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LE SOL BASE D’UNE VITICULTURE BIODYNAMIQUE ET DURABLE
Karim Riman, Consultant en agriculture écologique et Viticulteur
Le sol est un organisme vivant, complexe mais organisé, tout à l’image du
vin.
Ce sol et son complexe seront en continuelle évolution
et changement sous l’effet du climat (gel-dégel, sechumide, circulation de l’eau), de la topographie (perte
ou rétention de particules fines) et bien sûr de l’Homme.
Le viticulteur se doit :

1) de connaître son sol, fruit d’une
longue évolution,

2) de l’entretenir limitant perte par
érosion et limitant le tassement,

3) de faire enraciner sa vigne le
plus profond possible afin d’extraire
la quintessence du terroir.
Le sol, une évolution sur des millénaires
Ce long processus de transformation, va aboutir à
une organisation horizontale par couches successives qui se différencient par leur couleur (en général
couleur plus foncée en surface par rapport aux horizons inférieurs).
Le sol prend naissance à partir d’un substratum minéral lié à la géologie, dont il est long ici de détailler leur
formation. Toute omission ou préférence affichée seraient impardonnables. Ainsi nous invitons le lecteur à
consulter le livre fort intéressant, « Terroirs et vins de
France
itinéraires œnologiques et géologiques » (BRGM, sous la direction de Charles Pomerol).
Sous nos contrées, il faut environ un siècle pour former 1 cm de sol évolué, mélange intime entre argiles
-limons fins et l’humus. Ainsi, les sols que nous cultivons aujourd’hui sont millénaires ; ils restent fragiles
malgré la formation, dans la majorité des situations,
de complexe organo-minéraux qui les protègent.
Ce matériau originel va être transformé par la végétation et les êtres vivants, au départ peu visibles
(protozoaires, bactéries, champignons, …) et ensuite
ceux visibles (mousses, lichens, …) puis les plantes dites « supérieures ».
Malheureusement, les sols nus, en pente, soumis à de
pluies diluviennes ne résisteront pas à l’entraînement
de leurs particules très fines (argiles, limons et humus)
qui iront se déposer dans les fonds marins, pour former les futurs substratums donnant naissance à de
nouveaux sols, bien sûr dans quelques milliers - voire
millions d’années - .
Ces êtres vivants par leur sécrétion vont attaquer la
« roche-mère » en libérant les particules ultra-fines du
sol (argiles vraies et limons fins, dont la taille est inférieure à 50 µm), si ce matériau en contient, et bien sûr
les éléments minéraux forts chers à l’approche minérale de la fertilité des sols.
Tableau 1 : Perte par érosion en sol argilolimoneux avec une pente de 3 à 4%
Ces particules ultra-fines vont intimement se lier avec
l’humus issu de la transformation des matières organiques (microbiennes, animales et végétales). Cet humus, dit à tort « stable », peut avoir un âge supérieur
à 50 ans. Nous lui préférons le nom d’humus « lié ».
Travail du sol
3.9 T/ha/an
Cette liaison, façonnée par une alchimie entre liaisons
chimiques mais également actions biologiques prend
le nom de Complexe Organo-Minéral (COM).
Enherbement
0.8 T/ha/an
Source : Chambre d’Agriculture du Var 1994
1
Tableau 2 : Erosion en climat méditerranéen
en viticulture selon méthode d’entretien du
sol
comparant en grandes cultures l’impact des modes de
productions biodynamique, organo-biologique et
conventionnel intégré sur la fertilité du sol.
h t t p s: // ww w . fi b l . or g /f i l e a d m i n / d o c um e n ts /
shop/1190-dok.pdf‎
sur sol désherbé chimi- Pertes de sol de 8,4 T/
quement
ha
sur sol enherbé,
Pertes de sol de 1,4 T/
ha
en sol travaillé
Pertes de sol de 2 T/
ha
enherbement naturel Pertes de sol de 4 T/
maîtrisé
ha
1.
La vigne plante pérenne, cultivée en monoculture et
pour de longues années. Elle n’a pas une forte densité
racinaire de surface pour retenir le sol, ni une
végétation suffisante dans nos systèmes de culture
actuels pour le couvrir et réduire ainsi l’impact des
rayons du soleil et celui des gouttelettes d’eau.
Source : Andrieux et al., 2007
Le sol, à observer en profondeur
L’enherbement, qu’il soit naturel ou semé,
temporaire ou permanent fera partie intégrante de
la gestion du sol et du maintien de sa fécondité.
Les racines de l’herbe vont former des agrégats
(grumeler la terre autour de leurs radicelles) et
stimuler l’activité des microorganismes dans sa
rhizosphère ; ces microorganismes vont par leurs
mucus, hyphes et autres sécrétions jouer un rôle
fondamental sur la structure du sol, rôle souvent
sous-estimé et méconnu.
Pour appréhender, cette terre nourricière, ce sol acteur (et non support), cœur du domaine viticole, appelé par défaut « boîte noire », et base de l’agriculture
biodynamique, l’approche terrain est la base (toucher
la terre, observer sa vie, voire évoluer les racines en
profondeur). Les analyses de terre viendront compléter ces observations. L’équilibre de la vigne, la qualité
du raisin et l’équilibre du vin seront les meilleurs indicateurs de la fertilité du sol, sa fécondité (empruntée
par H.P. Rusch).
Extrait des résultats obtenus après 25
ans d’application des différents
traitements à la Station de Recherches
viticoles Dràgàsani - Roumanie
La fécondité du sol est « son aptitude du sol à produire toute la chaîne alimentaire allant des microorganismes jusqu’à l’homme, en passant par la plante
et l’animal, et ce , pendant des générations ».
Avant tout diagnostic de sol, il est nécessaire de définir les unités de sol (cartographie) afin d’y réaliser les
observations approfondies. Le profil de sol reste le
meilleur moyen de découvrir son sol en profondeur et
l’enracinement de la vigne dans ce sol. Ces observations de terrain seront complétées par des analyses de
terre afin de déterminer :





Protéger le sol, maintenir la terre
fertile en place
Analyse
Agrégats stables profondeur 0-10 cm (%)
Porosité totale, profondeur 0-5 cm, %
Humus
Bactéries 106 /g de sol
sec
Champignons 103 /g de
sol sec
sa fertilité physique
sa fertilité biologique et organique
la qualité de son complexe organominéral
sa richesse minérale
son état d’évolution
Désher- Désher- Enherbage
bage
bement
mécani- chimi- permaque
que
nent
71
76
89
52
46
53
1.7
1.5
2.1
209
113
413
428
234
714
Pour nous, l’enherbement monovariétal qu’il soit
temporaire ou permanent n’est qu’une étape pour
stabiliser les sols et freiner l’érosion.
Le viticulteur en biodynamie a le devoir de respecter ses sols
La biodiversité doit être privilégiée : mélange
d’espèces, sinon alternance des espèces d’une année
sur l’autre, alternance rang enherbé et rang travaillé.
Nous invitons le lecteur à consulter la synthèse de l’essai de longue durée (21 ans) réalisé au FIBL en Suisse
2
Afin de réduire le tassement le viticulteur devra :
L’enherbement permanent, vieillissant, contrairement à ce que nous pouvons imaginer n’améliore pas
toujours la porosité du sol en profondeur ; il joue tout
au plus un rôle de portance par rapport aux engins
agricoles.
mener une réflexion sur la protection du
vignoble qui passe par un équilibre du
cep et l’aération de la vigne, ce qui
induira une réduction du nombre de
passages,
Dans ce domaine, le viticulteur, adaptera à chaque
parcelle les mélanges à semer (ou l’herbe naturelle à
gérer), la durée de vie du couvert végétal, son fauchage en vue de son incorporation ou non (mulch), …
La flore «naturelle » peut être intéressante à gérer.
Cela passe impérativement par un inventaire floristique du couvert végétal au printemps et à l’automne,
ceci en se guidant de la démarche initiée par Gérard
DUCERF-Promonature (Encyclopédie des plantes bioindicatrices).
maintenir l’enherbement le plus longtemps
possible selon les contraintes
hydriques de chaque parcelle,
introduire des espèces à enracinement
fasciculé profond type seigle ou à fort
pivot type radis fourrager ou sainfoin
dans le cas d’un sol nécessitant un
décompactage en profondeur.
Dans le cadre d’une réflexion globale sur la biodiversité, chère à la biodynamie, l’entretien des haies naturelles ou l’implantation de haies
diversifiées est à réaliser pour accueillir abeilles et héberger la faune
auxiliaire entre autre.
2
vérifier régulièrement la pression des
pneus et remplacer quand cela est
possible les pneus « classiques par
des pneus larges voire extra-larges,
remplacer le tracteur, par des engins plus
légers à moindre impact sur le sol pour
certains travaux ( ramasser/distribuer
piquets et fils de fer, ramasser le bois
morts, etc.).
Protéger la structure, limiter le
Tassement
Nous assistons à un alourdissement du poids des outils de travail du sol, à des passages de plus en plus
nombreux pour protéger les vignes, pulvériser les préparâts et autres produits, sans compter les passages
pour d’autres travaux et la vendange. Ceci sans évoquer le passage d’outils rotatifs animés qui devraient
être utilisés à titre exceptionnel en agriculture biodynamique.
3 Protéger la vie du sol, la nourrir
Les êtres vivants du sol interviennent à différents
niveaux dans la construction du sol, favorisant les liens
entre les composantes organique et minéral ; ils
participent aux processus de transformation des
matières organiques,
jouant les intermédiaires
indispensables entre les radicelles de la vigne et les
éléments nutritifs au sens large.
Ce nombre de passage élevé entraînera :

La réduction de la porosité du sol avec comme
conséquence la perturbation de l’exploration
racinaire, l’écrasement des racines et la mauvaise circulation de l’eau.

La baisse du taux d’oxygène du sol entraînant
des perturbations de la vie du sol et la difficulté
d’assimilation des éléments comme le phosphore, le soufre, l’azote et les oligo-éléments.

Leur répartition dans le sol est souvent hétérogène,
mais concentrée surtout dans les premiers cm du sol
(20-30 cm) et autour des racines (rhizosphère) ; elle
est également présente en profondeur avec une
densité proportionnelle à la présence de la matière
organique et surtout des racines.
Les chiffres de son importance sont variables selon les
sources bibliographiques, nous pouvons donner un
ordre de grandeur pour sur 20 cm de profondeur et
par ha :
500 kg à 5 T de vers de terre, 10 à 1000
individus /m2 de surface observée
5 à 50 T de matières vivantes microbiennes
3.1018 de bactéries
150 millions de km d’hyphes fongiques, dont
les mycorhizes
La dérive du cycle des matières organiques par
anaérobiose, avec des dérives microbiennes.
Ou des phénomènes d’ordre géochimique : par
exemple la précipitation du calcaire et le
risque
de
formation
de
zones
«encroûtées » dans le profil entravant vie
(comme les vers de terre anéciques) et
enracinement.
3

Ces êtres vivants sont répartis en deux grands
compartiments : les macroorganismes (appelés
souvent faune) et les microorganismes (souvent
dits flore).
Les macroorganismes du sol
Les galeries se ramifient en surface et en profondeur ;
leurs parois sont recouvertes d’un mélange organominéral rigide et enrichi en microorganismes.
«Vie et fertilité vont de pair, la vigueur des systèmes
radiculaires va de pair avec la diversité de la faune»
Wilcke 1963

La fragmentation des débris végétaux- herbe,
sarments et feuilles broyés - par les lombriciens
mène à la libération des contenus cellulaires. Ce
mélange intime donnera des agrégats à l’origine
de la stabilité structurale sur toute la face
verticale du profil colonisé. La stabilisation des
agrégats s’accompagnera d’une oxydation
ménagée de la matière organique.

Les dépôts des fèces des vers se font en surface
sous forme de turricules lorsque le sol est
compacté ou dans toutes les cavités et fissures
en profondeur. Ils sont à l’origine de la structure
grumeleuse et de la macro-porosité du sol, qui
permet la circulation des gaz et des liquides et
l’exploration du système racinaire des
profondeurs du sol, recherchant minéralité et
protection.
Les organismes macroscopiques du sol exercent
une action physique, chimique et biologique.
L’importance de leur activité est illustrée par celles
des vers de terre qui sont étudiés depuis de longue
date en France (Lombriciens de France –BOUCHE
1972). Ils exercent :
a)
Une action mécanique

Leurs galeries verticales (anéciques) augmentent la percolation de l’eau et diminuent le ruissellement (important dans les sols méditerranéens) et la battance de certains sols compactés.
En 1975, EHCLERS a montré que la porosité des sols
non labourés à activité lombricienne significative était
beaucoup plus forte qu’en sols labourés.

La bioturbation provoque l’enfouissement de la
matière organique et la remontée de matériel
minéral par les mouvements verticaux des
anéciques par digestion et défécation dans des
horizons différés.
La vitesse de creusement est 4 à 5 fois plus grande en
sols limono-argileux qu’en sols argileux lourds.
(EDWARDS & LOFTY 1972).
KIRKHAM (1981) a prouvé expérimentalement
que la vitesse d’infiltration est doublée dans les
sols non labourés. En effet, les galeries des lombriciens traversent tout le profil (hors labours)
alors que les labours interrompent les galeries
(donc l’infiltration) au niveau de la semelle de
labour.
b) une action biologique et chimique

Le contexte biochimique et enzymatique de
l’intestin du ver de terre favorise une
dégradation rapide de la matière organique. Le
lombricien digère la matière organique et
transforme l’énergie biochimique en énergie
calorique et mécanique. Ils entrent ainsi dans
une chaîne trophique où la matière organique à
rapport carbone/azote (C/N) > 30 est dégradée
en C/N proche de 8 ou 9.
Le carbone est rejeté sous forme de CO2 et il libère les
éléments biogènes N, P, K, S.
L’intestin du ver de terre propose également un milieu
favorable à la stimulation et à l’activation des
microorganismes par une humidité, une température
et un pH adéquats (conditions qui se perpétuent dans
les fèces des vers).
En 1992, BAROIS a prouvé cette activation de la
microflore
par
sécrétion
digestive
de
mucopolysaccharides.
4

Les dépôts des fèces dans les horizons non colonisés mènent à un ensemencement des microorganismes. Ce brassage est une source nouvelle de nourriture pour le monde microbien également par l’éclatement des structures d’agrégats.
D’autres sont libres fixatrices d'azote type
Azotobacter ou associées en symbiose comme les
Rhizobium (association avec les légumineuses
principalement). D’où l’importance de l’introduction
de ces espèces dans les rotations d’engrais verts en
règle général et en particulier notamment dans les
sols en convalescence.
En effet d’après FAYOLLE, seulement 10% des agrégats
sont en contact avec les microorgansimes, les 90%
restant sont hors d’atteintes sans cet éclatement.
De plus la colonisation en profondeur met les microorganismes à l’abri des conditions climatiques extrêmes.

Les champignons du sol eux vivent soit en parasites,
en saprophytes sur de la matière organique morte
qu’ils transforment ou en symbiose avec des
organismes vivants comme les racines des plantes
(ce sont les mycorhizes).
Les lombriciens agissent sur l’ensemble des
phénomènes du sol et par conséquent sur l’activité racinaire ;
Les champignons filamenteux peuvent représenter
de 50 m jusqu’à 1k m d’hyphes par gramme de terre.
Ces endomycorhizes résultent de l'association intime
entre certains champignons du sol et les racines des
plantes dont la vigne. Leur survie dépend
directement des pratiques culturales : apport
d’engrais (azote et phosphore), utilisation de
pesticides, travail du sol, etc. La symbiose
endomycorhizienne existe depuis plusieurs millions
d’années.
L’aération profonde du sol créée par l’activité lombricienne augmente le volume du sol explorable par les
racines.
De même dans les sols compactés, les racines emprunteront préférentiellement les axes des galeries
(BOUCHE).

De récentes expériences ont soulevée des interactions entre le peuplement lombricien et les
nématodes phytoparasites. Le transit à travers
le tube digestif du ver de terre perturbe les capacités physiologiques des nématodes à donner
une descendance normale. Une « microflore »
antagoniste serait activée lors du passage dans
l’intestin du ver et la protéase responsable de
ces perturbations dans le développement du
peuplement des nématodes a été identifiée.
(BOYER, MICHELLON, REVERSAT).
Les macroorganismes préparent les conditions
favorables aux microorganismes.
Nous
savons
aujourd’hui,
que
les
endomycorhizes interviennent positivement
dans plusieurs processus physiologiques chez la
vigne.
Les microorganismes du sol
Les organismes microscopiques du sol sont nombreux,
ils se dénombrent par milliers voire millions par gramme de terre fine..
Ils jouent un rôle déterminant non seulement
dans la croissance et la vie des plantes, (de la
plantation à la récolte) mais aussi dans tout le
système de production y compris la gestion du
sol :
- réduction du stress à la plantation et du
stress hydrique assurant une meilleure
reprise des jeunes plants (surtout quand les
racines ne sont pas trop raccourcies) et un
meilleur développement racinaire,
Les bactéries, de l’ordre 108 à 109 par gramme de terre, prélèvent leur énergie des matières organiques
(amidon, cellulose, lignine, protéines), elles participent ainsi à l'humification et à la minéralisation.
D’autres bactéries fabriquent leurs propres substances
organiques à partir des éléments minéraux, exemple
des bactéries nitriques qui oxydent l'acide nitreux et
les nitrites en acide nitrique et en nitrates NO3-.
5
- amélioration de la nutrition minérale
(surtout pour les éléments peu mobiles
dans le sol comme le phosphore et certains
oligo-éléments), ce qui permet de valoriser
la fertilité du sol et donc de réduire les
quantités d'engrais apportés,
- protection vis-à-vis des pathogènes du système racinaire et résistance accrue des
plantes,
- meilleure structure du sol grâce aux réseaux externes du mycélium.
En conditions naturelles, l'observation des racines de plantes prélevées montrent toujours la
présence d'endomycorhizes.
Ces conditions sont :

l’oxygène, dont la présence est fortement
corrélée avec la structure,

la température du sol, supérieures à 10° C

l’eau sans excès

et la « nourriture», qui sera favorisée par la
gestion de l’herbe et l’apport de matières
organiques diversifiées, de qualité et
compostées.
Nous rappelons que le compost est un des piliers
de l’agriculture biodynamique.
La vigne puise ses besoins dans sa rhizosphère.
Mais cette rhizosphère sera affectée par les
pratiques culturales notamment les pesticides. Il
n’est pas rare de voir les symptômes d’application
de désherbant sur la vigne (voir livre d’André CRESPY
reconnaître les symptômes page 58 à 62) parfois 2 voire
4 ans après avoir arrêté le désherbage chimique.
Cependant, dans les sols cultivés, les équilibres
micro-biologiques sont souvent perturbés et modifiés à cause des diverses pratiques culturales.
Cela entraîne souvent une réduction ou même
une élimination des endomycorhizes dans ces
sols. Cette situation de « carence en endomycorhizes » amène l’agriculteur à augmenter les intrants et l’oblige à rester dans ce « cycle infernal ».
Comment maintenir et augmenter les êtres vivants du sol
Ainsi, la notion nutritionnelle strictement
minérale ne suffit pas pour comprendre la vigne
et son comportement, d’autant plus que ses
besoins en éléments minéraux restent faibles. La
physique du sol (porosité verticale), son activité
biologique, l’ancrage de la vigne, l’équilibre entre
éléments minéraux et enfin l’alimentation
hydrique sont les points clefs.
Cette biologie du sol a besoin de conditions favorables pour se développer et remplir sa mission
de transformation, de stockage et de libération
des éléments nécessaires à la vigne.
Azote
Phosphore
Potassium
Magnésium
Calcium
Soufre
Cuivre
20 à 70 kg
7 à 23 kg
30 à 84 kg
10 à 25 kg
56 à 112 kg
4 à 8 kg
60 à 120 g/ha/an
Fer
Bore
Zinc
Molybdène
400 à 800 g
80 à 150 g
100 à 200 g
0,3 à 0,8 g
Le tableau ci-dessus représente les prélèvements annuels par hectare de vigne (feuilles, rameaux et
grappes) DELAS, 1989
6
Le changement vers une agriculture
biodynamique, pas si difficile

Notre expérience dans le sud de la France en climat méditerranéen nous apprend que la vie reprend toujours. Mais c’est la période de convalescence qui est plus ou moins longue, elle oscille
entre 3 à 6 ans, en ayant recours à des pratiques
simples :
apports de matières organiques, de préférence un mélange de produits d’origine animale et végétale compostés sur
une courte durée afin de permettre une
stimulation de l’activité microbienne et
de la macro-faune du sol.
N
C
L
U
Parfois le recours à des engrais organiques simples pour nourrir la vigne et
éviter un sevrage violent.
S

O

enherbement diversifié et géré en fonction de la nature du sol et des risques de
rationnement hydrique
C


I
O
Les préparations biodynamiques qui
sont une aide appréciable pour
améliorer l’équilibre physiologique de
la vigne et son enracinement.
En conclusion, seule une viticulture respectueuse de son environnement et soucieuse
de son devenir peut assurer la transmission
de ce patrimoine.
Le maintien de cette richesse passe par la
connaissance de son sol et la mise en place
de pratiques maintenant voire améliorant
son potentiel de fertilité.
Sans nul doute, et pour tirer le meilleur parti du
terroir une vigne à besoin de vie dans son sol,
d’exploiter les fractures de la roche, d’emprunter les galeries de ver de terre et enfin de s’associer aux mycorhizes. Cet équilibre , preuve de
réussite culturale lui permettra de mieux palier
aux changements climatiques annoncés.
N
Photo ci-dessous : semis d'orge et de vesce à la volée
début avril 2012
Apport complémentaire d’éléments
minéraux au sol ou en foliaire afin de
corriger une carence (réelle ou
induite). Ces apports sont ponctuels
le temps de la convalescence.
Karim Riman,
Consultant en
agriculture écologique et Vitic u l t e u r
Spécialiste de
l’étude des sols
www.consulta
nt-agriculturee c o l o g i que.com /
www.ecovignobles.com
Il est également
co-auteur d’un
ouvrage intitulé :
Mémento d’agriculture biologique.
Crédit Photo : Karim
Riman
7
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