LE NOUVELLISTE VENDREDI 16 SEPTEMBRE 2011 jmt - ar 4 FORUM L’INVITÉ PHILIPPE BENDER COURTHION HISTORIEN Valais divisé, Valais uni L’élection au Conseil des Etats devait mobiliser l’opinion. Que nenni! Du moins jusqu’à ce jour. Faute de combattants résolus? Explication trop facile. Mais un fait demeure: dans les esprits se heurtent, mêlées parfois, deux conceptions de la représentation: la conception ancienne, médiévale, de la représentation territoriale, et la conception moderne, républicaine, de la représentation populaire. On balance entre deux visions de la démocratie: les élus ont-ils à représenter les citoyens ou les collectivités? La société générale ou les communautés particulières? Aux adeptes d’une répartition équilibrée des sièges entre les partis en lice, on rétorque sur un ton offusqué: vous bafouez les droits historiques du Haut-Valais, vous mettez en danger l’unité du canton! Ainsi, entre le souci intelligent de ne pas léser la minorité culturelle et la légitimité avérée du pluralisme règne une confusion maligne, et la pesée des intérêts est constante. Les minorités politiques, devenues l’évidente majorité du peuple, sont-elles à traiter avec moins d’égards que la minorité linguistique, qui, par ailleurs, a perdu de sa cohésion et de son poids dé- mographique? Reste que le Valais, malgré sa riche diversi- venirs, en notant qu’à trois reprises, quand le Valais fit té, ne forme qu’un seul Etat: le Haut-Valais ne peut être as- bloc derrière une candidature, ce fut le succès. En 1950, similé à une région autonome, dotée de privilèges avec le PDC Joseph Escher, ouvertement appuyé par le raimmuables. Malgré les apparences tromdical Camille Crittin. En 1962, avec le peuses, on devine l’absurdité et les dangers Outre les PDC Roger Bonvin, que le socialiste Karl d’une approche contraire, mais aussi la Dellberg soutint sans réserve. En 1998, persistance des deux idées de la représenta- candidatures avec le radical Pascal Couchepin, qui rallia tion. Faut-il dès lors envisager un autre d’Alain Berset les voix du PDC et de la Gauche de Peter mode d’élection, et introduire la représen- et de Pierre-Yves Bodenmann et Thomas Burgener. Mais, à tation proportionnelle, à l’exemple du Jura quand prédomina la discorde, ce Maillard pourrait l’inverse, et de Neuchâtel? fut l’échec. Ainsi, en 1940, avec le PDC Le départ de Micheline Calmy-Rey laisse émerger celle Maurice Troillet et le radical Camille Critun siège vacant au Conseil fédéral, que les d’un Valaisan: tin, qui durent s’incliner. Trop de haines socialistes romands s’empresseront d’oc- Stéphane Rossini recuites, trop de méchants règlements de cuper. Outre les candidatures du Fribourcomptes. Alors, cette question: la persongeois Alain Berset et du Vaudois Pierrenalité de Stéphane Rossini serait-elle si Yves Maillard pourrait émerger celle d’un terne, ses compétences si faibles et son exValaisan: Stéphane Rossini. Or, pas un périence de la chose publique si mince, bruit ni un murmure dans le landerneau cantonal! Silen- que l’on puisse, sans autre, écarter son nom, et passer son ces prudents et mémoires courtes! Ravivons donc les sou- chemin, dans l’indifférence ou le mépris? L’HEURE DE LA DÉSALPE: TOUT UN SYMBOLE LE COIN DE LA MÉDIATHÈQUE En 1947, le troupeau de l’alpage de Catogne, emmené par la reine décorée, rejoint la désalpe de Sembrancher. CAVALIER SEUL DE VINCENT PELLEGRINI Finance ou haute voltige? © Albert Emonet, Fonds Beattie, Médiathèque Valais-Martigny + INFO Pour nous contacter par courrier: 13, rue de l’Industrie, 1950 Sion Tél. 027 32975 11 Fax 027 329 75 78. Par mail [email protected] La haute finance évolue actuellement dans un climat anxiogène, les bourses sont chahutées et l’euro boit la tasse. Tout cela est le fruit non seulement des dettes souveraines (des Etats), mais aussi de la financiarisation excessive de l’économie. Quand on voit une simple agence de notation faire trembler une superpuissance comme les Etats-Unis et paniquer certains Etats européens, on peut se poser de sérieuses questions. Paul Dembinski, directeur de l’Observatoire de la finance, rappelle que tout a changé lorsque les EtatsUnis ont décroché le dollar et les monnaies de l’or. Ce n’était qu’une étape vers une mutation plus profonde encore: la montée en puissance des activités purement financières. Autrefois, la monnaie servait surtout une logique commerciale. Aujourd’hui on assiste à la domination de la devise comme actif financier sur la devise comme moyen de paiement. Paul Dembinski expliquait: «En 2010, les volumes échangés sur les marchés de change en dix jours ouvrables suffiraient aux besoins des transactions commerciales (durant un an); le reste de l’année ces marchés travaillent donc pour les besoins des stratégies de couverture et d’investissement. Il a fallu plusieurs années pour que la logique commerciale s’estompe face à la logique financière dominante aujourd’hui.» Les alchimistes de la finance ont pris le pouvoir et la croissance se fait souvent à crédit. Dans ses fondamentaux, le système ne change pas vraiment. Bref, les mécanismes mêmes de l’économie actuelle ne sont pas sains non seulement à cause de la dette des Etats, mais aussi à cause de la globalisation et de la financiarisation excessive de l’économie. Il suffit de voir que les banques de proximité ont profité de la crise en s’attirant de nouveaux clients. Le prix Nobel d’économie Maurice Allais constatait il y a plus de dix ans que c’est toujours ceux qui n’ont pas vu venir la crise qui l’expliquent ensuite doctement et que le système ne change donc pas. Il accusait aussi l’Organisation mondiale du commerce et prônait dans certains cas le protectionnisme.