Dialyse péritonéale et alimentation - AIRC-FC

publicité
Dialyse péritonéale et alimentation
La DP est une méthode d’EER (épuration extra rénale) qui remplace l’activité rénale défaillante.
Cette dialyse au quotidien autorise une alimentation plus large et adaptée. La diététique
nécessite une adaptation qualitative et quantitative de l’alimentation afin de subvenir aux
besoins spécifiques des patients et de prévenir certaines complications.
En DP, les échanges sont à double sens :
• de l’organisme le dialysat : ce qui permet l’élimination des déchets azotés, de l’eau et du sel mais
qui entraîne aussi une fuite de protéines (5 à 15 g par jour)
• du dialysat l’organisme : ce qui conduit à une absorption non négligeable de sucre en fonction du
programme de dialyse.
Les apports alimentaires devront tenir compte de ces phénomènes .
Deux extrêmes sont à éviter :
CONSEILS
la sous-alimentation et la sur-alimentation.
En pratique : Consommer
régulièrement des protéines
• Manger à chaque repas : 1 part de
viande ou équivalent (poisson-oeufjambon)
• Consommer 1 produit laitier, au
moins 3 fois par jour
Il est possible de faire de petits repas et
d’ajouter des collations (fractionner)
Objectifs de l’alimentation
• Préserver un bon état nutritionnel
• Compenser les pertes protidiques
• Contrôler l’apport glucidique
1/ Les apports en protéines
INDISPENSABLE
Pour couvrir les besoins de l’organisme et
réparer les déperditions liées à la
technique, de façon à maintenir la masse
musculaire, minimiser les risques infectieux et prévenir la dénutrition
En cas de péritonite :
les pertes de protéines peuvent être
multipliées par 4
Un apport protidique et calorique
supplémentaire est nécessaire
1,3 voire 1,5 g / kg de poids */ jour (* poids idéal ou ajusté)
avec un apport suffisant de protéines
d’origine animale (source d’acides
aminés indispensables)
À EVITER
• Réduire ou supprimer la consommation de produits sucrés (sucre,
2/ L’apport en glucides (sucres)
Il est nécessaire de tenir compte de l’absorption d’une fraction du glucose
du dialysat (les 2/3 sont en moyenne absorbés par l’organisme).
A long terme, ce glucose peut induire :
• une prise de poids
• une décompensation d’un diabète latent
• une hypertriglycéridémie
En prévention : Avoir une alimentation pauvre en sucre
12
confiture, miel, gelée de fruit, confiseries,
chocolat, fruits secs, fruits au sirop, glaces
, sorbets, pâtisseries, biscuits, viennoiseries, crèmes et laitages sucrés, boissons
sucrées, sodas, sirop …)
• Utiliser éventuellement des édulcorants en remplacement du sucre
• Consommer de préférence les
produits sucrés à la fin du repas
• Maintenir la consommation de
féculents (au moins 1 portion par
jour) de pain ou équivalent ( à chaque
repas) de légumes et de fruits *
(* quantité à adapter en fonction du taux de
potassium )
Dialyse péritonéale et alimentation
3/ L’apport de lipides (matières grasses)
Réduire sa consommation et savoir les choisir
Les lipides constituent une source énergétique permettant d’apporter les acides gras essentiels et des vitamines
(liposolubles). Ils sont indispensables à la synthèse de différents constituants. Néanmoins, les apports seront
modérés afin d’éviter une prise de poids et les sources bien choisies afin de prévenir les complications cardio
vasculaires (voir L’écho des reins comtois n° 46)
Recommandations
4/ Les apports énergétiques
Un taux calorique suffisant permettra de couvrir les besoins physiologiques
mais aussi d’assurer le métabolisme des protéines et de prévenir la
dénutrition.
5/ Les autres nutriments
30 à 35 cal / kg de poids */ jour
(* poids idéal ou ajusté)
avec les calories apportées
par le sucre absorbé
L’eau
Quantité/jour = volume de la diurèse + Ultra Filtration (restitution) + 500 ml
Veiller à tout mesurer : café – tisane – lait - jus de fruits – potage - eau pour les médicaments…
Le potassium
En DP, le potassium est éliminé quotidiennement : il n’y a pas ou peu de troubles de la kaliémie.
En cas d’hyperkaliémie, prendre le traitement médicamenteux prescrit et suivre les conseils pour une alimentation pauvre en
potassium après avis médical (voir Echo des reins comtois n° 49 )
Le phosphore
En DP, il existe le plus souvent une hyperphosphorémie.
Ne pas supprimer abusivement la viande, le poisson, les fromages… mais maîtriser le choix des aliments et prendre les médicaments
prescrits (chélateur de phosphore) au moment de la consommation d’aliments contenant du phosphore
Fer et vitamines En DP, il existe le plus souvent une hyperphosphorémie.
Ne pas supprimer abusivement la viande, le poisson, les fromages… mais maîtriser le choix des aliments et prendre les médicaments
prescrits (chélateur de phosphore) au moment de la consommation d’aliments contenant du phosphore.
Le sel
4 à 6 g (8g) par jour
en fonction de la
prescription médicale
(Voir Echo des reins comtois n°46 )
Il est nécessaire d’adapter les
apports en fonction de la diurèse,
des capacités d’excrétion du rein,
de la tension artérielle et de la
prise de certains médicaments.
Les fibres
LUTTER contre la CONSTIPATION
Un transit correct en DP est primordial car une constipation
opiniâtre peut favoriser le déplacement du cathéter ou son
obstruction et peut même être à l’origine d’une péritonite.
La constipation peut être d’apparition récente ou être
l’aggravation d’une constipation ancienne. Elle est favorisée par
le repos obligatoire après la pose du cathéter, par la paresse
intestinale induite par le dialysat, par certains médicaments
(hypotenseurs, hypokaliémiant…) ou par certaines restrictions
alimentaires (restriction hydrique, fruits…)
En prévention
• Avoir un apport suffisant de fruits (au moins 1 par
jour) et de légumes (1 portion à chaque repas) mais la
ration peut-être limitée en fonction de la kaliémie
• Boire suffisamment (fonction de la prescription) et
choisir de préférence l’eau Hépar.
• Boire un verre d’eau très froide au lever
• Manger du pain complet
• Avoir une activité physique quotidienne (équivalent
1/2 heure de marche par jour)
• Prendre les laxatifs «doux» prescrits par le médecin
• De façon occasionnelle avoir recours aux produits
diététiques à base de fibres : pruneaux, rhubarbe, figues….
(attention au sucre et au potassium qu’ils contiennent ).
Conclusion
L’alimentation tient une place essentielle dans le traitement
de l’insuffisance rénale par dialyse péritonéale car il existe un
lien étroit entre nutrition et dialyse «adéquate». De façon
quotidienne, le poids, la tension artérielle et la couleur du
liquide de dialyse seront contrôlés ; lors des bilans, d’autres
critères de qualité seront évalués.
Deux aspects importants :
1/ Garder un apport suffisant en énergie et en protéines pour
leur rôle essentiel dans la prévention de la dénutrition et des
infections
2/ Etre vigilant sur l’apport de produits sucrés
Pour atteindre ces deux objectifs : prendre des repas
complets et équilibrés, sources de plaisir et de convivialité.
Au cours des prochains numéros, Madame Jego abordera
quelques situations particulières : personnes âgées et DP,
insuffisance cardiaque et DP, prise en charge d’une dénutrition.
Merci à Madame Jego pour les explications et les conseils
qu’elle nous délivre au fil des mois.
13
Téléchargement