c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 1/13 Mines Maths 2 MP 2002 — Corrigé Ce corrigé est proposé par Éric Ricard (Agrégé de mathématiques) ; il a été relu par Vincent Puyhaubert (ENS Cachan) et Walter Appel (Professeur en CPGE). Cette épreuve des Mines est composée de quatre parties et a pour thème général les nombres premiers. Malgré la longueur apparente de l’énoncé, le devoir n’est pas très long et ne présente que peu de difficultés techniques. • La première partie, indépendante des autres, propose d’établir la divergence de la série des nombres premiers. En dehors de trois questions de cours qui n’en ont pas l’air (I-1, I-2.b et I-4), seule la connaissance des techniques de manipulation des séries est nécessaire. • La deuxième partie établit quelques inégalités utiles dans la suite. Elle ne demande presque aucune connaissance du programme de Spéciales et ne repose que sur des raisonnements élémentaires sur les nombres entiers. C’est là toute son originalité, puisqu’il faut absolument comprendre les mécanismes mis en jeu. En contrepartie, les questions sont très détaillées et donc abordables. • Les inégalités de Tchebychev sur le nombre d’entiers premiers plus petits que n consituent la troisième partie. Elle exploite les résultats de la précédente, toujours dans le même esprit : très peu de calculs et des raisonnements assez bien décortiqués par un énoncé donnant beaucoup d’indications. • La dernière partie, indépendante des précédentes, contraste avec le reste du sujet. Il s’agit de présenter le principe de base du cryptage RSA ; on a donc affaire à de l’arithmétique dans Z/nZ et à des notions plus abstraites que dans les parties précédentes. Les résultats qui y sont démontrés (surtout dans la première question) sont pour la plupart des rappels de cours ou d’exercices classiques. Elle ne requiert qu’une bonne compréhension de Z/nZ et reste à la portée de nombreux candidats. Dans l’ensemble, cette épreuve est originale et plaisante ; on y démontre quelques résultats intéressants. La difficulté reste très raisonnable et se situe essentiellement au niveau des raisonnements, ce qui est assez rare pour être souligné. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 2/13 Indications Première partie 1 pour se ramener à des entiers. s I-2.d Comparer MN et {k s ; 1 6 k 6 n}. n 1 P Prendre s = 1 et majorer . k=1 k n P I-3 Calculer vi . I-2.c Élever à la puissance i=1 I-4 Penser à utiliser le théorème de dérivation des séries de fonctions pour ζ. Deuxième partie II-1.b Montrer que Pn = Pn+1 . p P II-1-c Utiliser 2p = Ckp et Ckp = Cp−k . p k=0 Remarquer que Pn+1 divise Pm+1 Cm 2m+1 . II-2 Montrer que αi = max{α ∈ N | pα i 6 n} en procédant par double inégalité. II-3.b Montrer puis utiliser le fait que In > 0 pour obtenir d2n+1 In > 1. Troisième partie III-1 Découper l’intégrale et inverser les sommes. III-2.a Utiliser la question II-1.d. III-3 Montrer d’abord le résultat pour x = 2n + 1 en utilisant la question II-2 (en passant à ln) puis la question II-3. Quatrième partie IV-1.b Montrer que c = ca ϕ(n) en utilisant le fait que γ(Z/nZ∗ ) = Z/nZ. IV-2.a Décrire les entiers entre 1 et n non premiers avec n et utiliser la question IV-1.a. IV-2.c Utiliser l’identité de Bézout. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K 3/13 Publié dans les Annales des Concours Première partie Dans ce corrigé, comme suggéré par l’énoncé, n est un nombre entier supérieur à 2 et N désigne le rang du plus grand nombre premier inférieur à n. Il est bon d’avoir en tête les inégalités et pn > n N 6 pN 6 n (1) La première dit que le ne nombre premier est plus grand que n et la seconde résulte de la première et de la définition de N. I-1 Supposons qu’il n’existe qu’un nombre fini d’entiers premiers que l’on note p1 , . . . , pn . n Posons Q= Π pi + 1 i=1 On sait que tout nombre entier se décompose en un produit de facteurs premiers ; Q admet donc un diviseur premier. Selon notre hypothèse, il existe un entier k ∈ [[ 1 ; n ]] tel que pk divise Q. Comme pk divise également p1 × · · · × pn , on en déduit que pk divise 1, donc que pk = 1, ce qui est contradictoire car 1 n’est pas premier. I-2.a La suite 0< 1 nks est géométrique ; comme n > 2 et s > 0, sa raison vérifie k∈N 1 < 1. La série associée converge donc et ns −1 ∞ P 1 1 1 = = 1− s ks 1 n k=0 n 1− s n I-2.b D’après le théorème d’inversion des séries doubles à termes positifs, la série P (uij )(i,j)∈N2 est sommable si et seulement si pour tout entier i, uij converge et si j ∞ P P P la série uij converge ; la valeur de cette série est alors uij . i j=0 (i,j)∈N2 Dans la situation proposée, ∞ P j=0 uij = 1 ais 1− 1 bs −1 D’après la question précédente, en appliquant ce résultat une fois de plus pour la somme en i, on déduit que la famille (uij ) est sommable et −1 −1 1 1 S= 1− s 1− s a b Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 4/13 I-2.c Notons ϕ l’application de l’énoncé. Soient (αi )16i6n et (βi )16i6n dans Nn , il faut montrer que ϕ (αi )i∈[[ 1 ; n ]] = ϕ (βi )i∈[[ 1 ; n ]] =⇒ ∀ i ∈ [[ 1 ; n ]] αi = βi 1 , il vient s En élévant l’égalité de gauche à la puissance n n Π pi α i=1 i = Π pi β i=1 i L’unicité de la décomposition d’un entier en facteurs premiers donne alors αi = βi pour tout i inférieur à n. La fonction ϕ est donc injective. Par définition de Mn , elle est également surjective et réalise donc une bijection 1 entre Mn et Nn . Il s’ensuit que Mn est infini. L’application m 7→ m s est une injection de Mn dans N. D’après ce qui précède, son image est infinie et donc peut être énumérée par ordre croissant comme toute partie infinie de N. Autrement dit, il existe 1 Φ: N −→ Mn s 1 i 7−→ mi s croissante et bijective. En composant Φ avec x 7→ xs qui est strictement monotone, on obtient l’indexation souhaitée. Pour l’exemple, on range par ordre croissant les nombres de la forme 2α1 3α2 , puis de la forme 2α1 3α2 5α3 : n=2 n=3 1 1 2 3 2 3 4 6 4 5 8 6 9 12 16 18 24 27 8 9 10 12 15 16 I-2.d D’après le résultat admis, −1 N P 1 1 Π 1− p s = i=1 i m∈MN m Le résultat admis n’est que la généralisation du résultat de la question I-2.b à n > 2. Soit k ∈ [[ 1 ; n ]]. Alors k s est élément de Mn . En effet la décomposition en facteurs q premiers de k est de la forme Π pα i=1 i i où pq est le plus grand facteur premier de k. Ainsi k ∈ [[ pq ; n ]] ; comme N est le rang du plus grand nombre premier plus petit que n, on a q 6 N. Ainsi k s = ϕ((α1 , . . . , αq , 0, . . . , 0)) ∈ MN . Puisque les éléments de MN sont positifs : −1 N n 1 P P 1 1 6 = Π 1− s s i=1 pi m∈MN m k=1 k Prenons s = 1 et supposons qu’il n’existe que q nombres premiers ; alors N 6 q 1 1 pour tout n et, comme pour tout i, pi > 2 donne 1 − > , on a pi 2 n 1 P 6 k=1 k 2N |{z} dépend de n 6 2q |{z} ne dépend pas de n Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr .