La fosse infra-temporale et ses rapports sinusiens

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2012-2013
UNIVERSITE DE NANTES
La fosse infra-temporale et ses rapports sinusiens
Par
GUERIN Kévin
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
Laboratoire :
·
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Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr. F. ESPITALIER
Dr. E. FRAMPAS
Pr. A. HAMEL
Dr. O. HAMEL
Dr. M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Dr. G. MEURETTE
Pr. J.M. SERFATY
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2012-2013
UNIVERSITE DE NANTES
La fosse infra-temporale et ses rapports sinusiens
Par
GUERIN Kévin
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
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1
REMERCIEMENTS
Je tiens particulièrement à remercier :
Monsieur le Professeur R. ROBERT, Président du jury, pour votre pédagogie et votre accessibilité
Monsieur le Docteur D. AUBEUX, pour vos conseils et vos explications
Messieurs S. LAGIER et Y. BLIN pour votre bonne humeur, votre humour, vos conseils et pour
m’avoir supporté pendant 2 ans
Ma famille, pour leur soutien indéfectible
Mademoiselle E. TAILLIEZ, pour tout
Tous les autres étudiants du Master d’anatomie pour la bonne ambiance
2
SOMMAIRE
I/ Introduction................................................................................ p4
II/ Rappels embryologiques........................................................... p5
a) Embryologie du premier arc branchial
b) Embryologie du sinus maxillaire
p5
p5
III/ Rappels anatomiques...............................................................p6
a) Limites de la loge
b) Contenu de la loge
c) Rapports de la loge
d) Le sinus maxillaire
p6
p7
p11
p12
IV/ Matériel et méthodes............................................................... p13
a) Matériel
b) Méthodes
p13
p13
V/ Résultats..................................................................................... p15
a) La région rétro-maxillo-zygomatique
b) La région des muscles ptérygoïdiens et la fosse ptérygo-palatine
c) L’artère alvéolaire postéro-supérieure (ou artère alvéolo-antrale)
d) Rapports des dents cuspidées maxillaires avec le sinus maxillaire
p15
p17
p21
p23
VI/ Discussion................................................................................. p25
a) Complications des avulsions des molaires maxillaires
b) Implantologie et risques liés à l'anatomie
p25
p25
VII/ Conclusion...............................................................................p27
VIII/ Références..............................................................................p28
3
I – Introduction
La fosse infra-temporale est une région anatomique profonde, située sous la base du crâne. Elle est
classiquement décrite comme une pyramide à sommet supéro-médial et à base latérale. Divisée en
trois zones (région rétro-maxillo-zygomatique, région des muscles ptérygoïdiens et fosse ptérygopalatine), elle livre passage à de nombreuses structures nerveuses (V2 et V3) et vasculaires (artère
maxillaire) intéressant notamment l'odonto-stomatologie. Cependant, du fait de sa profondeur, elle
est difficilement explorable cliniquement.
La fosse infra-temporale est séparée du sinus maxillaire par la paroi postérieure de celui-ci et est
donc en rapport direct avec le sinus le plus volumineux de la face. La vascularisation et
l'innervation des dents « antrales » (en rapport avec le sinus) sont d'ailleurs assurées par des
branches quittant la fosse infra-temporale et qui pénètrent dans la paroi postérieure du sinus pour y
cheminer.
Cette étude a donc pour but de décrire la topographie et le contenu de la fosse infra-temporale, ainsi
que ses rapports avec le sinus maxillaire et les dents « antrales ». Par la suite, une revue de la
littérature cherche à appliquer et à approfondir ces connaissances anatomiques dans deux situations :
les complications suite aux extractions des molaires maxillaires et en implantologie.
Processus ptérygoïde du sphénoïde
Processus zygomatique de
l’os temporal
Os zygomatique
Muscle ptérygoïdien médial
Ramus mandibulaire
Tubérosité maxillaire
Ligament ptérygomandibulaire
Ligament sphénomandibulaire
Crânial
Frontal
Région rétro-maxillo-zygomatique
Région des muscles ptérygoïdiens
Fosse ptérygo-palatine
Latéral
Schéma représentant la fosse infra-temporale et ses limites
4
II – Rappels embryologiques
La branchiomérisation a lieu du 23ème au 31ème jour environ. Pour rappel, chaque arc branchial
est matérialisé par un nerf, un arc artériel et des massifs cartilagineux et musculaire. En plus de ce
mésoblaste local, l'axe des arcs reçoit des cellules de la crête neurale qui vont notamment contribuer
à la formation du squelette de la face et des tissus associés.[1]
a) Embryologie du premier arc branchial [1]
Le premier arc branchial, celui qui va nous intéresser, est bifide. Il comprend le bourgeon maxillaire
supérieur et le bourgeon mandibulaire inférieur.
Dans sa courte portion supérieure (bourgeon maxillaire supérieur), le mésoblaste du premier arc
donne naissance par ossification membraneuse au maxillaire, à l'os zygomatique et à l'apophyse
zygomatique du temporal. Le cartilage de Meckel (bourgeon mandibulaire) est appelé à disparaître,
mais il va servir de moule à l'ossification membraneuse secondaire de la mandibule et donner dans
son extrémité dorsale l'enclume et le marteau de l'oreille moyenne, le ligament antérieur du marteau
et le ligament sphéno-mandibulaire.
Le mésoblaste du premier arc branchial donnera également naissance aux muscles masticateurs
(masséter, ptérygoïdiens médial et latéral, temporal), mylo-hyoïdien, ventre antérieur du digastrique,
péri staphylin externe et du marteau.
Le bourgeon maxillaire supérieur est traversé par le nerf maxillaire, tandis que le bourgeon
mandibulaire inférieur est traversé par le nerf mandibulaire, tous deux branches du Trijumeau.
Les premiers arcs aortiques disparaissent presque entièrement des deux côtés (aux environs du
27ème jour). Il en reste d'infimes portions qui donnent les artères maxillaires et participent peut-être
à la constitution des artères carotides externes.
b) Embryologie du sinus maxillaire
Dès la 10ème semaine, des invaginations depuis l'infundibulum ethmoïdal primitif sont visibles.
Celles-ci vont fusionner à la 11ème semaine pour constituer une ébauche du sinus maxillaire. Dès
ces premiers stades de développement, la forme primaire du sinus maxillaire est établie telle une
cavité ovale aux parois minces.[2] L'invagination ainsi constituée va augmenter avec la croissance
faciale pour envahir à des degrés divers le corps du maxillaire.[3]
La croissance du sinus maxillaire va se poursuivre jusqu'à l'âge de 15 à 18 ans. Le développement
est latéral, atteignant et dépassant le canal infra-orbitaire, et inférieur, vers la région alvéolaire, en
particulier les prémolaires. Cette croissance semble être plus importante durant deux périodes : les 6
premiers mois et entre la troisième et septième année de l'enfance.[3]
Crânial
Sinus frontal à
l’intérieur de l’os
frontal
Latéral
Cornet nasal moyen
Orbite gauche
Septum nasal
Cavité nasale
Cornet nasal inférieur
Palais
Sinus maxillaire à
l’intérieur de l’os
maxillaire
Développement du sinus maxillaire
durant la vie
Naissance
1 an
4 ans
7 ans
12 ans
Adulte
Homme âgé
Dent molaire
5
III – Rappels anatomiques [4,5,6,9]
La fosse infra-temporale est classiquement décrite comme une pyramide à base latérale
mandibulaire et à sommet supéro-médial constituant la fosse ptérygo-palatine.
a) Limites de la loge [4,6,9] (cf schéma p.4)
Les limites de la fosse infra-temporale sont à la fois osseuses et musculo-ligamentaires. Il faut
cependant garder à l'esprit que cette loge n'est pas isolée mais communique avec les régions
voisines.
1) Limites osseuses
La fosse infra-temporale est limitée :
- en dehors par le ramus mandibulaire, depuis le condyle jusqu'à l'angle mandibulaire,
- en avant et en dehors par l'os zygomatique et son processus temporal,
- en avant et en dedans par la face postérieure de la tubérosité maxillaire,
- en haut et en dehors par l'os temporal,
- en haut et en dedans par la face exocrânienne de la grande aile du sphénoïde où s'ouvrent les
foramens ovale et rond,
- en dedans, par la lame verticale du palatin qui ferme la fosse ptérygo-palatine et par la lame
latérale du processus ptérygoïde,
- en bas il n'y a pas de limite osseuse.
Crête infra-temporale
Fissure orbitaire inférieure
Foramen sphéno-palatin
Tubérosité du maxillaire
Fissure ptéygo-palatine
Processus ptérygoïde,
aile latérale
Processus ptérygoïde,
aile médiale
Crânial
Frontal
Fosse infra-temporale
2) Limites musculo-ligamentaires
Les autres limites de la fosse infra-temporale sont de nature musculo-ligamentaire :
- La limite postérieure est constituée par le ligament sphéno-mandibulaire qui est un
renforcement de l'aponévrose qui recouvre les faces postérieure et médiale du muscle
ptérygoïdien médial. Le ligament sphéno-mandibulaire s'étend de l'épine sphénoïdale à
l'entrée du canal mandibulaire et ferme la fosse infra-temporale en dedans et en arrière.
- La face médiale du muscle ptérygoïdien médial délimite médialement la fosse infratemporale.
- La limite antérieure est constituée par le ligament ptérygo-mandibulaire, tendu de l'hamulus
ptérygoïdien à la mandibule, avec en avant le départ des fibres du muscle buccinateur.
6
b) Contenu de la loge
On peut diviser la fosse infra-temporale en 3 sous-régions :
- la région rétro-maxillo-zygomatique qui constitue la partie antéro-latérale de la fosse infratemporale
- la région des muscles ptérygoïdiens située en arrière de la région rétro-maxillo-zygomatique
et qui constitue donc la partie postérieure de la loge
- la fosse ptérygo-palatine qui en constitue l'arrière fond, ou sommet antéro-supéro-médial
Ces 3 sous-régions contiennent des éléments anatomiques différents.
1) La région rétro-maxillo-zygomatique
La région rétro-maxillo-zygomatique contient :
-
Le corps adipeux de la joue [7,8]
Le corps adipeux de la joue (ou corps adipeux buccal ou encore boule graisseuse de Bichat) a
l'aspect d'une lame graisseuse jaune pâle, souple et molle. Sa surface est polylobulée et plicaturée
ou non, en fonction de l'ouverture buccale. Ses lobules sont volumineux et peu fibreux. Sa taille
moyenne est de 10 cm de long, 5 cm de large et 2 cm d'épaisseur chez l'adulte ; pour un poids
moyen variant entre 8 et 11,5g.
Le corps adipeux de la joue a la particularité d'être circonscrit dans une capsule conjonctive propre
et bien distincte ; et d'être traversé par le conduit parotidien (ou canal de Sténon). Il est constitué
d'une partie centrale, le corps, et de prolongements superficiels et profonds : temporal superficiel,
temporal profond, ptérygo-mandibulaire, interptérygoïdien, ptérygopalatin, orbitaire inférieur,
malaire, massétérin et buccal.
Il tapisse les éléments mobiles que contient la loge manducatrice : la branche montante de la
mandibule et les muscles temporal, masséter et ptérygoïdien latéral ; remplissant ainsi les espaces
de glissement de cette loge et constituant la syssarcose manducatrice.
-
L'insertion du muscle temporal sur le processus coronoïde [8]
2) La région des muscles ptérygoïdiens
La région des muscles ptérygoïdiens est un espace porte-vaisseaux qui contient plusieurs éléments
anatomiques :
-
Les muscles ptérygoïdiens [8]
Le muscle ptérygoïdien médial naît de la surface médiale de la lame latérale du processus
ptérygoïdien, du processus pyramidal de l'os palatin, et de la tubérosité du maxillaire ; pour venir
s'insérer sur la face médiale de l'angle de la mandibule et de la partie adjacente de la branche de la
mandibule. Son ventre est épais et quadrilatère, et il se dirige obliquement en bas, en arrière et
latéralement.
Le muscle ptérygoïdien latéral comprend deux faisceaux : supérieur et inférieur. Le faisceau
supérieur (ou sphénoïdal) naît de la face maxillaire de la grande aile du sphénoïde et du quart
supérieur de la face latérale de la lame latérale du processus ptérygoïde. Le faisceau inférieur (ou
ptérygoïdien) naît des deux tiers inférieurs de la face latérale de la lame latérale du processus
ptérygoïde, et de la tubérosité maxillaire. Le ventre de ce muscle est conique. Il se dirige
horizontalement en arrière et latéralement pour se terminer dans la fossette ptérygoïdienne du
condyle de la mandibule et sur le capsule de l'articulation temporo-mandibulaire.
7
-
Le fascia inter-ptérygoïdien (ou aponévrose inter-ptérygoïdienne) [9]
Les deux muscles ptérygoïdiens sont séparés par une lame fibreuse : le fascia inter-ptérygoïdien, qui
se confond en bas avec la gaine du muscle ptérygoïdien médial.
Le fascia inter- ptérygoïdien est placé entre les muscles ptérygoïdiens suivant un plan oblique de
haut en bas, de dedans en dehors et d'avant en arrière. Il est quadrilatère et devient particulièrement
épais en arrière où il constitue une lame très résistante, formant les ligaments sphéno-mandibulaire
et tympano-maxillaire.
-
Le nerf mandibulaire (V3) [9]
Le nerf mandibulaire est sensitivo-moteur. Il a un court trajet extracrânien, au court duquel il est
situé dans la fosse infra-temporale.
Il finit par se diviser en deux troncs terminaux :
· Le tronc terminal antérieur qui donne trois branches : le nerf buccal, le nerf temporal
profond moyen et le nerf massétérique.
· Le tronc terminal postérieur qui se divise en quatre branches : le tronc commun des muscles
ptérygoïdien médial, tenseur du voile du palais et tenseur du tympan, le nerf auriculotemporal, le nerf alvéolaire inférieur et le nerf lingual
Crânial
Racine sensitive du nerf Trijumeau
Dorsal
Racine motrice
Ganglion trigéminal
Nerf auriculo-temporal
A. méningée moyenne
Ganglion otique
A. tympanique
Muscle tenseur du voile du palais
Corde du tympan
Muscle ptérygoïdien latéral
Artère maxillaire
Artère carotide externe
Nerf alvéolaire inférieur
Nerf lingual
Muscle ptérygoïdien médial
Nerf mylo-hyoïdien
Muscle ptérygoïdien médial
Glande submandibulaire
Glande sublinguale
Conduit submandibulaire
Nerf mandibulaire vu dans la fosse infra-temporale,
après section du muscle ptérygoïdien médial
8
-
L'artère maxillaire et ses branches [9,10]
L'artère maxillaire est une branche de bifurcation médiale ou profonde de l'artère carotide externe.
Elle pénètre dans la fosse infra-temporale via la boutonnière rétro-condylienne de Juvara, gagne la
fosse ptérygo-palatine pour pénétrer dans le foramen sphéno-palatin.
Pour gagner la fosse ptérygo-palatine, elle peut emprunter deux chemins (Juvara) :
· variété profonde : elle gagne la face latérale du muscle ptérygoïdien latéral en traversant
obliquement, d'arrière en avant et de dedans en dehors, l'interstice qui sépare les deux
faisceaux de ce muscle
· variété latérale : elle contourne le bord inférieur du muscle ptérygoïdien latéral et chemine
sur la face latérale de ce muscle jusqu'à l'arrière fond.
Au cours de son trajet, l'artère maxillaire donne quatorze branches collatérales que l'on peut diviser
en quatre groupes :
· 1er groupe : celles qui naissent en dedans du muscle ptérygoïdien latéral. Elles sont toutes
des branches ascendantes : artère tympanique antérieure, artère méningée moyenne, rameau
méningé accessoire
· 2ème groupe : celles qui naissent au-dessous du muscle, quand l'artère maxillaire contourne
son bord inférieur (variété latérale).
o L'artère alvéolaire inférieure descend obliquement en bas et en avant, donne l'artère du
nerf lingual et l'artère mylo-hyoïdienne. Elle pénètre ensuite dans le canal mandibulaire.
o L'artère massétérique
o L'artère temporale profonde postérieure (qui naît souvent d'un tronc commun avec la
précédente)
o Les rameaux ptérygoïdiens
· 3ème groupe : celles qui se détachent de l'artère maxillaire en dehors du muscle, au
voisinage immédiat de la tubérosité maxillaire :
o L'artère buccale
o L'artère temporale profonde antérieure
o L'artère alvéolaire postéro-supérieure (ou artère alvéolo-antrale) descend appliquée sur la
tubérosité maxillaire ; elle donne des rameaux dentaires qui s'engagent dans les canaux
alvéolaires et se distribuent au sinus maxillaire et aux racines des molaires
o L'artère infra-orbitaire
· 4ème groupe : celles qui prennent leur origine dans la fosse ptérygo-palatine (cf paragraphe
suivant)
Crânial
Frontal
A. temp. prof. antérieure
A. infra-orbitaire
A. temp. prof. postérieure
A. temporale superficielle
Artère maxillaire
Artère massétérique
A. alvéolaire postéro-supérieure
A. alvéolaire inférieure
A. buccale
A. faciale
Artère maxillaire (variété latérale)
9
3) La fosse ptérygo-palatine
La fissure ptérygo-maxillaire fait communiquer la fosse ptérygo-palatine avec la région rétromaxillo-zygomatique. La fosse ptérygo-palatine livre passage sous la base du crâne à différents
éléments anatomiques :
-
Le nerf maxillaire ou V2 (qui y abandonne ses branches terminales) [9]
Le nerf maxillaire est exclusivement sensitif. De son origine, le nerf maxillaire se porte en avant,
traverse le foramen rond et pénètre dans la fosse ptérygo-palatine.
Il donne 6 branches collatérales dont les rameaux alvéolaires postéro-supérieurs qui sont au nombre
de deux ou trois. Ils se séparent du nerf maxillaire un peu avant son entrée dans l'orbite. Ils
descendent sur la tubérosité du maxillaire, s'enfoncent dans les canaux dentaires postérieurs et
forment, en s'anastomosant au-dessus des molaires et prémolaires, un plexus dentaire qui fournit des
filets aux racines de toutes les molaires supérieures, au maxillaire et à la muqueuse du sinus
maxillaire.
Nerf lacrymal
Crânial
Nerf ophtalmique
Ganglion trigéminal
Dorsal
Nerf maxillaire
Nerf mandibulaire
Ganglion et nerf ptérygo-palatins
Nerf naso-palatin
Nerf palatin antérieur
Rameaux alvéolaires
postéro-supérieurs
Nerf infra-orbitaire
Nerf maxillaire
10
-
Le quatrième groupe de branches collatérales et les branches terminales de l'artère
maxillaire qui devient artère sphéno-palatine au niveau du foramen sphéno-palatin
Au sein de la fosse ptérygo-palatine, l'artère maxillaire donne 3 artères qui constituent le quatrième
groupe de branches collatérales :
· L'artère palatine descendante (ou palatine supérieure)
· L'artère du canal ptérygoïdien
· L'artère ptérygo-palatine
Enfin, l'artère maxillaire donne une branche terminale : l'artère sphéno-palatine, qui pénètre dans la
cavité nasale correspondante par la partie inférieure du foramen sphéno-palatin.
Crânial
Frontal
A. temporale prof. ant.
A. sphéno-palatine
Artère infra-orbitaire
A. ptérygo-palatine
A. palatine descendante
Artère alvéolaire postéro-supérieure
(ou alvéolo-antrale)
A. maxillaire
Branche jugale
Artère buccale
Branches de l’artère maxillaire dans la fosse infra-temporale
c) Rapports de la loge [6]
La fosse infra-temporale entre en rapport avec huit régions avoisinantes :
- en arrière et en dedans, avec l'espace préstylien contenant de la graisse et le lobe profond de
la parotide
- en arrière de l'espace préstylien, avec l'espace vasculaire ou rétrostylien occupé par l'artère
carotide interne, la veine jugulaire interne, le IX, le X, le XI et le XII
- en dehors, avec la région massétérine par l'incisure mandibulaire
- en haut et en dehors avec la région temporale exocrânienne par l'échancrure zygomatique
- en bas et en dedans, avec la région submandibulaire, prolongement inférieur de l'espace
rétrostylien
- en haut, avec l'endocrâne par les foramens rond, ovale et épineux
- en dedans, avec les fosses nasales par le foramen sphéno-palatin
- en avant, avec l'orbite par la fissure orbitaire inférieure, avec la région jugale par le V2, avec
l'espace buccal par le ligament ptérygomandibulaire
Même si elle ne communique pas avec, la fosse infra-temporale est également en rapport avec le
sinus maxillaire dont elle est séparée par la paroi postérieure.
11
d) Le sinus maxillaire [3]
C'est la plus volumineuse des cavités sinusiennes. Il a une forme de pyramide quadrangulaire avec
une base médiale et un sommet latéral. Ses trois faces sont supérieure ou orbitaire, antérieure ou
jugale et postérieure ou ptérygomaxillaire. Son volume varie de 5 à 12 cm3. L'épaisseur de ses
parois varie de 2 à 8 mm. Des cloisonnements plus ou moins complets sont visibles dans la cavité.
Nous allons plus particulièrement nous intéresser à l'anatomie de la paroi postérieure qui est en
rapport direct avec la fosse infra-temporale et du plancher du sinus maxillaire qui est en rapport
avec l'arcade dentaire.
La paroi postérieure est formée par l'os zygomatique et le maxillaire, elle correspond à la tubérosité
maxillaire. Son épaisseur est importante, surtout latéralement. Cette paroi est sillonnée de dedans en
dehors par le sillon grand palatin (canal palatin postérieur, vaisseaux et nerfs palatins inférieur et
moyen), le canal dentaire postérieur pour les nerfs de la deuxième prémolaire et des deux premières
molaires et le canal dentaire moyen avec le nerf pour la première prémolaire.
Le plancher du sinus maxillaire est de taille variable en fonction de la pneumatisation de la cavité
sinusienne. L'arcade dentaire est le rapport principal, qui en cas de pneumatisation moyenne
correspond à la canine, les deux prémolaires et les deux molaires. Parfois une ou plusieurs racines
dentaires font saillie dans le plancher sinusien expliquant la possibilité de dépassement de pâte
dentaire en cas de soins canalaires.
La muqueuse sinusienne est de type respiratoire avec un épithélium semblable à celui des fosses
nasales (cellules cylindriques, épithélium pseudo-stratifié, cilié). L’épaisseur de la muqueuse est
d’environ 800Å (=0,08μm). Celle-ci est fine et transparente à l’état physiologique. Mais sous l’effet
d’agressions, elle s’épaissit et prend une forme pseudo-polypeuse.
Frontal
Latéral
Os maxillaire
Sinus maxillaire
Os palatin
(processus maxillaire)
Os zygomatique
Paroi postérieure du sinus
maxillaire
Canal grand palatin
Canal palatin accessoire
Processus pyramidal de
l’os palatin
Processus ptérygoïde
(lame médiale)
Processus ptérygoïde
(lame latérale)
Coupe horizontale de la paroi latérale
des cavités nasales et du sinus maxillaire
(coupe passant au-dessous du cornet nasal inférieur)
12
IV – Matériel et méthodes
a) Matériel
1) Instruments
-
Scie manuelle
Scie à plâtre
Scie à ruban
Porte-lame et lame de bistouri n°15 et n°23
Pince à disséquer
Pince à clamper
Ciseaux à bouts droits
Ecarteur de Faraboeuf
Décolleur de Molt
Rongeur Kerrison
Contre-angle bague bleu
Pièce à main
Micro-moteur
Fraise boule
Fraise à os
2) Pièces anatomiques
-
Sujet n°1 : sexe masculin, 89 ans, frais
Sujet n°2 : sexe féminin, 89 ans, frais
Sujet n°3 : sexe masculin, 79 ans, frais
b) Méthodes
Après prélèvement de la tête, les pièces anatomiques provenant des sujets n°1 et n°2 ont été
congelées afin de permettre une coupe sagittale à la scie à ruban.
1) 1er sujet
La tête a été prélevée sur un sujet frais, puis congelée afin de permettre une coupe sagittale à la scie
à ruban.
La 1ère dissection a été réalisée sur le profil droit par abord externe. Malheureusement les résultats
de cette dissection ne sont pas exploitables. La méthode utilisée ne sera donc pas expliquée.
La 2ème dissection a été réalisée sur le profil gauche par abord interne tout d'abord puis par abord
externe.
- Abord interne
La langue a tout d'abord été excisée, ainsi que tous les éléments de la loge submandibulaire. Puis les
hémi-vertèbres C1, C2, C3 et C4 ont été luxées puis ôtées afin de permettre un accès plus aisé à la
zone nous intéressant. Le voile du palais a également été réséqué, ainsi que le larynx, le pharynx et
l'œsophage.
- Abord externe
Une incision en U a été réalisée, avec une incision horizontale suivant l'arcade zygomatique, une
incision verticale juste en avant de l'oreille et une incision verticale à hauteur de la tubérosité
maxillaire. Le lambeau de peau a ainsi été récliné, mettant à nu la région massétérine. Une fois
individualisé, le muscle masséter a été réséqué, exposant la branche montante mandibulaire.
L'arcade zygomatique a été ôtée grâce à 2 incisions verticales réalisées à la scie à main.
13
2) 2ème sujet
-
Abord externe sur l'hémi-tête gauche
Un lambeau cutané est levé en réalisant :
· une incision horizontale suivant l'arcade zygomatique
· une incision verticale du processus zygomatique de l'os temporal jusqu'à l'angle
mandibulaire
· une incision horizontale en suivant le bord inférieur de la mandibule
On met ainsi à nu la graisse superficielle de la face, que l'on va réséquer. Une fois individualisés, la
glande parotide est excisée et le muscle masséter est récliné vers le haut, laissant découvrir la
branche montante mandibulaire.
A l'aide d'une fraise à os montée sur contre-angle bague bleue on réalise une incision en L de la
branche montante, depuis le bord antérieur du condyle jusqu'à la hauteur du triangle rétro-molaire.
A l'aide de la scie à plâtre, deux incisions verticales sont réalisées afin de retirer l'arcade
zygomatique, et de la même façon le muscle masséter sur lequel il s'insère.
La dissection se continuera plan par plan.
-
Abord interne sur l'hémi-tête gauche
On résèque les cornets puis à l'aide d'un rongeur Kerrison on dissèque l'ensemble de la paroi
médiale du sinus maxillaire.
-
Abord supérieur de l'hémi-tête droite
L'hémi-tête droite encore congelée est sectionnée à la scie à ruban en suivant une ligne passant du
bord inférieur de l'œil jusqu'à la base de l’os occipital.
La paroi supérieure du sinus maxillaire est retirée à l'aide d'un rongeur Kerrison.
-
Abord interne de l'hémi-tête droite
De la même façon que pour l'hémi-tête gauche, les cornets sont excisés, ainsi que la paroi médiale
du sinus maxillaire. On fraise le palais dur à l'aide d'une fraise à os montée sur contre-angle bague
bleue, jusqu'à atteindre la 1ère molaire maxillaire droite.
3) 3ème sujet
-
Levée d'un lambeau vestibulaire (profil droit)
On écarte la joue à l'aide d'un écarteur de Faraboeuf. On réalise ensuite une incision sulculaire de la
face mésiale de la 13 jusqu'à la face distale de la 17. Une incision de décharge mésiale est
également réalisée. Puis à l'aide d'un décolleur de Molt on lève le lambeau de pleine épaisseur,
laissant ainsi découvrir la table externe du maxillaire.
A l'aide d'une fraise boule montée sur pièce à main, on lève un volet osseux en veillant à préserver
la membrane sinusienne sous-jacente.
-
Abord externe du profil gauche
On lève un lambeau cutané identique à celui réalisé pour l'abord externe de l'hémi-tête gauche du
sujet n°2. On poursuit ensuite la dissection plan par plan.
14
V – Résultats
a) La région rétro-maxillo-zygomatique
Crânial
Dorsal
Muscle grand zygomatique
Branche montante de la
mandibule
Prolongement buccal du
corps adipeux buccal
Muscle buccinateur
Veine faciale
Image n°1 : Vue latérale du corps adipeux buccal
La peau de la face est fine et recouvre la graisse sous-cutanée, qui est indépendante des structures
adipeuses profondes dont le corps adipeux buccal (CAB). Le CAB est isolé dans une capsule et est
composé d'un corps dont émanent des prolongements profonds et superficiels. Le corps a une forme
de tuile à concavité postérieure qui vient englober le bord antérieur de la branche montante de la
mandibule, ainsi que le processus coronoïde (avec l'insertion du muscle temporal). On peut
également distinguer le prolongement buccal qui recouvre la face externe du muscle buccinateur.
15
Crânial
Dorsal
Graisse temporale réclinée
Corps adipeux buccal
Prolongement temporal
superficiel
Empreinte laissée par le
processus coronoïde
Prolongement buccal
Image n°2 : Vue postéro-latérale du corps adipeux buccal
après section de la branche montante de la mandibule
Après résection de l'arcade zygomatique et de la branche montante de la mandibule, on peut
distinguer le prolongement temporal superficiel. La région rétro-maxillo-zygomatique est donc
remplie de tissu adipeux avec le CAB qui vient englober la portion terminale du tendon, de nature
très fibreuse, du muscle temporal.
16
b) La région des muscles ptérygoïdiens et la fosse ptérygo-palatine
Crânial
Frontal
Muscle tenseur du voile du
palais récliné
Faisceau inférieur du muscle
ptérygoïdien latéral
Artère méningée moyenne
Artère maxillaire
Nerf alvéolaire inférieur
Ligament sphéno-mandibulaire
Artère carotide
externe sectionnée
Point d’insertion du muscle
ptérygoïdien médial sur
l’angle mandibulaire
Nerf lingual
Nerf mylo-hyoïdien
Image n°3 : Région des muscles ptérygoïdiens par abord interne
Par abord interne, après résection du muscle ptérygoïdien médial, on découvre le nerf mandibulaire
qui se divise en nerf alvéolaire inférieur et en nerf lingual (sectionné ici dans sa portion distale). Le
nerf alvéolaire inférieur donne le nerf mylo-hyoïdien qui chemine dans un canal osseux imprimé à
la face médiale de la mandibule. L’artère maxillaire, branche de l’artère carotide externe donne
l’artère méningée moyenne avant de contourner, dans le cas présent, le bord inférieur du muscle
ptérygoïdien latéral (variété latérale). Elle décrit donc une courbure à convexité inférieure et donne
alors l’artère alvéolaire inférieure qui pénètre dans le canal alvéolaire inférieur, accompagnée du
nerf alvéolaire inférieur. Le point de pénétration dans la mandibule, ou épine de Spix, est recouvert
par l’insertion du ligament sphéno-mandibulaire qui constitue également la limite postérieure de la
fosse infra-temporale.
17
Crânial
Dorsal
Glande parotide
Nerf facial (VII)
Canal de Sténon
Muscle masséter
Veine faciale
Artère faciale
Image n°4 : Abord latéral de la région massétérine
Par abord externe, la région des muscles ptégoïdiens est beaucoup plus difficile d’accès car très
profonde. Elle nécessite donc de disséquer de nombreuses structures anatomiques avant d'y accéder.
Après levée du lambeau cutané et retrait de la graisse superficielle de la face, apparaît la région
massétérine. On distingue alors la glande parotide avec son canal de Sténon. Cette glande salivaire,
traversée par le nerf facial (VII), est en rapport intime avec le muscle masséter qui recouvre la face
latérale de la branche montante de la mandibule.
Crânial
Dorsal
Muscle masséter récliné
Condyle mandibulaire
dans sa capsule articulaire
Processus coronoïde
Point de pénétration dans la
cavité buccale du canal de
Sténon récliné
Branche montante de
la mandibule
Image n°5 : Vue latérale après avoir récliné le muscle masséter
18
Crânial
Dorsal
A. temporale profonde antérieure
Arcade zygomatique sectionnée
Nerf maxillaire
Artère infra-orbitaire
Rameaux alvéolaires
postéro-supérieurs
Capsule de l’ATM
A. alvéolaire postéro-supérieure
(ou alvéolo-antrale)
Artère maxillaire
Artère buccale
A. temporale profonde postérieure
Faisceau inférieur du muscle
ptéygoïdien latéral
Nerf buccal
Artère alvéolaire
inférieure sectionnée
Muscle buccinateur
Muscle ptérygoïdien médial
Nerf lingual
Branche montante de la
mandibule sectionnée
Image n°6 : Abord latéral de la région des muscles ptérygoïdiens après
section de la branche montante de la mandibule
19
Une fois sectionnée, la branche montante mandibulaire laisse découvrir la région des muscles
ptéryoïdiens. Le ptérygoïdien médial s'insère sur la face médiale de l'angle mandibulaire et remonte
pour passer en arrière du ptérygoïdien latéral. Le ptérygoïdien latéral est composé de 2 faisceaux
qui tous deux viennent s'insérer sur la fossette ptérygoïdienne du condyle mandibulaire, ainsi que
sur la capsule de l'articulation temporo-mandibulaire (ATM). L'artère maxillaire (variété latérale)
chemine en dessinant un trajet très flexueux, tout en distribuant ses collatérales. Le nerf lingual
émerge sous le faisceau inférieur du ptérygoïdien latéral pour descendre le long du ptéygoïdien
médial. Le nerf alvéolaire inférieur a été sectionné du fait du retrait de la partie de la branche
montante dans laquelle il pénètre. Le nerf buccal est plus antérieur et émerge au bord inférieur du
faisceau supérieur du ptérygoïdien latéral pour descendre en avant et en dehors et finir par se diviser
en 2 rameaux quand il atteint la face latérale du muscle buccinateur, quittant ainsi la fosse infratemporale.
Crânial
Dorsal
1
Nerf maxillaire pénétrant dans le
sillon infra-orbitaire
2
Rameaux alvéolaires postérosupérieurs du nerf maxillaire
3
Artère infra-orbitaire
4
Artère alvéolaire postérosupérieure (ou artère alvéoloantrale)
5
Artère maxillaire décrivant une
courbe à convexité antérieure
6
Tubérosité maxillaire
7
Insertion du faisceau inférieur du
muscle ptérygoïdien latéral sur la
tubérosité maxillaire
8
Muqueuse buccale réclinée
9
27 (2ème molaire maxillaire
gauche)
1
3
5
2
4
6
9
7
8
Image n°7 : Abord latéral de la région des muscles ptérygoïdiens après
avoir récliné la muqueuse buccale
Une fois réclinée, la muqueuse buccale (accompagnée du muscle buccinateur dans son épaisseur)
laisse découvrir l’arcade dentaire maxillaire gauche ainsi que la tubérosité maxillaire dans son
ensemble. Dans cette zone, l’artère maxillaire décrit une courbe dont la convexité antérieure vient
s’appuyer sur la partie supérieure de la tubérosité maxillaire, avant d’atteindre la fosse ptérygopalatine. On distingue également le nerf maxillaire provenant du foramen rond qui chemine à
travers la fosse ptérygo-palatine en décrivant un trajet oblique en avant, en bas et en dehors. Il quitte
alors la fosse infra-temporale pour atteindre l’extrémité postérieure du sillon infra-orbitaire,
accompagné par l’artère homonyme, branche de l’artère maxillaire. Durant ce court trajet dans la
fosse infra-temporale, le nerf maxillaire donne des rameaux dentaires postéro-supérieurs (au
nombre de 2 ici) qui descendent sur la tubérosité maxillaire avant de pénétrer dans les canaux
dentaires postérieurs, quelques millimètres au-dessus de l’artère alvéolo-antrale.
20
c) L'artère alvéolaire postéro-supérieure (ou artère alvéolo-antrale)
Crânial
Crânial
Dorsal
Frontal
Artère alvéolo-antrale
ou artère alvéolaire
postéro-supérieure
Tubérosité maxillaire
Molaires maxillaires
gauches
Images n°8 et 9 : Transillumination du sinus maxillaire
(vue postéro-latérale et supéro-médiale)
L’artère alvéolaire postéro-supérieure ou artère alvéolo-antrale est une branche de l’artère maxillaire,
qui descend, appliquée sur la tubérosité maxillaire avant d’y pénétrer, quelques millimètres endessous des rameaux nerveux homonymes. Par transillumination on distingue le trajet de cette
artère qui chemine au sein de l’os maxillaire avant de donner des rameaux dentaires destinés aux
racines des molaires maxillaires, ainsi qu’au sinus maxillaire dont elle vascularise la muqueuse.
21
Crânial
Frontal
Membrane sinusienne
Artère alvéolo-antrale ou artère
alvéolaire postéro-supérieure
Image n°10 : Vue antéro-latérale après levée d’un lambeau
vestibulaire et réalisation d’une fenêtre osseuse
Crânial
Canal osseux
Crânial
Dorsal
Latéral
Images n°11 et 12 : Vues médiale et postérieure de la fenêtre osseuse réséquée
La réalisation d'une fenêtre osseuse montre que l’artère alvéolo-antrale poursuit son trajet entre l'os
et la membrane sinusienne dont elle assure également la vascularisation. Cette muqueuse est très
fine, transparente et donc fragile. L’artère alvéolo-antrale crée un canal osseux dans certaines
portions.
22
d) Rapports des dents cuspidées maxillaires avec le sinus maxillaire
Frontal
Latéral
Début de cloisonnement
Plafond du sinus maxillaire
réséqué
Cornet nasal moyen
Apex de la racine mésiovestibulaire de la 17 visible par
transparence
Muscle temporal
Image n°13 : Vue supérieure du sinus maxillaire
Après retrait du plancher orbitaire, qui constitue le plafond du sinus maxillaire, on découvre le sinus
dont le plancher n’est pas rectiligne mais a un aspect très valonné avec des expansions en direction
de l’arcade dentaire sous-jacente. On parle alors de sinus procident. L’épaisseur d’os est tellement
fine à certains endroits que l’on aperçoit l’apex de la racine mésio-vestibulaire de la 17 (2ème
molaire maxillaire droite). On distingue également un début de cloisonnement du sinus maxillaire.
L’ensemble du sinus est recouvert par une muqueuse transparente et très fine.
23
Crânial
Dorsal
Artère alvéolo-antrale visible
par transparence
Apex de la racine mésiovestibulaire de la 17 émergeant
dans le sinus maxillaire
Image n°14 : Vue supéro-médiale du sinus maxillaire après
résection de sa paroi médiale
On voit que la 17 entretient des rapports intimes avec le plancher sinusien. On parle alors de dents
antrales (deuxième prémolaire, première molaire et deuxième molaire maxillaires). La canine, la
première prémolaire et la dent de sagesse peuvent également entretenir des rapports intimes avec le
plancher sinusien, notamment lors de sinus procident.
24
VI – Discussion
Nous allons étudier, à travers une analyse de la littérature, les implications de ces connaissances
anatomiques en odonto-stomatologie dans deux situations :
–
les complications des avulsions des molaires maxillaires
–
en implantologie
a) Complications des avulsions des molaires maxillaires
Les complications suite à l'avulsion des troisièmes molaires maxillaires sont de l'ordre de 2%.[11]
Les complications les plus fréquemment rencontrées sont la fracture de tubérosité maxillaire et les
CBNS (communications bucco-naso-sinusiennes).[12]
Concernant les fractures de tubérosité maxillaire, une étude parle de 0,08% d'incidence lors de
l'extraction des troisièmes molaires supérieures [13] tandis que ce chiffre s’élève à 0,15% si on prend
en compte l'ensemble des dents.[14] Cette complication s'explique par le fait que le plancher du sinus
s'étend entre les dents antrales, ou entre leurs racines, chez la moitié de la population, induisant une
diminution de l'épaisseur osseuse du plancher. Mais également par les limites postérieures du sinus
maxillaire qui sont situées entre la troisième molaire maxillaire et la zone de la tubérosité maxillaire
dans 94% des cas, ou au niveau de la deuxième molaire maxillaire (6%). Ces éléments favorisent la
fragilité de la tubérosité maxillaire.[13] A cela s'ajoute des facteurs iatrogènes qui sont une
trépanation osseuse insuffisante et une manœuvre de luxation trop violente. Au niveau clinique, elle
peut être révélée par un craquement mais les signes sont souvent frustres. Elle est donc recherchée
systématiquement après l'avulsion en éliminant tout segment osseux mobile.[11] Souvent bénigne,
cette fracture peut dans certains cas mettre en danger la vie du patient, avec, comme le rapporte AR
Bertram dans un case report, la survenue d'une hémorragie majeure mettant en jeu la vie du
patient.[15] Cette hémorragie résulte de l'atteinte de l'artère alvéolaire postéro-supérieure (qui peut
donner une branche bucco-gingivale) ou d'une des branches de l'artère maxillaire au sein de la fosse
ptérygo-palatine.
Les CBNS surviennent dans 3,8% à 13% des cas d'avulsions et concernent le plus généralement les
premières molaires maxillaires. La taille de la communication est généralement inférieure à 3mm.
Elles s'expliquent par une distance entre les apex et le sinus de l'ordre de 1 à 7 mm alors que
l'épaisseur du plancher du sinus maxillaire est de 2 à 3mm. Les facteurs prédictifs de survenue d'une
CBNS sont les fractures per-opératoires des racines dentaires, la forte impaction de la dent dans le
maxillaire, un grand sinus maxillaire, l'âge du patient, une avulsion en milieu infecté et l'utilisation
excessive du syndesmotome ou de la curette.[16]
Dans ces deux cas, un bilan radiographique préalable permet de diminuer les risques de survenue de
ces complications (rétro-alvéolaires, orthopantomogramme, et éventuellement Cone Beam).[11,16] On
comprend ainsi l'utilité d'une connaissance approfondie de l'anatomie régionale.
La migration de la dent constitue une autre complication majeure. Elle peut alors migrer dans le
sinus maxillaire, dans la fosse infra-temporale ou dans les parties molles de la joue.[16]
b) Implantologie et risques liés à l'anatomie
Un édentement maxillaire peut être traité par une réhabilitation prothétique implanto-portée, sous
réserve d'un bilan préimplantaire complet comprenant notamment un Cone Beam afin de déterminer
la quantité d'os disponible transversalement et longitudinalement compatible avec la pose d'implants
dentaires. En cas de quantité d'os insuffisante, une chirurgie préimplantaire de type sinus lift
(comblement de sinus à l’aide d’un biomatériau ou par greffe autogène) peut être envisagée.
On comprend donc l'intérêt de connaître l'anatomie de la région sinusienne maxillaire afin de
pouvoir analyser correctement les images radiographiques, mais également afin d'éviter tout risque
lors de la chirurgie préimplantaire.
25
La complication per-opératoire la plus fréquente est l'effraction ou brèche de la muqueuse
sinusienne qui peut favoriser l'infection du greffon, ou laisser passer des fragments du greffon qui
par la suite pourront induire une sinusite par obstruction de l'ostium.[17]
La vascularisation de la paroi antéro-latérale du sinus maxillaire est caractérisée par une anastomose
entre l'artère postéro-supérieure (ou artère alvéolo-antrale) et l'artère infra-orbitaire. Rosano et al.
rapportent que par dissection, cette anastomose a été trouvée dans 100% des cas, tandis qu'un canal
osseux bien défini a été détecté radiographiquement dans 47% des cas. Ce canal osseux était d'un
diamètre <1mm dans 55,3% des cas, 1<2mm dans 40,4% des cas et ≥2mm dans 4,3% des cas.
L'artère alvéolo-antrale peut décrire trois trajets différents : intra-osseux, intra-sinusien (entre la
membrane sinusienne et la paroi osseuse), ou sous-périosté.[18] Comme lors de ma dissection,
Rosano décrit un trajet partiellement intra-osseux dans la zone habituellement impliquée dans les
sinus lift (entre la 2ème pré-molaire et la 2ème molaire). Du fait du diamètre assez faible de l'artère
alvéolo-antrale, son effraction lors de la chirurgie ne constitue pas un risque vital car l'hémorragie
se résout d'elle-même dans la plupart des cas grâce à une contraction.[19] Cependant, cela peut
constituer une gêne non négligeable pour le chirurgien par diminution de la visibilité, ce qui
augmente les risques de perforation de la membrane sinusienne, augmente la durée de l'opération et
interfère avec la pose du greffon. De plus, l'hémorragie peut déplacer le greffon par un effet de
« chasse » et entraîner un hématome de la joue disgracieux pour le patient, pouvant causer une
infection par prolifération des bactéries. La préservation de l'anastomose n'est pas seulement
importante pour éviter les risques de saignement mais également pour assurer la néo-angiogenèse
du greffon osseux.[18]
L'étude radiographique pré-opératoire à l'aide d'un Cone Beam apparaît donc essentielle afin de
pouvoir évaluer la localisation et la taille de l'artère alvéolo-antrale, diminuant ainsi les risques de
complications chirurgicales.
26
VII – Conclusion
Ce mémoire avait pour but de rappeler la topographie et le contenu de la fosse infra-temporale. Il
est donc apparu que cette région assez difficilement délimitable, car ouverte sur de nombreuses
régions avoisinantes, livrait passage à plusieurs structures anatomiques primordiales dans
l’innervation et la vascularisation de la face.
Cependant l’étude de la littérature a montré que certaines de ses structures, telles que le sinus
maxillaire et l’artère alvéolaire postéro-supérieure ont une forte variabilité inter-individu. Les
connaissances anatomiques acquises lors de ce travail de dissection n’ont donc qu’un rôle de
préambule en vue de l’analyse des clichés radiographiques qui sont le seul moyen de déterminer la
morphologie et le trajet exact de ces structures. Car comme l’a également démontré la littérature,
une étude radiographique pré-opératoire est le meilleur moyen de diminuer les risques de
complications chirurgicales. On en revient donc au but premier de tout travail de dissection : partir
de dissections sur sujets décédés pour améliorer les procédures sur les vivants.
27
VIII – Références
[1] Pradal G., Embryologie humaine élémentaire (L'individu de sa naissance à sa mise au monde),
Ellipses, 2006 ; 187-203 ; 240
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[7] Dumont T., Simon E., Stricker M., Kahn J.-L., Chassagne J.-F., La graisse de la face : anatomie
descriptive et fonctionnelle à partir d'une revue de la littérature et dissections de dix hémifaces,
Annales de chirurgie plastique esthétique 2007 ; 52 ; 51-61
[8] Kamina P., Anatomie clinique Tome II, Maloine 2009 ; 95-98 ; 286
[9] Rouvière H., Delmas A., Anatomie humaine, Descriptive, topographique et fonctionnelle, Tome
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[11] Seigneuric F., Seigneuric J.-B., Avulsion des dents incluses : troisièmes molaires, EMC
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[12] Christiaens I., Reychler H., Complications après extraction de dents de sagesse : Étude
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28
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anatomy and its relation to sinus lift surgery, Clin Oral Impl Res, 2011 ; 22 ; 711-715
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cadaveric study, J Craniofac Surg, 2009 ; 20 ; 940–943.
29
La Fosse infra-temporale et ses rapports sinusiens
Laboratoire d’Anatomie – Faculté de Médecine de Nantes
BUT
La fosse infra-temporale est une région anatomique profonde, située sous la base du crâne.
Cependant, du fait de sa profondeur, elle est difficilement explorable cliniquement. Cette étude a
donc pour but, à travers des dissections, de décrire la topographie et le contenu de la fosse infratemporale, ainsi que ses rapports avec le sinus maxillaire et les dents « antrales ». Par la suite, une
revue de la littérature cherche à appliquer et à approfondir ces connaissances anatomiques dans
deux situations : les complications suite aux extractions des molaires maxillaires et en
implantologie.
MATERIEL ET METHODES
6 dissections sur trois sujets (dont 5 exploitables) ont été réalisées. Les deux premiers sujets ont été
préalablement congelés afin de réaliser des coupes sagittales.
1er sujet : 1ère dissection non exploitable, 2ème dissection par abord interne puis externe sur l’hémitête gauche.
2ème sujet : 3ème dissection par abord externe puis interne sur l’hémi-tête gauche, 4ème dissection
par abord supérieur puis interne sur l’hémi-tête droite.
3ème sujet : 5ème dissection consistant en une levée d’un lambeau vestibulaire sur le profil droit, 6ème
dissection par abord externe du profil gauche.
RESULTATS
Les dissections ont permis de mettre en évidence les trois régions constituant la fosse infratemporale (région rétro-maxillo-zygomatique, région des muscles ptérygoïdiens et fosse ptérygopalatine) ainsi que leur contenu (corps adipeux buccal, V2, V3, artère maxillaire). L’étude s’est
poursuivie sur le sinus maxillaire et l’artère alvéolo-antrale qui quitte la fosse infra-temporale pour
pénétrer au sein de la paroi postérieure du sinus maxillaire afin de vasculariser une partie des dents
antrales et la muqueuse sinusienne. Enfin l’étude de la littérature a montré que la diminution des
complications chirurgicales (lors des avulsions des molaires maxillaires et en implantologie) passe
par une étude radiographique pré-opératoire.
CONCLUSION
Il est apparu que la fosse infra-temporale, assez difficilement délimitable, car ouverte sur de
nombreuses régions avoisinantes, livrait passage à plusieurs structures anatomiques primordiales
dans l’innervation et la vascularisation de la face. Cependant l’étude de la littérature a montré que
certaines de ses structures, telles que le sinus maxillaire et l’artère alvéolaire postéro-supérieure ont
une forte variabilité inter-individu. Les connaissances anatomiques acquises lors de ce travail de
dissection n’ont donc qu’un rôle de préambule en vue de l’analyse des clichés radiographiques qui
sont le seul moyen de déterminer la morphologie et le trajet exact de ces structures.
Mots Clés : fosse infra-temporale, tubérosité maxillaire, sinus maxillaire, artère alvéolo-antrale.
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