LeTemps.ch | Les religions du monde entrent à l'école http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/e4ac038c-b0f4-11dd... SSu uiissssee & &R Réég giio on nss Mardi24 décembre 2002 Les religions du monde entrent à l'école PPaarr R Room maaiinnee M Moorraarrd d Un nouveau matériel didactique, adapté à la multiculturalité des classes d'aujourd'hui, sera inauguré à la rentrée 2003 dans plusieurs cantons. Quant aux bastions laïcs de Genève et Neuchâtel, ils continueront de faire bande à part. Les femmes dans la religion, le sabbat au temps de Jésus et aujourd'hui, Mohamed et la naissance de l'islam… Ce sont les nouveaux thèmes qui seront bientôt abordés en cours d'histoire des religions en Suisse romande. Cet enseignement est en passe d'être complètement dépoussiéré. Dès la rentrée 2003, une nouvelle méthodologie intégrant des religions et traditions autres que judéo-chrétiennes arrivera dans les cartables des jeunes écoliers romands – exception faite des petits Genevois et des petits Neuchâtelois (lire encadré). Au fil de temps, volume destiné aux 9-11 ans, est le premier tome de la collection A la découverte des religions, qui s'adressera à l'ensemble des élèves de 7 à 16 ans et qui abordera l'islam, le bouddhisme et l'hindouisme. Comment enseigner la religion aux élèves d'aujourd'hui? A-t-elle encore sa place dans les grilles horaires? Voilà belle lurette que, à l'exception du Valais, le catéchisme a été abandonné en faveur de l'étude de l'histoire des religions. Aboutissement de ce processus: aujourd'hui, on s'ouvre à d'autres croyances. Depuis quelques années déjà, l'Association Enseignement biblique et interreligieux romand (Enbiro), formée des délégués des départements de l'Instruction publique et des représentants catholiques et protestants des cantons romands (BE, FR, JU, VD, VS), s'est attelée à la lourde tâche de réformer et de remettre à jour le matériel d'enseignement de l'histoire des religions. Deux constatations ont guidé leur travail. La première est que l'étude de la tradition judéo-chrétienne est indispensable à la transmission de la culture et du patrimoine occidental. «Nous avons travaillé pour que nos élèves puissent avoir une base de connaissances nécessaires pour appréhender une œuvre de Michel-Ange, de Hugo ou de Bach. Les calendriers, les droits de l'homme, l'architecture… Tout cela est incompréhensible sans racines bibliques», explique Sabine Girardet, coresponsable des éditions Enbiro. La méthode: une approche biblique, mais aussi historique, géographique et socio-culturelle de la religion. Ainsi, Au fil du temps expose la vie de David et la place qu'il occupe dans la culture judéo-chrétienne. Il aborde Jésus au travers de la vie quotidienne à Nazareth, de Jérusalem et de son temple. La place des femmes hier et aujourd'hui est discutée par le biais des figures féminines fortes des différentes traditions religieuses. La deuxième constatation, et la grande nouveauté, c'est la nécessité d'intégrer d'autres croyances dans l'enseignement, et ce dès les premières années primaires. «On ne peut pas faire l'économie de l'histoire des religions si l'on veut comprendre le monde dans lequel on vit. Et ce d'autant plus lorsqu'on voit la pluriculturalité des classes romandes d'aujourd'hui», explique Yves Dutoit, 1 sur 2 19.07.12 15:23 LeTemps.ch | Les religions du monde entrent à l'école http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/e4ac038c-b0f4-11dd... coresponsable du projet. La nouvelle méthodologie doit pouvoir donner les connaissances de bases qui permettront ensuite une réflexion plus profonde. Comme le précise Sabine Girardet, «nous voulons que les élèves aient une sorte de «bibliothèque mentale des religions». Ils doivent savoir de quoi il s'agit lorsqu'on parle d'islam, de judaïsme ou de christianisme». Dans le premier volume de la collection, la naissance de l'islam est abordée au travers de la vie du prophète Mohamed. Le jeune élève aura un premier contact avec la civilisation arabo-musulmane, son histoire, son art, ses coutumes. Il apprendra les liens entre les trois religions monothéistes, leur ancêtre commun. Mais pas seulement. A quoi ressemble une mosquée? Comment pratique-t-on le ramadan? Comment fonctionne le calendrier musulman? Qu'est ce que le Coran? Avec des mots qu'ils sont en âge de comprendre, des photos et des illustrations choisies et commentées, l'islam devient accessible aux élèves. Mais on ne touche pas un sujet aussi délicat que l'enseignement de la religion sans rencontrer des difficultés. Doit-on dire Canaan, Judée, Palestine ou Israël? Comment ne pas tomber dans des considérations politiques? «Pour chaque sujet, nous avons rédigé des notes destinées à aider les enseignants, afin qu'ils aient toutes les clés en main pour dispenser leur enseignement. Dans ce cas particulier, nous avons daté les dénominations dans le temps et dans l'espace, et recommandé aux professeurs de dire Palestine-Israël ou Israël-Palestine», explique Yves Dutoit. Les thèmes abordés sont parfois très sensibles. Aussi, un grand nombre de personnes ont collaboré à la rédaction et à la relecture du manuel: historiens des religions, de l'art, pédagogues, rabbins, imams, représentants des différentes Eglises… «La note sur les femmes et l'islam nous a donné beaucoup de fil à retordre, avoue encore Yves Dutoit. Nous avons dû demander l'avis à de nombreux spécialistes avant de la rédiger. Dans l'ensemble du manuel, chaque mot a été pesé. La difficulté était de rester rigoureux et accessible tout en évitant les simplifications abusives», précise-t-il. Le grand défi de ce nouveau manuel est d'aborder la foi de l'extérieur. Les croyances diverses n'ont pas besoin d'être partagées pour être comprises. Et, les auteurs le soulignent, connaître aide à tolérer et à respecter. © 2012 Le Temps SA 2 sur 2 19.07.12 15:23