VOTRE LABORATOIRE DE BIOLOGIE MÉDICALE Votre bulletin d’information sur la biologie médicale Syndrome mononucléosique et Mononucléose infectieuse ÉDITORIAL Quoi de plus classique que le syndrome mononucléosique ? Si LabInfo s’y intéresse, c’est que les examens de routine offrent des possibilités d’optimisation de nos pratiques. Une démarche bio-diagnostique bien conduite permet en effet, à condition de la revoir de temps en temps, d’améliorer la pertinence des soins. Les biologistes sont en effet lancés depuis huit mois dans une démarche de maîtrise médicalisée avec la Cnamts, ce qui ne peut se faire qu’avec la participation des médecins prescripteurs. C’est là notre vision de l’interprofessionnalité : une coopération et un échange permanent sur nos pratiques plutôt qu’un empiètement sur nos champs de compétences respectifs. Et ce, en faisant simple, clair et percutant. Et comme toujours, votre biologiste Labster se tient à votre disposition. N’hésitez pas à échanger avec lui. Richard Fabre Président Labster Document édité par SAS LABSTER. 335, rue du Chêne Vert - 31670 Labège Tél. : 05 61 55 91 08 - Fax : 05 61 00 17 99 Société fondée par R. Fabre, J. Canarelli, J-F. Roubache, B. Rousset-Rouvière et B. Sébé. Directeur de la publication : R. Fabre. Comité de rédaction : C. Blachon, A. Leriche, A. Millaret, F. Pfaff, J. Peretti, D. Taourel, P. de Welle. Imprimé par l’imprimerie Ménard 2721 La Lauragaise 31670 Labège • Parution décembre 2014 Numéro ISSN : 2104 - 2136 LABINFO | N°27 N°27 REMONTER LA PISTE DU VIRUS UN SYNDROME, DES INFECTIONS Un Syndrome mononucléosique (SMN) est l’expression d’une réaction immunitaire due à une infection virale ou bactérienne. Sa forme la plus fréquente, la Mononucléose infectieuse induite (MNI) résulte d’une primo-infection par le Virus d’Epstein Barr (EBV) à l’âge adulte. Un SMN peut aussi être la conséquence d’autres infections plus ou moins graves, notamment par le Cytomégalovirus (CMV), la toxoplasmose et le HIV qui requière une prise en charge spécifique, d’où la nécessité de mener l’enquête pour déterminer la cause du syndrome. POSER LE DIAGNOSTIC DE LA PRIMO-INFECTION Elle survient généralement au cours de l’enfance. Le virus reste ensuite présent dans les lymphocytes et il peut être excrété de façon asymptomatique dans la salive et les sécrétions génitales. La transmission se fait par contact « étroit », essentiellement par la salive (« maladie du baiser ») et les relations sexuelles. Plus de 80 % des adultes possèdent des anticorps contre l’EBV, et donc hébergent le virus à l’état latent (non transmissible). 1. Des signes cliniques évocateurs − fièvre ondulante (38-38,5°) ; − fatigue marquée ; − a ngine tenace avec difficultés pour déglutir (le purpura du voile du palais est très évocateur de MNI) ; − adénopathies notamment cervicales. 2. Un diagnostic cytologique Demander un hémogramme car la MNI est caractérisée par la présence dans le sang de grandes Cellules mono-nucléées hyper-basophiles (CMHB) correspondant à des lymphocytes stimulés. La leucocytose s’élève vite entre 10 000 et 20 000/mm3 avec une lymphocytose comprise entre 50 et 90 %. N.B. : Le diagnostic peut être porté à tort en cas de confusion des CMHB avec des bastes (leucémie aigüe) ou des cellules lymphomateuses (lymphome malin). TROUVER LA CAUSE AGENT INFECTIEUX EBV CMV VIH TOXOPLASMOSE Population Adolescent et adulte jeune Adulte jeune Tous âges Enfant, adolescent, adulte jeune Interrogatoire Nouveau partenaire Notion de contage Rapport sexuel à risque Utilisation de drogue IV Contact avec un chat Consommation de viande crue ou peu cuite Incubation 4 à 6 semaines 3 à 8 semaines 2 à 8 semaines Signes Angine Fièvre isolée Polyadénopathie Splénomégalie Splénomégalie Toux Rash cutané sous ampicilline (90 % des cas) Myalgies, arthralgies Éruptions cutanées Ulcération des muqueuses Poly-adénopathies Adénopathies surtout cervicales Intensité du SMN +++ ++ + +/- Diagnostic Sérologie Sérologie Antigénémie p24 ou charge Sérologie virale + sérologie 5 jours à 3 semaines FICHE PRATIQUE EN CAS DE MNI AVÉRÉE Les signes de la MNI disparaissent spontanément en 2 à 4 semaines. Les complications sont rares (<1/1000 cas). Il n’existe pas de traitement antiviral actif de l’EBV. La primo-infection ne requiert qu’un traitement symptomatique. La maladie étant très asthéniante, une corticothérapie brève peut éventuellement être prescrite. Les aminopénicillines (amoxicillines et ampicillines) sont contre-indiquées en raison du risque d’exanthème intense. Le patient dont la rate est fragilisée doit éviter les exercices physiques jusqu’à ce qu’il soit complètement rétabli. QUESTION D’APPELLATION Selon les laboratoires, les CMHB (Cellules Mononuclées Hyper Basophiles) caractéristiques du SMN portent des noms différents sur les résultats d’analyses : grands lymphocytes bleus, grands lymphocytes hyper-basophiles, cellules hyperbasophiles, virocytes, grandes cellules mononucléaires bleutées, lymphocytes activés ou lymphocytes atypiques. À SAVOIR SUR LE MNI TEST Ce test sur lame est très rapide. Il manque toutefois de sensibilité, en particulier chez les enfants (80 % de sensibilité). Ce test présente de 2 à 5 % de faux positifs. À signaler également, de rares faux négatifs pour certains patients de groupe sanguin A mais, dans ce cas, pas de faux positifs. CONDUITE À TENIR FACE À UN SYNDROME MONONUCLÉOSIQUE Signes cliniques évocateurs => Diagnostic cytologique Diagnostic de certitude et datation de l’infection => Sérologique spécifique Ac anti-VCA IgM + Ac anti-VCA IgG + Ac anti-EA IgG + Ac anti-EBNA IgG Anomalie des cellules glandulaires IgM VCA – et IgG VCA – et IgG EA – et IgG EBNA – IgM VCA + et IgG VCA – et IgG EA +/– et IgG EBNA – IgM VCA +/– et IgG VCA + et IgG EA +/– et IgG EBNA – IgM VCA +/– et IgG VCA + et IgG EA – et IgG EBNA + IgG EBNA + et IgG VCA +/– et IgM VCA – Séronégativité MNI Primo-infection ? Infection évolutive en fin de phase primaire Réactivation éventuelle et si IgM+ => résiduelles Infection ancienne (sup à 4 mois) Rechercher : VIH => antigénémie p24 ou charge virale CMV => sérologie Hépatites virales => sérologie Contrôler la sérologie dans 15 jours pour confirmer le diagnostic et dans 3 mois pour affirmer la guérison Contrôler la sérologie dans 15 jours pour confirmer le diagnostic et dans 3 mois pour affirmer la guérison Sujet immunisé Pas de signes spécifiques sauf immuno-déprimés et greffes Toxoplasmose => sérologie Variation du taux des anticorps IgM et IgG Variation du taux des anticorps IgM et IgG MNI confirmée MNI confirmée RÉFÉRENCES > « Orientation diagnostique devant un syndrome mononucléosique » ; accessible depuis le Campus d’hématologie de l’Université médicale virtuelle francophone, Nantes, 2010. > « Syndrome mononucléosique », laboratoire d’hématologie du CHU d’Angers, 2011. LABINFO | N°27