Cancer de l`endomètre | Cancer et environnement

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Cancer de l'endomètre
Messages clés
Le cancer de l'endomètre est le cancer le plus fréquent de l'appareil reproducteur féminin en France;
2ème cancer gynécologique chez la femme après le cancer du sein et 4ème cancer chez la femme
(tous cancer confondus).
Dans la plupart des cas, c’est un cancer diagnostiqué à un stade précoce et de bon pronostic.
Le principal facteur de risques de cancer de l’endomètre connu est l’obésité/surpoids.
D’autres facteurs de risque comme une alimentation riche en sucres, le diabète et des antécédents
familiaux tels que le syndrome de LYNCH (ou « HNPCC ») ont également été identifiés avec des niveaux
de preuves scientifiques actuels plus limités. De manière générale, une exposition importante et/ou prolongée aux œstrogènes est un facteur de
risque de cancer de l’endomètre– par exemples une hormonothérapie substitutive aux œstrogènes
seuls, une puberté précoce, une ménopause tardive et le fait de ne pas avoir d’enfant. La pratique d’une activité physique peut être un facteur qui diminue le risque de cancer de l’endomètre
(niveau de preuve probable).
Les contraceptifs oraux œstroprogestatifs combinés (pilule contraceptive contenant des œstrogènes et
de la progestérone) sont des facteurs protecteurs du cancer de l’endomètre.
Qu'est­ce qu'un cancer de l'endomètre ?
Epidémiologie du cancer de l'endomètre
Facteurs de risque
Des facteurs de risque débattus
Des facteurs protecteurs débattus
Qu'est­ce qu'un cancer de l'endomètre ?
L’endomètre est la muqueuse qui tapisse l’intérieur du corps de l’utérus, partie de l’utérus où se déroule la
grossesse. Les cancers dits « du corps de l’utérus » commencent presque toujours par se développer au
niveau de l’endomètre. Ainsi, ces deux termes sont souvent utilisés comme synonymes.
La suite de la présente synthèse utilisera uniquement le terme de « cancer de l’endomètre ». Il existe d’autres
cancers situés au niveau de l’utérus. Pour plus d’informations, voir le site internet de l’INCa – Fiche sur
l’endomètre.
Comme toute muqueuse, l’endomètre est constitué de cellules de surface appelées « épithéliales » et d’un tissu
de soutien, le « chorion ». Plus de 90% des tumeurs de l’endomètre sont développées au dépend de
l’épithélium. Cette catégorie regroupe les lésions cancéreuses comme les adénocarcinomes et les
carcinosarcomes, les lésions pré­cancéreuses comme les hyperplasies atypiques, les polypes de l’endomètre et
les lésions induites par le tamoxifène. Les adénocarcinomes, forme la plus répandue, sont développés à partir
des cellules épithéliales type « glandulaires ».
Epidémiologie du cancer de l'endomètre
En France, le cancer de l’endomètre touche généralement les femmes après la ménopause ; l'âge moyen au
moment du diagnostic est de 69 ans. Néanmoins, 25 % des cas peuvent apparaître avant la ménopause.
C’est le cancer le plus fréquent de l’appareil reproducteur féminin et la 4e cause de cancer chez la femme
(avec 7275 nouveaux cas en 2012) après les cancers du sein, du colon et des poumons.
En France, le taux d’incidence du cancer de l’endomètre est stable depuis 30 ans. Il est actuellement de 10,8
pour 100 000. L’augmentation du nombre de cancers estimés (de 4357 en 1980 à 7275 en 2012) est
essentiellement liée au vieillissement de la population, mais aussi liée à l’augmentation de l’incidence de
l’obésité dans la population, tout comme aux Etats­Unis.
Le taux de mortalité, lui, diminue de 1% par an en moyenne depuis 1980. Il est actuellement de 2,2 pour 100
000. En 2012, le cancer de l’endomètre était la 5e cause de décès par cancer chez la femme et la 14e cause de
décès par cancer dans la population générale (Hommes/Femmes). (InVS 2012)
D’après l’European Society for Medical Oncology ( ESMO, 2012), 1 à 2 femmes européenne sur 100
développeront un cancer de l’endomètre au cours de leur vie. Un diagnostic de cancer de l’endomètre est fait
chez plus de 88 000 femmes chaque année dans l’Union Européenne. Ce chiffre est en hausse dans la plupart
des pays. Il s’agit de la septième cause de décès dû à un cancer chez les femmes d’Europe occidentale.
Facteurs de risques Comme pour tous les cancers, le risque de développer un cancer de l’endomètre augmente avec l’âge.
Le cancer de l’endomètre est considéré comme un cancer hormono­dépendant, notamment lié à l’activité des
œstrogènes, hormones ovariennes stimulant la multiplication de cellules spécifiques. L’endomètre, qui possède
de nombreux récepteurs à ces hormones, est très sensible à la stimulation des œstrogènes. Ainsi, plus une
femme est exposée à une quantité importante d’œstrogènes ou plus elle est exposée sur une longue période et
plus la multiplication des cellules va être stimulée. Le risque de développer un cancer hormono­dépendant
devient alors plus élevé, surtout pour le cancer du sein ou celui de l’endomètre.
Les facteurs métaboliques (obésité, diabète) peuvent être différenciés des facteurs hormonaux (endogènes ou
liés à un traitement) même s’ils ont un effet sur le développement du cancer via une action sur les hormones.
Il existe aussi des facteurs de risques liés aux antécédents familiaux (syndrome de Lynch).
Corpulence à l’âge adulte
Autres facteurs métaboliques : diabète et charge glycémique
Puberté précoce et ménopause tardive
Ne pas avoir eu d’enfant (nulliparité)
Traitement hormonal substitutif (THS)
Traitement par tamoxifène
Les antécédents familiaux
Corpulence à l’âge adulte
La WCRF (World Cancer Research Fund) et l’AICR (American Institute for Cancer Research) considèrent
depuis 2007 (avec confirmation en 2013) que le niveau de preuve d’augmentation du risque de cancer de
l’endomètre est convaincant pour l’indice de masse corporelle (IMC), ainsi que pour l’adiposité abdominale
(tour de taille, rapport tour de taille sur tour de hanche) et la prise de poids.
Les données scientifiques actuelles permettent d’établir un lien de causalité entre surpoids et obésité et
augmentation du risque de cancer de l’endomètre. L’ANSES reprend ces conclusions dans son rapport de
2011 « Cancer et Nutrition », tout comme l’Institut National du Cancer (INCa) dans son rapport « Nutrition et
prévention des cancers » qui souligne qu’une augmentation de 5 points de l’IMC entraine une augmentation de
52% du risque de développer un cancer de l’endomètre.
La relation « obésité ­ cancer de l’endomètre » s’explique par une augmentation du taux sanguin d’œstrogènes.
Le tissu adipeux contient des enzymes, les aromatases, capables de dégrader les androgènes en œstrogènes.
Ces dernières sont ensuite relâchées dans la circulation sanguine et vont stimuler la croissance cellulaire des
organes récepteurs tels que l’endomètre. Même ménopausée, plus une femme possède un tissu adipeux
important et plus la sécrétion d’œstrogènes sera importante, exposant alors l’endomètre à de plus grandes
quantités d’œstrogènes (INCa, 2009).
Autres facteurs métaboliques : diabète et charge glycémique
Le diabète est un facteur de risque de cancer de l’endomètre. Le risque de développer ce cancer est deux fois
plus élevé (risque relatif significatif) chez les patientes diabétiques que chez les personnes non diabétiques
(Larsson, 2006).
C’est le fait de développer une résistance à l’insuline qui est responsable de l’augmentation du risque de
cancer. L’insuline est alors en quantité importante dans le sang et va pouvoir stimuler des facteurs de
croissance agissant sur l’endomètre. Les mécanismes précis ne sont pas bien connus. Ceci est confirmé dans le
rapport de 2013 de la WCRF/AIRC. Ce même rapport international a également mis en évidence que
l’augmentation de la charge glycémique (qui estime la capacité des aliments consommés à augmenter le glucose
sanguin) est un facteur de risque de cancer de l’endomètre avec un niveau de preuve scientifique probable
compte tenu des données scientifiques actuelles ; celles­ci n’étant pas aussi probantes que pour l’obésité. Le
résultat à long terme est une augmentation du taux sanguin d’insuline avec les mêmes mécanismes d’action que
pour le diabète.
Puberté précoce et ménopause tardive
L’âge à la puberté détermine le moment où les ovaires commencent à produire les œstrogènes et la ménopause
le moment où elles arrêtent d’en produite. Une puberté plus précoce ou une ménopause tardive exposent donc
une femme aux œstrogènes pendant une plus longue période de sa vie, donc représentent un facteur de risque.
Ne pas avoir eu d’enfant (nulliparité)
Le cycle menstruel des femmes connaît une période pendant laquelle la zone fonctionnelle de l’endomètre
s’affaisse. Afin d’accueillir le futur ovule fécondé, l’endomètre doit se régénérer. Pour cela, les œstrogènes
jouent un rôle de stimulation de la croissance cellulaire de l’endomètre.
Lors d’une grossesse, il n’y a plus d’ovulation pendant 9 mois. La stimulation d’œstrogènes ne s’arrête pas
pour autant, mais est bien moins importante que s’il y avait eu 9 cycles ovariens. Ainsi, les femmes n’ayant pas
d’enfant sont exposées à des quantités plus grandes d’œstrogènes : ceci est considéré comme un facteur de
risque du développement du cancer de l’endomètre (Lochen, 1997).
Traitement hormonal substitutif (THS)
La ménopause est l’arrêt définitif de la fonction ovarienne chez la femme. La sécrétion d’hormones ovariennes
(œstrogène, progestérone) est stoppée. Pour pallier aux symptômes que cela peut entrainer, il existe des
traitements à base d’hormones ovariennes (THS). Le traitement par œstrogènes seuls est considéré comme un
facteur de risque des cancers hormono­dépendants (sein, endomètre,..). Des progestatifs y sont donc ajoutés
(ex : progestérone) pour contrecarrer ce risque.
Depuis 2007, le CIRC considère que pour ces THS, lorsque des progestatifs sont administrés moins de 10
jours par mois, le risque de développer un cancer de l’endomètre est significativement plus élevé
(Monographie, Vol. 91). A noter que compte tenu d’une augmentation du risque de cancer du sein, la
prescription des THS a considérablement diminué. Traitement par tamoxifène
Lorsqu’une personne est atteinte d’un cancer du sein, il peut lui être proposé un traitement par tamoxifène ;
c’est un anti­œstrogène. Nous pourrions nous attendre à une diminution du risque, mais le tamoxifène possède
aussi un effet stimulant sur l’endomètre, qualifié de « paradoxal », qui peut favoriser le développement d’un
cancer. Néanmoins, chez les femmes atteintes d’un cancer du sein pour lequel le tamoxifène est indiqué, les
bénéfices de ce médicament sont plus importants que le risque de développer un cancer de l’endomètre.
Aucune surveillance systématique de l’endomètre n’est recommandée lors de l’utilisation de ce
traitement. En revanche, une échographie pelvienne est indispensable lors de l’apparition de saignements sous
traitement.
Les antécédents familiaux
Les antécédents familiaux de cancer de l’endomètre (mère, sœur ou fille), des antécédents personnels de
cancer du sein ou de l’ovaire ou de certaines maladies gynécologiques comme le syndrome des ovaires
polykystiques (élévation du taux d’œstrogènes et diminution du taux de progestérone) et l’hyperplasie atypique
de l’endomètre (prolifération des cellules de l’endomètre) sont des facteurs de risque reconnus pour le cancer
de l’endomètre.
Le risque de cancer de l’endomètre est d’autant plus élevé qu’une personne regroupe d’autres facteurs de
risques tels qu’une obésité, une ménopause tardive, l’absence de grossesse ou un diabète.
Le syndrome de Lynch (ou syndrome HNPCC) est reconnu comme un facteur de risque de cancer de
l’endomètre. Cette anomalie concerne les gènes MLH1 et MSH2 contrôlant la réparation des erreurs lors de
la duplication de l’ADN, au moment de la division cellulaire. La principale conséquence de cette anomalie est
le développement d’un cancer colorectal précoce (entre 40 et 50 ans) et le développement d’un cancer de
l’endomètre chez les femmes (30 à 40% de chances de développer un cancer avant 70 ans). Pour plus
d’informations concernant le diagnostic de ce syndrome et le programme de surveillance correspondant, voir
les liens Pour aller plus loin, « Dossiers et autres ressources » en fin de fiche.
Le gène suppresseur de tumeur PTEN est aussi impliqué dans le développement du cancer de l’endomètre
(Amant, 2005 ; WCRF 2007).
Des facteurs de risque débattus
Les facteurs nutritionnels
La WCRF indiquait en 2007 que la consommation de viande rouge était un facteur de risque possible de
cancer de l’endomètre. Mais en 2013, la mise à jour des données scientifiques disponibles a souligné qu’il n’y
avait pas assez d’éléments pour continuer à statuer dans ce sens. En l’état actuel des connaissances il n’y
a pas de conclusion possible sur le lien entre consommation de viande rouge et risque de cancer de
l’endomètre.
Les facteurs individuels
L’hypertension pourrait être associée à un risque plus élevé du cancer de l’endomètre, mais les raisons de
cette association restent peu claires (Esmo 2012).
Les habitudes sédentaires (dont l’un des marqueurs pourrait être le fait de rester assis trop longtemps)
peuvent être à l’origine du développement d’une insulino­résistance. Ce mécanisme rejoindrait donc celui du
diabète ou de la charge glycémique (voir la partie sur les facteurs de risque connus de cancer de l’endomètre).
Toutefois, les données scientifiques actuelles sont insuffisantes pour conclure à l’augmentation du risque de
cancer de l’endomètre (le surpoids est un facteur de confusion majeur dans les études disponibles).
Le risque augmenterait avec la taille (à l’âge adulte). Il est très peu probable que la taille induise
directement l’augmentation du risque de cancer de l’endomètre, il s’agit plutôt d’un marqueur pour indiquer
l’intervention de facteurs génétiques, environnementaux, hormonaux et nutritionnels qui peuvent affecter la
croissance. Ce sont plus probablement ces facteurs qui seraient à l’origine d’une augmentation du risque de
cancer. (WCRF/AICR 2007 et 2013).
Des facteurs protecteurs débattus
Le niveau de preuve scientifique du lien entre diminution du risque de cancer de l’endomètre et activité
physique (tout type d’activité physique) est considéré comme probable pour le cancer de l’endomètre
(WCRF, 2007, 2013).
Plus d’information sur les liens entre activité physique et cancer, dans la fiche du portail Cancer Environnement.
Le niveau de preuve scientifique du lien entre consommation de café et diminution du risque de cancer de
l’endomètre est considéré comme probable. Cet effet protecteur a été identifié avec du café contenant de la
caféine et du café sans caféine, ce qui ne permet donc pas d’attribuer cet effet à la caféine. L’élément du café à
l’origine de cet effet protecteur n’a pas été identifié (WCRF, 2013). Les légumes non­féculents ont été retirés de la liste des facteurs protecteurs en 2013 lors de la mise à jour des
données du rapport du WCRF. Les contraceptifs oraux œstroprogestatifs combinés (pilule contraceptive contenant des œstrogènes et de
la progestérone) sont un facteur de protection du cancer de l’endomètre (CIRC, 2005). Toutefois, ces mêmes
pilules sont un facteur de risque certain (groupe 1 du CIRC) pour d’autres types de cancers, tels que les
cancers du sein et du foie (CIRC, 2005).
Sources rédactionnelles : WCRF/AICR, CIRC, INCa, ESMO
Auteurs : Matthieu Bailly ; Unité Cancer et Environnement
Relecteurs : Dr Charles­André Philip, Lyon ; Dr Christine Haie­Meder, Institut Gustave­Roussy, Villejuif. Nos fiches sur ce thème
Classification du CIRC
Cancer du sein
Cancer et activité physique
Pour aller plus loin
Rapports et textes officiels
INCa, 2012 : fiche repère Activité physique et cancers
InCa, 2013 : Fiche repère Surpoids, obésité et risque de cancers
InVS, 2013 Estimation nationale de l'incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012
Part 1 ­ tumeurs solides
Etudes et publications scientifiques
Amant F et al. 2005 : Endometrial cancer
Hicks ML et al. 1998 : The National Cancer Data Base report on endometrial carcinoma in African­Amer
Conroy MB et al. 2009 : Physical activity, adiposity, and risk of endometrial cancer
Reeves KW et al. 2011: Obesity in relation to endometrial cancer risk and disease characteristics in
Larsson SC et al. 2006: Diabetes mellitus and risk of bladder cancer : A meta­analysis
Lochen ML, Lund E 1997: Childbearing and mortality from cancer of the corpus uteri
WCRF/AICR, Endometrial Cancer 2013 Report
WCRF / AICR, 2007 : Second Expert Report: Contents – Chapitre 7 : Cancers
CIRC, 2007 : Monographie Vol. 91 ­ Combined Estrogen­Progestogen Contraceptives and Combined
Estroge
Informations des publics
ESMO 2012, guide d'information pour les patients sur le cancer de l'endomètre
Fondation ARC, 2013 : Les cancers de l’endomètre
INCa, Cancer Info : cancer de l'endomètre
INCa, Cancer Info : Le syndrome de Lynch ou syndrome HNPCC
HAS, INCa Guide ALD n°30 Cancer de l'endomètre
Haute Autorité de Santé (HAS) 2011 : focus sur le cancer de l'endomètre
SFOG, INCa, 2010 : Recommandations professionnelles – Cancer de l’endomètre
Dossiers et autres ressources
Association HNPCC ­ Lynch
CIRC, 2005 : Communiqué de Presse n°167 Programme des monographies du CIRC classe les
contraceptifs
Mise à jour le 26 févr. 2016
Copyright 2016 ­ Centre Léon­Bérard
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