IMPACT ÉCOLOGIQUE DU PROJET DE CRÉATION D’UNE ZONE D’ARRIÈRE PORT DE SÈTE (dite HINTERLAND) SUR LA COMMUNE DE POUSSAN Correspondance : C/o Biocoop Avenue de la Barrière Courriel : [email protected] 34540 Balaruc-le-Vieux Code de l’Environnement Titre Ier : Principes généraux Article L110-1 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 253 I. - Les espaces, ressources et milieux naturels, les sites et paysages, la qualité de l'air, les espèces animales et végétales, la diversité et les équilibres biologiques auxquels ils participent font partie du patrimoine commun de la nation. II. - Leur protection, leur mise en valeur, leur restauration, leur remise en état et leur gestion sont d'intérêt général et concourent à l'objectif de développement durable qui vise à satisfaire les besoins de développement et la santé des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Elles s'inspirent, dans le cadre des lois qui en définissent la portée, des principes suivants : 1° Le principe de précaution, selon lequel l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable ; 2° Le principe d'action préventive et de correction, par priorité à la source, des atteintes à l'environnement, en utilisant les meilleures techniques disponibles à un coût économiquement acceptable ; 3° Le principe pollueur-payeur, selon lequel les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur ; 4° Le principe de participation, selon lequel chacun a accès aux informations relatives à l'environnement, y compris celles relatives aux substances et activités dangereuses, et le public est associé au processus d'élaboration des projets ayant une incidence importante sur l'environnement ou l'aménagement du territoire. 2 IMPACT ÉCOLOGIQUE DU PROJET DE CRÉATION D’UNE ZONE D’ARRIÈRE PORT DE SÈTE (dite HINTERLAND) SUR LA COMMUNE DE POUSSAN AVANT-PROPOS ....................................................................................................................................... 3 UN ESPACE NATUREL DIVERSIFIE ET COMPLEMENTAIRE ................................................................ 7 LES ESPACES TERRESTRES ............................................................................................................... 7 LA PLAINE DE FABREGUES-POUSSAN............................................................................................... 8 LA GARDIOLE........................................................................................................................................10 LES ESPACES HUMIDES.........................................................................................................................11 LES ZONES HUMIDES DE POUSSAN..................................................................................................11 LA RIPISYLVE DE LA VÈNE..................................................................................................................13 LA CRIQUE DE L’ANGLE ......................................................................................................................13 Avant-propos La Région Languedoc-Roussilon, propriétaire du port de Sète depuis janvier 2007, a exprimé le souhait de créer une zone logistique d’arrière port sur la commune de POUSSAN. Selon la région (dossier de presse www.larégion.fr du mercredi 13 juillet 2011) « ce projet exemplaire privilégie une implantation dans un continuum urbain en dehors des zones naturelles protégées et des périmètres de protection des captages d’eau potable, la Région souhaitant totalement protéger l’environnement et la richesse patrimoniale du bassin de Thau » Concrétisant ce vœu, le préfet de l’Hérault a signé, le 11 octobre 2010, un arrêté créant une Zone d’Aménagement Différé (ZAD) sur une superficie de 105 hectares aux lieux dits La Plaine et les Condamines et désignant la Région comme titulaire du droit de préemption considérant que « ce projet s’inscrit dans les orientations générales du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) du Bassin de Thau et qu’il n’a pas d’impact majeur sur l’environnement (le secteur est situé en dehors des ZNIEFF, site Natura 2000, captage, site classé….) » Dans une précédente brochure « AUTOPSIE D’UNE ILLUSION », parue en juin 2012, le collectif « NON- HINTERLAND» a montré l’absurdité que représente ce « grand projet inutile ». Le collectif NON-HINTRELAND dénonce, ici, avec vigueur l’incidence que peut avoir sur l’environnement la création de cette zone d’arrière port sur la commune de POUSSAN. Il considère que ce projet porte atteinte à un continuum écologique intéressant des zones classées ZNIEFF 1 et 2, Natura 2000, attenantes au périmètre du secteur concerné. 3 Par ailleurs, ce projet accentuerait l’artificialisation de terres agricoles. Ce phénomène est souligné dans divers documents notamment dans le projet de SCOT : « L’artificialisation des terres s’est faite principalement au détriment des espaces agricoles », ou dans cet extrait du diagnostic territorial 2010 de l’Agenda 21 POUSSAN : « Le taux d’artificialisation est nettement supérieur à la moyenne française, tout comme la perte des territoires agricoles. On note une artificialisation plus conséquente pour la décennie 1990. Tableau N° 10 : Les 4 grands types d’occupation du sol à Poussan : Occupation du sol Superficie (ha) Espaces artificialisées % Poussan % France 148 8.27 5.1 Terres agricoles 1133 37.76 58.6 Forêts et milieux semi-naturels 1608 53.6 35.1 11 0.37 1.2 3000 100 100 Zones humides et surface en eau Total Source : DREAL Languedoc-Roussillon Le pourcentage de territoire artificialisées est légèrement supérieur à la moyenne française. L’ensemble de la zone urbanisée représente aujourd’hui 248 ha. Ainsi en 50 ans, l’urbanisation a consommé plus du double de l’espace utilisé depuis plus de 10 siècles. Toutefois celui des forêts et milieux semi-naturels occupe une place importante du territoire communal » Si le projet de la Région se concrétise ce sont 353 ha qui seront artificialisées soient 11.77 % de la superficie totale et 3.5 % de terres agricoles qui disparaitront. Nous rappelons le diagnostic du SCOT de Thau qui se donne, entre autres, pour objectifs de : « réserver le potentiel agricole et pérenniser une agriculture fragilisée par la pression foncière : - Considérer en priorité l’espace agricole comme un espace économique - Donner une lisibilité foncière à long terme et enrayer la fragmentation de l’espace. » et propose diverses solutions: - Attirer les jeunes, développer une AMAP, faire connaître les produits locaux, développer les circuits courts pour supprimer les intermédiaires entre producteurs et consommateurs. NON-HINTERLAND : • s’oppose à un projet qui ferait peser des risques sur : - l’écologie de l’ensemble des zones sensibles proches du secteur concerné. - l’activité économique que représente la conchyliculture présente dans l’étang de Thau. • soutiendra l’activité agricole qui existe et pourra être développée sur les terres convoitées par la Région à d’autres fins. 4 Le collectif « NON-HINTERLAND » tient tout d’abord à en informer le public qui doit prendre conscience de la richesse d’un milieu tout à fait exceptionnel au plan écologique. Il s’adresse ensuite aux élus régionaux, départementaux et locaux qui dans leurs projets mettent très souvent en avant le développement durable ou qui parfois même sont élus sous une sensibilité ou un engagement d’écologiste. Il interpelle enfin les élus au plan national et en particulier le gouvernement qui dans de multiples démarches, le Grenelle de l’Environnement hier et récemment la Conférence Environnementale ont fixé des objectifs pour préserver la biodiversité. Lors de cette conférence, le Président de la République a invité à protéger les milieux et les habitats « Nous devons créer de nouvelles réserves naturelles et faire appliquer la loi », déclare-t-il. Il faut lutter contre la consommation rapide des terres agricoles : « Nous ne pouvons pas accepter que disparaissent près de 100 000 hectares agricoles tous les ans ». Il faut également limiter l’artificialisation des sols, favoriser le développement d'un nouveau modèle agricole, réduire l'usage des pesticides et préserver la biodiversité marine. Pour appuyer notre démarche auprès de tous ceux-ci nous souhaitons que les organismes ou associations qui sont sensibles aux questions environnementales nous soutiennent. De nombreux documents soulignent l’importance de prendre en compte un développement équilibré du territoire et tout particulièrement les enjeux écologiques. Nous souhaitons que les multiples intentions exprimées par les divers intervenants sur ce projet soient suivies d’actions concrètes et ne restent pas des discours vides de sens. Nous savons que nous pouvons compter sur une volonté citoyenne pour qu’il n’en soit pas de même en Languedoc-Roussillon et en particulier sur ce projet d’arrière-port de Sète. Déjà le collectif « NON-HINTERLAND » a recueilli plus de 3000 signatures soutenant son action. 5 Source Région Languedoc-Roussillon LES SECTEURS CONCERNÈS Le secteur des Condamines Etymologiquement le mot « condamines » désignait autrefois des terres labourables qui faisaient partie de la réserve seigneuriale, donc des terres fertiles. C’est effectivement le cas de ce secteur à POUSSAN. « Il est occupé pour l’essentiel par de la vigne de qualité » C’est ainsi qu’il est décrit dans le Bulletin municipal de la Ville de Poussan N° 26-Printemps 2012. Les agriculteurs travaillant ces terres estiment qu’elles sont d’un « très bon rapport, très riches, et que pour rien au monde ils ne les échangeraient avec une autre », « les meilleures de Poussan ». La nappe phréatique est à moins de 10 mètres de profondeur et peut permettre une irrigation raisonnée. Le secteur de la Plaine Ces potentialités agricoles semblent plus réduites. Certaines parcelles sont cependant bien adaptées pour la viticulture pouvant produire un vin de qualité. Ainsi 24 hectares sont classées en Zone AOC « Cteaux du Languedoc » 6 UN ESPACE NATUREL DIVERSIFIE ET COMPLEMENTAIRE L’écosystème que nous voulons préserver ne se limite pas aux deux zones prévues dans le projet d’aménagement de la Région mais s’inscrit dans une entité écologique comprenant, outre « les Condamines » et « la Plaine », la plaine de FABREGUES-POUSSAN, la retombée sud-ouest du massif de la Gardiole, le ruisseau de la Vène et ses rives notamment à ISSANKA, les zones humides situées au nord de la crique de l’Angle, cette anse de l’étang de Thau elle-même et enfin cette lagune avec, en particulier, les tables conchylicoles du secteur de Bouzigues. Entre ces éléments s’établit un réseau d’échanges favorable au développement d’une flore et d’une faune particulièrement riches et de grand intérêt patrimonial. LES ESPACES TERRESTRES Il faut tout d’abord préciser que l’étalement urbain a pris une extension considérable dans ce secteur proche de l’étang de Thau avec le développement des agglomérations de GIGEAN, POUSSAN, BALARUC-LE-VIEUX, BALARUC-LES-BAINS, BOUZIGUES. L’artificialisation des terres s’est faite principalement au détriment des espaces agricoles entre 1981 à ce jour. A cette artificialisation des terres s’est ajouté le développement des voies de communication avec la construction de l’autoroute A9 et la transformation de l’ancienne route nationale 300 en voie expresse D 600 reliant le péage de POUSSAN à SETE, qui devrait être portée en 2x2 voies d’ici quelques années. A cela pourrait s’ajouter le passage de la ligne LGV MONTPELLIER-PERPIGNAN. Comme le soulignait le Conservatoire des Espaces Naturels Languedoc-Roussillon, en juin 2009, lors de la consultation publique organisée par Réseau ferré de France cette infrastructure « va s’insérer dans un territoire qui abrite un patrimoine naturel et paysager exceptionnel. En témoignent les multiples zonages et les inventaires recensés. On y dénombre plus de 70 Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique, 13 sites d’importance communautaire relevant de la directive européenne Habitats, et 13 sites relevant de la directive Oiseaux, 2 réserves naturelles nationales, 5 sites classés. De nombreuses zones humides et des ripisylves méditerranéennes seront fragmentées par l’infrastructure……. Outre cette biodiversité remarquable, la mosaïque agricole, élément déterminant de la biodiversité dite ordinaire, y est encore souvent bien représentée. Structurée par des haies, des murets, des bosquets, des fossés, elle contribue à l’amélioration de la connectivité des habitats naturels et constitue des paysages ruraux à forte valeur culturelle. » A son échelle, le projet HINTERLAND s’inscrit dans cette problématique, pour le secteur qui nous concerne, ajoutant un risque supplémentaire d’impacts négatifs sur l’environnement mais également sur les activités agricoles et conchylicoles. Les espaces terrestres, objets de notre étude, se situent de part et d’autre de la Vène au lieu-dit ISSANKA. Il s’agit tout d’abord des espaces touchés par le projet, Les « Condamines » et « la Plaine » situés sur la commune du POUSSAN mais aussi ceux de la plaine FABREGUES-POUSSAN et de la GARDIOLE 7 LA PLAINE DE FABREGUES-POUSSAN Depuis mars 2006, la plaine de Fabrègues-Poussan est classée "Site Natura 2000". Le réseau Natura 2000 Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels européens identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales et de leurs habitats. Son objectif est de favoriser la biodiversité en tenant compte des exigences économiques et sociales dans un objectif de développement durable. Les zones protégées sont identifiées en application de deux directives européennes : f La directive «Oiseaux » (directive 79/409/CEE du 2 avril 1979) qui a pour objectif la conservation des oiseaux que ce soit pour leur reproduction, leur alimentation ou leur migration et qui désigne des zones de protection spéciales (ZPS). f La directive « Habitats » (directive CEE 92-43 du 21 mai 1992) qui a pour objectif la conservation de sites écologiques naturels ainsi que la préservation d’espèces de faune ou de flore jouant un rôle essentiel dans un écosystème donné. La directive désigne des zones spéciales de conservation (ZSC). En complémentarité avec cette identification de zones protégées, le projet de « Trame verte et bleue » issu du Grenelle de l’Environnement, tenu en 2007, vise à combattre la fragmentation des espaces naturels en préconisant la mise en place de corridors écologiques visant à enrayer la perte de biodiversité. Volonté confirmée au niveau de l’Etat lors des orientations prises dans le cadre de sa « Stratégie Nationale pour la Biodiversité (2011-2020). Sur l’ensemble du territoire de Thau, 11 sites ont été désignés couvrant le bassin versant, la lagune et la façade maritime. La présence de corridors écologiques terrestres ou aquatiques, devrait impérativement être envisagée afin de répondre à la définition des trames vertes et bleues. 8 Le territoire POUSSAN-FABREGUES est identifié Zone de Protection Spéciale au titre de la Directive « Oiseaux » en mars 2006. Son périmètre concerne 3 intercommunalités (Communauté d’Agglomération du Bassin de Thau, Communauté de Communes du nord du Bassin de Thau et Montpellier Agglomération) et 8 communes : Cournonsec, Montbazin, Cournonterral, Pignan, Fabrègues, Saussan, Poussan, Gigean. Les 5 premières communes sont rattachées à Montpellier Agglomération. Pour décrire tout l’intérêt que représente ce territoire sur le plan environnemental nous citerons un extrait du rapport réalisé par le Syndicat Mixte du Bassin de Thau pour la présentation du Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) « Certains espaces agricoles ont une fonction écologique pour le maintien d’espèces patrimoniales (le plus souvent des espèces aviaires) et nécessitent à ce titre une attention particulière dans le SCoT pour en préserver les caractéristiques. Il s’agit notamment de la mosaïque agricole dans la plaine de Montbazin, Gigean qui constitue un habitat d’intérêt communautaire au pied de la montagne de la Mourre, ou encore de la plaine de Villeveyrac. Toutes deux cumulent donc les enjeux agricoles et environnementaux. Dans ces espaces, il s’agira de limiter toute artificialisation nouvelle et d’adapter les pratiques culturales aux exigences écologiques des sites » Ce site présente un intérêt ornithologique particulier souligné dans le document « Mise en oeuvre de la Directive "Oiseaux" - Proposition de Zone de protection spéciale - Phase de consultation au niveau local - "Plaine de Fabrègues - Poussan" dont nous reproduisons un extrait : « Dans cette plaine, la vaste mosaïque de zones cultivées ponctuées de haies et de petits bois est favorable à de nombreuses espèces d'oiseaux à forte valeur patrimoniale. Pour certains de ces oiseaux, le Languedoc-Roussillon a une forte responsabilité, accueillant une part importante de leur effectif national. Il s'agit en particulier des espèces suivantes, nichant sur le site : la Pie-grièche à poitrine rose (Lanius minor) qui a fortement régressé en France et qui niche aujourd'hui localement et en très petit nombre seulement dans les départements de l'Aude, l'Hérault, le Gard et les Bouches du Rhône ; le Rollier d'Europe (Coracias garrulus) dont la répartition en France est quasiment limitée aux régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Languedoc-Roussillon ; l'Outarde canepetière (Tetrax tetrax) qui en France est cantonnée aux grandes plaines céréalières du Centre-Ouest et aux plaines méditerranéennes dans le Languedoc et en Provence ; et le Bruant ortolan (Emberiza hortulana) dont le Languedoc-Roussillon représente plus de 25 % des effectifs nationaux.» 9 LA GARDIOLE Le massif de La Gardiole est classé Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique de type 2 (ZNIEFF) depuis 1980. Une ZNIEFF est un secteur du territoire particulièrement intéressant sur le plan écologique, participant au maintien des grands équilibres naturels ou constituant le milieu de vie d’espèces animales et végétales rares, caractéristiques du patrimoine naturel régional. L’inventaire des ZNIEFF identifie, localise et décrit les sites d’intérêt patrimonial pour les espèces vivantes et les habitats. Etabli pour le compte du Ministère de l’environnement, il sert de base à la définition de la politique de protection de la nature. Il n’a pas de valeur juridique directe mais permet une meilleure prise en compte de la richesse patrimoniale dans l’élaboration des projets susceptibles d’avoir un impact sur le milieu naturel. Ainsi, l'absence de prise en compte d'une Znieff lors d'une opération d'aménagement relèverait d'une erreur manifeste d'appréciation susceptible de faire l'objet d'un recours. Les Znieff constituent en outre une base de réflexion pour l'élaboration d'une politique de protection de la nature, en particulier pour les milieux les plus sensibles : zones humides, landes etc. On distingue deux types : La ZNIEFF de type II réunit des milieux naturels formant un ou plusieurs ensembles possédant une cohésion élevée et entretenant de fortes relations entre eux. Elle désigne en général ensemble naturel étendu dont les équilibres généraux doivent être préservés. La ZNIEFF de type I est un territoire correspondant à une ou plusieurs unités écologiques homogènes. Elle abrite au moins une espèce ou un habitat caractéristique remarquable ou rare, justifiant d'une valeur patrimoniale plus élevée que celle du milieu environnant. Ce sont donc des sites généralement de taille réduite, inférieure aux ZNIEFF de type II. Ils correspondent a priori à un très fort enjeu de préservation voire de valorisation de milieux naturels. Les ZNIEFF n'ont pas de portée réglementaire directe : elles ont le caractère d'un inventaire scientifique. La loi de 1976 prescrit cependant aux PLU de respecter les préoccupations d'environnement, et interdit aux aménagements projetés de "détruire, altérer ou dégrader le milieu particulier" à des espèces animales ou végétales protégées. Les ZNIEFF constituent un élément d'expertise pris en considération par la jurisprudence des tribunaux administratifs et du Conseil d'Etat. 10 L‘ensemble du massif, milieu typiquement méditerranéen, possède un intérêt écologique et paysager exceptionnel avec une végétation de garrigue où se développe une flore abondante et parfois rare, de taillis de chênes verts, de boisements de résineux. Ce milieu accueille de nombreuses variétés d’oiseaux dont certaines remarquables (busard cendré, rollier d’Europe, grand-duc d’Europe), mais aussi d’autres animaux rares, amphibiens, reptiles…. Cette Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique de la Gardiole s’étend sur 10 communes concernées dont 3 sont situées à l’extrémité nord-ouest du massif : Balaruc-lesBains, Balaruc-le-Vieux, Gigean. Les pentes situées entre le périmètre du site classé et ces communes sont déjà fortement touchées par les activités humaines étant parsemées de nombreuses habitations et cernées par plusieurs axes routiers D.613, D600, et autoroute A9. Sa limite borde la Vène au niveau d’ISSANKA et se trouve ici à quelques encablures du site de la Plaine convoitée par la Région. LES ESPACES HUMIDES LES ZONES HUMIDES DE POUSSAN Le secteur des Condamines sur lequel est envisagée l’implantation d’une grande partie de la zone logistique d’arrière-port de Sète est situé à proximité très immédiate de l’étang de Thau et plus précisément de la crique de l’Angle. Distante de moins de 1000 mètres, plus proche encore est située la zone humide qui borde le nord de cette anse au débouché de la Vène qui correspond à la définition donnée par le code de l’environnement et en particulier son article L.211-1. L’intérêt de préserver ces zones humides est parfaitement souligné dans le Schéma d’Aménagement de la Gestion des Eaux (SAGE) établi par le Syndicat Mixte du Bassin de Thau dans son dossier préliminaire ou dans le dossier « Patrimoine naturel du SCOT de Thau » : « Espace de transit des eaux entre le bassin versant et le milieu maritime, de rencontre des eaux terrestres et des eaux marines, les lagunes offrent une biodiversité originale, l’une des plus importantes au niveau méditerranéen. Cette biodiversité se constate au cœur même des masses d’eau lagunaires, mais également sur les espaces terrestres associés que sont les zones de marécages, salins et zones humides…..Les zones humides occupent une fonction majeure du point de vue de la qualité des eaux en retenant, filtrant et restituant progressivement les eaux en provenance du bassin versant après les épisodes de précipitations. » Les zones humides sont, en effet, des réservoirs de vie et des lieux où la production de matières vivantes est l’une des plus fortes. Marais, tourbières, prairies humides, lagunes, mangroves… entre terre et eau, les milieux humides présentent de multiples facettes et se caractérisent par une biodiversité exceptionnelle. Ils abritent en effet de nombreuses espèces végétales et animales. Par leurs différentes fonctions, ils jouent un rôle primordial dans la régulation de la ressource en eau, l’épuration et la prévention des crues. 11 Menacé par les activités humaines et les changements globaux, ce patrimoine naturel fait l’objet d’une attention toute particulière. Sa préservation représente des enjeux environnementaux, économiques et sociaux importants. La zone humide poussanaise couvre une superficie de 90 ha et est constituée principalement de vasières, sansouires et prés salés. Elles présentent une grande richesse botanique et ornithologique ce qui les a fait classer à l’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF de type 1). De nombreuses espèces animales fréquentent ce milieu notamment des oiseaux migrateurs qui y trouvent un site de repos (Flamand rose) ou de nidification (Echasse blanche, Avocette). Pour souligner l’importance que ces zones humides représentent sur notre patrimoine nous ferons référence à des extraits d’un document du Syndicat Mixte en date du 8 août 2012 intitulé « A Thau les zones humides jouent les bonnes fées » : « De véritables bienfaitrices. A Thau, les zones humides jouent les bons offices et apportent un réel « service environnemental aux activités liées à la lagune. Fragilisé par les activités humaines, ce patrimoine vient d’obtenir le classement communautaire en zone de protection spéciale, au titre de Natura 2000 ….et une attention accrue… Un patrimoine naturel exceptionnel incomparable … Ces espaces – sansouïres, roselières, lagune, plages et autres – sont des lieux de prédilection pour la nidification des oiseaux. Elles sont même classées sites d’importance internationale pour le flamant rose et accueillent 15 espèces d’oiseaux sous protection européenne…. Leur richesse en habitats et en espèces, leur rôle d’infrastructure naturelle, leur place comme support d’activités et leur cadre de vie de qualité, font d’elles des espaces à forts enjeux écologiques, économiques et sociaux. Grâce à l’ensemble des services qu’elles rendent au territoire, elles possèdent un intérêt économique évident… Puisque ces zones contribuent aux objectifs du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) en matière de bon état des eaux, le SMBT apporte un appui considérable dans l’accompagnement à la gestion de projet. Dès la fin de l’année, un travail de concertation sera mené pour mesurer leurs vulnérabilités. Conscient qu’elles sont indispensables à la vitalité de la lagune, le futur SMBT technicien de rivière recruté par le SMBT pour animer un groupe de travail de restauration des cours d’eau aura pour mission de rendre aux zones humides leurs fonctions premières» Diverses manifestations récentes montrent, par ailleurs, l’intérêt porté à ces zones : - le samedi 4 février 2012, dans le cadre de la Convention de Ramsar, traité international concernant les zones humides, la Ligue de Protection des Oiseaux 34, membre du CPIE Bassin de Thau, a proposé un parcours entre ripisylve, sansouïre, prés salés et lagune sur la Crique de l´Angle, à la découverte de la richesse de l´avifaune caractéristique des zones humides. - Les 4 et 5 mai 2012, la municipalité de POUSSAN a invité les scientifiques des Ecologistes de l‘Euzière à faire découvrir ce lieu dans le cadre des 24 heures de la nature. 12 LA RIPISYLVE DE LA VÈNE La ripisylve de la Vène, particulièrement développée sur une portion de 1.5 km à hauteur d’ISSANKA est classée en zone ZNIEFF 2 (N° 4030). De nombreux arbres, Frêne oxyphylle, Platane d’Orient forment un véritable écran végétal au-dessus de ce cours d’eau. « La formation arborescente qui entoure la rivière est, en région méditerranéenne, une relique d’une végétation des régions tempérées. Au sein de la plaine viticole, cette formation constitue: - Une zone de passage et de reproduction pour de nombreuses espèces d'oiseaux, d'origine plus nordique, et qui trouvent là les seuls milieux favorables à leur maintien sous un climat méditerranéen - Une zone de refuge pour une flore spécifique - Une « coupure verte » entre les espaces urbanisés et agricoles La ripisylve intervient aussi dans la stabilisation des berges et la lutte contre l'érosion. Elle joue enfin un rôle « tampon » lors de crues importantes. » Agenda 21 Poussan - Ripisylve du ruisseau d’Issanka L’ensemble de ce patrimoine exceptionnel lié à la présence de zones humides, déjà fortement menacé, va se trouver soumis à de nouvelles pressions. Nous ne pouvons accepter qu’il disparaisse. LA CRIQUE DE L’ANGLE La crique de l’Angle présente des caractéristiques tout à fait particulières par rapport à l’ensemble de la lagune de Thau. Peu étendue (140 ha) sa profondeur est faible (1 à 3 m), exception faite du gouffre de la Vise, profond de 30 m, situé non loin des petites falaises qui en constituent sa côte orientale. Faiblement soumis à l’influence des courants qui assurent la circulation des masses d’eau dans l’étang, ce milieu est relativement confiné. Seul le vent de nord-est, peu fréquent (15% des vents dominants) apporte un certain brassage des eaux et favorise le refroidissement de la masse d’eau. La Crique de l’Angle reçoit les apports provenant du bassin versant. Celui-ci recouvre une vaste entité hydrogéologique délimitée au nord et à l’ouest par le causse d’Aumelas, la montagne de la Mourre et à l’est par le massif de la Gardiole. Ce bassin versant est drainé par la Vène, cours d’eau né sur la commune de Cournonsec, au régime intermittent jusqu’à Issanka, où son écoulement devient permanent grâce aux eaux qu’il reçoit de la source du même nom. Le réseau secondaire de la Vène est constitué pour l’essentiel par un chevelu de petits cours non pérennes. Lors des fortes pluies de printemps et d’automne, la crique de l’Angle reçoit par ce réseau les eaux de lessivage du bassin, chargées en sédiment l’alimentant en sels nutritifs (azote, phosphore) mais aussi en éléments liés à la présence humaine (station de lagunage, station d’épuration) ou à son activité (industrie, agriculture…). L’ensemble de ces apports rend ce milieu fragile. L’accumulation de matière organique stockée dans les sédiments conduit, lors de fortes chaleurs et en l’absence de vent, à des dysfonctionnements bien connus, les « malaïgues », qui lorsqu’elles s’étendent aux parcs à huîtres peuvent entraîner d’importantes mortalités du cheptel. La crique de l’Angle est par ailleurs le principal point de départ des efflorescences d’Alexandrium, phytoplancton toxique pouvant entrainer chez l’homme des troubles paralytiques 13 Divers travaux ont également mis en évidence la présence de contaminants liés aux activités humaines dans des proportions élevées Il s’agit de DDT, pesticide utilisé en agriculture, mais aussi d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dont la présence peut être mis en relation avec le complexe routier et autoroutier dense dans le secteur. Les tables conchylicoles de la zone A qui couvrent plus de 500 ha se trouvent à environ 500 m du débouché de la crique de l’Angle dans l’étang. Cette zone est la plus productive d’un étang qui avec plus de 8000 tonnes d’huîtres et 3500 tonnes de moules se classe au troisième des secteurs de production en France. Par ailleurs, l’appellation huîtres et moules de Bouzigues est reconnue par-delà nos frontières. Nous emprunterons, au Schéma d’aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du bassin versant de l’étang de THAU (fiche état des lieux et diagnostic mise à jour 2009) quelques citations qui soulignent l’importance de cet étang: « Milieu d’une grande richesse écologique, la lagune de Thau est aussi une source de richesse pour les activités humaines : pêche, conchyliculture, sports nautiques, baignade… A l’échelle du territoire, la lagune de Thau est un élément essentiel et vital de l’histoire locale, de son économie et de son attractivité actuelle et future. Cependant, cet élément de la géographie locale, à l’interface de la terre et de la mer, est aussi en proie à des évolutions, pour certaines naturelles et pour d’autres directement liées aux activités humaines qui se sont développées sur les bords de la lagune ou sur l’ensemble du bassin versant. Cet écosystème particulier, riche du point de vue de la biodiversité, est aussi fragile. La lagune réceptionne les eaux du bassin versant par l’intermédiaire des cours d’eau et les eaux de la mer via les canaux de Sète et de Pisse-Saumes. Caractérisée par un faible renouvellement de leurs eaux, mais aussi par des apports qui peuvent être brutaux lors d’épisodes pluvieux importants, la qualité des eaux lagunaires fait appel à des dynamiques complexes, sur des pas de temps variables (une pollution microbiologique pourra être mesurée très peu de temps après son émission, alors qu’un apport excessif en azote ou en phosphore aura des effets sensibles sur plusieurs années, même après son arrêt)…. Les apports en azote et phosphore créent des conditions favorables à la croissance des cultures marines, mais créent aussi des conditions propices aux développements algaux, en particulier dans les zones de confinement (Crique de l’Angle)…. Un objectif fort peut être inscrit dans le SAGE de manière à limiter les apports nouveaux et réduire progressivement les émissions sur le bassin versant La présence de substances toxiques dans la lagune est en deçà des normes de qualité environnementale pour les contaminants analysés jusqu’à présent (hors pesticides). Elle impose cependant de mettre en place des recommandations strictes à l’échelle du bassin versant, qui pourront être déclinées selon les usages sur le bassin versant (activités, pratiques agricoles…) » « Les conditions de vie de la planète sont dorénavant des conditions de survie. L'exercice va consister à persuader les citoyens que rien ne peut plus être comme avant, que la mobilisation est générale mais que le jeu en vaut la chandelle : il s'agit ni plus ni moins que de notre avenir sur Terre. » Hubert REEVES – « Mal de Terre" (Editions Seuil) 14 Documents consultés Autopsie d’une illusion – Collectif NON à « Hinterland » juin 2012 Code de l’Environnement - Titre Ier : Principes généraux Article L110-1 Modifié par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 - art. 253 – Légifrance.gouv.fr Schéma Régional de Cohérence Territorial du Bassin de Thau – Projet d’Aménagement et de Développement Durable – Syndicat mixte du Bassin de Thau - octobre 2009 Schéma Régional de Cohérence Ecologique : méthode de travail et calendrier prévisionnel Comité de pilotage Etat – Région du 19 avril 2011 Schéma Régional de Cohérence Ecologique Languedoc-Roussillon Comité de pilotage État - Région 6 décembre 2011 Étude préalable à l’élaboration du SRCE Languedoc-Roussillon - Partie 2 : Analyse des techniques d’identification rencontrées en Languedoc-Roussillon au regard des exigences nationales pour les SRCE et des spécificités régionales - 2010 - Maison de la télédétection – UMR TETIS CEMAGREFÉlodie François, Jennifer Amsallem, Michel Deshayes Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux – SAGE de THAU - Dossier préliminaire : Proposition de périmètre - Syndicat Mixte du Bassin de Thau- septembre 2006 Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux - Bassin versant de l’étang de Thau - Etat des lieux diagnostic - 2009 : Fiche 1 Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux Fiche 2 La Lagune de Thau Fiche 5 Les zones humides Fiche 6 Les cours d’eau périphériques de l’étang de Thau Fiche 9 Karst du Pli Ouest de Montpellier Fiche 11 Natura 2000 Direction Régionale de l’Environnement Languedoc-Roussillon : Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff) Mise en œuvre de la Directive "Oiseaux" - Proposition de Zone de protection spéciale - Phase de consultation au niveau local - "Plaine de Fabrègues - Poussan" Mars 2005 Mise en œuvre de la Directive "Oiseaux" - Proposition de Zone de protection spéciale. Phase de consultation au niveau local - "Etang de Thau et lido de Sète à Agde" - Septembre 2005Syndicat mixte du Bassin de Thau - Le Patrimoine naturel du SCOT de Thau –définition des priorités– janv. 2007 Syndicat mixte du Bassin de Thau : le Contrat Qualité de la lagune de Thau (programme d'action multi partenarial qui concerne l'ensemble du bassin versant de Thau) Syndicat Mixte du Bassin de Thau - Communiqué de presse - 8 août 2012 : A Thau les zones humides jouent les bonnes fées Agenda 21 POUSSAN- Diagnostic territorial 2010 et Etat des lieux et enjeux de développement durable à Poussan - 2010-2011 15 Synthèses des connaissances acquises sur la lagune de Thau et son bassin versant – Mars 2004 www.ifremer.fr/lerlr/PDF/synthFR_finalD.pdf LEAUTE F. 2008 - Biogéochimie des contaminants organiques HAP, PCB et Pesticides organochlorés dans les sédiments de l'étang de Thau, Thèse de doctorat Paris, 13 Juin 2008. Millet B., 1989.- Fonctionnement hydrodynamique du bassin de Thau. Validation écologique d'un modèle numérique de circulation (programme Ecothau). Oceanologica Acta, Vol. 12, n°1, p. 37-46. Qu'est-ce qu'une malaïgue ? Mai 2011- Ifremer - Laboratoire Environnement Ressources - LR Aqua Domitia – La Région Languedoc Roussillon : Le dossier du maître d’ouvrage -Débat public du 15 septembre au 29 décembre 2011 BRGM - 1997- Etude géochimique des eaux souterraines autour du bassin de Thau- Rapport BRGM R 39530 Ecologistes de l’Euzière – compte-rendu des 24 heures de la nature de POUSSAN 4 et 5 Mai 2012 , ville-poussan.fr Petite histoire Poussannaise : Les oiseaux de Poussan Supplément au Bulletin Municipal de Poussan “Côté Village” N° 15 - printemps 2007 Les oiseaux de Poussan (suite et fin) Supplément au Bulletin Municipal de Poussan “Côté Village” N° 17 - été 2008 Conservatoire des espaces naturels Languedoc-Roussillon Un projet pour le territoire de Thau - Contribution au PADD du SCOT - Groupement ALPHAVILLECREATER – Mars 2009 16