CONDUITE A TENIR CHEZ UN PATIENT CORONARIEN SOUS ANTI-AGREGANT PLAQUETTAIRE ET DEVANT SUBIR UN GESTE INTERVENTIONNEL CHIRURGICAL EXTRACARDIAQUE D. Carrié Les anti-agrégants plaquettaires (Aspirine, Clopidogrel) réduisent la morbi-mortalité cardiovasculaire notamment après angor stable ou instable, infarctus du myocarde, angioplastie transluminale coronaire, voire après accident ischémique transitoire. C’est dire l’importance de ce traitement de choix conforté par les résultats de l’étude CURE après syndrome coronarien aigu, sans sus-décalage du segment ST qui confirme le bénéfice à 9 mois d’une double anti-agrégation plaquettaire aspirine – plavix par rapport à l’aspirine seule. De plus après pose d’endoprothèse coronaire, la double anti-agrégation plaquettaire aspirineplavix doit être maintenue trois à quatre semaines si un stent métallique non actif est implanté alors que si un stent actif type sirolimus ou paclitaxel est implanté, cette durée d’antiagrégation plaquettaire doit être d’au moins six à douze mois. Bien sûr cette nouvelle stratégie thérapeutique n’est pas sans poser des problèmes majeurs pour les patients qui doivent bénéficier d’un geste chirurgical extra-cardiaque au cours de la première année après un tel épisode coronarien. Aucune étude prospective randomisée ou non ne permet d’arrêter ou de continuer sans risque les anti- agrégants plaquettaires au cours d’un tel geste extra-cardiaque (endoscopie,chirurgie dentaire, carcinologique…). Si le risque hémorragique de continuer l’anti-agrégation plaquettaire n’est pas négligeable mais parfois difficile à évaluer, le risque thrombotique intra-stent après arrêt des antiagrégants plaquettaires est lui mieux évalué dans la littérature. En effet, l’ensemble des publications confirme l’arrêt prématuré des traitements antiagrégants plaquettaires comme facteur prédictif majeur de thrombose de stent sub-aigue ou tardive. C’est dire si les sociétés savantes évaluent spécialité par spécialité les risques à la fois hémorragiques et thrombotiques péri-opératoires des anti-agrégants plaquettaires. L’essentiel des études porte sur des actes chirurgicaux pour lesquels les conséquences fonctionnelles ou vitales du saignement sont notoires (ORL, ophtalmologie) et sur des actes souvent encadrés par des médicaments ayant une activité anti-plaquettaire (chirurgie cardiaque, orthopédie). Beaucoup d’actes chirurgicaux doivent être différés en l’absence de données claires sur le risque hémorragique en présence d’anti-agrégants plaquettaires. Ainsi selon la localisation spécifique de l’intervention extra-cardiaque, des niveaux de preuve concernant le risque hémorragique sont évalués et aident dans la décision opératoire et le mode d’anesthésie. Ainsi dans les procédures à faible risque hémorragique, aucun ajustement du traitement antiagrégant plaquettaire n’est nécessaire alors que bien sur dans les procédures à haut risque il est souhaitable d’arrêter tout traitement antithrombotique avant la procédure et pendant le temps nécessaire à leur inactivation. Dans les situations à risque hémorragique intermédiaire,le patient doit subir le geste interventionnel extra-cardiaque sous un agent anti agregant plaquettaire type Aspirine ou Plavix. Il n’existe pas de traitement de substitution et l’association HBPM Cebutid n’a rien montré en termes de prévention du risque thrombotique. Ainsi, chez un patient porteur d’un stent actif qui doit arrêter les anti-agrégants plaquettaires (neuro-chirurgie, rupture d’anevrysme, chirurgie carcinologique profonde…) il est impératif d’informer le patient du risque de thrombose, d’impliquer le cardiologue dans la modification des anti-agrégants plaquettaires de la période péri-opératoire et de reprendre le traitement le plus précocément possible en sachant qu’actuellement, le patient ayant bénéficié de l’implantation d’un stent actif est porteur d’une carte précisant le type de stent, la date de mise en place, et les coordonnées du cardiologue. En synthèse, il est important devant tout geste interventionnel extra-cardiaque chez un patient porteur de stent actif sous double anti-agrégation plaquettaire d’évaluer le risque cardiovasculaire du patient et le risque hémorragique en fonction du type de la chirurgie. Les risques de thrombose intra-stent sont largement supérieurs au risque hémorragique dans beaucoup de situations et il est donc souhaitable soit d’opérer le patient sous Anti-agregants plaquettaires , soit de ne pas programmer d’acte interventionnel si la revascularisation par stent actif date de moins de 6 mois. Enfin, si une chirurgie extra-cardiaque est programmée dans les six mois, la préférence va au stent nu plutôt qu’au stent actif.