Chapitre 1 Arithmétique Partie 3 : Bases de numération Propriété 1 : Existence d’une décomposition en base fixée (Admis) Soit n un entier naturel non nul, et b un entier naturel supérieur ou égal à 2 (Soit n ∈ ℕ , n ≠ 0 et b ∈ ℕ , b ≥ 2 ) Il existe une seule et unique décomposition de n sous la forme n = a p b p + a p −1b p −1 + ... + a1b1 + a0 avec a p , a p −1 ,..., a0 des entiers naturels strictement inférieur à b et a p ≠ 0 . On dit alors que l’on a effectué la décomposition de l’entier n en base b et on note n = a p a p −1...a1a0 b Démonstration Existence des entiers ( a p , a p −1 ,..., a0 ) On effectue la division de n par b. On sait alors qu’il existe un couple d’entiers naturels ( q0 , r0 ) tels que n = bq0 + r0 avec 0 ≤ r0 < b (P1) Si q0 ≠ 0 , on peut alors diviser à nouveau le quotient obtenu q0 par b, il vient : il existe un couple d’entiers naturels ( q1 , r1 ) tels que q0 = bq1 + r1 avec 0 ≤ r1 < b . On revient alors à l’expression de n : n = bq0 + r0 = b(bq1 + r1 ) + r0 = b 2 q1 + br1 + r0 Si q1 ≠ 0 , on réitère l’opération en divisant q1 par b et de même il existe un couple d’entiers naturels ( q2 , r2 ) tel que q1 = bq2 + r2 avec 0 ≤ r2 < b il vient par suite : n = b(bq1 + r1 ) + r0 = b [b(bq2 + r2 ) + r1 ] + r0 = b3 q2 + b2 r2 + br1 + r0 On met ainsi en place l’algorithme : si à la ième étape qi ≠ 0 alors on divise qi par b et on obtient alors l’existence de deux entiers naturels ( qi +1 , ri +1 ) tels que qi = bqi +1 + ri +1 avec 0 ≤ ri +1 < b . L’algorithme se terminant à l’étape p telle que q p = 0 . Montrons maintenant que l’algorithme se termine, c'est-à-dire qu’il existe une étape p pour laquelle q p = 0 . Considérons la suite ( qi ) des quotients générés par le procédé précédent. Si l’étape p recherchée n’existait pas, alors on aurait pour tout i, qi ≠ 0 et pour tout entier i, qi +1 − qi = qi +1 − (qi +1b + ri +1 ) = qi +1 − qi +1b − ri +1 = qi +1 × (1 − b) − ri +1 on en conclut que pour tout Strictement positif par hypothèse strictement négatif car b≥2 positif entier i, qi +1 − qi < 0 et donc la suite ( qi ) serait une suite d’entiers naturels strictement décroissante, ce qui ne se peut pas. On a montré par l’absurde qu’il existe une étape p pour laquelle q p = 0 . On arrête donc notre itération à l’indice p. TS Spé Lycée Beaussier Mathématiques 1 Montrons par récurrence que l’expression de n est alors pour tout entier naturel i : i n = qi bi +1 + rb + ri −1bi −1 + ... + r1b + r0b 0 avec pour convention qi = 0 dès que i ≥ p. i Amorce : Pour i = 0 , on a bien n = q0b 0+1 + r0b 0 = q0b1 + r0 par (P1) donc la propriété est vraie. Hérédité : Supposons maintenant la propriété vraie pour un certain rang i, i + ri −1bi −1 + ... + r1b + r0b 0 et montrons la au rang i+1: c'est-à-dire que n = qi bi +1 + rb i i c'est-à-dire que n = qi +1bi + 2 + ri +1bi +1 + rb + ... + r1b + r0b 0 . i i Partons de n = qi bi +1 + rb + ri −1bi −1 + ... + r1b + r0b 0 , par construction qi = bqi +1 + ri +1 , on a donc en i substituant n = ( bqi +1 + ri +1 ) bi +1 + ri bi + ri −1bi −1 + ... + r1b + r0 b0 = qi +1bi + 2 + ri +1bi +1 + ri bi + ... + r1b + r0b0 ce qui est bien la propriété au rang i+1. Conclusion : On a montré par récurrence que pour tout entier naturel i : i n = qi bi +1 + rb + ri −1bi −1 + ... + r1b + r0b 0 et en particulier pour i = p : i n = q p b p +1 + rp b p + rp −1b p −1 + ... + r1b + r0b 0 = rp b p + rp −1b p −1 + ... + r1b + r0b 0 et puisque ∀i, 0 ≤ ri < b =0 notre existence est démontrée en posant pour tout i entre 0 et p, ai = ri . Unicité de la décomposition Supposons qu’il existe deux décompositions différentes possibles : n = a p b p + a p −1b p −1 + ... + a1b1 + a0 et n = cq b q + cq −1b q −1 + ... + c1b1 + c0 avec par exemple q ≥ p . On prolonge alors la première écriture en posant n = aq b q + aq −1b q −1 + ... + a p b p + a1b1 + a0 en prenant pour convention ai = 0 si i ≥ p + 1 . n − n = 0 = (cq − aq )b q + (cq −1 − aq −1 )b q −1 + ... + (c1 − a1 )b1 + (c0 − a0 ) Supposons par l’absurde que les listes des coefficients ( ai )0≤i ≤ q et ( ci )0≤i ≤ q soient différentes et notons k le premier indice tel que ck ≠ ak , il vient : (cq − aq )b q + (cq −1 − aq −1 )b q −1 + ... + (ck +1 − ak +1 )b k +1 + (ck − ak )b k = 0 simplifions l’expression ci-dessus par b k , on obtient : (cq − aq )b q − k + (cq −1 − aq −1 )b q −1− k + ... + (ck +1 − ak +1 )b1 + (ck − ak ) = 0 et par suite : (cq − aq )b q − k + (cq −1 − aq −1 )b q −1− k + ... + (ck +1 − ak +1 )b1 = −(ck − ak ) = ak − ck (P2) rappelons que 0 ≤ ck < b et 0 ≤ ak < b donc −b < ak − ck < b il vient : −b < (cq − aq )b q − k + (cq −1 − aq −1 )b q −1− k + ... + (ck +1 − ak +1 )b1 < b en simplifiant par b non nul et positif on obtient : −1 < (cq − aq )b q − k −1 + (cq −1 − aq −1 )b q − 2 − k + ... + (ck +1 − ak +1 ) < 1 = K ∈ℤ or le seul entier strictement inférieur à 1 et strictement supérieur à -1 est 0 donc K = 0 ⇒ K ′ = K × b = (cq − aq )b q − k + (cq −1 − aq −1 )b q −1− k + ... + (ck +1 − ak +1 )b1 = 0 et puisque K ′ = ak − ck par (P2), on en déduit par égalité que ak − ck = 0 et donc ak = ck ce qui contredit l’hypothèse de départ qui consistait à supposer l’existence d’un indice k tel que ck ≠ ak . On vient de démontrer par l’absurde que tous les coefficients ( ai )0≤i ≤ q et ( ci )0≤i ≤ q sont égaux, on en déduit qu’il n’existe qu’une seule décomposition position de n dans la base b. TS Spé Lycée Beaussier Mathématiques 2 Exemple pratique de décomposition : 232 2 5 46 1 5 9 4 123 3 5 1 1 5 0 8 15 7 8 1 1 8 0 Arrêt de l’algorithme Sens de lecture 5 8 232 s’écrit 1412 en base 5 123 s’écrit 173 en base 8 Remarques : • L’écriture usuelle des nombres en base 10 est dite écriture décimale. • L’écriture en base 2 est dite écriture binaire, elle est utilisée en électronique numérique et informatique, celle en base 8 est l’écriture octale et était utilisée en informatique. On lui préfère aujourd’hui l’écriture hexadécimale en base 16. • La base 20 a été utilisée par les Mayas et les Aztèques, ainsi que de manière alternative en France (dont on garde en héritage le « quatre-vingt »). • La base 60 (système sexagésimal) dans la mesure du temps, elle a été utilisée par les Sumériens puis les Babyloniens. • Pour des bases strictement plus grandes que 10 on a besoin de « chiffres » supérieurs ou égaux à 10 pour coder les nombres. On utilise A pour coder le « chiffre »10, B pour 16 2 1 0 désigner 11, etc… par exemple N = A3C = 10 × 16 = 2620 . × 16 + 3 × 16 + 12 A C Le programme suivant réalisé avec le logiciel ALGOBOX (disponible gratuitement sur internet) permet de coder l’écriture décimale d’un entier naturel n dans une base b ≤ 10. TS Spé Lycée Beaussier Mathématiques 3 Exercices sur les bases de numération Dans les exercices suivants, on pourra admettre si besoin que si p est un nombre premier et si p divise a × b alors p divise a ou p divise b. Ce résultat sera démontré à l’occasion du cours sur les nombres premiers. Exercice 1 1/ Décomposer en base 2 le nombre 145 2/ Décomposer en base 6 le nombre 1234 3/ Décomposer en base 16 le nombre 12121212 Exercice 2 5 Ecrire A = 11111 en base 8. Exercice 3 Le nombre 29 dans le système décimal s’écrit 27 en base a. Que vaut a ? Exercice 4 5 5 Réaliser l’opération 34124 + 22222 TS Spé Lycée Beaussier Mathématiques 4