Mycoplasma genitalium — introduction à une ITS émergente

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Nouvelles-CATIE
Des bulletins de nouvelles concis en matière de VIH et d’hépatite C de CATIE.
Mycoplasma genitalium — introduction à une ITS émergente
9 octobre 2013
Transmise par voie sexuelle, la bactérie Mycoplasma genitalium (MG) peut causer de l'inflammation dans les voies
urinaires et génitales de l'homme et de la femme. Ce microbe serait aussi à l'origine d'autres problèmes, dont
certains cas d'arthrite et la maladie inflammatoire pelvienne et l'infertilité chez la femme.
La bactérie MG semble se propager par les relations sexuelles anales ou vaginales non protégées, car on peut la
déceler dans les échantillons de liquide provenant du pénis, du rectum et du vagin. Jusqu'à présent, on n'a pas
détecté la bactérie dans les échantillons de liquide de la gorge.
Comme les autres infections transmissibles sexuellement ou ITS, la bactérie MG cause de l'inflammation dans les
tissus délicats des organes génitaux. Ce genre d'inflammation rend ceux-ci plus vulnérables à l'infection par d'autres
ITS, y compris le VIH.
Dans les pays à revenu élevé, les taux globaux d'infection à MG semblent faibles, soit de 1 % à 3 %. Il n'empêche que
plusieurs études ont permis de constater que les taux de MG avaient tendance à être plus élevés parmi les
personnes soignées pour les ITS.
Symptômes
Le terme urétrite désigne une inflammation de l'urètre, soit le tube qui achemine l'urine vers l'extérieur du corps. La
chlamydia et la gonorrhée sont des causes courantes de l'urétrite. Dans certains cas, cependant, les analyses
d'urine et d'autres liquides ne permettent pas de déterminer la cause de l'urétrite. Lorsque cela arrive, et selon
l'ampleur de la détresse causée par les symptômes, certains médecins choisissent de traiter leurs patients en
présumant un diagnostic d'urétrite causée par la bactérie MG et/ou d'autres ITS. Chez la femme, l'infection à MG peut
causer de l'inflammation dans l'urètre et le col de l'utérus (cervicite) et probablement dans l'utérus et les trompes de
Fallope aussi.
Chez l'homme, l'urétrite peut provoquer l'un ou plusieurs des symptômes suivants :
mictions fréquentes ou sensation d'avoir besoin d'uriner fréquemment
sensation de brûlure lors de la miction
douleur lors des relations sexuelles ou de l'éjaculation
écoulement du pénis
Chez la femme, la cervicite et l'urétrite peuvent causer l'un ou plusieurs des symptômes suivants :
douleur abdominale
douleur vaginale
mictions fréquentes ou sensation d'avoir besoin d'uriner fréquemment
douleur lors des relations sexuelles
sensation de brûlure lors de la miction
écoulement vaginal
saignements vaginaux anormaux – à la suite des relations sexuelles, après la ménopause, entre les règles
Dépistage
La bactérie MG est difficile à faire croître dans une culture de laboratoire. Par conséquent, de nombreux patients
atteints de l'infection à MG reçoivent un résultat faussement négatif au test de dépistage. Certains laboratoires
utilisent des épreuves spécialisées qui permettent de multiplier et de détecter ensuite le matériel génétique ou ADN
de la bactérie MG. On appelle ces épreuves des tests d'amplification des acides nucléiques (TAAN).
Répartition selon le sexe – MG chez l 'homme
Nous résumons ci-dessous les résultats de plusieurs études ayant cherché à déterminer l'incidence (nouveaux cas,
habituellement symptomatiques) et la prévalence (cas existants) de l'infection à MG parmi les hommes dans les pays
à revenu élevé :
Londres, Royaume-Uni
Lors d'une étude menée auprès de 438 hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH), les
chercheurs ont constaté que près de 7 % d'entre eux avaient l'infection à MG. Les HARSAH séropositifs étaient
considérablement plus susceptibles (près de huit fois) d'en être atteints que les hommes séronégatifs. Parmi les
hommes séropositifs, la bactérie MG était plus répandue que les bactéries responsables de la gonorrhée et de la
chlamydia.
Oslo, Norvège
Les chercheurs ont testé des échantillons de liquide provenant de l'anus/rectum, du pénis et de la gorge de 1 778
HARSAH. Ils ont constaté que 5 % des hommes avaient l'infection à MG; chez 70 % des hommes atteints, la bactérie
a été décelée dans les échantillons anaux/rectaux.
Sydney, Australie
Lors d'une étude menée auprès de 1 182 hommes, 8 % ont reçu un résultat positif pour la bactérie MG.
La Nouvelle-Orléans, États-Unis
Lors d'une étude menée auprès des clients d'une clinique de santé sexuelle, les chercheurs ont constaté les taux
d'infection à MG suivants parmi les hommes ayant obtenu un résultat négatif au dépistage de la gonorrhée et de la
chlamydia :
25 % de 97 hommes éprouvaient des symptômes des voies urinaires
7 % de 184 hommes n'éprouvaient aucun symptôme des voies urinaires
À la même clinique, 35 % des hommes qui étaient infectés par la chlamydia et qui présentaient des symptômes des
voies urinaires avaient aussi l'infection à MG. Parmi les hommes présentant des symptômes des voies urinaires
causés par la gonorrhée, 14 % étaient co-infectés par la bactérie MG.
Répartition selon le sexe – MG chez la femme
Nous résumons ci-dessous les résultats de plusieurs études ayant cherché à déterminer l'incidence (nouveaux cas,
habituellement symptomatiques) et la prévalence (cas existants) de l'infection à MG parmi les femmes dans les pays
à revenu élevé :
Melbourne, Australie
Dans cette étude menée auprès de 1 110 femmes âgées de 16 à 25 ans, seulement 1,3 % avaient de la bactérie MG
décelable.
Sydney, Australie
Dans cette étude menée auprès de 527 femmes, 4 % avaient l'infection à MG.
Chapel Hill, États-Unis
Dans le cadre de cette étude menée dans la Caroline du Nord auprès de 381 femmes, la bactérie MG était présente
chez près de 20 % d'entre elles.
Malmö, Suède
Dans cette étude menée auprès de 5 519 femmes dépistées, seulement 2 % avaient l'infection à MG.
Londres, Royaume-Uni
Lors d'une étude menée auprès de 2 378 jeunes femmes, les chercheurs ont constaté qu'environ 3 % d'entre elles
étaient atteintes par l'infection à MG.
Options de traitement
Les régimes thérapeutiques visant l'infection à MG varient selon la région ou le centre médical ou encore selon la
gravité de la maladie. Lors des essais cliniques ayant comparé les antibiotiques azithromycine et doxycycline,
l'azithromycine a permis de guérir plus de patients. Soulignons toutefois que les essais en question ont eu lieu il y a
plusieurs années, et il est possible que la bactérie ait acquis plus de tolérance voire une résistance à l'azithroymcine
depuis ce temps-là. En se fondant sur les rapports publiés et les essais cliniques, les médecins peuvent envisager de
prescrire au moins deux régimes d'azithromycine, soit les suivants :
azithromycine en traitement unique – une dose de 1 gramme par voie orale
azithromycine en traitement prolongé – 500 mg le premier jour, suivi de 250 mg par jour pendant les quatre
jours suivants
Malheureusement, aucun essai clinique n'a été mené pour comparer ces deux régimes, alors les médecins ne
peuvent être certains si l'un est meilleur que l'autre.
Il existe aussi une formulation à libération prolongée de l'azithromycine qui contient 2 grammes du médicament (elle
est vendue sous le nom de Zmax SR par la compagnie Pfizer). Il n'existe toutefois pas de données publiées
concernant l'efficacité de cette dose contre l'infection à MG.
De plus en plus de rapports font état de l'échec du traitement à l'azithromycine lorsqu'une seule dose de 1 gramme
est utilisée contre l'infection à MG. Dans de tels cas, certains experts des ITS recommandent l'utilisation d'un autre
antibiotique appelée moxifloxacine (Avelox) à raison de 400 mg une fois par jour pendant sept à dix jours.
Il est toutefois important de signaler que des cas de MG résistant à la fois à l'azithromycine et à la moxifloxacine ont
été documentés.
Dans notre prochain bulletin de Nouvelles CATIE , nous parlerons de la résistance aux antibiotiques dans les cas
d'infection à MG et d'une thérapie émergente possible.
Remerciement
Nous tenons à remercier Marc Steben, MD, de l'Institut national de santé publique du Québec pour sa collaboration
précieuse à la préparation de ce bulletin.
Ressource
Les infections transmissibles sexuellement : quel rôle jouent-elles dans la transmission du VIH? – Point de mire sur
la prévention
—Sean R. Hosein
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