UNIVERSITE MOHAMMED V- SOUISSI FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE -RABAT- ANNEE: 200 THESE N°: Syndrome de trali a propos de deux cas ( revue de la littérature) THESE Présentée et soutenue publiquement le :……………………….. PAR Mr. Chakib CHOUIKH Né le 29 Juillet 1981 à Benslimane Médecin interne du CHU Ibn Sina Rabat De L’Ecole Royale du Service de Santé Militaire - Rabat Pour l'Obtention du Doctorat en Médecine MOTS CLES Transfusion – Trali – Détresse respiratoire - Prévention. JURY Mr. M. BENKIRANE Professeur d'Hématologie Mr. A. BELMEKKI Professeur Agrégé d'Hématologie Mr. A. BOULAHYA Professeur Chirurgie Cardiovasculaire Mr. S. MRANI Professeur Agrégé de Virologie Mr. H. BALKHI Professeur d'Anesthésie Réanimation PRESIDENT RAPPORTEUR JUGES Je dédie Cette thèse….. A feu sa Majesté le Roi HASSAN ΙΙ Que dieu l’accueille en sa sainte miséricorde. A sa Majesté le Roi MOHAMED VІ Chef suprême et chef d’état-major général des forces armées royales, Roi du MAROC et garant de son intégrité territoriale Que dieu glorifie son règne et le préserve. A son altesse royale le prince héritié Moulay HASSAN Que Dieu le préserve. A Mr. le Médecin Général de brigade ALI ABROUQ Professeur d’oto-rhino-laryngologie de VAL-de-GRACE. Inspecteur des services de santé des FAR. En témoignage de notre grand respect et notre profonde considération. A Mr le médecin colonel major M.HACHIM Professeur du CHU médecine interne. Médecin chef de l’HMI-MV, Rabat En témoignage de notre grand respect et notre profonde considération. A MR LE MEDECIN COLONEL MAJOR M. ATMANI PROFESSEUR DE REANIMATION ANESTHESIE Directeur de l’ERSSM et de l’ERMIM En témoignage de notre grand respect et notre profonde considération. A Monsieur le LT-colonel d’administration L’MGHARI Chef de bureau de sécurité de l’ERSSM A Monsieur le Commandant d’administration K. SAADI, Chef des services administratifs de l’ERSSM A Monsieur le Capitaine d’administration M. LAALOU Chef de bureau études de l’ERSSM En témoignage de notre grand respect et notre profonde considération. A Ma très chère mère METLOUF ZAHRA Aucune dédicace très chère mère ne pourrait exprimer la profondeur des sentiments que j’éprouve pour vous, vos sacrifices innombrables et votre dévouement firent pour moi un encouragement. Vous avez guetté mes pas, et m’avez couvé de tendresse, tes prières et ta bénédiction m’ont été d’un grand secours pour mener à bien mes études. Puisse Dieu le tout puissant te préserve du mal, te combler de santé, de bonheur, et te procurer une longue vie afin que je te comble à mon tour. A Mon très cher père CHOUIKH SLIMANE Tu as été et tu seras toujours un exemple pour moi par tes qualités humaines, ta persévérance et perfectionnisme. En témoignage de brut d’années de sacrifices, de sollicitudes, d’encouragement et de prières. Pourriez vous trouver dans ce travail le fruit de toutes vos peines et tous de vos efforts. Sans tes précieux conseils, tes prières et ton soutien continu aussi bien moral que matériel, je n’aurai pu surmonter le stress de ses longues années d’études. Aucune dédicace ne saurait exprimer mes respects, ma reconnaissance et mon profond amour. Puisse Dieu vous préserver et vous procurer santé et bonheur. A MES SŒURS LOUBNA ET MARIEM Aucune dédicace ne peut exprimer la profondeur des sentiments d’amour, d’attachement que j’éprouve à votre égard. Je vous dédie ce travail en témoignage de ma profonde affection en souvenirs de notre indéfectible union qui s’est tissée au fil des jours. Puisse dieu vous protéger, vous garder et renforcer notre relation d’amour. A mon frère, Amine Tu as toujours été pour moi un frère exemplaire. Je te dédie ce travail en témoignage de mon profond amour, mon respect et mon attachement. Je te souhaite d’avantage de succès, santé et bonheur. A toute ma chère famille Que ce travail soit le témoin de toute mon affection et de mon attachement. A mes amis (es) et confrères Puisse ce modeste travail être le témoin de notre amitié Remerciem ents A nôtre maître et Président de thèse Mr le professeur BENKIRANE MAJID Professeur d’hématologie Chef de service de transfusion à l’HMIMV Nous avons été très sensibles à la gentillesse et la cordialité de votre accueil. Nous sommes fiers de l’honneur que vous nous faites en acceptant de présider notre jury de thèse. Veuillez trouver ici, l’assurance de notre profond respect, notre reconnaissance et notre gratitude. A nôtre maitre, Rapporteur de thèse, Mr le professeur BELMEKKI ABDELKADER Professeur agrégé d’hématologie à l’HMIMV Nous vous remercions du grand honneur que vous nous avez fait en acceptant de nous encadrer dans ce travail. Nous sommes aussi particulièrement touchés par la spontanéité et la gentillesse avec laquelle vous avez bien voulu accepter de nous guider à la réalisation de cette thèse. Votre enseignement a toujours suscité notre respect et notre intérêt. Nous saisissons cette occasion pour vous exprimer notre haute estime, considération et gratitude. A nôtre maitre, et juge de thèse Mr le professeur BOULAHYA ABDELATIF Chef de service de chirurgie cardio-vasculaire Nous avons été très sensibles à la gentillesse et la cordialité de votre accueil. Nous sommes fiers de l’honneur que vous nous faites en acceptant de siéger parmi les membres de notre jury de thèse. Veuillez trouver ici, l’assurance de notre profond respect, notre reconnaissance et notre gratitude. A nôtre maitre, et juge de thèse Mr le professeur HICHAM BALKHI Professeur agrégé de réanimation-anesthésie Nous vous remercions du grand honneur que vous nous faites en acceptant de siéger parmi les membres de notre jury de thèse. Qu’il nous soit permis de vous exprimer notre gratitude et notre profond respect. Veuillez nous permettre de vous formuler l’assurance de notre haute considération et de notre sincère reconnaissance. A nôtre maitre, et juge de thèse Mr le professeur SAAD MRANI Professeur agrégé de microbiologie Nous vous remercions du grand honneur que vous nous avez fait en acceptant de nous encadrer dans ce travail. Nous sommes aussi particulièrement touchés par la spontanéité et la gentillesse avec laquelle vous avez bien voulu accepter de nous guider à la réalisation de cette thèse. Votre enseignement a toujours suscité notre respect et notre intérêt. Nous saisissons cette occasion pour vous exprimer notre haute estime, considération et gratitude. Le syndrome de TRALI Sommaire 1 Le syndrome de TRALI Introduction ................................................................................................... 4 Cas cliniques .................................................................................................. 6 Discussion ....................................................................................................... 12 I. Epidémiologie .......................................................................................... 13 II. Physiopathogénie du TRALI ................................................................... 14 1. 1er stade : Leucostase interpulmonaire ............................................... 15 2. 2éme stade : Agression des endothéliums capillaires ........................ 15 III. Etiopathogénie et facteurs déclenchants .................................................. 17 1- Mécanisme impliquant directement les anticorps antigranulocytes .. 17 2- Autres mécanismes ............................................................................. 19 2-a. Anticorps anti HLA II .................................................................. 19 2-b. Agression direct de l’endothélium pulmonaire et des pneumocytes par anticorps anti HLA .................................................................. 20 2-c. L’implication de lipides activateurs ............................................. 20 3- Forme particulière : TRALI inversé ................................................... 23 4- Facteurs de risques ............................................................................. 23 IV. Produits sanguins en cause.................................................................... 26 V. Diagnostic positif du TRALI.................................................................. 32 1- Diagnostic clinique ............................................................................. 32 2- Diagnostic paraclinique ...................................................................... 34 2 Le syndrome de TRALI VI. Bilan immunologique ......................................................................... 37 VII. Diagnostic différentiel du TRALI ....................................................... 42 1- Oedéme pulmonaire aigu hémodynamique transfusionnel ................ 42 2- Oedéme lésionnel d’autre origine ....................................................... 43 3- Réaction anaphylactique transfusionnelle grave ................................ 44 4- Accident transfusionnel par contamination bactérienne ..................... 44 5- Accident hémolytique par incompatibilité ABO ................................ 44 VIII. Prise en charge.................................................................................... 45 IX. Evolution et pronostic ........................................................................ 48 X. Prévention ........................................................................................... 50 - Vis-à-vis des PSL.................................................................................. 51 - Vis-à-vis des donneurs .......................................................................... 51 -Vis-à-vis du receveur ............................................................................. 52 Conclusion .............................................................................................. 53 Résumé ................................................................................................... 55 Bibliographie.......................................................................................... 59 3 Le syndrome de TRALI Introduction 4 Le syndrome de TRALI Le TRALI acronyme de Transfusion Related Acute Lung Injury ou Oedéme aigu pulmonaire lésionnel post transfusionnel est une complication sévère de la transfusion dont la première description remonte a 1951 [1]. Il n’a été réellement défini qu’en 1985 par Popovsky [2]. Le TRALI représente une complication rare mais potentiellement grave de la transfusion [3] et qui, du fait de la réduction des risques infectieux est devenu l’une des premières causes de mortalité transfusionnelle [4] d’où l’importance d’une bonne connaissance de cette pathologie afin d’établir un diagnostic précoce et correct, de démarrer une thérapeutique adaptée et de prendre des mesures prophylactiques. Nous rapportons deux cas de TRALI diagnostiqués au service de réanimation de l’hôpital militaire d’instruction Mohamed V de Rabat. 5 Le syndrome de TRALI Cas cliniques 6 Le syndrome de TRALI Cas clinique N° 1 Il s’agit d’une patiente âgée de 26 ans, sans antécédent pathologique particulier, ayant présenté une rupture de la poche des eaux anticipant une césarienne programmée pour bassin rétréci. La césarienne effectuée sous rachianesthésie était marquée par un saignement modéré. La numération formule sanguine de contrôle en postopératoire a objectivé une anémie à 6,3 g/dl, cliniquement bien tolérée. L’indication d’une transfusion par trois unités de concentrés de globules rouges a été posée. Quinze minutes après, la transfusion du premier concentré globulaire, la patiente a présenté une polypnée, des palpitations, un prurit et des frissons. L’examen clinique retrouvait une tachycardie à 120 bat/min, une hypotension artérielle à 80/50 mmHg et des râles crépitants à l’auscultation pulmonaire. La saturation pulsée en oxygène (SpO2) était à 87 % et la pression veineuse centrale à 4 mmHg. La gazométrie artérielle objectivait une hypoxie sévère avec une PaO2 à 53 mmHg en air ambiant. La radiographie pulmonaire de face montrait des images alvéolointerstitielles bilatérales en tempête de neige sans élargissement de l’ombre cardiaque (Figure. 1) et l’échocardiographie trans-thoracique était normale. Le traitement a consisté en l’administration d’adrénaline au pousseseringue électrique à faible dose (0,2 mg/h) et en une oxygénothérapie au masque à haute concentration. L’évolution a été favorable, l’administration 7 Le syndrome de TRALI d’adrénaline a été interrompue au bout de 24 heures et l’amélioration des images radiologiques est apparue dès les premières 24 heures (Figure 2). L’unité de concentré globulaire incriminée s’est révélée issue d’une jeune donneuse de 19 ans nullipare et sans antécédent pathologique. Elle a été prélevée 48 heures avant son administration. Le contrôle hématologique n’a pas montré d’incompatibilité ABO-Rh et la recherche des anticorps anti-HLA-I et anti-HLA-II s’est révélée négative. 8 Le syndrome de TRALI Figure. 1. Radiographie pulmonaire à l’admission : images alvéolaires interstitielles bilatérales en tempête de neige sans élargissement de l’ombre cardiaque. 9 Le syndrome de TRALI Figure. 2. Radiographie pulmonaire de contrôle après 24 h montrant une résolution significative de l’infiltrat alvéolaire. 10 Le syndrome de TRALI Cas clinique N° 2 Il s’agit d’un patient âgé de 67 ans, qui a été hospitalisé pour une décompensation acidocétosique. L’interrogatoire a retrouvé une notion de diabète insulinodépendant, une hypertension artérielle et un éthylisme chronique. La présence à l’admission d’une anémie à 7,2g/dl a posé l’indication d’une transfusion sanguine de trois concentrés globulaires. Au cours de la transfusion du deuxième culot, le patient avait présenté une tachycardie à 140 bat/min, un pic hypertensif à 200/100mmHg et une détresse respiratoire faite d’une dyspnée, des râles bronchiques à l’auscultation, la SpO2 était à 88% et la température à 37,2° et la pression veineuse centrale à 5mmHg. La radiographie pulmonaire montrait des infiltrats alvéolaires diffus sans cardiomégalie et l’échocardiographie trans-thoracique était normale. L’arrêt de la transfusion sanguine, Une oxygénation massive seule sans diurétiques, ont permis l’amélioration clinico-biologique en quelques heures. Une enquête immuno-hématologique a été réalisée et a révélé une notion de transfusion récente (7jours avant) faite de quatre culots globulaires. Le patient et les poches transfusées sont du groupe A Rh positif, phénotype C+, c+, E+ , e+ , K+ . L’épreuve de compatibilité entre le sang du patient et celui des poches transfusées , le test de Coombs direct, et la rechercher d’agglutinine irrégulière (RAI) se sont révélés négatifs. 11 Le syndrome de TRALI Discussion 12 Le syndrome de TRALI I- Epidémiologie Le TRALI a une incidence mal évaluée, variant entre 1/5000 à 1/500000 selon les auteurs [5], il représente la troisième cause de décès posttransfusionnel aux Etats-Unis avec un taux de 5 à 15% [6]. En France une analyse rétrospective des accidents transfusionnels sur 9 ans a permis de recenser 34 cas de TRALI avec 17% de mortalité [7] .En Grande Bretagne, le TRALI est considéré comme la 2ème cause de mortalité avec 39 cas déclarés en 3 ans. Le TRALI est plus fréquemment observé chez les patients ayant une longue histoire transfusionnelle ou ayant une hémopathie maligne [8], il est prédominant chez les sujets âgés avec une égalité d’incidence chez les deux sexes [9]. La méconnaissance de ce syndrome, les variations dans la mise en œuvre des moyens cliniques, biologiques et immunologiques pour l’établissement du diagnostic, ainsi que les habitudes transfusionnelles différentes (durée de conservation, proportion de donneuses multipares, déleucocytation) rendent compte de la grande disparité des chiffres rapportés [4]. 13 Le syndrome de TRALI II- Physiopathologie du TRALI: Le TRALI représente un oedème pulmonaire inflammatoire majeur avec lésion de la membrane alvéolaire secondaire à une activation des granulocytes au contact de l’endothélium des capillaires pulmonaires. Cette lésion provoque une augmentation de la perméabilité des capillaires pulmonaires [10] et l’exsudation dans les alvéoles d’un liquide séreux riche en protéines avec un rapport protéines exsudées/protéines plasmatiques supérieur à 0,7 [11]. Les mécanismes étiologiques et physiopathologiques précis conduisant a cette lésion sont encore mal connus, par contre les constatations anatomiques effectuées sur des patients décédés soulignent la présence de très nombreux polynucléaires neutrophiles dans les capillaires pulmonaires [12 ,13]. Localement les cellules endothéliales et les parois des capillaires sont lésés et il y a une accumulation de polynucléaires, de monocytes/macrophages et de plaquettes. Physiologiquement, les polynucléaires roulent le long de la paroi des vaisseaux capillaires grâce à des interactions lâches avec les cellules endothéliales. Dans les poumons le diamètre des capillaires est inférieur à la largeur des granulocytes et ralentit physiologiquement le transit de ceux-ci. Le TRALI pour se déclencher nécessite la survenue séquentielle de deux stades successifs : la leucostase intrapulmonaire et l’agression des endothéliums capillaires [14]. 14 Le syndrome de TRALI 1. 1er stade : Leucostase intra pulmonaire La leucostase intra pulmonaire, est consécutive à une augmentation de l’adhérence des polynucléaires neutrophiles à un endothélium capillaire pulmonaire lui-même activé. Au premier stade, l’exposition de molécules CD62P sur les cellules endothéliales et leurs interactions avec leurs ligands leucocytaires PSGL-1(CD162) ou sialyl- LewisX provoquent un ralentissement du transit et l’accumulation de leucocytes dans les vaisseaux capillaires pulmonaires. Cette activation endothéliale initiale constitue sans doute le substratum de l’apparition de situations à risque qui aboutissent à la séquestration intrapulmonaire des polynucléaires neutrophiles. Celle-ci est rapportée à l’activation de β2 intégrines LFA-1 (CD11a/CD18) et Mac-1 (CD11b/CD18) qui peuvent adhérer fermement aux molécules ICAM1 exprimées sur les cellules endothéliales activées. Cette adhérence ferme provoque alors la séquestration durable des polynucléaires dans les vaisseaux capillaires pulmonaires, mais à ce stade il n’y a pas de lésion de la membrane basale alvéolo-capillaire, le malade est simplement dans une situation à risque de développer un TRALI. 2. 2ème stade : Agression des endothéliums capillaires Au second stade, sous l’action d’un facteur déclenchant activant les polynucléaires, survient une libération des radicaux oxygénés et des enzymes granulaires des polynucléaires au contact de l’endothélium. Ceci est directement responsable des lésions de la membrane basale endothéliale capillaire et conduit à l’apparition de l’oedème alvéolaire fait d’un exsudat séreux et cellulaire avec formation de membranes hyalines qui signe l’oedème pulmonaire lésionnel. 15 Le syndrome de TRALI Exsudat et oedème sont responsables d’un trouble de la diffusion et de la ventilation avec amputation de la capacité résiduelle fonctionnelle dont l’importance conditionne la gravité de ce syndrome. 16 Le syndrome de TRALI III- Etiopathogénie et facteurs déclenchants Différentes modalités étiologiques transfusionnelles, susceptibles de stimuler puis d’activer les polynucléaires neutrophiles et les endothéliums vasculaires ont été invoquées, elles ne sont pas exclusives, mais indiquent clairement que le TRALI résulte de plusieurs mécanismes dont le point central est l’activation de leucocytes accumulés dans les capillaires pulmonaires. 1- Mécanisme impliquant directement les anticorps antigranulocytes : La responsabilité des anticorps anti-granulocytes dans l’activation in-vivo de ceux-ci dans le TRALI est connue depuis longtemps. Il peut s’agir d’anticorps soit exclusivement anti neutrophiles, soit d’anticorps anti HLA classe I. Ils se fixent alors directement sur les polynucléaires neutrophiles qui portent à leur surface les structures correspondantes et activent le complément. Leur rôle a été montré dans un modèle expérimental de perfusion de poumon isolé de lapin ex vivo par l’injection simultanée d’anticorps anti-5b (HNA-3a), de polynucléaires portant cet antigène et de plasma de lapin apportant le complément [15]. Dans ce modèle l’injection de ces trois protagonistes était nécessaire pour produire un œdème lésionnel sévère survenant, dans des délais de 2 à 6 heures comparables à ceux observés en clinique humaine. L’utilisation d’anticorps non-spécifique des antigènes portés par les polynucléaires cibles ne provoquait pas le syndrome. 17 Le syndrome de TRALI La nécessité de l’injection de complément et le rôle du C5a sont aujourd’hui remis en cause. Le rôle étiologique des anti HLA a été fermement établi dès1985 [16] à propos de 36 cas de TRALI dont 26 (72%) avaient reçu des produits sanguins contenant des anticorps anti-HLA de classe I correspondant à au moins un des antigènes du receveur. La cible des anticorps anti-HLA de classe I est représentée non seulement sur les polynucléaires neutrophiles mais aussi sur les cellules endothéliales et les pneumocytes. Ceci suggérait, qu’en dehors de ce schéma simple d’agression directe de l’endothélium par l’activation des polynucléaires, d’autres mécanismes physiopathologiques étaient possibles. Il a en effet été montré à cet égard que les cellules endothéliales sont susceptibles de s’activer et de sécréter des cytokines pro-inflammatoires par pontage de leurs molécules HLA de classe I par un anticorps en déclenchant les séquences de phosphorylation intracellulaire de la voie de l’inositol phosphate [17]. Dans ces événements, différents facteurs pro-inflammatoires interviennent dont le C5a, le TNFα, l’IL1 et l’IL8 créant une situation favorable à la survenue du TRALI [18]. Au plan étiologique, la contribution des anti-granulocytes par rapport à celle des anti-HLA classe I est difficile à évaluer. Les anti HLA sont les plus fréquemment en cause alors que les anti granulocytes, bien que plus rares, semblent plus agressifs comme ceci a été souligné récemment à propos d’anticorps anti-5b granulo-agglutinants impliqués dans deux cas ayant eu une issue défavorable [9]. 18 Le syndrome de TRALI 2- Autres mécanismes : La possibilité de déclencher un TRALI par des mécanismes n’impliquant pas directement des anticorps anti polynucléaires a été évoquée du fait de l’existence de nombreux cas où leur présence ne pouvait être établie. Trois autres possibilités ont été documentées. 2-a Anticorps anti HLA II L’absence d’expression des molécules HLA de classe II de la surface des polynucléaires avait antérieurement conduit à se dispenser de la recherche d’anticorps dirigés contre ces structures. Le rôle déclenchant de ces anticorps anti-HLA classe II dans des cas typiques de TRALI a été mis en évidence plus récemment [20,21]. Cela a conduit à suspecter le rôle des monocytes. En effet, ces cellules portent à leur surface, non seulement les molécules HLA de classe I et l’antigène 5b, mais aussi les molécules HLA de classe II. Dans une étude in-vitro, une augmentation de l’expression de marqueurs de l’inflammation, IL-1β, TNFα et facteur tissulaire (TF) sous l’influence d’anticorps anti classe II mis au contact de ces cellules a été observée. Celle-ci ne survient que si la cible antigénique est présente sur les cellules [22]. Dans une étude de cas de TRALI, des anticorps activateurs des monocytes étaient trouvés chez un des donneurs dans 14 des 16 cas positifs et dans 3 autres cas l’anticorps était présent chez le receveur. Les anti-HLA classe II peuvent ainsi contribuer au TRALI par l’activation des cellules de la lignée monocyto-macrophagique. Ces cellules sont susceptibles d’attirer les polynucléaires neutrophiles par la libération de cytokines inflammatoires, d’induire l’apparition de molécules d’adhérence CD34 et CD31, et de provoquer l’expression des molécules HLA 19 Le syndrome de TRALI classe II, sur l’endothélium des capillaires pulmonaires [23]. Ces cytokines ont été également suspectées de provoquer l’expression des molécules de classe II sur les neutrophiles eux-mêmes, ce qui, dans un contexte inflammatoire ou par le biais de la stimulation des cellules de la lignée monocytomacrophagique, permettrait de soulever l’hypothèse d’une action directe de ces anticorps sur les neutrophiles [24]. 2-b Agression direct de l’endothélium pulmonaire et des pneumocytes par anticorps anti- HLA L’agression directe de l’endothélium pulmonaire et des pneumocytes par des anticorps anti-HLA a été fortement suggérée par une observation privilégiée d’un cas de TRALI unilatéral survenu sur un poumon greffé à la suite de l’injection de sang contenant un anticorps anti-HLA reconnaissant l’antigène HLA-B44. Dans ce cas, l’antigène B44 n’était en effet porté que par le poumon greffé [25] et il était bien sûr absent de la surface des leucocytes du malades. 2-c L’implication de lipides activateurs : Le rôle déclenchant de lipides activateurs des polynucléaires et notamment de lysophosphatidylcholines, apportés par le sang transfusé a été plus récemment proposé [26]. Ces composés lipidiques qui s’accumulent dans les poches de produits sanguins cellulaires au cours du stockage, ont une action activatrice sur les polynucléaires. La relation entre la présence de ces lipides et la durée de conservation du produit sanguin cellulaire a été établie expérimentalement en comparant la pathogénicité de concentrés globulaires ou plaquettaires conservés à celui de concentrés frais dans un modèle de perfusion de poumon isolé de rat [27]. 20 Le syndrome de TRALI La libération de leucotriène E4 et l’oedème pulmonaire ne sont observés qu’avec les produits conservés dont l’injection doit en outre être précédée par une perfusion de lipo-polysaccharide (LPS). En dehors de la mise en exergue du rôle de lipides activateurs, ce modèle expérimental illustre la nécessité de la coïncidence de deux facteurs dans le déclenchement d’un TRALI. Le premier, représenté ici par la perfusion préalable de LPS, simulerait l’état clinique prédisposant, alors que le second, les lipides activateurs, représenterait le facteur déclenchant apporté par la transfusion. 21 Le syndrome de TRALI Figure 3 : Mécanismes des lésions des capillaires et des alvéoles pulmonaires dans le TRALI. 1. Les anticorps anti granulocytes sont susceptibles d’activer les polynucléaires neutrophiles accumulés dans les capillaires pulmonaires et provoquent la libération d’enzymes, de radicaux oxygénés, de monoxyde d’azote (NO) lésant l’endothélium et la membrane basale alvéolaire. 2. Les anticorps anti HLA de classe I peuvent agresser directement les polynucléaires neutrophiles ainsi que les cellules endothéliales, les monocytes/macrophages et éventuellement les pneumocytes. 3. Les lipides sont susceptibles d’activer les polynucléaires neutrophiles. 4. Les anticorps anti HLA de classe II peuvent réagir avec les monocytes qui, par le biais de la libération de cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-8, TNFa), activent les polynucléaires neutrophiles et les cellules endothéliales. 22 Le syndrome de TRALI 3- Forme particulière : TRALI inversé : La physiopathologie du « TRALI inversé », plus rare, dans lequel l’anticorps est présent chez le receveur et est dirigé contre un antigène leucocytaire du donneur, n’a pas fait l’objet d’études aussi extensives. Une pathogénie de même type impliquant la localisation et l’agression pulmonaire des leucocytes transfusés peut être supposée. On devrait alors voir cet accident diminuer, voire même disparaître du fait de l’utilisation de sang déleucocyté. 4- Facteurs de risques : 4.a- Patients prédisposés Les mécanismes immunologiques et non immunologiques n’apparaissent pas suffisants pour provoquer le TRALI qui nécessite une condition clinique prédisposante (tableau 1), avec une leucostase pulmonaire. C’est ainsi que l’étude rétrospective des receveurs de PSL, provenant d’un donneur porteur d’un anti-5b impliqué dans un TRALI , a montré que 13 des 36 receveurs étudiés (36 ,1%) avaient eu une réaction transfusionnelle, alors que l’antigène est présent chez 97% de la population de référence. Plusieurs groupes de pathologies favorisantes ont été proposés notamment les hémopathies malignes sous chimiothérapie intensive, les pathologies ou les chirurgies cardiovasculaires (en particulier avec circulation extracorporelles) et plus généralement les situations chirurgicales, les syndromes infectieux aigus, - les transfusions massives et les traitements cytokiniques [28]. 23 Le syndrome de TRALI TABLEAU 1 : Situations favorisants l’apparition d’un TRALI [4] Conditions chirurgicales Conditions médicales Situations transfusionnelles particulières - Anesthésie générale - Chirurgie cardiovasculaire - Transfusion massive - Hémopathies malignes - Injections de cytokines - Syndromes infectieux sévères - Transfusion massive 4.b- La multiparité La parité des donneurs contribuant à l’approvisionnement joue un rôle primordiale comme le prouve une étude récentes portant sur la surveillance systématique des gaz sanguins de 100 patients ayant reçus au moins deux unités de plasma provenant pour la moitié d’entre eux de donneurs multipares. Sur les cinq réactions cliniques identifiables rapportées, quatre concernaient les receveurs de plasma de multipares.ces résultats suggèrent que le risque de TRALI immunologique direct (anticorps chez le donneur) est observé lorsque le PSL injecté provient d’une donneuse multipares bien que dans ces dernières études l’allo immunisation n’a pas été prise en compte.[4] 4.c- La durée de conservation de PSL La durée de conservation du PSL cellulaire joue un rôle du fait de la libération de composés lipidiques d’origine cellulaire au cours d’un stockage prolongé des poches de PSL. 24 Le syndrome de TRALI Facteurs de risque [SILLIMAN] Facteurs de risque du patient Facteurs de risque du donneur Activation des neutrophiles • Ancienneté des Produits sanguins • Sepsis – CGR > 15J • Traumatismes multiples – Plaq > 3J • Pneumonie • Multiparité: Ac HLA-I ou II • CEC – Nullipare: 8% • Brûlures – 2 gross: 15% • Inhalation – >2 gross: 26% (Evidence niveau Ib) • Contusion pulmonaire • Pancréatite aiguë • Overdose. 25 Le syndrome de TRALI IV- Produits sanguins en cause : Tous les produits sanguins labiles, à condition qu’ils contiennent du plasma, ont été impliqués(voir tableau 2). Les concentrés plaquettaires d’aphérèse et le plasma sont les plus souvent mentionnés. Cependant les concentrés globulaires, comme dans nos deux cas, peuvent être responsables du déclenchement d’un TRALI. a) Définition des PSL : Les PSL sont préparés à partir des dons de sang humain : Dons bénévoles pour les préparations homologues, et patients pour les préparations autologues. Les modalités de prélèvement, don de sang total ou sélectif par aphérèse permettent de préparer des produits fortement enrichis en l’un des constituants sanguins : globules rouges, plaquettes, plasma, et granulocytes. Ces dérivés sanguins, constituants le groupe des patients sanguins qualifiés de labiles car leur durée de conservation est limitée dans le temps. b) Concentré de globules rouges déleucocytés CGRD Le CGRD est une suspension de globules rouges obtenue à partir d’un don de sang déleucocyté, après soustraction en circuit clos de la quasi-totalité du plasma. Le CGRD contient un volume résiduel de plasma inférieur à 100 mL, quelques plaquettes (quantité non standardisée) et moins de 1´106 leucocytes. L’anticoagulant utilisé est une solution de citrate phosphate dextrose ou CPD (63 mL). Une solution de conservation (80 mL), contenant du chlorure de sodium, de l’adénine, du glucose et du mannitol (SAGM), est ajoutée au concentré. Elle permet de conserver le CGRD à 4°C pendant 42 jours. Le 26 Le syndrome de TRALI volume minimal du concentré est de 205 mL, et doit contenir plus de 40g d’hémoglobine. Le taux d’hématocrite est compris entre 50 et 70% . C’est le produit sanguin labile le plus utilisé en transfusion sanguine. Sa transfusion doit être terminée dans les 6 heures qui suivent sa distribution. Les hématies transfusées doivent être isogroupes avec celles du receveur pour le système ABO et l’antigène D du système Rhésus. Sinon, la transfusion est possible, à condition de respecter de façon stricte les règles de compatibilité schématisées sur (la figure 3) . Dans nos deux cas, les concentrés de globules rouges sont incriminés. Figure 3 : Règles de compatibilité ABO. 27 Le syndrome de TRALI c) Plasma frais congelé Le plasma frais congelé (PFC) est exclusivement prélevé par plasmaphérèse. Il est congelé dans un délai inférieur à 24 heures à une température de 25°C et peut être conservé pendant 1 an après la date du prélèvement. La décongélation se fait au bain-marie à 37 °C. Le plasma décongelé doit être transfusé immédiatement, au plus tard dans les 6 heures. Le taux minimal de facteur FVIII est de 0,7 UI/mL après décongélation . Le plasma contient environ 20 % d’anticoagulant (CPD). La règle de compatibilité transfusionnelle est inverse de celle applicable aux concentrés globulaires (figure «3 »). Il existe deux types de plasma couramment utilisés : le plasma frais congelé viroatténué (PVA) et le plasma frais congelé sécurisé (PFCS). d) Concentré de plaquettes Les concentrés de plaquettes (CP) sont définis comme des suspensions de plaquettes dans du plasma. Ils se conservent entre 20 et 24 °C, sous agitation lente et continue. La durée de conservation maximale est de 5 jours. La posologie est de 0,5 à plaquettes pour 10 kg de poids corporel. La transfusion de concentrés plaquettaires doit se faire dans le respect des règles de compatibilité ABO. On peut déroger à cette règle en cas d’indisponibilité du produit correspondant. Cependant, le rendement transfusionnel risque d’être diminué. Le respect de la compatibilité Rh D n’est pas impératif, car les plaquettes ne sont pas porteuses des antigènes du système Rhésus. Cependant, du fait de la présence de globules rouges résiduels, une allo-immunisation antiérythrocytaire anti-D est possible, en cas de transfusion de CP Rhésus D 28 Le syndrome de TRALI positif à un patient Rhésus D négatif. Dans ce cas, il est recommandé de prévenir cette immunisation par l’injection d’immunoglobulines humaines D (100μg) dans les 72 heures, et de contrôler l’efficacité par la recherche d’anticorps passifs dans les 24 heures. Cette prophylaxie s’impose chez la femme en âge de procréer et chez l’adulte jeune. Il existe deux types de concentrés de plaquettes : le concentré de plaquettes standard (CPS) et le concentré de plaquettes issu d’aphérèse (CPA). Concentré de plaquettes standard Le CPS est préparé à partir d’un prélèvement de sang total (couche leucoplaquettaire) dans un délai inférieur à 24 heures après le prélèvement. Le volume varie de 40 à 60 mL. Concentré de plaquettes d’aphérèse Le concentré de plaquettes d’aphérèse déleucocyté (CPAD) est obtenu par aphérèse grâce à un séparateur de cellules, à partir du sang veineux d’un donneur unique. Le volume varie de 200 à 650 mL. e) Concentré de granulocytes Le concentré de granulocytes d’aphérèse (CGA) est défini comme une suspension de granulocytes (ou polynucléaires) obtenue par aphérèse grâce à un séparateur de cellules, chez un donneur préalablement soumis à un traitement médicamenteux afin d’augmenter la concentration sanguine en granulocytes. Les CGA contiennent aussi des plaquettes en nombre élevé, des globules rouges qui peuvent nécessiter le respect de la compatibilité ABO. Des macromolécules sont perfusées pendant le prélèvement pour améliorer la séparation des différentes fractions cellulaires. 29 Le syndrome de TRALI Le CGA se conserve entre 20 et 24 °C. La durée légale de conservation est de 12 heures au maximum, à compter de la fin du prélèvement, mais il est préférable de transfuser le produit le plus rapidement possible après le don, ou si possible dans les 4 heures. L’irradiation du CGA avant distribution est obligatoire, pour éviter une réaction de greffon contre l’hôte. N.B : les médicaments dérivés du sang, n’ont été mis en cause que dans un cas rapporté à l’occasion de l’injection d’immunoglobulines intraveineuses. Récemment, la survenue du TRALI à l’occasion de l’injection de cellules souches hématopoïétiques a été rapporté. TABLEAU 2: Produits sanguins impliqués dans une période de 48 mois d’études (juillet 1991juin 1995) et les prévalences relatives du TRALI pour chacune des unités transfusées.[29] Produits impliqués Nombre de réactions de TRALI Nombre d’unités transfusées Prévalence en CP 72 31 074 0,23 (1 pour 432) CPA 2 2 447 0,082(1pour 1224) CGR 15 66 161 0,023(1pour 4410) PFC 1 19 4111 0,0052(1pour 19411) (ration) CP: Concentrés plaquettaires sélectionnés par centrifugation. CPA: Concentrés plaquettaires collectés par aphérésie. CGR: Concentrés de globules rouges. PFC: Plasma frais congelé. 30 Le syndrome de TRALI TABLEAU 3 : Incidence du TRALI selon les produits sanguins transfusés [30] Auteurs, année PFC CPA MCP CGR Cryoprécipité (Silliman 1999) (Silliman, Boshkov et al. 2003) SHOT, cité in (Kleinman, Caulfield et al. 2004) Total 1/5000 1/19411 1/1224 1/74000 1/88000 1/4410 1/1220 1/88000 1/557000 1/500000 1/9306 1/58279 1/25073 Québec Hémovigilance, cité in (Kleinman, 1/61006 Caulfield et al. 2004) (Wallis 2003) 1/5000 à 1/10000 (Kopko, Marshall et al. 2002) 1/25000 (Silliman, Ambruso 1/5000 à 1/1323 et al. 2005) (Muller, Parpeix et al. 2004) 1/14602 1/5000 Ce tableau récapitule les données épidémiologiques disponibles en 2006. Les produits sanguins labiles les plus souvent en cause sont les concentrés de plaquettes en premier lieu, mais aussi les plasmas, les concentrés de globules rouges ainsi que les cryoprécipités 31 Le syndrome de TRALI V- Diagnostic positif du TRALI: Le TRALI est un oedème pulmonaire non hémodynamique (lésionnel) dû à la transfusion de produits sanguins labiles 1- Diagnostic clinique: [30, 4, 31, 32] Il se caractérise par : a- Une installation insidieuse et rapidement progressive, 1- débutant en général dans l’heure suivant la fin d’une transfusion. 2- la définition consensuelle du TRALI retient un délai de survenue maximum de 6 heures après la transfusion 3- de rares cas de TRALI ont été rapportés après ce délai Ce lien temporel est un critère diagnostique capital, et c’est là son seul caractère distinctif des autres ALI (acute lung injury) qui ont des causes multiples (voir tableau 4). 32 Le syndrome de TRALI TABLEAU 4 : Etiologies des SDRA Atteintes pulmonaires directes Atteintes pulmonaires indirectes Infections sévères extra pulmonaires Inhalation de liquide gastrique Etats de choc traumatiques ou infectieux Inhalation de produits toxiques Polytraumatismes sévères Contusions pulmonaires Coagulation Intra-Vasculaire Infections, bactériennes, parasitaires pulmonaires diffuses, Disséminée, transfusions massives virales, mycotiques ou Embolies graisseuses Brûlures étendues récentes Noyades Brûlures respiratoires Pancréatites aiguës nécrotiques Circulations extra corporelles Autres causes : Eclampsie, causes toxiques, médicamenteuses b- Des signes cliniques : 1- Respiratoires : Dyspnée, tachypnée, cyanose, toux et expectoration mousseuse riche en protéines. Lorsque la concentration en protéines du liquide d’expectoration peut être mesurée, le rapport protéines du liquide/protéines plasmatique est ≥ 0,6. Râles crépitants diffus dans les deux champs pulmonaires, prédominant souvent dans les zones déclives. SpO2 (Saturation en O2 de l’hémoglobine mesurée à l’oxymètre de pouls) inférieure à 90%, en air ambiant. 33 Le syndrome de TRALI 2- Cardiovasculaires : Hypotension artérielle inconstante, ne répondant pas au remplissage vasculaire, tachycardie parfois, plus rarement hypertension . 3- Signes généraux : Fièvre, quasi constante, définie par l’élévation de 1°C ou plus de la température centrale par rapport à l’état antérieur. Dans nos deux cas, la symptomatologie cardiovasculaire et respiratoire sont en premier plan dans le tableau clinique révélant le TRALI 2- Diagnostic paraclinique : [33, 34, 35] a- Imagerie médicale : La radiographie thoracique montre en incidence frontale la présence d’infiltrats pulmonaires bilatéraux formés d’opacités alvéolaires cotonneuses plus ou moins confluentes, pouvant aller jusqu’à l’aspect de "poumon blanc" bilatéral. L’ombre cardiaque est normal. Cependant, il a été décrit quelques cas avérés de TRALI sans oedème pulmonaire évident. Les images radiologiques étaient typiques dans nos deux observations. L’Echographie cardiaque: montre l’absence de signes évocateurs d’une insuffisance ventriculaire et ou d’une augmentation de la pression des oreillettes gauches. 34 Le syndrome de TRALI b- Des signes biologiques : Numération formule sanguine : (NFS) Neutropénie transitoire, évocatrice mais inconstante. Elle doit être recherchée précocement. Son absence ne permet pas d’éliminer un TRALI. La gazométrie artérielle : confirme le tableau d’hypoxie. Un rapport PaO2/FiO2 inférieur à 300 mmHg définit l’ "Acute Lung Injury (ALI)" Un rapport PaO2/FiO2 inférieur à 200 mmHg signe le Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu (SDRA). (Dans la littérature Anglo-saxonne : ARDS = Acute Respiratory Distress Syndrome) Groupage du patient et des poches transfusés : pas d’incompatibilité ABO-Rh. Test de coombs : Négatif RAI : Négative C’est la coïncidence temporelle de ce tableau clinique avec une transfusion qui doit conduire au diagnostique de TRALI. Au plan nosologique les criteres retenus par la conference americanoeuropéenne de consensus pour la définition des cas ont abouti aux recommandations suivantes : 35 Le syndrome de TRALI Critères d’ALI ou atteinte pulmonaire aigue : Déclenchement aigu. Hypoxémie Infiltrats bilatéraux sur la radiographie pulmonaire de face. Pas de preuve d’hypertension auriculaire gauche. Le diagnostique de certitude de TRALI repose sur : La reconnaissance de l’ALI L’absence d’ALI avant la transfusion. Sa survenue au cours de la transfusion ou dans les six heures qui la suivent. L’absence de relation temporelle avec un autre facteur de risque d’ALI. Le diagnostique de TRALI possible est retenu si dans les mêmes circonstances il existe une relation temporelle claire avec une autre cause d’ALI (tableau 4) 36 Le syndrome de TRALI VI- Bilan immunologique L’enquête immunologique concerne le receveur et le (s) donneur (s) incriminé (s).Les laboratoires de référence, désignés dans chaque procédure régionale, auront à réaliser la recherche des anticorps anti-leucocytaires : antiHLA de classe I et II, anti-granuleux, et si nécessaire les groupages et épreuves de compatibilité croisée dans les systèmes précédemment cités. Le dépistage des anticorps sera réalisé d’emblée et systématiquement chez le receveur et chez le (s) donneur (s) impliqués en privilégiant l’exploration des donneurs de sang de sexe féminin. L’enquête immunologique sera ensuite complétée si le dépistage des anticorps anti-leucocytaires s’avérait positif chez le receveur et/ou chez au minimum un donneur impliqué dans l’incident. Dans un souci d’efficacité et afin de ne pas multiplier les examens et les coûts, la stratégie d’enquête immunologique suivante est proposée : 1-a Pour le (s) donneur (s) 1ère étape Seul le dépistage des anticorps anti-leucocytaires sera réalisé dans un premier temps. Ce dépistage peut être fait sur un échantillon de la plasmathèque associée au don, soit le résidu du tube de plasma conservé 42 jours soit une paillette de 450L de plasma, disponible au niveau de la sérothèque-donneurs régionale. Ce volume de plasma est suffisant pour un premier screening des anticorps antileucocytaires au regard des techniques de dépistage utilisées aujourd’hui par les laboratoires. Les laboratoires de référence devront s’assurer que leurs techniques 37 Le syndrome de TRALI sont validées pour le dépistage des anticorps anti-leucocytaires (anti-HLA de classe I et II, anti-granuleux) sur plasma. La procédure régionale devra définir la structure destinataire du plasma (tube ou paillette).Celle-ci aura en charge la répartition de l’échantillon de plasma en 2 aliquots de volume adapté pour le dépistage des anti-HLA et des anti-granuleux et l’organisation du transport si les deux laboratoires sont distants. 2ème étape Les donneurs dont le résultat du dépistage s’avère positif, seront convoqués et leur sera prélevé un échantillon sanguin de 10 ml sur tube sec nécessaire au contrôle et à l’identification de l’anticorps, et aux épreuves de compatibilité croisée avec les cellules du receveur dans les systèmes correspondants (cf infra). 1-b Pour le receveur La nature et les volumes des prélèvements sanguins, les conditions de conservation sont précisés dans le Tableau 4.Les prélèvements sanguins sont réalisés chez le receveur au décours de l’incident et doivent être acheminés vers les laboratoires dans les délais requis. Cependant, si pour des raisons d’ordre logistique les échantillons ne pouvaient être acheminés dans ces délais (cas d’un incident survenant une veille de week-end), il est totalement concevable de différer la réalisation des prélèvements sanguins de 24 ou 48 heures afin de garantir la qualité des échantillons à réception au laboratoire. En effet, l’évolution du TRALI étant généralement favorable et la prise en charge thérapeutique non liée aux résultats des tests immunologiques, la réalisation des prélèvements sanguins n’est pas urgente. Lorsque les prélèvements sanguins du receveur ne peuvent être différés (en cas de décès par 38 Le syndrome de TRALI exemple) ou que l’acheminement ne peut être effectué dans les délais, les laboratoires devront en être avertis. Ils devront privilégier la réalisation des groupages par des techniques de biologie moléculaire. La conservation des cellules en vue d’une éventuelle épreuve de compatibilité croisée ne sera pas réalisée. TABLEAU 5 : Nature et volumes des prélèvements sanguins nécessaires pour le receveur La nature et les volumes des prélèvements seront précisés par chaque procédure régionale en fonction des techniques pratiquées par les laboratoires de référence. A titre d’exemple, plusieurs techniques sont aujourd’hui validées pour la détermination des groupages HLA. La plupart des laboratoires en France utilisent soit la technique de lymphocytotoxicité à partir des lymphocytes du sang prélevé sur citrate ou héparine soit une technique de biologie moléculaire (PCR) à partir de l’ADN extrait du sang prélevé sur EDTA(tableau 5). 39 Le syndrome de TRALI Traitement des prélèvements sanguins du receveur 1ère étape Les tests et manipulations suivants seront réalisés systématiquement : - Dépistage des anticorps anti-leucocytaires (anti-HLA de classe I et II, anti-granuleux) dans le sérum et identification en cas de dépistage positif. - Détermination du Phénotype granulocytaire par les techniques sérologiques (granulo-agglutination et immunofluorescence). Ce test doit être réalisé à la réception des échantillons sanguins au laboratoire en raison de la courte viabilité des polynucléaires neutrophiles. La détermination du phénotype granulocytaire est cependant possible pour certains antigènes (antigènes HNA1a, HNA1b, HNA1c) par des techniques de biologie moléculaire ce qui permet pour les laboratoires qui les pratiquent de différer le traitement du prélèvement. - Séparation et congélation des lymphocytes en vue d’une éventuelle détermination du phénotype HLA par des techniques sérologiques ou d’une épreuve de compatibilité croisée. - Préparation d’un culot de globules blancs en vue de l’extraction d’ADN pour la réalisation éventuelle du phénotype HLA ou granulocytaire par des techniques de biologie moléculaire (PCR). Les lymphocytes congelés et l’ADN du receveur seront conservés jusqu’à la fin de l’enquête chez les donneurs. 40 Le syndrome de TRALI 2ème étape Les tests suivants seront réalisés en 2ème intention ■ En cas de recherche d’anticorps positive chez un donneur, le bilan sera complété par : - la détermination du phénotype du receveur dans le système correspondant à partir du matériel biologique qui aura été conservé (lymphocytes congelés, ADN). - une épreuve de compatibilité croisée dans le système correspondant entre le sérum du donneur immunisé et les cellules du receveur (lymphocytes congelés). ■ En cas de recherche d’anticorps positive chez le receveur, les donneurs impliqués seront convoqués, un échantillon de sang total sur anticoagulant leur sera prélevé pour la détermination du groupage et la réalisation d’une épreuve de compatibilité croisée dans le système correspondant. 41 Le syndrome de TRALI VII- Diagnostic différentiel du TRALI: 1- Oedème pulmonaire aigu hémodynamique transfusionnel [36], (Transfusion Associated Circulatory Overload ou TACO des auteurs Anglo-Saxons), est caractérisé par une augmentation de la pression capillaire pulmonaire et de la POG. La notion d’antécédents et/ou de signes cliniques d’insuffisance ventriculaire gauchesont en faveur de ce diagnostique.Un électrocardiogramme pathologique peut orienter vers une cause cardiogénique. La radiographie thoracique en incidence frontale représente le premier examen d’orientation qui permet de distinguer entre l’œdème de surcharge et le TRALI TABLEAU 6 : Les critères différentiels des 2 types d’oedèmes : Aspect radiologique OEdème de surcharge OEdème non cardiogénique (TRALI) Silhouette cardiaque Normale ou élargie Habituellement normale Taille des hiles Elargie Normale Distribution vasculaire Equilibrée ou redistribution Normale vers les sommets Distribution de l’œdème Péri hilaire Cotonneux, périphérique Epanchements pleuraux Présents Habituellement absents OEdème péri bronchique Présent Habituellement absent Lignes de Kerley Présentes Habituellement absentes Bronchogramme aérique Habituellement absent Habituellement présent Aspects radiologiques du diagnostic différentiel entre oedème de surcharge et TRALI [D’après 37] : 42 Le syndrome de TRALI L’échocardiographie est devenue l'examen de référence, elle recherche la présence ou l'absence de signes évocateurs d'une insuffisance ventriculaire et/ou d'une augmentation de la pression dans l'oreillette gauche [37]. Biologiquement, il existe une augmentation du dosage du Brain Natriuretic Peptide (BNP) ou de son extrémité N Terminale (NT Pro-BNP) plasmatique. La sensibilité et la spécificité du BNP ont été récemment estimées respectivement à 81% et 89% pour le diagnostic de TACO [38, 39, 40]. Dans ce contexte, la Pression Artérielle Pulmonaire d’Occlusion (PAPO), si elle était mesurée, serait supérieure à 18 mmHg, conformément à la définition de l’œdème hémodynamique, alors qu’elle serait normale dans le SDRA [41]. En pratique, elle est de moins en moins souvent évaluée. L’élévation de la pression veineuse centrale, facile à mesurer, pour peu qu’on dispose d’une voie veineuse centrale, n’est pas reconnue comme un marqueur fiable de la tolérance au remplissage vasculaire ou du risque d’OAP de surcharge. Il existe cependant un accord professionnel pour affirmer qu’une valeur de pression veineuse centrale supérieure à 15 mmHg objective un risque de surcharge vasculaire [42 ,43]. Sur le plan thérapeutique : un OAP de surcharge répond en général rapidement au traitement vaso-dilatateur, aux diurétiques, (contrairement au TRALI), et, si besoin, à la ventilation en pression positive continue. 2- Oedème lésionnel d’autre origine Dont les étiologies les plus fréquemment rencontrées sont résumées dans le tableau 4. 43 Le syndrome de TRALI 3- Réaction anaphylactique transfusionnelle grave : Cette réaction survient en règle précocement et sans délai par rapport à la transfusion. Le tableau respiratoire est dominé par un bronchospasme, avec tachypnée, sifflements expiratoires, stridor et cyanose. Des signes cutanéomuqueux, à type d’urticaire ou d’érythème dont le siège prédomine au niveau de la face, du cou et de la région antérieure du thorax confortent le diagnostic. Un oedème de Quincke peut atteindre la face et le cou et s’étendre au larynx dominant alors le pronostic avec le risque d’asphyxie. Un collapsus, voire un état de choc ou un arrêt cardiaque peuvent s’installer. Il n’y a pas en général d’oedème pulmonaire, du moins au début de l’évolution, dans ce tableau aigu [44 , 45]. 4- Accident transfusionnel par contamination bactérienne : Les manifestations comportent fièvre, frissons, marbrures cutanées, hypotension, et/ou collapsus vasculaire pouvant aller jusqu’au choc septique. Le tableau peut comporter un ALI ou un SDRA. L’atteinte pulmonaire est cependant rarement présente, à la phase initiale, mais apparaît en général après quelques heures d’évolution [46 , 47]. 5- Accident hémolytique par incompatibilité ABO : [48, 49]. Ce diagnostic est facilement éliminé par le contexte clinique d’hémolyse intra vasculaire aiguë et la vérification des documents transfusionnels, des poches de CGR transfusées et du contrôle ultime au lit du patient. Dans nos deux cas, le diagnostic différentiel se posait essentiellement avec l’œdème de surcharge, vu l’absence de symptomatologie infectieuse, anaphylactique et la négativité des tests d’incompatibilité ABO-Rh. 44 Le syndrome de TRALI VIII- Prise en charge L’étape la plus importante dans le traitement du TRALI est d’établir le plutôt possible son diagnostic, car c’est la prise en charge précoce et adaptés qui conditionne la survie du patient. [52] Au premier signe de détresse respiratoire il faut : Arrêter la transfusion immédiatement. Convoquer l’assistance médicale. Rapporter l’heure du début de la transfusion et l’heure du début des symptômes TRALI : la réaction est la plus souvent dans les 6 premières heures de la transfusion. Identifier les signes cliniques et faire le monitorage des fonctions vitales. Eliminer une cause cardiogénique de l’OAP [53] En pratique dans une grande proportion de patients (à peu prés 72% de cas de TRALI [52] le traitement utilise l’oxygénothérapie, la ventilation mécanique (VM), qu’elle soit non invasive (VNI), ou par abord trachéal avec application d’une pression expiratoire positive. En dehors de formes légères ne nécessitant qu’une oxygénothérapie, ces moyens (VM ou VNI) sont mis en œuvres en milieu de réanimation [26]. Les traitements à visée immunologique, comme la corticothérapie, n’ont pas fait la preuve de leur intérêt, aussi bien à titre préventif que curatif. 45 Le syndrome de TRALI L’utilisation de diurétiques doit être évitée car celle-ci peut aggraver le tableau clinique quand elle est administrée à tort en cas d’un faux diagnostic d’OAP par surcharge volémique, et peut être fatale pour les patients ayant déjà une hypovolémie avec hypotension. [50] Des médicaments vasopresseurs, des tonicardiaques et des antipyrétiques peuvent aussi être employés [2]. L’amélioration de l’hématose survient en générale dans les 24 à 48 heures (avec retour à la PaO2 initiale prétransfusionnelle). La pression veineuse centrale et la pression capillaire pulmonaire bloquée sont utiles pour le diagnostic, mais aussi pour guider le remplissage [3]. La déclaration de l’accident transfusionnel au centre d’hémovigilence est systématique est obligatoire. 46 Le syndrome de TRALI Figure 4. Conduite à tenir devant la survenue d’un oedème pulmonaire post-transfusionnel [7 , 50]. CTS : Centre de transfusion sanguine. 47 Le syndrome de TRALI IX- Evolution et pronostic L’évolution peut parfois être favorable en quelques heures au prix d’une simple oxygénothérapie si l’oedème pulmonaire est modéré et peu hypoxémiant, [51]. Cette évolution est en général plus favorable que celle des autres causes de détresse respiratoire aigue où la mortalité est de 40 à 70%. Elle se fait dans plus de 80% des cas vers la résolution en 48 à 96 heures. Elle nécessite dans d’autres cas un traitement plus agressif, une prise en charge dans 72% des cas en réanimation par ventilation mécanique, et une hospitalisation plus prolongée, [46]. Le décès peut survenir dans un tableau d’hypoxémie réfractaire. Le SDRA transfusionnel est actuellement selon les séries la deuxième ou troisième cause de mortalité transfusionnelle. Ces données sont susceptibles d’évoluer compte tenu de la relative méconnaissance et donc la sous-déclaration actuelle des cas de TRALI [47 , 48]. La mortalité relevée dans quelques publications est résumée dans le tableau 7 : 48 Le syndrome de TRALI TABLEAU 7 : Mortalité liée au TRALI N : nombre de cas rapportés NP : non précisé AFSSAPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé. FDA : Food and Drug Administration. SHOT : Serious Hazards Of Transfusion (système Britannique d’hémovigilance). 49 Le syndrome de TRALI X- Prévention La connaissance actuelle des mécanismes physiopathologiques du TRALI permet de tirer des conclusions quant aux mesures de prévention à préconiser [28]. Cette prévention passe en premier lieu par le choix des donneurs, mais il n’y a pas actuellement de consensus permettant d’avoir une attitude uniforme. Les donneurs à risques sont les femmes multipares qui se sont immunisées contre les antigènes fœtaux. Dens-more et al.[2] considèrent que cette population de donneuses constitue un tiers des donneurs de plaquettes d’aphérèse, et seulement 8% d’entre elles sont immunisées contre le système HLA. Ce qui rend la recherche des anticorps chez ces donneuses non justifié. D’autres moyens de prévention sont représentés par la leucodéplétion des PSL (limite l’hémolyse complément-dépendant) et le raccourcissement du délai de conservation des PSL. Une alternative, serait de déplasmatiser les PSL (au moins pour les sujets appartenant à une catégorie à risque) ou de transfuser des produits à des receveurs HLA compatibles (en particulier des CPA). L’efficacité de ces mesures n’a pas été, pour le moment, évaluée et les données manquent pour en apprécier la portée de l’efficacité.[28] La prévention du TRALI inversé passe par l’utilisation de PSL déleucocytés. En France la transfusion de concentrés de gobules rouges déleucocytés est obligatoire depuis 1998, au Maroc elle n’est faite qu’à la demande .[3 ,54] 50 Le syndrome de TRALI L’EFS (Etablissement français du sang) a adopté des mesures de précautions vis-à-vis des PSL est des donneurs impliqués dans un TRALI, et a prodigués des conseils transfusionnels [26]. - Vis-à-vis des PSL Dés la réception de l’information de la survenue d’une suspicion de TRALI, l’EFS réalise le blocage de tous les produits adjacents des donneurs potentiellement impliqués, et destinés à usage thérapeutique direct, y compris d’éventuels plasmas sécurisés potentiellement en stock, (donc à l’expression des plasmas pour préparation de médicaments dérivés du sang), quels que soient le grade et l’imputabilité de l’incident. Si la suspicion de TRALI clinique est confirmée, les PSL issus de donneurs masculins seront libérés, et la mesure conservatoire n’est pas levée pour les PSL issus de donneurs féminins. Les PSL issus de donneurs féminins ne seront libérés que si la recherche d’anticorps est négative. Les PSL issus de donneurs féminins ne seront pas libérés si la recherche d’anticorps est positive. Si la suspicion de TRALI clinique n’est pas confirmée, tous les PSL sont libérés. - Vis-à-vis des donneurs Dés que l’incident est suffisamment documenté et que le diagnostic de TRALI est retenu : les donneurs de sexe féminin sont ajournés, dans l’attente des résultats immunologique. Si le bilan immunologique permet de suspecter un lieu de cause à effet entre la donneuse et l’incident transfusionnel, cette 51 Le syndrome de TRALI donneuse sera exclue définitivement du don, (quel que soit le niveau d’imputabilité, en sachant qu’il s’agit plus souvent d’une mesure de précaution notamment pour certains anticorps anti-HLA. La présence d’anticorps anti-granuleux est la seule qui soit un argument biologique fort pour l’exclusion). Si le bilan immunologique ne permet pas de suspecter un lieu de cause à effet entre la donneuse et l’incident transfusionnel, la donneuse est réintégrer. - Vis-à-vis du receveur (conseil transfusionnel) A ce jour, les connaissances ne permettent pas de recommander pour ces patients des protocoles transfusionnels particuliers. Pour toute nouvelle transfusion après l’incident, seront exclus les produits issus des donneurs potentiellement impliqués dans l’incident, ces produits faisant l’objet d’une quarantaine permettant la réalisation des explorations biologique . En cas de nouvelle indication transfusionnel les PSL d’autres donneurs peuvent être transfusés sans mesure spéciale. Au stade actuel l’appréciation du risque réel de survenue d’un TRALI demeure néanmoins un objectif difficile et les voies de sa prévention passent encore et d’abord par la nécessité d’un recueil des données susceptibles d’éclairer les décisions a venir. 52 Le syndrome de TRALI Conclusion 53 Le syndrome de TRALI La transfusion sanguine est une pratique courante non dénuée de risques. Le TRALI est un accident transfusionnel rare et potentiellement grave dont le diagnostic est clinique. En fonction des mécanismes étiopathogéniques du TRALI, on peut tirer des conclusions quant aux mesures préventives, dont les plus importantes sont : éliminer les donneurs impliqués dans un TRALI et des patients transfusés ayant présenté un TRALI. Utiliser que du sang « plus frais », des produits cellulaires déleucocytés et déplasmatisés, au moins pour les sujets appartenant à une catégorie à risque. Enfin, l’éducation du personnel de santé est impérative, l’instauration d’une surveillance rapprochée des patients transfusés et la signalisation des cas suspects de TRALI au site de transfusion sanguine permettront le recueil des données susceptibles d’aider à une meilleure connaissance de cet accident et d’éclairer les décisions à venir. 54 Le syndrome de TRALI Résumé 55 Le syndrome de TRALI Le syndrome de détresse respiratoire aiguë post-transfusionnel ou TRALI (Transfusion Related Acute Lung Injury) est une complication rare et sévère de la transfusion sanguine qui demeure encore sous diagnostiquée et sous déclarée. Il est considéré comme la troisième cause de décès lié à la transfusion sanguine. Deux mécanismes physiopathologiques principaux sont évoqués : immunologique, lié à une réaction entre un anticorps du donneur et un antigène du receveur et non immunologique, consécutif à une activation leucocytaire par des lipides ou des cytokines présents dans les produits transfusés. Le TRALI est un œdème pulmonaire aigu non cardiogénique survenant au décours immédiat d’une transfusion sanguine ou après un intervalle libre de quelques heures. Son diagnostic repose sur un faisceau de signes cliniques et immunologiques, après avoir éliminé les autres causes de détresse respiratoire. Les produits sanguins impliqués dans sa survenue sont divers. La confirmation biologique se base sur la recherche d’anticorps dans les produits sanguins et/ou la détection des antigènes qui leurs correspondent chez le receveur. Le traitement repose sur la ventilation assistée et l’oxygénothérapie. Les médicaments vasopresseurs, tonicardiaques et antipyrétiques peuvent être aussi employés. Des mesures préventives sont nécessaires pour diminuer la mortalité de ce syndrome. Nous rapportons dans ce travail deux nouveaux cas diagnostiqués à l’hôpital militaire d’instruction Mohammed V. Une patiente de 26 ans, hospitalisée pour césarienne et un patient de 67ans hospitalisé pour acidocétose diabètique, transfusés respectivement pour anémie post opératoire et anémie mal supportée, ayant développé un syndrome de detresse respiratoire aigüe. Le diagnostic de TRALI a été retenu par élimination. L’évolution sous oxygénothérapie a été favorable en moins de 24 h. 56 Le syndrome de TRALI 57 Le syndrome de TRALI Abstract The syndrome of acute respiratory failure post-transfusion or TRALI (transfusion related acute lung injury) is uncomon and sever complication of blood transfusion that is still unrecognized and misdiagnosed, it is considered like the third cause of death due to blood transfusion. Two physiopathologic mechanism are related,immunologic due to a reaction between antibodie of douor and antigen of recipient, non immunologic,due to leucocyte activation by lipids or cytokins.presents in blood products. The TRALI is a pulmonary acute edema no-cardiogenic that accur immediately after transfusion or after few hours ; It diagnostic is based on severed symptoms clinic and immunologic after elimination of other causes of respiratory failure.it biologic confirmation is based on screening of antibodies in blood products and/or detection of correspondent antigen in recipient. The treatement is based on mechanical ventilation and oxygenotherapy . Drugs ,vasopressors ,cardiotonics,antipyretics may be used. A preventif action are nessecery for decrease a mortality. We report two cases of TRALI diagnosed in HMIM5 .26 years old women hospitalised for ( cesarienne); 67 years old men hospitalised for diabetory acidocetosic decompensation,respectivly transfused for post-operatory anemia and insupported anemia who had developed TRALI. The diagnosis was taken by elimination .the follow-up was better by oxygenotherapy in less then 24. 58 Le syndrome de TRALI Bibliographies 59 Le syndrome de TRALI [1] Muller JY, Parpeix J, Fromont P, Valentin N. Le Trali, syndrome de détresse respiratoire aiguë post-transfusionnelle. Hématol 2004;10:297– 304 [2] V.Moalic et al . Synd de detresse respiratoire aigue post transfusionnelle : une pathologie méconnue . Pathologie biologie 53 (2005) 111-115 [3] Y. Alaoui, A. Moussaoui, S. Kabajj, W. Maazouzi. Une forme inhabituelle de TRALI . Cah Anesthesiol 2006 ; 54 (1) : 31-34 [4] Muller JY LE trali. Transfusion clinique et biologique 12 (2005) 230235 [5] Rebibo D, Hauser L, Slimani A, Herve P, Andreu G. The French Haemovigilance System: organization and results for 2003. Transfus Apheresis Sci 2004;31:145–53 [6] Nouraei SM, Wallis JP, Bolton DT, Hasan A. Management of transfusion related acute lung injury with extracorporeal cardiopulmonary support in a 4-year-old child. 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