Hainaut Prévention Info N°20

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Hainaut Préventionfo
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Le dépistage du cancer du sein : controverses & perspectives
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Comment faire mieux ?
Age de la population cible :
▪ 50 % des cancers du sein surviennent entre 50 et 69 ans = population cible du Mammotest dont 85 % aux stades I et II ;
chez les « jeunes quinquagénaires » aux seins denses (facteur de risque per se), libéraliser l’échographie qui permet de
découvrir 10-15 % de cancers infra cliniques en plus (RX négatifs).
La lettre d’information aux médecins sur les activités de prévention de l’OSH,
Avril 2012
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Hainaut Préventionfo
Sommaire
Edito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
L’expérience du programme « Mammotest » à la Maison médicale « La Glaise » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1-2
Dix ans d’existence du programme de dépistage du cancer du sein - Mammotest - en Wallonie . . . . . . . . . . . . . . . . 2-3
Le dépistage du cancer du sein : controverses et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3-4
▪ 5 % avant 40 ans ; la prédisposition génétique concerne, tous âges confondus, 5-10 % des cancers du sein.
▪ 25 % avant 30 ans  stratégie de dépistage spécifique.
▪ 20 % entre 40 et 50 ans, avec moins de stades I et plus de stades II que dans la population cible  étendre le dépistage
à cette classe d’âge mais il ne sera aussi efficace qu’à condition de réaliser, chaque année (davantage de cancers
agressifs), mammo + écho (seins plus denses).
▪ 25 % des cas après 70 ans (28 % en Hainaut), dont 25 % aux stades III et IV  extension du Mammotest.
Ces aménagements permettront :

de diminuer la mortalité par cancer du sein de ≥ 40 % (> 1 000 femmes sauvées/an) ;

de découvrir plus de tumeurs de petite taille  davantage de traitements conservateurs.
Pour améliorer l’efficacité de notre lutte contre le fléau du cancer du sein, il est capital de sensibiliser sans relâche toute la
population féminine et d’améliorer la complémentarité des deux systèmes de dépistage organisé et individuel.
Dr. Renaud PAQUAY, Gynéco-sénologue,
Coordinateur de la clinique du sein EpiCURA
En 2010, les observatoires provinciaux de la santé se sont associés pour réaliser un sondage
sur les conditions d’entrée des personnes âgées en maison de repos.
Les résultats de cette enquête sont disponibles sous forme d’une synthèse et d’un rapport de
recherche téléchargeable sur le site de l’Observatoire de la Santé du Hainaut :
http://observatoiresante.hainaut.be
Vous pouvez également en obtenir un exemplaire papier en renvoyant le bon de
commande ci-joint par fax, par courrier ou en envoyant un courriel à :
[email protected]
Conférence sur les pollutions intérieures
Comité de lecture
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Dr Roland BARBIER, Médecin généraliste
Dr Dominique THIBAUX, Médecin généraliste
Dr Michèle VILAIN, Médecin généraliste
Dans le cadre de son cycle de conférences « Les Midis Santé »,
l’Observatoire de la Santé du Hainaut propose une séance consacrée
aux pollutions intérieures. Elle se tiendra le mardi 22 mai de 12 h à 14 h.
Marc Roger, du Laboratoire d’études et de prévention des Pollutions
Intérieures (LPI) de la Province de Hainaut, présentera les missions de
ce service. Le Dr Christian Massot (OSH) présentera les résultats d’une
enquête réalisée auprès des médecins généralistes du Hainaut portant
sur leur intérêt pour l’influence des polluants sur la santé des patients et
leur recours aux services du LPI.
Infos et inscriptions au 065.87.96.25. ou via le site
http://observatoiresante.hainaut.be
Editeur responsable : OSH - Luc Berghmans - rue de Saint-Antoine 1 - 7021 Havré - Belgique - Tirage : 2 000 exemplaires - Edition : Avril 2012
Cette lettre d’information est disponible gratuitement sur demande écrite à : OSH - rue de Saint-Antoine 1
7021 Havré - Belgique, par téléphone au +32 (0)65 87 96 00, via notre courriel : [email protected] ou téléchargeable sur
notre site Internet : http://observatoiresante.hainaut.be
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Edito
Le Mammotest a 10 ans.
Ce programme de dépistage du cancer du sein offre la possibilité à toute femme âgée de 50 à 69 ans d’effectuer
cet examen gratuitement tous les 2 ans, permettant ainsi à celles qui n’ont pas ou moins souvent accès aux soins et
à la santé d’en bénéficier. Si la double lecture et le contrôle de qualité en sont des éléments essentiels, le taux de
participation en Hainaut dépasse difficilement les 10 % d’où la nécessité – rappelons-le – d’informer et d’agir au plus
près du terrain, en local et sur la base de rapports de proximité.
Ce numéro vous propose le témoignage, la réflexion et l’expérience de professionnels de santé qui, au sein de
leur pratique, mettent en œuvre le programme de dépistage du cancer du sein. L’équipe de la Maison médicale
« La Glaise », engagée depuis plusieurs années sur le dépistage du cancer du sein, nous fait part de ses constats, des
difficultés rencontrées et de ses interrogations. Ensuite, les données du Mammotest sont présentées à l’aide d’indicateurs
et les controverses et les perspectives du dépistage du cancer du sein sont mises en évidence et détaillées afin
« d’améliorer l’efficacité de notre lutte contre le cancer du sein ».
Bonne lecture !
Marie-José COUTEAU
Observatoire de la Santé du Hainaut
L’expérience du programme « Mammotest » à la Maison médicale
« La Glaise »
Depuis le milieu des années 90, nous avons développé une action de sensibilisation au dépistage du cancer du sein pour
les femmes de 50 à 69 ans, quelques années avant que le programme Mammotest ne soit lancé et vienne se superposer à
notre initiative. Nous obtenions des taux de couverture très honorables. Une évaluation, réalisée fin juin 2002, portant sur les
173 femmes du groupe cible montre : 104 femmes (62 %) en ordre de dépistage mammographique, 15 (9 %) ayant reçu une
demande d’examen, 47 (29 %) non en ordre (2 perdues de vue, 9 refus clairs et 36 réellement pas en ordre dont 10 venaient
d’avoir 50 ans).
Fin 2011, 261 femmes de notre patientèle étaient en âge de bénéficier de ce dépistage, dont 138 (52 %) sont, à notre
connaissance, en ordre de mammographie, tandis que 11 ont refusé. Quoi qu’il en soit, ces taux de couverture calculés sont
très certainement sous estimés dans la mesure où la plupart des gynécologues omettent d’adresser au médecin traitant les
protocoles des examens mammographiques de dépistage qu’ils prescrivent eux-mêmes.
Nous regrettons cette absence de centralisation obligatoire des résultats de toutes les mammographies réalisées en
Communauté Française dans un fichier qui serait accessible à l’ensemble des médecins concernés. On peut d’ailleurs en
dire autant en ce qui concerne les vaccinations.
Actuellement, alors que la plupart des femmes concernées devraient être au courant de l’existence et de l’importance de ce
dépistage, nous n’avons que de très rares interpellations suite au courrier officiel qu’elles sont censées recevoir : le reçoiventelles ? le lisent-elles ? Il est parfois difficile de faire comprendre aux femmes qui acceptent de rentrer dans le programme
Mammotest les délais entre celui-ci et les résultats. Les patientes sont aussi parfois découragées par le temps d’attente trop
long pour obtenir leur rendez-vous.
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Observatoire de la Santé du Hainaut - rue de Saint-Antoine 1 - 7021 Havré - Belgique
Tél. : +32 (0)65 87 96 00 - Fax : +32 (0)65 87 96 79
Courriel : [email protected] - Visitez notre site Internet : http://observatoiresante.hainaut.be
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L’expérience du programme « Mammotest » à la Maison médicale
« La Glaise »
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Pour les femmes habituées au « bilan sénologique », il y a une réelle difficulté à les orienter vers le Mammotest car elles ont
l’impression que c’est un dépistage « au rabais », de moins bonne qualité, puisqu’on y fait moins d’examens. Et le discours
de certains gynécologues ne nous aide guère. Nous sommes aussi régulièrement en porte-à-faux par rapport au délai court
proposé par les radiologues ou les gynécologues entre deux examens : un an quand ce n’est pas six mois !
Il nous semble donc que nous obtenions de meilleurs résultats avant l’instauration du programme Mammotest. Nos hypothèses
explicatives renvoient à la plus grande souplesse d’un dépistage organisé localement et à une plus grande motivation des
acteurs professionnels concernés dans ce type de configuration. Il faut néanmoins bien reconnaître aussi que, de manière
générale, vu les incertitudes qui planent toujours sur les réels bénéfices de ce dépistage, notre enthousiasme s’est un peu
refroidi !
Drs Elise BONVISSUTO, Monique BOULAD, Jacques CHARLES, Vinciane DESSY, Patrick JADOULLE, Elisabeth NAHON,
Maison Médicale « La Glaise »
Le dépistage du cancer du sein : controverses & perspectives
Depuis son introduction il y a dix ans, le Mammotest continue de susciter des réticences, aussi bien dans la population
féminine que dans le corps médical. Il s’adresse à toute femme « saine » qui n’a pas l’habitude de consulter et qui est invitée
à passer une mammographie tous les deux ans entre 50 et 69 ans.
On l’oppose au « dépistage opportuniste » ou diagnostic précoce sur prescription individuelle. De nos jours, les patientes
qui ont l’habitude de consulter le généraliste et/ou le gynécologue se présentent lors de la moindre anomalie car elles ont
été sensibilisées aux facteurs de risque et instruites des signes de suspicion, mais aussi parce que les médias ont dédramatisé
le cancer du sein en popularisant l’équation : diagnostic précoce = traitement conservateur = guérison. Cependant, ne
perdons pas de vue que ¾ des cancers du sein se développent chez des femmes sans facteur de risque avéré.
Ces quatre dernières années, le nombre de Mammotests effectués dans nos trois services de radiologie représentait entre 6
et 10 % des 7 200 à 7 800 mammographies annuelles.
Remarques préliminaires
Le dépistage de masse organisé exige :
▪ Une maladie fréquente et grave : avec une augmentation de 1.5 %/an, entre 9 000 et 10 000 nouveaux cas sont enregistrés/
an en Belgique, avec 2 300 à 2 700 décès/an, ce qui représente la 1ère cause de mortalité féminine par cancer.
Dix ans d’existence du programme de dépistage du cancer du sein
- Mammotest - en Wallonie.
En octobre 2000, l’Etat fédéral, les Communautés et les Régions ont signé un protocole d’accord pour la mise en place d’un
programme organisé de dépistage du cancer du sein pour les femmes de 50 à 69 ans, conformément aux recommandations
de l’Advisory Committee in Cancer Prevention(1).
En Wallonie, les premiers Mammotests ont été réalisés, sur prescription, en juin 2002 tandis que les premières invitations ont été
envoyées en septembre 2002. Un centre de coordination a été installé dans chaque Province (CCP) afin d’assurer la gestion
quotidienne du programme, la coordination générale étant assurée par le Centre Communautaire de Référence (CCR).
L’évolution de la mammographie vers la numérisation a eu pour conséquence une modification radicale de l’organisation
de la deuxième lecture : un Centre unique de deuxième lecture a été créé au niveau du CCR. En novembre 2008, celui-ci a
repris toutes les missions qui avaient été confiées aux CCP. Les premiers Mammotests numériques ont été transmis au Centre
de deuxième lecture en septembre 2009.
Depuis janvier 2007, l’enregistrement des données de tous les Mammotests réalisés en Wallonie ainsi que l’enregistrement du
suivi des examens « positifs »(2) sont centralisés dans une base de données « Mammorias ». Ces données permettent d’évaluer
les « performances » du programme selon les indicateurs définis dans les European guidelines(3).
▪ Un traitement efficace : en un quart de siècle, la mortalité, tous stades confondus, a décrû de 65 à 40 % à cinq ans, de
75 à 50 % à dix ans.
▪ Un test de dépistage
o fiable : la mammographie détecte de petites lésions (2 mm) et peut, dans 90 % des cas, identifier et caractériser
correctement le cancer du sein chez toute femme.
o facile à mettre en œuvre : notre pays est largement pourvu d’unités de mammographie hospitalières et privées
performantes.
o pas trop inconfortable : une compression modérée des seins est nécessaire.
o d’un coût raisonnable : pour obtenir une réduction > 30 % de la mortalité par cancer du sein, il faut arriver à une
participation au dépistage > 70 %, pour un coût annuel estimé de 22-35 x 106 € pour le dépistage non organisé,
de 10-15 x 106 € pour le dépistage organisé.
▪ Un effet sur la mortalité et/ou la qualité de vie : à cinq ans, la mortalité est < 6 % pour les stades I et < 20 % pour les stades II.
La taille moyenne des tumeurs découvertes par
o mammo de routine = 1.1 cm ;
o une première mammo = 1.5 cm ;
o auto-examen régulier = 2.1 cm ;
Entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2010, 67 305 Mammotests ont été effectués en Wallonie dont 24 947 en Hainaut.
Dans 30 778 cas, il s’agissait d’un « 1er Mammotest » (10 477 en Hainaut) et dans 36 527 cas (14 470 en Hainaut) de « Mammotests
ultérieurs ».
Résultats acquis
Le taux d’examens complémentaires au Mammotest (taux de rappel) lors du « 1 Mammotest » est de 15,9 % (17,3 % en
Hainaut). Pour les « Mammotests ultérieurs », il est de 11,1 % (12,3 % en Hainaut).
Grâce au dépistage, qu’il soit opportuniste ou organisé (celui-ci a généralisé la double lecture), la taille des lésions découvertes
a nettement diminué :
Le taux de détection de cancer est de 8,1 ‰ (9,2 ‰ en Hainaut) lors du « 1er Mammotest » et de 6,6 ‰ (7,5 ‰ en Hainaut)
lors des « Mammotests ultérieurs ».
 avec un gain de 15-20 % de décès par absence de métastases – le décès étant en relation directe avec leur présence,
er
o accident = 3.6 cm.
 et 10-15 % de guérisons supplémentaires grâce aux progrès des traitements systémiques.
Un cancer sur 10 a été « récupéré » grâce à la double lecture.
Suite page 4
Le taux de cancers invasifs est de 85 % lors du « 1er Mammotest » en Wallonie et en Hainaut. Il est de 83 % (85 % en Hainaut)
lors des « Mammotests ultérieurs ».
Le taux de cancers invasifs ≤ 10 mm est de 30 % lors du « 1er Mammotest » et de 37 % lors des « Mammotests ultérieurs ».
Le taux de cancers invasifs dont les ganglions ne sont pas envahis est de 69 % lors du « 1er Mammotest » et de 76 % lors des
« Mammotests ultérieurs ».
Tous les indicateurs sont en adéquation avec les European guidelines, mis à part le taux de rappel qui est beaucoup trop
élevé. Il ne devrait pas dépasser 7 % lors du « 1er Mammotest » et 5 % lors des « Mammotests ultérieurs ».
Les taux de détection sont très élevés. Ils sont supérieurs aux taux recommandés dans les European guidelines, c’est à dire
trois fois l’incidence attendue sans screening (2 ‰).
1. Advisory Committee on Cancer Prevention, European Journal of Cancer 2000 ; 36 :1473-78.
2. Conformément à la loi sur la protection de la vie privée, cet enregistrement n’est réalisé que si la femme, informée des objectifs de l’enregistrement, signe
un consentement.
3. European guidelines for quality assurance in breast cancer screening and diagnosis, European Commission 2006.
Suite page 3
Dix ans d’existence du programme de dépistage du cancer du sein
- Mammotest - en Wallonie.
Suite de la page 2
Le programme de dépistage organisé a démontré sa capacité à détecter un taux élevé de petits cancers localisés ainsi que
l’intérêt de la double lecture indépendante. Malheureusement la participation reste tout à fait insuffisante en Wallonie (10 %
de la population-cible) alors qu’elle atteint près de 50 % en Flandre(4).
Le Centre d’Expertise (KCE) a publié récemment un rapport sur le dépistage du cancer du sein au terme duquel il conclut :
« Toute mammographie de dépistage doit répondre aux exigences européennes en matière de qualité et doit être protocolée
par deux lecteurs indépendants »(5). Le Mammotest est conforme à cette recommandation.
4. 7ème rapport de Agence intermutualiste.
5. KCE Report 172B-2012.
Pr. Anne VANDENBROUCKE
Coordinatrice du programme de dépistage des cancers en Fédération Wallonie-Bruxelles
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