Mémoire d`Aline Pattyn - Guides

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Mémoire de fin de formation
Formation 2012 - 2014 des Guides-nature des Collines
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois
d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Mémoire de fin de formation présenté par Aline PATTYN
Mémoire déposé le 14 décembre 2013
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois
d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Mémoire de fin de formation présenté par Aline PATTYN
Mémorant
Aline PATTYN
Rue des Ecoles, 15A
7911 Hacquegnies
Rédaction d’un mémoire dans le cadre de la formation de Guides-nature des Collines
organisée par l’a.s.b.l. Guides-Nature des Collines
A.s.b.l. subsidiée par la Région wallonne - N° agrément : 13/A014 - N° entreprise : 419 382 76
Siège social : Rue Gualbert, 33 à 7540 Kain (commune de Tournai)
REMERCIEMENTS
« (…) Restent les murs porteurs
Des amis en béton,
Un frère, une petite sœur,
Pour voir à l’horizon
Restent les murs porteurs
Pour tenir la maison
Pour surmonter ses peurs
Ou vaincre ses démons
(…)
De jouer les durs, les cascadeurs,
Des souvenirs hauts en couleur
De l’utopie d’un monde meilleur
De tout ce qu’on a appris par cœur
Restent les murs porteurs
Pour se couper du vent
Pour tenir la longueur
Faire face aux tremblements
Restent les murs porteurs
Pour s’abriter du froid
Pour conjurer le malheur
Et retrouver sa voie » (Cirillo C.et Calogero)
Quelques mots qui prennent pour moi un sens tout particulier au moment de terminer ma formation de
Guide-nature des Collines … quelques mots pour dire simplement MERCI pour cette belle aventure
entamée il y maintenant près de deux ans, quelques mots pour remercier ceux qui m’ont permis depuis
toujours de ne jamais baisser les bras et de croire en demain et quelques mots pour inciter chacun à aller
au bout de ses rêves et de ses convictions.
A l’heure de boucler ce travail, je me surprends à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et je me rends
compte du chemin parcouru depuis ce 3 mars 2012 qui a sonné l’heure de la rentrée pour nous tous, les
candidats à cette formation 2012-2014 de Guides-nature des Collines. En entamant cette formation, mes
attentes étaient surtout de rafraîchir les connaissances acquises pendant mes études mais qui, avec le
temps, s’étaient malheureusement quelque peu évaporées. Au fil des cours et des visites de terrain, j’ai
redécouvert ce plaisir d’apprendre, de découvrir sans cesse ce monde qui nous entoure et qui nous
réserve tant de belles surprises. Bien que déjà consciente de l’importance de préserver notre
environnement, cette formation m’a permis encore d’accroître ma sensibilité environnementale et surtout
d’essayer de la transmettre, au moins un peu, aux personnes qui m’entourent. Que dire sinon un
immense merci à l’ensemble des professeurs qui nous ont dispensé des cours aussi intéressants les uns
que les autres. Merci de leur patience et de leur partage de connaissances. Je tiens toutefois à adresser
ici un merci plus particulier à Christine … un sacré « mur porteur » pour la formation dont l’engagement,
l’écoute et la disponibilité me rendent admirative. Un merci aussi plus particulier à Christian et Martine
qui, en préparation de ma balade, avaient pris de leur temps pour venir me distiller quelques conseils
mais aussi et surtout pour leurs merveilleux cours de botanique … des instants à chaque fois riches en
découvertes et en enseignement. Merci aussi à Monsieur Nolf d’avoir soutenu mon projet de balade. Et
puis, finalement, un chaleureux merci à mes compagnons de route dans cette formation avec une pensée
pour Jean qui a, c’est sûr, laissé son empreinte ici bas. Ce fut pour moi un réel plaisir de vous retrouver
chaque samedi pour nos après-midi « studieuses » et je garde bien en mémoire les beaux moments et
les fous rires partagés.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Remerciements
Au fil de cette aventure qui n’a pas toujours été reposante, j’ai aussi eu la chance de pouvoir compter sur
le soutien de mon entourage … lui qui m’a toujours soutenue dans mes choix et qui a toujours répondu
présent dans les moments plus difficiles. Par ces quelques mots, c’est aujourd’hui à moi de mettre en
lumière ces personnes qui me sont si chères. Mon premier merci ira bien évidemment à mes parents qui
m’ont offert une enfance que je n’échangerai pour rien au monde. Merci à vous, Maman et Papa, de
m’avoir permis de grandir dans un environnement riche et fort de belles valeurs et d’avoir toujours été là
à mes côtés dans les bons et moins bons moments de la vie. A l’heure où le temps de la retraite est
arrivé pour vous, sachez que je suis fière de chacun de vos parcours et que ceux-ci sont, pour moi, de
magnifiques exemples à suivre. Mon second merci, je tenais à le réserver pour toi, Thomas. A l’image
d’un grand frère, tu as toujours été là pour me conseiller ou me soutenir. Si la vie nous a fait partager de
grands moments de joie mais aussi des moments plus douloureux, elle a surtout permis de tisser entre
nous une relation très précieuse à mes yeux. Merci aussi à toi, Virginie et à toi Norah, ma petite filleule
adorée … merci de m’avoir simplement apporté chacune à votre manière un soutien inestimable. Merci
aussi à toi Céline et à ta petite famille de m’avoir transmis votre appui depuis Charleroi. Merci aussi à
mes ‘beaux-parents’ pour l’accueil que vous m’avez réservé dans vos vies et vos cœurs. Et puis, un
dernier merci et non le moindre, à mon petit homme adoré. Te dire merci pourrait devenir un vrai roman
tellement ta présence à mes côtés a redonné du sens à ma vie … alors, je prendrai juste ces quelques
lignes pour te remercier simplement d’être là, de consacrer de ton temps à partager avec moi ma passion
pour la nature et de me soutenir à chaque instant. Merci de ta patience et de ta compréhension lors de
mes divagations naturalistes à la recherche du petit insecte caché, de la petite plante rare ou de l’oiseau
qui chantonne. Pour ces bonheurs que tu m’accordes et pour toutes tes autres qualités, mille mercis et
mille ‘je t’aime’. A vous tous, mes « murs porteurs », un immense merci d’être là et d’avoir depuis
toujours, et plus que quiconque (et même que moi), cru en moi.
Tous ces mercis, pour conclure simplement en soulignant que, comme nous êtres humains, la nature est
aujourd’hui en quête de « murs porteurs » … des « murs » porteurs d’idées nouvelles, animés de
profondes convictions et soucieux d’accorder à la nature la place qu’elle mérite. Au travers de nos actions
et de nos choix, nous sommes tous amenés à endosser ce rôle qui permettra ainsi à notre
environnement de « retrouver sa voie ». J’espère que ce travail guidera, qui sait, l’un ou l’autre dans cette
voie !
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Remerciements
Table des matières
1
2
Introduction ............................................................................................................................................ 1
1.1
Contexte général et objectifs de ce mémoire ............................................................................... 2
1.2
Structure de ce mémoire .............................................................................................................. 3
Présentation et description du milieu naturel ........................................................................................ 4
2.1
Situation géographique du lieu d’étude ........................................................................................ 4
2.2
Description des sites naturels d’intérêt biologique ‘Bois Lefèbvre’ et ‘Bois d’Assômont’ ............. 5
2.2.1
Description détaillée du ‘Bois Lefèbvre’ ................................................................................... 5
2.2.2
Description détaillée du ‘Bois d’Assômont’ ............................................................................... 7
2.3
3
Description de l’environnement adjacent aux sites d’intérêt biologique ....................................... 9
Le maillage écologique - son rôle, ses atouts et faiblesses au sein de la zone d’étude .................... 25
3.1
Concept de « maillage écologique » .......................................................................................... 25
3.2
Evaluation du maillage écologique existant entre les bois Lefèbvre et d’Assômont .................. 28
3.2.1
Un maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont … pourquoi et pour
qui ? ........................................................................................................................................ 28
3.2.2
Etat des lieux de la structure et de la qualité du maillage écologique entre les bois Lefèbvre
et d’Assômont ......................................................................................................................... 30
4
Recommandations et propositions d’amélioration et de renforcement du maillage écologique reliant
les bois Lefèbvre et d’Assômont ......................................................................................................... 54
4.1
Etablissement d’une méthodologie de travail ............................................................................. 55
4.2
Propositions et recommandations générales d’amélioration et de renforcement du maillage
écologique .................................................................................................................................. 56
4.2.1
Propositions et recommandations générales vis-à-vis du réseau hydrographique ................ 56
4.2.2
Propositions et recommandations générales vis-à-vis des espaces arborés et/ou arbustifs
(haies, alignements d’arbres, vergers, bosquets ou arbres isolés) ........................................ 62
4.2.3
Propositions et recommandations générales vis-à-vis des accotements et bords de
voiries ...................................................................................................................................... 65
4.2.4
Propositions et recommandations générales vis-à-vis des zones agricoles gérées
extensivement ......................................................................................................................... 68
4.2.5
Propositions et recommandations générales vis-à-vis des jardins privés .............................. 70
4.3
Exemples d’application de propositions et recommandations visant la restauration du maillage
écologique dans l’environnement du hameau de Pironche et dans l’environnement du hameau
de la Warloche ............................................................................................................................ 73
4.3.1
Propositions et recommandations de restauration du maillage écologique à hauteur du
Hameau de Pironche .............................................................................................................. 74
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Tables des matières
4.3.2
Propositions et recommandations de restauration du maillage écologique pour la zone
agricole enclavée entre le bois d’Assômont et le hameau de la Warloche ............................ 83
5
Conclusion générale............................................................................................................................ 91
6
Lexique ....................................................................................................................................................
7
Bibliographie ............................................................................................................................................
7.1
Références bibliographiques ..........................................................................................................
7.2
Ouvrages consultés via Internet .....................................................................................................
7.3
Références Internet ........................................................................................................................
Liste des illustrations
Illustration 1 :
Localisation du site d’étude sur fond IGN ........................................................................ 4
Illustration 2 :
Cartographie du SGIB ‘Bois Lefèbvre’. ............................................................................ 5
Illustration 3 :
Cartographie du SGIB ‘Bois d’Assômont’. ....................................................................... 8
Illustration 4 :
Extrait du plan de secteur au droit de la zone d’étude. .................................................. 21
Illustration 5 :
Vue aérienne de la zone d’étude. .................................................................................. 22
Illustration 6 :
Vue du réseau hydrographique sur fond d’orthophotoplan. ........................................... 23
Illustration 7 :
Carte des aléas d’inondation au droit de la zone d’étude. ............................................. 24
Illustration 8 :
Extrait de la carte de Ferraris (1777) pour la zone d’étude............................................ 27
Illustration 9 :
Contenu du « pense-malin » distribué dans le cadre de ma guidance d’examen. ........ 72
Illustration 10 :
Cartographie des
propositions
de restauration du maillage écologique
dans
l’environnement du hameau de Pironche....................................................................... 82
Illustration 11 :
Cartographie des propositions de restauration du maillage écologique dans
l’environnement de la Warloche et du bois d’Assômont. ............................................... 90
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Tables des matières
1
INTRODUCTION
En ces temps où s’invitent dans notre quotidien les problématiques du réchauffement climatique, de
l’érosion de la biodiversité, des multiples pollutions de l’air, de l’eau et des sols ou encore de la
banalisation de nos paysages, tout un chacun s’interroge quant à l’avenir de notre bonne vieille Terre et
quant à l’héritage naturel que nous lèguerons aux prochaines générations.
Au fil des siècles, l’Homme a usé de sa domination, de son intelligence et de son ingéniosité pour
façonner et modeler la nature afin qu’elle réponde au mieux à ses nombreux besoins (besoins
alimentaires, de confort, d’espace, de bien-être, etc.) mais, comme tendent à le démontrer de plus en
plus de scientifiques, par son action l’Homme aurait également enclenché la « sixième grande
extinction » des espèces. Ce constat, assez unanimement émis par le monde scientifique, découle de
récents bilans dressés en termes de vitesse et d’ampleur d’extinction des espèces - bilans
particulièrement alarmants quant à l’importance des menaces qui pèse sur la biodiversité de notre
1
planète Terre et qui soulève elle même des inquiétudes quant à la survie même de l’espèce humaine.
Ainsi, comme le disait Stefan Edberg, « Quand l’homme n’aura plus de place pour la nature, peut-être la
nature n’aura-t-elle plus de place pour l’homme. ». Aujourd’hui, l’Homme est donc confronté à un
nouveau défi de taille, celui de redonner une place à la nature et de lui permettre d’exister au cœur d’une
société dominée par le souci de rentabilité et de productivité. Pour faire face à ce défi, l’effort de chacun
est requis … chaque pierre portée à l’édifice sera précieuse car comme le dit si bien le proverbe chinois
suivant, « Toutes les fleurs de l’avenir sont dans les semences d’aujourd’hui ».
De par mon enfance au cœur de la campagne, de par ma formation de bioingénieure et de par mon
travail au sein d’un petit bureau d’expertise environnementale, mon parcours de vie m’a toujours amenée
à côtoyer la nature, à l’étudier pour tenter de mieux la comprendre, à en déceler la fragilité et à essayer
d’en panser les blessures. C’est également cette volonté de toujours mieux appréhender cet univers,
parfois minuscule, qui m’entoure, qui m’a poussée à m’engager dans la formation organisée par les
Guides-nature des Collines. A l’heure de choisir un sujet de mémoire pour ‘boucler’ cette belle formation,
je me suis toutefois sentie un peu perdue au cœur de l’immensité des sujets ayant trait à la nature et à
notre beau pays des Collines … il y a tellement à dire et à explorer que le choix d’un fil conducteur s’en
trouve parfois bien compliqué ! C’est alors que Christine me relaye le besoin de travailler dans le cadre
du Plan Communal de Développement de la Nature de Frasnes-lez-Anvaing sur des propositions de
restauration du maillage écologique entre deux sites d’intérêt biologique, le site du Bois Lefèbvre et le site
du Bois d’Assômont. Aussitôt proposé … aussitôt adopté … voilà un magnifique sujet qui allie l’utile à
l’agréable tout en m’offrant une belle palette de thématiques à aborder - thématiques dont certaines ont
été le fil rouge de ma balade d’examen et qui me tiennent depuis toujours à cœur (notamment la diversité
et les éléments naturels d’intérêt au cœur des paysages agricoles, etc.).
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de poser le contexte général dans lequel s’inscrit ce
mémoire, d’en préciser les principaux objectifs et d’en exposer la structure.
1
Des estimations tendent notamment à indiquer que, sur les espèces étudiées par l’Union internationale pour la
conservation de la nature (UICN), près de 36% sont qualifiées de menacées ce qui représente environ 1 mammifère
sur 5, 1 oiseau sur 8, un tiers de tous les amphibiens et près de 70% du règne végétal. Parmi les autres constats
dressés, nous pouvons mentionner que près de 60% des écosystèmes de la planète ont été dégradés durant les 50
dernières années et que deux tiers des écosystèmes sont sujets à une surexploitation.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
1
Afin de faciliter la lecture et la compréhension du présent, certains termes plus spécifiques sont mieux
explicités dans le lexique inséré en fin de document ; ces termes sont accompagnés d’un astérisque (*)
lors de leur première apparition.
1.1
Contexte général et objectifs de ce mémoire
Le présent mémoire s’inscrit dans le cadre du Plan Communal de Développement de la Nature (PCDN)
de la commune de Frasnes-lez-Anvaing - et plus précisément, dans le cadre de la collaboration de
l’a.s.b.l. des Guides-nature des Collines à ce PCDN.
Pour rappel, un Plan Communal de Développement de la Nature (PCDN) est un outil permettant aux
communes wallonnes de préserver et de restaurer la biodiversité sur leur territoire tout en y maintenant
une dimension de développement économique et social pour l’ensemble de la collectivité. Cet outil
repose sur une collaboration étroite et constructive entre un maximum d’acteurs locaux (autorités et
services communaux, représentants d’associations naturalistes ou touristiques, représentants de
certaines filières professionnelles comme celles du monde agricole, de l’industrie ou de l’artisanat,
représentants d’activités de loisirs comme la chasse et la pêche ou encore simples citoyens soucieux de
s’investir dans l’avenir de sa commune) lesquels sont encadrés par des experts (notamment un bureau
d’études chargé de dresser un état des lieux du patrimoine naturel de la commune). En fonction des
affinités des acteurs locaux, des groupes de travail se forment et œuvrent à définir et émettre une série
de propositions d’actions concrètes lesquelles seront ensuite compilées par un comité de gestion et
intégrées au PCDN - plan qui sera ensuite mis en œuvre après consultation publique, approbation par les
autorités communales et signature d’une charte.
Depuis l’année 2012, la commune de Frasnes-lez-Anvaing, inclue au cœur du Parc naturel du Pays des
Collines, s’est engagée dans l’élaboration d’un PCDN. En sa qualité d’association de défense du
patrimoine naturel du Pays des Collines, l’a.s.b.l. Guides-Nature des Collines a pris part aux débats et
aux échanges d’idées ; elle a également émis des fiches-actions et, notamment la fiche-action numéro 13
intitulée « A la recherche des zones corridors entre les zones Natura 2000* et les zones de grands
intérêts biologiques* ». Cette fiche-action repose sur le fait que, dans son état des lieux du patrimoine
naturel frasnois, le bureau d’étude - à savoir l’Unité Biodiversité et Paysage d’Agro-Bio Tech Gembloux ULg - recense la présence de zones Natura 2000 et de grand intérêt biologique lesquelles sont toutefois
isolées les unes des autres en raison d’un maillage écologique* discontinu et/ou détérioré qui empêche
ou limite les échanges biologiques entre eux et avec leur environnement adjacent.
En émettant cette fiche-action, les objectifs visés sont dans un premier temps « de chercher s’il existe
des corridors, d’en réaliser un relevé botanique et des espèces animales » et dans le cas où ceux-ci font
défaut, de proposer « des alternatives concrètes afin d’aménager de tels corridors essentiels à la
biodiversité ».
Le présent mémoire va tenter - à sa modeste échelle - de dégager des pistes d’actions en analysant,
compilant et, le cas échéant, en complétant les données existantes de manière à cibler les zones où une
intervention visant à densifier, restaurer et/ou préserver les couloirs écologiques apparaît requise - et ce,
avec toujours en toile de fond à cette réflexion les objectifs définis par la fiche-action n°13 du PCDN de
Frasnes-lez-Anvaing.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
2
1.2
Structure de ce mémoire
Au terme de cette introduction, le présent document veillera dans un premier temps à dévoiler de
manière plus détaillée et précise le cadre naturel de ce mémoire - et ce, en présentant notamment les
deux sites visés plus spécifiquement par cette étude (à savoir le Bois Lefèbvre et le Bois d’Assômont) et
l’environnement qui les encadre.
Une fois le cadre naturel bien cerné et après un rappel explicatif sur l’importance du maillage écologique,
nous pourrons alors entamer notre démarche d’étude et de réflexion proprement-dite vis-à-vis du
maillage écologique reliant les Bois Lefèbvre et d’Assômont. A ce niveau, nous tenterons de cibler les
atouts et les faiblesses de sa structure et de sa composition - et ce, eu égard aux rôles intéressants que
ce maillage devrait jouer pour la préservation et/ou l’amélioration de la biodiversité recensée et/ou
attendue au sein des Bois Lefèbvre et d’Assômont (et plus globalement, pour la biodiversité au sein du
territoire communal frasnois).
De par les informations accumulées à ce stade de notre démarche, nous pourrons progressivement
définir une série de lignes directrices générales visant à protéger, restaurer et/ou renforcer le maillage
écologique intermédiaire aux bois Lefèbvre et d’Assômont. Celles-ci feront, entre autres, références à
des guides techniques, s’inspireront éventuellement d’expériences personnelles et/ou s’appuieront sur
des retours d’expérience de restauration d’une structure écologique passée. Avec en toile de fond ces
lignes directrices générales, nous tenterons ensuite de dresser un canevas d’intervention pour deux
zones particulières définies au sein du périmètre global d’étude - périmètre trop étendu que pour pouvoir
être abordé précisément dans son entièreté dans le cadre du présent travail.
Finalement, ce rapport se clôturera par une conclusion qui synthétisera les éléments intéressants relevés
au fil de cette étude et qui ouvrira aussi la porte sur diverses idées nées des cogitations et réflexions
ayant jalonné ce travail.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
3
2
PRÉSENTATION ET DESCRIPTION DU MILIEU NATUREL
Cette section a pour objectif de présenter succinctement le milieu naturel qui constitue le cadre général
de ce mémoire. A cette fin, elle se subdivisera en plusieurs sous-sections : une première sous-section qui
s’attachera à localiser géographiquement le lieu d’étude, une seconde qui détaillera les intérêts
biologiques des sites ‘Bois Lefèbvre’ et ‘Bois d’Assômont’ - intérêts à l’origine de leur classement sous
statuts - et une troisième qui se concentrera sur l’environnement adjacent à ces deux sites d’intérêt.
2.1
Situation géographique du lieu d’étude
Comme mentionné précédemment, le périmètre d’étude - objet du présent mémoire - couvre une portion
du territoire communal de Frasnes-lez-Anvaing qui englobe les bois Lefèbvre et d’Assômont - deux bois
qui s’étirent dans la partie plus orientale de la commune respectivement en direction du nord (avec une
extension sur le territoire communal d’Ellezelles) et du sud (avec une petite incursion sur le territoire
communal athois).
Cette situation du site est perceptible grâce à l’Illustration 1 qui en présente la localisation sur fond de
carte IGN.
N
1 km
Illustration 1 : Localisation du site d’étude sur fond IGN.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
4
2.2
Description des sites naturels d’intérêt biologique ‘Bois Lefèbvre’ et ‘Bois
d’Assômont’
La présente section va s’attacher à décrire les caractéristiques et les intérêts des deux sites naturels
entre lesquels l’étude du maillage écologique sera réalisée. Les données reprises dans cette section
font notamment référence aux informations disponibles dans la banque de données de la biodiversité
en Wallonie ainsi qu’à d’autres données intéressantes disponibles par le biais de divers portails
2
cartographiques (Géoportail de la Wallonie, WebGis de la DGATLPE , etc.)
2.2.1
Description détaillée du ‘Bois Lefèbvre’
Couvrant une superficie de 140,68 hectares, le bois Lefèbvre s’étire sur les communes de Frasneslez-Anvaing (pour environ 63,5% de sa superficie) et d’Ellezelles (pour son solde). Sa localisation est
présentée par l’Illustration 2.
Source : Site de la biodiversité en Wallonie (http://observatoire.biodiversite.wallonie.be/Sites/sgib/Cartesgif/579.gif)
Illustration 2 : Cartographie du SGIB ‘Bois Lefèbvre’.
2
Direction Générale opérationnelle de l’Aménagement du Territoire, Logement, Patrimoine et Energie.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
5
Administrativement, ce site est majoritairement repris au plan de secteur (Illustration 4) en zone
naturelle avec quelques petites extensions en zone agricole - et ce, avec en surimpression un intérêt
paysager. De par les intérêts qu’il renferme, ce site est inclus dans la base de données des sites de
grand intérêt biologique (SGIB 579) et est partiellement inclus au sein de la zone Natura 2000 ‘Vallée
de la Dendre et de la Marcq’ (BE32005).
Ce site naturel s’est développé au cœur d’un paysage relativement vallonné où s’observent de belles
alternances géologiques (affleurements ponctuels de sable gréseux d’âge Laekenien sur les
sommets, couverture des parties hautes boisées par des sables paniséliens accompagnés d’argilite et
de grés qui laissent ensuite place lorsqu’on descend les versants des collines à des niveaux argileux
datés de l’Yprésien puis à des niveaux sableux à sablo-argileux yprésiens riches en fossiles ; dépôts
alluviaux dans les fonds de vallées ou accumulations de colluvions en bas des pentes). De par
l’alternance géologique et le relief tourmenté, des sources et petits suintements y naissent ; ils
serpentent alors les versants des collines en direction des plaines alluviales pour finalement converger
vers le bassin hydrographique de l’Escaut à l’ouest et vers le bassin hydrographique de la Dendre à
l’est. Cette alternance de faciès géologiques et hydriques a permis le développement d’une belle
diversité de milieux forestiers :

Sur les sommets sablonneux, sont recensées des chênaies acidophiles à bouleaux
(association du Querco-Betuletum) et des hêtraies ou chênaies-hêtraies acidophiles
(association du Fago-Quercetum) avec une strate herbacée très parsemée au sein de
laquelle se rencontrent çà et là des buissons de houx (Ilex aquifolium) et de chèvrefeuille
(Lonicera perclymenum) ainsi que des plages de myrtilles (Vaccinium myrtillus) et de
bruyères communes (Calluna vulgaris). Les relevés mentionnent également la présence
d’une station de bruyère quaternée (Erica tetralix) et d’une station de polygala vulgaire
(Polygala vulgaris) en bordure du bois Lefèbvre ;

Les versants sont, pour partie, colonisés de taillis riches en châtaigniers (Castanea sativa) et
en merisiers (Prunus avium). Les zones de sources forment des suintements acides à
sphaignes (Sphagnum sp) et polytriques (Polytrichum sp) accompagnés de bourdaines
(Frangula alnus), de bouleaux pubescents (Betula pubescens), de lysimaques vulgaires
(Lysimachia vulgaris), de blechnums en épi (Blechnum spicant) et de prêles des bois
(Equisetum sylvatica). Progressivement vers le bas des versants, les faciès évoluent vers
des hêtraies neutroclines ou des chênaies-charmaies avec en guise de sous-bois, un
cortège floristique varié (notamment Hyacinthoides non-scripta, Polygonatum multiflorum,
Primula elatior, Circaea lutetiana, Lysimachia nummularia, Vinca minor, Oxalis acetosella,
Digitalis purpurea, Adoxa moschatellina, Stellaria holostea, Paris quadrifolia, Anemone
nemorosa, Viola reichenbachiana, Viola riviniana, etc.) ;

Une ancienne zone de sablière, jadis exploitée au nord du bois, a, au fil du temps, été
recolonisée par diverses espèces végétales intéressantes comme la verveine officinale
(Verbena officinalis), le mélampyre des prés (Melampyrum pratense) ou encore la petite
centaurée (Centaurium erythraea) ;

Finalement, dans les zones alluvionnaires, on retrouve des hêtraies riches en frênes
(Fraxinus excelsior) et des aulnaies avec leurs strates herbacées associées (notamment
Carex pendula, Carex sylvatica, Equisetum telmateia, Caltha palustris, Chrysosplenium
oppositifolium, Rumex sanguineus, Lysimachia nemorum, Cardamina amara, Veronica
montana, Nasturtium officinale, Alliaria petiolata, etc.).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
6
A côté de ces faciès forestiers, les relevés floristiques renseignent aussi de l’intérêt de la flore
messicole observée au sein des terres cultivées adjacentes aux zones boisées. De par leur caractère
acide, ces sols permettent ainsi le développement d’espèces intéressantes comme la centaurée
bleuet (Centaurea cyanus), le chrysanthème des moissons (Glebionis segetum), la ratoncule naine
(Myosurus minimus), le scléranthe annuel (Scleranthus annuus), la camomille puante (Anthemis
cotula) ou encore la spargoute des champs (Spergula arvensis).
Au cœur de cette belle diversité de milieux et d’habitats, les relevés d’experts relatent la présence
d’une belle diversité d’espèces à valeur patrimoniale et/ou intéressantes à l’échelle
régionale/nationale. Celles-ci sont synthétiquement reprises, à titre informatif, dans le Tableau 1.
Tableau 1 : Synthèse des relevés biologiques dressés pour le Bois Lefèbvre (Source : Fiche SGIB).
Type de relevés
Espèces recensées
Relevé floristique de J.-P.
Yernault (1973-1975-1976)
Hellébore vert (Helleborus viridis subsp. occidentalis), Miroir de Vénus (Legousia
speculum-veneris), Listère à feuilles ovales (Listeria ovata), Orchis tacheté
(Dactylorhiza maculata), Sanicle d'Europe (Sanicula europaea).
Relevé ornithologique de M.
Moncousin
Buse variable (Buteo buteo), Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), Chouette
hulotte (Strix aluco), Hibou moyen-duc (Asio otus), Pic vert (Picus viridis), Pic
épeiche (Dendrocopops major), Rossignol (Luscinia megarhyncos), Pouillot
siffleur (Phylloscopus sibilatrix), Sittelle torchepot (Sitta europaea), Loriot (Oriolus
oriolus) et Bouvreuil (Pyrrhula pyrrhula).
Relevé de l’herpétofaune de
M. de Wavrin
Les quatre espèces de tritons belges sont présentes à La Hamaide. La
salamandre terrestre (Salamandra salamandra) et l'orvet (Anguis fragilis) sont
certainement présents sur le site.
Relevé entomologique de M.
Bootsen (1973 ; au bois de
La Hamaide et en lisière de
bois)
Scaphidium quadrimaculatum, Hololepta plana, Staphylinus olens, Necrophorus
humator, Cetonia aurata, Uleiota planata, Nosodendron fasciculare, Platycis
minuta, Chilocorus renipustulatus, Endomychus coccineus, Hydrothassa aucta,
Carabus problematicus, Hygrobia tarda, Creophilus maxillosus, Oxyporus rufus,
Carabus granulatus.
Relevé des lépidoptères par
J.-P. Yernault (1975 ; au
bois de La Hamaide)
Thecla du bouleau (Thecla betulae), Thecla du chêne (Quercusia quercus), Petit
sylvain (Liminetis camilla), Robert-le-diable (Polygonia c-album) et Belle-dame
(Vanessa cardui).
Relevé mycologique par Dr
P. Meerts (1976)
Boletus elegans, Russula venosa, Russula rosea, Lactarius glycyosmus,
Lactarius rufus, Mycena epipterygia, Cortinarius paleaceus qui sont peu courants
dans la région; de Boletus fellens qui est rare dans la région et de Pluteus
pellitus, espèce rarissime et du plus haut intérêt.
Relevé
(ptéridophytes
spermatophytes)
Intéressant à l'échelle régionale : Blechnum spicant - Potentilla erecta - Carex
pendula - Cardamine amara - Hypericum humifusum - Vaccinium myrtillus - Paris
quadrifolia - Ilex aquifolium - Betula pubescens - Digitalis purpurea Chrysosplenium oppositifolium - Calluna vulgaris - Convallaria majalis.
Très intéressant à l'échelle régionale : Dactylorhiza maculata - Listera ovata Carex demissa - Erica tetralix (se trouve dans l'annexe B des plantes protégées) Equisetum sylvaticum - Helleborus viridis - Tamus communis - Polygala vulgaris Sanicula europea - Chrysantemum segetum - Scleranthus annuus - Viola
reichenbachiana - Maianthemum bifolium - Hypericum pulchrum - Centaurium
erythraea - Succisa pratensis - Melampyrum pratense.
Très intéressant à l'échelle nationale : Myosorus minimus - Anthemis cotula Legousia speculum-veneris - Osmunda regalis - Drosera rotundifolia
2.2.2
botanique
et
Description détaillée du ‘Bois d’Assômont’
A cheval sur les territoires communaux de Frasnes-lez-Anvaing et d’Ath, ce massif forestier s’étend
sur environ 55,85 hectares. Comme le montre sa cartographie présentée par l’Illustration 3 ; il est
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
7
attenant au bois à Choques (rencontré dans sa continuité nord-est). Au plan de secteur, ce site est
repris en zone forestière (Illustration 4).
Source : Site de la biodiversité en Wallonie (http://observatoire.biodiversite.wallonie.be/Sites/sgib/Cartesgif/569.gif)
Illustration 3 : Cartographie du SGIB ‘Bois d’Assômont’.
Cet ensemble boisé occupe, comme le bois Lefèbvre, un sommet de la chaîne des Collines dont les
versants offrent une succession géologique intéressante permettant la genèse et l’écoulement de
sources ainsi qu’une diversification des faciès forestiers en présence. Les sommets sableux sont
occupés par une chênaie-hêtraie acidophile (association du Fago-Quercetum) en mélange avec
certaines espèces secondaires (Betula pendula, Sorbus aucuparia) ou introduites (Prunus serotina,
Castanea sativa) et ornée d’un sous-bois (Pteridium aquilinum, Rubus sp., Lonicera periclymenum,
Teucrium scorodonia). En descendant le long des versants, une végétation plus neutrocline s’installe
avec un mélange d’hêtraie (habitat Corine 41.1322) et de chênaie-charmaie accompagnée ou non
d’un sous-bois de jacinthes des bois (Hyacinthoides non-scripta), d’une strate arbustive (Corylus
avellana, Acer pseudoplatanus, Fraxinus excelsior, Viburnum opulus, Crataegus monogyna,
Sambucus nigra) et d’une strate herbacée (Scrophularia nodosa, Lamium maculatum, Circaea
lutetiana, Polygonatum multiflorum). Dans les fonds de vallées et notamment, en bordure du rieu de la
Warloche, une aulnaie-frênaie (habitat Waleunis G1.211) forme un cordon rivulaire relativement bien
préservé avec une couverture herbacée bien caractéristique et riche en espèces (Carex sp., Arum
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
8
maculatum, Viola reichenbachiana, Polygonatum multiflorum, Circaea lutetiana, Chrysosplenium
oppositifolium, Lysimachia nummularia, Oxalis acetosella, Athyrium filix-femina).
De par les relevés opérés au sein de ce site, il apparaît que le site accueille l’avifaune forestière locale
de par sa continuité avec les autres massifs forestiers de la chaîne des Collines. Une observation
mentionne en outre la présence d’un couple d’éperviers (Accipiter nisus) au niveau du massif de
mélèzes surplombant la ‘Fosse Margot’. Les amphibiens de la région - tels que Rana temporaria,
Salamandra salamandra, Triturus alpestris, Triturus helveticus, Triturus vulgaris - doivent également y
trouver un lieu de vie propice tout comme l’orvet fragile (Anguis fragilis). Des relevés faunistiques
indiquent la présence du chevreuil (Capreolus capreolus), de l'hermine (Mustela erminea), de la
belette (Mustela nivalis), du putois (Putorius putorius), du lièvre (Lepus canensis) et du renard (Vulpes
vulpes).
2.3
Description de l’environnement adjacent aux sites d’intérêt biologique
De par leur situation au cœur de l’agro-région des bas-plateaux limoneux hennuyers et plus
particulièrement, au cœur des Collines du Hainaut, les sites du ‘Bois Lefèbvre’ et du ‘Bois d’Assômont’
s’inscrivent dans une aire paysagère typique rythmée par un relief assez vallonné. L’occupation du sol
y est dominée par les terres de cultures et les parcelles herbagères exploitées par l’agriculture. Cà et
là, ce paysage agricole relativement ouvert laisse la place à des massifs boisés, plus ou moins
étendus et ce, notamment le long des versants les plus accentués des collines ou au droit de sols
moins aptes à la culture. Dans les creux de vallées, se rencontrent de petits cours d’eau qui
serpentent au travers des étendues agricoles et les garnissent de fins cordons rivulaires (là où ceux-ci
ont été préservés dans le temps). L’habitat se retrouve dispersé au cœur de ce paysage ; il prend
ainsi la forme de constructions isolées (notamment des fermes), de petits hameaux ou de villages. En
marge de ce bâti, un réseau routier local a également été aménagé lequel traverse les éléments
paysagers en vue d’assurer les connexions locales et régionales nécessaires.
A l’image de ce paysage caractéristique du Pays des Collines, l’espace s’étirant entre le ‘Bois
Lefèbvre’ et le ‘Bois d’Assômont’ s’organise autour de plusieurs composantes : une composante
agricole, une composante forestière, une composante ‘eau de surface’ et une composante urbanisée.
La composante agricole offre une alternance de parcelles cultivées (céréales, betteraves, maïs,
pommes de terre, ray-grass ou cultures industrielles) et de prairies pâturées qui s’assemblent
selon un maillage relativement géométrique dont les lignes de force sont parfois rehaussées par la
présence d’éléments paysagers linéaires (haies, alignements d’arbres, talus, etc.). Au fil des
saisons et de l’évolution des cultures, ces espaces se colorent de belles palettes de teintes et
rythment nos perspectives paysagères. Au sein de notre périmètre d’étude comme à l’échelle
communale, cette composante revêt une importance particulière de par la superficie qu’elle occupe
et/ou qui lui est affectée. Par le biais de l’extrait du plan de secteur présenté par l’Illustration 4, on
perçoit aisément la vocation largement agricole des territoires concernés par la présente étude au
travers de la dominante de jaune affichée par ce plan - couleur dévolue aux zones agricoles. Cette
domination se reflète aussi dans les statistiques d’occupation des sols puisque les plans de
secteur des communes de Frasnes-lez-Anvaing, d’Ellezelles et d’Ath prévoient une affectation
agricole pour respectivement près de 82%, 83% et 77% de leurs territoires respectifs. Si, comme
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
9
ailleurs notre agriculture régionale a évolué vers des pratiques qualifiées de plus intensives dans
un souci de production alimentaire et de rentabilité, elle n’en a pas moins gardé une dimension
relativement humaine avec une majorité d’exploitations à taille familiale qui restent liées au sol*.
Cette particularité combinée aux faciès paysagers du Pays des Collines marque d’une manière
assez particulière notre territoire en y découpant des parcelles de taille modérée où s’appliquent
les rotations culturales et au sein desquelles sont encore préservés, çà et là, certains éléments
naturels intéressants pour la biodiversité comme les haies, les alignements d’arbres - et
notamment d’arbres têtards -, les cordons rivulaires arborés et arbustifs, les arbres isolés, les
anciens vergers hautes-tiges, les mares, etc. Au niveau de l’organisation spatiale, les prairies qui
couvrent environ un tiers des étendues agricoles, se retrouvent essentiellement dans les zones
plus humides de fond de vallées, sur les versants escarpés à forte pente ou en marge des
exploitations agricoles laissant ainsi aux cultures les autres espaces plus aptes aux travaux
mécaniques et plus aisément accessibles pour les engins agricoles (semis printaniers, récoltes
automnales). Dans cette gestion de leurs cultures, les agriculteurs locaux ont également adopté,
de manière progressive et grâce à l’appui de certaines réformes de la politique agricole commune,
le programme de mesures agri-environnementales - programme qui promeut pour rappel un
ensemble de « méthodes de production agricole compatibles avec les exigences de la protection
de l’environnement ainsi que l’entretien de l’espace naturel » (Règlement CEE n°2078/92). A
l’échelle des communes de Frasnes-lez-Anvaing, d’Ellezelles et d’Ath, les dernières statistiques
estiment qu’entre 30 à 40% des agriculteurs participent à ce programme (source : DGA-FIA MAE ;
2006) avec un attrait plus particulier pour la mesure visant la couverture hivernale des sols, pour
les mesures relatives aux tournières enherbées et pour les mesures destinées à la préservation
des éléments du réseau écologique et du paysage. Dans ce souci d’intégrer toujours plus
l’environnement au cœur des productions agricoles, notons également le choix opéré par quelques
agriculteurs d’une conversion vers l’agriculture biologique et/ou d’un engagement dans des filières
de diversification agricole. Ces choix restant marginaux, les étendues agricoles gérées dans ces
optiques plus extensives ne représentent dès lors encore qu’une très faible portion du territoire
agricole régional.
La composante forestière englobe des étendues, de tailles variables, parsemées çà et là au sein
des espaces agricoles ; elle occupe essentiellement les sommets des collines mais se retrouve
aussi sur des terrains soustraits à l’agriculture pour divers motifs (terrains trop humides, mauvaises
qualités agronomiques des sols, profils escarpés, etc.). Entre les bois Lefèbvre et d’Assômont, les
zones forestières se font relativement rares et tendent à se concentrer dans les environs de la
Warloche et de Longbonne. Cette situation est d’ailleurs assez bien visible au travers des
Illustrations 4 et 5. Aux abords de ces lieux-dits, on recense notamment un massif boisé de feuillus
couvrant environ 24 hectares dans le prolongement méridional du Bois Lefèbvre mais aussi de
plus petites étendues boisées (de quelques hectares à moins d’un hectare de superficie)
disséminées dans les paysages. En parcourant rapidement ces zones forestières, on y recense
une diversité de milieux et d’habitats d’intérêts variables comme notamment des peupleraies
plantées dans des fonds humides ou en terrains pentus, des petits bosquets de feuillus établis sur
de petits espaces escarpés ou encore quelques espaces boisés mixtes de feuillus et conifères
(notamment le long de la rue de Warloche).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
10
La composante ‘eau de surface’ fait ici référence aux nombreux ruisseaux (classés et repris ou non
à l’atlas des cours d’eau non navigables) serpentant notre campagne ainsi qu’aux quelques plans
d’eau encore persistants au sein de celle-ci. Comme expliqué précédemment, les collines sur
lesquelles s’étirent les Bois Lefèbvre et d’Assômont constituent une limite naturelle entre le sousbassin hydrographique de l’Escaut vers l’ouest et le sous-bassin hydrographique de la Dendre à
l’est. Dans la zone qui nous occupe plus particulièrement pour la présente étude, nous relevons à
l’ouest d’un axe reliant les Bois Lefèbvre et d’Assômont la présence de nombreux petits ruisseaux,
dont notamment :

le rieu de la petite Arbatte, le rieu Baptiste Bourlet, le rieu de Barbimfosse, le rieu du bois
de Buissenal qui s’écoulent le long des versants occidentaux des collines abritant le bois
Lefèbvre et le massif boisé de la Warloche pour se jeter dans le rieu de Pironche (cours
d’eau de seconde catégorie) ;

le rieu du fond Severin, le rieu Willocq, le rieu du Quesnoy et le rieu du Marais qui
ème
viennent chacun grossir la Warloche (cours d’eau de 3
catégorie) qui trouve sa source
dans le bois d’Assômont et qui s’écoule selon une orientation nord-ouest pour rejoindre le
rieu de Pironche ;

ainsi que nombre de petits cours d’eau non classé par l’atlas des cours d’eau non
navigables qui alimentent le sous-bassin hydrographique de l’Escaut.
En ce qui concerne les éléments du sous-bassin hydrographique de la Dendre, ceux-ci se
recensent à l’est de l’axe reliant les bois Lefèbvre et d’Assômont et il s’agit plus précisément de
3
cours d’eau non repris à l’atlas qui affluent vers Le Trimpont et le ruisseau de Rotteleur à savoir
ème
deux cours d’eau de 3
catégorie dont le cours s’étire vers l’est en direction de la Dendre.
En analysant plus en détails les données disponibles sur ces cours d’eau via les portails
cartographiques, plusieurs constats peuvent être dressés :

Prenant leur source, pour la plupart, au cœur de massifs boisés, ceux-ci présentent une
bonne qualité physico-chimique qui va progressivement s’altérer au fur et à mesure que
ces cours d’eau avancent dans les terrains anthropiques et reçoivent les eaux de leurs
affluents. Bien qu’aucune station de mesures de la qualité physico-chimique et/ou
biologique ne soit présente sur les petits rieux affluents du rieu de Pironche, Le Trimpont et
le rieu de Rotteleur, les indices de qualité annoncés pour les ruisseaux desquels ils sont
les affluents (notamment les indices de moyennes à très mauvaises émis pour la Rhôsnes)
ne sont guère rassurants ; ils tendent en effet plutôt à confirmer un enrichissement des
eaux de surface en diverses substances polluantes (notamment des substances azotées,
des nitrates, des matières organiques ou encore des matières phosphorées) au long de
son tracé ce qui constitue, par voie de conséquence directe, un frein à une bonne qualité
biologique.

La densité relativement importante des cours d’eau au sein de la zone d’étude ainsi que le
tracé suivi par ceux-ci forment une trame très intéressante en termes de maillage
écologique et ce, notamment vis-à-vis des espaces agricoles qu’ils sillonnent. En outre, en
observant plus attentivement les vues aériennes disponibles pour la zone d’étude, on peut
3
Au sud-est du Bois d’Assômont, on identifie également le ruisseau de ‘la Blanche’ et ses affluents. Ceux-ci ne
sont toutefois pas repris dans la présente étude car leur tracé s’écarte fortement de la zone d’intérêt concernée
par la présente.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
11
distinguer en marge des tracés de cours d’eau la présence de cordons de végétation qui
tendent à renseigner de la préservation, au moins partielle, d’une ripisylve le long du
réseau hydrographique local ;

Le lit mineur des cours d’eau observés dans la zone d’étude présente une emprise latérale
relativement limitée (de quelques mètres généralement) délimitée par des berges
naturelles assez abruptes et faiblement aménagées (présence de murets pour consolider
et stabiliser les berges au niveau d’ouvrages d’art, renforcement de bas de berges par des
palissades en bois maintenues par des pieux, etc.). L’absence de stations limnimétriques
dans la zone d’étude ne nous permet pas de donner d’informations précises quant aux
débits d’écoulements. Toutefois, par le biais de la carte des aléas d’inondation (Illustration
7) qui délimite des zones dans lesquelles des inondations sont susceptibles de se produire
par débordement « naturel » du cours d’eau, nous constatons que les terrains avoisinants
les lits mineurs des cours d’eau locaux peuvent être sujets à inondations et ce, avec une
valeur d’aléa d’inondation* faible exception faite à la confluence de la Warloche et du rieu
de Pironche où des valeurs d’aléa moyenne à élevée sont renseignées. Ces zones
sujettes à inondations plus ou moins fréquentes couvrent majoritairement des étendues
agricoles mais englobent également certains terrains bâtis et l’emprise d’infrastructures
publiques.
La dernière composante à présenter est celle directement liée à l’urbanisation du territoire pour nos
besoins de logements, de bien-être ou encore de communications. Avec des statistiques
communales estimant des densités de population de l’ordre de 100 à un peu plus de 200
habitants/km² et des densités d’infrastructures routières atteignant un peu plus de 3,0 ou 4,0
km/km², les territoires communaux de Frasnes-lez-Anvaing, d’Ellezelles et d’Ath présentent un
degré d’urbanisation relativement faible. L’habitat s’organise en villages et hameaux densément
bâtis en marge desquels s’élèvent quelques bâtisses isolées (principalement des exploitations
agricoles), l’ensemble étant connecté par un réseau routier de voiries essentiellement communales
(voire quelques routes régionales et autoroutes). Au sein de notre périmètre d’étude, on retrouve
chacun de ces éléments urbanisés avec :

Le village de Buissenal, quelques hameaux (notamment les hameaux des Papins, de
Pironche, de la Warloche, de Longbonne, du Grand-Vivier, d’Hurtebise, du Haut Breucq,
etc.), quelques cordons bâtis en bordure de voiries (notamment le long de la N529) et
quelques demeures isolées ;

Le réseau routier local comprenant la nationale N529 (voirie qui relie l’agglomération
tournaisienne et la commune de Lessines en passant par nombre de villages dont celui de
Frasnes-lez-Buissenal et en traversant le bois Lefèbvre) et de nombreuses voiries
communales desservant le village de Buissenal ainsi que les hameaux et habitations
isolées précités.
Bien que soumis à des modifications anthropiques et à l’urbanisation, ces espaces restent toutefois
verdoyants grâce aux jardins qui encadrent les habitations (majoritairement des habitations
unifamiliales à quatre façades avec terrain attenant) et aux espaces enherbés qui bordent les
voiries. Ces dernières ayant été aménagées au cœur d’un paysage vallonné, elles suivent et
s’insèrent dans ce relief en créant çà et là des talus qui s’élancent en contrebas ou en contrehaut
des assises routières. Au sujet de ces espaces urbanisés et de leurs abords, notons l’adhésion des
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
12
communes de Frasnes-lez-Anvaing, d’Ath et d’Ellezelles aux opérations ‘bords de route - fauchage
tardif’ et ‘combles et clochers’.
Nous reviendrons plus en détails sur les points d’intérêt de ces diverses composantes dans la suite du
présent et notamment, dans la section 3.2.2 consacrée à un état des lieux détaillé de la structure et de
la qualité du maillage écologique au sein du territoire visé par la présente étude. Toutefois, d’ici là et
afin de permettre au lecteur de déjà s’imprégner des spécificités paysagères de la zone d’étude, nous
lui proposons ci-après quelques prises de vue caractéristiques de l’espace situé entre les Bois
‘Lefèbvre’ et d’’Assômont’.
Vues des paysages bordant la lisière occidentale du bois Lefèbvre. Dans cet espace, on retrouve des étendues
agricoles cultivées et des prairies, accessibles via un petit chemin de terre. En marge et/au sein de ce parcellaire
serpente le ruisseau de Pironche encore garni d’une belle ripisylve.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
13
Vues du hameau de Pironche et de son environnement agricole et boisé.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
14
Vues des petits hameaux isolés le long des rues de Pironche et du Bas Pré (axe reliant les hameaux de Pironche
et de la Warloche).
Prises de vue de l’environnement agricole encadrant la rue Boctiaumutte.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
15
Prises de vue de l’environnement agricole encadrant la rue Grand Vivier.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
16
Prises de vue du canevas paysager encadrant le hameau de la Warloche
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Analyse, évaluation et propositions de restauration
17
Prises de vue de l’environnement bordant les rues Longbonne, Beausoir et Croisissart.
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Analyse, évaluation et propositions de restauration
18
Prises de vue du village de Buissenal et de ses abords paysagers
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
19
Prises de vue de l’environnement rencontré en périphérie septentrionale du bois d’Assômont (environnement
encadrant les rue Haut-Breucq et le chemin Placette).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
20
Bois Lefèbvre
Bois d’Assômont
Zones d’affectation :
Habitat
N
1 km
Habitat à caractère rural
Activité économique industrielle
Périmètres de protection :
Agricole
Intérêt culturel, historique ou esthétique
Forestière
Intérêt paysager
Espaces verts
Réservation
Naturelle
Parc
Eau
Limites administratives :
Secteurs d’aménagement (1978)
Source : WebGis DGATLPE.
Illustration 4 : Extrait du plan de secteur au droit de la zone d’étude.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
21
Bois Lefèbvre
Bois d’Assômont
N
Source : Google Earth.
Illustration 5 : Vue aérienne de la zone d’étude.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
22
Bois Lefèbvre
Bois d’Assômont
Catégorie des cours d’eau non navigables
Non classé
3
ème
catégorie
2
ème
catégorie
RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR
N
600 m
Source : Application Internet - Atlas CENN
Illustration 6 : Vue du réseau hydrographique sur fond d’orthophotoplan.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
23
Bois Lefèbvre
Bois d’Assômont
Valeurs de l’aléa d’inondation
Faible
RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR
N
600 m
Moyenne
Elevée
Source : CIGALE Internet
Illustration 7 : Carte des aléas d’inondation au droit de la zone d’étude.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
24
3
LE MAILLAGE ÉCOLOGIQUE - SON RÔLE, SES ATOUTS ET FAIBLESSES AU SEIN
DE LA ZONE D’ÉTUDE
Dans le prolongement de la section précédente qui s’est attachée à décrire succinctement
l’environnement naturel au sein duquel s’insère cette étude, la présente section va cibler plus
spécifiquement le maillage écologique y présent. Après avoir redéfini ce concept et en avoir rappelé
l’importance au sein de nos paysages, nous tenterons d’évaluer la place du maillage écologique au
sein de la zone d’étude et d’en dégager les atouts et faiblesses eu égard aux intérêts écologiques des
sites naturels des Bois Lefèbvre et d’Assômont - constats au départ desquels nous pourrons entrevoir
des pistes de restauration et d’amélioration possibles.
3.1
Concept de « maillage écologique »
En observant la nature qui nous entoure, nous constatons que la majorité des espèces ont besoin
d’habitats spécifiques et de ressources variées pour réaliser leur cycle de vie et/ou, tout simplement,
pour vivre au fil des jours et des saisons. Citons comme exemple, certains insectes comme certaines
espèces de sauterelles dont les larves se développent dans les sols et dont les individus adultes
vivent dans les couverts herbacés et buissonnants, les amphibiens qui ont une vie larvaire aquatique
et une vie adulte terrestre ou encore, les chauves-souris qui, outre leurs gîtes estivaux, apprécient les
zones bocagères pour chasser. Le maintien d’une biodiversité riche et intéressante passe donc
obligatoirement par la coexistence, au sein de notre environnement, d’habitats variés qui satisfont aux
multiples exigences spécifiques et qui constituent par définition le « réseau écologique ». Le réseau
écologique est donc à considérer comme un ensemble de milieux de vie où (co)habite(nt) une ou
nombre d’espèces ; il se décompose assez classiquement en trois types de zones : des zones
centrales, des zones de développement écologique et des zones de liaison.
Les zones centrales, aussi appelées zones de protection de la nature, sont des zones reconnues
comme étant d’intérêt biologique et dans lesquelles la conservation de la nature constitue une
priorité par rapport aux autres fonctions. Sont ainsi notamment considérés comme zones
centrales des sites faisant l’objet d’un classement comme réserve naturelle, site Natura 2000,
sites de grand intérêt biologique, zones humides d’intérêt biologique, etc.
A côté de ces zones centrales, on identifie des zones de développement écologique. Il s’agit de
zones au sein desquelles une valeur écologique et une capacité d’accueil peuvent être
maintenues parallèlement à une exploitation anthropique. C’est le cas par exemple, de forêts
gérées de manière raisonnable, des vergers hautes-tiges, des prairies naturelles, etc. Ces zones
de développement peuvent venir encercler certaines zones d’intérêt et faire ainsi office de zones
tampons.
Et puis finalement, on retrouve en guise de passerelles entre ces zones centrales et de
développement écologique, les zones de liaison qui reposent sur un ensemble d’éléments
naturels, ponctuels ou linéaires, permettant aux espèces de se déplacer d’un milieu à l’autre ou
de s’abriter temporairement. Parmi les zones de liaison, on retrouve des arbres isolés, des
alignements d’arbres, des haies, des bosquets, les berges de cours d’eau, les bords des routes,
des plans d’eau, etc. La trame formée par ces différents éléments forme ce qu’on appelle le
maillage écologique.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
25
Que ce soit par le biais de l’urbanisation croissante et/ou de l’intensification des pratiques agricoles et
sylvicoles, le réseau écologique a beaucoup souffert des activités anthropiques … les espaces
qualifiables de zones centrales se sont progressivement effacés de nos paysages pour ne plus en
occuper que de faibles pourcentages et les zones de liaison ont elles aussi été peu à peu gommées
pour ne plus former qu’une trame discontinue au travers des territoires. Cette érosion progressive des
éléments constitutifs du réseau écologique se reflète par le biais de quelques statistiques marquantes.
Ainsi, sur les quelques 10.000 mares recensées jadis au cœur de nos paysages wallons, beaucoup
d’entre elles ont disparu au fil des dernières décennies pour atteindre dans les années 1980 une
densité moyenne d’environ une mare par km² - densité qui s’est depuis lors encore amoindrie. Cette
diminution est également constatée pour les vergers hautes-tiges qui ne s’étendent aujourd’hui plus
que sur quelques centaines d’hectares alors qu’il y a 60 ans, ils en couvraient plus de 20.000 à
l’échelle de la Wallonie. Outre ces quelques statistiques, la consultation d’anciennes cartographies
permet aussi de bien percevoir l’appauvrissement du réseau écologique et, plus particulièrement, du
maillage écologique. Pour notre zone d’étude, un coup d’œil, même rapide à la carte de Ferraris
(Illustration 8), permet de bien cerner l’évolution qu’a subie cette portion de territoire au cours des
ème
derniers siècles. Au travers de cette cartographie ancienne datant de la fin du XVIII
siècle, force est
de constater que notre territoire d’étude était nettement plus garni en éléments paysagers naturels et
qu’une plus grande connectivité unissait ceux-ci. Ainsi, si on analyse cette carte un peu plus en
détails, on remarque prioritairement que les zones boisées dominaient plus largement l’espace ;
celles-ci s’étiraient tout au long des sommets des collines de sorte qu’à cette époque les bois Lefèbvre
(jadis nommé bois d’Oedenghien et bois de La Hamaide) et d’Assômont (orthographié bois
d’Assaumont) étaient en connexion via un massif boisé de hautes futaies (massif englobant
notamment le bois de Buissenal) dont il subsiste encore aujourd’hui quelques reliques au niveau du
hameau de la Warloche. En périphérie de ces zones boisées, les étendues agricoles se révélaient
parcourues de haies qui formaient entre elles un quadrillage assez dense délimitant à l’époque aussi
bien les prairies que les terres de cultures. Ces haies se prolongeaient également largement en
bordure des voiries, tout en laissant la place, çà et là aux abords de portions de voiries plus linéaires,
à des alignements d’arbres conférant à ces endroits des allures de drèves (par exemple, au hameau
de Pironche). Les haies étaient aussi fortement utilisées pour délimiter les propriétés bâties ; elles
cloisonnaient ainsi les parcelles privées qui se composaient, de manière quasiment généralisée, d’une
habitation bordée d’un jardin orné d’arbres ou de vergers. Cette ancienne cartographie met aussi bien
en évidence l’occupation des fonds de vallée par des prairies et l’encadrement des ruisseaux par des
alignements d’arbres. Un dernier élément souligné par la consultation de cette carte de Ferraris est la
présence de quelques sentiers qui traversaient les parcelles agricoles offrant ainsi des accès aux
terres de cultures et/ou à des propriétés plus isolées. Tous ces éléments agencés au cœur de nos
paysages constituaient à l’époque un réseau écologique assez complet au sein duquel pouvaient
s’identifier des zones centrales relativement vastes occupant des espaces peu accessibles ou
difficilement exploitables, des zones de développement écologique couvrant les espaces exploités de
manière extensive à l’époque et un maillage écologique dense répondant à certains besoins
particuliers (haies servant de clôtures pour les prairies et de protection vis-à-vis des cultures, mares
assurant l’abreuvement du bétail, production fruitière pour de l’artisanat local, etc.). En parallèle à la
ème
révolution industrielle qui a amorcé, courant du XIX
siècle, de profondes mutations au cœur de
notre société (passage vers une société commerciale et industrielle, mécanisation et intensification
des pratiques agricoles, urbanisation et besoins en infrastructures croissants), ce réseau écologique
s’est progressivement égratigné - et, avec lui, la biodiversité qu’il accueillait. A la lumière de ce passé,
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
26
des besoins sociétaux et des objectifs environnementaux actuels et futurs, nous allons tenter, dans la
section suivante, de dresser un état des lieux de la situation écologique actuelle dans notre zone
d’étude en ciblant plus spécifiquement le maillage écologique.
N
1.000 m
Source : WalOnMap
Illustration 8 : Extrait de la carte de Ferraris (1777) pour la zone d’étude.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
27
3.2
Evaluation du maillage écologique existant entre les bois Lefèbvre et d’Assômont
Comme défini ci-avant, le maillage écologique repose sur une combinaison cohérente de milieux
offrant aux espèces locales des lieux de vie, des zones de refuge temporaire, des garde-mangers ou
encore, des corridors de transit et de déplacement. De par les exigences propres à chaque espèce,
pour être intéressant et fonctionnel, un maillage écologique doit englober une diversité de milieux qui
s’accorde aux multiples préférences spécifiques. Pour dresser un état des lieux du maillage
écologique existant entre les bois Lefèbvre et d’Assômont, nous allons tout d’abord essayer de
dégager les rôles et/ou objectifs auxquels il devrait satisfaire eu égard à la biodiversité locale
observée et/ou attendue au droit et aux abords de ces deux sites d’intérêt reconnu. Avec cette
réflexion en toile de fond, nous tenterons ensuite de cibler les éléments de la trame paysagère à
considérer comme éléments constitutifs du maillage écologique. Pour chacun de ces éléments, nous
veillerons à en pointer les atouts et les faiblesses de manière à dégager des pistes de réflexion pour le
chapitre suivant consacré aux propositions d’amélioration et de restauration du maillage écologique
actuel.
3.2.1
Un maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont … pourquoi et
pour qui ?
En référence aux descriptions présentées aux sections 2.2.1 et 2.2.2, les deux sites étudiés des bois
Lefèbvre et d’Assômont révèlent des faciès d’habitats assez similaires qui se sont développés au gré
de la topographie et de la géologie locales. Ces étendues forestières alternent ainsi, des sommets des
collines vers les fonds de vallées, entre des chênaies-hêtraies acidophiles (en mélange), des hêtraies
neutroclines ou des chênaies-charmaies et des forêts alluviales dominées par le frêne et l’aulne. De
par cette palette d’habitats boisés, ces sites apparaissent particulièrement accueillants pour l’avifaune
locale comme le démontrent des relevés d’experts (notamment de Monsieur Moncousin) qui attestent
de l’observation d’une belle diversité d’espèces (notamment la buse variable, le faucon crécerelle et
l’épervier d’Europe pour l’ordre des Accipitriformes ; la chouette hulotte et l’hibou moyen-duc pour
l’ordre des Strigiformes ; les pics verts et épeiches chez les piciformes et nombre de passeriformes
comme le rossignol, le pouillot siffleur, la sitelle torchepot, le loriot et le bouvreuil, etc.). Outre cet
accueil de l’avifaune, ces sites regorgent également d’autres intérêts vis-à-vis notamment de
l’herpétofaune (mention des quatre espèces de tritons belges, de la salamandre terrestre et de l’orvet
fragile), de l’entomofaune (observations intéressantes au niveau des lépidoptères, des xylophages,
des insectes nécrophages et de coléoptères) et de mammifères. De plus, les relevés botaniques
effectués par des experts renseignent également, et ce plus particulièrement pour les terres de culture
bordant le bois Lefèbvre, de la présence d’une flore messicole particulièrement intéressante.
A la lumière de cette biodiversité abritée au cœur des bois Lefèbvre et d’Assômont revêtant ainsi le
statut de zones centrales (au moins pour les portions les plus intéressantes et préservées de leur
superficie), il apparaît que le maillage écologique devra satisfaire aux exigences de ces espèces,
localement observées et/ou espérées au regard des habitats présents, afin de constituer un trait
d’union favorable aux brassages génétiques des populations entre ces deux sites et, éventuellement,
de permettre à ces populations existantes de s’étendre et de recoloniser de nouveaux espaces.
Toutefois, comme évoqué précédemment, les exigences d’une espèce sont parfois bien éloignées de
celles d’autres espèces en raison des divergences de régimes alimentaires, de modes de vie, de
moyens de locomotion, de techniques de chasse qui existent au sein du règne animal. De par ces
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
28
divergences de besoins, un maillage écologique ne peut prétendre intégrer la totalité des exigences
spécifiques requises par la biodiversité locale mais il peut, par contre, être évalué et réfléchi eu égard
notamment aux exigences de certaines espèces qualifiées d’ « espèces-parapluie ». Ce concept d’
« espèces-parapluie » vise des espèces dont les besoins écologiques et/ou les espaces vitaux
recoupent ceux de nombreuses autres espèces ; dans ce contexte, la mise en œuvre de mesures
visant à préserver et/ou renforcer les effectifs de ces populations d’espèces-parapluie aura des
répercussions positives sur un plus large éventail d’espèces y associées. En complément à ces
espèces dites parapluie, d’autres espèces peuvent aussi servir de références car elles nous
renseignent sur l’état général d’un milieu et/ou sur un aspect particulier de l’environnement.
Au niveau de notre zone d’étude, les intérêts écologiques des sites combinés à des informations
puisées dans des littératures scientifiques nous invitent à étudier le maillage écologique sous l’œil des
quelques espèces et groupes d’espèces suivantes :

le martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) - Reconnaissable à sa silhouette caractéristique
(corps court et trapu surmonté d’un tête se prolongeant par un long bec) et à son plumage
éclatant (reflets bleus métalliques et orangées), ce petit oiseau constitue un bon indicateur de
la qualité de nos cours et plans d’eau, de par sa sensibilité vis-à-vis de la qualité physicochimique et écologique de l’eau et vis-à-vis de l’état des berges et de la ripisylve ;

le triton crêté (Triturus cristatus) - Cette espèce est la plus grande des quatre espèces
observables en Région wallonne et également la plus exigeante dans son choix d’habitats ce
qui fait d’elle un excellent indicateur de la qualité du réseau d’eaux de surface stagnantes au
sein des plaines agricoles ouvertes et de la structure paysagère de celles-ci ;

les chauves-souris ou chiroptères - Strictement protégées par nos législations en matière de
conservation de la nature et considérées, pour certaines, comme espèces de référence pour
la désignation des sites Natura 2000, nos chauves-souris ont un cycle de vie qui les invite à
parcourir une diversité d’habitats bien spécifiques (gîtes d’été, sites de swarming, gîtes
d’hibernation, terrains de chasse, etc.) et à en faire de bons indicateurs de la biodiversité
locale ;

les papillons et les insectes pollinisateurs (avec l’abeille, en qualité d’espèce-parapluie) - De
par leurs liens, parfois très spécifiques, avec la flore locale, les groupes des papillons et des
insectes pollinisateurs se trouvent directement amoindris par des interventions induisant une
banalisation du cortège floristique présent au cœur de nos paysages ; ils sont donc de
judicieux reflets de la richesse botanique ;

l’avifaune de nos champs - Avec comme groupes parapluie d’une part, la perdrix grise (et
espèces nicheuses associées) et d’autre part, les passereaux hivernants - Avec des effectifs
en nette diminution, l’avifaune, et plus particulièrement les oiseaux nichant au sol, paient un
lourd tribu par rapport aux pratiques agricoles plus intensives et leurs populations constituent
un bon indicateur de qualité des habitats en zone agricole ;

les rapaces, diurnes et nocturnes - De par leur situation en sommet de chaine alimentaire, les
rapaces constituent de bons évaluateurs de la biodiversité constituant leur régime alimentaire
(notamment les petits rongeurs, les petits oiseaux voire les reptiles, les batraciens et les
insectes) et permettant donc leur installation au droit d’un territoire.
Avec en toile de fond les exigences propres à chacune de nos espèces ou groupe d’espèces de
référence, nous allons analyser plus en détails la trame paysagère enclavée entre les bois Lefèbvre et
d’Assômont afin de pouvoir identifier au cœur de celle-ci les éléments susceptibles de répondre à
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
29
certains besoins de nos espèces-cibles et d’en opérer une succincte évaluation qualitative et
quantitative.
3.2.2
Etat des lieux de la structure et de la qualité du maillage écologique entre les bois
Lefèbvre et d’Assômont
En parcourant l’espace confiné entre les bois Lefèbvre et d’Assômont à la recherche de lieux
susceptibles d’offrir à la biodiversité locale une zone de quiétude, un abri et/ou des ressources
alimentaires, nous pouvons identifier certains éléments d’intérêt - à savoir les cours d’eau et plans
d’eau, les espaces arborés et/ou arbustifs prenant la forme de haies, d’alignements d’arbres, de
bosquets ou plus simplement d’arbres isolés, les accotements et bords de voirie, les zones agricoles
gérées extensivement ou encore les espaces verts publics et les jardins privés. Tantôt linéaires, tantôt
ponctuels, ces éléments apparaissent ancrés au cœur d’un environnement plus large revêtant une
destination précise (usage agricole, espace urbanisé ou domaine forestier) - environnement qu’il
conviendra également d’intégrer à notre réflexion puisqu’il recèle les autres composantes du réseau
écologique (zone centrale et zone de développement).
Prenons le temps de présenter succinctement ces éléments identifiés comme constitutifs de l’actuel
maillage écologique entre les bois Lefèbvre et d’Assômont.
3.2.2.1 Les cours d’eau et les plans d’eau
A la lumière de la description présentée en section 2.3, nous avons pu observer le déploiement assez
intéressant du réseau hydrographique au sein de notre zone d’étude. Sise à cheval sur les sousbassins hydrographiques de l’Escaut (à l’ouest) et de la Dendre (à l’est), notre zone d’étude est ainsi
bien couverte par une diversité de cours d’eau allant des non-classés à ceux non navigable de
seconde catégorie. En observant plus spécifiquement cette trame hydrographique (Illustrations 6 et 7),
notre regard décèle très rapidement le trait d’union formé, entre le bois Lefèbvre et le bois
4
d’Assômont, par le réseau hydrographique côté sous-bassin de l’Escaut . Dans cette portion de
territoire, on recense en effet le rieu de Pironche qui occupe le fond de vallée creusé en bas des
versants occidentaux occupés par le bois Lefèbvre. Ce ruisseau de seconde catégorie présente une
connexion avec le bois Lefèbvre par le biais de quelques affluents (notamment le rieu du bois de la
Hamaide, les rieux des petite et grande Arbette et le rieu Baptiste Bourlet et d’autres ruisseaux non
classés). En s’écoulant vers le sud-ouest, il reçoit alors les eaux d’autres petits affluents comme les
ruisseaux du Paradis des Chevaux, de Barbimfosse et du bois de Buissenal dont certains prennent
leurs sources dans le massif boisé s’érigeant sur les collines surplombant les quartiers de Warloche et
de Longbonne. Dans son parcours aval, il est ensuite rejoint par la Warloche dont les sources - et
celles de certains de ses affluents (notamment le rieu Willocq, le rieu du fond Severin et le rieu du
Marais) jaillissent au cœur du bois d’Assômont et de massifs boisés y voisins. Couvrant une petite
dizaine de kilomètres, ces éléments du réseau hydrographique forment une trame écologique
intéressante, de type plutôt linéaire qui, par sa couverture et son agencement, assure des liaisons
4
Au niveau du réseau hydrographique local appartenant au sous-bassin hydrographique de la Dendre,
l’agencement et l’orientation des cours d’eau locaux ne permettent pas un tel trait d’union entre les deux sites à
l’étude. De par ce fait, notre analyse se concentrera sur le réseau hydrographique local inclus dans le sousbassin de l’Escaut.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
30
entre les bois Lefèbvre et d’Assômont mais aussi vis-à-vis d’autres massifs boisés. Cet intérêt est
d’autant plus important que, dans sa portion la plus septentrionale, ce réseau hydrographique vient
border ou traverser des zones reconnues comme étant des zones centrales du réseau écologique.
Par le biais de nos visites de terrain, les diverses facettes de cette trame hydrographique ont pu être
observées et évaluées. Ainsi, en se promenant le long du ruisseau de Pironche dans sa portion
amont, on découvre un petit ruisseau au tracé sinueux encadré par des étendues cultivées et
prairiales, avec un lit mineur s’écoulant dans un chenal relativement étroit et encaissé (en moyenne un
à deux mètres de large sur un à deux mètres de profondeur) délimité par des berges assez abruptes.
Sur ces berges, s’observe une ripisylve, relativement dense, composée d’une strate arbustive et/ou
herbacée accompagnée(s) d’une strate arborée plus éparse. Au niveau de la strate arbustive, on
retrouve des espèces assez caractéristiques des bords de cours d’eau comme l’aulne glutineux (Alnus
glutinosa) et le frêne (Fraxinus excelsior) qui dominent le couvert et s’associent avec les saules (Salix
sp.), le peuplier tremble (Populus tremula), l’orme (Ulmus sp.), le cornouiller (Cornus sp.) et le sureau
noir (Sambucus nigra) ; certains individus présentent une forme de têtards. La strate herbacée
couvrant les berges est elle principalement envahie par des espèces à tendance nitrophile comme les
orties, les ronces ou diverses espèces de poacées. Au sein de cette strate herbacée relativement
banale, émergent assez sporadiquement quelques espèces plus spécifiques des milieux humides
comme la reine des prés (Filipendula ulmaria) et quelques touffes de joncs (Juncus sp). Ce cordon
rivulaire alliant des étages arbustif et herbacé est çà et là rehaussé de quelques individus isolés
(Populus sp et Fraxinus excelsior) ou d’un alignement d’arbres (notamment un alignement de chênes
rouges d’Amérique sur sa rive gauche juste en amont de sa traversée de la N529) formant l’étage
arboré. En s’écoulant vers le sud-ouest, le ruisseau de Pironche conserve un aspect assez similaire
avec toutefois quelques nuances se marquant essentiellement au niveau de la structure de la ripisylve
qui se simplifie dans la traversée du hameau de Pironche. Ainsi, en marge des zones urbanisées
(propriétés privées et voiries), la ripisylve apparaît moins étagée ; elle s’y limite à une strate herbacée
banale ou à un embroussaillement de ronces au-dessus desquels s’observent quelques jeunes
individus d’aulnes glutineux. Passé cette zone urbanisée, le ruisseau reprend son cheminement au
cœur des zones agricoles et se retrouve à nouveau orné d’une belle ripisylve au faciès assez similaire
à celui décrit précédemment (strates arborée et arbustive associant aulnes, frênes, peupliers, etc. et
accompagnées d’une strate herbacée). Cette ripisylve forme un cordon végétal quasiment continu et
ce, au moins jusqu’au point de confluence avec la Warloche. En ce qui concerne les affluents du
ruisseau de Pironche, on retrouve un cortège spécifique assez similaire mais organisé en une
structure plus simplifiée et discontinue, exception faite pour les affluents situés plus en amont en
marge du bois Lefèbvre (notamment le rieu du bois de la Hamaide et le rieu de la Grande Arbette). En
effet, en suivant le tracé de ces petits rieux qui cheminent au sein de zones cultivées et/ou prairiales,
on observe une alternance de sillons encadrés d’une ripisylve étagée (alignements d’arbres têtards ou
cordon arbustif et arboré en mélange surmontant une couverture herbacée) et de portions dénudées
de strates arborées et arbustives. En termes de profils, ces ruisseaux présentent un encaissement
moins marqué et une emprise latérale plus étroite. En partant à la découverte du ruisseau de la
Warloche - qui trouve sa source au sein du bois d’Assômont -, on retrouve un faciès assez similaire à
celui décrit pour le ruisseau de Pironche. Ainsi, le ruisseau de la Warloche s’écoule en direction du
nord-ouest en creusant un chenal étroit et profond de quelques mètres. Délimité par des berges
relativement pentues, le lit de la Warloche est garni d’une végétation arbustive et arborée quasiment
continue où les espèces suivantes ont pu être identifiées : l’aulne glutineux (Alnus glutinosa), le frêne
(Fraxinus excelsior), les saules (Salix sp.), l’aubépine (Crataegus sp.), les peupliers (Populus sp), etc.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
31
Ces strates arbustives et arborées sont accompagnées d’un couvert herbacé alliant essentiellement
des espèces nitrophiles et des poacées. Pour ce qui est maintenant des quelques affluents du
ruisseau de la Warloche, les observations mettent en évidence une plus nette altération de la ripisylve
exception faite dans certaines portions situées au niveau des sources de ces ruisseaux (sections les
plus en amont). Cette altération se marque au travers de bandes rivulaires à la végétation très
clairsemée se limitant à quelques arbres isolés ou à un couvert herbacé banalisé ; elle est nettement
observable pour les rieux Willocq, du Marais et du Quesnoy.
Outre cette altération localisée de la ripisylve, un autre constat assez négatif a aussi été révélé lors de
nos expertises de terrain : celui de la raréfaction et de la disparition des annexes fluviales - et ce,
notamment en raison d’une occupation plus intensive des zones bordant nos cours d’eau (mise en
culture de prairies, drainage de zones humides, etc.). Par annexes fluviales, nous voulons ici évoquer
les milieux en relation avec le cours d’eau par le biais de connexions souterraines ou surfaciques ; il
s’agit par exemple de bras morts, de prairies inondables, de zones marécageuses et/ou de plans
d’eau. L’observation des abords de cours d’eau n’a permis de pointer que peu de zones humides
intéressantes dans l’espace occupé par le lit majeur. Ce dernier est en effet largement dominé par des
prairies au couvert indicateur d’une gestion plutôt intensive et par des terres cultivées. Au sein de ces
espaces - et même plus largement au sein de la zone d’étude -, les plans d’eau se font très très rares
et, si existants, leur intérêt écologique semble limité (berges abruptes, faible végétation, pièces d’eau
artificielle privées, etc.).
De par les observations faites in situ, nous avons pu remarquer que la ripisylve présente le long des
cours d’eau est visitée par nombre de petits passereaux (notamment des mésanges charbonnières et
bleues, des pinsons des arbres, etc.) mais aussi par des corvidés (principalement la corneille noire
(Corvus corone)) et une buse variable (Buteo buteo). Cette dernière a ainsi été observée lors d’une
visite opérée début novembre. Survolant la lisière occidentale du bois Lefèbvre, elle a ensuite été
aperçue se posant dans la ripisylve bordant la rue Boctiaumutte, pour échapper aux attaques
groupées de corneilles.
Au niveau des berges et de leurs éventuelles stabilisations, les aménagements restent très localisés
que ce soit au niveau du ruisseau de Pironche, de la Warloche ou de leurs affluents respectifs. Au fil
de leur tracé, les berges conservent majoritairement leur aspect naturel ; elles n’ont été aménagées et
artificialisées que de manière ponctuelle afin de protéger de l’érosion une propriété privée ou une
infrastructure publique. Selon les enjeux locaux, les aménagements prennent la forme de structures
maçonnées (notamment au niveau des ponts surplombant les voiries) ou font appel à des techniques
dites plus douces (par exemple, des palissades en bois comme celles rencontrées au hameau de
Pironche).
Du point de vue de la qualité des eaux s’écoulant au cœur de notre zone d’étude, nos constats restent
assez sommaires car strictement liés aux observations visuelles. Ainsi, en remontant à hauteur des
sources du ruisseau de Pironche, nous pouvons y observer que le lit est occupé par un filet d’eau
claire mais qu’au fur et à mesure de sa progression au sein des espaces agricoles et de sa rencontre
avec des rejets d’eau ponctuels, ce filet d’eau s’altère et se charge en sédiments. Cet enrichissement
en sédiments a surtout pu être observé lors d’une visite menée après d’intenses précipitations. Cette
dégradation progressive de la qualité physico-chimique a d’ailleurs été précédemment évoquée par
les indices de qualité moyens à très mauvais attribués à la Rhosnes (cours d’eau qui reçoit entre autre
les eaux du ruisseau de Pironche et de la Warloche).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
32
Au regard des informations et des observations faites en parcourant les cours d’eau jalonnant la zone
d’étude, nous percevons très aisément toute l’importance du réseau hydrographique au sein des
paysages expertisés et nous lui attribuons assez logiquement un rôle clé au sein du maillage
écologique. Ce rôle découle tout naturellement de son emprise et de son organisation spatiale qui
permettent une couverture intéressante de la zone étudiée et qui offrent de beaux couloirs de liaison
vis-à-vis des sites des bois Lefèbvre et d’Assômont. Un autre atout sous-jacent du réseau
hydrographique réside dans le canevas réglementaire adopté vis-à-vis de cet élément indispensable à
la vie qu’est l’eau et, plus précisément, dans l’échéancier imposé au niveau européen qui impose que
toutes les eaux européennes (en ce compris les eaux intérieures de surface, les eaux souterraines,
les eaux de transition et les eaux côtières) aient retrouvé un « bon état » écologique et chimique d’ici à
2015 (article 4 de la directive européenne 200/60/CE établissant un cadre pour une politique
communautaire dans le domaine de l’eau). La restauration du maillage écologique entre ces deux
sites doit donc obligatoirement prendre en considération cette composante ‘réseau hydrographique’ et
les actions proposées pourront s’appuyer sur un cadre et un calendrier législatif précis.
A côté de ces atouts assignés au réseau hydrographique, il est aussi important de souligner toute la
complexité se cachant derrière la gestion des cours d’eau :

Tout d’abord, une complexité liée à une hiérarchie établie de gestionnaires. En effet, la législation
désigne par catégorie de cours d’eau un gestionnaire - à savoir le particulier pour les cours non
ème
classés, la Commune pour les cours d’eau de 3
catégorie, la Province pour les cours d’eau de
ème
2
catégorie et la Région (plus précisément la direction des cours d’eau non navigables) pour
ère
les cours d’eau de 1 catégorie. Etant donné la coexistence au droit de la zone d’étude de cours
d’eau non classé, de 3
ème
ème
et 2
catégories, une gestion optimale du réseau hydrographique
nécessiterait une concertation entre les différents gestionnaires privés et publics (Commune et
Province) ;

Ensuite, une complexité relative aux diverses problématiques liées aux cours d’eau - et,
notamment les problématiques d’inondations et d’érosion. Gérer un cours d’eau implique
obligatoirement une balance entre les enjeux environnementaux et les enjeux
humains/sécuritaires/économiques ;

Et finalement, une complexité induite par le regard actuel porté par la société sur le réseau
hydrographique. L’évolution de notre société et de nos pratiques a profondément façonné la
structure de notre réseau hydrographique (rectification du cours, stabilisation artificielle des
berges, etc.) et avec elle, la vision que nous en avons. Aujourd’hui, nos cours d’eau sont
essentiellement perçus comme des exutoires pour nos rejets d’eaux (eaux usées domestiques ou
autres, eaux de ruissellement liées à l’imperméabilisation croissante des territoires ou eaux
d’exhaure des réseaux de drains) et ont en oublie trop souvent que nos cours d’eau sont aussi et
surtout un milieu de vie animé d’une dynamique temporelle et spatiale. « Renaturer » nos cours
d’eau ne pourra se faire que si nous acceptons de redonner de la liberté à nos cours d’eau
(liberté de se déplacer et d’évoluer dans le temps et l’espace).
Pour clore cette présentation des atouts et faiblesses du réseau hydrographique et permettre au
lecteur de visualiser au mieux toutes les facettes de cette composante centrale du maillage
écologique, nous lui proposons ci-après un reportage photographique relatant les principales
observations faites lors de nos visites de terrain.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
33
Prise de vue du cours d’eau non classé en aval du rieu
de Pironche.
Prise de vue des zones centrales bordant le rieu de
Pironche (en arrière plan).
Prise de vue d’un alignement d’arbres têtards bordant
le rieu de Pironche, juste en amont du pont
surplombant la N529.
Prise de vue d’un aménagement de stabilisation de
berges (mur maçonné en renfort du pont surplombant
la N529).
Prise de vue de la ripisylve bordant le rieu de Pironche
à hauteur du hameau de Pironche ; on y distingue une
clôture empêchant l’accès du bétail au cours d’eau.
Prise de vue du rieu de Pironche lors de sa traversée
du hameau de Pironche.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
34
Prise de vue d’un alignement de saules et de charmes
taillés en têtards, en bordure du rieu du Paradis des
Chevaux.
Prise de vue d’un aménagement stabilisateur des
berges le long de la rue Pironche.
Prise de vue de la ripisylve bordant le rieu Pironche
dans son tronçon en aval du hameau Pironche.
Prise de vue du rieu de Pironche à hauteur de la rue
Boctiaumutte ; ici encadré d’une tournière enherbée.
Prise de vue du ruisseau de la Warloche à sa sortie du
bois d’Assômont.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
35
Prise de vue du rieu de la Warloche depuis la rue Outre
l’Eau en direction de son tronçon amont.
Prise de vue du rieu de la Warloche depuis la rue
Outre l’Eau en direction de son tronçon aval.
Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la
Warloche à hauteur de la rue Warloche (côté amont).
Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la
Warloche à hauteur de la rue Warloche (côté aval).
Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la
Warloche à hauteur de la rue du Grand Vivier (côté
amont).
Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la
Warloche à hauteur de la rue du Grand Vivier (côté
aval).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
36
Prise de vue du rieu du fond Severin en aval d’une
voirie annexe à la rue Warloche.
Prise de vue de la ripisylve à hauteur de la source du
rieu du fond Severin.
Prise de vue du rieu du Marais en aval du village de
Buissenal.
Prise de vue du rieu du Marais à hauteur de la rue
Mont Camus.
3.2.2.2 Les espaces arborés et/ou arbustifs (haies, alignements d’arbres, vergers, bosquets ou arbres
isolés)
En marge des corridors arborés et arbustifs bordant nos cours d’eau, la zone d’étude est çà et là
garnie d’éléments naturels arborés et/ou arbustifs qui s’intègrent, de manière ponctuelle ou linéaire, à
la trame du maillage écologique. Il s’agit plus précisément des arbres isolés, des haies ou alignements
d’arbres ou encore de bosquets. En termes de répartitions, ces éléments paysagers se retrouvent
majoritairement au sein et en marge des étendues prairiales ainsi que dans des zones au relief
accidenté ou dans les jardins privés. Ailleurs, dans les espaces cultivés, ces éléments sont quasiment
voire inexistants. Cette répartition spatiale reflète assez bien l’évolution subie par nos paysages
agricoles. Jadis, implantés pour délimiter le parcellaire et protéger les cultures des dents du bétail
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
37
et/ou pour valoriser certains terrains au faciès ou à la pédologique moins apte à la culture, les haies et
alignements d’arbres (et dans une moindre mesure les bosquets) ont progressivement été éliminés au
profit des clôtures électriques et en vue de faciliter les travaux des champs. Sans oublier également
les campagnes d’arrachage subventionnées dans le cadre de la Politique agricole commune qui ont
jadis effacé de nos paysages plusieurs milliers de kilomètres de haies.
Lors de nos tours d’horizons de la zone englobée entre les bois Lefèbvre et d’Assômont, nous avons
pu observer chacun de ces éléments et nous allons donc ci-après détailler les résultats de ces
observations de terrain.
Les arbres isolés sont assez peu nombreux au sein de la zone d’étude ; ils sont en effet le plus
souvent regroupés à plusieurs - tantôt de manière linéaire pour constituer un alignement, tantôt de
manière disparate sans arrangement précis. Parmi les essences observées, on recense des espèces
de saules (Salix sp.), du charme commun (Carpinus betulus), du chêne pédonculé (Quercus robur),
du tilleul (Tilia sp.) et du merisier (Prunus avium). Le plus souvent, ces individus ont une allure
particulière dite d’arbre-têtard. Cette allure résulte d’une taille d’entretien spéciale consistant à élaguer
tous les 3 à 8 ans les branches à un même niveau chez un individu capable de rejeter de sorte qu’il se
crée un bouquet de rejets en hauteur. D’un point de vue écologique, un arbre peut représenter à lui
seul un lieu foisonnant de vie depuis ces racines jusqu’à sa cime. Ainsi, les anfractuosités se formant
au pied d’un arbre, entre les racines, sont autant de petites loges accessibles pour les batraciens
(crapauds et grenouilles) ou les hérissons tandis que le houppier offre un lieu de nidification pour
nombre d’oiseaux. Coupé en têtard, l’arbre recèle un intérêt supplémentaire résidant surtout dans les
cavités qui se forment suite aux coupes successives. En effet, les cicatrices générées par les coupes
vont, par le biais d’infiltration d’eau et par l’action de champignons et d’insectes décomposeurs du
bois, altérer et creuser le bois ce qui va progressivement induire la formation de cavités. Ces cavités
seront propices pour de nombreux oiseaux cavernicoles (chouette chevêche, mésanges, sitelles
torchepot, etc.), pour des chiroptères voire certains mammifères. Ce processus de décomposition va
également induire la formation d’un terreau qui va permettre à certaines espèces végétales de
s’installer dans le houppier de l’arbre et qui servira d’habitat de substitution pour certaines espèces
forestières d’insectes.
En ce qui concerne les haies et alignements d’arbres hors ripisylve, ceux-ci s’observent encore
sporadiquement en quelques endroits de la zone agricole et plus spécifiquement, en bordure de
prairies ou au niveau de talus sillonnant des terres cultivées. Au sein de ces espaces agricoles, les
haies et alignements d’arbres sont implantés suivant un ou plusieurs rangs ce qui leur confère une
allure plus touffue. Soumise à un entretien moins régulier, les haies ont aussi un caractère plus libre et
s’ornent assez généralement d’un petit ourlet herbacé en son pied. En termes de diversité floristique,
les haies agricoles associent quasiment systématiquement plusieurs espèces parmi lesquelles on
retrouve l’aubépine (Crataegus sp), les saules (Salix sp), le frêne (Fraxinus excelsior), le prunelier
(Prunus spinosa), etc. tandis que la présence d’un ourlet herbacé vient compléter cette diversité
ligneuse avec une nette domination des espèces de la famille des poacées. Au sein de certaines
haies, à la diversité d’espèces ligneuses est associée une diversité de tailles ce qui permet ainsi
d’alterner des individus buissonnants avec des hautes tiges et/ou des arbres-têtards. Outre cette
présence au sein des étendues agricoles, les haies sont également présentes en marge des espaces
urbanisés puisqu’elles sont assez souvent utilisées par les particuliers pour délimiter et clôturer leurs
propriétés. A ce niveau, les haies implantées présentent un faciès assez simplifié, résultat d’un choix
limité d’essences et d’un entretien régulier. En effet, en guise de clôture, les particuliers optent
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
38
majoritairement pour une haie basse taillée monospécifique ; il s’agit plus précisément d’une haie dont
le développement tant en largeur qu’en hauteur est contrôlé par des tailles régulières (en moyenne
une ou deux coupes par an ou par deux ans) et qui se compose généralement d’une seule et même
espèce. Parmi les espèces usitées dans la zone d’étude, on citera le hêtre, le charme, le lauriercerise, le buis, l’if, les conifères, etc. Contrairement aux haies rencontrées en milieu agricole, le pied
des haies bordant les propriétés privées est souvent dénué de végétation herbacée (désherbage
mécanique, pose d’un géotextile, etc.).
Jadis plantés au cœur de nos campagnes pour alimenter les siroperies locales, les vergers hautestiges se sont progressivement effacés de nos paysages ruraux au profit des vergers de basses-tiges
qui sont plus faciles à entretenir et à récolter. Ce constat s’observe aussi au travers de notre zone
d’étude avec seulement quelques vergers ou reliques encore observables le long des rues du Bas
Pré, Grand-Vivier, Haut Breucq et Warloche. Bien que leur utilité originelle ait disparu, ces biotopes
n’en restent pas moins un lieu particulièrement de par l’association qu’il offre entre l’arbre fruitier et la
prairie pâturée. Ces milieux recèlent ainsi de multiples intérêts pour certaines espèces d’oiseaux qui
utilisent les cavités des vieux arbres pour nicher (cas de la sitelle torchepot, du pic épeiche,
mésanges, etc.) ou qui y trouve un excellent garde-manger (grimpereau des bois, pic vert, etc.).
Finalement, passons au dernier élément arboré/arbustif rencontré au cœur de notre zone d’étude, à
savoir le bosquet. Par définition, un bosquet est un petit bois. Si on exclut de cette section les
bosquets implantés en zone rivulaire, force est de constater que les bosquets se font rares au sein de
la zone d’étude. On en retrouve toutefois encore quelques-uns en bordure occidentale du massif boisé
surplombant les hameaux de la Warloche et de Longbonne. Ces espaces, couvrant quelques dizaines
d’ares, accueillent une végétation diversifiée et étagée. Les strates arborées et arbustives allient un
mélange d’espèces ligneuses comme les saules (dont des hybrides avec le saule marsault - Salix
caprea), les érables sycomore (Acer pseudoplatanus), les frênes (Fraxinus excelsior), les ormes
(Ulmus sp), le chêne pédonculé (Quercus robur), le merisier (Prunus avium) tandis qu’en sous-bois,
s’observe une strate buissonnante et herbacée dominée selon les endroits par des ronces (Rubus sp),
du lierre (Hedera helix), du lierre terrestre (Glechoma hederacea), de l’égopode podagraire
(Aegopodium podagraria), des plantains lancéolé et majeur (Plantago lanceolata, Plantago major),
etc. Assez similairement aux éléments présentés ci-avant, les bosquets constituent un lieu propice
pour nombre d’espèces de mammifères, d’oiseaux, d’insectes et autres.
Pris chacun isolément, les éléments arborés/arbustifs exposés dans cette section ne constituent de
prime abord qu’une trame discontinue à faible emprise spatiale. Cependant, de par leurs intérêts
conjoints et/ou complémentaires, l’agencement et la combinaison de ces éléments ponctuels et
linéaires prend un sens non négligeable vis-à-vis du maillage écologique local. Une préservation de
ces éléments arborés/arbustifs existants avec, si possible, une amélioration de cette trame ligneuse
sont des actions à entreprendre dans le cadre de la restauration du maillage écologique dans la zone
d’étude. Cependant, aborder ce point nécessitera aussi de garder à l’esprit les raisons qui ont induit
l’élimination progressive de ces éléments paysagers de manière à envisager des aménagements qui
s’accordent avec les pratiques sociétales actuelles (tant au niveau du secteur agricole qu’au niveau
des particuliers) et de manière aussi à pointer d’autres intérêts à ces éléments que ceux qui jadis
avaient amené à leur implantation.
Au travers des quelques prises de vue sous-jacentes, le lecteur pourra visualiser la diversité des
éléments arborés et arbustifs rencontrés au fil de nos visites de terrain.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
39
Prise de vue d’un verger implanté le long de la rue
Grand-Vivier.
Prise de vue d’un alignement de saules têtards et de
quelques arbres dépérissants en bordure de la rue
Grand-Vivier.
Prise de vue d’une haie d’aubépine bordant une prairie
établie en marge du massif boisé surplombant la
Warloche, le long de rue Longbonne.
Prise de vue d’une zone arborée au fond de la voie
sans issue menant au numéro 50 de la rue Pironche
(association de quelques chênes isolés, de haies
mixtes encadrant une prairie et d’un bosquet de
feuillus).
Prise de vue d’un verger d’arbres hautes-tiges bordant
la rue du Bas Pré.
Prise de vue d’un massif de feuillus sur les hauteurs
os
bordant la rue Warloche (axe desservant les n 21 à
25).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
40
Prise de vue de bouquets d’aubépine bordant une
os
prairie de la rue Warloche (axe desservant les n 21 à
25).
Prise de vue de petites cavités se formant à la base du
houppier d’un tilleul implanté à la Placette.
Prise de vue d’un petit verger le long de la rue HautBreucq.
Prise de vue d’un terrain arboré bordant la Warloche.
Prise de vue d’une haie d’if bordant une habitation de la
rue Outre l’Eau.
Prise de vue d’une haie de conifères (monospécifique)
encadrant une propriété privée.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
41
Prise de vue des cavités se formant au niveau du
bourlet d’un saule têtard s’élevant le long de la rue de
la Warloche.
Prise de vue d’un bosquet s’élevant sur le talus à
l’angle des rues de la Warloche et du Grand-Vivier.
Prise de vue d’un arbre isolé au cœur d’une prairie
bordant la rue de la Warloche.
Prise de vue de la ripisylve encadrant le rieu de la
Warloche à hauteur de la rue Warloche (côté aval).
Prise de vue de quelques beaux saules têtards visibles
depuis la rue du Grand-Vivier.
Prise de vue d’un arbre mort dans une prairie de la rue
Warlcohe
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
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Prise de vue de l’entrée du massif boisé surplombant
la Warloche et Longbonne (dans le prolongement de la
rue Boctiaumutte).
Prise de vue d’un merisier isolé dans une prairie de la
rue Grand-Vivier.
Prise de vue d’un verger dans le hameau Pironche.
Prise de vue d’une haie arbustive et d’un massif boisé
bordant la rue du Bas Pré.
3.2.2.3 Les accotements et bords de voiries
En traversant nos territoires et donc notre zone d’étude, les voiries locales induisent une
fragmentation de nos paysages et des milieux qui les composent. S’étirant sur plusieurs dizaines de
kilomètres et s’organisant en un réseau continu, les voies de circulation - et plus particulièrement leurs
abords enherbés - représentent un potentiel écologique particulièrement intéressant en matière de
connectivité et de liaison. Nombre d’études menées en Région wallonne ont permis de montrer que
nos bords de route abritent 735 espèces végétales différentes parmi lesquelles un certain nombre
d’espèces actuellement menacées. A ce cortège floristique s’associe bien évidemment d’autres
formes de biodiversité puisque les couverts herbacés peuvent ainsi constituer une zone d’accueil pour
des insectes, des oiseaux, des mammifères ou encore certains reptiles. Toutefois, soumis à diverses
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
43
altérations liées à la proximité de voiries (pollutions hydrocarbonées, épandages de sel en hiver, etc.)
et d’autres types de milieux (zones agricoles, espaces urbanisés, etc.), l’intérêt des bords et
accotements de voiries se trouve particulièrement renforcé par l’adoption d’une gestion extensive de
ceux-ci. Cette gestion extensive est notamment permise par l’opération de « fauchage tardif des bords
de route » - opération dans laquelle s’est engagée la commune de Frasnes-lez-Anvaing.
En parcourant les voies de communication qui jalonnent notre zone expertisée, nous pouvons
identifier plusieurs types de voiries locales allant de la route nationale aux sentiers et chemins
agricoles en passant par les voiries communales. Pour les voiries nationales et communales, l’intérêt
est exclusivement confiné en bordure de voiries. Selon les endroits, les abords de ces voiries se
composent d’une bande enherbée, plus ou moins large, dominée par les graminées à laquelle
s’adjoint un cours d’eau et qui, en terrain accidenté, s’élève ou s’abaisse pour former un talus. Ce type
de profils encaissés et/ou surélevés a notamment été observé dans le Hameau de Pironche et en
bordure de la rue Warloche. Au niveau des sentiers et chemins agricoles, l’assise terreuse et le
cheminement moins dense offrent à la flore plus de possibilités de se développer (zones centrales et
accotements). En marge de ces voiries et sentiers, le cortège floristique associe des graminées (Poa
annua, Dactylis glomerata, etc.) avec des espèces d’ombellifères ou apiacées (Daucus carota,
Heracleum sphondylium, Anthriscus sylvestris, Apium nodiflorum), de plantains (Plantago lanceolata,
Plantago major), d’Asteracées (Artemisia vulgaris, Cirsium oleraceum, Leucanthemum vulgare,
Eupatorium cannabinum, Lapsana communis, Galinsoga sp., Sonchus asper), des Polygonacées
(Rumex sp, Polygonum persicaria, etc.) des Rosacées (Filipendula ulmaria, Geum urbanum, etc.) ou
également Galium aparine, Symphytum officinale, Capsella bursa-pastoris, Campanula sp,,
Equisetum telmateia et bien d’autres encore. Quelques observations entomologiques ont également
pu être faites (présence de syrphes et de Scathophaga stercoraria sur l’ombelle d’une berce) bien que
la période d’observation ne soit pas optimale.
Nos observations automnales ont en outre permis de mettre en évidence une strate mycologique avec
la présence d’une lépiote et d’un groupe d’agarics jaunissants sur le talus bordant la rue Warloche et
servant de point de départ au sentier ‘Eul Vouye Daniel’.
Comme évoqué ci-avant, les accotements et bords de voiries peuvent être considérés comme de
véritables corridors écologiques pour la biodiversité locale et doivent de ce fait être intégrés à la
réflexion sur le maillage écologique. A côté des atouts qu’ils représentent en termes de couverture
territoriale et de capacité d’accueil floristique et faunistique, la gestion de ces milieux doit être
judicieusement réfléchie pour ne pas aller à l’encontre de la sécurité des usagers et doit aussi
impliquer les divers acteurs locaux (gestionnaires de voiries, propriétaires des parcelles attenantes
aux voiries et usagers).
En parcourant les quelques prises de vue ci-après proposées, le lecteur pourra assez clairement
percevoir les intérêts et les potentialités offerts par ces milieux jouxtant nos voies de communication
locales.
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Prise de vue d’une portion de la rue Longbonne
(portion pavée avec accotements talutés).
Prise de vue d’un des axes formant la rue Pironche
(axe sans issue desservant le n°48 de la rue).
Prise de vue d’une portion pavée et encaissée de la
rue du Bas Pré.
Prise de vue des accotements bordant la rue Warloche
os
(axe desservant les n 21 à 25).
Prise de vue d’un accotement surmonté d’un talus le
long de la rue Mont Camu (non loin du carrefour de
celle-ci avec la rue du Mouiin).
Prise de vue d’un talus bordant la rue Haut-Breucq.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
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45
Prise de vue d’un talus bordant la rue Haut-Breucq.
Prise de vue d’un petit chemin de terrain partant du
Chemin Placette vers des terres agricoles.
Prise de vue d’un talus arboré bordant la rue Warloche
(à hauteur du sentier ‘Eul Vouye Daniel).
Prise de vue des accotements à la rue Warloche (axe
os
desservant les n 21 à 25 ; côté chemin Placette).
Prise de vue d’un talus le long de la rue Warloche.
Prise de vue d’un talus le long de la rue Warloche.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
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Prise de vue d’une grande marguerite aperçue le long
os
de la rue Warloche (axe desservant les n 21 à 25).
Prise de vue d’un talus embroussaillé bordant la rue
os
Warloche (axe desservant les n 21 à 25).
Prise de vue des accotements enherbés dans le
hameau Warloche.
Prise de vue d’un accotement bordant la rue du Moulin
(avec une renoncule acre).
Prise de vue du sentier dans le prolongement oriental
de la rue Boctiaumutte.
Prise de vue d’une lampsane commune au bord du
sentier dans le prolongement oriental de la rue
Boctiaumutte).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
47
Prise de vue des accotements de la rue Pironche (au
sud du hameau de Pironche)
Prise de vue d’une ombelle de Berce commune sur
laquelle sont posés un syrphe et des mouches à
merde.
Prise de vue d’Agarics jaunissants observés dans le
petit talus boisé à l’angle des rues Warloche et GrandVivier.
Prise de vue d’une Lépiote observée dans le petit talus
boisé à l’angle des rues Warloche et Grand-Vivier.
3.2.2.4 Les zones agricoles gérées extensivement
Tant à l’échelle communale qu’à l’échelle de la zone expertisée, la composante qui domine les
paysages est celle occupée par l’agriculture. Si par le passé l’agriculture a agrémenté nos paysages
et les a rendus propices à l’installation d’une belle biodiversité, les besoins croissants de notre
population et la révolution industrielle l’ont poussée à adopter des pratiques plus intensives qui ont
profondément marqué nos paysages et les espèces qu’ils abritent. Conscient de cette réalité, le
secteur agricole tente aujourd’hui de répondre à un nouveau défi … celui d’assurer la conservation et
la restauration de nos paysages et d’enrayer l’actuel déclin généralisé de la biodiversité.
En se promenant au travers des zones agricoles, nous pouvons observer certains aménagements qui
reflètent assez bien ce nouveau rôle de gestionnaire des paysages endossé par nos agriculteurs.
Hormis les haies, bandes boisées, vergers, arbres/arbustes/buissons isolés et mares déjà évoqués
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
48
dans les sections précédentes, on distingue en marge des terres de cultures et prairies intensives des
espaces qui semblent soumis à une gestion plus extensive. Au sein de notre zone d’expertise,
plusieurs types d’espaces agricoles en gestion extensive ont pu ainsi être observés :

des bandes enherbées placées en bordure de cours d’eau et servant ainsi de zones tampons
entre la terre de culture et le cours d’eau ;

des bandes de parcelles aménagées avec un mélange grainier favorable à la faune (ici, dans
la zone, un mélange à base de tournesol et phacélie) ;

et des couverts hivernaux de sol (ici, principalement rencontré le couvert de moutarde et de
phacélie).
Pour être précis, il important ici de rappeler que ce type d’aménagements, assez couramment
rencontré au cœur de nos plaines agricoles, découle initialement d’un outil proposé aux agriculteurs
dans le cadre des réformes des politiques agricoles européennes - à savoir le programme agrienvironnemental. D’une manière assez synthétique, ce programme peut être défini comme un
ensemble de dix mesures, réparties en sept mesures de base et trois mesures dites ciblées, visant
divers objectifs comme le maintien et l’amélioration de la biodiversité, l’amélioration de la qualité
paysagère, la réduction des pollutions d’origine agricole, la conservation des sols, l’extensification des
productions agricoles ou encore la sauvegarde des potentiels génétiques en voie de disparition. Ces
mesures, applicables par les agriculteurs sur base d’un engagement volontaire sur 5 ans, sont régies
par des cahiers de charge reprenant les modalités de gestion, les conditions d’accès et les modalités
du subventionnement y liées.
Dans le cadre des aménagements précités, une rapide lecture des cahiers de charge nous informe
des quelques modalités suivantes :

Les bandes herbeuses extensives - et ici, plus spécifiquement les tournières enherbés en
bordure de culture telles que celles observées en différents endroits de notre zone
d’expertise (notamment en bordure du ruisseau de Pironche dans sa partie amont et le long
de la rue Boctiaumutte) - doivent répondre à des exigences minimales de taille (12 mètres
minimum de large sur 200 mètres de long - éventuellement subdivisés en tronçons de
minimum 20 mètres) et être ensemencées d’un mélange diversifié composé de graminées
(entre 50 et 85 % en poids du mélange), de légumineuses (entre 15 et 40 % en poids du
mélange) ainsi que d’au minimum trois autres espèces (à concurrence chacune d’au moins
5% du mélange et d’éventuelles autres dicotylées (en pourcentage spécifique limité à 5% du
mélange) - et ce, en référence à un listing établi d’espèces. En ce qui concerne leur gestion,
les tournières ne peuvent recevoir aucun fertilisant (tant chimique qu’organique) et aucun
traitement phytosanitaire (exception des traitements localisés avec des herbicides
spécifiques contre les orties, les chardons et les rumex) ; elles ne peuvent être pâturées et
leur fauche est règlementée dans le temps (autorisation de fauche entre le 15 juillet et le 15
septembre avec exportation des produits de fauche) et dans l’espace (maintien d’une bande
refuge d’au minium 2 mètres de largeur).

Les bandes de parcelles aménagées font elles partie des mesures ciblées qui requièrent
avant leur implantation un avis conforme remis par les services compétents sur base d’un
rapport technique rédigé par un conseiller. Ici au sein de la zone expertisée, ces bandes ont
été rencontrées sur deux parcelles agricoles bordant la rue Pironche ; la présence d’un
couvert associant le tournesol et la phacélie attire ainsi le regard et se démarque des autres
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
49
types de cultures traditionnelles. Ces bandes sont soumises à des exigences surfaciques
similaires aux tournières enherbées mais qui peuvent sur avis motivé du conseiller être
modelées en respectant toutefois une proportionnelle. Le mélange grainier est défini par le
conseiller sur base des enjeux et des spécificités agricoles et environnementales. Comme
pour les tournières, exception faite d’éventuels traitements herbicides localisés, les bandes
aménagées sont exemptes de toute fertilisation, de tout amendement et de tout traitement
phytosanitaire ;

Les couvertures hivernales de sol consistent dans la zone d’étude à implanter durant la
période hivernale d’interculture un couvert végétal ne contenant pas de légumineuses
(majoritairement la moutarde, seule ou en mélange, et la phacélie dans notre région). Dans
la pratique, l’implantation du couvert doit avoir lieu avant le 15 septembre et il doit ensuite
er
être maintenu jusqu’au 1 janvier. Uns fois implanté ce couvert ne recevra aucune
fertilisation minérale azotée et ne fera l’objet d’aucun pâturage.
Un reportage photographique de ces différents types d’aménagements est ci-après présenté.
Prise de vue d’une tournière enherbée bordant le rieu
de Pironche à hauteur de la rue Boctiaumutte.
Prise de vue d’une bande aménagée de tournesol et
phacélie bordant la rue Longbonne.
Prise de vue d’un couvert hivernal de moutarde bordant
os
la rue Warloche (axe desservant les n 21 à 25).
Prise de vue d’un couvert hivernal de moutarde et
d’avoine bordant le Chemin Placette.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
50
Prise de vue d’un couvert hivernal de moutarde et
d’avoine bordant le Chemin Placette et établi en
périphérie orientale du bois d’Assômont
Prise de vue d’un couvert de phacélie bordant la rue
Outre L’eau.
Prise de vue d’un couvert hivernal de moutarde bordant la rue du Bas-Pré.
De par les modalités de gestion imposées dans le cadre de ces aménagements spécifiques, ces
derniers permettent d’intercaler au cœur et/ou en marge de zones cultivées ou pâturées intensivement
des espaces d’accueil et de refuge pour la faune (et dans une moindre mesure pour la flore) locale
tout en associant une maîtrise d’autres problématiques agricoles (notamment en matière de pollution
agricole des eaux souterraines et surfaciques par les engrais et traitements phytosanitaires). Au fil de
son existence, le programme agri-environnemental s’est progressivement intégré aux mentalités de
sorte qu’aujourd’hui, près de 50% des exploitations sont engagées dans au moins une des mesures
de ce programme. Bien accepté par le monde agricole qui reçoit une aide financière en guise de
compensation pour les efforts consentis dans le cadre de l’application de ces mesures, ce programme
d’action a été un excellent outil de sensibilisation du monde agricole et a permis d’intégrer une
certaine dimension environnementale au cœur de leurs pratiques culturales. Malgré ces atouts, ce
système est aujourd’hui victime de son succès croissant auprès du monde agricole qui a épuisé les
enveloppes budgétaires disponibles. L’année 2013 a ainsi vu un gel des nouveaux engagements (à
quelques exceptions près) et une grande inconnue demeure quant aux prochains budgets qui seront
alloués aux mesures agri-environnementales (MAE) dans le cadre du PDR 2014-2020 et quant à
d’éventuels bouleversements législatifs qui viendraient refondre complètement le programme MAE.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
51
C’est donc avec cette perspective incertaine quant à l’avenir des MAE que la place de ces
aménagements au sein de notre maillage écologique devra être analysée.
3.2.2.5 Les jardins privés
A côté des éléments paysagers ci-avant présentés, l’analyse de notre zone d’étude nous permet de
recenser d’autres éléments de type ponctuel qui, bien que de taille individuelle modeste, forment entre
eux un réseau intéressant qui vient judicieusement compléter le maillage écologique ; il s’agit des
jardins privés.
De par leur position au sein de zones plus densément urbanisées ou de par leur enclavement entre
des éléments constitutifs du réseau écologique, il apparaît important de rendre ces lieux accueillants
vis-à-vis de la biodiversité et/ou de les gérer de manière à permettre une connectivité des milieux
d’intérêt adjacents. Touchant à la propriété privée, les jardins sont gérés de manière très personnelle
en fonction des sensibilités et des dispositions humaines. Deux tendances extrêmes peuvent ainsi
être observées lorsqu’on se promène au sein des hameaux et villages de notre zone d’étude :

D’un côté, les jardins classiques avec un agencement ordonné des espaces et des
aménagements simplifiés, et soumis à un entretien assez régulier (tonte régulière des
pelouses, tailles annuelles des haies, désherbages des allées, etc.) ;

Et de l’autre côté, les jardins dits naturels à l’allure plus désordonnée offrant une multitude
d’habitats favorables à l’installation d’une diversité floristique et faunistique.
Il est clair que dans l’optique d’une restauration et d’un renforcement du maillage écologique, ce sont
les jardins « nature admise » qui devront être privilégiés. A ce niveau, des campagnes de
sensibilisation voient doucement le jour pour faire évoluer les mentalités et pour démontrer tous les
intérêts que peut procurer un jardin vis-à-vis de la biodiversité. Au cœur de la zone d’étude, ces
campagnes ne semblent recevoir qu’un faible écho. En effet, ce sont assez globalement les jardins
classiques qui dominent les abords de maisons. Quelques jardins plus naturels ont toutefois pu être
observés autour de propriétés implantées notamment le long de la rue Pironche (n° 48). Ces quelques
observations sont synthétisées au travers du reportage photographique ci-après présenté.
Bien qu’étant des biens privés, les jardins sont aussi avant tout de petites portions de territoire qui
doivent, au même titre que les espaces agricoles, les forêts ou les abords d’infrastructures, s’inscrire
dans la démarche communautaire de restauration de la biodiversité et qui doivent par ce biais intégrer
notre réflexion consacrée au maillage écologique entre les bois Lefèbvre et d’Assômont.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
52
Prise de vue d’une haie de hêtre bordant une habitation
de la rue Haut-Breucq.
Prise de vue d’un jardin encadré d’une haie de buis le
long de la rue Haut-Breucq.
Prise de vue d’un petit verger établi en marge d’une
habitation de la rue Warloche.
Prise de vue d’une haie de conifères bordant la rue
os
Warloche (axe desservant les n 21 à 25).
Prise de vue d’un jardin plus naturel observé à la rue Pironche (n°48).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
53
4
ET
PROPOSITIONS
D’AMÉLIORATION
ET
DE
RENFORCEMENT DU MAILLAGE ÉCOLOGIQUE RELIANT LES BOIS LEFÈBVRE ET
D’ASSÔMONT
RECOMMANDATIONS
Au gré des sections précédentes, nous avons appris à appréhender l’environnement s’intercalant
entre les bois Lefèbvre et d’Assômont et avons pu cibler les quelques éléments qui méritent une
attention particulière dans l’optique d’une amélioration et d’un renforcement du maillage écologique
entre ces deux sites d’intérêt reconnu. Armés de ce bagage de connaissances, nous pouvons
envisager de définir des pistes d’intervention visant à rétablir une connectivité intéressante et durable
entre les bois Lefèbvre et d’Assômont.
Entamer une telle réflexion soulève d’emblée des questionnements quant à l’applicabilité des
propositions et quant à leur acceptabilité vis-à-vis des enjeux sociaux et/ou économiques qui
gouvernent actuellement la plupart des décisions tant publiques que privées. Très rapidement, la
démarche s’avère complexe et sa mise en application nécessitera une approche progressive,
coopérative et transparente :
L’approche devra être progressive en référence à l’expression disant « Petit-à-petit, l’oiseau fait
son nid ». Comme déjà évoqué précédemment, notre société et nos activités anthropiques se sont,
au fil des révolutions et des évolutions, orientées vers des pratiques et des techniques permettant
d’atteindre des objectifs de rentabilité économique et/ou de satisfaction personnelle. Or, la
restauration d’un maillage écologique implique obligatoirement de combiner à ses objectifs un
enjeu de type écologique lequel n’est pas toujours sans risques vis-à-vis des niveaux de
productivité et/ou vis-à-vis de ses convictions personnelles. La mission de restauration du maillage
écologique devra donc s’accorder du temps : du temps pour appréhender de nouvelles techniques
et adopter de nouvelles pratiques ; du temps pour s’approprier les connaissances et du temps pour
échanger et réformer certaines idées ancrées dans les mentalités.
A cette approche progressive viendra s’annexer un impératif de concertation et de collaboration
entre les différents acteurs concernés par la démarche. Visant un intérêt public, le travail de
restauration du maillage écologique ne peut reposer sur les efforts de quelques personnes et/ou
cibler certaines fractions de la population. Le territoire expertisé est à envisager comme un puzzle
dont les pièces sont détenues par chacune des personnes qui habitent, exploitent, gèrent et/ou
fréquentent la zone. Au travers de cette image, on perçoit toute l’importance d’instaurer d’emblée
une étroite et fructueuse collaboration entre chacun. Au-delà des populations locales, il importera
aussi de regrouper autour de ce projet un ensemble d’acteurs qui pourront faire part de leurs
compétences et de leurs retours d’expérience en la matière.
Finalement, il conviendra de mener les actions en toute transparence et dans un souci étroit de
communication. Dans ce type de projet, la communication semble un moteur clé de réussite. Celleci doit avant tout permettre de transmettre aux participants les résultats découlant des efforts
consentis et de mettre en lumière ces engagements pris vis-à-vis d’un intérêt public /
communautaire ce qui, à terme, peut inciter d’autres acteurs à prendre part au projet.
Conscient de la complexité de la mission, le présent travail ne cherche pas à révolutionner les
mentalités et/ou n’a pas pour vocation d’imposer une série d’aménagements précis. L’objectif visé ici
sera plutôt de dégager des lignes directrices pour conduire au mieux ce projet de restauration du
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
54
maillage et d’émettre une série de recommandations et de propositions découlant des observations de
terrain.
Dans cette logique, le présent chapitre se subdivisera en trois sections : la première s’attachera à
proposer une méthodologie de travail et d’intervention, la seconde visera elle à lister les
recommandations et propositions qui, au vu des observations de terrain et des recherches
bibliographiques, devraient permettre une conservation et une restauration du maillage écologique
tandis que la troisième section se concentrera elle sur quelques propositions plus concrètes.
4.1
Etablissement d’une méthodologie de travail
Comme nous venons de l’exposer, la démarche de restauration du maillage écologique entre les bois
Lefèbvre et d’Assômont nécessitera d’adopter une méthodologie de travail adaptée à la complexité de
la tâche et à la pluralité des intervenants.
Une zone, telle que celle étudiée par la présente, couvre une superficie non négligeable au sein de
laquelle on retrouve du domaine public mais aussi et surtout des terrains privés - urbanisés et/ou
exploités par le secteur tertiaire ou d’autres secteurs économiques. Bien qu’un idéal pousserait à viser
une approche globale et étendue à l’ensemble de la zone, la raison recommanderait elle une première
approche plus tempérée et ciblée qui permettrait des retours d’expériences pour une application future
à plus large échelle et qui stimulerait ainsi les coopérations/engagements futurs.
Une démarche constructive reposerait avant tout sur la création d’un groupe de travail associant un
panel diversifié de compétences et de « niveaux d’actions » lequel permettra d’assurer des suivis de
mission, de prodiguer des conseils, de communiquer à un plus large public ou encore d’appuyer
légalement les interventions. Ce groupe de travail peut se constituer de personnes déjà engagées
dans le PCDN (notamment les membres du groupe ‘Maillage écologique’) auxquelles s’ajouteraient
d’autres acteurs intéressés par la démarche qui viendraient en appui scientifique, en relais vis-à-vis de
certains interlocuteurs locaux, etc. Pour initier la démarche, il conviendra sur base des idées et
propositions de chacun d’établir une hiérarchie d’interventions sur base des budgets disponibles et du
temps alloué. Une fois cette hiérarchie établie, un point crucial sera l’établissement des contacts ou le
transfert des idées vers les personnes directement concernées par la mise en œuvre des
interventions - l’idéal étant de pouvoir constituer un réseau cohérent de personnes prêtes à s’investir
personnellement et pratiquement dans l’application des propositions d’intervention. Dans la continuité
de cet engagement, il sera alors essentiel d’envisager l’exécution de suivis de terrain (relevés
botaniques, observations ornithologiques et entomologiques, relevés des traces ou indices
faunistiques, etc.) de manière à pouvoir s’assurer de l’efficacité des mesures engagées et de leur
adéquation par rapport aux objectifs espérés. Ces suivis seront en outre importants pour justifier les
efforts consentis ; ils constitueront des références uniques pour ajuster les aménagements par rapport
à certaines réalités de terrain mais aussi pour communiquer et sensibiliser un plus large public et ainsi
espérer élargir le cercle des personnes désireuses de s’investir dans la restauration du maillage
écologique.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
55
Propositions et recommandations générales d’amélioration et de renforcement du
maillage écologique
4.2
Comme nous l’avons défini en section 3.1, un maillage écologique a pour objectif d’offrir à la
biodiversité locale un ensemble varié de milieux qui lui serviront de corridors de dispersion ou de
zones refuges et qui, dans certaines conditions, peuvent eux même devenir un lieu de vie à part
entière. Au sein de la zone d’étude, nous avons pu identifier plusieurs types d’éléments naturels qui,
moyennant certaines précautions d’usage et de gestion, peuvent amplement remplir ses fonctions.
Réfléchir à la restauration réside donc à étudier comment il est possible de densifier, d’agencer et de
renforcer l’attrait écologique de ces différents éléments pour former une trame quasiment continue et
harmonieusement organisée au travers des espaces occupés par l’homme.
Etant donné la spécificité des types d’éléments rencontrés, la présente section va aborder
successivement chacun d’eux.
4.2.1
Propositions et recommandations générales vis-à-vis du réseau hydrographique
Tel qu’évoqué au point 3.2.2.1, le réseau hydrographique a par le passé été assez fortement modelé
et façonné par l’homme pour répondre à des besoins bien précis (limitation des phénomènes
d’inondation, drainage des zones humides, évacuation des eaux usées, etc.) qui nous ont
progressivement fait oublier le rôle premier joué par nos cours d’eau … celui d’être avant tout un
milieu de vie. Pour permettre à nos cours d’eau d’accueillir à nouveau un foisonnement de vie, les
interventions de restauration devront aborder trois aspects : ceux de la qualité biologique, de la qualité
physico-chimique et de la qualité hydromorphologique.
La qualité biologique d’un cours d’eau est évaluée sur base de la composition et de l’abondance
des communautés d’espèces qui colonisent ce milieu et plus particulièrement, sur base de
quelques indicateurs clés (comme les macroinvertébrés*, les diatomées*, les macrophytes* et la
faune piscicole) qui reflètent le niveau des altérations anthropiques subies par le cours d’eau.
La qualité physico-chimique a trait elle aux propriétés générales de l’eau ainsi qu’à sa
concentration en diverses substances pouvant être d’origine naturelle ou reflétant une pression
anthropique (rejets d’eaux usées, écoulements surfaciques de polluants, etc.) ; celle-ci constitue
un enjeu majeur tant vis-à-vis de l’intérêt écologique des eaux de surface que vis-à-vis des
usages de celles-ci (prélèvements d’eau potable, usages récréatifs, etc.) ;
La qualité hydromorphologique touche elle aux différents aspects de la dynamique fluviale
favorables à une diversification des habitats et donc à une amélioration de la capacité d’accueil
vis-à-vis de la faune et de la flore (à savoir la liberté d’écoulement, la diversification des faciès
d’écoulement et de la ripisylve, le transport des sédiments par la rivière, la morphologie des
substrats et du lit, etc.).
Si cette mission de restauration de la qualité écologique de nos cours d’eau peut être de prime abord
perçue par certains comme une utopie écologiste, il n’en est rien. La restauration écologique s’inscrit
dans une vision bien plus large tracée par la directive européenne cadre sur l’eau (DCE) - directive qui
impose aux Etats membres d’atteindre pour 2015 un « bon » état écologique et chimique des masses
d’eau. Etant donné la position de notre zone d’étude en partie amont du bassin versant de la Rhôsnes
- cours d’eau de qualité physico-chimique jugée moyenne à très mauvaise, il est essentiel d’intégrer à
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
56
la gestion et aux interventions menées sur cette composante ‘cours d’eau’ la dimension de
« restauration écologique ».
Pour intégrer cette dimension, une large palette d’interventions peut être envisagée mais les actions
réellement entreprises dépendront des choix posés en termes d’échelle spatiale (travail à l’échelle
d’une zone limitée ou à l’échelle du bassin versant) et de calendrier (actions ponctuelles ou actions
échelonnées sur le long terme ; échéancier d’objectifs) mais aussi et surtout des enveloppes
budgétaires disponibles et/ou disposées à être allouées à cette thématique. Dans le cadre du PCDN
qui a initié la présente réflexion, les montants financiers engagés ne semblent pas suffisants que pour
envisager de grands chantiers de type ‘renaturation ou restauration hydromorphologique des cours
d’eau’ et nous orienteront plutôt vers des propositions douces n’impliquant pas une technicité élevée
et des dépenses excessives. Toutefois, dans l’optique où des volontés privées et/ou publiques
s’élèveraient en faveur de cette approche de restauration, il est clair que ce type de chantier est à
encourager. Dans ce cas, une réflexion pluridisciplinaire devra être engagée avec les acteurs locaux
compétents dans ce domaine (notamment les contrats-rivières, les gestionnaires des cours d’eau,
etc.).
Essayons maintenant de cibler quelques interventions pouvant s’intégrer, assez aisément, dans le
cadre d’un PCDN - et ce, avec en toile de fond les exigences de nos espèces de référence pour les
milieux aquatiques (eaux courantes et/ou stagnantes) à savoir le martin-pêcheur d’Europe (Alcedo
atthis) et le triton crêté (Triturus cristatus) - exigences présentées dans l’encart ci-dessous.
Source : www.nundafoto.net
Le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis)
De par son régime alimentaire (poissons, têtards, insectes
aquatiques et larves, vers, etc.) et ses modalités de nidification (nid
creusé dans une berge meuble érodée), le Martin-pêcheur d’Europe
s’établit essentiellement dans les endroits où il peut trouver des cours
d’eau ou plans d’eau à peuplement piscicole, de bonne qualité (eaux
claires facilitant sa pêche), aux berges faiblement artificialisées et
garnies d’une ripisylve (utilisation comme poste de pêche). De nature
assez farouche, cet oiseau recherche également les zones calmes.
Pour favoriser cette espèce, seront pertinentes toutes les mesures
visant à restaurer des eaux claires et propices à la faune piscicole
(gestion à considérer à l’échelle globale des bassins-versants avec
actions plus ponctuelles visant la préservation ou la restauration
d’annexes hydrauliques), à maintenir des berges favorables à sa
nidification (aménagement des berges limité aux zones à enjeux
majeurs, maintien des berges érodées abruptes dans des zones sans
enjeux, etc.), à restaurer des faciès variés d’habitats (variabilité des
substrats de fond, des hauteurs et vitesses d’eau, des faciès des
berges, etc.) et à adopter une gestion harmonieuse de la ripisylve
(gestion alternée et échelonnée spatialement et temporellement ;
alternance de zones d’ombrage et de zones ensoleillées, etc.).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
57
Le Triton crêté (Triturus cristatus)
Etant plus exigeant que les autres espèces de tritons rencontrées
chez nous et plus inféodé aux paysages agricoles ouverts, le triton a
vu ses effectifs diminués et fait aujourd’hui partie des espèces
vulnérables. De par les observations faites, il est constaté que ce
triton cohabite généralement avec au moins une autre espèce de
tritons et/ou d’autres espèces de batraciens. Pour aider cette espèce,
les interventions à mener doivent viser :
 La restauration et la protection d’habitats aquatiques et terrestres
adaptés aux exigences spécifiques de cette espèce - En termes
de mares, le triton crêté a besoin pour sa reproduction de mares,
d’étangs, d’abreuvoirs et de fossés, permanents ou non,
relativement profondes (environ un mètre), de taille moyenne (au
minimum 25 m²), riches en végétation aquatiques (hydrophytes*
et hélophytes*), avec quelques berges dégagées et ensoleillées
(notamment avec un ensoleillement des berges orientales) et
dépourvus de poissons. En ce qui concerne les milieux terrestres,
le triton crêté recherche trois types d’abris : des abris temporaires
diurnes (morceaux de bois, blocs, etc.), des zones refuges
(souches, végétation dense et friches, ourlets de haies et
bosquets) et des sites d’hivernation (sols meubles, terriers, etc.).
 Et la restauration d’un réseau de mares diversifiées et
interconnectées encadré d’une mosaïque d’habitats - à ce niveau,
des études ont démontré un optimum de 4 à 8 mares par km². En
effet, bien que le triton crêté puisse parcourir des distances
parfois importantes de l’ordre de quelques kilomètres, des études
montrent que celui-ci privilégie les zones où existe une proximité
entre les sites estivaux et d’hivernation et les lieux de
reproduction (éloignement de quelques centaines de mètres).
Source : www.pharmanatur.com
L’amélioration et le renforcement des éléments aquatiques constitutifs du maillage écologique
devraient se faire par le biais des quelques recommandations et propositions suivantes :
-
Une amélioration de la maîtrise et de la gestion des eaux usées domestiques via la mise en
œuvre et le respect des plans d’assainissement par sous-bassin hydrographique* (PASH)
En analysant le PASH du sous-bassin Escaut-Lys, on constate que le régime d’assainissement défini pour les
hameaux et villages concernés par la zone expertisée est le régime d’assainissement autonome qui implique aux
habitants de ces zones d’assurer eux-mêmes l’épuration de leurs eaux usées par l’installation d’une unité de
traitement individuelle. Dans la pratique, ce PASH impose à toutes les nouvelles constructions d’être équipées
immédiatement d’un système d’épuration individuelle et implique pour les habitations existantes une mise en
conformité progressive basée sur la définition de zones prioritaires et sur les éventuelles demandes
urbanistiques induisant une extension de charge polluante.
-
Un accompagnement et une sensibilité des populations directement riveraines de nos cours
d’eau et notamment du monde agricole
Au fil de leur écoulement, nos cours d’eau bordent et/ou traversent des propriétés privées et, aussi et surtout,
des prairies et des espaces cultivés. Pour ces parcelles sises en bordure de cours d’eau et plus largement dans
le lit majeur, il est essentiel d’adopter une gestion appropriée à cette promiscuité afin de limiter les écoulements
(surfaciques et/ou souterrains) directs de substances polluantes, d’éviter une dégradation des berges et de
maintenir une ripisylve intéressante.
Au niveau des parcelles privées non agricoles, l’attention devra être portée sur les quelques aspects suivants :
éviter les pulvérisations en bordure du cours d’eau (respect des indications mentionnées sur les emballages en
termes de dosage et de précautions d’usage), maintenir la strate herbacée en guise de protection de berges afin
de limiter les problématiques d’érosion et de ne pas devoir recourir aux interventions de stabilisation artificielle
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
58
des berges et éviter l’introduction d’espèces invasives (notamment les espèces comme la renouée du Japon, le
buddleia de David (plus connu sous le nom d’arbre aux papillons), la balsamine de l’Himalaya).
Au niveau des parcelles agricoles, une série de précautions d’usage, basées pour certaines sur des
règlementations régionales, peut être émise en vue de protéger les cours d’eau. Ainsi, le Code de l’Eau (et plus
particulièrement, son chapitre IV de sa partie réglementaire - chapitre consacré à la gestion durable de l’azote en
agriculture) prévoit :

L’interdiction de rejets directs de fertilisants et de jus d’écoulement dans le sous-sol, un égout public ou
une eau de surface ;

L’interdiction d’implanter un dépôt de fumier sur champs à moins de 20 mètres d’une eau de surface avec
certaines dispositions spécifiques complémentaires (changement de l’emplacement chaque année,
respect de teneurs en matière sèche pour les fientes et fumiers de volailles avec durée de stockage
limitée, etc.) ;

Le respect de normes et de périodes d’épandages et ce, en fonction de la situation de notre région en
zone vulnérable* ;

L’interdiction de fertilisants à moins de 6 mètres d’une eau de surface - distance déterminée à partir du
bord supérieur de la berge ou du talus qui borde cette eau de surface.
En ce qui concerne les prairies, une autre thématique vient se greffer : celle du contrôle de l’accès du bétail au lit
du cours d’eau. En effet, l’accès du bétail au lit du cours d’eau est à l’origine de multiples problèmes : dégradation
du couvert herbacé, détérioration des berges, mise en suspension des sédiments et altération de la qualité de
l’eau (matières fécales, parasites, etc.). Dès lors, une règlementation - récemment modifiée par un arrêté du 17
octobre 2013 - veille à poser des obligations en matière de clôture des terres pâturées en bordure de cours d’eau.
Ainsi, par le biais de cette nouvelle règlementation, la clôture des prairies est rendue obligatoire de manière à
empêcher l’accès du bétail au cours d’eau. Celle-ci doit être implantée à une distance d’au moins un mètre en
retrait de la crête de berge vers l’intérieur des terres. A cet aménagement de clôture, viennent s’annexer des
aménagements relatifs aux abreuvoirs. Des subventions peuvent être à cette fin octroyées aux agriculteurs qui se
mettent en conformité par rapport à cette législation.
D’une manière générale, précisons en outre aussi, qu’en ce qui concerne toujours les interventions en marge de
cours d’eau, l’arrêté royal du 5 août 1970 - et plus précisément son article 10 - précise qu’il est interdit de :

« dégrader ou d’affaiblir, de quelque manière que ce soit, les berges, le lit ou les digues d’un cours
d’eau ;

de labourer, de herser, de bêcher ou d’ameublir d’une autre manière la bande de terre d’une largeur de
0,50 mètre, mesurée à partir de la crête de la berge du cours d’eau vers l’intérieur des terres. »
Dans l’optique de plantations, des distances doivent également être respectées par rapport à la crête de berge de
cours d’eau : un minimum de 6 mètres pour les résineux, de 2 mètres pour les feuillus hautes-tiges, de 0,5 mètre
pour les feuillus basses-tiges. Par contre, les plantations d’aulnes, de saules et de frênes peuvent être effectuées
à moins de 2 mètres de la crête de berge. Pour une plantation en berges, une demande d’autorisation doit être
sollicitée au préalable.
Outre ces dispositions légales qu’il semble bon de repréciser aux habitants et exploitants de parcelles riveraines
de cours d’eau, il serait également intéressant de sensibiliser ceux-ci à l’intérêt de préserver une végétation
rivulaire et de leur prodiguer certains conseils pour en assurer une bonne gestion. Au fil des interventions
anthropiques, la végétation présente en bordure de cours d’eau a été peu à peu réduite pour ne plus former bien
souvent qu’un fin cordon végétatif. Or, de par les rôles importants qu’elle joue (lutte contre l’érosion, rôle
épurateur vis-à-vis de l’eau, ralentissement des eaux d’écoulement, rôle de corridors écologiques et d’éléments
paysagers, fourniture de bois, etc.), il est essentiel de préserver cette végétation rivulaire et là où cela est
possible, de permettre à celle-ci de retrouver :
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
59

une structure correctement étagée - à savoir une structure associant les strates arborée, arbustive et
herbacée ;

une composition équilibrée - à savoir une composition alliant une diversité d’espèces (privilégier les
espèces adaptées aux stations et éviter les faux-amis des berges ou les essences invasives), de taille
(arbres hautes-tiges, port buissonnant, arbres-têtards, etc.) et d’état (arbres d’âges différents, arbres
morts avec cavités, etc.) ;

et une largeur intéressante - à savoir une combinaison végétale s’étirant sur plusieurs mètres et
comprenant une ripisylve (végétation poussant dans la berge), un espace intermédiaire (espace de
quelques mètres en sommet de berge) et une bande tampon (bande non exploitée ou exploitée
extensivement s’étirant sur plusieurs mètres vers l’intérieur des terres). A ce niveau, on peut notamment
encourager l’implantation des tournières enherbées ou de bandes de prairies extensives en bordure de
cours d’eau (zone tampon entre les terres cultivées/prairies et le cours d’eau).
Outre ces aspects, il importe également de gérer et d’entretenir cette végétation de manière adéquate. Parmi les
modalités importantes à retenir, nous pouvons citer :

l’établissement de programmes d’intervention adaptés aux enjeux locaux avec une diminution de la
fréquence d’entretien dans les zones où un redéveloppement de la ripisylve est permis ou un
accroissement des interventions visant une préservation de l’ouverture de certains milieux d’intérêts
(comme des berges abruptes favorables à certaines nidifications, des mégaphorbiaies*, etc.) ;

l’adoption, dans la majorité des cas, d’un programme d’entretien par petites trouées veillant à éviter les
interventions sur de longs tronçons (maximum de 20 mètres pour une trouée), à maintenir un cordon
végétatif continu entre deux trouées (si possible, en séparant les trouées successives d’une distance au
moins égale à deux fois la longueur de la trouée), à alterner les positions de trouées entre les berges, à
positionner les trouées judicieusement (maintien d’un ombrage dans les zones plus calmes et mise en
lumière des secteurs plus rapides) ;

et l’attention portée lors de l’entretien au maintien d’une ripisylve diversifiée c’est-à-dire une ripisylve
étagée associant une multitude d’espèces végétales et une variété d’éléments naturels intéressants
(comme des fourrés, des arbres morts, des arbres têtards, des arbres de grand diamètre, des arbustes
avec des branches propices à servir de poste de chasse, etc.).
-
Une sensibilité des populations à l’impact des pollutions diffuses vis-à-vis de la qualité de nos
cours d’eau
Outre les populations riveraines de cours d’eau, il apparaît important d’impliquer plus largement l’ensemble des
populations à la problématique de la qualité de nos eaux de surface et souterraines. En effet, il semble primordial
de rappeler que chaque endroit d’un territoire est inclus dans un bassin versant et que, par ce biais, chaque
goutte d’eau et/ou de substances déversée sur le sol est amenée à rejoindre une rivière par le biais du
ruissellement surfacique ou par des transferts d’eau souterrains. A ce niveau, une sensibilisation pourrait être
menée par le biais de fiches à distribuer et/ou d’articles dans des publications locales. Elle permettrait ainsi
d’éveiller l’attention des populations sur l’impact de leurs rejets diffus et notamment tout ce qui a trait aux
pulvérisations, aux épanchements accidentels (mise en conformité de certaines installations sensibles comme les
réservoirs d’hydrocarbures et mazout de chauffage, etc.), aux eaux de nettoyage de matériels, etc.
-
Une préservation et une restauration des annexes hydrauliques et plans d’eau
Comme nous l’avons vu en décrivant les composantes de notre zone d’étude, celle-ci apparaît pauvre en
annexes hydrauliques et plans d’eau naturels. Or, ces annexes hydrauliques et plans d’eau jouent de multiples
fonctions en termes de régulation des crues, d’épuration naturelle des eaux et d’accueil de la biodiversité locale.
Sans vouloir se lancer dans des travaux de grande envergure et au coût excessif tels que des reméandrages de
cours d’eau et des reconnexions d’anciennes annexes, il est possible d’agir sur ces composantes de nos
paysages d’une part en gérant judicieusement les éléments encore existants et d’autre part en tentant de recréer
certaines annexes hydrauliques ponctuelles.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
60
Pour le premier type d’intervention basé sur la gestion des annexes hydrauliques existantes, une attention
particulière pourrait être posée sur les prairies maigres humides, les reliquats de forêts alluviales et les mares. Au
niveau des prairies maigres humides, une gestion extensive doit être privilégiée (éventuellement par le biais des
mesures agri-environnementales « Prairie naturelle » et « Prairie de haute valeur biologique ») laquelle reposera
sur les principes suivants : un ajustement des périodes de fauche et/ou de pâturage, une limitation des intrants
(tant organiques que minéraux) avec une exportation des produits de fauche, une restriction des traitements
phytosanitaires (uniquement en localisé contre certaines espèces problématiques), des techniques et modalités
de fauche respectueuses de la faune (maintien de bandes refuges, vitesse de fauche réduite, dispositifs
effaroucheurs, etc.) et une interdiction de drainage de ces fonds humides. Pour les reliquats de forêts alluviales,
un coup d’œil aux mesures de gestion préconisées dans le cadre du réseau européen Natura 2000 indique que la
préservation de ces habitats dits prioritaires implique la mise en œuvre d’une gestion sylvicole extensive attentive
à la continuité forestière (interventions limitées sur de petites surfaces), à la diversification des essences et à
l’éradication d’espèces invasives, aux techniques douces (notamment par rapport aux choix des engins et
techniques de débardage), à la conservation d’une mosaïque de micro-habitats (arbres morts, ilot de
vieillissement, zone de régénération naturelle, fonds humides, etc.) et à une planification judicieuse des
interventions par rapport aux périodes de nidification et/ou de reproduction. Pour les mares, les principes de
gestion rejoignent çà et là certaines des modalités évoquées ci-avant - notamment tout ce qui a trait aux
précautions d’usage vis-à-vis des fertilisants (organiques et/ou minéraux) et des produits phytosanitaires, à
l’attention portée aux essences invasives et à l’intérêt de préservation une mosaïque d’habitats. Au niveau de ce
type d’éléments naturels, le maintien d’une zone tampon périphérique permet d’éviter d’altérer ce milieu par le
biais d’épanchements et écoulements surfaciques de substances néfastes. Dans le cadre du cahier de charges
spécifique à la mesure agri-environnementale « mares », une largeur de minimum 2 mètres est imposée pour
cette bande tampon.
En ce qui concerne le second type d’intervention qui viserait lui à recréer certaines annexes hydrauliques
ponctuelles, une option choisie pourrait être celle de recréer un réseau de mares permettant d’offrir de nouvelles
capacités d’accueil pour la biodiversité qui dépend à un stade de leur vie du milieu aquatique. Dans cette optique,
l’objectif à atteindre sera de reconstituer un maillage de mares diversifiées interconnectées qui rencontreront les
besoins de diverses espèces. Comme mentionné précédemment, pour ce type d’aménagement, la rencontre des
exigences du triton crêté peut servir de base de réflexion puisque son statut permet de prédire que toute
intervention favorable à son égard le sera également pour d’autres. Créer une mare demande bien évidemment
5
de se renseigner auprès de personnes compétentes (par exemple, le Parc naturel du Pays des Collines ),
d’obtenir les éventuelles autorisations nécessaires et de veiller à en choisir judicieusement la situation (privilégier
les fonds à sols argileux et les points bas ; réfléchir à la sécurité des lieux vis-à-vis notamment des enfants,
définir ses modalités d’alimentation, etc.). Une fois ces préambules établis, l’aménagement peut ensuite suivre
les aspirations et souhaits personnels tout en s’inspirant bien évidemment des retours d’expérience en la matière.
Variable dans sa taille et sa forme, une mare se révèle plus particulièrement intéressante lorsqu’elle intègre les
quelques critères clés suivants : une forme qui maximise les interfaces entre le milieu terrestre et le milieu
aquatique, un contour qui présente des berges aux faciès multiples (berges abruptes et en pente douce), un fond
en paliers créant des espaces de profondeurs différentes, un environnement adjacent accueillant et protecteur
(bande tampon autour de la mare, contexte paysager voisin diversifié répondant aux besoins spécifiques, etc.) et
une gestion douce qui laisse le temps à la végétation indigène de s’installer (éventuellement aidée par quelques
plantations indigènes). Si des souhaits de restauration de mares s’élèvent au sein des pouvoirs décisionnels ou
de propriétaires privés, des recensements (notamment des amphibiens durant les périodes de migrations)
peuvent être envisagés afin d’orienter au mieux les aménagements pour les espèces en présence.
5
Celui-ci est cité car il s’est engagé depuis 2012 dans une opération visant à recreuser des mares ; il doit donc
disposer d’un retour d’expérience intéressant pour notre zone d’étude.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
61
-
Une gestion des cours d’eau ajustée aux enjeux locaux et à la dynamique hydraulique
Comme précédemment mentionné, nos cours d’eau ont, avec l’évolution de notre société, été soumis à
d’importantes modifications et font l’objet d’une gestion parfois disproportionnée par rapport à l’environnement
adjacent et aux enjeux locaux. Avec en ligne de mire la directive cadre sur l’eau, il importe d’adopter une gestion
recentrée sur les cours d’eau en leur qualité de milieux vivants et dynamiques ; les actions à mener devront donc
se réfléchir sur base d’une analyse précise de l’environnement qui permettra d’établir une hiérarchie d’enjeux
dont découleront les lignes directrices de gestion. Parmi les enjeux rencontrés en marge des cours d’eau, il y
aura lieu d’analyser et d’évaluer les obligations induites vis-à-vis de biens privés, de populations,
d’infrastructures publiques et/ou du patrimoine naturel de manière à orienter au mieux les interventions à mener
vis-à-vis des protections de berges, des embâcles*, de la diversification des habitats, de la préservation des
intérêts écologiques, etc.
Ainsi, au niveau des zones urbanisées, l’objectif prioritaire gravitera toujours autour de la protection des biens et
des personnes ce qui impliquera de favoriser l’écoulement et de contenir les phénomènes érosifs (enlèvement
des embâcles, mise en œuvre de techniques de stabilisation des berges, etc.). Toutefois, on tentera aussi de
préserver de l’intérêt à ce milieu par le maintien d’une ripisylve qui agrémentera le cadre de vie des populations
et assurera un rôle épurateur vis-à-vis de l’eau et par une diversification des habitats qui pourra accueillir la
biodiversité locale.
En zone agricole, les obligations de protection des biens et des personnes peuvent ici être plus nuancées et les
interventions de stabilisation de berges et/ou d’enlèvement des embâcles peuvent être moins systématiques
dans la mesure où les phénomènes érosifs et les inondations ne créent pas de dommages inacceptables pour
les propriétaires et exploitants des lieux. La présence d’une ripisylve revêt dans ce contexte de multiples
intérêts : zone tampon, maintien des berges, accueil de la faune des plaines agricoles, etc. Pour certains
espaces prairiaux situés en amont de zones urbanisées ou à enjeux particuliers, un objectif de retenue des eaux
peut leur être attribué et limiter ainsi les inondations en aval.
Dans les espaces plus en retrait de zones urbanisées et de cultures et/ou pour les lieux d’intérêts naturels
patrimoniaux, l’objectif sera bien évidemment tourné vers une diversification de la ripisylve favorable à la
biodiversité. Dans la mesure du possible, les interventions seront limitées aux actes strictement nécessaires au
maintien et/ou au développement des intérêts écologiques de ces sites. En lui offrant la possibilité de divaguer
librement, le cours d’eau va recréer une diversité de faciès (berges abruptes, pentes douces, mouilles*, secteur
rapide, etc.) et permettre à une multitude d’espèces végétales et faunistiques de s’y développer. Une attention
plus particulière devra toutefois être prêtée vis-à-vis de certaines espèces invasives qui pourraient s’y installer et
concurrencer néfastement les espèces indigènes.
Dans le futur, la gestion de nos cours d’eau doit donc s’orienter vers une démarche plus réfléchie qui repose sur
une analyse précise des enjeux prioritaires des zones et sur l’adoption d’objectifs de gestion calqués sur
l’équilibre à trouver entre ces différents enjeux - le tout devant rester acceptable vis-à-vis de la préservation des
biens privés et de la sécurité humaine.
4.2.2
Propositions et recommandations générales vis-à-vis des espaces arborés et/ou
arbustifs (haies, alignements d’arbres, vergers, bosquets ou arbres isolés)
Tantôt isolés, tantôt groupés en rangs linéaires ou en agencements plus disparates, les arbres
apparaissent comme étant des éléments essentiels à la structure de nos paysages mais aussi et
surtout à la biodiversité qui y réside. Nous l’avons évoqué précédemment un arbre constitue un lieu
propice au développement et à l’accueil de la vie ; on peut ainsi le considérer comme étant l’hôtel et le
restaurant pour de nombreuses espèces de notre région. De par ses intérêts multiples, il favorise une
multitude d’espèces (petits mammifères, oiseaux, insectes, végétaux, etc.) et il est donc assez
complexe de lui associer une espèce de référence particulière. Toutefois, de par leurs exigences plus
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
62
spécifiques et donc leur vulnérabilité accrue, trois groupes d’espèces ‘parapluie’ peuvent être évoqués
et nous servir de fils conducteurs dans l’optique d’une restauration du maillage écologique par le biais
des éléments arborés et arbustifs. Ces trois groupes d’espèces sont les chiroptères, les oiseaux
‘cavernicoles’ et les insectes butineurs / pollinisateurs.
Source : www.natagora.be (Jean-Louis
Gathoye)
Les chiroptères
S’intéresser aux chauves-souris, c’est partir à la découverte d’êtres
d’exception qui ne peuvent qu’attiser notre curiosité de par leurs
caractères uniques et remarquables. Elles sont en effet les seuls
mammifères ailés capables de voler, elles disposent d’un système
très particulier d’écholocation qui leur permet de se déplacer et de
chasser dans l’obscurité, elles dorment suspendues la tête vers le
bas et elles observent un cycle de vie bien rodé avec une période
d’hibernation (de novembre à mars) et une période d’activités (sortie
d’hibernation vers mars-avril, gestation pour une mise bas en juin,
accouplement et migration vers les gîtes d’hiver). Cependant, malgré
ses adaptations remarquables, les chauves-souris n’en demeurent
pas moins des espèces avec certaines exigences - notamment vis-àvis de l’habitat (besoin de gîtes estivaux et hivernaux répondant à
des critères précis de température, d’humidité, de tranquillité, etc.) et
de leur environnement de vie. Certaines études ont ainsi démontré
que pour nombre d’espèces de chauves-souris, un environnement
bocager bien structuré et riche en insectes constituait un territoire de
chasse idéal, que les éléments linéaires arborés servaient de couloirs
de vol privilégiés entre les gites et le terrain de chasse et que les
cavités se creusant dans les arbres pouvaient accueillir des chauvessouris. Pour certaines espèces, le besoin d’un bocage continu
apparait essentiel à leur préservation ; c’est le cas notamment du
Petit rhinolophe très dépendant du réseau de haies. Pour cette
espèce menacée, des études indiqueraient qu’une trouée de 10
mètres dans un élément linéaire arboré l’empêcherait de poursuivre
sa route.
Les oiseaux ‘cavernicoles’
Qui dit « oiseaux », dit « nidification » … et donc le besoin de lieux
propices à accueillir ces constructions qui ont pour rôle premier de
servir de maternité et de pouponnières pour nos oiseaux. A ce
niveau, les oiseaux nous offrent une belle palette de constructions
aux formes et aux structures variées : petite cuvette végétale,
amoncellement hasardeux de branches, boules de matériaux, etc. Et
puis, à côté de cela, certaines espèces vont-elles affectionner plus
particulièrement les cavités - soit qu’elles trouveront naturellement
dans la nature, soit qu’elles creuseront elles même. Pour ces
espèces dites « cavernicoles », les arbres (principalement les arbres
têtards, les arbres morts, les arbres dépérissants) sont des éléments
particulièrement intéressants par les cavités qu’ils offrent
naturellement et/ou par le support qui permet le creusement d’un nid.
La richesse et la diversité du maillage arboré sera donc favorable à la
reproduction de ces espèces d’oiseaux cavernicoles et notamment
les pics, certains rapaces nocturnes comme la chouette chevêche
(emblème du parc naturel du Pays des Collines), la sitelle torchepot,
le torcol fourmilier ou d’autres petits passereaux comme les
mésanges bleues et charbonnières, le rouge-gorge, les moineaux
domestiques et friquets, etc.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Source : www.christophesalin.com
63
Source : Aline Pattyn
Les insectes butineurs / pollinisateurs
La vie des insectes butineurs est un très bel exemple de symbiose
puisque ceux-ci trouvent au cœur des fleurs qui ornent nos
campagnes, le pollen et le nectar qui servent à l’alimentation des
larves et des adultes et à la fabrication du miel qui sert à alimenter la
colonie durant l’hiver. Inversement, les butineurs en parcourant les
fleurs assurent la pollinisation des espèces qu’ils visitent. On estime
que les insectes butineurs assurent la fécondation et la reproduction
de 80% des espèces végétales. Les espèces butineuses occupent
donc une place essentielle dans le maintien de la biodiversité de
notre planète. Parmi ces espèces, on connaît tous évidemment les
abeilles, les bourdons, les guêpes, les syrphes, les papillons. En
observant le comportement des abeilles et des bourdons, il a été
constaté que ces insectes présentent des longueurs de langue
différentes : courte, moyenne et longue qui vont orienter les choix des
espèces végétales butinées et pollinisées. Selon les espèces, on a
également pu remarquer que certaines ne visitent qu’une seule
espèce végétale (cas de Megabombus consobrinus et Aconitum
septentrionale) alors que d’autres en visitent une dizaine. Au niveau
des statistiques, il apparaît que ce sont les groupes à longue langue
qui sont les plus touchées par le déclin. De par une floraison
diversifiée et étalée dans le temps, le maillage ligneux recèle un
intérêt non négligeable vis-à-vis de la sauvegarde des insectes
butineurs et pollinisateurs.
Comme le présentent ces petites cartes d’identité d’espèces de référence, les éléments arborés de
nos paysages sont des espaces de vie et d’accueil indéniables - et à ce titre, nécessite d’y apporter
une attention toute particulière - tant d’un point de vue de la préservation des éléments existants, que
d’un point de vue de restauration et/ou de renforcement de la trame de ces éléments ou encore d’un
point de vue de leur gestion dans le temps.
Pour atteindre ces objectifs, les voies d’intervention peuvent être les suivantes :

En matière de préservation des éléments existants, les actions à entreprendre consisteraient
en une sensibilisation des propriétaires à l’intérêt des éléments arborés de nos paysages
ainsi qu’une information et/ou un rappel des législations existantes qui régissent
d’éventuelles interventions sur des arbres et haies remarquables. Pour ce dernier aspect, les
autorités communales ont notamment un rôle à jouer par le biais des avis urbanistiques
qu’elles remettent. En outre, il est également possible à quiconque soucieux de garantir la
conservation d’un arbre ou d’une haie jugé remarquable d’introduire une demande visant à
faire intégrer cet élément au sein des listings officiels ce qui lui confère légalement un statut
de protection.

La préservation des éléments d’intérêt existant passe également par la mise en œuvre d’une
gestion et d’un entretien ajustés aux types et à l’état de l’arbre. Autant pour la préservation
des vergers hautes tiges que pour les arbres têtards, un minimum d’intervention est requis
afin d’éviter un dépérissement et d’en préserver l’attrait. En effet, si on prend l’exemple des
arbres têtards, un manque d’entretien peut nuire à terme à l’arbre et à l’intérêt qu’il
représente (développement végétatif important qui occulte les cavités, bris de branches,
éventration du tronc). A ce niveau, des journées de formation sont de temps à autre
organisées pour transmettre aux personnes intéressées les conseils et les précautions
d’usage pour la taille des fruitiers ou arbres têtards. Les interventions devront aussi être
judicieusement planifiées par rapport aux périodes de nidification et/ou prendre en
considération les points d’intérêt des arbres à tailler (respect des cavités intéressantes, etc.) ;
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
64

Les arbres morts jalonnant nos paysages devraient être soumis à un abattage parcimonieux
basé essentiellement sur des obligations d’ordre sécuritaire. Autant que possible, seront
maintenus sur pied les arbres morts isolés de tous biens et/ou lieux fréquentés et qui ne
représentent aucun risque sécuritaire ;

La plantation de nouveaux éléments arborés (haies, alignements d’arbres, vergers hautes
tiges) devrait être encouragée. Au niveau du monde agricole, le programme agrienvironnemental a déjà permis de conscientiser les agriculteurs à la préservation et à la
restauration des haies, alignements d’arbres, arbres isolés, vergers hautes tiges ; il y a lieu
de persévérer dans cette voie en instaurant des dialogues constructifs qui tiennent compte
des faits passés et de l’évolution du secteur pour garantir la pérennité des nouveaux
aménagements. Trop souvent perçus comme une entrave, il importe de rappeler tous les
rôles joués par le maillage arboré et arbustif et d’envisager celui-ci comme un allié vis-à-vis
de certaines problématiques (contrôle de certains ravageurs, abri pour le bétail, barrière aux
écoulements boueux, accueil des pollinisateurs, etc.). Par rapport aux pouvoirs publics et aux
particuliers, des démarches sont aussi possibles simplement en posant des choix judicieux
dans le cadre des aménagements d’espaces publics et privés.
Dans l’optique d’un renforcement du maillage constitué d’éléments arborés et ligneux, il est
important de respecter certains principes clés comme ceux de choisir des espèces indigènes,
d’associer plusieurs espèces lorsque c’est possible, de sélectionner les espèces et de
réfléchir à leur agencement en fonction de l’intérêt recherché (fonction paysagère,
écologique, brise-vent, etc.) ou encore de définir un emplacement adapté au développement
de l’aménagement (respect de distance de ‘sécurité’ vis-à-vis de biens, de limites de
propriétés, etc.). Pour guider ces choix, de nombreuses publications existent et délivrent une
foule d’informations utiles ; c’est notamment le cas des brochures intitulées « Guide pour la
plantation de haies » et « Des haies pour demain » - brochures éditées par la Région
wallonne et téléchargeables via Internet.
4.2.3
Propositions et recommandations générales vis-à-vis des accotements et bords de
voiries
Comme mentionné précédemment, les accotements et bords de voiries constituent des lieux
particulièrement intéressants par rapport au maillage écologique de par le réseau de connexion qu’ils
offrent. Toutefois, pour assurer pleinement ce rôle, il importe que ceux-ci soient préservés autant que
possible de toutes interventions anthropiques majeures et qu’ils fassent l’objet d’une gestion adaptée
au potentiel écologique qu’ils recèlent.
Les recommandations et propositions d’actions pouvant être émises à ce niveau visent à la fois les
autorités publiques en leur qualité de gestionnaires de ces milieux et les populations locales en leur
qualité de riverains de ces espaces.
Au niveau des gestionnaires, il est clair que l’engagement de la commune dans la convention
« fauchage tardif du bord des routes » est une opportunité unique de favoriser le retour de la
biodiversité aux abords des infrastructures routières. Cette convention repose sur l’adoption de
modalités particulières de fauche - à savoir :

er
Une fauche opérée tardivement (à partir de début août et jusqu’au 15 octobre ou 1
novembre) de manière à permettre aux espèces végétales (principalement les espèces à
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
65
fleurs) de réaliser leur cycle complet de développement (floraison et fructification) et à offrir
des refuges intéressants pour nombre d’espèces (zone pour la nidification, pour l’alimentation,
etc.) ;

Une fréquence faible de fauche (une coupe annuelle) de façon à limiter le nombre de
perturbations du milieu ;

Un abandon des traitements chimiques (notamment des herbicides légalement interdits
exception faite pour certains espaces publics particuliers comme les espaces pavés, les
zones en graviers, les abords de voie ferrée et les cimetières) et le recours à des techniques
alternatives (échardonnages manuels) ;

Une exportation du produit de fauche afin d’appauvrir les sols et de favoriser la biodiversité ;

Un ajustement de la hauteur de coupe (hauteur de coupe de 10 cm) qui permet de préserver
les bourgeons situés à la base de certaines plantes et qui évite surtout de mettre le sol à nu
avec les conséquences que cela peut avoir en termes d’érosion ;

L’utilisation d’un matériel de fauche permettant une coupe nette sans être trop dommageable
pour la faune (utilisation recommandée d’une faucheuse à outils rotatifs ou d’une faucheuse à
barre de coupe).
A ce niveau, la commune peut opter pour un fauchage tardif sur toute la largeur du bord de route ou
pour un fauchage au-delà d’une bande sécurité (largeur généralement établie à 1,2 mètre).
En parallèle à cet engagement des gestionnaires, une sensibilisation à cette pratique du fauchage
tardif semble nécessaire vis-à-vis des populations locales. En effet, en se promenant çà et là, on
constate que parfois les populations locales se substituent aux gestionnaires en tondant eux-mêmes
les abords routiers voisins de leur habitation tandis qu’à d’autres endroits, les accotements ont
quasiment disparu ou subissent diverses altérations diffuses (pulvérisations, labours, etc.). Des
actions de sensibilisation devraient donc être menées afin de permettre de bien expliquer les intérêts
des bords de route et de leur gestion extensive. Ces actions peuvent passer par des articles dans des
périodiques locaux, par de petits folders ou encore par le biais d’interventions lors de balade
(notamment lors de balades guidées). Au niveau de ces communications, une sensibilisation peut se
faire en ciblant certaines espèces végétales et faunistiques favorisées par les opérations de fauchage
tardif. Ma petite expérience de guide-nature m’amène à ici partager l’intervention que j’ai pu effectuer
lors de ma balade d’examen qui s’est déroulée à la mi-juillet 2013. Réalisée au cœur de la campagne
d’Arc, j’avais pris contact avec les autorités communales afin de solliciter un report des dates de
fauche sur mon parcours. En m’octroyant ce report, la commune m’avait demandé de sensibiliser les
participants et de leur expliciter cette démarche du fauchage tardif car selon leurs propos « cette
politique n’est pas toujours comprise et partagée par les habitants qui se plaignent des herbes hautes
qui créent des problèmes d’insécurité dans les voiries (…) ». Dans le déroulement de ma balade, j’ai
donc réservé des temps d’observations et de découverte de la biodiversité se cachant dans les herbes
folles qui jalonnent nos bords de route. Un premier temps a été consacré aux graminées … famille
végétale méconnue de beaucoup mais tellement diversifiée lorsqu’on prend la peine de s’y intéresser.
A ce poste d’observation, sur quelques mètres carrés d’accotements, se côtoyaient les espèces
suivantes que j’avais abordées en ces termes :

le vulpin des prés – déjà en fin de cycle lors de ma balade mais qui, en période de floraison,
est aisément reconnaissable par son épi tout roux qui fait penser à la queue du renard (dont
nom latin Vulpes vulpes peut servir de petit moyen mnémotechnique pour retenir le nom de la
graminée) ;
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
66

la fléole des prés – qu’on reconnait par ses glumes à deux arêtes formant une échancrure
assez marquée ;

la houlque laineuse – toute douce ;

le ray-grass anglais – dont l’épi est aplati et dont les glumes* n’ont pas d’arêtes ;

le chiendent – dont l’épi est aplati des deux côtés ;

le pâturin annuel – avec son épi unilatéral ;

le dactyle aggloméré – avec son épi formé de groupes d’épillets compacts qui font penser à
des coussinets de chats.
Prises de vue de l’arrêt dédié aux graminées présentes aux abords de mon parcours de balade d’examen.
A ces espèces relativement communes, s’y associent d’autres qui forment l’étoffe herbacée des bords
de route. Pour les identifier, il faut toutefois en observer les détails et grâce à cette observation plus
minutieuse, nos yeux sont aussi amenés à découvrir d’autres détails cachés des bandes enherbées
bordant nos routes. Un autre intérêt des graminées qui dominent nos bords de route peut être
expliqué par le biais d’une famille de papillons … celle des Satyrinae dont les chenilles se nourrissent
de graminées. Par le biais de cette association entre sa chenille et la famille végétale des Poacées,
toute intervention favorable au développement des graminées - comme le fauchage tardif - sera
également bénéfique pour cette sous-famille de papillons présentée dans la petite carte d’identité qui
suit.
Source : Aline Pattyn
La sous-famille des Satyrinae
Constituant une sous-famille importante des Rhopalocères (papillons
de jour), les Satyrinae se caractérisent par des ailes dont la teinte
dominante est le brun lesquelles sont souvent ornées, au niveau de
leur champ terminal, d’ocelles plus ou moins nombreuses avec le
centre souvent marqué d’un point blanc. Les chenilles, vertes ou
brunes, sont pourvues d’une pointe bifide à l’extrémité postérieure et
se nourrissent donc de graminées. Les chrysalides sont elles
suspendues ou simplement ‘nichée’ dans un petit cocon dans la
couche de litière. Parmi les espèces que l’on peut voir voltiger chez
nous, citons le Demi-deuil (Melanargia galathea), l’Amaryllis (Pyronia
tithonus), le Ticris (Pararge aegeria) ou encore le Myrtil (Maniola
jurtina).
Ont ici été évoquées deux pistes visant une sensibilisation du public à l’intérêt d’une gestion extensive
de nos bords de route mais bien d’autres existent sans aucun doute (par exemple, via un focus sur la
famille des Ombellifères qu’on retrouve souvent sur les bords des routes et dont chaque ombelle de
fleurs attire des cortèges d’insectes, etc.).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
67
Une gestion extensive des bords de route les plus intéressants combinée à une sensibilisation des
populations riveraines nous apparaissent être les clés pour permettre à ces milieux de jouer
pleinement leurs rôles au sein du maillage écologique - et ce, pour nombre d’espèces végétales et
faunistiques.
4.2.4
Propositions et recommandations générales vis-à-vis des zones agricoles gérées
extensivement
Occupant une place prépondérante au cœur de notre territoire régional, le secteur agricole a, comme
nous l’avons vu, un rôle important à jouer vis-à-vis de la préservation et de la restauration du maillage
écologique. Nombre d’études ont mis en évidence une relation de cause à effet entre les pratiques
agricoles intensives et le déclin de certaines espèces spécifiques de nos plaines agricoles … et
notamment l’avifaune de nos campagnes qui peut servir de référence pour les choix d’aménagement
à poser.
L’avifaune de nos plaines agricoles
Au sein de notre bas-plateau limoneux hennuyer, les paysages sont
dominés par de vastes étendues cultivées quasiment dépourvues
d’éléments constitutifs du maillage écologique. De prime abord hostiles
à toute vie, ces espaces abritent toutefois certaines espèces d’oiseaux
qui apprécient ces milieux ouverts dotés de couverts herbacés assez
bas. C’est notamment le cas de bruant proyer (Emberiza calandra), de
l’alouette des champs (Alauda arvensis), de la bergeronnette
printannière (Motacilla flava), de la perdrix grise (Perdrix perdrix), de la
caille des blés (Coturnix coturnix) ou encore du vanneau huppé
(Vanellus vanellus). Toutes ces espèces ont ainsi la particularité de
pouvoir exploiter les ressources de ce milieu soumis à de fortes
pressions anthropiques mais, malgré les stratégies de survie
développées, ces espèces sont aujourd’hui toutes confrontées à une
diminution de leurs effectifs qui implique la mise en œuvre d’un plan
d’actions et de sensibilisation visant à leur rendre un environnement
plus accueillant.
Source : www.oiseaux.net
Pour enrayer ce déclin, la solution consisterait à intégrer dans la trame agricole des zones soumises à
une gestion dite extensive et/ou des zones plus strictement vouées à l’accueil de la faune et de la flore
locale. Depuis 1985, les agriculteurs sont d’ailleurs orientés dans cette voie par le biais de politiques
agricoles telles que le programme agri-environnemental, l’écoconditionnalité* des primes, etc.
Améliorer la capacité d’accueil de nos plaines agricoles implique une convergence de deux
composantes :

Primo, un aménagement des habitats en faveur des espèces cibles ;

Et secondo, une disponibilité de ressources alimentaires durant certaines périodes cruciales
pour ces espèces cibles ;
Dans la pratique, cette rencontre d’éléments favorables à l’avifaune de nos campagnes résulte d’une
somme de petites actions comme exposées ci-dessous :

D’une manière assez générale, l’avifaune trouve de bonnes conditions de vie au sein d’un
paysage agricole où se combinent les plaines de grandes cultures dominées par les
céréales et des zones de transition qui font office de zones refuges, de couloirs de
déplacements, de lieux de nidification ou encore de garde-mangers. Ces zones de transition
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
68
peuvent revêtir de multiples faciès ; il peut ainsi s’agir de haies ou d’alignements d’arbres
(déjà abordés précédemment), de tournières enherbées en bordure de culture, de bandes
de prairies extensives ou encore de lisières agroforestières. Si les premières mesures sont
assez bien adoptées par le monde agricole, la dernière reste assez peu appliquée. Or, de
nombreuses études ont très largement démontré l’intérêt de ce type de milieu transitoire
entre deux autres milieux très différents l’un de l’autre. L’aménagement d’une lisière
agroforestière vise un développement végétal étagé et diversifié (manteau forestier, cordon
de buissons et ourlet herbeux) reliant un massif boisé fermé et un espace ouvert de cultures.
Si un tel aménagement est favorable à nombre d’espèces, il nécessite un espace non
négligeable (bande d’environ 20 mètres de large avec idéalement un cordon de buissons
d’au moins 8 mètres de large et un ourlet herbacé d’au minimum 5 mètres), un programme
d’entretien spécifique (taille du manteau forestier en futaie, en taillis sous futaie ou en taillis
avec maintien des individus d’intérêt, coupe du cordon de buisson par gyrobroyages* ou
recepages tous les 5 à 10 ans, fauche de l’ourlet herbacé tous les deux ans en planifiant les
interventions en dehors des périodes de nidifications et des périodes cruciales pour les
6
espèces ; entretien partiel maintenant des zones refuges) , une gestion extensive (abandon
des traitements phytosanitaires ou recours à des traitements très localisés ciblant certaines
espèces invasives) et une gestion des prédateurs de nos espèces sensibles, eux aussi
favorisés par ce type d’aménagement.

En plus de pouvoir offrir le gîte, nos campagnes doivent également permettre de satisfaire
aux besoins alimentaires de l’avifaune de nos campagnes tout au long de l’année. En effet,
l’évolution des pratiques agricoles (déchaumage des céréales après récolte, efficacité
accrue des machines de récolte, emploi d’herbicides et d’insecticides) et le regroupement
parcellaire sont autant de faits qui limitent la quantité de graines retournant au sol et la
superficie des zones garde-mangers. Afin de remédier à cette diminution des ressources
alimentaires, il est possible d’aménager des zones qui offriront à l’avifaune de nos
campagnes une ressource alimentaire de substitution ; il s’agit notamment des pratiques de
« jachères faune sauvage », de « bandes de céréales extensives non récoltées » ou « de
bandes aménagées (mesure agri-environnementale 9) ». Le principe de ces aménagements
est assez similaire puisqu’il repose sur l’implantation d’un couvert associant diverses
espèces de plantes nourricières qui permettront de répondre aux besoins alimentaires de
l’avifaune agricole sur une large période englobant la saison hivernale. Implanté pour
quelques mois ou, au plus, deux années, ce couvert vise d’une part à attirer les insectes en
période estivale (nourrissage des petits) et d’autre part à fournir une banque de graines pour
l’hiver ; les mélanges proposés sont variés et orientés parfois pour certaines espèces plus
particulières (association de légumineuses pour attirer les insectes ; mélange à base de lin,
de froment, de triticale et de radis fourrager pour les bandes destinées aux oiseaux
hivernants près des haies comme le bruant proyer ; association de deux couverts nourriciers
à base de froment et d’une bande herbeuse intercalaire pour les bandes situées en pleine
culture et destinées aux espèces hivernants se nourrissant au sol comme la perdrix grise.
Cependant afin d’assurer pleinement leur rôle, il importe pour l’agriculteur de se faire bien
6
er
Pour les entretiens, il convient de réaliser ceux-ci entre le 1 août et le 15 septembre de manière à éviter les
perturbations durant les périodes de nidification et afin de permettre au couvert (notamment herbacé) de se
redévelopper avant l’hiver.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
69
encadrer par un conseiller agri-environnemental (notamment par rapport à la gestion et à
l’entretien annuel et par rapport aux problématiques de salissements par des adventices*) et
des précautions d’implantation doivent être prises pour limiter la prédation dans ces zones
étroites et attrayantes pour l’avifaune (rupture des couloirs de prédations par une
implantation discontinue au sein des parcelles et vis-à-vis du maillage écologique - et ce,
notamment pour les espèces nichant au sol et donc plus sensibles à la prédation,
association des bandes aménagées avec d’autres éléments paysagers). A côté de ces
aménagements, un retour vers des parcelles agricoles de taille plus raisonnable (de l’ordre
de 5 à 10 hectares) est aussi un moyen pour recréer un patchwork de cultures séparées de
petites bandes intercalaires favorables à la petite faune. Certains aménagements plus
spécifiques à certaines espèces peuvent aussi être réalisés à faible frais ; c’est le cas
notamment des placettes à alouettes. Cette technique aisée à mettre en œuvre consiste
pour l’agriculteur à laisser au sein de ces grandes parcelles céréalières de petites zones
nues de végétation (environ deux zones par hectare ; isolées de tout élément vertical
pouvant favoriser la prédation) - et ce, simplement en levant son semoir sur quelques
mètres. Dans le même ordre d’idées, n’oublions pas non plus l’intérêt des anciens bâtiments
agricoles et granges vis-à-vis de certains oiseaux comme les hirondelles rustiques, certains
rapaces nocturnes, les chauves-souris et d’autres petits passereaux.
Actuellement, certaines de ces mesures sont reprises dans le programme agri-environnemental et/ou
requises dans le cadre de la conditionnalité des primes ce qui crée un incitant financier à leur mise en
application. Comme évoqué précédemment, des incertitudes planent actuellement sur le devenir de
ces politiques agricoles et donc sur la pérennité des gains à ce jour acquis. Il sera donc important de
suivre avec attention l’évolution de ces politiques de manière à pouvoir le cas échéant lancer des
campagnes de sensibilisation motivant les agriculteurs à poursuivre leurs efforts dans le sens d’une
cohabitation harmonieuse de leurs activités avec la nature environnante.
4.2.5
Propositions et recommandations générales vis-à-vis des jardins privés
Dans les sections précédentes, il a surtout été évoqué le rôle joué par les agriculteurs, les
gestionnaires de cours d’eau ou encore les services publics dans la préservation de notre patrimoine
naturel et dans la restauration du maillage écologique. Toutefois, ce rôle revient également à tout un
chacun car quelque soit la nature de son chez soi, nous avons tous un petit coin de campagne à
protéger. Nos jardins, les abords de nos habitations voire nos constructions sont autant d’éléments qui
peuvent aussi venir intégrer ce maillage et permettre à notre environnement de rester accueillant pour
la faune et la flore. Ainsi, tous les éléments d’intérêt présentés au fil des sections peuvent nous
inspirer dans les choix que nous faisons pour l’aménagement de notre propriété.

En guise de clôture, nous pouvons abandonner la traditionnelle haie basse monospécifique
pour plutôt implanter une haie mélangeant diverses espèces indigènes : les unes mellifères
pour nos insectes butineurs, les autres épineuses pour offrir un abri sécurisé pour la
nidification de nos petits passereaux, d’autres encore à baies pour constituer un beau gardemanger, etc. Et si l’espace nous le permet, on peut complexifier sa structure en intégrant des
arbres hauts ou en créant une haie multirangs étagée ;

Nos bâtiments sont des lieux intéressants pour nombre d’espèces ; les oiseaux y nidifient, les
chauves-souris y établissent leur maternité et/ou y passent l’hiver, les insectes et d’autres
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
70
mammifères s’y abritent. Pourquoi ne pas envisager une cohabitation harmonieuse avec ces
hôtes particuliers en leur laissant certains accès, en maintenant d’anciens murs mal
rejointoyés ou en les prenant en considération lors d’éventuels aménagements ? ;

Les éléments arborés comme les arbres-têtards ou les arbres fruitiers hautes-tiges sont de
remarquables lieux de vie. Si la taille de notre jardin le permet, on peut envisager de planter
un arbre d’une espèce acceptant la taille en têtard ou une ancienne variété fruitière ;

Dans un coin de nos pelouses ou en bordure d’une allée, pourquoi ne pas laisser la nature
reprendre un peu ses droits et/ou faciliter le retour des fleurs indigènes dans nos jardins
parfois un peu trop verdoyants ;

Si la nature du terrain le permet, l’aménagement d’une mare peut être réfléchie … si tel est
votre souhait, laissez la nature s’y installer à son rythme et n’y introduisez pas de poissons
qui se régaleront des pontes de nos batraciens ;

La pose d’habitats de substitution aux habitats naturels absents comme des nichoirs, des
hôtels à insectes, etc. Ce type d’aménagement a déjà fait ses preuves notamment vis-à-vis
du faucon pèlerin qui s’est réinstallé dans les tours de certains édifices urbains, des
hirondelles qu’on a évoqué lors de la balade, etc. ;

Dans nos jardins, comme ailleurs, l’abandon des produits phytosanitaires, herbicides,
insecticides et autres produits en -cides ou au moins leur utilisation raisonnée sera favorable
à un retour progressif de la biodiversité et permettra de préserver la qualité de nos sols et de
nos ressources en eaux.
Comme le montre cette liste non exhaustive, l’inventaire des aménagements permettant à la nature de
réintégrer nos jardins est longue et variée … chacun peut donc agir à sa façon et selon ses moyens !
Les promenades organisées par les guides-nature ou d’autres associations sont souvent des
occasions pour sensibiliser les participants aux rôles de chacun dans la préservation du patrimoine
naturel qui constitue notre cadre de vie. Dans le cadre de ma balade d’examen, cet état de fait venait
d’ailleurs clôturer le parcours et, afin d’attiser les idées, un petit « pense-malin » avait été rédigé sur
base de la trame de la balade (à savoir une balade bucolique au cœur de la campagne encadrant le
village d’Arc à la découverte des insectes et des éléments naturels d’intérêt). Celui-ci est présenté, à
titre informatif, ci-dessous.
A ce niveau, les autorités communales peuvent aussi avoir un rôle de sensibilisation et/ou d’incitant
dans le cadre des avis qu’elles remettent (permis d’urbanisation, permis d’exploiter, etc.) et/ou dans le
cadre des rencontres avec sa population (par exemple, lors des demandes de domiciliation, des fêtes
d’accueil des nouveaux habitants, etc.).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
71
Maintenir l’accès aux anciens
bâtiments
et
anciennes
granges,
éviter
les
insecticides, maintenir des
endroits boueux, placer des
nichoirs artificiels, installer des
planches anti-fientes
Laisser une petite zone de
friche, conserver des bois
morts et la litière de feuilles
mortes sous les haies en
place, aménager un gîte, ne
pas lui donner de lait
Aménager une mare et laisser
s’y installer la vie, maintenir
aux
abords
de
vieilles
souches, des tas de bois ou de
litière,
participer
aux
opérations de ramassage des
batraciens
Planter des arbres et arbustes
feuillus indigènes, créer une
mare
naturelle,
supprimer
l’usage
des
insecticides,
aménager ou maintenir des
accès
vers
des
gîtes
potentiels, ne pas déranger les
colonies existantes
Parc
Parcnaturel
natureldu
duPays
Pays des
desCollines
Collines
Planter une haie diversifiée
(arbres et arbustes à baies,
épineux, etc.), planter un
arbre-têtard, ne pas tailler les
haies entre avril et début juillet,
les nourrir durant l’hiver, placer
de petits abreuvoirs et des
nichoirs
Aménager une prairie fleurie
ou un coin d’ « herbes folles »,
planter des espèces fruitières
hautes-tiges, préserver de
vieux murs en pierre, installer
des « hôtels à insectes »
Petits lieux d’accueil vite faits et bien faits :
- Suspendre ou déposer au sol une buche de bois percée de petits trous forés (environ 10 cm de profondeur, 3 à
15 mm de diamètre, espacement de 1 à 2 cm) pour l’accueil d’espèces xylophages, d’abeilles et de guêpes
solitaires ;
- Suspendre dans une haie un pot de fleurs rempli de fibres de bois ou de paillage tenus par un filet, ouverture
vers le bas, puis, une fois les perce-oreilles établis, le déplacer près d’une colonie de pucerons ;
- Suspendre un fagot de tiges et branches creuses bien abritées dans une boite pour l’accueil des abeilles et
guêpes solitaires – à exposer de préférence au sud ou au sud-est ;
- Aménager un abri à hérisson avec une boite en bois garnie de litière de paille qui sera posée légèrement audessus du sol, recouverte d’un film imperméable, dissimulée sous un tas de feuilles mortes ou de branches et
accessible via un petit tunnel de 10 cm de côté ;
- Garder un espace d’environ 2 cm entre un mur et le treillis supportant une plante grimpante pour l’accueil des
papillons ;
- Maintenir l’accès aux gîtes fréquentés par les chauves-souris (chiroptière en toiture de 40 cm de large sur 7 cm
de hauteur pour les espèces accédant au gîte en vol ; ouverture dans des portes d’’environ 25 cm de large sur 7
cm de hauteur pour les plus petites espèces) ;
- Construite et poser des nichoirs aux dimensions adaptées aux espèces que l’on souhaite favoriser ;
- Etc.
Pour d’autres idées et de plus amples renseignements :
- Publication du SPW – Votre jardin au naturel (http://environnement.wallonie.be/publi/education/jardinnaturel.pdf);
- Revue des guides-nature du Pays des Collines ;
- Site de Natagora (http://www.natagora.be/index.php?id=39)
Illustration 9 : Contenu du « pense-malin » distribué dans le cadre de ma guidance d’examen.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
72
Exemples d’application de propositions et recommandations visant la restauration
du maillage écologique dans l’environnement du hameau de Pironche et dans
l’environnement du hameau de la Warloche
4.3
A la lumière des propositions générales émises tout au long de la section précédente, nous allons
essayer de dégager des pistes concrètes pour préserver, restaurer et/ou renforcer le maillage
écologique entre les deux sites des bois Lefèbvre et d’Assômont. Etant donné la complexité et
l’ampleur spatiale de la mission qui nécessitent la réunion et la collaboration d’une multitude d’acteurs
locaux autour d’un objectif commun, le présent travail ne peut prétendre apporter à lui seul la trame
complète des solutions visant à recréer ce maillage écologique. Il s’agit en effet d’une tâche ardue et
longue dont la réussite dépendra étroitement de la motivation des différents acteurs potentiels à
s’investir dans ce projet collectif. Dans ce contexte, la présente étude s’est alors plutôt concentrée sur
deux zones particulières qui pourraient servir de foyers de restauration primaires et ainsi, constituer
ensuite des aires de référence pour des actions à plus large échelle. Cette proposition de travail
respecte ainsi la méthodologie développée en section 4.1 - méthodologie qui préconise des
interventions graduellement réparties dans le temps et l’espace de manière à y intégrer et à profiter
des retours d’expérience.
Après avoir visité à plusieurs reprises l’environnement enclavé entre les bois Lefèbvre et d’Assômont,
deux zones me sont apparues intéressantes pour lancer les bases de la mission de restauration :

La première zone-cible couvre les espaces du hameau de Pironche compris entre le rieu de
Pironche et le massif boisé formé par le bois Lefèbvre et son extension boisée méridionale ;

La seconde zone-cible englobe elle l’espace agricole enclavé entre le bois d’Assômont et le
hameau de la Warloche et délimité, respectivement en périphéries occidentale et orientale,
par la rue Mont Camu et l’axe de la rue Warloche desservant les numéros 21 à 25.
Le choix de la première zone-cible à hauteur du hameau de Pironche s’est justifié par la combinaison
des facteurs suivants : la proximité des zones reconnues comme centrales dans le réseau écologique,
le relevé de certains points paysagers attrayants et l’application par les riverains de cette zone de
quelques mesures environnementales intéressantes. Cette zone aménagée devrait constituer un bel
îlot de référence pour juger de l’efficacité des propositions d’aménagement tandis que du point de la
sensibilisation, celle-ci devrait être facilitée vu les initiatives privées déjà engagées.
La seconde zone-cible a elle été plutôt concentrée au niveau d’une zone qui de prime abord souffre
de lacunes plus profondes en termes de maillage écologique (accotements enherbés peu diversifiés
en certains endroits, vaste parcelle agricole, etc.) tout en offrant des lieux potentiellement intéressants
à restaurer et/ou à gérer différemment.
Volontairement, les deux zones-cibles ont été choisies dans le voisinage immédiat des bois Lefèbvre
et d’Assômont de manière à pouvoir évaluer, à relativement court terme, l’impact et l’efficacité des
aménagements proposés sur les déplacements d’espèces et la restauration/recolonisation de milieux
annexes.
Les retours d’expérience et les résultats observés dans ces zones pourront ensuite être
judicieusement valorisés et étendus plus largement dans l’environnement des bois Lefèbvre et
d’Assômont mais également pourquoi pas, à l’échelle encore plus large du territoire communal.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
73
4.3.1
Propositions et recommandations de restauration du maillage écologique à hauteur du
Hameau de Pironche
En parcourant çà et là le hameau de Pironche en vue d’en découvrir les atouts et les faiblesses,
quelques observations intéressantes ont pu être faites et ont permis de mettre en évidence quelques
éléments paysagers méritant une attention plus particulière et au droit desquels une intervention
devrait permettre d’en exprimer de meilleurs potentiels écologiques. De par ces derniers, ces
éléments pourront accueillir la biodiversité locale qui y trouvera des espaces refuges, des ressources
alimentaires et/ou des couloirs de déplacements. La présente section va s’attacher à décrire
successivement les points d’intérêts et les faiblesses mis en évidence lors de nos visites in situ. Pour
compléter la description qui suit, une cartographie des recommandations proposées a été dressée ;
elle est présentée au travers de l’Illustration 10.
Recommandations vis-à-vis des accotements de bords de voirie présentant un cortège floristique
intéressant
En empruntant les rues de Pironche, de Longbonne et du Bas-Pré qui desservent les habitations du
hameau de Pironche, les accotements ont révélé en quelques endroits une belle richesse floristique.
C’est notamment le cas en bordure de la rue Longbonne et de la rue de Pironche comme le montrent
les quelques prises de vue suivantes et le précisent la cartographie annexée en Illustration 10. En
effet, en marge de la rue Longbonne, s’élève un talus au droit duquel le couvert de graminées s’orne
d’une belle palette de dicotylées comme des campanules, du millepertuis commun, du mouron des
champs, des ombellifères, de la vesce hérissée, etc. Le long de la rue Pironche, les abords enherbés
sont aussi garnis de quelques espèces intéressantes comme la consoude officinale, la berce
commune, le cirse maraîcher, l’achillée millefeuille ou encore la reine des prés, la véronique des
ruisseaux et l’ache nodiflore sur les rives du rieu de Barbimfosse et en bordure des fossés.
Pour préserver et renforcer l’intérêt de ces accotements, un fauchage tardif de ceux-ci est à
recommander ; celui-ci devra être couplé à une sensibilisation des riverains et également des
agriculteurs afin que les bénéfices attendus avec cette gestion extensive ne soient pas annihilés par
des actes inappropriés (tontes des accotements par les particuliers, rejets diffus induits par des
pulvérisations, etc.).
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
74
Milleperuis commun
Campanule
Prises de vue d’un talus bordant la rue Longbonne avec son cortège floristique.
Consoude officinale
Cirse maraîcher
Prises de vue des endroits d’intérêt bordant la rue de Pironche avec leur cortège floristique.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
75
Recommandations vis-à-vis des chemins agricoles permettant l’accès aux parcelles agricoles
En marge des voiries carrossables, s’annexent de petits chemins agricoles avec une assise plutôt
terreuse garnie de bandes enherbées (généralement une centrale et deux latérales). Ces chemins
s’immiscent entre les parcelles agricoles qu’ils desservent et constituent au cœur de celles-ci de petits
espaces refuges et/ou de fins cordons d’accueil de la biodiversité. Le cortège floristique y rencontré
est assez similaire à celui bordant les voiries carrossables et évoqué au point précédent. En
combinaison avec les voiries routières locales, ces chemins présentent un réel intérêt et complètent
d’une manière non négligeable la trame du maillage écologique.
Pour que ces espaces déploient pleinement leur potentiel, il importe d’y adopter une gestion basée sur
les mêmes principes que ceux régissant la démarche de fauchage tardif de bords de route - à savoir :
-
en cas de fauchage, la pratique d’une fauche tardive, peu fréquente (une fois par an) avec un
correct ajustement de la hauteur de coupe, une évacuation du produit de fauche et le maintien
de zones refuges non fauchées ;
-
le bannissement de l’emploi de tout produit de type herbicides, insecticides, etc. au droit de
ces chemins.
De manière identique aux recommandations émises au point précédent, il importera aussi de
sensibiliser les exploitants agricoles aux rejets diffus et retombées indirectes pouvant être induits lors
de leurs travaux de pulvérisations. A ce niveau, une gestion en bon père de famille est simplement à
préconiser (prise en compte de l’orientation des vents et maintien d’un retrait sécuritaire).
Soumis à ce type de gestion extensive, les chemins agricoles devraient progressivement voir leur
cortège floristique s’enrichir et avec lui, sa capacité d’accueil pour la faune dans sa globalité. Dans le
cadre de la balade d’examen que j’avais organisée, cet attrait des chemins agricoles peu soumis à
altérations avait clairement pu être constaté au travers de la belle diversité botanique observable sur
leurs accotements (matricaire recutita, matricaire discoïde, achillée millefeuille, tanaisie, laiteron
épineux, vesce cracca, gesse des prés, berce commune, etc.). Les quelques chemins visés par ces
quelques recommandations sont repris sur la carte présentée en Illustration 10.
Recommandations vis-à-vis des prairies et terres de cultures bordant le rieu de Pironche et ses petits
affluents
Comme nous l’avons présenté précédemment, le rieu de Pironche traverse dans sa portion amont le
hameau de Pironche et s’écoule, en dehors de celui-ci, au sein de terres agricoles - tantôt des
prairies, tantôt des espaces de culture.
Au niveau des prairies, les observations de terrain tendent à démontrer que celles-ci sont
correctement clôturées de manière à éviter l’accès du bétail au lit du cours d’eau et de manière à
préserver également un fin ourlet herbeux sous la ripisylve. Ces interventions méritent donc d’être
saluées et d’être maintenues dans le temps. Bien que difficilement contrôlables, il importera aussi de
veiller au respect de distances minimales d’épandages d’engrais (retrait minimal de 6 mètres) et de
traitements phytosanitaires. Pour les agriculteurs qui le souhaiteraient, un engagement agrienvironnemental (bandes de prairies extensives) pourrait être une démarche intéressante mais ceci
dépendra bien évidemment du devenir du programme agri-environnemental lors de la prochaine
réforme de la PAC.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
76
Au niveau des terres de cultures, l’idéal serait d’implanter une tournière enherbée faisant office de
zone tampon entre la culture et le rieu de Pironche. Pour l’instant, ce type d’aménagement est couvert
par le programme agri-environnemental wallon lequel est amené prochainement à être révisé. Il sera
alors important d’informer les agriculteurs sur les modifications de cette politique et, le cas échéant si
cette mesure disparaît, de les sensibiliser aux intérêts multiples de ce type de zones tampons
enherbées - tant par rapport à la qualité de nos eaux de surface que vis-à-vis de l’accueil de la
biodiversité ou encore vis-à-vis des problématiques d’érosion des terres. Dans l’optique où
l’agriculteur n’envisage pas d’implanter une tournière enherbée, les recommandations minimales à lui
formuler sont celles : de l’interdiction d’épandage de fertilisants à moins de 6 mètres du cours d’eau et
d’un retrait minimal de 20 mètres pour un stockage aux champs de fumier (art R.195 et R.202 du
Code de l’Eau) et de l’interdiction de labourer, herser ou ameublir la bande de terre se trouvant à
moins de 50 centimètres de la crête de berge (art. 10 de l’AR du 5 août 1970).
Exemple de mesures de protection de cours d’eau correctement appliquées (ici, la clôture de prairies).
Exemple d’intervention fragilisant la berge (retrait minimaliste vis-à-vis de la berge du cours d’eau).
Outre ces recommandations, les futures interventions veilleront à respecter la dynamique du cours
d’eau - exception faite dans sa traversée du hameau de Pironche où les enjeux sécuritaires resteront
prioritaires. Ailleurs, dans la mesure du possible, les actes seront limités et permettront aux cours
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
77
d’eau de retrouver une certaine liberté spatiale qui sera à l’origine d’une diversification des habitats
(reméandration naturelle avec berges abruptes extérieures et des berges en pentes douces à
l’intérieur du méandre). Ce processus semble d’ailleurs timidement s’opérer dans la portion amont du
rieu de Pironche où des affaissements de berges avec création de petites banquettes colonisées par
des macrophytes (Juncus sp) ont pu être observés. Quelques prises de vue de cette zone sont ciaprès proposées.
Prises de vue de l’endroit où le rieu de Pironche semble retrouver une dynamique spatiale (affaissement avec
création de banquettes alluviales colonisées de joncs).
Recommandations vis-à-vis du réseau hydrographique richement orné d’une ripisylve quasiment
continue
Pour cette zone cible, le rieu de Pironche ainsi que ses affluents sont encadrés d’une ripisylve dense
et quasiment continue. Ainsi, seuls quelques tronçons d’une centaine de mètres chacun (notamment
sur le rieu de la petite Arbatte, le rieu Baptiste Bourlet, le rieu du Paradis des Chevaux et le rieu de
Pironche) apparaissent plus dépourvus de ripisylve. Si cette fragmentation du cordon rivulaire est
problématique pour le déplacement de certaines espèces (notamment le Petit Rhinolophe), elle reste
toutefois intéressante dans le sens où elle permet une certaine diversification des faciès pour cet
habitat aquatique - et notamment une ouverture du milieu et un éclairage des berges favorables à
certaines nidifications. Dans ce contexte, il y aura donc lieu d’entrevoir un compromis ; ce compromis
pourrait se réfléchir selon deux options ;
-
D’une part, en visant une diversification spatiale des faciès offerts par la ripisylve avec le
maintien de ripisylve discontinue sur certains cours d’eau et la restauration d’une ripisylve
continue pour d’autres cours d’eau - et ce, de manière à coupler sur un espace relativement
proche deux options répondant à des besoins spécifiques contraires ;
-
Et d’autre part, en répondant, au moins approximativement, aux besoins spécifiques du plus
grand nombre d’espèces.
Selon l’option choisie, les interventions consisteront :
-
Pour la première, à restaurer une ripisylve sur certains cours d’eau et à n’opérer aucune
plantation complémentaire sur d’autres cours d’eau voisins (par exemple, pour la zone
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
78
d’étude, maintien des tronçons ouverts sur les rieux de la petite Arbatte et du Paradis des
Chevaux avec, en parallèle, la restauration de la ripisylve sur le rieu Baptiste Bourlet) ;
-
Pour la seconde, à renforcer au moins de manière ponctuelle la ripisylve sur les tronçons où
celle-ci est déficiente - soit par quelques plantations rivulaires espacées (plutôt de nature
buissonnantes ou arbustives en marge des terres de culture), soit par des alignements
d’arbres (par exemple, d’arbres têtards espacés d’une dizaine de mètres).
Dans une optique un peu plus progressiste, des tentatives d’élargissement des cordons rivulaires
existants pourraient être envisagées dans des espaces peu productifs ; il s’agirait alors d’annexer à
l’étroite ripisylve existante, un espace intermédiaire arboré et arbustif (largeur visée de 3 à 4 mètres)
et un espace tampon (couvert herbacé éventuellement plantés de quelques arbres).
Au niveau de la ripisylve de la zone cible, une dernière remarque sera émise vis-à-vis de la présence
d’une espèce considérée dans les espèces invasives à l’échelle de la Wallonie - à savoir le chêne
rouge d’Amérique (Quercus rubra) observé en alignement en rive gauche du rieu de Pironche, juste
en amont du pont surplombant la N529. Cette espèce est considérée comme invasive dans le sens où
elle induit une acidification irrémédiable des sols (notamment dans le cadre de son introduction en
sylviculture) ce qui, à terme, perturbe/modifie l’écosystème et les espèces qu’il abrite. On peut donc
par conséquent recommander que cette espèce ne soit à l’avenir plus plantée en milieux naturels
même si elle présente un bel intérêt d’un point de vue paysager (coloration hivernale).
Recommandations vis-à-vis des talus enherbés délimitant des parcelles agricoles
En parcourant la zone cible, nous avons pu observer la présence sporadique de quelques talus
enherbés qui s’intercalent entre des parcelles agricoles (Illustration 10). Ces éléments paysagers se
révèlent intéressants car ils rompent la monotonie des cultures et peuvent servir de zones refuges lors
des travaux agricoles et en l’absence de couvert cultural. De par ces intérêts précités, ces talus
méritent d’être préservés et, au même titre que les accotements de voiries et de chemins agricoles,
devraient être soumis à une gestion extensive (éventuellement un fauchage ou débroussaillage
annuel tardif avec exportation du produit de fauche et hauteur de coupe ajustée ; interdiction
d’épandages de fertilisants et de traitements phytos).
En plus de cette gestion extensive, les propriétaires désireux d’aller plus loin dans la démarche de
préservation de l’environnement pourraient envisager de diversifier ces talus par l’ensemencement de
bandes fleuries (association de graminées avec des fleurs des prés comme la marguerite, la
centaurée, la mauve, le lotier, l’achillée millefeuille, le compagnon blanc, etc.), de bandes messicoles
(bleuets, chrysanthèmes des moissons, coquelicots, etc.) ou beetle bank (association de graminées
avec des plantes hautes comme la berce, la tanaisie, le bouillon blanc) ou par la plantation de
buissons et/ou arbustes.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
79
Prises de vue de deux talus observés : à gauche, le long de la rue Longbonne et à droite, dans le prolongement
de la rue Boctiaumutte.
Recommandations vis-à-vis des parcelles agricoles s’étirant en bordure de massifs forestiers
La zone-cible s’étirant le long du Bois Lefèbvre et du massif forestier le prolongeant dans sa
périphérie méridionale, on retrouve logiquement des zones d’interface entre le milieu forestier et le
milieu agricole. A ces endroits, nous avons pu constater que la transition entre ces deux milieux est
assez brutale. Afin de développer le potentiel écologique de ces zones, il serait intéressant de réfléchir
aux possibilités de recréer des lisières agroforestières. L’objectif de ce type d’aménagement est de
permettre le déploiement de trois ceintures parallèles de végétation allant graduellement des arbres
vers les herbes.
Prises de vue des lisières abruptes rencontrées de part et d’autre de la rue Longbonne, à l’entrée du massif boisé
s’étirant au sud du bois Lefèbvre.
Recommandations vis-à-vis de quelques parcelles agricoles, de grande ou petite taille, faiblement
agrémentées d’éléments naturels
En analysant les espaces agricoles au sein de la zone cible, on constate que celle-ci revêt encore
assez bien un aspect de patchwork en associant des parcelles de taille raisonnable et assolées
diversement. Toutefois, une parcelle située entre les rues de Pironche et du Bas-Pré et le rieu de
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
80
Pironche couvre elle une superficie assez vaste (de l’ordre de près de 10 hectares) et ce, notamment
lorsqu’elle reçoit la même culture.
Afin de rendre cette parcelle moins hostile, les aménagements à y entreprendre pourraient revêtir les
formes suivantes :
-
une subdivision de celle-ci en parcelles de moindre taille et ensemencées diversement ;
-
l’implantation d’une bande de parcelles aménagées (beetle bak, bande fleurie, bande
messicole, bande aménagée pour l’avifaune hivernant se nourrissant au sol) ;
-
la création de placettes à alouettes en cas de cultures céréalières.
Si ces aménagements s’avèrent particulièrement pertinents au droit de cette vaste parcelle cultivée, ils
peuvent aussi s’envisager ailleurs selon l’intérêt et l’enthousiasme des exploitants agricoles.
Pour les étendues prairiales recensées au sein et en marge du hameau de Pironche, le renforcement
du maillage écologique se fera essentiellement par le biais d’éléments ligneux : plantation de haies,
d’alignements d’arbres, de vergers hautes tiges ou encore d’arbres isolés. Pour ces aménagements, il
sera intéressant d’associer une diversité d’espèces indigènes et de les implanter suivant une structure
spécifique à la fonction recherchée (haie écologique, méllifère, anti-érosive, etc.).
Des propositions à ce sujet sont synthétiquement indiquées sur fond cartographique par
l’Illustration 10.
Recommandations vis-à-vis de quelques habitations privées encadrées de jardins
Le hameau de Pironche compte une vingtaine d’habitations relativement isolées qui disposent
chacune d’un jardin plus ou moins étendu. Sachant que la restauration du maillage écologique
nécessite un effort collectif, il serait intéressant de motiver aussi les riverains à prendre part chacun à
ce projet en adoptant une (ou plusieurs) mesure(s) favorisant un retour de la nature aux abords de
leur habitation. Ceci peut passer par une campagne de sensibilisation qui présenterait quelques
mesures aisément applicables par tout un chacun. A ce sujet, des contacts pourraient être pris avec
les propriétaires de l’habitation sise au numéro 48 de la rue Pironche pour voir si ceux-ci seraient
intéressés à partager leur expérience du jardin plus naturel (présence d’une prairie fleurie, haie
multirangs plurispécifique, etc.) et à servir de relais.
Dans le cas des exploitations agricoles, une attention plus particulière pourrait être menée vis-à-vis
des possibilités d’accueil au sein des bâtiments agricoles - notamment pour la nidification des
hirondelles, de passereaux voire de rapaces diurnes ou l’accueil des chauves-souris.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
81
Légende :
Contour de la zone expertisée
Accotements de voirie à
(opération de fauchage tardif)
Chemins agricoles
extensivement
à
gérer
préserver
extensivement
et
à
gérer
Accotements où ont été faites des observations
intéressantes
Portions de cours d’eau dépourvues d’une ripisylve (à
aménager ou à maintenir en l’état)
Emplacements privilégiés de tournières enherbées en
bordure de culture
Abords prairies de cours d’eau à gérer extensivement
Endroit où le cours d’eau semble reprendre une
certaine dynamique naturelle
Prairies au droit desquelles des éléments arborés
pourraient être réimplantés
Talus enherbés séparant des parcelles agricoles (à
gérer extensivement et à préserver des applications
d’intrants)
Emplacements préconisés pour une restauration des
lisières agroforestières
Localisation d’un jardin au naturel
Parcelle agricole de grande taille à aménager
(subdivision en plus petites parcelles assolées
diversement ou bandes aménagées)
N
200 m
Illustration 10 : Cartographie des propositions de restauration du maillage écologique dans l’environnement du hameau de Pironche.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
82
4.3.2
Propositions et recommandations de restauration du maillage écologique pour la zone
agricole enclavée entre le bois d’Assômont et le hameau de la Warloche
A la lumière de la démarche entreprise ci-avant pour le hameau de Pironche, nous allons tenter de
dégager quelques propositions d’actions concrètes qui, moyennant leur acceptation par les acteurs
locaux concernés, sont autant de solutions visant à renforcer et/ou au moins préserver l’attrait du
maillage écologique entre le Bois d’Assômont et le hameau de la Warloche.
Ce listing de recommandations est accompagné d’une cartographie de celles-ci qui permettra au lecteur
de visualiser la trame paysagère potentiellement restaurable ; elle est présentée en Illustration 11.
Recommandations vis-à-vis des accotements de bords de voiries et de chemins agricoles
En parcourant les abords du Bois d’Assômont et du hameau de la Warloche, notre regard a été attiré à
plusieurs reprises sur un cortège floristique intéressant observable en bord de voiries et/ou de chemins.
Ces portions routières intéressantes se retrouvent notamment en bordure du bois d’Assômont (soit
Chemin Placette et un petit chemin agricole), en bordure de la rue Mont Camus et de son prolongement
rue Haut-Breucq et sur certains talus encadrant la rue de la Warloche. Préserver voire améliorer l’intérêt
de ces accotements impliquerait logiquement de les soumettre au régime de fauchage tardif - déjà
évoqué précédemment.
Pour les autres axes parcourus dans cette zone, les relevés botaniques soulèvent à ce jour moins de
diversité (domination nette des graminées) et/ou nos observations ont pointé leur progressive disparition
par le fait de travaux agricoles très proches des voiries. Pour ces autres espaces, une gestion en
fauchage tardif devrait aussi s’envisager pour compléter judicieusement le maillage écologique lié au
réseau routier, pour permettre au couvert enherbé de s’enrichir et tout simplement, pour servir de zones
d’accueil pour certaines espèces spécifiques ou moins exigeantes (cas notamment de l’association
poacées-satyrinae). En parallèle à cette action, une sensibilisation des populations riveraines devra être
réalisée pour espérer y adjoindre d’autres efforts personnels (acceptation des abords moins entretenus,
préservation des accotements enherbés lors des travaux agricoles, attention lors de pulvérisations, etc.).
Heracleum sphondylium
Apium nodiflorum
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
83
Vicia hirsuta
Prises de vue des accotements bordant les rues Mont Camus et Haut-Breucq - et de la diversité floristique y
présente.
Juncus sp
Carex pendula
Pteridium aquilinum
Prises de vue des endroits d’intérêt bordant le Chemin Placette et un petit chemin agricole y annexé.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
84
Prises de vue des quelques talus intéressants bordant la rue de la Warloche.
Prises de vue des accotements bordant le rue Outre l’Eau : à gauche, un accotement enherbé préservé et à
droite, un accotement raboté par les pratiques agricoles.
Recommandations vis-à-vis des prairies et terres de cultures bordant le rieu de Pironche et ses petits
affluents
Dans la même logique que celle présentée pour le rieu de Pironche, il semble important que les abords
immédiats du réseau hydrographique rencontré entre Assômont et Warloche soient gérés de manière
extensive - soit par le biais de mesures agri-environnementales (type tournière enherbée en bordure de
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
85
culture ou bande de prairie extensive) ou soit simplement par le biais de l’application des bonnes
pratiques (respect de retrait suffisant lors d’épandages de fertilisants, lors de traitements phytos et lors du
travail des terres, clôture des cours d’eau, etc.).
A ce niveau, on notera l’observation d’un accès du bétail au lit du rieu de la Warloche en périphérie
occidentale du bois d’Assômont. A l’image des réalisations observées dans une prairie bordant la rue de
la Warloche, des aménagements devraient y être envisagés pour préserver la qualité physico-chimique
de l’eau et pour éviter une dégradation des berges (clôture de la parcelle, installation d’une pompe à
museau ou autres systèmes d’abreuvement).
Prises de vue de deux prairies en bordure de La Warloche : à gauche, avec maintien d’accès du bétail au lit du
cours d’eau ; à droite : sans accès du bétail au lit du cours d’eau (présence d’une clôture et d’une pompe à
museau).
Outre ces recommandations, comme pour le rieu de Pironche, les futures interventions veilleront à
respecter la dynamique du cours d’eau et à lui permettre de regagner une liberté spatiale acceptable aux
yeux de tous et favorable à une rediversification des faciès d’habitats.
Au niveau de la ripisylve, celle-ci apparaît implantée de manière quasiment continue et constitue de cette
manière un cordon végétatif intéressant pour la trame du maillage écologique. A ce niveau, les quelques
recommandations à émettre seraient d’envisager un renforcement de la ripisylve existante en lui allouant
plus d’espace pour permettre un meilleur étagement de celle-ci et créer une jonction graduelle et douce
avec les terrains environnants. Une autre recommandation viserait elle une sensibilisation des
populations riveraines aux techniques et modalités d’entretien de la ripisylve. En effet, lors de nos visites
in situ, nous avons pu constater certains travaux d’entretien, en marge des rues Warloche et du GrandVivier, lesquels n’intégraient pas les principales modalités reconnues comme étant des bonnes pratiques
en matière de gestion de la ripisylve (notamment, le recours à des interventions en alternance sur les
rives, incinération des déchets verts en marge du cours d’eau, etc.). Une sensibilisation à cette
thématique de la gestion et de l’entretien de la ripisylve peut donc sembler utile (présentation des
différents gestionnaires et de leur rôle, rappel des obligations des riverains de cours d’eau, code de
bonnes pratiques pour l’entretien, etc.)
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
86
Recommandations vis-à-vis de quelques parcelles agricoles, de grande ou petite taille, faiblement
agrémentées d’éléments naturels
Revêtant un aspect assez similaire à celui observé au niveau du hameau de Pironche, les espaces
agricoles enclavés entre le bois d’Assômont et le hameau de la Warloche ont dévoilé lors de mes visites
quelques atouts qu’il me semble très important de préserver durablement. Ces atouts sont :

D’une part, l’implantation de couvertures hivernales en marge du bois d’Assômont :
En me baladant sur le Chemin Placette, j’ai pu observer des allers et venues incessants de petits passereaux
entre la lisière du bois d’Assômont et le champ présent en vis-à-vis qui était occupé par un couvert hivernal
alliant l’avoine et la moutarde. Ce type d’aménagement est donc à encourager car d’intérêt pour l’avifaune qui
doit y trouver des ressources alimentaires (graines, insectes, vers ou autres).

Et d’autre part, le maintien de quelques fins corridors enherbés entre certaines parcelles :
En bordure de la rue Mont Camus, un espace enherbé encadrant une étroite voie artificielle d’écoulement des
eaux a été observé et semble se poursuivre selon les vues aériennes jusqu’au lit de la Warloche. Il offre ainsi un
couloir de liaison au travers de ces parcelles agricoles cultivées et peut servir temporairement aussi de lieu de
refuge. Sa préservation durable (absence de remaniements, proscription des produits phytos, etc.) est donc
intéressante.
Cependant, à côté de ces atouts, nous pensons que des améliorations peuvent être apportées à ce
parcellaire agricole afin de diversifier les milieux y présents et de rendre cet espace plus accueillant vis-àvis de la biodiversité locale. Ces améliorations pourraient notamment s’axer sur les points suivants :

La plantation de nouveaux éléments ligneux notamment au droit des prairies pâturées :
Une observation rapide des éléments ligneux au sein du parcellaire agricole indique que ceux-ci se répartissent
essentiellement en bordure des cours d’eau et qu’en dehors de ce linéaire, les arbres, isolés ou groupés, se font
très rares. Un renforcement du maillage ligneux pourrait ainsi s’opérer par la réalisation de nouvelles plantations
çà et là car, comme mentionné dans la présente étude, un arbre constitue à lui seul un écosystème. Ces
plantations pourraient plus particulièrement se faire en milieux prairiaux de manière à occasionner moins de
contraintes et à être ainsi plus facilement acceptées par les propriétaires ou exploitants agricoles. Parmi les
milieux particuliers intéressants à recréer, on mentionnera bien évidement les arbres têtards (en alignements ou
isolés) ou encore les vergers d’arbres hautes tiges.

Le morcellement des grandes parcelles en unités de taille plus modeste :
Déjà évoqué pour le hameau de Pironche, le retour à des parcelles de taille modeste (entre 5 et 10 ha) est
intéressant pour les espèces de nos campagnes. Ce morcellement peut simplement résulter du choix de
l’agriculteur qui établira son plan de cultures en délimitant des parcelles de taille raisonnable et en y diversifiant
l’assolement. Si pas, les grandes parcelles peuvent être entrecoupées par des bandes aménagées qui viendront
rompre la monotonie de la culture et offriront un espace refuge pour diverses espèces et ce, en fonction du type
de bandes aménagées installées. Dans le même ordre d’idée, en cultures céréalières, des placettes à alouettes
peuvent également être réalisées sans trop de labeurs et sans induire d’importantes pertes financières (peu
d’espaces perdus et peu d’entretien).

La restauration et l’aménagement d’annexes hydrauliques :
Se faisant rares au cœur de notre zone d’expertise, les annexes hydrauliques nécessiteraient qu’on leur octroie
à nouveau un peu de notre espace. En parcourant le Chemin Placette, mon regard a été attiré par une prairie
ornée de quelques arbres et de quelques touffes de joncs qui s’élevaient au-dessus du couvert de graminées.
En y regardant de plus près, la prairie en question est au fait traversée par un petit suintement d’eau s’écoulant
en direction d’un petit massif boisé, lui aussi intéressant par la présence de fourrés arbustifs et buissonnants et
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
87
d’arbres (dont certains dépérissants et/ou envahis de lierre). La présence de ce filet d’eau et des joncs
renseigne de la nature humide du milieu. Cette humidité semble d’ailleurs même s’étendre à la parcelle cultivée
voisine dont une portion apparaît détournée lors des travaux de semis. La combinaison des éléments en
présence (arbres isolés, prairie, eau et bosquet) indique assez clairement qu’on a ici à faire à un milieu
particulier nécessitant une gestion spécifique et/ou des aménagements visant à en renforcer l’attrait. En termes
de gestion, il est assez évident que cette prairie devrait être gérée de manière extensive tant par rapport aux
pratiques de fauche, qu’à la charge de pâturage ou encore qu’aux intrants (limitation des fertilisants et
interdiction de produits phytos). Ce type de gestion pourrait s’inscrire dans la mesure n°8 « prairie de haute
valeur biologique ». En outre, il serait peut-être intéressant d’y évaluer l’opportunité d’éventuellement recréer
une mare agricole.
Recommandations vis-à-vis de la gestion de certaines espèces invasives
Pour cette zone, une attention particulière devra être portée à court terme sur les foyers de Renouées
observés en deux endroits du Chemin Placette : l’un en marge septentrionale et l’autre en marge
méridionale. De par leur taille encore relativement limitée, leur situation dans la partie amont du réseau
hydrogaphique et vu leur proximité par rapport au bois d’Assômont, un programme d’actions devra être
engagé à court terme de manière à contenir au plus vite leur propagation.
S’agissant de foyers de Renouées, les interventions à mener pourront se pencher vers une gestion
chimique des plants (injection de produits chimiques dans les tiges) et/ou vers une gestion mécanique (et
plus particulièrement, vers des fauchages répétés, avec éventuellement placement de bâche et
plantation de saules ou ligneux ou herbacées). Cette gestion doit s’envisager dans le long terme (à savoir
sur plusieurs années) vu l’importante faculté de cette espèce à se reproduire via ces rhizomes puissants
profondément ancrés. De même, afin que celle-ci soit efficace, une attention particulière sera portée au
traitement des résidus de gestion et les mesures préventives ad hoc (notamment pour éviter au
maximum la dispersion de l’espèce que ce soit via le matériel de chantier, via la chute de fragments
végétaux dans le cours d’eau, via l’évacuation de terres contaminées, etc.) seront mises en œuvre par
l’entrepreneur ou les personnes chargés de la mission.
Prise de vue des deux foyers de Renouées observés en bordure du Chemin Placette, à l’orée du bois
d’Assômont.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
88
Recommandations vis-à-vis de quelques habitations privées encadrées de jardins
Dans la même optique que celle présentée pour le hameau de Pironche, l’intervention de tous les acteurs
locaux est nécessaire et, par ce biais, un effort des populations locales devrait aussi être sollicité. Cet
effort passe par le respect des règlements et législations (notamment en matière de gestion de déchets,
de rejets d’eaux usées, etc.) mais aussi par permettre à la nature de s’installer dans et aux abords de nos
chez-nous. Ceci passe par une sensibilisation du public aux petites actions intéressantes à mener soimême dans sa propriété ou son jardin ; celles-ci sont multiples (depuis la pose de nichoirs jusqu’à la
plantation d’une haie diversifiée ou encore le maintien d’un coin d’herbes non fauchées ou l’implantation
d’une prairie fleurie) et à la portée de chacun selon ses moyens et ses envies.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
89
Légende :
Contour de la zone expertisée
Accotements de voirie à
(opération de fauchage tardif)
Chemins agricoles
extensivement
à
gérer
préserver
extensivement
et
à
gérer
Accotements où ont été faites des observations
intéressantes
Endroits où les accotements sont très limités
spatialement (actions de sensibilisation à entrevoir)
Portion de cours d’eau où un accès du bétail au lit a
été observé
Emplacements privilégiés de tournières enherbées en
bordure de culture
Abords prairies de cours d’eau à gérer extensivement
Prairie et bords de culture où s’écoule un filet d’eau
permettant un développement végétatif intéressant (à
gérer extensivement et évaluer l’intérêt d’un
aménagement en vue de restaurer une annexe
hydraulique de type mare)
Prairies au droit desquelles des éléments arborés
pourraient être réimplantés
Talus ou espaces enherbés séparant des parcelles
agricoles (à gérer extensivement et à préserver des
applications d’intrants)
Emplacement des foyers d’espèces invasives (ici, deux
foyers de Renouées pour lesquels un programme
d’actions apparaît nécessaire)
Parcelle agricole de grande taille à aménager
(subdivision en plus petites parcelles assolées
diversement ou bandes aménagées)
Observations de travaux d’entretien de la ripisylve ne
s’accordant pas avec les modalités recommandées.
N
200 m
Illustration 11 : Cartographie des propositions de restauration du maillage écologique dans l’environnement de la Warloche et du bois d’Assômont.
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
90
5
CONCLUSION GÉNÉRALE
Mes origines et mon enfance passée dans le petit hameau du Beaureux à Arc-Wattripont m’ont fait vouer
une affection toute particulière à la région de Frasnes-lez-Anvaing, une région que je pensais bien
connaître. Toutefois, au fil de la formation des Guides-nature des Collines (depuis les cours sur le terrain,
la préparation de ma balade d’examen et finalement, ce travail de fin de formation), j’ai l’impression
d’avoir redécouvert ma région natale sous un autre jour … celui d’une région riche d’un patrimoine
naturel inattendu et d’un écrin de verdure où il fait bon vivre. Il suffit en effet de prendre le temps de se
balader et d’observer la vie qui nous entoure pour en comprendre la complexité, la beauté et l’intérêt.
Malheureusement, notre société actuelle nous inonde d’attentes économiques, de soucis de rentabilité ou
encore de propositions consommatrices toujours plus pressantes, un peu à l’image de la devise
olympique de Pierre de Coubertin « Citius, Altius, Fortius ». Mais, toutefois, à force de chercher à viser
toujours le « plus vite, plus haut, plus fort », on passe à côté de l’essentiel et on oublie parfois simplement
de prêter attention à ce qui nous entoure. C’est un peu ce qui se passe avec l’environnement dont nous
tirons les profits qui nous conviennent mais que nous n’hésitons pas à négliger sous couvert de
motivations économiques ou sociales. Aujourd’hui cependant, cette négligence commence doucement à
montrer ses effets pervers (extinction des espèces, banalisation des paysages, simplification des milieux,
pollution des ressources naturelles, etc.) et le temps semble venu d’agir.
C’est dans cet état d’esprit que s’inscrit le présent travail consacré au maillage écologique entre les bois
Lefèbvre et d’Assômont. La démarche suivie par ce document a tout d’abord veillé à appréhender au
mieux ces deux milieux d’intérêt écologique reconnu et, plus largement, l’environnement qui les encadre.
En analysant et en observant ce dernier, nous avons pu constater que celui-ci regroupait des
composantes bien spécifiques : une composante ‘agricole’ qui occupe majoritairement l’espace, une
composante ‘forestière’ avec quelques massifs boisés, une composante ‘cours et plan d’eau’ qui sillonne
les paysages et finalement, une composante anthropique qui englobe les zones urbanisées. Abordées
successivement par la présente étude, ces composantes ont révélé leurs atouts mais aussi leurs
faiblesses vis-à-vis du rôle qu’elles peuvent jouer au sein du maillage écologique - élément essentiel de
nos paysages pour assurer la préservation voire l’amélioration de la biodiversité qu’ils abritent.
Conscients ainsi des atouts et des faiblesses de cet environnement, nous avons tenté de dégager pour
chacun de ses aspects particuliers les lignes directrices d’une gestion plus imprégnée des intérêts
écologiques et environnementaux des éléments paysagers tout en y maintenant une dimension
économique, sociale et humaine.
Au terme de cette réflexion, deux éléments apparaissent essentiels à la bonne réussite de cette action
visant une restauration satisfaisante voire un renforcement de la trame du maillage écologique reliant les
bois Lefèbvre et d’Assômont :

Le premier moteur de cette démarche résidera dans l’établissement d’un dialogue constructif et
compréhensif entre l’ensemble des personnes concernées par la démarche, qu’il s’agisse des
autorités compétentes, des acteurs locaux (associations environnementales, équipes
pluridisciplinaires, etc.) ou encore des populations locales. En effet, l’environnement étant un
‘bien’ collectif, il revient à chacun de consentir à certains efforts pour le préserver. Chacun a donc
un rôle important à jouer en fonction de son statut (public ou privé), de sa fonction (autorité
décisionnelle, pouvoir sanctionnateur, gestionnaire, exploitant ou simple résidant), de son impact
personnel (dimension spatiale et temporelle de l’impact, impact faible ou élevé, impact réversible
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
91
ou non) et de son pouvoir d’actions (pouvoir limité ou étendu). Un résultat optimum ne pourra
être attendu que si une concertation harmonieuse, respectueuse et entraînante naît entre tous.

Le second élément clé est et restera toujours le besoin de sensibiliser chacun aux enjeux de la
démarche. Même si la protection de l’environnement s’insère sous différentes formes dans le
quotidien (produits écologiques, recyclage et gestion des déchets, sacs réutilisables, etc.), il
apparaît essentiel d’avoir une approche ancrée de manière plus locale et de sensibiliser les
populations sur les intérêts de la nature qui les entoure directement dans leur vie de tous les
jours … la nature qu’elles longent en empruntant les voiries locales, la nature qui s’invite dans
leur jardin, la nature qui jalonne les espaces agricoles, la nature inhérente aux cours d’eau qui
traversent nos campagnes, etc. Mieux connaître notre environnement immédiat permet d’y prêter
une attention plus particulière et de mieux le protéger de notre influence.
A sa modeste échelle, ce travail a soulevé certaines pistes d’actions mais demande bien évidemment à
être poursuivi en fonction des motivations qui naîtront autour de ce projet de restauration du maillage
écologique. Ce document ouvre de nombreuses portes à des actions futures à réfléchir de concert entre
les différents acteurs. Un tel travail éveille en effet nombre d’idées, notamment en matière de
sensibilisation et de communication (émission de folders de sensibilisation sur des thématiques
particulières comme le fauchage tardif en les axant sur des observations locales, réflexion sur un
calendrier d’actions mensuelles pour les écoles ou les familles, rédaction d’articles dans la brochure des
guides-nature, communication des actions et des résultats de ceux-ci à la population frasnoise via les
bulletins communaux, etc.) - que je me ferai un plaisir de porter, de partager et de concrétiser si leur
utilité et leur pertinence se confirment à l’avenir.
Semons donc ensemble aujourd’hui les fleurs de l’avenir !
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
92
6
LEXIQUE
Adventices : Ce terme résulte d’une vision anthropocentrée et désigne une plante herbacée ou ligneuse
qui pousse à un endroit où elle n’est pas désirée. Dans le langage courant, les adventices sont aussi
appelées des « mauvaises herbes ».
Diatomées : Microalgues unicellulaires présentes dans les milieux aquatiques et enveloppées par un
squelette externe siliceux.
Ecoconditionnalité : L’écoconditionnalité consiste en l’octroi d’aides publiques moyennant le respect de
normes environnementales.
Embâcles : Un embâcle est une accumulation de matériaux (naturels ou anthropiques) apportés par
l'eau, qui fait obstacle à tout ou partie de l'écoulement d'un cours d'eau.
Gyrobroyage : Opération réalisée au moyen d’un gyrobroyeur, outil permettant la coupe et le broyage de
végétaux notamment dans le cadre de gestion de friches, jachères ou accotements routiers.
Glume : La glume désigne l’enveloppe des fleurs de graminées ; elle enveloppe aussi parfois leurs
grains.
Hélophytes : Plante enracinée sous l’eau mais dont les tiges, les fleurs et les feuilles sont aériennes (par
exemple, le roseau commun)
Hydrophytes : Plante qui vit immergée dans l’eau (par exemple, le nénuphar)
Liaison au sol d’une exploitation agricole : une exploitation est dite « liée au sol » lorsqu’elle dispose de
suffisamment de superficies agricoles (prairies et terres de cultures) pour épandre et valoriser les engrais
de ferme qu’elle produit (lisiers, fumiers, purins, fientes, etc).
Macroinvertébrés : Organismes vivant au fond de la rivière et utilisés pour l’évaluation de la qualité
biologique des cours d’eau. Il s’agit notamment de larves d’insectes, de mollusques, de crustacés, de
vers, etc.
Macrophytes : Terme générique utilisé pour désigner toutes les plantes aquatiques visibles à l’œil nu.
Megaphorbiaies : D’origine anglo-saxonne, ce terme désigne « les formations végétales dominées par de
grandes plantes à fleurs dont la taille excède 1,50 m à maturité. En Wallonie, ces mégaphorbiaies se
développent toujours dans des zones humides, généralement le long des cours d’eau, dans des zones
marécageuses ou dans des plaines régulièrement inondées (remontée de la nappe phréatique,
inondation par un cours d’eau) » - Lien : http://www.natagora.be/fileadmin/Reseau_nature/
Fiche_de_gestion/Prairies_humides_abandonnees_ou_Megaphorbiaies.pdf
Mouilles : Endroit d’une rivière où le lit s’est creusé.
PASH ou Plan d’Assainissement par Sous-Bassin Hydrographique : Il s’agit de documents
cartographiques qui définissent, pour chaque sous-bassin hydrographique du territoire wallon, le régime
d’assainissement (collectif, autonome ou transitoire).
Réseau écologique : Ensemble des lieux de vie susceptibles d’être habités ou parcourus par une espèce
(définition issue de la collection Agri-nature - http://www.agrinature.be/index.php?lg=fr&rub=accueil) ; il se
compose de zones centrales, de zones de développement et de zones de liaison (ou maillage
écologique) :
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Lexique
-
-
-
Zones centrales : « Zones recelant des populations d’espèces et des habitats de grande valeur
patrimoniale et encore en bon état de conservation » (définition issue de l’étude du réseau
écologique dans le cadre du PCDN de la commune de Frasnes-lez-Anvaing)
Zones de développement : « Zones d’intérêt biologique moindre mais recelant néanmoins un
potentiel important en matière de biodiversité » (définition issue de l’étude du réseau écologique
dans le cadre du PCDN de la commune de Frasnes-lez-Anvaing)
Maillage écologique (zones de liaison) : « Ensemble d’éléments linéaires et ponctuels pouvant
assurer, de par leur densité et continuité, des habitats refuges, en termes de liaison entre zones
centrales et de développement ou de zones-relais favorables aux déplacements des individus »
(définition issue de l’étude du réseau écologique dans le cadre du PCDN de la commune de
Frasnes-lez-Anvaing)
Réseau Natura 2000 : Il s’agit d’un réseau qui regroupe, à l’échelle européenne, un ensemble de sites
naturels ou semi-naturels ayant une grande valeur patrimoniale en référence aux directives européennes
Oiseaux (79/409/CEE - à la base des zones de protection spéciale) et Habitats (92/43/CEE - à la base
des zones spéciales de conservation) et qui, par le biais de cette inclusion au réseau Natura 2000,
bénéficieront d’une gestion particulière en vue de leur préservation/restauration. Pour plus de détails sur
les sites Natura 2000 en Wallonie : http://biodiversite.wallonie.be/fr/natura-2000.html?IDC=829
Site de grand intérêt biologique : Un SGIB correspond à une unité géographique englobant un ensemble
d'unités d'habitat ou de biotope homogènes adjacentes ou relativement proches ; il abrite au moins une
espèce et/ou un habitat rare, menacé ou protégé ou se caractérise par une grande diversité biologique
(site représentatif d’une ou plusieurs stations d’espèce(s) ou d’une association végétale remarquable) en
excellent état de conservation. Pour plus de détails sur les SGIB en Wallonie :
http://biodiversite.wallonie.be/fr/sgib-sites-de-grand-interet-biologique.html?IDC=824
Valeur d’aléa d’inondation : La valeur de l’aléa d’inondation est définie sur base des deux facteurs :
-
D’une part, la récurrence d’une inondation laquelle est liée à la période de retour des débits de
crue ;
Et d’autre part, la submersion qui caractérise l’étendue et la profondeur de l’inondation.
Sur base de ces deux facteurs, une valeur d’aléa d’inondation (faible, moyenne ou élevée) est attribuée.
La valeur d’aléa élevée est donnée aux inondations dont la récurrence est inférieure à 25 ans ou
l’occurrence est fréquente et caractérisée par une submersion supérieure ou égale à 30 cm. La valeur
d’aléa moyenne est elle donnée aux phénomènes avec :
-
Une récurrence inférieure à 25 ans ou une occurrence fréquente et une submersion inférieure à
30 cm.
Une récurrence comprise entre 25 et 50 ans ou une occurrence occasionnelle, quelle que soit la
submersion.
Une récurrence supérieure à 50 ans ou une occurrence rare et une submersion de plus de 1m30.
Finalement, l’aléa d’inondation faible est attribué aux inondations caractérisées par une récurrence
supérieure à 50 ans ou une occurrence rare et une submersion inférieure à 1m30.
Zone vulnérable : « La zone vulnérable constitue un périmètre de protection des eaux souterraines et de
surface contre le nitrate d'origine agricole. Elle couvre des territoires dont les teneurs en nitrate des eaux
souterraines dépassent les 50 mg/l ou risquent de les dépasser et des territoires qui contribuent à
l'eutrophisation de la Mer de nord. » (http://www.nitrawal.be/40-zones-vulnerables.htm)
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Lexique
7
7.1
-
-
BIBLIOGRAPHIE
Références bibliographiques
Service public de Wallonie (DGARNE) - Collection AGRINature
o Hors-série « Agriculture et Biodiversité » ;
o
o
2008, N°3 « Les oiseaux des plaines de cultures » ;
N°4 « La vie des mares de nos campagnes » ;
o
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Ministère de la Région wallonne (DGRNE - Division de l’Eau - DCENN) et Laboratoire d’Ecologique
FUSAGx, 2007, Guide de reconnaissances des principales plantes invasives le long des cours d’eau
et plans d’eau en Région wallonne
-
Mouchet F., Laudelout A., Debruxelles N., Henrotay F., Rondeux J., Claessens H., 2010, Guide
d’entretien des ripisylves ;
-
Wildlife Estates & European Landowners Organization, 2013, « Le rétablissement de la petite faune
des plaines »
-
Aves et Service public de Wallonie (DGARNE - DEMNA), 2010, Atlas des oiseaux nicheurs de
Wallonie (2001-2007)
-
Forêt wallonne, mai/juin 2011, Numéro spécial : Quelle diversité pour les saules en Wallonie ?
(n°112)
-
Bastin B., De Sloover J.R., Evrard C., Moens P., 1993, Flore de Belgique
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Svensson L., Mullarney K. et Zetterström D., 2009, Le guide ornitho
-
Bellmann H., 2000, Guide Vigot des insectes et des principaux arachnidés
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Chinery M., 1988, Insectes de France et d’Europe occidentale
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Kremer B.P. 2002, Fleurs sauvages, les identifier et les reconnaître
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Grey-Wilson C., 1995, Les fleurs sauvages
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Ministère de la Région wallonne (DNF) et Direction de la Conservation de la Nature et des Espaces
verts, Guide pour la plantation de haies
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Taymans J., 2013, Etude du réseau écologique dans le cadre du Plan Communal de
Développement de la Nature de commune de Frasnes-lez-Anvaing - Rapport final
-
Et l’ensemble des connaissances acquises lors de la formation des Guides-Nature des Collines
(formation 2012-2014).
7.2
-
Ouvrages consultés via Internet
Adam P. et Deblais N., 2007, Manuel de restauration hydromorphologique des cours d’eau + Guide
de
terrain
Lien :
http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Collectivite/
HYDROMORPHO/01Manuel_restauration.pdf ;
http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/
mediatheque/Collectivite/HYDROMORPHO/02Guide_terrain.pdf
-
Le Roi A., Walot Th., Leruth Y. et Bataille B., 2010, Aménagements pour les oiseaux des champs :
suivi et propositions d’un dispositif complémentaire - Lien : http://www.graew.be/cariboost_files/
2010_20-_20m_c3_a9thodologie_20de_20suivi_20des_20oiseaux_20des_20champs-_20girea.pdf
-
SPW, Enquête publique - Enjeux pour une meilleure protection de l’eau en Wallonie - Lien :
http://environnement.wallonie.be/dce/10652.RW-DGO3_brochure_FR_LD.pdf
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Bibliographie
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Ghesquière J. et Cadillon A., 2012, Choisir et réussir son couvert végétal pendant l’interculture en
AB - Lien : http://www.itab.asso.fr/downloads/Fiches-techniques_culture/cahier-engrais-verts.pdf
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Grossi J.-L., 2010, Les mares prairiales à triton crêté (Cahier technique) - Lien : http://www.crenrhonealpes.fr/images/stories/documents/CTpdf/cahiertechnique/CTmares.pdf
-
Ministère de la Région wallonne (DGA), 2006, Les nouvelles de l’automne - Dossier MAE, où en
sommes-nous ? - Lien : http://agriculture.wallonie.be/apps/spip_wolwin/IMG/pdf/LN40_FR.pdf
-
Ecolo Conseil Provincial de Namur, 2010, Les cours d’eau non navigeables de 2
ème
et 3
ème
catégories - Lien : http://www.etopia.be/IMG/pdf/Etude_Provinciale_2010-2011_-_Courd_d_eau_
non_navigables.pdf
-
Percsy C., 2008, Des haies pour demain - Lien : http://environnement.wallonie.be/publi/dnf/haiespour-demain.pdf
-
Région wallonne - Union des Villes et Communes de Wallonie a.s.b.l., 2009, Le vade-mecum des
infractions environnementales - Lien : http://environnement.wallonie.be/dpe/infractions.htm
-
Texte
de
lois,
Code
de
l’Environnement
-
Livre
2
Code
de
l’Eau
-
Lien :
http://environnement.wallonie.be/legis/Codeenvironnement/codeeaucoordonne.htm
-
Union Régionale des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement de Rhône-Alpes,
Retrouvons nos rivières, Guide pratique des propriétaires riverains et des usagers d’un cours d’eau Lien : http://hydromorphologie.cpie.fr/IMG/pdf/ouvrage-ref_guide_rivire_urcpie_rhonealpes.pdf
-
Hauteclair P., 2009, Les milieux herbacés humides abandonnés ou mégaphoribiaies - Lien :
http://www.natagora.be/fileadmin/Reseau_nature/Fiche_de_gestion/Prairies_humides_abandonnees
_ou_Megaphorbiaies.pdf
-
Service public de Wallonie (DGRNE), La vie sauvage emprunte aussi nos routes - Gardons-les
aptes à la vie - Lien : http://environnement.wallonie.be/publi/dnf/vie_sauvage.pdf
-
Classeur "Nitrawal, 2007 (actualisé 2013), Eau-nitrate, informations et conseils techniques pour la
gestion durable de l'azote (2ème édition) " - Lien : http://www.nitrawal.be/upload_files/4.1%20
Calsseur%20E-N/classeureaunitrate.pdf
-
Service public de Wallonie (DGARNE - Département des Aides - Direction des Surfaces agricoles),
2012, Les subventions agro-environnementales - Vade-mecum - Lien : http://agriculture.wallonie.be/
apps/spip_wolwin/IMG/pdf/Vademecum_MAE_2012_version_13_02_2012.pdf
7.3
-
-
-
Références Internet
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consacré à des questions / réponses sur la biodiversité et la qualité des milieux - Lien :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Un-constat-d-erosion,19291.html
Site ‘La biodiversité en Wallonie’ - Lien : http://biodiversite.wallonie.be/fr/accueil.html?IDC=6
Géoportail de la Région Wallonie - Lien : http://geoportail.wallonie.be/cms/fr/sites/geoportail/
home.html
WalOnMap - Lien: http://geoportail.wallonie.be/WalOnMap/#BBOX=10450.012065024115,310884.
9879349759,-31296.93395986792,215162.93395986795
Site cartographie ‘Aléa d’inondation’ avec accès à la notice méthodologique - Lien :
http://cartographie
.wallonie.be/NewPortailCarto/Inondations/notice_pdf/Alea_d'inondation__Notice%20 methodologique.pdf
Document relatif à la qualité biologique des cours d’eau - Lien : http://spw.wallonie.be/dce/tmp/
upload/qbce271011.pdf
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Bibliographie
-
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-
-
-
Site sur la qualité physico-chimique des cours d’eau en Région wallonne - Lien : http://aquaphyc.
environnement.wallonie.be/login.do
Sites sur la protection et la restauration des cours d’eau en Région wallonne et ailleurs - Liens :
http://www.walphy.be/index.
php?page=cont_restauration
;
http://www.syndicat-territoireschalaronne.com/index.php?page=restaurer-la-qualite-ecologique-des-cours-d-eaux ;
http://agriculture.wallonie.be/BG/120907MuldersProtectionCoursEau.pdf
Sites consacrés à la ripisylve - Liens : http://aquaterra-solutions.com/pdf/guides_ats/GUIDEATSCHAP1.pdf ;http://www.ofme.org/crpf/documents/fiches/234001.pdf
Sites consacrés aux annexes hydrauliques - Liens : http://www.onema.fr/IMG/Hydromorphologie/
23_0_intro_r3_vbat.pdf
;
http://www.loire-estuaire.org/documents/pdf/2005-03CHAHERDDINE
_AH.pdf
Sites consacrés aux bonnes pratiques dans le voisinage des cours d’eau - Liens : http://www.crdg.be
/site/images/stories/crdg/publications/FicheBetail.pdf ;
http://www.crdg.be/site/images/stories/crdg/
publications/FicheRiviere.pdf
Sites consacrés au fauchage tardif des bords de routes - Liens : http://www.uvcw.be/impressions/
toPdf.cfm?urlToPdf=/articles/0,0,0,0,1569.htm ; http://environnement.wallonie.be/dnf/dcnev/consnat/
Bords_de_route.htm
Sites consacrés aux aspects ‘ornithologiques’ - Liens : http://www.oiseaux.net/dossiers/
gilbert.blaising/les.nids.d.oiseaux.html ; http://blog.medulinature.org/public/fichiers/03_vie_de_jardin/
MeduliNature_Nichoirs_Oiseaux.pdf
Sites consacré aux arbres et haies remarquables - Lien : http://www.foretwallonne.be/blogAHR/
telechargement/remarquables.pdf ;
http://environnement.wallonie.be/dnf/arbres_remarquables/
index.html
Site de Natagora - http://www.natagora.be/
Législation relative aux cours d’eau non navigables - Lien : http://environnement.wallonie.be/legis
/eau/eanna005.htm
Site présentant des fiches environnementales pour chaque commune wallonne - Lien :
http://environnement.wallonie.be/fiches_enviro/
Site AgriNature - Lien : http://www.agrinature.be/
Site de Wikipédia - Lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal
Le maillage écologique entre le bois Lefèbvre et le bois d’Assômont
Analyse, évaluation et propositions de restauration
Bibliographie
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