Bases pharmacologiques à l`utilisation des médicaments

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Mini-revue
Sang Thrombose Vaisseaux 2006 ;
18, n° 10 : 529-37
Bases pharmacologiques
à l’utilisation des médicaments hémostatiques
Agnès Lillo-Le Louët1, Dominique Lasne2, Chantal Rothschild3
1
doi: 10.1684/stv.2006.0040
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Centre Régional de pharmacovigilance, hôpital Européen Georges Pompidou, 20 rue Leblanc, 75015 Paris
<[email protected]>
2
Laboratoire d’Hématologie, hôpital Necker, 149 rue de Sèvres, 75015 Paris
3
Centre d’Hémophilie, hôpital Necker, 149 rue de Sèvres, 75015 Paris
De nombreux médicaments sont disponibles en France pour
traiter ou prévenir des manifestations hémorragiques survenant
en l’absence de toute anomalie caractérisée de l’hémostase ou
chez des patients porteurs d’une anomalie de l’hémostase,
qu’elle soit congénitale ou acquise. Cet article passe en revue
les principaux médicaments hémostatiques dont les modes
d’action, les modalités d’utilisation et les indications sont très
variés, ces dernières n’étant pas toujours validées par des
essais cliniques randomisés. Les antifibrinolytiques (acide tranéxamique et aprotinine) sont utilisés dans les situations hémorragiques connues pour être habituellement associées à une
hyperfibrinolyse (métrorragies, chirurgie bucco-dentaire, chirurgie cardiaque...). La desmopressine a des propriétés procoagulantes car elle augmente la concentration plasmatique
des facteurs VIII et von Willebrand, d’où son utilisation dans
certains types de la maladie de Willebrand et dans l’hémophilie
A mineure. Elle est également utilisée chez l’insuffisant rénal et
le cirrhotique pour corriger les allongements inexpliqués du
temps de saignement. Les colles biologiques de par leur administration locale sont utilisées en chirurgie et en endoscopie.
L’étamsylate est un produit synthétique dont le mécanisme
d’action n’est pas clairement élucidé et dont l’efficacité en tant
qu’agent hémostatique n’a pas clairement été démontrée. Un
traitement hormonal ou en l’absence de trouble de l’hémostase
un anti-inflammatoire non stéroïdien (principalement l’acide
méfénamique) sont classiquement proposés dans le traitement
des ménorragies. L’utilisation de certains de ces médicaments
n’est pas sans risque et doit faire l’objet d’une évaluation
rigoureuse du rapport bénéfice/risque pluridisciplinaire. Les
facteurs de la coagulation, qu’ils soient dérivés du sang ou
recombinants, ne seront pas abordés ici.
Mots clés : hémostase, hémostatiques, antifibrinolytique, colle
biologique, traitement hormonal
Tirés à part :
A. Lillo-Le Louët
STV, vol. 18, n° 10, décembre 2006
529
L
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es médicaments hémostatiques appartiennent à
plusieurs classes pharmacologiques. De nombreuses molécules sont commercialisées dans
des indications très diverses mais des essais cliniques ne sont disponibles que pour quelques-unes d’entre
elles, et pour certaines indications seulement. Dans les
résumés des caractéristiques du produit (RCP), certains
médicaments ne sont d’ailleurs que « proposés » et non pas
« indiqués » dans certaines situations. Leur mécanisme
d’action consiste soit à favoriser la coagulation (comme par
exemple la desmopressine et les colles biologiques), soit à
limiter la dégradation du caillot (comme les antifibrinolytiques). D’autres molécules ont un mécanisme d’action
moins bien caractérisé comme l’étamsylate et les traitements hormonaux. Cette revue n’aborde pas les facteurs de
la coagulation, qu’ils soient dérivés du sang ou recombinants, utilisés pour compenser les déficits héréditaires ou
acquis en facteurs de coagulation. Elle n’abordera pas non
plus l’utilisation du facteur VII activé recombinant pour
rendre « supercoagulables » les patients à hémostase initialement normale ou subnormale soumis à un risque hémorragique majeur.
Place des agents hémostatiques
dans la prévention ou le contrôle
du saignement
Les agents hémostatiques sont utilisés afin de traiter ou de
prévenir des manifestations hémorragiques qui surviennent
en l’absence de toute anomalie caractérisée de l’hémostase.
Ils peuvent aussi être utilisés chez des patients porteurs
d’une anomalie de l’hémostase, congénitale ou acquise, en
complément éventuel du traitement substitutif spécifique.
Les antifibrinolytiques, la desmopressine, les traitements
hormonaux et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (en
l’absence d’anomalie de l’hémostase) ont une place importante dans le traitement des méno-métrorragies. La desmopressine est largement utilisée pour couvrir des gestes invasifs comme une ponction biopsie chez un patient à risque
hémorragique non caractérisé (insuffisance rénale par
exemple).
Ces médicaments sont également utilisés dans certaines
chirurgies très hémorragiques, en complément de l’hémostase chirurgicale afin de contrôler les pertes sanguines et de
limiter les transfusions. Les saignements en chirurgie sont
liés à la procédure chirurgicale ou à des facteurs non chirurgicaux multifactoriels, ce qui dans la plupart des cas ne
permet pas d’envisager un traitement spécifique. L’utilisation de médicaments tels que les antifibrinolytiques
concerne principalement la chirurgie cardiaque, la trans-
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plantation hépatique et certaines procédures d’orthopédie.
Les colles biologiques sont utilisées dans de nombreuses
procédures chirurgicales ou endoscopiques, dans des situations à risque hémorragique ou simplement comme suture
d’appoint (« adhésif »).
La correction d’un déficit bien caractérisé en facteur de
l’hémostase peut se faire par substitution spécifique par des
médicaments dérivés du sang (MDS) ou des facteurs recombinants, surtout dans les déficits sévères. Cette substitution
spécifique n’est pas sans danger, notamment en raison des
risques infectieux potentiels des MDS ou du risque d’apparition d’inhibiteurs. Les agents hémostatiques, principalement la desmopressine et les antifibrinolytiques sont donc
également prescrits chez les patients ayant un déficit modéré ou dans certaines circonstances dans les déficits sévères en complément du traitement spécifique.
Les différents médicaments disponibles
en France (tableaux 1 et 2)
Les antifibrinolytiques
La fibrinolyse est un mécanisme physiologiquement important dans le contrôle de l’hémostase. Elle correspond à la
solubilisation du thrombus fibrineux par la plasmine, sérine
protéase générée à partir du plasminogène. Le plasminogène se lie aux résidus lysines à la surface de la fibrine et est
converti en plasmine par un activateur relargué des cellules
endothéliales : le t-PA (activateur tissulaire du plasminogène). Des désordres de la fibrinolyse peuvent entraîner des
saignements sévères, qui peuvent être contrôlés par des
antifibrinolytiques. Par définition, les antifibrinolytiques
ne devraient être utilisés que dans les situations hémorragiques où une hyperfibrinolyse est démontrée, afin de corriger la balance hémostatique entre la coagulation et la fibrinolyse. En pratique, il n’existe pas de tests fiables pour
explorer la fibrinolyse en routine et guider la thérapeutique.
De fait, ils sont souvent utilisés de manière empirique dans
des situations connues pour générer une hyperfibrinolyse
comme dans les ménorragies [1], en chirurgie, principalement chirurgie cardiaque avec circulation extracorporelle
mais aussi dans les transplantations hépatiques, certaines
chirurgies orthopédiques et urologiques [2]. Ces pratiques
pourraient évoluer si les bonnes performances des nouvelles générations de thromboélastographe pour détecter les
hyperfibrinolyses se confirment [3].
Il existe 2 classes d’antifibrinolytiques : les analogues de
lysine et les inhibiteurs de sérine protéase.
Les analogues de lysine
Les analogues de lysine lient de façon réversible les sites de
liaison lysine sur le plasminogène, ce qui empêche la fixa
STV, vol. 18, n° 10, décembre 2006
Tableau I. Caractéristiques des principaux médicaments hémostatiques ayant une autorisation
de mise sur le marché en France
DCI
Antifibrinolytiques
Inhibiteurs du
plasminogène
Acide tranéxamique
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Inhibiteurs de sérine
protéase
Aprotinine
Procoagulants
Desmopressine
Nom commercial
Voie(s)
d’administration
Exacyl®
Voie orale et
intraveineuse
Spotof® Gé
Trasylol®
Minirin®
Octim®
Accidents hémorragiques dus une hyperfibrinolyse, qu’elle soit
primitive ou secondaire (méno-métrorragies, hémorragies
digestives, hématuries basses, hémorragies opératoires ORL)
Voie orale
Idem Exacyl®
Voie intraveineuse Syndromes hémorragiques fibrinolytiques et prévention des
risques hémorragiques fibrinolytiques en chirurgie cardiaque sous
circulation extra-corporelle, lorsqu’il existe un risque hémorragique élevé
Voie intraveineuse Prévention et traitement des accidents hémorragiques observés
dans l’hémophilie A (modérée et atténuée), la maladie de
Willebrand (en dehors des formes sévères ou de type 2b), en cas
d’allongement inexpliqué du temps de saignement en particulier
au cours de l’insuffisance rénale chronique. Complication des
traitements antiplaquettaires
Voie nasale
Idem, à l’exception de l’utilisation chez l’insuffisant rénal
Hémostatiques locaux (produits dérivés du sang humain)
Voie locale
Colles biologiques
Bériplast®
Contient de l’aprotinine
Voie locale
Tissucol®
Contient de l’aprotinine
Voie locale
Quixil®
Contient de l’acide
tranéxamique
Éponge
Divers
Etamsylate
AINS
Hémocoagulase
Tachosil®
Voie locale
Dicynone®
Voie orale et
intraveineuse
Voie orale ou
suppositoire
Voie intraveineuse
et locale
Ponstyl®
Reptilase®
Indications retenues par l’autorisation
de mise sur le marché
tion du plasminogène à la surface de la fibrine. Ainsi, même
si la plasmine est générée, elle ne peut agir sur la fibrine.
Parmi les analogues de lysine, seul l’acide tranéxamique
reste commercialisé en France (Exacyl® et Spotof®).
L’acide epsilon aminocaproïque n’est plus commercialisé
en France en raison du risque de rhabdomyolyse qui a
conduit à une abrogation de l’autorisation de mise sur le
marché de l’Hémocaprol® en 1995. Un collyre (Hexalense®) contenant de l’acide aminocaproïque est commercialisé comme traitement d’appoint de l’irritation conjonctivale.
Les indications de l’acide tranéxamique concernent les
situations hémorragiques liées à une fibrinolyse généralisée
ou locale (méno-métrorragies, hémorragies digestives...)
ou en rapport avec un traitement fibrinolytique. Son effica-
Usage local, traitement adjuvant dans toutes les disciplines
chirurgicales (y compris en endoscopie) pour l’hémostase
Usage local, traitement adjuvant destiné à assurer l’hémostase lors
d’une intervention chirurgicale
Traitement d’appoint pour améliorer l’hémostase et réduire les
saignements au cours de la chirurgie hépatique (résection et
transplantation) et de la chirurgie orthopédique (remplacement
total de hanche et de genou)
Traitement adjuvant en chirurgie pour améliorer l’hémostase
quand les techniques conventionnelles sont insuffisantes
Traitement symptomatique des troubles fonctionnels de la fragilité
capillaire et traitement d’appoint des méno-métrorragies
Ménorragies fonctionnelles restant inexpliquées après enquête
étiologique
Traitement symptomatique des hémorragies chirurgicales,
médicales non liées à un déficit en facteurs de la coagulation et
(ou) à un allongement isolé du temps de saignement
cité dans les ménorragies s’explique par la mise en évidence de taux élevés d’activateurs du plasminogène dans
l’endomètre des femmes ayant des saignements menstruels
plus importants que la moyenne [1]. Le traitement est pris
uniquement pendant la durée du saignement. La muqueuse
buccale et la salive étant toutes 2 riches en activateurs du
plasminogène, l’acide tranéxamique présente un intérêt
particulier en chirurgie buccodentaire en application locale
[4]. Il permet notamment de réaliser ce type de chirurgie
chez des patients sous anticoagulants oraux au long cours
avec maintien de la posologie ou simple réduction de posologie. Il présente également un intérêt chez les hémophiles
pour réduire la consommation de facteur spécifique [5].
L’acide tranéxamique est aussi utilisé pour contrôler le
saignement et réduire les besoins transfusionnels dans
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Tableau II. Indications validées des principaux hémostatiques
DCI nom
commercial
Modalités d’utilisation
particulières
Voie orale, pendant la durée
du saignement
Chirurgie bucco-dentaire →
En application locale, chez les
patients sous anti-coagulants
Réduction des pertes sanguines en
chirurgie cardiaque, orthopédique
et hépatique
Voie intraveineuse ou orale
Diminuer la posologie en cas
d’insuffisance rénale modérée.
Aprotinine
Trasylol®
Chirurgie cardiaque à haut risque
hémorragique
Autres chirurgies hémorragiques
Fibrinolyse
Voie intraveineuse exclusive
Attention à la posologie selon
le terrain et l’indication
Risque d’anaphylaxie : protocoles
avec prémédication et/ou dose test ;
savoir si il y a eu administration
antérieure d’aprotinine.
Risque potentiel de dysfonction
rénale et de thrombose en chirurgie
cardiaque : bien peser l’indication
Attention au risque anaphylactique
Desmopressine
Minirin®
Octim®
Maladie de Willebrand en dehors
des types 3 ou 2b
Forme atténuée d’hémophilie A
Conductrices d’hémophilie
à risque hémorragique
Voie intraveineuse (Minirin®)
Voie nasale (Octim®)
Quelle que soit l’indication :
- réaliser préalablement un test
d’efficacité biologique
Acide méfénamique
Ponstyl®
Méno-métrorragie
Voie orale, pendant la durée
du saignement
Traitement hormonal
Dispositif intra-utérin
Méno-métrorragie
Intéressant si contraception
souhaitée
Colles biologiques ou
éponge
Traitement adjuvant pour
l’hémostase en chirurgie hépatique
Attention au risque anaphylactique
pour les colles contenant
de l’aprotinine.
Pas de contact avec les méninges
pour les colles contenant de l’acide
tranéxamique.
Il s’agit de médicaments dérivés
du sang humain.
Quelle que soit l’indication :
contre-indication en cas
d’insuffisance rénale grave, de
thrombose artérielle ou veineuse,
d’hématurie, de contact avec
les méninges
- diminuer la posologie chez
les patients âgés et/ou en cas
d’insuffisance coronarienne ou
d’hypertension
d’autres situations chirurgicales. Le plus grand nombre
d’études a été fait en chirurgie cardiaque [5-7]. Dans ces
études, une efficacité de l’acide tranéxamique sur la réduction des pertes sanguines [7], des transfusions [5] et de la
mortalité [6] est clairement démontrée. Dans d’autres chirurgies à risque hémorragique comme la transplantation
hépatique et l’orthopédie, un bénéfice en termes de réduction des pertes sanguines postopératoires a également été
démontré [5].
L’acide tranéxamique est disponible sous la forme de
comprimé, de solution buvable ou de solution injectable.
La posologie habituelle chez l’adulte est de 2 à
4 g/24 heures, à répartir en 2 ou 3 administrations pour la
voie orale. Pour la voie parentérale, l’administration peut
se faire par injection intraveineuse lente ou en perfusion
continue. Chez l’enfant, la posologie est de 20 mg/kg/jour.
En chirurgie cardiaque, il n’existe pas de consensus sur la
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Remarques
Méno-métrorragie →
Acide tranéxamique
Exacyl®, Spotof®
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Indications validées
par des études cliniques
Intéressant en particulier en cas
de syndrome menstruel associé,
et/ou de migraine.
dose optimale à utiliser. Divers protocoles sont proposés :
une dose de charge de 10 mg/kg suivie d’une perfusion de
1 mg/kg/heure5 ou 50 à 100 mg/kg en perfusion de 5 à
10 minutes après l’induction [8].
Après injection intraveineuse, la demi-vie plasmatique est
voisine de 4 heures. L’élimination est essentiellement rénale sous forme inchangée, ce qui nécessite une réduction
de posologie en cas d’insuffisance rénale avec une contreindication en cas d’insuffisance rénale grave.
Son administration est contre-indiquée en cas d’antécédent
de thrombose artérielle ou veineuse, de convulsions, et dans
les états fibrinolytiques réactionnels à une coagulopathie de
consommation. La survenue d’une hématurie est également
une contre-indication relative liée au risque d’anurie par
formation d’un caillot urétral. Les injections intrathécales,
intraventriculaires, les applications intracérébrales sont
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également contre-indiquées en raison du risque d’œdème
cérébral et de convulsion.
L’acide tranéxamique est habituellement bien toléré ; les
effets indésirables rapportés sont des troubles digestifs
bénins (nausées, vomissements, diarrhée), une hypotension
survenant particulièrement en cas d’injection intraveineuse
rapide et des troubles de la vision des couleurs. L’acide
tranéxamique entre également dans la composition de certaines colles biologiques (Quixil®, voir détail ci-dessous).
Les inhibiteurs de sérines protéases
L’inhibiteur de sérine protéase le plus étudié et utilisé en
tant qu’agent antifibrinolytique est l’aprotinine, polypeptide extrait du poumon de bœuf. L’aprotinine inhibe diverses sérines protéases dans le plasma comme la trypsine, la
kallikréine, la plasmine et l’élastase par formation de complexes réversibles. Son activité est exprimée en unités inhibitrices de kallikréine (UIK). Les doses utilisées semblent
déterminer le mécanisme d’action de l’aprotinine. De faibles concentrations plasmatiques (de l’ordre de 50 UIK/ml)
permettraient l’inhibition de la plasmine, alors que de fortes
concentrations (de l’ordre de 200 UIK/ml) seraient nécessaires pour inhiber la kallikréine et permettre à l’aprotinine
d’avoir un effet anti-inflammatoire [9].
L’aprotinine est commercialisée en France sous le nom de
Trasylol® disponible uniquement par voie intraveineuse.
Elle est indiquée dans le traitement des syndromes hémorragiques fibrinolytiques et en prévention en chirurgie
cardiaque avec circulation extracorporelle et risque hémorragique élevé (réintervention, traitement par antiplaquettaires). L’aprotinine entre dans la composition de
certaines colles biologiques administrées par voie topique
ou par infiltration (Beriplast®, Tissucol®, voir détail cidessous). L’utilisation de l’aprotinine en chirurgie cardiaque repose sur de nombreuses études cliniques. Une métaanalyse a confirmé son efficacité par la réduction des pertes
sanguines et des transfusions, ainsi que par la réduction du
nombre de reprises chirurgicales et du taux de mortalité [6].
Le bénéfice sur les reprises chirurgicales et la mortalité
serait plus important lorsque des doses élevées d’aprotinine
sont utilisées. Son efficacité à fortes doses est également
démontrée en pédiatrie [10]. Le bénéfice observé dans les
chirurgies cardiaques à haut risque hémorragique serait lié
à l’action antifibrinolytique mais aussi à une préservation
des fonctions plaquettaires et à un effet anti-inflammatoire
[2]. L’aprotinine est également utilisée dans d’autres chirurgies hémorragiques comme la transplantation hépatique
et certaines chirurgies orthopédiques afin de limiter les
besoins transfusionnels et les complications hémorragiques
[11, 12].
La posologie recommandée dans la fibrinolyse aiguë est de
500 000 à 1 million d’UIK en injection IV lente, sans
dépasser 5 mL/minute. En chirurgie cardiaque, les doses
conventionnelles recommandées sont les fortes doses soit
une dose de charge de 2 millions UIK suivie d’une perfusion continue de 500 000 UIK/heure et 2 millions d’UIK
dans le liquide de remplissage de la pompe. De plus faibles
doses peuvent être administrées chez des patients à moindre
risque hémorragique. L’aprotinine doit être administrée par
une voie veineuse propre car en solution elle est physiquement incompatible avec des molécules fréquemment utilisées en anesthésie-réanimation, en particulier avec l’héparine, les corticoïdes, les tétracyclines, les émulsions
lipidiques et les acides aminés.
L’aprotinine est éliminée suivant un modèle biphasique
avec une phase rapide de 40 minutes suivie d’une phase
plus lente d’environ 7 heures. Sa demi-vie est de 2 heures.
Bien qu’éliminée par voie rénale, une adaptation posologique n’est pas nécessaire en cas d’insuffisance rénale, car
elle est éliminée sous forme inactive. Cependant, récemment, 2 études suggèrent que l’utilisation de l’aprotinine en
chirurgie cardiaque serait associée à un effet délétère sur la
fonction rénale [7, 8]. L’étude observationnelle de Mangano et al incluant 4 374 patients recevant de l’acide tranéxamique, de l’acide epsilon aminocaproïque, de l’aprotinine ou aucun antifibrinolytique rapporte une altération de
la fonction rénale et une augmentation du risque d’insuffisance rénale dans le groupe aprotinine. Il s’agirait d’un
risque dose-dépendant puisque les atteintes rénales sont
plus fréquentes chez les patients recevant les fortes doses
d’aprotinine. Dans une autre étude incluant 10 870 patients
recevant de l’acide tranéxamique ou de l’aprotinine à fortes
doses, l’association entre l’aprotinine et la survenue d’une
insuffisance rénale est davantage prononcée chez les patients présentant une atteinte rénale préexistante [8].
L’étude de Mangano et al. conclut également à une augmentation importante du risque d’infarctus du myocarde,
d’insuffisance cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et
d’encéphalopathie dans le groupe de patients recevant
l’aprotinine par comparaison aux 3 autres groupes (acide
tranéxamique, acide epsilon aminocaproïque ou aucun antifibrinolytique). Bien que critiquable sur le plan méthodologique [13], cette étude souligne la nécessité de réévaluer le
rapport bénéfice/risque de l’aprotinine particulièrement en
chirurgie cardiaque où d’autres alternatives efficaces en
termes d’épargne sanguine et moins coûteuses existent,
comme l’acide tranéxamique [8].
L’aprotinine est un polypeptide hétérologue d’origine bovine pouvant entraîner des réactions d’hypersensibilité essentiellement après expositions répétées [14]. Le risque
chez des patents « réexposés » est approximativement de
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2,8 %. Le risque est majeur en cas de nouvelle utilisation
dans les 3 mois et devient minime au-delà de 3 ans. Les
accidents allergiques sont surtout décrits en chirurgie cardiaque. Ce risque existe également lors de l’utilisation des
colles contenant de l’aprotinine [15]. Pour prévenir cet effet
indésirable, l’injection d’une dose test de 1 mL (10 000
UIK) avant le traitement est recommandée ainsi qu’une
prophylaxie par des antagonistes H1 et H2. Les réactions
allergiques et anaphylactiques n’étant pas dépendantes de la
dose, l’intérêt de cette dose-test est très discuté parmi les
utilisateurs de l’aprotinine d’autant que des chocs graves
peuvent être déclenchés par cette faible dose [14]. Il semble
donc essentiel de respecter les recommandations suivantes : 1) bien évaluer le rapport bénéfice/risque avant d’utiliser l’aprotinine afin de ne pas sensibiliser inutilement les
patients et de réserver son utilisation aux situations dans
lesquelles sa supériorité par rapport à d’autres alternatives
de compensation des pertes sanguines a été démontrée
[16] ; rechercher une éventuelle administration dans les
6 mois précédents, ce qui le cas échéant doit contreindiquer son utilisation ; s’entourer des moyens nécessaires
pour traiter la réaction anaphylactique et le choc.
Enfin, comme pour tout produit d’origine bovine, le risque
potentiel de transmission de l’encéphalopathie spongiforme bovine et du nouveau variant de Creutzfeldt-Jacob
conduit à une réévaluation, actuellement en cours, des
procédures de sécurisation de la fabrication.
Les médicaments procoagulants
La desmopressine (1-deamino-8-D-arginine
vasopressin)
La desmopressine est un analogue de la vasopressine (hormone antidiurétique) ; elle est utilisée comme médicament
procoagulant, car elle augmente transitoirement la concentration plasmatique des facteurs de la coagulation : le facteur
VIII (FVIII) et facteur von Willebrand (vWF) [4]. La découverte de cet effet de la desmopressine il y a plus de 30 ans, a
très vite conduit à son utilisation pour prévenir et traiter les
accidents hémorragiques des pathologies congénitales telles que la maladie de Willebrand en dehors des formes de
types 3 ou 2b, de l’hémophilie A (forme modérée avec taux
de facteur VIII > 10%) et des conductrices d’hémophilie à
risque hémorragique [4]. Un test d’efficacité biologique
doit être réalisé au préalable (voir ci-dessous) [17].
La desmopressine est également utilisée lors d’anomalies
acquises de l’hémostase primaire en raison de sa capacité à
corriger le temps de saignement de malades n’ayant aucune
anomalie du vWF : elle est ainsi utilisée pour corriger les
allongements inexpliqués du temps de saignement chez
l’insuffisant rénal chronique ou chez le cirrhotique [4],
534
mais aucune étude randomisée n’est disponible dans ces
situations.
La demopressine par voie intraveineuse est aussi indiquée
comme traitement correcteur ou préventif des hémorragies
liées aux traitements antiplaquettaires, principalement en
chirurgie cardiaque. Toutefois, l’utilisation dans cette indication ne doit plus être recommandée car elle n’est pas associée
à un bénéfice en termes de réduction des besoins transfusionnels, des reprises chirurgicales, et de la mortalité [6].
Deux spécialités, le Minirin® en solution injectable et
l’Octim® pour pulvérisation nasale sont utilisées dans ces
indications.
La posologie recommandée pour le Minirin® injectable est
de 0,3 lg/kg (réduite à 0,2 lg/kg chez le sujet âgé ou le sujet
présentant une insuffisance coronarienne ou une hypertension artérielle) en perfusion IV lente dans 50 mL de sérum
physiologique, sur 30 minutes ; pour Octim®, la posologie
est d’une ou deux pulvérisations nasales suivant que le
poids est inférieur ou supérieur à 50 kg. Les concentrations
plasmatiques de FVIII et de vWF doublent voire quadruplent et atteignent un pic en 30 à 60 min après injection IV
et 60 à 90 minutes après administration intranasale. En cas
de traitement préventif pour couvrir un geste chirurgical,
l’administration du Minirin® IV doit se faire une heure
avant l’acte. Les administrations peuvent être répétées si
nécessaire avec un intervalle égal ou supérieur à 12 h. Un
phénomène de tachyphylaxie peut apparaître dès la 3e ou
4e perfusion, d’où la nécessité d’instaurer une surveillance
clinique et biologique. Le test biologique d’efficacité est
indispensable avant utilisation car il permet de prévoir la
réponse à la desmopressine qui est généralement reproductible chez un même individu, d’apprécier la correction
totale ou partielle de l’hémostase et de dépister une éventuelle résistance rarement observée. La plupart des patients
avec une hémophilie A modérée ou une maladie de Willebrand de type 1 répondent à la desmopressine. La réponse
est variable chez les patients ayant un Willebrand de type 2.
L’évaluation de la réponse repose sur le raccourcissement
du temps de saignement, l’augmentation des taux de FVIII,
de l’antigène et de l’activité cofacteur de la ristocétine du
facteur Willebrand. Plus récemment, le temps d’occlusion
plaquettaire mesuré par le PFA100™ a montré une bonne
performance pour la détermination rapide et fiable du statut
de bon répondeur à la desmopressine et ce en raison de sa
bonne sensibilité au vWF de très haut poids moléculaire
[18, 19].
L’administration de desmopressine est contre-indiquée
chez les types 2b ou les pseudo-Willebrand. Les effets
indésirables sont le plus souvent modérés (rougeur du visage, céphalées, tachycardie). En raison du risque de rétention hydrique dû à l’effet antidiurétique de la desmopres-
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sine, le patient doit être maintenu en restriction hydrique
24 h avant l’injection, et l’osmolarité sanguine et la natrémie doivent être contrôlées. Ce risque de rétention hydrique
existe également avec la prescription d’Octim®.
Les colles biologiques (fibrin sealant, fibrin glue)
et les éponges (Tachosil®)
Il s’agit de produits dérivés du plasma humain, dont le
principe est de créer in situ l’étape finale de la coagulation,
avec constitution d’un caillot de fibrine permettant d’assurer une hémostase locale. Elles se composent de fibrinogène et de thrombine d’origine humaine qui doivent être
mélangés extemporanément. Les colles contiennent également d’autres facteurs de la coagulation tels que le facteur
XIII (pour stabiliser le caillot) et un inhibiteur de la fibrinolyse (aprotinine pour Beriplast® et Tissucol® ou acide tranéxamique pour Quixil®). Le caillot se forme en 5 minutes
et se résorbe complètement en 2 semaines. Les colles favoriseraient également l’angiogenèse et/ou la formation de
néovaisseaux [20].
Ces produits peuvent être utilisés pour faciliter l’hémostase
dans toutes les procédures chirurgicales, y compris les
endoscopies [21]. Plusieurs centaines d’articles ont été
publiés sur l’utilisation des colles, mais peu d’entre eux
rapportent les résultats d’essais cliniques contrôlés [22].
L’utilisation des colles peut être intéressante quand il n’est
pas possible de réaliser des sutures correctes et dans les
situations où les méthodes conventionnelles d’hémostase
ne sont pas réalisables ou efficaces. Les posologies dépendent de l’importance de la surface ou du volume à traiter et
des modalités d’application choisies.
S’agissant de produits contenant des dérivés du sang humain, il existe un risque de contamination virale en particulier par le parvovirus B19 [23]. Enfin, des précautions
particulières doivent être prises du fait des produits associés
entrant dans la composition des colles comme les antifibrinolytiques. En effet, des réactions anaphylactiques ont été
décrites, en rapport avec l’aprotinine [15] et il y a une
contre-indication à l’utilisation du Quixil® en neurochirurgie en raison du risque de contact de l’acide tranéxamique
avec le tissu nerveux central.
Autres médicaments
ayant des propriétés hémostatiques
Etamsylate (Dicynone®)
L’étamsylate est un produit synthétique dont le mécanisme
d’action n’est pas clairement élucidé. Il agirait sur les
fonctions plaquettaires et la résistance capillaire en inhibant la synthèse de prostaglandines [24]. L’étamsylate est
indiqué dans les saignements par fragilité capillaire, dans
les ménorragies inexpliquées et en chirurgie en particulier
lors d’hémorragie en nappe et chez les malades sous anticoagulants. L’efficacité de l’etamsylate en tant qu’agent
hémostatique n’a été évaluée que dans deux indications, les
ménorragies et les hémorragies ventriculaires chez les
nouveau-nés de faible poids. L’étude concernant les ménorragies conclut à une inefficacité de l’étamsylate [25]. Les
études concernant la prophylaxie et le traitement des hémorragies périventriculaires présentent des résultats contradictoires. Une première étude multicentrique, randomisée,
en double aveugle versus placebo a mis en évidence une
diminution de l’incidence des hémorragies chez les 162
nourrissons recevant 12,5 mg/kg d’etamsylate dès la première heure de vie [26]. Plus récemment, aucune différence
en termes d’évolution n’a été retrouvée chez 334 nouveaunés traités par étamsylate en comparaison avec un groupe
placebo [27]. Ce résultat est corroboré par le suivi à 2 ans,
qui ne relève pas de différences en termes d’invalidité chez
les enfants traités [28].
L’étamsylate est utilisable par voie orale ou parentérale.
Avant chirurgie et en prophylaxie, la posologie quotidienne
recommandée chez l’adulte est de 1 à 2 g per os, pendant 2
à 3 jours puis par voie parentérale dans les heures précédant
la chirurgie. En curatif, les doses peuvent être plus importantes mais ne doivent pas excéder 3 g par jour. Chez les
enfants et nourrissons, la posologie est réduite de moitié.
L’étamsylate est éliminé essentiellement par voie urinaire,
sous forme inchangée. Les effets indésirables rapportés
surtout en début de traitement sont des troubles digestifs
(nausées), des éruptions cutanées, et des céphalées qui
disparaissent le plus souvent après diminution de posologie. L’étamsylate est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité au produit ou aux sulfites (présents dans les 2 formes
disponibles, orale et injectable).
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Ils sont utilisés dans le traitement des ménorragies, en
raison de leur effet sur l’inhibition de la synthèse des
prostaglandines, qui sont élevées chez les femmes ayant
des saignements menstruels importants. Cette propriété est
partagée par tous les AINS, mais la majorité des publications concerne l’acide méfénamique (Ponstyl®) [25]. En
France, le Ponstyl® est indiqué dans les ménorragies fonctionnelles restant inexpliquées après enquête étiologique
systématique. En raison des propriétés analgésiques des
AINS, leur utilisation est particulièrement intéressante lorsque les ménorragies sont associées à des dysménorrhées
et/ou des migraines [1].
Les traitements hormonaux
Un traitement hormonal (œstrogènes et/ou progestatifs) est
souvent proposé dans les ménorragies, qu’elles surviennent
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en cas de dysfonctionnement hormonal ou de troubles de
l’hémostase [29], et ce malgré l’absence d’études contrôlées. Un élément important lors du choix du traitement est
la nécessité ou non d’une contraception [30]. Les dispositifs de libération intra-utérine du lévonorgestrel seraient
efficaces et bien tolérés [31]. Le choix d’un traitement
hormonal pour contrôler les ménorragies est à mettre en
balance avec les antifibrinolytiques, la desmopressine et,
sauf en cas de trouble de l’hémostase, avec les AINS.
Malgré l’absence d’indication officielle, les œstrogènes
conjugués comme le Premarin®, sont parfois utilisés pour
raccourcir le temps de saignement et contrôler les pertes
sanguines chez les insuffisants rénaux mais leur mécanisme
d’action n’est pas connu [4]. Le contrôle du saignement
dans l’insuffisance rénale chronique est généralement obtenu par l’administration d’érythropoïétine recombinante
qui augmente l’hématocrite et corrige ainsi le temps de
saignement.
L’hémocoagulase
L’hémocoagulase, commercialisée en France sous le nom
de Reptilase®, est obtenue à partir du venin de serpent
Bothrops atrox possédant plusieurs activités enzymatiques
procoagulantes. Elle agit principalement en transformant le
fibrinogène en fibrine et en activant le facteur X. Elle est
disponible en ampoule pour une utilisation parentérale (intraveineuse, intramusculaire ou sous-cutanée) ou locale.
Dans le RCP français, l’hémocoagulase est simplement
proposée dans le traitement de manifestations hémorragiques ; quelques publications rapportent également son utilisation dans la surdité brusque mais le niveau de preuve de
ce produit, quelle que soit son indication, est faible. De
plus, peu de données sont disponibles quant à la tolérance
de ce produit.
Abstract
Hemostatic drugs in current clinical practice
Many drugs are available to stop or prevent bleeding,
in patients without or with congenital or acquired
hemostatic disorders. Only a few of them have proven
clinical efficacy. This article reviews the main haemostatic drugs (except the plasmatic and recombinant
factors), their mechanism of action, indications and
usage. Antifibrinolytic (tranexamic acid and aprotinin)
are effective especially when bleeding is related to
excessive fibrinolysis (menorrhagia, dental or cardiac
surgery...) Desmopressin increases plasma concentrations of factor VIII and von Willebrand factor and is
indicated in patients with mild hemophilia A or von
Willebrand’s disease. It is also used in patients with
cirrhosis or uremia to correct a prolonged bleeding
time. Because fibrin sealants are administered and act
locally, their use is limited to surgical or endoscopic
procedures. Etamsylatis usefulness has not been demonstrated by clinical randomized studies. For menorrhagia, many treatment are available : hormonal therapy, antifibrinolytics, desmopressine or non-steroidal
anti-inflammatory drugs, mainly mefenamic acid (except in patients with a hemostasis abnormality). As
adverse effects may occur, haemostatic drugs must be
used after careful evaluation of their benefit/risk ratio.
Blood derived products (natural and recombinant even
modified, such as activated recombinant factor VII) are
out of the scope of this review.
Key words: hemostasis, antifibrinolytic, fibrin sealant,
hormonal therapy
études contrôlées sont donc indispensables pour bien établir le rapport bénéfice/risque de tous ces médicaments y
compris de ceux utilisés depuis très longtemps dans certaines indications. ■
Conclusion
De nombreux médicaments hémostatiques ayant des propriétés pharmacologiques et des modalités d’utilisation très
différentes sont disponibles en France. Cette revue n’est
d’ailleurs pas exhaustive. En dehors des facteurs de la
coagulation, qui n’ont pas été abordés, d’autres substances
telles que l’alginate de sodium, le collagène possèdent des
propriétés hémostatiques et entrent dans la composition de
spécialités aux présentations très variées (dispositifs médicaux à usage local, pansements, compresses imprégnées...).
Ces médicaments sont largement utilisés, dans le but louable d’éviter ou de corriger les saignements et de prévenir
des transfusions sanguines. Mais le niveau de preuve de
certaines indications est faible ou non établi et l’utilisation
de certains de ces médicaments n’est pas sans risque. Des
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