer les prêts étrangers - les conduisant pratiquement tous à faire défaut - , la récession des années 1980 déclencha à son tour pour ces pays une crise de l'endettement. Section VIII: Vers la crise La Fédéral Réserve adopta aux Etats-Unis une politique monétaire anti-inflationniste qui précipita l'économie mondiale dans la récession dès 1981. Même avant que cette récession ne se fasse sentir, le changement dans la politique monétaire américaine eut des effets défavorables sur les revenus réels des pays en développement. Ces effets défavorables s'exercèrent par deux canaux principaux: les taux d'intérêt américains et le taux de change du dollar. Les changements dans la politique monétaire de la 176 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com FED furent suivis d'augmentations importantes dans les taux d'intérêt sur le dollar et dans la valeur de la devise américaine. Le LIBOR, auquel les taux d'intérêt des prêts à beaucoup de pays en développement sont liés, connut une forte hausse en 1979. Cette augmentation dans le LIBOR accrut le coût des nouveaux emprunts; en outre, comme une grande partie de la dette de ces pays avait été contractée à des taux d'intérêt variables, les paiements d'intérêt sur les anciens emprunts augmentèrent aussi. La charge d'intérêt des pays en développement connut ainsi un brusque relèvement. La réaction des pays en développement à ces mouvements défavorables dans les taux d'intérêt et la charge de la dette a crée les conditions pour la crise qui devait suivre. L'augmentation des emprunts des pays en développement non pétroliers après 1978 résulta non seulement du choc pétrolier mais aussi de la hausse 177 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com simultanée de la charge réelle de la dette. Les pays en développement considéraient que ces deux écueils étaient temporaires: ils espéraient en atténuer I' impact en empruntant à l'étranger et en maintenant leur demande intérieure jusqu'à ce que l'amélioration des conditions économiques leur permette de rembourser leurs prêts. Les taux d'intérêt ne revinrent cependant pas rapidement à leur niveau d'avant 1979. Au moment où l'économie mondiale s'enfonça dans la récession en 1981, les pays en développement devaient ainsi supporter une dette extérieure sans précèdent. Les taux d'intérêt américains atteignaient un sommet et se reflétaient dans les paiements dus sur les nouveaux emprunts et sur les emprunts anciens à taux variables. De nombreux emprunts à court terme des années précédentes venaient à échéance à ce moment : les pays devaient choisir entre les rembourser ou les refinancer à des taux d'intérêt exceptionnellement élevés. 178 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Le surplus courant des pays exportateurs de pétrole se transforma globalement en un déficit entre 1981 et 1982: ainsi, les disponibilités en «pétrodollars», qui avaient financé précédemment les emprunts des pays en développement, en vinrent à se tarir. En outre, comme l'inflation diminuait dans les pays industrialisés, les banques commerciales des pays développés pouvaient désormais obtenir de meilleurs rendements réels en faisant leurs prêts dans ceux-ci. Les pays en développement n'arrivaient ainsi plus à emprunter auprès des banques qui s'étaient empressées auparavant de financer leurs déficits courants. Section IX: Le rôle du FMI Le rôle du FMI en matière de prêts et de conditionnalité se révéla plus nettement pendant la crise de l'endettement que jamais auparavant. Rappelez-vous que la conditionnalité est le contrôle économique strict auquel les 179 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com décideurs politiques peuvent avoir à se soumettre en cas de recours aux ressources du Fonds. Les pays dont la dette était rééchelonnée empruntaient souvent au FMI et donnaient leur accord à des programmes de stabilisation inspirés par celui-ci. Bien que les montants prêtés par le Fonds aient été faibles par rapport aux besoins des financements de chaque pays débiteur, l'intervention de celui-ci jouait un rôle crucial : elle confirmait aux yeux des banques que le pays débiteur avait pris les mesures qui relèveraient son crédit. En outre, l'intervention du FMI donnait à certains gouvernements des excuses politiquement faciles. Pour réduire leurs déficits courants, les pays devaient éliminer des subsides, relever des taxes, diminuer les salaires dans les entreprises nationales et accroître les prix des biens et services à caractère provoquent une public. substitution Des dévaluations, dans les qui dépenses, accompagnaient souvent le tout. Ces mesures sont naturellement impopulaires. Ainsi, les pays ont à certains 180 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com moments détourné l'animosité vers le FMI qui était blâmé d'«imposer» des mesures économiques restrictives. En réalité, les gouvernements des pays débiteurs qui coopéraient avec le FMI considéraient que les coûts de cette coopération étaient préférables aux coûts du défaut. Le FMI joua initialement un rôle central en coordonnant les prêts bancaires à l'égard de pays surchargés de dettes. Débutant avec le cas du Mexique, le FMI se fixa comme règle de suspendre ses propres prêts aux débiteurs jusqu'à ce que les banques se soient prononcées sur les leurs. Comme les banques voyaient dans les prêts du FMI et les programmes de stabilisation un signe crucial de solvabilité du pays débiteur, cette tactique poussait les banques à faire des apports d'argent frais. La réticence des banques à faire de nouveaux prêts s'accrut cependant au fur et à mesure que les années passaient et que la crise de l'endettement persistait. 181 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Table Des Matières Introduction .............................................................................. 2 Chapitre I: Théorie du commerce international........................ 6 Section I: Quel est l'objectif de l'économie internationale? .......... 7 Section II: Productivité du travail et avantage comparatif: le modèle ricardien ........................................................ 10 Section III: Facteurs spécifiques et distribution du revenu........... 13 Section IV: Economies d'échelle, concurrence imparfaite et commerce international ............................................. 16 Section V: Les mouvements internationaux des facteurs.............. 21 Section VI: Problèmes économie régionale.................................. 23 Chapitre II: La Politique Commerciale ..................................... 28 Section I: Analyse élémentaire d'un droit de douane ................... 28 Section II: Les principes fondamentaux de l'analyse tarifaire ...... 30 Section III: Les instruments de la politique commerciale............ 32 Section IV: L'économie politique des mesures commerciales ..... 35 Section V: La politique commerciale dans les pays en développement .......................................................... 43 Chapitre III: Le GATT Et l'organisation Mondiale Du Commerce............................................................ 53 Section I: LA CHARTE DE LA HAVANE ................................. 55 L'élaboration de la charte de la Havane........................ 56 182 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Section II: LE GATT, ORGANISATION INTERNATIONALE .............................................. 58 L'abandon du projet d'Organisation Internationale du Commerce ............................................................ 58 De la charte de La Havane au GATT ........................ 60 Section III: Le GATT, organisation internationale ..................... 63 Section IV: LES PREMIÈRES NÉGOCIATIONS ...................................66 Les négociations tarifaires ........................................ 66 Section V: LE TOKYO ROUND ................................................ 75 La réduction des droits de douane ............................ 75 Section VI: LE CYCLE DE L'URUGUAY ................................ 77 Historique de la négociation...................................... 78 Bilan des négociations agricoles................................ 79 L'accord sur la propriété intellectuelle ...................... 80 L'accord général sur le commerce des services ......... 82 Section VII: L'ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE ... 84 Le cadre institutionnel ........................................... 84 Section VIII: L'OMC ET LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ....... 88 L'action du GATT en faveur du développement ...... 90 Les pays en développement et le cycle de l'Uruguay ................................................................ 92 Chapitre IV: Relations Financières Internationales ................... 97 Section I: Eléments Constitutifs D'un Système Monétaire International ............................................................. 99 Section II: L'Étalon-Or................................................................ 102 Le système théorique ................................................ 102 183 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Le rôle de l'or ........................................................... 102 Fixité des changes et points d'or ................................ 103 Le rééquilibre automatique des balances ................... 106 Section III: Les difficultés de l'entre-deux-guerres ...................... 107 Section IV: Le système de bretton-woods.................................... 111 Les principes ............................................................. 112 1. Parités fixes .......................................................... 112 2. Les moyens de paiement ...................................... 113 3. Les mécanismes de coopération monétaire internationale............................................................. 114 Section V: Le temps du flottement impur .................................... 115 1. Les facteurs d'instabilité ........................................ 117 2. Faiblesse du dollar et abondance de liquidités (1973-1978)............................................................... 120 Chapitre V: L'Europe Monétaire............................................... 124 Du système monétaire européen à l'euro.................... 124 Les principes du SME ............................................... 125 L'écu, monnaie-étalon ............................................. 125 Section II: L'Euro monnaie unique.............................................. 127 Section III: Le passage à la monnaie unique ............................... 128 Chapitre VI: Le Fonds Monétaire International (FMI) et la régulation du système financier international ...... 134 Le rôle du FMI .................................................... 134 Section I: Le drainage des fonds: l'insuffisance de dépôts relayés par d'autres ressources ................................... 135 184 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com A. Les dépôts des pays membres .............................. 135 B. Les allocations de Droits de tirages spéciaux (DTS) ........................................................................ 137 Section II: Le FMI, un organisme de crédit international ........... 139 SECTION III: LES DTS ET LEUR PLACE DANS LES RESSOURCES ...................................................... 141 Le DTS comme unité de compte.......................... 141 Section IV: La conditionnalité, expression du pouvoir du FMI sur les pays déficitaires .......................................... 143 Le contenu des politiques d'ajustement ..................... 144 Section V: La régulation du système financier international à la fin des années quatre-vingt-dix ................................. 145 Section VI: Les crises du système financier et monétaire ............ 147 Chapitre VII: Déséquilibres économiques et financiers les mutations de l'épargne mondiale ....................... 152 Section I: Des circuits dominés par les excédents pétroliers........ 154 Le premier choc pétrolier et les "créanciers spontanés": le développement d'une "économie mondiale d'endettement" .............................................. 154 Du deuxième choc pétrolier a la crise de 1982: La fin des créanciers spontanés .............................................. 156 Section II: Des déséquilibres accrus au Nord et des transferts croissants en provenance du Sud ............................... 157 Le retournement de la situation américaine et le nouveau rôle financier du Japon .................................. 157 185 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com Quand L'Europe Et Le Japon Financent Les EtatsUnis ............................................................................. 158 Section III: L'articulation entre le financier et l'économie .......... 160 Le primat du financier ............................................... 160 Section IV: La pénurie d'épargne mondiale ?.............................. 162 Chapitre VIII: Les pays en développement: dette, stabilisation et réforme ...................................... 166 Section I: Caractéristiques macroéconomiques des pays en développement .......................................................... 167 Section II: Le sous-développement des marchés financiers ........ 170 Section III: L'inflation et le budget public ................................. 172 Section IV: Taux de change fixes, contrôles des changes et monnaies inconvertibles ........................................ 174 Section V: La structure des exportations dans les pays en développement .......................................................... 178 Section VI: Emprunts et endettement dans les pays en développement........................................................ 180 L'économie de l'emprunt dans les pays en développement........................................................ 181 Section VII: Origines de la crise de l'endettement dans les pays en développement .......................................... 183 Section VIII: Vers la crise .......................................................... 184 Section IX: Le rôle du FMI ........................................................ 187 Termes Economiques............................................................... 190 186 PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com