Troisieme Révolution Industrielle NPdC

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Nord-Pas de Calais
Troisième Révolution Industrielle
Master Plan – 2013
Avant-propos
La nature, l’ampleur et la complexité des défis
du XXIe siècle imposent aux décideurs que nous
sommes de nouvelles façons d’agir et de penser.
En faisant appel à Jeremy Rifkin pour décrypter
les enjeux énergétiques, économiques et sociaux
d’aujourd’hui et de demain, la Chambre de
Commerce et d’Industrie Nord de France et le
Conseil régional Nord-Pas de Calais font le pari de
croiser les regards, d’imaginer de nouveaux modèles
de production, d’échanges et de consommation.
Réflexion passionnante et audacieuse, cette
Troisième Révolution Industrielle porte une
nouvelle vision pour notre région, un nouvel
élan économique et une certaine transformation
culturelle, préalables indispensables pour relever le
pari de la modernité et dessiner le « nouveau Nord »
dans nos futures stratégies.
Daniel Percheron
Sénateur
Président du Conseil régional Nord-Pas de Calais
Philippe Vasseur
Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Nord de France
2
Le Master Plan 2013 de la Troisième
Révolution Industrielle en Nord-Pas
de Calais
Préparé par TIR Consulting Group LLC
Ce rapport a été commandé par la CCIR à
des conditions qui limitent la responsabilité
des TIR Consulting Group LLC pour le Master
Plan de la Troisième Révolution Industrielle.
L’analyse et les conclusions présentées dans
le rapport résultent de l’exercice de notre
meilleur jugement professionnel, informé
en grande partie par des matériaux et des
informations disponibles à partir d’une
variété de sources. L’utilisation du rapport
par une tierce partie, à toutes fins, ne doit
pas et ne dégage pas cette tierce partie de
faire preuve de précautions raisonnables
en vérifiant le contenu du rapport en
fonction de ses objectifs spécifiques. Toutes
utilisations du document et décisions
fondées sur lui sont de la responsabilité
de ces personnes, des organisations ou des
entreprises qui l’utilisent. Le TIR Consulting
Group LLC n’apporte aucune garantie
ou représentation quant au contenu ou
à l’exactitude du contenu du rapport
commandé et n’assume aucune obligation
de diligence ou responsabilité de quelque
nature que ce soit à tout utilisateur
éventuel, et n’est pas responsable des
dommages éventuels causés par l’utilisateur
à la suite de décisions ou de toute action
prises ou non, sur la base du rapport.
Remerciements
Le Master Plan de Troisième Révolution
Industrielle de la Région Nord-Pas de
Calais a été élaboré par Jeremy Rifkin et le
TIR Consulting Group LLC. Nous tenons à
souligner la précieuse contribution apportée
par Accenture (Bruno Berthon, Francis
Hintermann, Benoît Prunel, et Solenne Bastie)
dans la formulation du rapport final. Nous
tenons également à remercier John “Skip”
Laitner qui a fourni l’analyse économique
accompagnant le Master Plan de Troisième
Révolution Industrielle.
Nous exprimons notre profonde gratitude
aux personnes et aux organisations qui
contribuent au “Third Industrial Revolution
Global CEO Business Roundtable” et à
l’équipe mondiale de développement durable,
en particulier et de manière non exhaustive:
Shawn Moorhead (The Office of Jeremy
Rifkin); Marcel Volkerts, Willem Strabbing,
Haike van de Vegte, Tim Mennel, Petra de
Boer et Jillis Raadschelders (DNV KEMA);
Eicke Weber, Gerhard Stryi-Hipp, Noha Saad
Hussein et Niklas Hartmann (The Fraunhofer
Institute - ISE); Pierre Tabary, Guy Dufraisse
et Thierry Daguenet (Schneider Electric);
Christophe Cevasco et Benjamin Deporte
(Philips); Mathieu Larroumet (Rexel); Thierry
Dhainaut, Laurent Karsenti, Jean-Baptiste
Galland, Thierry Mounier, et François
Blanquet (ERDF); Daryl Wilson et Filip Smeets
(Hydrogenics); Christian Grellier et Eric
L’Helguen (Bouygues Group / EMBIX); Angelo
Consoli (Hydrogen University); Stefano
Boeri, Michele Brunello, Laurent Machet,
et Anastasia Kucherova (Stefano Boeri
Architetti); Gordon Gill et Chris Drew (Adrian
Smith + Gordon Gill Architecture); Enric
Ruiz-Geli et Albert Cuesta Reig (Cloud9);
Iñaki San Sebastian Arratibel et Jesús De La
Quintana Perez (Tecnalia); Laurent Schmitt et
Said Kayal (Alstom); Jean-Christophe Beziat
(Renault-Nissan).
nombreuses personnes et entreprises qui ont
participé au séminaire exécutif du Master
Plan de Troisième Révolution Industrielle
en mai 2013. Le Master Plan de Troisième
Révolution Industrielle est une démarche
collaborative, réunissant les pouvoirs publics,
des chefs d’entreprise, des universitaires et
des organisations de la société civile de la
région, ainsi que notre équipe de consultants
mondiale. Les thèmes, les propositions et les
initiatives contenues dans le rapport final
reflètent les efforts conjoints de la Région et
du TIR Consulting Group LLC.
Enfin, nous tenons à remercier le président
Daniel Percheron, Philippe Vasseur et
Jean-François Caron pour leur vision, leur
leadership et leurs conseils tout au long de
l’année d’élaboration de ce Master Plan de la
Troisième Révolution Industrielle.
Nous tenons également à remercier Claude
Lenglet et l’équipe d’experts locaux de la
Région Nord-Pas de Calais ainsi que les
3
4
1.0 Sommaire
1.0 Sommaire ...................................................................................................................................................................5
2.0 Introduction – Par Jeremy Rifkin, président du TIR Consulting Group, LLC ...................................6
3.0 Synthèse .....................................................................................................................................................................9
4.0 Vision et ambition ..................................................................................................................................................10
4.1 La Troisième Révolution Industrielle: une vision pour le Nord-Pas de Calais .................................................................................... 10
4.2 Quelques faits ....................................................................................................................................................................................................... 11
4.3 Méthodologie d’élaboration du Master Plan de la Troisième Révolution Industrielle ..................................................................... 14
4.4 Facteurs clés de succès ...................................................................................................................................................................................... 14
5.0 Les principales étapes de la Troisième Révolution Industrielle dans le Nord-Pas de Calais......17
5.1 L’amélioration de l’efficacité énergétique .................................................................................................................................................... 17
5.2 Pilier 1: Les énergies renouvelables ................................................................................................................................................................ 31
5.3 Pilier 2: Les bâtiments producteurs d’énergie ............................................................................................................................................. 39
5.4 Pilier 3: Le stockage de l’énergie ..................................................................................................................................................................... 51
5.5 Pilier 4: L’Internet de l’Energie ......................................................................................................................................................................... 56
5.6 Pilier 5: Les transports électriques rechargeables et à pile à combustible ......................................................................................... 63
6.0 Impact économique ................................................................................................................................................76
6.1 Scénarios d’évaluation économique ............................................................................................................................................................... 76
6.2 Les comportements, les coûts, les bénéfices, et leurs impacts économiques..................................................................................... 78
6.3 Financer la Troisième Révolution Industrielle.............................................................................................................................................. 83
7.0 Conclusion .................................................................................................................................................................87
8.0 Annexes.......................................................................................................................................................................88
8.1 Facteurs et équivalences de conversion d’énergie ..................................................................................................................................... 88
8.2 Développer et réconcilier les scénarios énergétiques futurs ................................................................................................................... 88
8.3 Méthodologie du système de modélisation DEEPER.................................................................................................................................. 94
8.4 Contributions des entreprises invitées........................................................................................................................................................... 95
5
2.0 Introduction
l’introduction des écoles publiques ont
créé de la main d’œuvre instruite, dotée de
compétences en communication permettant
de gérer le volume croissant d’activités
économiques créées par la technologie du
charbon et de la vapeur. Cela marque l’entrée
dans la première révolution industrielle.
Au début du 20ème siècle, les moyens de
communication électriques centralisés (le
téléphone, puis la radio et la télévision)
ont permis de gérer une ère du pétrole, de
l’automobile et d’une urbanisation plus
complexe et étendue, ainsi que la culture
de consommation de masse de la seconde
révolution industrielle.
Par Jeremy Rifkin, président du
TIR Consulting Group, LLC
Notre civilisation industrielle est à un
tournant. Le pétrole et les autres énergies
fossiles qui sont le fondement du mode de
production industriel actuel déclinent tandis
que les technologies issues de ces énergies
ou alimentées par ces dernières deviennent
obsolètes. Toute l’infrastructure industrielle
construite à partir des énergies fossiles est
vieillissante et dans un état de délabrement
avancé. Il en résulte une hausse dramatique
des taux de chômage dans le monde entier.
Les gouvernements, les entreprises et les
consommateurs sont submergés de dettes,
et les niveaux de vie s’effondrent aux quatre
coins du monde. Un milliard d’êtres humains,
soit le triste record de près d’un septième de
l’espèce humaine, sont confrontés à la faim
et à la famine. Pire encore, les changements
climatiques dus aux activités industrielles
fondées sur les énergies fossiles commencent
à apparaître, mettant ainsi en péril la
capacité de survie de notre espèce.
Il devient de plus en plus évident que la
seconde révolution industrielle est en train
de mourir, et que nous avons besoin d’une
nouvelle vision économique pouvant nous
mener vers un avenir plus équitable et
durable. Pour trouver cette nouvelle vision,
il faut comprendre les forces technologiques
qui accélèrent les transformations profondes
de la société.
Au cours de l’Histoire, les grandes révolutions
économiques ont lieu lors de la rencontre de
nouvelles technologies de communication
et de nouveaux systèmes énergétiques.
Les nouvelles révolutions énergétiques
permettent le développement d’un commerce
international plus large et intégré. Les
révolutions de la communication qui les
accompagnent permettent de gérer les
activités économiques complexes nouvelles
rendues possibles par les nouveaux systèmes
énergétiques. Au dix-neuvième siècle, la
technologie d’impression à faible coût et
6
De nos jours, la technologie de l’Internet
et les énergies renouvelables commencent
à être associées pour former une nouvelle
infrastructure pour une Troisième Révolution
Industrielle qui modifiera les modes de de
production et de distribution de l’énergie
au 21ème siècle. Dans l’ère à venir,
des centaines de millions de personnes
produiront leur propre énergie verte dans
leur maison, bureau et usine, et elles se la
partageront via un système distribué
« d’Internet de l’énergie », tout comme on
crée et partage aujourd’hui des informations
en ligne. La démocratisation de l’énergie
s’accompagnera d’une réorganisation
fondamentale des relations humaines, qui
aura un impact direct sur notre façon de
faire des affaires, de gouverner nos pays,
d’éduquer nos enfants, et de nous engager
dans la vie civique.
La mise en place d’une infrastructure de
la Troisième Révolution Industrielle créera
des milliers d’entreprises et des millions de
postes, tout en établissant les fondations
d’une économie mondiale durable pour le
21ème siècle. Permettez-moi cependant
d’ajouter une mise en garde. Comme toute
autre infrastructure de communication et
d’énergie dans l’histoire, les différents piliers
d’une Troisième Révolution Industrielle
doivent être posés en même temps. Sinon,
les fondations ne tiendront pas. En effet,
chaque pilier ne peut fonctionner qu’en
relation avec les autres. Les cinq piliers de
la Troisième Révolution Industrielle sont: le
développement des énergies renouvelables; la
transformation du parc immobilier de chaque
continent en mini-centrales électriques
pour produire les énergies renouvelables
sur site; le déploiement des technologies de
stockage d’hydrogène ou autres dans chaque
bâtiment et dans toute l’infrastructure afin
d’emmagasiner les énergies intermittentes;
l’utilisation de la technologie de l’Internet
pour changer le réseau électrique de
chaque continent en un système Internet de
l’énergie qui fonctionne comme l’Internet
de la Communication (lorsque des millions
de bâtiments génèrent une petite quantité
d’énergie au niveau local, sur site, le surplus
peut être revendu au réseau et l’électricité
partagée avec leurs voisins continentaux) ;
et l’évolution de la flotte de transport vers
des véhicules électriques rechargeables et à
piles à combustible capables d’acheter ou de
vendre de l’électricité en se connectant à un
réseau électrique intelligent, continental et
interactif.
La création d’un régime d’énergies
renouvelables produites par les bâtiments,
stockées en partie sous forme d’hydrogène,
distribuées via un système Internet de
l’énergie, et reliées à des transports
rechargeables, sans aucune émission de
polluants, ouvre la voie à une Troisième
Révolution Industrielle. Tout le système est
interactif, collaboratif, intégré et homogène.
Lorsque les cinq piliers sont rassemblés,
ils forment une plateforme technologique
indivisible qui augmentera considérablement
la productivité des entreprises et des secteurs
économiques du Nord-Pas de Calais, créera
de nouvelles opportunités commerciales,
développera la création d’emplois, et fera de
cette région une référence de la Troisième
Révolution Industrielle en France, au sein de
l’Union européenne, et dans le monde.
L’élément indispensable pour libérer cet
énorme potentiel économique lié aux
cinq piliers du Master Plan de Troisième
Révolution Industrielle tels que présenté
dans le présent rapport, réside dans la
compréhension des facteurs primordiaux à
l’origine de la productivité et de la croissance.
Jusqu’à récemment, les économistes se
contentaient de mesurer la productivité en
faisant une analyse fondée sur deux facteurs:
le capital et le travail. Cependant, en
analysant les évolutions de l’économie depuis
le début de l’ère industrielle, Robert Solow,
lauréat du prix Nobel d’économie en 1987
pour sa théorie de la croissance économique,
a trouvé que seuls 12,5% environ de toute
la croissance de la production par heure
travaillée était expliquée par le capital
et le travail, ce qui a soulevé la question
suivante: quels éléments engendraient les
87,5% restants de la croissance? Ce mystère
a conduit l’économiste Moses Abramovitz,
ancien président de l’American Economic
Association, à admettre ce que d’autres
confrères craignaient d’évoquer: ces 87,5%
restants correspondent à « une mesure de
notre ignorance ».
Au cours des 25 dernières années, les
économistes ont réexaminés la croissance
économique en utilisant une analyse fondée
sur trois facteurs (capital, travail et énergie).
Ils ont découvert que l’augmentation
de l’efficacité thermodynamique, est en
grande partie responsable de la hausse
de la productivité et de la croissance des
économies industrielles. En d’autres termes,
l’énergie est le facteur manquant.
Une étude plus approfondie des première
et deuxième révolutions industrielles révèle
que les hausses de la productivité et de la
croissance ont été permises grâce à la
combinaison communication/énergie et
aux grâce infrastructures, notamment
technologiques, auxquelles les entreprises
sont connectées et s’approvisionnent. Par
exemple, Henry Ford n’aurait pas profité des
énormes avancées en termes de productivité
et d’efficacité entraînées par les machines
électriques utilisées dans les usines, sans
un réseau électrique auquel il pouvait relier
son équipement. Les entreprises n’auraient
pas pu profiter des gains et des rendements
de productivité issues des importantes
économies d’échelle sans le téléphone qui
leur permettait de communiquer directement
en amont, avec les fournisseurs, et en aval,
avec les distributeurs. Elles n’auraient pas
pu non plus se passer de l’accès direct
aux acteurs, internes et externes, de leur
chaîne de production. Enfin, les sociétés
n’auraient pas pu réduire considérablement
leurs coûts logistiques sans un réseau
routier complet desservant les marchés
nationaux. Le réseau électrique, les réseaux
de télécommunications, les voitures et les
camions circulant sur les routes nationales
sont alimentés par l’énergie fossile, qui
nécessite une infrastructure énergétique
intégrée verticalement pour transporter
l’énergie de la tête de puits jusqu’aux
raffineries et aux stations d’essence.
L’infrastructure technologique de la
deuxième révolution industrielle a fourni un
potentiel de production qui a permis une
augmentation spectaculaire de l’efficacité
thermodynamique et de la croissance au
cours du 20ème siècle. Entre 1900 et 1929,
les États-Unis ont mis en place les premières
briques de l’infrastructure de la deuxième
révolution industrielle – le réseau électrique,
le réseau de télécommunications, le réseau
routier, les oléoducs et gazoducs, ainsi que le
système scolaire public. La Grande dépression
et la Seconde Guerre mondiale ont ralenti
le développement de cette infrastructure.
Après la guerre, le déploiement du réseau
d’autoroutes inter-États et la réalisation
d’un réseau électrique national et d’un
réseau de télécommunications ont permis
de compléter une infrastructure entièrement
intégrée. L’infrastructure de la deuxième
révolution industrielle a fait avancer la
productivité dans tous les secteurs, de la
production automobile au développement de
la construction commerciale et résidentielle
suburbaine, le long des autoroutes, et
stimulé la croissance de la consommation
de masse avec l’introduction de milliers de
centres commerciaux, permettant ainsi aux
États-Unis de bénéficier de la période la plus
prospère de ses 200 ans d’histoire.
Au cours de la période de 1900 à 1980,
l’efficacité énergétique s’est accrue
régulièrement, de 2,5% à 12,3%, en même
temps que se développait l’infrastructure des
Etats-Unis. Elle a atteint un plateau et s’est
stabilisée dans les années 1980 aux environs
de 14%, une fois l’infrastructure de la
deuxième Révolution industrielle complétée.
Malgré une augmentation de 460% en
efficacité, ce qui a donné une productivité et
une croissance extraordinaires aux ÉtatsUnis, 86% de l’énergie que nous utilisons
aujourd’hui continue à être gaspillée.
Révolution Industrielle. L’organisation
traditionnelle, hiérarchique, du pouvoir
économique et politique va céder la place à
un pouvoir latéral, organisé de façon nodale
au sein de la société.
Même si nous apportions quelques
améliorations à l’infrastructure de la
deuxième révolution industrielle, il est peu
vraisemblable que cela ait un effet mesurable
sur l’augmentation de la productivité et de la
croissance. Les énergies fossiles ont atteint
leur maturité et leur mise sur le marché est
de plus en plus onéreuse. Les technologies
conçues et fabriquées pour fonctionner sur
ces énergies, comme le moteur à combustion,
ont épuisé leur courbe en S, avec peu de
potentiel productif additionel restant à
exploiter. Le réseau électrique centralisé de
la seconde révolution industrielle est encore
servomécanique, unidirectionnel, et se
caractérise par une déperdition de 20% de
l’électricité produite.
Le pouvoir latéral est une nouvelle force dans
le monde. Steve Jobs et d’autres innovateurs
de sa génération nous ont emmenés des
coûteux ordinateurs centraux, détenus et
contrôlés par une poignée de multinationales,
aux ordinateurs de bureau bon marché et
aux téléphones cellulaires, permettant à des
milliards de personnes de se connecter les
unes aux autres, de particulier-à-particulier
dans les espaces sociaux de l’Internet. La
démocratisation des communications a
permis à près d’un tiers de la population
humaine sur terre de partager de la musique,
des connaissances, des nouvelles et une
vie sociale sur un terrain d’activités ouvert,
marquant ainsi l’une des grandes avancées de
l’évolution de l’histoire de notre espèce.
Bien qu’une efficacité thermodynamique
de 100% soit impossible à atteindre, de
nouvelles études - dont une étude réalisée
par mon groupe de conseil international
- montre qu’avec le passage à une
infrastructure de la Troisième Révolution
Industrielle, il est envisageable d’accroître
l’efficacité jusqu’à près de 60%, au cours
des 40 prochaines années. Il en résultera
en une augmentation spectaculaire de la
productivité au-delà de ce que l’économie a
connu au cours du 20ème siècle.
Mais aussi impressionnante que soit
cette réalisation, ce n’est que la moitié de
l’histoire. L’industrie des énergies nouvelles,
vertes et plus productives, améliore les
performances et réduit les coûts à un rythme
toujours plus rapide. Et tout comme la
production et la distribution de l’information
deviennent presque gratuites, les énergies
renouvelables le deviendront également. Les
technologies solaires et éoliennes ont connu
une courbe de croissance exponentielle
au cours des 20 dernières années, tout
comme la technologie informatique dont
la croissance a conduit à un coût marginal
proche de zéro pour la production et la
diffusion de l’information sous la forme
audio, vidéo ou de texte.1 Le soleil, le vent, la
biomasse, la géothermie et l’hydroélectricité
sont disponibles pour tout un chacun et, à
l’instar de l’information, ne s’épuisent jamais.
La diminution du coût des transactions
dans le monde de la musique et l’édition
avec l’émergence du partage de fichiers
de musique, livres électroniques, et blogs
d’informations, sème la confusion dans ces
industries traditionnelles. Nous pouvons nous
attendre à des effets perturbateurs similaires
dans le domaine de l’énergie, puisque la
production d’énergies renouvelables conduit
à un coût marginal proche de zéro et à une
électricité presque gratuite, partagée sur un
Internet de l’énergie.
La Troisième Révolution Industrielle est
la première révolution “intelligente” de
l’infrastructure dans l’Histoire. L’Internet
de l’énergie connectera chaque appareil,
chaque machine, entreprise, résidence et
véhicule du Nord-Pas de Calais à un réseau
intelligent et interactif. Le réseau collectera
des données sur tout sujet, depuis l’évolution
des conditions météorologiques, jusqu’au
suivi à la minute des flux logistiques dans
les chaînes d’approvisionnement, en passant
par les flux de production et de distribution
des ventes. L’infrastructure intelligente de la
Troisième Révolution Industrielle, à son tour,
nourrira un flux continu de données pour les
entreprises connectées au réseau, qu’elles
pourront utiliser pour améliorer l’efficacité
thermodynamique de leur chaîne de valeur.
Elles augmenteront ainsi considérablement
leur productivité, réduiront leurs coûts fixes
et marginaux et baisseront le prix de leurs
produits et services. L’infrastructure de la
Troisième Révolution Industrielle améliorera
sans commune mesure la compétitivité
économique de la région, la plaçant loin
devant les autres régions qui travaillent
encore sur une plate-forme désuète de
deuxième révolution industrielle.
Au cours du prochain demi-siècle, les
pratiques de la première et seconde
révolution industrielles seront de plus en
plus intégrées aux pratiques de la Troisième
1
Les coûts marginaux proches de zéro font référence aux coûts
d’énergie et d’exploitation à court terme de n’importe quelle
technologie, système ou infrastructure. Le plus souvent, une
fois les coûts fixes et de capital amortis, les technologies
de la Troisième Révolution Industrielle demande peu ou pas
de coûts d’exploitation supplémentaires – ou a minima des
coûts décroissants – pour assurer la fourniture des unités
additionnelles de service aux consommateurs.
7
Lorsque les communications internet
gèreront les énergies vertes, chaque être
humain sur terre deviendra sa propre source
d’énergie, au propre comme au figuré. Le fait
que des milliards d’êtres humains partagent
latéralement leur énergie renouvelable dans
un Internet de l’électricité verte, comme ils
partagent aujourd’hui des informations en
ligne, jette les bases d’une démocratisation
de l’économie mondiale et d’une société
plus juste.
Le Nord-Pas de Calais a l’opportunité de
devenir l’une des premières régions au monde
à produire et à partager sa propre énergie
renouvelable produite localement à un coût
marginal proche de zéro sur un Internet de
l’énergie, rendant ainsi l’énergie presque
gratuite pour des milliers d’entreprises
et 4 millions de citoyens. L’impact sur la
productivité et sur l’économie d’une énergie
au coût marginal proche de zéro sera aussi
important que ne l’est la production et la
diffusion de l’information sur Internet à un
coût marginal proche de zéro. C’est cela,
donner « le pouvoir au peuple ».
La production d’énergie à un coût marginal
proche de zéro modifiera fondamentalement
les règles du jeu, avec des répercussions
profondes sur la vie économique, sociale et
politique du 21ème siècle. L’effet ne sera pas
immédiat , mais si la région commence dès
maintenant, la perspective de produire de
l’énergie à un coût marginal proche de zéro
deviendra réalité au cours des prochaines
décennies. La région occupera ainsi une
place de leader dans la transition vers une
nouvelle économie durable post-carbone.
Quand Daniel Percheron, Président de
la Région Nord-Pas de Calais, et moi
avons discuté de la possibilité de dessiner
une nouvelle vision économique pour la
région, il a indiqué que la question la plus
importante dans son esprit était de savoir
où la région voulait en être dans 20 ans.
Il s’est rendu compte qu’une approche
traditionnelle risquait d’offrir moins
d’opportunités et de bénéfices à l’avenir, et
que ce qui était nécessaire était une nouvelle
vision économique audacieuse et un plan
d’action susceptible de changer le paysage
économique. Ce n’est pas la première fois
que cette région est en avance sur son
temps et qu’elle dessine une nouvelle voie
économique, qui modifie profondément
le paradigme économique en France,
en Europe et, en réalité, dans le monde.
Philippe Vasseur, Président de la Chambre
de Commerce et d’Industrie Nord de France,
a rappelé le rôle unique que cette région
très particulière a joué en introduisant
la première révolution industrielle sur le
continent européen, notant que «nous étions
les rois de la première révolution industrielle.»
et affirmant « nous avons souffert de la
deuxième révolution industrielle [et] nous ne
pouvons pas rater la troisième ».
8
Depuis l’an dernier, les élus du Nord-Pas de
Calais, le monde des entreprises de la région,
la société civile et TIR Consulting Group
LLC se sont engagés dans une initiative
collaborative pour dessiner les contours d’une
Troisième Révolution Industrielle. Le rapport
ci-après contient une série de propositions et
de prescriptions pour s’assurer que le NordPas de Calais, non seulement ne manquera
pas la Troisième Révolution Industrielle, mais
la conduira activement, comme il l’a fait
il y a plus d’un siècle quand il a introduit
la première révolution industrielle sur le
continent européen.
Nous vivons une période de grande
incertitude. Notre économie mondiale
est moribonde et des centaines de
millions de jeunes gens sont sans travail,
perdant espoir dans l’avenir. La Troisième
Révolution Industrielle propose un plan
de développement économique concret et
flexible qui peut redonner du travail au Nord
Pas de Calais, répondre au réchauffement
climatique de la planète et créer une qualité
de vie durable pour ses citoyens. L’exemple
de la région, à son tour, peut devenir un
symbole d’espoir pour le reste du monde.
Je ne doute pas que ce que nous avons
proposé dans le Master Plan de la Troisième
Révolution Industrielle du Pas de Calais
puisse être accompli. Ce qui est nécessaire
maintenant, c’est la détermination, la
persévérance et un sens collectif des
responsabilités pour régénérer la région.
3.0 Synthèse
L’objectif global de la Troisième Révolution
Industrielle en Nord-Pas de Calais est de
faire de l’économie régionale l’une des
plus efficaces en matière d’utilisation des
ressources, l’une des plus productives et l’une
des plus durables au monde.
La première étape de cette transformation est
de rechercher l’efficacité énergétique dans
des investissements d’infrastructure et de
revoir les comportements et les décisions sous
l’angle de l’efficacité: les économies d’énergie
créent des emplois en réorientant l’économie
vers des secteurs à plus forte intensité en
travail. Cette référence fondamentale qu’est
l’efficacité énergétique est le catalyseur de
la promotion d’une économie circulaire et de
la construction simultanée des 5 piliers de la
Troisième Révolution Industrielle.
Le premier pilier est celui de la transition
vers les énergies renouvelables: le coût total
des énergies renouvelables décroit selon
une courbe exponentielle et leur coût de
production marginal est proche de zéro. La
région doit accélérer la production d’énergie
renouvelable par des approches sectorielles
et fiscales, tout en favorisant une stratégie
d’exportation industrielle pour profiter aussi
des opportunités commerciales liées aux
investissements réalisés en Europe du Nord.
Ce pilier doit être couplé avec le pilier 2, qui
vise à rendre le patrimoine immobiliser de la
région producteur d’énergie, tout en mettant
la priorité sur l’efficacité thermique des
bâtiments.
La mise en œuvre de ce deuxième pilier
commencera tout d’abord avec un programme
de modernisation et de rénovation à
grande échelle, associé à un programme de
dépollution des sols des friches industrielles
et des sites miniers. Ces deux programmes,
pilotés par la Région, permettront de
valoriser les bâtiments et les terres. Les
anciennes mines ou sites industriels seront
réhabilités pour restaurer la biodiversité,
conduisant ainsi à l’émergence progressive
d’une « Vallée de la Biosphère ». Le modèle
économique de ces programmes est fondé
sur la valorisation du foncier. En outre, il est
possible d’établir un modèle de financement
coopératif, utilisant les économies d’énergie
pour soutenir l’investissement, tout en
impliquant les investisseurs privés dans la
Troisième Révolution Industrielle. Grâce à
ces investissements, la région sera équipée,
avec un coût marginal proche de zéro, en
énergies renouvelables qui permettront de
réaliser des économies d’énergie sur le long
terme. De plus, de tels programmes créeront
de l’emploi à court terme dans la région. La
région va se transformer toute entière en «
Vallée de la Biosphère », qui contribuera à la
sensibilisation des étudiants et encouragera
les changements de comportement envers
la biosphère, l’efficacité de l’utilisation
des ressources, la réduction de l’empreinte
environnementale et une productivité
industrielle forte. La Vallée de la Biosphère
constituera de fait le premier pôle industriel
régional pour une économie circulaire.
Le troisième pilier– le stockage de l’énergie,
sera prévu et planifié en tenant compte des
échanges d’énergie avec les régions ou pays
voisins et des effets combinés des piliers 1
et 2. Sous l’effet conjugué des bâtiments
économes en énergie, d’un transport et
d’une consommation d’énergie optimisés, les
besoins régionaux en énergie diminueront.
La part de l’énergie renouvelable devra
toutefois augmenter considérablement, étant
donné qu’elle ne représente aujourd’hui
que 2% du mix énergétique régional. Le
marché national n’est pas aujourd’hui
mature (pas de régulations existantes, ni
de subventions) mais l’apparition récente
de prix négatif sur le marché de gros de
l’électricité2 crée le besoin de stockage. La
première capacité de stockage sera issue
des véhicules électriques. La méthanisation
peut, de plus, apporter de la flexibilité dans le
système d’énergie. La région doit également
profiter de son réseau d’hydrogène (un actif
unique en France) et de l’expérimentation
à Dunkerque des technologies « Powerto-gas ». La méthanation, le système de
stockage d’énergie à air comprimé (CAES)
et le stockage hydraulique seront, en outre,
développés sur une base ad hoc.
Le quatrième pilier - l’Internet de l’énergie,
est directement liée aux initiatives du pilier
2 - les programmes de réhabilitation et la
Vallée de la Biosphère. Il vise à déployer
un réseau intelligent dans l’ensemble du
territoire régional. Cela consistera tout
d’abord à ouvrir l’accès à l’historique détaillé
des données de consommation d’énergie:
c’est un prérequis à la rénovation de l’habitat
dans le cadre de contrats de performance
énergétique. Le programme de rénovation
sera soutenu financièrement par des
tiers investisseurs fournisseurs de service
énergétiques. Il mènera à une réduction de
la consommation d’énergie et à la mise en
place de centrales électriques virtuelles.
L’établissement d’une interconnexion
transfrontalière des réseaux, en particulier
avec le Royaume-Uni, l’Allemagne et la
Belgique, permettra à la région d’exporter
son surplus d’énergie. L’accès aux données
en temps réel lui permettra également
de dégager des marges de manœuvre
pour optimiser la production d’énergie
et l’exportation, grâce aux programmes
de réponse à la demande (« effacement »
notamment) dans les bâtiments résidentiels
ou industriels.
Le pilier 5 – le transport par des véhicules
électriques rechargeables ou à pile à
combustible vient compléter les 4 piliers
précédents. Pour soutenir les travaux
de construction requis pour réaliser les
programmes de modernisation et de
réhabilitation des terres (Pilier 2), il faut
développer en parallèle une solution de
transport économe en énergie. Cela sera le
point de départ de l’Internet Logistique pour
le transport des marchandises: dans le cadre
du pilier concernant l’habitat, le programme
phare Zen-e-ville devra respecter les principes
développés pour le plan de mobilité de la
Troisième Révolution Industrielle, à savoir
une logistique collaborative où les camions
électriques et les entrepôts seront partagés
entre fournisseurs de matériaux et de biens.
Et inversement, ces projets constitueront une
opportunité de tester et de démontrer des
solutions multimodales avec des véhicules
électriques avant le déploiement de ces
concepts à la mobilité des personnes dans la
région.
Les synergies entre les cinq piliers
contribuent toutes à atteindre des niveaux
plus élevés d’efficacité énergétique et
fournissent les bases à partir desquelles
la Troisième Révolution Industrielle se
réalisera. Les améliorations de l’efficacité
thermodynamique rendent possibles des gains
de productivité qui peuvent être affectés à
une innovation accrue, à la création d’emplois
et à l’attractivité de la région au-delà de ses
frontières. Selon le modèle DEEPER (présenté
dans la suite du document), la Troisième
Révolution Industrielle nécessite d’injecter
six milliards d’euros par an pour réduire la
consommation d’énergie finale de 60% en
2050. Cet effort permettra de créer plus de
150 000 emplois nets, de manière directe
par les investissements et indirectement
par l’augmentation de la productivité. Cet
effort est moins risqué que de ne rien faire:
un scénario tendanciel sans augmentation
de l’efficacité énergétique, mais avec une
augmentation des prix de l’énergie prédit une
perte de 100 000 emplois dans la région d’ici
2050.
Une des clés du succès vers la Troisième
Révolution Industrielle réside dans
l’émergence d’une conscience politique
commune de la biosphère. L’université a
un rôle essentiel à jouer: les universitaires
vont diriger l’effort de sensibilisation à la
biosphère par l’éducation des jeunes et
également par le suivi des résultats de la
Troisième Révolution Industrielle via un
ensemble d’indicateurs sociaux, économiques
et de développement durable. Enfin, une
solide gestion du programme sera nécessaire
de la part de la Région: la planification
dynamique et l’exécution rigoureuse seront
déterminantes dans la réussite de la Troisième
Révolution Industrielle.
Le Master Plan de Troisième Révolution
Industrielle, conçu conjointement par Nord
Pas-de-Calais et le TIR Consulting Group LLC,
fournit une feuille de route pour orienter la
région vers une nouvelle ère économique
à l’origine de nouvelles entreprises et
d’opportunités d’emploi pour un 21ème
siècle durable.
2
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/06/20/
les-grossistes-francais-confrontes-aux-prix-negatifs-de-lelectricite_3433318_3234.html
9
4.0 Vision et ambition
4.1 La Troisième Révolution
Industrielle: une vision pour le
Nord-Pas de Calais
Le Master Plan pour le Nord-Pas de
Calais, présenté dans ce document, a pour
principal objectif d’associer étroitement
ensemble les cinq piliers de la Troisième
Révolution Industrielle pour former un
ensemble d’infrastructures communes que
les entreprises locales peuvent utiliser afin
d’augmenter considérablement leur efficacité
et leur productivité et, par cette action, créer
les nouvelles opportunités économiques et
les emplois du 21ème siècle. Si les piliers ne
sont pas mis en œuvre de concert, la région
perdra de précieux investissements, bloquera
sa croissance et se retrouvera avec des projets
pilotes en silos, à faible valeur ajoutée pour
les citoyens. C’est, à date, l’enseignement
tiré d’initiatives similaires d’autres régions en
Europe et dans le monde.
A titre illustratif, si le parc immobilier du
Nord-Pas de Calais n’est pas modernisé
et isolé pour empêcher les déperditions
d’énergie, il n’est pas possible en réalité
d’atteindre le Pilier 1 et d’installer de
la production d’énergie renouvelable
localement. Une grande partie de l’énergie
verte produite sera perdue si le chauffage et
l’air conditionné s’échappent des bâtiments
qu’elle alimente.
Si la région investit massivement dans
l’installation de technologies de production
d’énergies renouvelables (Pilier 1) mais
sans coordination avec les investissements
pour développer la capacité de stockage
de l’énergie (Pilier 3), les trois quarts des
kW produits seront, en moyenne, perdus.
Le solaire et l’éolien sont des énergies
intermittentes. Le vent qui souffle la nuit,
quand cela n’est pas nécessaire, a peu de
valeur pour les utilisateurs. De la même
façon, s’il y a une couverture nuageuse
durant la journée, l’énergie solaire diminue.
En stockant l’électricité verte quand elle est
produite, pour une utilisation quand elle est
nécessaire, la région Nord-Pas de Calais est à
même de maintenir une alimentation fiable
en énergie et en électricité verte, permettant
de couvrir ses besoins 24 heures sur 24.
De plus, si des dizaines de milliers de
bâtiments commerciaux et résidentiels
commencent à produire une électricité verte
dans la région (Pilier 2) alors que celle-ci
est toujours contrainte par un vieux réseau
de distribution servo mécanique centralisé,
uniquement conçu pour transporter l’énergie
dans une direction - d’un unique fournisseur
10
à des millions d’utilisateurs - ce dernier sera
incapable de gérer le flot d’électricité verte.
Des ravages seront alors à craindre dans la
capacité de ce réseau à gérer les pics et les
charges de base, et à prévenir les surtensions
et baisses de tension.
Enfin, si la région Nord-Pas de Calais s’équipe
pour introduire massivement des voitures, bus
et camions à piles électriques et à hydrogène
(Pilier 5), sans que les quatre autres piliers de
la Troisième Révolution Industrielle ne soient
prêts, les véhicules ne seront pas capables
de se brancher et d’obtenir l’électricité verte
attendue pour leur fonctionnement.
La mise en œuvre des cinq piliers de la
Troisième Révolution Industrielle en Nord-Pas
de Calais donne à la région une plate-forme
technologique à usage général qui connecte
chaque personne et chaque chose à un réseau
unique, intelligent et distribué. Ce dernier
fournit, à chaque instant, des données sur
les flux d’énergie dans la chaîne de valeur
toute entière et sur les mouvements dans la
région. Cela permet à chaque entreprise de se
connecter et d’utiliser des algorithmes pour
ajuster sa gestion énergétique et augmenter
ainsi considérablement son efficacité et sa
productivité. L’infrastructure de Troisième
Révolution Industrielle fondée sur cinq
piliers forme une plate-forme permettant
de propulser le Nord-Pas de Calais dans
la Troisième Révolution Industrielle qui
transformera la région en une économie
durable, productive et prospère.
Dans les pages suivantes, nous examinons les
étapes et actions qui devront nécessairement
être prises dans la région à court, moyen
et long termes pour accroître l’efficacité
énergétique, réaliser la transition vers
les énergies renouvelables, convertir les
bâtiments en mini-centrales électriques
vertes, établir des systèmes de stockage
énergétique, développer un Internet de
l’énergie, et favoriser une mobilité s’appuyant
sur les véhicules électriques et à piles à
combustible. Nous étudions en détail les
diverses phases, étapes, interconnexions
et synergies liées à l’évolution vers une
plate-forme de Troisième Révolution
Industrielle fondée sur cinq piliers, distribuée
et intelligente en Nord-Pas de Calais.
Nous évaluons également les niveaux
d’investissement qui seront requis, le retour
attendu sur ces investissements, ainsi
que les mécanismes financiers innovants
à développer pour, dans les années et les
décennies à venir, pousser résolument la
Troisième Révolution Industrielle un cran plus
loin. Nous considérerons les réglementations,
codes, normes, interopérabilités et incitations
qui devront être mis en œuvre par la
région pour accompagner les nombreuses
propositions et initiatives exposées.
Nous examinons également les changements
de comportement à introduire, ainsi que les
évolutions de compétences professionnelles
et les formations nécessaires pour que la
main d’œuvre future puisse répondre aux
nouvelles opportunités qui s’ouvrent avec
le déploiement de la Troisième Révolution
Industrielle en Nord-Pas de Calais. Avec 27%
de ses habitants ayant moins de 20 ans, la
région s’enorgueillit d’avoir l’une des plus
jeunes populations de France. La génération
du Millénaire devra être préparée à vivre dans
une économie distribuée, collaborative, pair à
pair (P2P), qui s’adapte latéralement, dans le
Nouveau Monde Biosphèrement responsable.
La biosphère est une enveloppe qui s’étend
des profondeurs de l’océan jusqu’à la
stratosphère supérieure dans laquelle
les créatures vivantes et les processus
géochimiques de la terre interagissent pour
se soutenir mutuellement. C’est une relation
symbiotique permanente entre toutes les
créatures vivantes et entre ces dernières et
les processus géochimiques qui assurent à
la fois la survie de l’organisme planétaire et
des espèces individuelles vivant à l’intérieur
de l’enveloppe biosphérique. Si chaque vie
humaine, les espèces dans leur ensemble, et
toutes les autres créatures sont liées les unes
aux autres et à la géochimie de la planète
dans une riche et complexe chorégraphie
soutenant la vie elle-même, alors chacun de
nous dépend et est responsable de la santé
de l’organisme tout entier. Assumer cette
responsabilité signifie que nous devons mener
nos vies individuelles dans nos quartiers et
communautés d’une façon qui promeuve
le bien-être général de la grande biosphère
dans laquelle nous habitons. Dans la nouvelle
ère, la jeunesse du Nord-Pas de Calais sera
sensibilisée à sa lourde responsabilité de
régir la biosphère de la Terre en adoptant une
empreinte écologique légère et en vivant en
harmonie avec la nature.
La refonte de l’infrastructure de chaque
nation et le rééquipement des industries
vont exiger un effort de formation massif des
salariés dans des proportions identiques à
celui mis en œuvre dans ce domaine au début
de la première et de la deuxième révolution
industrielle. La nouvelle main d’œuvre high
tech de la Troisième Révolution Industrielle
devra être compétente en technologies des
énergies renouvelables, construction verte,
technologies de l’information et systèmes
informatiques intégrés, nanotechnologies,
chimie durable, développement des piles à
combustible, gestion numérique du réseau
électrique, transport électrique hybride
et à hydrogène, et des centaines d’autres
domaines techniques.
Il sera nécessaire d’éduquer les entrepreneurs
et les gestionnaires à profiter de modèles
économiques (business model) de pointe,
incluant des stratégies de recherche et
développement partagées et collaboratives,
un commerce en accès libre et en réseau,
des contrats de performance énergétique,
des accords portant sur les économies
partagées et une gestion de la chaîne
d’approvisionnement et logistique durable,
à faible émission carbonique. Les niveaux
de compétence et les styles managériaux de
la main-d’œuvre de la Troisième Révolution
Industrielle seront, en qualité, différents de
ceux de la main-d’œuvre de la deuxième
révolution industrielle.
Nous vous invitons à nous suivre alors que
nous traçons, dans le Nord-Pas de Calais,
les grandes lignes d’un nouveau territoire
qui sera transformé en un paysage de la
Troisième Révolution Industrielle. Le Master
Plan prévoit la transformation complète du
Nord-Pas de Calais en une « Vallée de la
Biosphère » (Biosphere Valley). En connectant
les aires urbaines, suburbaines et rurales
en une économie circulaire indivisible qui
régit efficacement les ressources locales, les
citoyens du Nord-Pas de Calais apprennent
à vivre dans les limites de leur propre
écosystème. Au cours de ce processus, ils
deviennent de bons voisins de la biosphère.
Leur exemple ouvre la voie à d’autres dans
des régions à travers le monde.
4.2 Quelques faits
Figure 1. Le territoire administratif du Nord-Pas de Calais
Nord-Pas de Calais
Carte administrative
beLGIque
Région Picardie
Figure 2. Principaux centres industriels
Dans la suite du document, le terme
« Région » est utilisé pour désigner l’entité
administrative de la Région Nord-Pas de
Calais. Le terme « région » désigne le territoire
de la région.
Les habitants du Nord-Pas de Calais sont fiers
de leur région, connue pour son mode de vie
caractérisé par la solidarité, le dynamisme,
la joie de vivre… Le Nord-Pas de Calais
est un territoire de contrastes, une terre
de traditions, d’enthousiasme et de bonne
qualité de vie, réputé pour ses festivals, ses
coutumes, ses spécialités culinaires…C’est
aussi une terre frontière, au cœur de l’Europe,
ce qui constitue un atout incontestable
pour le commerce et crée des opportunités
d’échanges.
4.2.1 Données démographiques et
physiques
La région Nord-Pas de Calais couvre 12 414
km² et a une population de 4,038 millions
d’habitants en 20083. La densité est de 325
habitants/km², ce qui fait de la région l’une
des plus densément peuplées de France
(moyenne nationale de 110 habitants/km²).
Elle est composée de deux départements: le
Nord et le Pas de Calais. Le Nord comprend
64% de la population et le Pas de Calais
36%. 27% de la population a moins de 20
ans. L’espérance de vie est de 77,7 ans, la
plus basse de France.
Les principaux centres industriels
La région a été l’une des toutes premières
à être industrialisée en Europe. Le paysage
est caractérisé par la présence d’usines
de l’industrie textile à Roubaix/Tourcoing,
par les terrils du « croissant » minier dans
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
l’agglomération urbaine de Béthune - Lens
- Douai - Valenciennes, et par la sidérurgie
à Dunkerque et Maubeuge. L’énergie est
principalement consommée par l’industrie, en
particulier la sidérurgie, puis par le transport
et le logement. La région affiche un nombre
élevé de friches industrielles polluées: 16
000 sites sont enregistrés dans la base de
données BASIAS.4 Celles-ci, si elles étaient
dépolluées, pourraient être converties en
terres disponibles pour l’habitat résidentiel,
commercial et industriel.
Source: INSEE
3
BASIAS est une base de données française créée en 1998
pour collecter et préserver la mémoire des « vieux sites
industriels et activités de service » (abandonnés ou non) qui
peuvent avoir laissé des installations ou des sols pollués ;
cependant tous les sites classés ne sont pas nécessairement
pollués. Cf: http://www.developpement-durable.gouv.fr/
Site-BASIAS.html
4
11
Dunkerque, sur la côte, est un port
industriel très actif. La ville, détruite au
cours de la deuxième guerre mondiale, peut
aujourd’hui être définie comme la « ville de la
reconstruction ». Calais et Boulogne-sur-Mer,
sur la côte également, sont des ports qui se
spécialisent dans la pêche et se positionnent
aussi comme sites touristiques fortement
influencés par le passage des connexions vers
l’Angleterre.
Figure 3. Réseau routier international
L’agriculture est d’une importance stratégique
pour la région: la surface agricole utilisée
(SAU) couvre deux tiers du territoire régional.
Avec 835 000 ha, la SAU régionale représente
2,9% de la SAU nationale. La région
représente une part significative des surfaces
françaises pour la production de pommes
de terre, l’industrie de la betterave, le lin et
les légumes. L’agriculture biologique occupe
moins de 1% de la surface agricole utilisée
régionale.
Occupation du territoire et logement
Seuls 55% du territoire régional sont occupés
; 10% sont couverts par la forêt. 86% de la
population vivent dans les villes. La région
compte 1,6 millions de ménages et 1,8
millions de logements. La région est affectée
par une forte consommation de terre due
au développement de l’étalement urbain
(72% de maisons individuelles, par rapport
à 50% avant les années 70). Le Schéma
Régional d’Aménagement Durable et de
Développement du Territoire (SRADDT) a pour
objectif de limiter l’étalement urbain. 42%
de la population vivent dans des logements
loués. Le logement social représente 24%
des logements. 72% sont des maisons
individuelles. 20% des ménages sont en
situation énergétique précaire. 1% du parc
immobilier existant est rénové chaque année
; autrement dit, à ce rythme, cela signifie qu’il
faudrait un siècle pour rénover l’ensemble des
bâtiments existants.
Connexions internationales
La région du Nord-Pas de Calais est
traversée par de nombreuses infrastructures
assurant des connexions à la fois locales
et internationales. Le développement de
l’étalement urbain est cependant plus propice
au développement du transport individuel
qu’au réseau de transports collectifs.
Le moyen de transport le plus répandu
pour circuler dans la région est la voiture
personnelle.
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
4.2.2 Énergie et climat
Consommation énergétique
Le Nord-Pas de Calais est l’une des régions
françaises ayant la plus forte consommation
d’énergie. Les émissions de gaz à effet de
serre par habitant sont 30% plus élevées que
la moyenne nationale. La part des énergies
renouvelables est quatre fois inférieure à
la moyenne nationale. La taille importante
du réseau routier, l’activité industrielle et la
densité urbaine impliquent que la population
subit une forte exposition à la pollution
atmosphérique.
Avec une sidérurgie - et une industrie en
général - fortement développées, le NordPas de Calais a un profil particulier et est
l’une des régions en France qui consomme
le plus d’énergie. Si l’on compare le NordPas de Calais à la moyenne nationale en
matière d’utilisation d’énergie, quelques
caractéristiques peuvent être relevées: une
plus grande part de l’utilisation énergétique
vient de la sidérurgie et la consommation
issue du transport est en revanche inférieure.
Figure 4. Répartition de la consommation énergétique en Nord-Pas de Calais - (2009)
bilan énergétique - GWh final
Agriculture
1,430
1%
Transport
30,357
19%
Tertiaire
17,202
11%
Résidentiel
32,131
20%
Sidérugie
37,788
23%
bilan énergétique - GWh final
Agriculture
1,430
1%
Industrie
41,398
26%
Sidérurgie incluse
Source: Volet CLIMAT du SRADDT - Norener-Energie Demain, 2009
12
Transport
30,357
25%
Tertiaire
17,202
14%
Industrie
41,398
34%
Résidentiel
32,131
26%
Hors sidérurgie
Consommation énergétique par type
de source
Le gaz est le premier type d’énergie
consommée en Nord-Pas de Calais (28,9%)
devant le pétrole (27,9%), les combustibles
minéraux solides (21,9%) et l’électricité
(19,2%). La consommation de gaz est
supérieure à la part nationale (21,7% de la
consommation finale d’énergie en France en
2005) contrairement aux produits pétroliers
(44,8% au niveau national). Cela est lié
à l’existence d’un réseau de gaz naturel
fortement développé, qui facilite l’utilisation
du gaz en particulier dans les secteurs5
résidentiel et tertiaire.
Production d’énergie
En 2010, la région produisait 47,5 TWh6:
77% fournis par les centrales nucléaires,
21% par les centrales thermiques utilisant
des combustibles fossiles et 2% par les
énergies renouvelables7. La part de l’énergie
renouvelable est très faible comparée à la
moyenne de la France, qui est de 12%.
Figure 5. Consommation finale par source d’énergie
21.9%
27.9%
2%
Produits pétrollers
Gaz
Electricité
Energies renouvelables
19.2%
28.9%
Combustibles minéraux solides
Source: SRCAE
Figure 6. Production d’énergies renouvelables en NPDC par source
La production en matière d’énergies
renouvelables dans le Nord-Pas de Calais
provient principalement du bois.
Émissions de gaz à effet de serre
Les émissions de gaz à effet de serre (GES)
pour la région sont estimées à 44 millions
de tonnes équivalent CO2 par an (47,8
MteqCO2MteqCO2 en 1990), soit 11 tonnes
métriques d’équivalent CO28 par habitant. La
même année, la France a totalisé 530 Mteq
(8,5 par habitant).9
Les émissions de GES augmentent dans trois
secteurs depuis 1990: le transport (+23%),
le secteur résidentiel (+11%) et celui des
services (+32,8%). Quatre secteurs ont
régulièrement décliné depuis 1990: l’industrie
manufacturière (-17%), la transformation de
l’énergie (-3,4%), l’agriculture (-27%) et la
gestion des déchets (-25,4%).
Source: ADEME – Region
Figure 7. Émissions de gaz à effet de serre par secteur en Nord-Pas de Calais (en milliers
de TeqCO2)
Déchets
Total 2008: 44MteqCO2
1,420
3%
Total 1990: 47,8 MteqCO
2
Transports
7,650
17%
Agriculture 3,222
7%
Industrie (y compris
Sidérurgie) 21,853
50%
5
Source Schéma Régional du Climat, de l’Air et de l’Energie
(SRCAE), novembre 2012
Source RTE, 2010
6
Pour plus d’informations sur les quantités et conversions
énergiques, se référer à la discussion en section 5.1.1 et
Annexes 7.1
7
Source NORCLIMAT/Energies Demain – Conseil Régional
8
Source Ministère de l’Ecologie
9
Tertiaire 3,451
8%
Résidentiel 6,421
15%
13
4.2.3 Données économiques
Figure 8. PIB régional par habitant
Richesse régionale
5,0000
Le PIB régional est de 96,9 milliards d’euros,
soit 24 025€ par habitant. Le revenu moyen
des ménages est de 20 157€ et le revenu
médian de 16 356€. Le développement
du PIB par habitant est lent comparé aux
régions voisines.
4,0000
emploi
UK Berkshire, ...
UK Surrey, East and ...
UK Hampshire and Isle ...
BE West-Vlaanderen
FR Rhône-Alpes
FR Haute-Normandie
FR Pays de la Loire
UK Kent
FR Champagne-Ardenne
Source: CCI
FR Nord - Pas-de-Calais
0
FR Picardie
1,0000
BE Namur
240 681 entreprises sont établies en NordPas de Calais, ce qui représente seulement
4,5% des entreprises françaises. La région a
des atouts industriels dans le rail (première
région de France), l’industrie automobile
(deuxième), l’industrie alimentaire (troisième)
et la recherche en matière de santé
(quatrième).
2,0000
BE Hainaut
entreprises
3,0000
Figure 9. Taux de chômage entre 2000 et 2012, France et NPDC
Le Nord-Pas de Calais compte 1,5 millions de
travailleurs en 200710:
• 1,1 million d’employés dans le secteur
privé
• 300 000 dans le secteur public
• 100 000 indépendants
333 000 personnes sont en recherche
d’emploi et le taux de chômage est de 13,4%,
soit 35% de plus que la moyenne nationale.
8% des Français sans emploi vivent dans la
région Nord-Pas de Calais.
4.3 Méthodologie d’élaboration
du Master Plan de la Troisième
Révolution Industrielle
La Troisième Révolution Industrielle est une
vision élaborée par Jeremy Rifkin, fondée sur
cinq piliers, contribuant tous à une meilleure
efficacité énergétique et à une productivité
accrue: les énergies renouvelables, les
bâtiments producteurs d’énergie, le stockage
de l’énergie, l’Internet de l’énergie, les
transports électriques rechargeables et à
pile à combustible. La Troisième Révolution
Industrielle vise à développer pro activement
l’économie et à créer des emplois en
favorisant les synergies entre les piliers
et en exploitant le modèle économique
de rentabilité en matière d’efficacité
énergétique. L’élaboration du Master Plan
pour la région Nord-Pas de Calais a été
menée par six groupes de travail régionaux
rassemblant des experts, des représentants
des entités publiques régionales et des
entreprises. Chaque groupe de travail
a travaillé sur l’un des cinq piliers et le
dernier sur une vision transverse en matière
d’efficacité énergétique. La région Nord-Pas
de Calais a également mandaté deux groupes
de travail supplémentaires pour étudier deux
autres sujets associés, transverses aux cinq
Source: INSEE
10
14
Source: CCI
piliers de la Troisième Révolution Industrielle:
l’économie circulaire et l’économie
fonctionnelle. Cela permet de traiter deux
sujets essentiels: l’évolution des usages et
des comportements des consommateurs
(économie fonctionnelle) et un nouveau
lien avec l’utilisation des ressources grâce à
l’économie circulaire, qui a un fort impact sur
la consommation et l’efficacité énergétique.
La vue globale des piliers peut être
représentée selon l’illustration ci-dessous:
Du 13 au 15 mai 2013, un séminaire
exécutif s’est tenu à Lille. À cette occasion,
des rencontres ont été organisées entre les
groupes de travail régionaux, les experts
internationaux et les entreprises pour
approfondir l’identification d’idées nouvelles
et d’initiatives en faveur du développement
de la Troisième Révolution Industrielle. La
région Nord-Pas de Calais doit préserver
l’élan créé durant ce séminaire et profiter
de la bonne mobilisation des collectivités
territoriales, des entreprises, des universités
et de la société civile. La discussion qui suit
fournit une base pour maintenir cet élan et
cet enthousiasme.
4.4 Facteurs clés de succès
La Troisième Révolution Industrielle vise à
accélérer une croissance économique locale,
économe en énergie et durable. Si l’on fait le
parallèle avec les avantages compétitifs pour
une entreprise privée, nous pouvons souligner
trois facteurs clés de succès pour la région:
• un accès à des ressources spécifiques
fournissant un avantage compétitif,
• des savoir-faire propres et uniques,
• la confiance et l’assurance.
4.4.1 Accès à des ressources
spécifiques fournissant un
avantage compétitif
La région Nord-Pas de Calais peut exploiter
certaines spécificités qui lui procurent un
Figure 10. Les piliers de la Troisième Révolution Industrielle
énergétique sera d’autant plus pertinent
que de forts impacts peuvent être attendus.
Dans son rôle de pionnier de la Troisième
Révolution Industrielle, le climat froid
constitue ainsi pour la région un avantage
compétitif.
Troisième
Révolution
Industrielle
1
Energies
renouvelables
2
Bâtiments
producteurs
d’énergie
3
Stockage de
l’énergie
4
Synergies
Internet de
l’Energie
5
Transports
électriques
rechargeables
et à piles à
combustible
Economie fonctionnelle
Economie circulaire
Efficacité énergétique
avantage compétitif. Tout d’abord, la région
a une position stratégique unique en plein
milieu de l’europe. Le Nord-Pas de Calais
est au croisement des réseaux d’énergie
européens. Les échanges d’énergie doivent
ainsi être considérés avec les pays voisins
de façon à revendre les surplus d’énergie ou,
au contraire, à en acheter en cas de pics de
consommation.
En raison également de cette position
centrale, le Nord-Pas de Calais est un
nœud logistique pour tous les flux NordSud en Europe. En raison de contraintes
géographiques (la Manche et la mer du Nord
à l’ouest, la chaîne des Ardennes à l’est),
la région est le meilleur et unique chemin
pour les transports de marchandises et de
personnes.
L’eurotunnel, partant de Calais jusqu’à
Londres sous la mer du Nord, est par
nature unique et offre un grand potentiel
de création de modalités de transport
innovantes pour les personnes et les biens.
L’Eurotunnel doit être pris en compte comme
un actif majeur pour conduire la Troisième
Révolution Industrielle.
Il faut également considérer le climat comme
un atout. Le Nord-Pas de Calais est plus froid
que beaucoup d’autres régions en France.
Comme le chauffage compose la plus grande
partie de la consommation énergétique,
le business case en matière d’efficacité
Les personnes sont aussi une ressource qui
peut faire une différence. La région NordPas de Calais est la plus jeune région de
France: 35% des habitants ont moins de
25 ans (contre 31% pour l’ensemble de la
France11). La Troisième Révolution Industrielle
sera portée par la jeunesse. C’est la raison
pour laquelle la région doit, dès à présent,
considérer et planifier les moyens de motiver,
former et retenir ses jeunes, tout en attirant
ceux d’ailleurs.
4.4.2 Savoir-faire propres et
uniques
Le développement de savoir-faire uniques et
d’expertises particulières est une condition
de succès. Le Nord-Pas de Calais dispose
d’ores et déjà d’expertises existantes issues
de sa position historique « d’usine de la
France », en particulier dans trois domaines:
le charbon (55,7% des employés nationaux
en 1954, plus d’un quart du revenu régional
du travail), l’industrie textile (26,5%
des employés nationaux en 1954 et 91%
des machines de peignage de la laine en
France), la sidérurgie (le Nord-Pas de Calais
produisait un tiers de la production nationale
d’acier en 1974 ; celle-ci a été multipliée
par quatre entre 1954 et 1974). Aujourd’hui,
ces marchés sont en pleine décroissance. La
région a par conséquent besoin de rendre
possible la reconversion de ces compétences
et expertises et d’en tirer parti pour renforcer
l’innovation. Pour cela, la région dispose d’un
potentiel et d’atouts intéressants, comme
l’illustre par exemple la stratégie de recherche
et d’innovation pour une spécialisation
intelligente (SRI-SI) ou encore son classement
au troisième rang des régions quant au
nombre d’étudiants (150 000).
La fonction « recherche et développement »
(R&D) doit être encouragée pour développer
de nouveaux produits, technologies et
services dans la région. Le succès viendra
de choix technologiques qui contribuent
au Master Plan de la Troisième Révolution
Industrielle. La région abrite sept pôles de
compétitivité et quatorze centres d’expertise
(pôles d’excellence), qui consacrent la
spécialisation de la R&D dans les domaines
suivants: matériaux et textiles, matériaux
à usage durable, produits aquatiques,
industrie du commerce, transports terrestres,
nutrition, santé et longévité, valorisation des
déchets. Ces centres d’expertise favorisent
la collaboration entre les universités, le
secteur privé, la recherche publique et privée
pour traiter des sujets qui sont directement
Source: INSEE
11
15
liés aux piliers de la Troisième Révolution
Industrielle. La Région doit les inclure dans sa
feuille de route et les encourager.
Pour créer les conditions du succès, il faut
également faire la promotion des talents et
des personnes. Les expertises et les talents
ne resteront dans la région que s’ils y
trouvent des opportunités de croissance et de
promotion. La compétition est féroce entre
pays et entre régions. Il est par conséquent
nécessaire que la Région Nord-Pas de Calais
organise les moyens d’attirer et de retenir
l’innovation et les talents.
Les labels et les certifications aideront à
promouvoir les savoir-faire uniques de la
région. Cette dernière peut introduire des
labels de la Troisième Révolution Industrielle
et profiter ainsi de sa position de pionnier
par rapport aux autres régions françaises
qui copieront son approche. La région sera
ainsi connue et reconnue pour son expertise
spécifique.
4.4.3 Mobilisation de la société
La mobilisation de la société est le facteur clé
de succès le plus important dans la mesure
où elle favorise l’innovation et fait tomber de
nombreuses barrières.
La mobilisation et la confiance prennent
d’abord racine dans la formation et
l’éducation. La Troisième Révolution
Industrielle inclura la définition de nouveaux
parcours professionnels qui encourageront
les individus à faire partie du projet. Des
méthodologies de formation innovantes
sont à créer, de façon à ce que les jeunes
gagnent en confiance, croient en leurs idées
et travaillent dur pour les faire aboutir. La
16
confiance dans le projet viendra également
de démonstrateurs tangibles, prouvant
que les idées peuvent devenir des initiatives
puis, quand leur impact est confirmé, être
déployées. Ces démonstrateurs seront des
projets phares pour la Troisième Révolution
Industrielle. Pour la mise en œuvre, nous
suggérons d’identifier plusieurs projets phares
à mener dans les communes du Nord-Pas de
Calais. Chaque collectivité territoriale peut
être positionnée comme responsable d’un ou
plusieurs projets phares sur son territoire et
travailler avec les entreprises locales à leur
mise en œuvre. Cela devrait permettre une
gestion de proximité ainsi que l’implication et
le soutien des entreprises locales.
Il est également nécessaire de faire tomber
les barrières. De nombreuses frontières
et barrières sont à briser pour nourrir
l’innovation, la confiance dans le futur et
l’entreprenariat. Les pôles de compétitivité
ont pour objectif de faire tomber les barrières
entre l’université et l’industrie. Les secteurs
public et privé doivent également avancer
ensemble. Les collectivités territoriales
(régions, départements, communes,
communautés de communes...) seront
plus fortes si elles coopèrent et adoptent
un point de vue territorial, dépassant les
divisions administratives. Il est indispensable
que l’Union Européenne, l’État français
et les collectivités territoriales travaillent
ensemble pour porter la vision de long terme
et fournir les moyens (juridiques, financiers,
réglementaires, politiques...) nécessaires
à l’innovation, à l’expérimentation et à
l’essai de nouvelles idées. Les barrières
entre les planificateurs de la Troisième
Révolution Industrielle et les utilisateurs
doivent également être prises en compte,
étant donné que la Troisième Révolution
Industrielle n’existera que si les utilisateurs
sont impliqués et consultés. La Troisième
Révolution Industrielle cherche aussi à faire
émerger une nouvelle société: cela implique
de rompre avec les barrières générationnelles,
de faire naître la solidarité entre les
personnes – comme par exemple entre les
propriétaires de véhicules et les piétons.
Enfin, nous devons développer une façon de
penser en lien avec les aires géographiques:
les frontières entre les pays doivent être
dépassées et les échanges gagnant-gagnant
avec les pays voisins développés.
Le succès du Master Plan de Troisième
Révolution Industrielle dépend directement
de la mobilisation des parties prenantes
locales et du soutien politique. Afin
d’impliquer les acteurs locaux, le Master Plan
de Troisième Révolution Industrielle peut être
décliné pour chaque village, ville ou quartier
du Nord-Pas de Calais, montrant ainsi de
manière tangible une contribution au Master
Plan régional.
Pour finir, la transparence est un facteur de
confiance: la gouvernance de la Troisième
Révolution Industrielle existe d’ores et déjà
et doit être poursuivie. La transparence
à propos des objectifs, des actions prises
et des résultats atteints est absolument
nécessaire. Cela peut être résumé par la
phrase « dites ce que vous faites et faites ce
que vous dites ». Le suivi des progrès vient
avec la transparence: le suivi opérationnel et
financier conduira à la performance macroéconomique et soutiendra la communication
sur les réussites de la Troisième Révolution
Industrielle.
5.0 Les principales étapes de la Troisième Révolution
Industrielle dans le Nord-Pas de Calais
Ce chapitre présente les propositions
centrales du Master Plan de la Troisième
Révolution Industrielle pour la région NordPas de Calais. Elles sont articulées autour
des cinq piliers de la Troisième Révolution
Industrielle, par ordre de dépendance logique.
Cependant, tous les piliers sont nécessaires et
d’égale importance pour soutenir l’ensemble
du processus.
termes, c’est la relation entre le rendement
d’un système et l’énergie nécessaire pour
animer et produire ce rendement. L’efficacité
énergétique augmente proportionnellement
lorsque le système utilise le moins d’énergie
possible. Le concept vise à consommer moins
et mieux pour un confort ou un résultat
équivalent, et comprend donc l’idée de
limitation.
Les principales initiatives émanent des
propositions de groupes de travail de la
région, de conseils d’experts, des entreprises
appelées à contribuer, et des idées présentées
lors du séminaire exécutif de la Troisième
Révolution Industrielle du mois de mai 2013.
Pour chacune d’elles, le Master Plan vise à
répondre aux questions types suivantes:
Pour avoir une approche globale et
systémique, et contribuer activement à
l’objectif de facteur 412, nous sommes
d’accord avec les groupes de travail de la
Région et distinguons:
• Quel est le concept et ses spécificités de
mise en œuvre au niveau local?
• Comment l’initiative crée-t-elle des
synergies entre les piliers?
• Pourquoi est-ce faisable?
• Quelle est la contribution attendue de la
Région?
• Quel est le niveau de maturité de cette
idée, y compris d’un point de vue coûts
lorsque les données sont disponibles?
Chaque section se termine par une table qui
liste les initiatives selon l’ordre court terme,
moyen terme et long terme – une initiative
de court terme doit être prise rapidement,
toutefois son impact peut se révéler à plus
long terme.
5.1 L’amélioration de l’efficacité
énergétique
L’efficacité énergétique est le socle de la
Troisième Révolution Industrielle, dans le sens
où elle est source d’une meilleure productivité
et de création d’emplois. Les cinq piliers de la
Troisième Révolution Industrielle contribuent
à l’amélioration de l’efficacité énergétique.
5.1.1 Les défis de l’efficacité
énergétique et l’ambition
régionale
La définition générique de l’efficacité
énergétique est celle d’un «système
fonctionnant de manière à réduire la
consommation d’énergie pour un rendement
équivalent ou supérieur ». En d’autres
Le facteur 4 correspond à un objectif de division par quatre
de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (par
rapport à 2010), afin de contenir le réchauffement climatique
à un niveau d’élévation de 2°C
12
La régulation thermique française a pour objectif de fixer
un plafond de consommation d’énergie pour les bâtiments
neufs par rapport à leur chauffage, aération, climatisation,
production d’eau chaude et luminosité. Elle se base
actuellement sur la réglementation thermique de 2012 (RT
2012), laquelle succède aux réglementations thermiques de
2005 (RT 2005) et de 2000 (RT 2000)
13
• l’efficacité énergétique directe, qui
peut être influencé par le comportement
individuel ou collectif et les choix des
organisations, et par le développement et
la mise en œuvre d’une technologie pour
améliorer la performance des systèmes.
• l’efficacité énergétique indirecte,
résultant de changements organisationnels
et de choix stratégiques aussi bien
que de la planification d’une réduction
structurelle en besoins énergétiques. Cette
approche s’applique à l’emplacement
des sites, aux procédés industriels, à
l’urbanisation, à l’infrastructure, etc.
Pour l’efficacité énergétique directe, ce qu’on
appelle «effet de rebond» d’une démarche
d’efficacité énergétique doit être compris
ainsi: quand le fait de disposer d’un outil
ou d’un environnement plus efficace réduit
le coût global des services énergétiques,
le comportement d’un individu change
et peut annuler une partie au moins des
effets escomptés. En outre, l’effet sur le
comportement est plus problématique dans
un système décentralisé que dans un système
centralisé, car il donne plus de liberté au
choix individuel et à l’arbitrage personnel.
État actuel de la consommation
d’énergie
La Région Nord-Pas de Calais présente
quelques spécificités par rapport au reste
de la France. Tout d’abord, en raison de
sa position géographique au nord, la
consommation moyenne d’énergie est
supérieure à la moyenne française. La
réglementation thermique RT201213 a défini
des ratios d’adaptation pour chaque région et
le Nord-Pas de Calais se situe dans la partie
haute du mix.
Le Nord-Pas de Calais a une consommation
en énergie particulièrement élevée dans
l’industrie, le logement et les transports. La
consommation totale d’énergie pour la région
Nord-Pas de Calais en 2009 était de 160 306
GWh, et se décompose comme suit:
Industrie (~50%):
Avec une industrie qui représente 49% de
sa consommation énergétique, le Nord-Pas
de Calais est encore une fois très différent
du reste de la France. En outre, son secteur
industriel comprend une part importante
de sidérurgie, qui représente 23% de la
consommation totale en énergie. Cette
spécificité pourrait limiter le potentiel
d’économies d’énergie puisque la majorité des
économies dans le secteur de l’acier exigerait
d’importants investissements technologiques.
bâtiments (~30%):
Le logement dans la région est
majoritairement ancien (80% des logements
ont été construits avant 1990 et même
58% avant 1975 avec une consommation
moyenne de 300 kWh/ m²/ an), horizontal
(75% des logements individuels) et privé
(77% de propriété privée). Le logement
a une qualité thermique basse (68% des
foyers sont classés EFG / Consommation
Figure 11. Consommation d’énergie dans le Nord-Pas de Calais
bilan énergétique - GWh final
Agriculture
1,430
1%
Transport
30,357
19%
Tertiaire
17,202
11%
Résidentiel
32,131
20%
Sidérugie
37,788
23%
bilan énergétique - GWh final
Agriculture
1,430
1%
Industrie
41,398
26%
Sidérurgie incluse
Transport
30,357
25%
Tertiaire
17,202
14%
Industrie
41,398
34%
Résidentiel
32,131
26%
Hors sidérurgie
Source: Volet CLIMAT du SRADDT - Norener-Energie Demain, 2009
17
moyenne: 300 kWh / m² / an). Comme
l’âge des maisons offre un grand potentiel
d’optimisation de la consommation d’énergie,
la propriété représente une bonne incitation
aux investissements: l’approche Coût Total
de la Propriété pourrait être très efficace
pour les propriétaires privés si le retour sur
investissement est court par rapport à la
durée moyenne d’occupation du bâtiment
(<7 ans).
Les bâtiments du secteur tertiaire (publics
et privés) ainsi que ceux de l’industrie sont
également anciens et peu sont optimisés.
Transport (~20%):
Le Nord-Pas de Calais est une région
densément peuplée, ce qui permet
l’optimisation des transports en commun
(TER, transports urbains, etc.), mais encourage
paradoxalement les déplacements de courte
distance en voiture (65% des déplacements)
La région est également à un carrefour
pour les voyageurs et les marchandises, et
nourrit des ambitions dans le domaine de la
logistique. D’importants travaux ont déjà été
entrepris:
• Cibler un effort de développement des
énergies renouvelables supérieur à
l’effort national, ce qui signifie multiplier
au moins par 4 la part des énergies
renouvelables dans la consommation
d’énergie de la région
• Réduire les émissions de polluants
atmosphériques pour lesquels les normes
maximales fixées pour la santé sont
régulièrement dépassées ou approchées:
l’oxyde d’azote NOx et de particules
polluantes.
Le SRCAE propose 47 orientations pour
atteindre ces « Objectifs Grenelle ». Toutefois,
si ces lignes directrices et les objectifs
permettent d’atteindre l’objectif de 3x20,elles
ne conduisent pas à la version régionale du
facteur 4. Le scénario retenu dans le SRCAE
permet 60% de réduction des émissions de
GES d’ici 2050. Le SRCAE considère qu’il
serait impossible d’atteindre le facteur 4 d’ici
2050.
Le SRADDT est plus ambitieux que le SRCAE
et propose des scénarios qui permettraient
d’atteindre l’objectif facteur 4 au niveau
régional. Le SRADDT propose des scénarios
pour 2020 et 2050 pour atteindre cet
objectif.
Concernant la consommation d’énergie finale
les “Objectifs Grenelle» du SRCAE ainsi que
du SRADDT permettent d’atteindre l’objectif
3x20.
Concernant les émissions de GES, la
consommation finale d’énergie, les « Objectifs
Grenelle » du SRCAE ainsi que du SRADDT
permettent d’atteindre l’objectif 3x20. Mais le
facteur 4 d’ici 2050 ne peut être atteint que
grâce aux scénarios ambitieux du SRADDT.
Figure 12. Consommation finale d’énergie – Volet climat du SRADDT
• Sur l’organisation régionale (Syndicat
Mixte Régional des Transports SMIRT),
• Sur les infrastructures (TER, transports
publics sur voies réservées = TCSP,
Dourges),
• Sur le comportement (charte CO2 pour le
transport des produits régionaux = TRM)
Objectifs et indicateurs
Un rapport sur les émissions de GES et la
consommation d’énergie dans le Nord-Pas de
Calais a été établi dans le Schéma Régional
du Climat, de l’Air et de l’Énergie (SRCAE14).
Les objectifs pour 2020 sont décrits dans
ce document, tout comme le sont les
objectifs pour 2050 dans le Schéma Régional
d’Aménagement et de Développement
Durable du Territoire (SRADDT15) en terme de
réduction des émissions de GES, d’économies
d’énergie / d’efficacité énergétique et de
développement des énergies renouvelables.
Figure 13. Émissions de GES – Volet Climat du SRADDT
Les objectifs des SRCAe et SRADDT pour le
Nord-Pas de Calais
Le SRCAE, élaboré en 2012, traduit au
niveau régional, les engagements nationaux
découlant du Grenelle de l’Environnement.
Les objectifs fixés pour la Région Nord-Pas de
Calais dans le SRCAE sont:
• D’ici 2020, réduire de 20% la
consommation d’énergie finale par rapport
à 2005
• D’ici 2020, réduire de 20% les émissions
de GES par rapport à 2005
• D’ici 2050, réduire de 75% les émissions
de GES par rapport à 2005
18
Le SRCAE a été créé après le “Grenelle de l’environnement» en
2007. Il décline à l’échelle régionale une partie du contenu de
la législation européenne sur le climat et l’énergie. Il comprend
divers documents de planification liés à l’énergie et au climat,
notamment: les plans de développement de l’énergie éolienne
et les plans de services énergétiques collectifs. Il est géré
conjointement par le préfet de région et le président du conseil
régional, en consultation avec les intervenants pour définir des
objectifs quantitatifs et qualitatifs dans chaque région.
14
Le SRADDT précise les grandes orientations à moyen terme
en matière de développement durable d’un territoire et de ses
principes de développement. Il est développé depuis cinq ans
par le Conseil régional sous l’égide de la Préfecture de Région.
15
Considérant cela, et puisque la Troisième
Révolution Industrielle va produire un
changement radical, le groupe de travail
régional a estimé que le facteur 4 pourrait
être atteint. Cette ambition se traduit par
les objectifs suivants à atteindre grâce à
l’efficacité énergétique:
• Le facteur 4 d’ici 2050, tel que décrit
dans la section climat du SRADDT,
avec des objectifs par secteurs, et des
objectifs en termes de nouveaux modèles
économiques
• Objectifs 3 x 20 d’ici à 2020, tels
que décrits dans le SRCAE, 5 secteurs
contribuant à 77% du résultat
Pour atteindre les objectifs «3x20» à l’horizon
2020, le SRCAE identifie 47 orientations
pour le chemin “Objectifs Grenelle”. Leurs
contributions aux objectifs 3x20 est
présentée ci-dessous16.
5.1.2 Impact des scénarios
énergétiques sur l’économie
régionale
La première question est d’évaluer
l’impact relatif des différents scénarios
de consommation future d’énergie sur
l’économie régionale. Bien sûr, toute
amélioration de l’efficacité énergétique
renforcera l’activité économique de la
région. Une des raisons est que des coûts
d’énergie moins élevés vont donner
davantage de pouvoir d’achat aux ménages
et aux entreprises. Cela signifie que moins
on dépensera d’argent dans l’énergie, plus
les consommateurs auront d’argent pour
acheter d’autres biens et services dans la
région. La demande accrue de biens et de
services peut être une étape importante dans
la revitalisation de l’économie de la région.
En outre, l’amélioration de l’efficacité des
ressources entraînera une augmentation de
la productivité économique. Celle-ci, à son
tour, indiquera un meilleur niveau d’activité
économique pour un mix donné d’énergie et
autres ressources.
A titre d’exemple, la Figure 12 –
Consommation finale d’énergie – Volet
climat du SRADDT montre une trajectoire
de référence qui permet de diminuer la
consommation d’énergie de 160 000 GWh
à environ 128 000 GWh en 2050. Cela
représente, en effet, une économie de 20%
par rapport aux niveaux de consommation
de 2005. En s’appuyant sur les informations
de Rexel17, par exemple, nous pourrions
prévoir des économies annuelles sur la
facture d’énergie de 15 à 25% ce qui offre
un rendement financier très attrayant.
Voir les détails dans la table d’orientation du SRCAE annexée.
16
Voir la présentation donnée par Mathieu Larroumet (Rexel)
dans le cadre du Séminaire Exécutif tenu du 13 au 15 mai 2013.
17
Les impacts résumés dans le tableau 3 sont tirés du système
de modélisation DEEPER, présenté à l’annexe 8.3, en utilisant les
hypothèses décrites dans le récit.
18
Tableau 1. Effets attendus des orientations du SRCAE concernant la réduction des GES, les
économies d’énergie et l’utilisation des énergies renouvelables
Réduction GeS
(Kteq CO2/an)
Économies d’énergie
(GWh/an)
utilisation d’énergies
renouvelables
(GWh/an)
10,030
(-22.8% par rapport à 2005)
30,390
(-19% par rapport à 2005)
10,100
Source: SRCAE 2012
Tableau 2. Leviers pour atteindre les objectifs 3x20
Leviers du SRCAe en 2020
Source potentielle
d’écono-mies d’énergie
(GWh / an)
Mobiliser les économies d’énergie potentielles dans
l’industrie
9,400
Rénover les logements construits avant 1975
5,400
Poursuivre et généraliser l’amélioration de l’efficacité
énergétique et la diminution du CO2 dans le transport
routier
4,500
Favoriser l’utilisation du transport à faible émission et
l’augmentation de l’efficacité énergétique
2,400
Rénover les bâtiments commerciaux
1,900
Source: SRCAE 2012
Tableau 3. Comparaison des impacts économiques des scénarios futurs de l’énergie
Impact Économique Année 2050
baseline
Projection
SRADDT
Scenario
20%
60%
15-25%
4-8%
Investissement dans l’efficacité (en milliards d’euros)
0.31
2.14
Économies sur la facture d’énergie (milliards d’euros)
2.56
7.68
Augmentation du PIB (milliards d’euros)
1.26
5.18
26,000
95,000
Économies d’énergie par rapport à la consommation
de référence de 2005
Économies annuelles en pourcentage de
l’investissement
Gain net d’emplois
Source: Hypothèses décrites dans le texte, en utilisant le modèle DEEPER décrit en annexes 8.2 et 8.3
Cependant, ce niveau d’économies d’énergie
ne diminue pas l’exposition de la région à de
futures montées des prix de l’énergie, et ne la
protège pas non plus contre des interruptions
imprévues de l’approvisionnement en énergie.
En outre, ce niveau relativement faible
d’économies, réalisé sur une longue période,
pourrait être insignifiant pour améliorer
la productivité économique de la région.
Il n’est vraisemblablement pas non plus
facteur d’entraînement pour de plus grandes
synergies entre les piliers de la Troisième
Révolution Industrielle. En conséquence,
le nombre d’emplois créés ne serait pas
significatif. Le tableau qui suit met en
évidence la distinction entre le niveau plus
faible des économies d’énergie, mais avec un
rendement financier plus important (suggéré
par la projection de référence de la Figure
12), avec un niveau beaucoup plus élevé
d’améliorations de l’efficacité énergétique
(représenté par le scénario SRADDT
également en Figure 12 – Consommation
finale d’énergie – Volet climat du SRADDT)
qui entraîne des gains de productivité accrus
dans l’économie de la région18.
L’hypothèse mise en évidence dans le Tableau
3, est que, comparativement, le scénario de
référence de la Figure 12 permet d’obtenir
les améliorations d’efficacité énergétique
les plus rentables avec un retour moyen
de 20% sur les investissements. Cela
implique que seuls 0,31 milliards d’euros
d’investissement sont nécessaires en 2050
pour assurer les dernières améliorations
de l’efficacité énergétique permettant à la
région d’atteindre les 20% cette annéelà. La combinaison des investissements
dans l’efficacité, et des économies de 2,56
milliards d’euros attendues sur la facture
énergétique engendrent une amélioration
de la productivité qui fait croître l’économie
19
régionale, ou PIB, de 1,26 milliard d’euros,
selon nos estimations. L’effet cumulé des
investissements supplémentaires, des
économies sur les factures d’énergie, et d’un
PIB légèrement supérieur, mènent à un gain
net de 26 000 emplois. En d’autres termes, ce
sont des emplois qui sont susceptibles d’être
soutenus par l’ensemble des améliorations
de l’efficacité énergétique proposées dans le
scénario de référence.
Dans le même temps, cependant, si le
Nord-Pas de Calais poursuit un objectif
plus élevé d’économies de 60% d’ici 2050
- selon le scénario SRADDT présenté en
Figure 12- l’impact des investissements
dans l’efficacité énergétique sera beaucoup
plus grand. Les rendements financiers
estimés de 6% sont plus faibles dans le
scénario SRADDT - environ un tiers des
économies les plus faciles du scénario de
référence. Mais les retombées positives sur
l’ensemble de l’économie sont nettement
plus importantes. L’investissement de 2,14
milliards d’euro en 2050, combiné à des
investissements similaires au cours de toutes
les années précédentes, mène à un total de
7,68 milliards d’euros d’économies sur la
facture énergétique. La combinaison d’une
multiplication par 7 des investissements
dans l’efficacité énergétique et d’une
multiplication par 3 des économies sur
la facture énergétique, génère une telle
croissance de la productivité que le PIB
augmente d’un facteur de quatre par rapport
au scénario de référence. Tout cela multiplie
la demande d’emploi par 3,7, accroissant
le nombre d’emplois de 26 000 à 95 000
en raison d’une activité économique plus
robuste. Comme le chapitre 5.2.2 l’examine
plus en détail, les gains supplémentaires
provenant des cinq piliers sont susceptibles
d’augmenter le gain net en emplois des
95,000 présentés dans le Tableau 3 à quelque
165 000 emplois nets d’ici 2050.
5.1.3 Contribution des cinq
piliers à l’efficacité énergétique,
à l’efficience et aux économies
d’énergie
Dans le processus de définition de la vision
de Troisième Révolution Industrielle pour
le Nord-Pas de Calais, un certain nombre
d’initiatives ont été identifiées. Le tableau
ci-dessous montre ces initiatives organisées
par piliers et leur contribution qualitative aux
trois objectifs: efficacité, l’efficience et les
économies d’énergie (sobriété énergétique).
• Les économies d’énergie ou sobriété
énergétique consistent à réduire les
besoins, donc la consommation. Dans le
cas d’un bâtiment, par exemple, la sobriété
consisterait à limiter le chauffage à 19 °C,
au lieu de 24 °C. Par conséquent, les besoins
en énergie de chauffage sont réduits.
• L’efficacité est l’optimisation des moyens
et des outils pour parvenir à un résultat. Elle
couvre généralement une vision économique
et est représenté par le ratio suivant:
Résultats obtenus / Ressources utilisées.
Par exemple, dans le cas d’un bâtiment,
l’efficacité serait d’utiliser moins d’énergie
tout en gardant le thermostat à 19°C.
• L’efficience est la capacité à atteindre
les objectifs et les résultats attendus dans
les temps. Il ne prend pas en compte le
rapport coût / moyens et les ressources
mobilisées pour atteindre le résultat, mais se
concentre sur la réalisation des objectifs. Il
est représenté par le ratio suivant: Résultats
obtenus / Objectifs.
Si toutes les initiatives ne contribuent pas
à l’efficacité énergétique directe, toutes les
initiatives contribuent à l’un des trois objectifs
ou à tous: efficacité + efficience + économies
d’énergie.
Tableau 4. Initiatives de Troisième Révolution Industrielle pour la région Nord-Pas de Calais, caractérisées selon leur impact en termes
d’efficacité, d’efficience et d’économies d’énergie
Initiatives
efficacité
Créer une gestion locale de l’énergie entre les acteurs publics locaux,
les acteurs privés et la société civile, et lancer des initiatives à effet
rapide comme l’optimisation de l’éclairage public
Limiter l’effet rebond en éduquant les jeunes et par la certification
ISO 50 001 dans les collèges et lycées
Limiter l’effet rebond grâce à une gestion active de l’énergie
Utiliser le logement comme centre d’hébergement informatique
Démocratiser la production
Conduire le changement au travers de l’exemplarité et de la jeunesse
efficacité
énergétique
Assurer la participation des citoyens et l’adhésion des parties
prenantes
Construire une solide gestion de programme
Explorer les changements de réglementation nationale pour
accélérer la Troisième Révolution Industrielle
Mettre en œuvre une taxe carbone avec compensation pour les
opérateurs de transport
Mettre en œuvre l’éco-conditionnalité de la taxe foncière
Mettre en œuvre la taxe sur l’énergie primaire avec compensation
aux frontières
Stimuler la performance macroéconomique par le pilotage financier
et opérationnel
20

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efficience
Économies
d’énergie/ Sobriété
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
Initiatives
efficacité
Faciliter la mise en place de coopératives solaires
Créer un cadastre solaire fondé sur l’accès libre aux données
Exploiter le potentiel éolien et foncier des voies de transport
terrestre
Pilier 1
Les énergies
renouvelables
Produire de la biomasse le long des voies terrestres



Promouvoir l’autoconsommation
Mettre en place des modèles d’investissement pour soutenir la
production des énergies renouvelables et son utilisation
Définir une stratégie d’exportation pour la production des énergies
renouvelables et la logistique
Assurer une consultation et un soutien politique

Projet phare dans les immeubles non résidentiels
Etablir des objectifs de rénovation par un inventaire détaillé

Massifier les projets par fertilisation croisée
Créer un label régional de formation « projet 104 »
Lancer un programme de rénovation des bâtiments à grande échelle:
le projet Zen-e-Ville
Lancer un programme de conversion de friches industrielles: la «
Pilier 2
Vallée de la Biosphère »
Les bâtiments
producteurs
d’énergie
Développer le solaire photovoltaïque
Créer une société de services énergétiques agissant comme tiersinvestisseur dans les contrats de performance énergétique
Soutenir les entreprises locales dans la construction ou la rénovation
environnementale de bâtiments par le crédit d’impôts
Impliquer les jeunes dans les évaluations de l’empreinte écologique
La poursuite du service civique
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efficience
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Économies
d’énergie/ Sobriété
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21
Initiatives
Anticiper la barrière des 20% d’énergies renouvelables en
développant le stockage
Mutualiser la capacité de stockage mobile, en pleine croissance, des
véhicules hybrides rechargeables (VHR)
Augmenter la méthanisation agricole (Biomass-to-CH4)
Pilier 3
H2 et CH4: utiliser l’infrastructure du réseau existant de gaz naturel
Le stockage de pour
stocker l’hydrogène (Power-to-gas)
l’énergie
De l’H2 au CH4: développer la méthanation - Utiliser ressources
existantes de CO2 et les surplus d’électricité
De l’H2 propre à l’H2: développer le stockage, la distribution et
l’utilisation finale « d’hydrogène renouvelable »
Développer le stockage hydraulique
Développer les technologies de stockage de l’énergie à air comprimé
(SEAC)
Garantir un accès tiers aux données énergétiques historiques et
quotidiennes
Être la première région à déployer des compteurs intelligents à
grande échelle
Partager les scénarios énergétiques pour permettre une intégration
transfrontalière
Pilier 4
L’Internet de
l’énergie
Intégrer une centrale électrique virtuelle dans les projets de
rénovation et viser l’autonomie énergétique
Organiser un programme d’investissements réseau à long terme,
intégrant les besoins locaux, et renforcer les projets régionaux à
travers des architectures énergétiques optimisées
Modifier la gestion de l’énergie pour les entreprises: évoluer d’un
Directeur informatique à un Directeur de la productivité
Soutenir les projets de réseau intelligent existants
22
efficacité
efficience
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Économies
d’énergie/ Sobriété
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Initiatives
Les services logistiques comme bien commun
Créer un conseil de la planification des transports
Créer une Agence des Mobilités pour la région Nord-Pas de Calais
efficacité
efficience
Économies
d’énergie/ Sobriété
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
Mettre en œuvre une logistique coopérative du dernier kilomètre
Soutenir la logistique du dernier kilomètre grâce à une bouse
multimodale
Faire du flux de matériaux des rénovations massives une véritable
opportunité
Étendre l’Internet physique de marchandises à la vente par
correspondance et à d’autres industries locales
Etablir le réseau des ports régionaux comme premier éco-port de
France et première plateforme logistique multimodale



Adopter progressivement le transport ferroviaire obligatoire
Pilier 5
Les transports
électriques
rechargeables
et à piles à
combustible
Moderniser et mettre à niveau les trains de marchandises
Développer le transport fluvial: systèmes de barges-camions mais
également des solutions de transports de marchandises de plus
petite taille
Installer des points de recharge pour véhicules électriques utilitaires
et personnels, avec une priorité accordée aux livraisons


Favoriser le télétravail en fournissant des conditions de travail
améliorées dans des bureaux partagés
Encourager la mobilité multimodale sans émission de carbone
Faciliter la mobilité urbaine zéro carbone grâce aux données
dynamiques ouvertes
Développer des stations intermodales et une tarification intégrée de
point-à-point
Négocier un contrat régional et mutualiser les stations de
compression sur tout le territoire afin de permettre l’adoption en
masse d’une flotte de bus alimentée au biogaz
Créer des autoroutes cyclables et stimuler l’utilisation des
vélomobiles
Planifier le financement du transport alternatif reposant sur la
future écotaxe nationale
Encourager l’économie circulaire grâce à des subventions en faveur
de l’entretien des vélos







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
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
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
Source: Analyse d’équipe
23
5.1.4 Synergies entre les piliers
de la Troisième Révolution
Industrielle
Tel que décrit plus loin dans ce document,
le Master Plan de la Troisième Révolution
Industrielle en Nord-Pas de Calais propose
de nombreux leviers à activer à court,
moyen et long terme, parmi lesquels trois
soutiennent des ambitions spécifiques,
fondamentalement emblématiques et
“visibles” pour la région:
• un programme de rénovation à grande
échelle, nommé Zen-e-Ville, permettant
l’introduction de la production d’énergie
renouvelable dans les bâtiments et la mise
en œuvre de l’énergie Internet,
• un programme de conversion des friches
industrielles à grande échelle pour créer
la première «Biosphère Vallée» du monde,
• Le premier Internet Logistique,
positionnant la région comme un acteur
majeur dans un nouveau système de
logistique, et en tant que pilote pour
l’établissement de normes et montrant la
voie au reste du monde.
Alors que d’autres initiatives (L’Internet
de l’Energie, les Centrales Électriques
Virtuelles) sont indispensables à la révolution
économique, elles n’ont pas la même visibilité
dans l’espace public.
Ces trois grandes initiatives sont soutenues
par un certain nombre de projets qui viennent
en préalables ou qui y contribuent. Toutes
sont liées et contribuent l’une à l’autre. Les
relations entre les initiatives et entre les
piliers sont multiples: chaque initiative est
liée à l’autre par des dépendances logiques et
contribue, principalement ou accessoirement
à l’une des trois ambitions emblématiques
fondamentales.
Les relations entre les initiatives peuvent
également être lue de la façon suivante (voir
ci-dessous Figure 14 - Synergies et relations
entre les initiatives Troisième Révolution
Industrielle):
• Les 3 initiatives majeures sont
représentées au centre,
• les programmes et projets qui contribuent
directement à ces initiatives sont
présentés dans une bulle de couleur bleu
foncé,
• les initiatives secondaires contribuant à
des initiatives primaires sont présentées
dans une bulle bleu clair.
Source: Données de Philips après le Séminaire Exécutif tenu à
Lille les 13, 14 et 15 mai
19
24
5.1.5 Initiatives spécifiques en
matière d’efficacité énergétique
Créer une gestion locale de l’énergie
entre les acteurs publics locaux, les
acteurs privés et la société civile, et
lancer des initiatives à effet rapide
comme l’optimisation de l’éclairage
public
Au niveau local, les parties prenantes
devraient travailler ensemble. Les villes
offrent une échelle tout à fait adaptée pour
des expérimentations avant déploiement
à grande échelle. Par exemple, l’efficacité
énergétique dans les villes peut être soutenue
par le développement de l’éclairage urbain
intelligent. Tout l’éclairage public pourrait
être contrôlé et optimisé en utilisant des
capteurs de lumière du jour et de présence.
Philips, au titre de sa contribution active au
Master Plan, propose des outils innovants
permettant d’importantes économies
d’énergie d’éclairage qui pourraient être
déployés à l’échelle de la ville.
Les économies d’énergie sont facilement
réalisables dans quatre secteurs principaux19:
• Lycées et écoles secondaires: la
consommation d’énergie peut être réduite
de 70%, en utilisant une combinaison de
luminaires efficaces et des commandes
d’éclairage.
• entrepôts et industries: l’éclairage
ordinaire consomme jusqu’à 70% de
l’énergie utilisée dans les entrepôts;
l’utilisation de LED (diodes lumineuses)
peut contribuer à réduire les coûts de
fonctionnement de l’éclairage de près de
60%.
• Immeubles de bureaux publics et privés:
l’utilisation de luminaires à LED, couplée
avec des commandes d’éclairage (contrôle
de lumière du jour et de présence) peut
permettre des économies d’énergie allant
jusqu’à 50%.
• Éclairage des rues et des routes
è L’éclairage public représente environ
50% de la consommation d’électricité
d’une municipalité,
è Une grande partie de l’éclairage public
est obsolète et inefficace: 30% des
points lumineux sont équipés de lampes
HPL et ML qui seront interdites à partir
de 2015, 40% ont plus de 25 ans,
è En passant aux LED, le cycle de
remplacement des ampoules passe de
12.000 heures (3 ans) à 100.000 heures
(20 ans), ce qui représente d’énormes
économies d’entretien,
è Le retour sur investissement est
relativement rapide (<5 ans), des
solutions de financement existent
pour mettre en place tout changement
nécessaire.
Dans le Nord-Pas de Calais, avec 4 millions
d’habitants et 575.000 points d’éclairage
extérieur (estimation), la consommation
annuelle d’éclairage est estimé par Philips à
380 GWh, ce qui représente 41 000 tonnes
en émissions de CO2 et une facture annuelle
d’électricité de 40 M€. Le passage aux LED
pourrait permettre une réduction de la
facture d’électricité de 20% à 30%. Les LED
présentent d’autres avantages: une meilleure
couleur de la lumière et la réduction de la
pollution lumineuse.
Limiter l’effet rebond en éduquant les
jeunes et par la certification ISO 50
001 dans les collèges et lycées
Une préoccupation importante soulevée
par la Région est ce que l’on appelle
«l’effet rebond». Cet effet s‘observe dans le
comportement des utilisateurs lorsque le coût
marginal d’utilisation d’une infrastructure
relatif à l’énergie est presque négligeable par
rapport à l’investissement initial nécessaire
pour bénéficier de l’infrastructure. L’un
des meilleurs exemples de cet effet est
probablement l’utilisation d’une voiture
privée: une fois acquise, le coût marginal
de l’utilisation d’une voiture pour aller
acheter une baguette à la boulangerie du
coin est si faible, que les utilisateurs finaux
préfèrent utiliser leur voiture pour les petits
déplacements généralement inférieurs à 5 km.
En ce qui concerne les bâtiments, la norme
ISO 50 001 a été lancée en 2011 pour aider
les organisations à améliorer en permanence
leur efficacité énergétique, et, grâce à un
système de gestion, à éviter efficacement
l’effet de rebond. Les normes ISO exigent
la mise en place de procédures visant à
changer les comportements et à limiter tout
gaspillage d’énergie. Selon Schneider Electric,
le plus indiqué pour mettre en œuvre cette
norme et faire adopter par les jeunes des
habitudes éco énergétiques durables serait
de généraliser la norme ISO 50 001 dans
les collèges et les lycées. Des générations
de jeunes professionnels seraient formées
à être attentifs à l’énergie, de la même
manière qu’on prend soin de trier les déchets
à la maison, ou de regarder des deux côtés
avant de traverser la route. Cette première
sensibilisation pourrait ouvrir la voie à la
formation continue.
Le coût d’une telle certification serait
compensé par les 10% d’économies d’énergie
générés directement par la nouvelle norme.
En 2020, tous les lycées seraient pleinement
certifiés ISO 50 001.
25
La Figure 14. Synergies et relations entre les initiatives Troisième Révolution Industrielle
26
Figure 15. Synergies entre les initiatives Troisième Révolution Industrielle
Limiter l’effet rebond grâce à une
gestion active de l’énergie
utiliser le logement comme centre
d’hébergement informatique
Des projets existants explorent déjà les
effets de la sensibilisation sur l’efficacité
énergétique. Certaines expériences
internationales qui rebouclent l’information
vers l’utilisateur final ont montré une
diminution de la consommation d’énergie
dans les logements de 4 à 12% avec des
possibilités de gains supplémentaires au fur
et à mesure qu’on en apprend davantage
sur l’intégration des sciences sociales dans
les techniques de gestion de l’énergie,
pour limiter l’effet de rebond.20 Une
question fondamentale, au-delà du niveau
d’économies, est la viabilité à long terme
de ces économies et donc la possibilité d’un
effet rebond dans des logements à haute
efficacité énergétique. Alors que les normes
ISO ne peuvent s’appliquer à un logement
privé, parce que les particuliers sont libres
de se comporter comme ils le souhaitent
chez eux, des outils de gestion active et
transparente de l’énergie peuvent aider à
créer un comportement vertueux dans les
logements. Schneider Electric préconise une
expérimentation soutenue par le secteur
public dans laquelle 2 x 100 logements
sociaux vieux de 15 à 30 ans sont testés: 100
logements comme population de référence,
et 100 logements équipés du système
Wiser®. On s’attend à obtenir sur 2 ans 20%
d’économies durables dans les logements
équipés de Wiser®, pour un coût moyen
d’installation totale de 2 000€ par logement.
Alors que la gestion active de l’énergie
introduit un système de gestion
intelligent dans les logements, une étape
supplémentaire vers la Troisième Révolution
Industrielle serait réalisée en introduisant
l’intelligence informatique comme moyen
privilégié pour le chauffage résidentiel. La
Région investit dans l’Internet très haut
débit (THD22). C’est une occasion de créer
une connexion Internet distribuée dans
les habitations, où les ordinateurs sont
utilisés comme radiateurs, et à l’inverse
les radiateurs utilisés comme ordinateurs.
Les échanges intensifs de données et le
stockage virtuel (« cloud ») deviennent une
réalité grâce au THD. Qarnot computing
préconise une nouvelle ère de centres de
données où la puissance informatique est
Compte tenu de la vitesse de déploiement
des travaux de rénovation thermique prévus
dans le Pilier 2 portant sur les bâtiments
producteurs d’énergie, la gestion active de
l’énergie pourrait être développée à travers
cette expérience.
Selon Rexel, une solution dynamique de
gestion de l’énergie est complémentaire
à l’optimisation de l’équipement pour
améliorer l’efficacité énergétique dans
le secteur résidentiel21: La maison de
l’avenir sera connectée. Cette connectivité
va nécessiter un équipement intelligent
spécifique et présentera de grands avantages
en termes d’efficacité énergétique. Cette
connectivité permettra d’avoir un système
de gestion intégrée de l’énergie et ouvrira
potentiellement la voie aux bâtiments
intelligents intégrés dans les réseaux
intelligents.
La gestion intégrée de l’énergie permettra
d’optimiser la consommation d’énergie des
systèmes de chauffage /climatisation, eau
chaude, éclairage et éventuellement de
production d’énergie. Une gestion dynamique
de l’énergie exige des investissements dans
les systèmes d’automatisation et pourrait
générer jusqu’à 20% d’économies d’énergie.
Plus généralement, cette maison connectée et
intelligente fera partie intégrante du système
de réseau optimisé grâce à la mise en place
de compteurs intelligents.
répartie entre les bâtiments et où l’excès de
chaleur issue des ordinateurs / des radiateurs
chauffe la maison.
En été les besoins informatiques des écoles
sont faibles et les besoins de chauffage nuls.
En hiver, les besoins en chauffage sont élevés
et permettent d’offrir une puissance de calcul
gratuite pour les établissements de recherche
et les universités. De cette manière, chaque
bâtiment à usage collectif peut devenir
en quelque sorte une PME: non seulement
il peut devenir producteur d’énergie mais
aussi fournisseur de capacité de calcul
informatique.
En 2030, les 2 013 centres de données
existants dans la région Nord-Pas de Calais
seront mis hors service et remplacés par
l’informatique distribuée hébergée dans
les bâtiments commerciaux, publics et
résidentiels.
Figure 16. La maison connectée
Source: Rexel
Figure 17. Concept Qarnot de radiateur informatique
4
1
5
2
6
1- Thermostat
Régulation de la température
2 - Prise réseau
Transfert des calculs et des résultats
3 - Prise électrique
Alimentation 220V
4 - Dissipateur
evacuation de la chaleur
3
5 - Carte-mère
Support des composants informatiques
6 - Processeurs
exécution des calculs et source de chaleur
Source: Qarnot Computing
Pour une étude plus approfondie de ce sujet, se référer à
Karen Ehrhardt-Martinez et John A. “Skip” Laitner “Rebound,
Technology and People: Mitigating the Rebound Effect with
Energy-Resource Management and People-Centered Initiatives,”
dans People-Centered Initiatives for Increasing Energy Savings,
Karen Ehrhardt-Martinez et John A. “Skip” Laitner (editors),
Washington, DC: American Council for an Energy-Efficient
Economy. 2010. En effet, cet ouvrage approfondit les questions
comportementales relatives à la consommation d’énergie.
20
Source: Rexel – Proposition personnalisée pour Troisième
Révolution Industrielle dans la Région Nord-Pas de Calais.
21
22
Investissement de 210M€ des autorités locales https://
www.nordpasdecalais.fr/upload/docs/application/
pdf/2012-07/dossier_de_presse_thd_region_nord_pas_de_
calais_2012-07-11_11-23-42_614.pdf
http://www.qarnot-computing.com
23
27
Démocratiser la production
Rien n’est plus évocateur du mode de vie
industriel que les usines géantes, centralisées,
à forts capitaux, équipées de machines
lourdes, employant une main-d’œuvre en col
bleu, dans un flot de produits de masse sur
les lignes d’assemblage. Mais qu’en seraitil si des millions de personnes pouvaient
fabriquer des séries ou même des objets à
l’unité chez eux ou au bureau, moins cher,
plus rapidement et avec le même contrôle de
qualité que la plus moderne des usines de la
planète?
Alors que l’économie de Troisième Révolution
Industrielle permet à des millions de
personnes de produire leur propre information
virtuelle et leur énergie, une nouvelle
révolution dans la fabrication numérique
ouvre désormais la possibilité d’emboîter
le pas à la production de biens durables.
Dans cette nouvelle ère, chacun peut
potentiellement être son propre fabricant
ainsi que sa propre compagnie d’électricité
et son propre site Internet. Le processus est
appelé l’impression 3-D, et bien que cela
paraisse de la science-fiction, il existe déjà,
et ouvre la possibilité de changer l’ensemble
de notre façon de penser la production
industrielle. Imaginez que vous appuyez sur
le bouton impression de votre ordinateur,
vous envoyez un fichier numérique sur
une imprimante jet d’encre, sauf que, avec
l’impression 3-D, la machine sort un produit
tridimensionnel. En utilisant la conception
assistée par ordinateur, le logiciel donne
l’instruction à l’imprimante 3-D de déposer
des couches successives du produit à l’aide
de poudre, de plastique fondu, ou de métaux
pour créer un empilement de matériau.
L’imprimante 3-D peut produire de multiples
copies, tout comme un photocopieur.
Toutes sortes de biens, (par exemple des
pièces automobiles ou d’avion, des implants
médicaux, des batteries..) sont «imprimés»
dans ce qui est appelé «fabrication additive»,
la distinguant de la «fabrication soustractive»,
qui consiste à découper et apparier des
matériaux puis à les fixer ensemble.
L’impression 3-D est particulièrement adaptée
aux fabrications de petites séries.
Les entrepreneurs 3-D donnent un retour
particulièrement positif sur la fabrication
additive, car le processus n’exige que 10%
de la matière première dépensée dans la
fabrication traditionnelle et utilise moins
d’énergie qu’une production traditionnelle
en usine, ce qui en réduit considérablement
le coût.
De la même façon que l’Internet a
radicalement réduit les coûts d’entrée à la
production et la diffusion d’informations,
donnant naissance à de nouvelles
entreprises comme Google et Facebook, la
fabrication additive a la capacité de réduire
considérablement le coût de production de
biens de consommation durables, ce qui
28
rend les coûts d’entrée suffisamment bas
pour encourager les centaines des milliers
de petites et moyennes entreprises (PME) à
concurrencer et peut-être prendre la place
de grands groupes qui étaient au centre
de l’économie des première et deuxième
Révolutions Industrielles.
L’énergie économisée à chaque étape du
processus de fabrication numérique, depuis la
réduction de la quantité de matériaux utilisés
jusqu’à la diminution de l’énergie dépensée
dans la fabrication du produit, appliquée à
toute l’économie mondiale, s’ajoute à une
augmentation qualitative de l’efficacité
énergétique au-delà de l’imaginable dans
les première et deuxième Révolutions
Industrielles. Lorsque l’énergie utilisée pour
alimenter le processus de production est
renouvelable (§ 5.2 Pilier 1: Les énergies
renouvelables) et également produite sur
place, l’ampleur de la dimension latérale
de la Troisième Révolution Industrielle
devient importante. En considérant le fait
que 87,5% des gains de productivité dans les
industries manufacturières et de services sont
attribuables à l’augmentation de l’efficacité
thermodynamique - seuls 14% des gains de
productivité sont le résultat du travail - nous
commençons à saisir l’importance de l’énorme
sursaut de productivité qui accompagnera la
Troisième Révolution Industrielle et de ce que
cela signifiera pour la société.
Des petites et moyennes entreprises
d’impression 3-D pourraient s’installer dans la
«Vallée de la Biosphère “ tout comme l’ont été
les entreprises informatiques et Internet dans
la Silicon Valley en Californie (§ 5.3.6 Lancer
un programme de conversion de friches
industrielles: la « Vallée de la Biosphère »).
Dans la « Vallée de la Biosphère» du Nord-Pas
de Calais, les imprimeurs 3-D vont alimenter
leur « labos de fabrication » locaux en
électricité verte (§ 5.2 Pilier 1: Les énergies
renouvelables) produite dans la région à un
coût marginal proche de zéro et utiliser les
transports électriques et à piles à combustible
à travers l’Internet Logistique (§ 5.6 Pilier 5:
Transport électrique rechargeable et à pile à
combustible) pour livrer leurs marchandises,
cette fois encore à coût marginal proche de
zéro. Cette initiative permettra la création
d’emplois locaux dans les PMEs et la
stimulation de l’innovation pour les produits
fabriqués en usines 3D.
La dimension latérale de la Troisième
Révolution Industrielle permet aux petites
et moyennes entreprises (PMEs) de se
développer. Les entreprises mondiales ne vont
pas pour autant disparaître. Au contraire,
elles vont de plus en plus se métamorphoser
de producteurs primaires et distributeurs
en des agrégateurs. Dans la nouvelle ère
économique, leur rôle sera de coordonner
et de gérer les multiples réseaux de
commercialisation et les échanges au travers
de la chaîne de valeur.
S’appuyer sur les initiatives régionales
existantes
HUMANICITE est un projet global sur
le quartier de Tournebride impliquant
développement territorial, innovation sociale,
diversité des populations, création d’activités
et de nouveaux emplois, partage du matériel
(social, sportives, éducatives, culturelles
...). Un des principes de ce projet, initié en
étroite collaboration avec la Communauté
urbaine de Lille publique Capinghem, Lomme,
Prémesques, l’Université Catholique de Lille,
est de mener une politique de gestion de
la consommation d’énergie active et une
consommation d’énergie renouvelable.
5.1.6 Assurer l’adhésion et la
cohérence à travers la gestion du
changement et de la gouvernance
du programme
Conduire le changement au travers de
l’exemplarité et de la jeunesse
L’efficacité énergétique est aussi une
question de conduite du changement pour
définir les objectifs et les impacts potentiels,
sensibiliser, convaincre, motiver, mobiliser
et adapter les compétences. Une approche
complète et globale l’efficacité énergétique,
plutôt qu’une approche sectorielle, doit être
encouragée en impliquant tous les acteurs
concernés pour mettre en place un nouveau
modèle, qui limite la consommation d’énergie
globale.
La conduite du changement en direction des
habitants et des acteurs économiques devrait
comprendre trois composantes: sensibiliser;
enregistrer des résultats rapides; apporter un
soutien aux utilisateurs finaux.
La jeunesse est un facteur majeur de
changement, surtout quand il s’agit
d’utilisation de technologies nouvelles
ou de sensibilisation. L’éducation et la
sensibilisation des enfants sont donc des
facteurs clés de succès: d’une part, les
enfants sont les seuls qui pourraient faire
changer leurs parents de comportement au
quotidien, et d’autre part, ils sont capables
de s’adapter rapidement aux pratiques ou
technologies nouvelles. Ils sont également
nés dans un monde confronté à la crise
économique et au changement climatique, de
sorte qu’ils sont plus sensibles à la nécessité
d’un comportement responsable en ce qui
concerne la préservation de la planète.
Éducation et sensibilisation à l’école doivent
donc être encouragées sur une grande
échelle.
Des actions spécifiques peuvent être
lancées. Comme proposé au paragraphe
Impliquer les jeunes dans les évaluations
de l’empreinte écologique, les enfants et
adolescents pourraient être impliqués dans
les audits d’empreinte écologique, ce qui
les sensibiliserait dès le plus jeune âge. Les
Figure 18. Les trois composantes d’accompagnement du changement
à permettre à tout citoyen de proposer des
idées ou de réagir aux propositions.
Construire une solide gestion de
programme
Comprendre les
enjeux pour les parties
prenantes, les informer et
de parvenir à un accord
sur la nécessité d’agir
Sensibiliser
enregistrer des
gains rapides
Engage actions that have
rapid positive impact,
to prove advantages of
changing and stimulate
the will to go ahead
Apporter un
soutien aux
utilisateurs finaux
Apporter un soutien a l’utilisateur
final de sorte qu’il devienne acteur
et ambassadeur du changement
(introduction de nouvelles technologies,
nouveaux des modes de vie pour éviter
un effet de rebond, etc.)
jeunes pourraient assurer bénévolement
pendant leur service civique des actions de
sensibilisation et de formation.
Les sciences sociales ont également un
rôle à jouer dans les changements de
comportement. L’Institut Fraunhofer propose
des ateliers avec des fournisseurs d’énergie
locaux, des créateurs, des enseignants,
etc. pour leur permettre de comprendre
les responsabilités et opportunités qui leur
incombent en matière de consommation
d’énergie, soutenue par la technologie des
compteurs intelligents. La région Nord-Pas de
Calais serait le terrain-test pour cet atelier de
réflexion, qui éclairerait les consommateurs et
aiderait les entreprises à mieux comprendre
le comportement de la clientèle locale et les
opportunités offertes. Les étapes du projet
proposé par l’Institut Fraunhofer sont:
• Sélection des consommateurs pour
participer au projet,
• Installation de solutions de compteurs
intelligents dans les foyers,
• Conceptualisation issues des sciences
sociales et élaboration d’un questionnaire,
• Dérivation des données de consommation,
des profils de charge,
• Évaluation et l’analyse comportementale,
• Orientation et élaboration de la feuille
de route relative à la région Nord-Pas de
Calais.
Il conviendrait également que les autorités
administratives servent de modèles
et soient les premières à appliquer les
recommandations du Master Plan de
Troisième Révolution Industrielle, mais
également à mettre en œuvre de bonnes
pratiques telles que limiter les impressions
au bureau, éteindre les lumières et éviter
de chauffer des bâtiments inoccupés.
Elles pourraient mesurer les gains obtenus
grâce à un changement de comportement,
communiquer à ce sujet et partager
les bonnes pratiques avec d’autres
administrations ou avec des entreprises
privées.
Assurer la participation des citoyens et
l’adhésion des parties prenantes
La Troisième Révolution Industrielle vise
à établir un système énergétique durable.
Cela implique un effort soutenu pendant
des décennies. Pour y arriver il faudra des
objectifs clairs, une stratégie de long terme,
de la persévérance, des investissements et un
soutien à tous les niveaux de la société: du
plus haut niveau des institutions politiques
et des décideurs jusqu’à l’ensemble des
utilisateurs finaux (personnes, entreprises)
en tant que consommateurs d’énergie ou
contribuables.
En ce qui concerne la gouvernance, un «
Forum d’Orientation » a été créé. Les sept
groupes de travail ont construit leur feuille
de route, ont fait un état des lieux de
l’existant et ont élaboré des propositions.
Après un examen du projet avec le secrétaire
permanent, une présentation au Forum
d’Orientation a eu lieu en mai.
À long terme, il est nécessaire de disposer
d’un organe de coordination pour assurer
la gestion du programme dans ses aspects
visionnaires et opérationnels, apporter un
soutien au développement stratégique
de la région, et optimiser l’utilisation des
ressources dédiées. Le Forum d’Orientation
peut jouer ce rôle, en coordonnant les
investisseurs et les parties prenantes, pour
optimiser la contribution de chaque euro
investi, conformément aux objectifs locaux.
La coordination avec les plans stratégiques
existants, tels que SRCAE, SRADDT, PCET ou
SCOT doit également être assurée. D’autres
mécanismes de consultation peuvent être
envisagés par les pouvoirs publics pour
anticiper et optimiser le développement
du réseau, notamment les documents
d’urbanisme (plan local d’urbanisme, plan de
cohésion territoriale ...).
La gestion du programme devrait être guidée
par les résultats attendus. Des indicateurs
clés ont été identifiés par les groupes de
travail. Toutefois, la mesure de ces indicateurs
n’est pas toujours facile. Des outils de mesure
devraient être créés et mis en œuvre pour:
• Servir de référence avec les valeurs
actuelles,
• Évaluer l’impact ex ante avant le
lancement d’une initiative,
Le concept de gouvernance ainsi qu’une vaste
participation des citoyens est essentielle pour
la réussite du projet.
• Mesurer les résultats pendant le processus
continu de mise en œuvre, afin de vérifier
si la piste recommandée est respectée.
La participation d’experts a déjà commencé
avec le processus d’élaboration du Master
Plan de Troisième Révolution Industrielle,
qui a impliqué plus de 100 contributeurs
dans les groupes de travail régionaux. Le
séminaire exécutif effectué en mai 2013 a
été un puissant moyen de sensibilisation au
projet de Troisième Révolution Industrielle.
Communication, actions spécifiques pour
le changement (voir § 5.1.5 Initiatives
spécifiques en matière d’efficacité
énergétique/ gestion du changement)
et implication des citoyens dans les
expérimentations permettront aux personnes
de la région d’être acteurs de la Troisième
Révolution Industrielle. Des événements
participatifs et des sites Web collaboratifs
pourraient également être montés de manière
D’autres outils de gestion des programmes
devraient être développés pour équiper les
personnes chargées de mener les initiatives,
mais aussi pour faciliter l’agrégation des
informations de gestion de projet devant être
communiquées au Forum d’Orientation et au
public.
29
5.1.7 Explorer les changements
de réglementation nationale pour
accélérer la Troisième Révolution
Industrielle
Les entreprises contribuant au Master Plan
ont identifié des contraintes réglementaires
qui ne dépendent pas de la région Nord-Pas
de Calais, mais de l’État. La Région peut
s’engager dans des actions de lobbying ou
demander des exceptions réglementaires afin
d’accélérer les changements réglementaires
nécessaires pour la mise en œuvre de la
Troisième Révolution Industrielle dans le
Nord-Pas de Calais. On trouvera ci-dessous
quelques suggestions de Bouygues pour des
modifications réglementaires nationales qui
peuvent accélérer la Troisième Révolution
Industrielle.
Stabilité
Pour développer et mettre en œuvre une
vision à long terme couronnée de succès, la
première condition préalable est d’assurer
la stabilité réglementaire. La stabilité
est la clé, en particulier quand il s’agit de
convaincre les investisseurs. Une politique
énergétique claire et stable (5 ans minimum)
serait notamment nécessaire dans le domaine
du photovoltaïque, de la fixation des tarifs
de rachat. Elle donnera confiance aux
investisseurs et permettra une analyse de
rentabilisation fiable.
Subsidiarité
La nécessité d’une plus grande liberté, au
niveau régional ou local, pour prendre des
décisions ou expérimenter de nouvelles
idées a été également soulignée par les
intervenants dans l’élaboration du Master
Plan. La région est la responsable ultime de
la définition et de la mise en œuvre locales
de la transition énergétique. Le projet de
loi de décentralisation, actuellement en
discussion, ouvre une fenêtre pour attribuer
ces compétences aux collectivités régionales.
A minima, les demandes de dérogations pour
expérimentations seront un levier à actionner
par la région.
Territoires à énergie positive nette
Le concept de «territoire à énergie positive»
(Territoire à Energie Positive, TEPOS) repose
sur trois axes: les économies d’énergie,
l’efficacité énergétique et les énergies
renouvelables. Ce concept est à l’origine d’un
réseau d’acteurs (association, collectivités
locales ...) qui sont prêts à prendre des
mesures globales en faveur du développement
durable, pour répondre aux défis
économiques, sociaux, environnementaux et
démocratiques. La reconnaissance officielle
du concept TePOS accompagnée d’un
label pourrait accélérer le développement
de nouveaux modèles énergétiques, en
particulier dans les zones urbaines.
30
une nouvelle réglementation du
marché
La régulation du marché de l’énergie, en
particulier la réglementation des prix, joue
parfois contre l’idée que chaque individu
produise sa propre électricité et la vende à ses
voisins. La loi NOME (Nouvelle Organisation
du Marché de l’Électricité) du 7 Décembre
2010 réglemente le marché de l’électricité.
Pour faciliter la transition au pouvoir
latéral, la loi NOME devrait être modifiée. Le
marché devrait permettre l’utilisation locale
de l’énergie produite sur site (dégroupage
énergétique local), via un statut privé
de fournisseur d’énergie (Association
Énergétique Urbaine Libre) qui permet la
revente de l’énergie à ses voisins, à l’échelle
du quartier ou de l’immeuble.
Des prix de l’énergie progressifs et incitatifs
pourraient favoriser la modernisation des
logements et la construction de nouveaux
logements économes en énergie, et
encourager le développement d’outils pour la
gestion de l’énergie dans les bâtiments.
Objectifs de rénovation obligatoire des
bâtiments
En ce qui concerne la modernisation des
constructions, les contraintes réglementaires
apparaissent souvent comme le seul levier qui
puisse avoir un réel impact. Les régulateurs
nationaux pourraient fixer des objectifs de
performance clairs et contraignants et des
échéances afin d’accélérer la modernisation
des bureaux, des copropriétés résidentielles
et des logements locatifs pour les logements
sociaux.
une modification de la loi sur la
Copropriété (loi sur la Copropriété) est
proposée, afin d’encourager les améliorations
de la performance énergétique dans les
copropriétés, permettre la production et la
gestion d’énergie renouvelable, et la revente
de l’énergie non consommée dans le cadre du
statut de la copropriété.
Contrats de performance énergétique
En termes d’engagement de performance
énergétique, on observe aujourd’hui que
les contrats de performance énergétique
(Contrats de performance énergétique, CPE)
ne sont pas utilisés de manière systématique,
et manquent généralement d’un système
de gestion de l’énergie. Parallèlement, de
multiples labels existent - Français (HQE,
BBC ...) ou internationaux (BREAM, LEED ...).
Cependant, ces labels garantissent souvent
les moyens, mais pas les résultats en termes
de rendement énergétique, et leur multiplicité
réduit la lisibilité du marché. Les entreprises
et les groupes de travail impliqués dans
la rédaction du Master Plan suggèrent de
recourir systématiquement aux CPe pour les
bâtiments neufs ainsi que pour les anciens,
en combinaison avec des outils de gestion
de l’énergie pour optimiser la consommation
d’énergie.
Régulation d’un marché de capacité
En France, le décret du 14 décembre 2012
jette les bases réglementaires du marché
de capacités. Mais ce décret ne satisfait
pas tous les acteurs, en particulier les
autorités de la concurrence et la Commission
de régulation de l’énergie, parce que cela
complique le cadre réglementaire, augmente
les coûts pour les petits producteurs et
consommateurs d’énergie pour un bénéfice
incertain. Certaines parties prenantes de
l’élaboration du Master Plan appellent à une
évolution de ce cadre, avec de meilleures
conditions économiques.
Validation parlementaire de
l’investissement dans les réseaux
un programme d’investissement à long
terme dans les réseaux pourrait être mis en
place. Fonctionnant sur le même principe que
le programme de production à long terme,
les projets d’investissement de toutes les
régions françaises seraient envoyés chaque
année au Parlement, qui pourrait harmoniser
et regrouper les différents besoins régionaux.
Tous les investissements seraient priorisés
par une entité démocratiquement élue pour
assurer la plus grande transparence.
5.1.8 Utilisation de l’impôt
régional pour encourager
l’efficacité énergétique
Trois secteurs contribuent fortement aux
dépenses énergétiques de la région: le
transport, les bâtiments résidentiels et
l’industrie. La Région peut apporter des
modifications fiscales régionales pour
favoriser l’efficacité énergétique dans les trois
secteurs tout en visant à:
• Réutiliser si possible des régimes fiscaux
existants,
• Produire un effet global nul sur les
contribuables,
• Définir une orientation claire sur
l’efficacité énergétique, afin de garantir
une création nette d’emplois comme
exposé au § 6 Impact économique.
Mettre en œuvre une taxe carbone
avec compensation pour les opérateurs
de transport
La Région devrait mettre en place une taxe
carbone pour accélérer la transition vers
l’efficacité énergétique et l’innovation. Cette
stimulation, si elle n’est pas activée au niveau
national, devrait être instituée au niveau
régional, en particulier sur les opérateurs de
transport et les propriétaires de véhicules en
se basant sur:
• Le niveau d’émissions de CO2 (g CO2/km)
des véhicules et / ou le nombre de pneus
de tout véhicule immatriculé dans la
région (impôt sur la propriété, réactivation
de l’ancienne vignette),
• L’extension de la part régionale de
l’Écotaxe Poids-Lourds nationale aux
autoroutes régionales (autoroutes
concédées) qui touche à la fois les camions
régionaux et extrarégionaux, afin d’éviter
une «fuite» de CO2 sur les autoroutes;
Les transporteurs routiers professionnels
pourraient compenser leurs émissions en
optant pour le rail, le transport fluvial ou
des véhicules électriques, tandis que les
propriétaires de véhicules privés pourraient
éviter l’impôt en optant pour des véhicules
électriques, au gaz naturel ou à l’hydrogène
et à la propriété partagée. Les Opérateurs
Autoroutiers seraient en mesure de
compenser leur obligation de recueillir
l’Écotaxe régionale indirecte en produisant
des énergies renouvelables accréditées (voir §
5.2.4 Utiliser les spécificités territoriales afin
de développer l’énergie éolienne et § 5.2.5
Développer le potentiel régional en biomasse,
la géothermique et le bois) de manière à
maintenir un avantage concurrentiel sur les
routes nationales non-payantes.
Le but de cette taxe est également de
compenser la baisse prévue du volume de la
taxe sur l’essence (TICP Taxe Intérieure de
Consommation sur les Produits Énergétiques)
induite par le passage à des modes fluviaux et
ferroviaires (voir § 5.6.6 Passer au transport
sur voies ferroviaires et voies navigables).
En 2030, la combinaison de la diminution du
volume24 de la TICP et la taxe carbone aura
un effet net nul pour le contribuable régional,
mais un fort effet incitatif sur le choix du
modal des transporteurs
Mettre en œuvre l’éco-conditionnalité
de la taxe foncière
L’éco-conditionnalité de la taxe foncière
est étroitement liée à la rénovation des
bâtiments. Elle fait l’objet d’une description
plus avancée au § 5.3.9 Soutenir les
entreprises locales dans la construction ou la
rénovation environnementale de bâtiments
par le crédit d’impôts.
Mettre en œuvre la taxe sur l’énergie
primaire avec compensation aux
frontières
Étant donné les coûts élevés de l’énergie,
des industries à forte intensité énergétique
basées en Europe envisagent de rapatrier
leur production vers les États-Unis, où le
gaz de schiste a récemment déclenché une
révolution des prix de l’énergie. Dans ce
contexte, le Groupe Roquette préconise
l’introduction d’une taxe sur l’énergie
primaire qui aurait une incidence positive
sur la compétitivité de l’industrie implantée
en région. Cette taxe serait très similaire à
celle appliquée pour le prix réglementé des
Environ 5% de la TICP bénéficie aux régions - http://
www.developpement-durable.gouv.fr/La-fiscalite-desproduits,11221.html
24
céréales dans l’Union européenne. Alors que
les prix des céréales intra-européens sont
au-dessus du prix de marché international,
ils bénéficient d’une déduction fiscale en
cas d’exportation afin que les céréales
européennes restent compétitives. A l’inverse,
lorsque les céréales sont importées, elles sont
soumises à la taxe d’importation. M. Roquette
fait valoir qu’un mécanisme très similaire
devrait être appliqué à la production/
l’importation/l’exportation d’énergie primaire.
Un effet secondaire supplémentaire de
la taxation des énergies primaires, est
que pour l’utilisateur final, l’effet de la
taxe sur l’énergie finale renouvelable est
beaucoup plus faible que pour les énergies
fossiles/nucléaire, étant donné que tant
les combustibles fossiles que la production
d’électricité nucléaire ont un faible niveau
d’efficacité (moins de 50%).
Si la Région n’a pas les compétences pour
mettre en place de telles taxes, elle pourrait
travailler avec les universités locales sur des
simulations et jouer le rôle de laboratoire
pour les décideurs nationaux. Une taxe
régionale virtuelle serait calculée sur la base
des données officielles sur l’énergie (voir §
5.5.2 Garantir un accès tiers aux données
énergétiques historiques et quotidiennes)
et son impact comprenant l’analyse de
rentabilisation de la rénovation des bâtiments
serait surveillé par les universités régionales.
5.1.9 Stimuler la performance
macroéconomique par le pilotage
financier et opérationnel
Alors que ce Master Plan suggère un certain
nombre d’initiatives pour lancer la Troisième
Révolution Industrielle, il est important
de définir des indicateurs de rendement
clés pour mesurer les progrès de la région
en terme de décarbonatation, d’efficacité
énergétique, de ré-industrialisation et de
création nette d’emplois. Semblable au
système « Olympic Game Impact » (OGI
framework) applicable aux candidatures
aux Jeux Olympiques, la Région doit
continuellement suivre, évaluer les progrès
et rendre compte publiquement de l’impact
de la Troisième Révolution Industrielle,
comme moyen de promouvoir l’efficacité et
l’efficience de sa propre gouvernance.
5.2 Pilier 1: Les énergies
renouvelables
Les énergies renouvelables sont le premier
pilier de la Troisième Révolution Industrielle.
Le passage aux énergies vertes constitue
en effet le moteur du changement de
paradigme qui est en train de s’opérer. Il est
essentiel de planifier la production d’énergies
renouvelables afin de ne pas manquer
le tournant de la Troisième Révolution
Industrielle.
5.2.1 Ambition régionale: plus
d’Europe, moins de carbone
Le Nord-Pas de Calais doit évoluer de
manière considérable en ce qui concerne les
énergies renouvelables, et pourrait profiter
de sa situation unique au centre de l’Europe
pour créer des flux intelligents d’énergie
décarbonée.
Aujourd’hui, la région fait face aux enjeux
suivants:
• Une part d’énergies renouvelables de 2%
à 4%, contre 12% pour l’ensemble de la
France,
• Un niveau de ressources renouvelables
en énergie solaire peu élevé par rapport à
d’autres régions de France (moins d’heures
d’ensoleillement que dans le sud de la
France) et un accès à l’énergie hydraulique
plus limité (pays plat),
• Un niveau d’urbanisation important, ce
qui entrave le développement de l’énergie
éolienne,
• La réalisation des objectifs 2020
apparaissant comme compromise (3 x
20% d’ENR, réduction du CO2 et efficacité
énergétique),
• Des savoir-faire, capacités et culture en
matière d’énergies renouvelables moins
développés dans la région.
Toutefois, les études locales démontrent
que les énergies renouvelables pourraient
facilement couvrir 25% de la consommation
actuelle. Une étude de l’Institut Fraunhofer
révèle que les énergies renouvelables à 100%
sont possibles sous certaines conditions bien
spécifiques.
Avec une part de l’industrie dans la
consommation énergétique de 49%, le
Nord-Pas de Calais est une fois encore bien
différent du reste de la France. Cette situation
offre à la région une véritable opportunité
de revenir sur la trajectoire des objectifs du
3x20. Le secteur industriel est assez spécialisé
et permet une récupération significative de
l’énergie qui est aujourd’hui perdue: potentiel
de récupération d’énergie thermique ainsi
que de gaz. Certains projets actuellement à
l’étude pourraient permettre de récupérer
plus de 100 GWh de chacune de ces deux
sources d’énergie.
Dans ce contexte, l’ambition régionale est la
suivante:
• D’ici 2020, se remettre sur la voie des
objectifs 3x20,
• D’ici 2050, produire entre 80% et 100%
des besoins énergétiques régionaux
via les énergies renouvelables, en
développant leur valeur ajoutée en
matière d’impacts sociaux, économiques et
environnementaux.
31
5.2.2 Courbes exponentielles
de l’infrastructure des énergies
renouvelables
Figure 19. Les coûts des technologies de l’information déclinent de façon logarithmique
Ce qui manque dans la quasi-totalité des
modèles de prévision économique et des
plans de développement durable est l’impact
perturbateur que la croissance exponentielle
des énergies renouvelables aura lors du
passage à une énergie dont le coût marginal
est proche de zéro, au cours des prochaines
décennies.
Comme mentionné dans l’introduction de
Jeremy Rifkin, l’objectif est d’établir et de
fixer les priorités en matière d’initiatives
adéquates, capables de mettre le Nord-Pas
de Calais sur les rails d’une énergie 100%
renouvelable dans la première moitié du XXIe
siècle, permettant ainsi aux entreprises de
la région et à ses habitants de profiter d’une
énergie quasiment gratuite. Les gains de
productivité et les bénéfices économiques
pour les entreprises de la région ainsi que les
économies générées sur les coûts d’énergie
pour ses millions d’habitants changeront les
règles du jeu. Le Nord-Pas de Calais pourra
montrer le chemin vers une nouvelle ère
économique durable post carbone.
Le concept de la croissance exponentielle
est souvent enseigné dans les écoles, grâce
à l’exemple de l’énigme des nénuphars et
de l’étang. La question est la suivante: si les
nénuphars d’un étang doublent de volume
chaque jour et qu’il faut 30 jours pour
recouvrir entièrement l’étang, à quel moment
l’étang sera-t-il recouvert d’un quart, puis de
la moitié ? La réponse est que l’étang ne sera
recouvert que d’un huitième le 27e jour, mais
d’un quart le 28e, de la moitié le 29e et enfin
complètement recouvert par les nénuphars
le 30e.
La plupart d’entre nous a du mal à
comprendre le concept de la croissance
exponentielle car nous sommes trop habitués
à penser en termes linéaires. Par conséquent
nous restons bouche-bée quand on nous
explique pour la première fois le concept de
la croissance exponentielle. Le concept en
lui-même recevait peu d’attention de la part
du public jusqu’à ce que Gordon Moore, le
cofondateur d’Intel, le plus grand fabricant
mondial de puces semi-conductrices,
remarque un curieux phénomène, qu’il a
décrit dans un désormais célèbre article
publié en 1965. Moore a observé que le
nombre de composants d’un circuit intégré
avait doublé chaque année depuis son
invention en 1958 jusqu’à 1965. Il a écrit:
« La complexité des semi-conducteurs
proposés en entrée de gamme a à peu près
doublé tous les ans. On peut certainement
s’attendre à ce que, sur le court terme, ce
taux se maintienne voire même augmente
». Moore a modifié légèrement sa première
projection en 1975 en disant que le
doublement intervenait tous les deux ans.
32
Source Institut Accenture de la Haute Performance, 2013
La Loi de Moore a par la suite été observée
dans une grande variété d’avancées
observées dans le domaine des technologies
du numérique. La capacité de stockage sur
disque dur connaît une courbe de croissance
exponentielle similaire. La capacité du réseau
- le volume de données passant par la fibre
optique - a atteint une courbe exponentielle
encore plus raide. Le volume de données
transmises par le réseau optique a été divisé
par deux tous les neuf mois environ.
C’est le facteur exponentiel qui a permis aux
coûts informatiques de s’effondrer depuis
plus de 50 ans. Quand les premiers grands
ordinateurs centraux ont été développés,
leur prix était colossal et hors de portée
commerciale. Les idées reçues classiques
étaient que, dans le meilleur des cas, seuls les
militaires et quelques instituts de recherche
pourraient éventuellement couvrir leurs
coûts. Ce que les experts n’ont pas su prendre
en compte est la croissance exponentielle
de la capacité et la chute, qui en résulte, des
coûts de production. L’invention du circuit
intégré (la micropuce) a changé l’équation.
Alors qu’il y a cinquante ans, un ordinateur
pouvait coûter des millions de dollars, des
centaines de millions de personnes sont
aujourd’hui équipées de smartphones à un
prix relativement bas avec 70 fois plus de
capacités informatiques que le plus puissant
des grands ordinateurs des années 60. Les
téléphones mobiles ont encore plus rapproché
l’informatique de coûts marginaux proches
de zéro, tout en intégrant la mobilité dans le
processus.
La Loi de Moore a migré du monde de
l’informatique pour devenir un standard de
mesure du succès économique de tout une
gamme de technologies, faisant de cette loi
une référence pour la « nouvelle normalité»,
à travers laquelle on juge la performance
commerciale et les futurs retours sur
investissement.
Il n’existe actuellement aucun endroit où la
discussion sur les courbes exponentielles ne
joue davantage un rôle que dans l’industrie
des énergies renouvelables. Visitez les
coulisses du high-tech partout dans le monde
et c’est le côté exponentiel de l’énergie
verte qui est le centre des discussions. De
nombreux acteurs de cette nouvelle industrie
ont quitté les secteurs de l’informatique
et de l’Internet pour mettre en application
l’expérience qu’ils y avaient acquise au
service du paradigme émergeant de l’énergie.
Ils prennent conscience de cette similitude
troublante.
Le potentiel de captation des énergies
renouvelables permis par la technologie
connait actuellement sa propre courbe
de croissance exponentielle dans le
solaire et l’éolien, avec en outre des
technologies géothermiques, de biomasse
et hydroélectriques censées suivre le même
chemin. Tout comme l’industrie informatique,
celle des énergies renouvelables a dû gérer
des coûts initiaux en capital élevés, en
recherche, développement et déploiement
sur le marché de chaque nouvelle génération
de technologie. Au même moment, les
entreprises sont forcées de se maintenir deux
à trois générations d’avance par rapport à
leurs compétiteurs, en anticipant ce qu’elles
doivent apporter comme innovation, au
risque d’être écrasées par la force de la
courbe exponentielle.
Un certain nombre de leaders du marché
ont sombré ces dernières années, car,
bloqués dans de vieilles technologies, ils ont
été balayés par la vitesse des innovations.
L’autre similitude, évoquée précédemment,
est que les énergies renouvelables, comme
l’information, sont presque gratuites, une fois
pris en compte les coûts fixes de recherche,
développement et déploiement.
Le Scientific American, l’un des plus
importants journaux scientifiques au monde,
a publié un article en 2011 sur le décollage
de l’industrie des énergies renouvelables,
posant la question provocante suivante: « la
Loi de Moore s’applique-t-elle ? ».25
Pour commencer, regardons le potentiel du
solaire comme future source d’énergie. En
88 minutes, le soleil rayonne 470 exajoules
d’énergie sur la terre, autant d’énergie que
ce que consomme l’humanité en un an. Si
nous pouvions capter un dixième de 1%
de l’énergie solaire qui tombe sur la terre,
cela nous procurerait six fois l’énergie que
celle que nous utilisons actuellement dans
l’économie mondiale.
Bien que l’énergie solaire soit clairement une
source énergétique universelle, de laquelle
toutes nos énergies fossiles et autres énergies
dérivent, elle représente moins de 0,2%
du mix énergétique actuel, principalement
en raison du fait que, jusqu’à une époque
récente, elle était coûteuse à capter et à
distribuer.
L’article du Scientific American se demande
si la loi de Moore peut s’appliquer à l’énergie
solaire, nous mettant ainsi dans la voie vers
un changement de paradigme pour une
nouvelle ère économique. La réponse est un
oui inconditionnel.
Richard Swanson, le fondateur de SunPower
Corporation, a observé un double phénomène
dans le solaire, similaire à la découverte de
Moore d’un doublement dans le domaine
des puces informatiques. La loi de Swanson
révèle que le prix des cellules solaires
photovoltaïques a tendance à baisser
de 20% pour chaque doublement des
capacités industrielles. Les prix des cellules
photovoltaïques en Silicium Cristallin a
considérablement chuté passant de 60 $ le
watt en 1976 à 0,66 $ le watt en 2013.
Sur une période de 36 ans, les cellules
photovoltaïques ont connu une chute
annuelle moyenne en dollars par watt de
7%. Les cellules solaires captent davantage
d’énergie solaire des rayons qui les touchent,
tout en réduisant les coûts de captage de
l’énergie. L’efficience solaire en laboratoire
a augmenté de 41%. Les panneaux solaires
à couche mince y ont atteint un niveau
d’efficacité de 20%.
Si cette tendance exponentielle des watts
par dollar continue au rythme actuel - et
la plupart des études montrent plutôt une
Ramez Naam, “Smaller, cheaper, faster: Does Moore’s
law apply to solar cells?” March 16, 2011, http://blogs.
scientificamerican.com/guest-blog/2011/03/16/smallercheaper-faster-does-moores-law-apply-to-solar-cells/
25
accélération du ratio watt / dollar - l’énergie
solaire sera d’ici 2020 aussi abordable que
le prix actuel moyen de l’électricité au
détail et correspondra à la moitié du prix de
l’électricité produite à partir de charbon d’ici
à 2030.
Le marché de l’électricité allemand
commence d’ores et déjà à faire l’expérience
de l’impact des coûts marginaux proches
de zéro pour les énergies renouvelables. En
2012, l’Allemagne produisait déjà 20% de son
électricité à partir d’énergies renouvelables
et s’attend à atteindre 35% d’ici 2020. En
raison du coût marginal proche de zéro de
production de l’électricité renouvelable, les
prix de l’électricité en Allemagne ont baissé
de 18% au cours de la première moitié de
2012. Et, avec un coût marginal d’électricité
verte proche de zéro, le réseau électrique
commence à observer des prix négatifs durant
les heures de pic du rayonnement solaire et
de vitesse du vent. Des prix négatifs signifient
qu’il y a tant d’électricité verte qui rentre
dans le réseau que les compagnies d’énergie
doivent payer les clients pour qu’ils les
prennent. L’Allemagne n’est pas le seul pays
dans cette situation. Les prix négatifs pour
l’électricité surgissent dans des lieux aussi
divers que la Sicile et le Texas.
Cela constitue une nouvelle réalité pour le
marché de l’électricité - essentiellement
à travers cette situation de marché à prix
négatifs - et un signe avant-coureur du
futur dans lequel les énergies renouvelables
représenteront un pourcentage croissant
de la production d’électricité. La réalité des
prix négatifs du nouveau marché perturbe
l’ensemble de l’industrie énergétique. Les
producteurs d’énergie doivent freiner les
investissements concernant les centrales
au gaz ou au charbon de réserve, car ils ne
peuvent plus garantir un retour fiable sur
leurs investissements. En Allemagne, une
centrale au gaz ou au charbon, qui pourrait
coûter 1 milliard de dollars à construire,
ne fonctionnerait pas à pleine capacité,
en raison de l’arrivée massive des énergies
renouvelables dans le réseau. Elle ne
s’autofinancerait que les jours sans vent ou
à forte couche nuageuse. Comme les marges
de production des énergies tournent autour
de zéro, cela rallongera la période nécessaire
au remboursement du coût de construction
des nouvelles centrales au gaz ou au charbon.
Le résultat est que les énergies renouvelables
commencent déjà à faire sortir de l’équation
les centrales fonctionnant aux énergies
fossiles, y compris à ce stade précoce de
passage au paradigme énergétique de la
Troisième Révolution Industrielle.
Les entreprises énergétiques mondiales sont
bouleversées par la dynamique exponentielle
des énergies renouvelables. BP a publié
une étude sur l’énergie mondiale en 2011,
rapportant que la capacité de production
solaire a augmenté de 73,3% en 2011,
produisant ainsi 63,4 GW, soit 10 fois plus
que son niveau de production 5 années plus
tôt. La capacité solaire mise en place a doublé
tous les deux ans au cours des 20 dernières
années, sans arrêt en perspective.
Les défaitistes affirment que les subventions,
sous forme de soutien aux tarifs des
énergies vertes, alimentent artificiellement
la courbe de croissance. En réalité elles
accélèrent simplement l’adoption et la mise
à l’échelle de ces technologies, encourage
la concurrence et pousse vers l’innovation.
Celle-ci continue d’améliorer la performance
et l’efficacité des technologies de captage des
énergies renouvelables et diminue les coûts
de production et d’installation. Le résultat
est que, pays après pays, l’énergie solaire
s’approche ou a déjà atteint la parité avec le
combustible fossile classique et la production
d’énergie nucléaire. Cela permet de supprimer
progressivement les tarifs subventionnés.
Pendant ce temps, l’ancien combustible
fossile et les technologies nucléaires,
même si ce sont des énergies matures qui
ont bien fait leur temps, continuent à être
subventionnés à des niveaux qui dépassent de
loin les subventions octroyées aux énergies
renouvelables.
Même aux États-Unis, où la transition vers
les nouvelles énergies renouvelables a été
mitigée en comparaison avec l’Europe, le
secteur énergétique est sous le choc en
raison des bouleversements du marché
de l’énergie. David Crane, le PDG de NGR
Energy, a remarqué en novembre 2011 que
« au cours des deux dernières années, le
coût de l’énergie livrée, issue d’un panneau
photovoltaïque, a été divisé de moitié. NGR
s’attend à ce que le prix baisse à nouveau
de moitié dans les deux prochaines années,
ce qui ferait du solaire une énergie moins
coûteuse que l’électricité au détail dans près
de 20 Etats ». Tout cela va « révolutionner »
l’industrie de l’énergie.
Tout comme les rayons du soleil, le vent
est omniprésent et souffle partout dans le
monde - même si sa force et sa fréquence
varient. Une étude de l’université de Stanford
sur les capacités éoliennes mondiales
conclut que si 20% du vent disponible
dans le monde était capté, cela générerait
sept fois plus d’électricité que ce que nous
utilisons actuellement pour faire fonctionner
l’économie mondiale tout entière. La capacité
éolienne a augmenté de façon exponentielle
depuis le début des années 90 et a déjà
atteint la parité avec l’électricité produite
de façon classique à partir de combustibles
fossiles et de l’énergie nucléaire dans de
nombreuses régions du monde. Au cours
des 25 dernières années, la productivité des
turbines éoliennes a été multipliée par 100 et
la capacité moyenne par turbine a augmenté
de plus de 1000%. Une performance et une
productivité accrues ont considérablement
réduit le coût de production, d’installation
et de maintenance, conduisant à un taux
de croissance de plus de 30% par an entre
33
1998 et 2007 c’est à dire un doublement de
capacité tous les deux ans et demi. Une étude
préparée par l’Energy Global Watch prévoit
quatre différents scénarii futurs de répartition
du marché des nouvelles installations de
centrales éoliennes et solaires, estimant à
50% leur part de marché en 2033, avec une
estimation plus optimiste d’atteinte du même
objectif dès 2017.
Pendant que le solaire et l’éolien suivent un
chemin exponentiel similaire et irréversible
vers un coût marginal proche de zéro,
l’énergie géothermique, la biomasse, la
puissance des vagues et marées sont
susceptibles d’atteindre leur propre stade
de décollage exponentiel au cours de la
prochaine décennie, amenant d’un coup les
énergies renouvelables dans leur ensemble
à suivre une courbe exponentielle pendant
la première moitié du XXIe siècle. Pourtant,
les « énergies en place » sous-estiment
constamment leurs projections de la future
part des énergies renouvelables sur le
marché mondial de l’énergie, en partie parce
que, comme l’industrie informatique et des
télécommunications dans les années 70,
elles sont incapables de se saisir de la nature
transformatrice des courbes exponentielles,
même quand elles sont confrontées à la
preuve du doublement cumulé sur plusieurs
décennies. Leur vue à court terme n’est pas
différente de celle de l’observateur de l’étang
aux nénuphars qui regarde le doublement des
feuilles de nénuphars flottant sur la surface
de l’étang chaque jour et décide d’attendre
qu’il soit à moitié couvert pour commencer
à réduire les feuilles. À la fin du 27ème jour,
seule une fraction de l’étang est remplie
par les nénuphars. Puis, les éléments se
déchaînent deux jours plus tard. Au 29ème
jour, la moitié de l’étang est remplie - trop
Figure 20. Coopérative éolienne à Amsterdam
tard pour le nettoyer. Un jour plus tard, la
totalité de l’étang est remplie de feuilles de
nénuphars.
Le doublement des capacités solaires et
éoliennes a été ignoré par les industries
de l’énergie pendant des années. Encore
maintenant, ces énergies représentent
ensemble moins de 2,5% de la production
électrique mondiale, malgré des décennies
de croissance exponentielle. Ce qui n’est pas
reconnu, c’est que nous nous approchons
métaphoriquement du 29ème jour.
Ray Kurzweill, inventeur du MIT et
entrepreneur, qui a passé sa vie à regarder le
puissant impact perturbateur de la croissance
exponentielle sur l’industrie informatique, a
fait le calcul uniquement à propos de la seule
énergie solaire qui représente actuellement
0,3% de la production mondiale d’énergie.
En se fondant sur les 20 dernières années de
doublement, Kurzweil a fait des calculs et a
conclu que « après avoir doublé huit fois de
plus et avoir répondu aux besoins mondiaux
d’énergie avec le solaire, nous utiliserons
un dix-millième de la lumière solaire qui
tombe sur la terre ». Huit doublements
supplémentaires ne prendront que 16 ans à
nous propulser dans l’ère solaire d’ici 2028.
Il se peut que Kurzweil soit un peu optimiste.
Nous pourrions atteindre presque 80% de
production d’énergies renouvelables bien
avant 2040, sauf circonstances imprévues.
Afin de se préparer à ce changement, le
stockage d’énergie devient une fonction
indispensable du système énergétique.
Toutes les initiatives et propositions
dans les sections suivantes sont conçues
pour faciliter le développement des cinq
piliers de l’infrastructure intelligente de la
Troisième Révolution Industrielle et ainsi
faire progresser la courbe exponentielle
des énergies renouvelables dans la région.
L’objectif est de faciliter la transition vers
l’énergie à coût marginal proche de zéro en
Nord-Pas de Calais d’ici 2050.
5.2.3 Le développement de
l’énergie photovoltaïque (PV) et
solaire
Faciliter la mise en place de
coopératives solaires
Les critiques des opposants aux panneaux
photovoltaïques en toiture portent
souvent sur le coût de fragmentation
de l’infrastructure de production. Afin
de résoudre l’écart entre la réalité de la
propriété fragmentée de logements et le
besoin indispensable de centrales électriques
virtuelles, la région pourrait soutenir la
création de coopératives, financées par
des investisseurs privés, ayant pour but
l’installation de panneaux photovoltaïques
sur les toitures de tiers. Le rôle de la Région
consisterait à mobiliser les propriétaires
d’immeubles privés pour qu’ils prêtent leurs
34
toitures aux installations, permettant ainsi un
déploiement de masse du PV à un coût réduit.
Le concept des coopératives agricoles a
réussi dans le secteur de l’agriculture où
historiquement l’énergie du soleil est captée
afin de cultiver la terre. La réplication de
ce concept est d’ores et déjà en cours: par
exemple, l’Île de Sein en Bretagne vise déjà
à l’autonomie énergétique avec la création
d’une coopérative, semblable à celle en
fonctionnement à Plélan-le-grand en matière
de champs éoliens.26 Ces coopératives
peuvent être de toute taille mais sont le plus
souvent des PMEs.
Créer un cadastre solaire fondé sur
l’accès libre aux données
Cependant, afin d’atteindre la masse critique
pour la création des coopératives, la Région
doit aider les investisseurs à identifier
rapidement des propriétaires de toitures
dotées de la bonne orientation solaire. A cette
fin, la Région pourrait élaborer un cadastre
solaire, en s’appuyant sur son initiative
d’accès libre aux données.
Grâce à l’association et la prise en compte
des données sociales, territoriales, fiscales
et géographiques, principalement contrôlées
par les autorités publiques, la ville de
Chicago a su élaborer un cadastre de ce type
en matière de données énergétiques pour
faciliter l’organisation et le financement de la
modernisation des immeubles. Paris dispose
aussi d’un cadastre solaire.
La Région pourrait mettre en place une
approche similaire pour l’organisation
et le contrôle des données relatives à la
consommation énergétique des immeubles.
En associant ses données fiscales (la taxe
d’habitation et la taxe foncière), celles de
la propriété foncière (le cadastre) et des
données satellites, la région serait à même
de mieux cibler les propriétaires qui ont peu
de capacités d’investissement, mais disposent
d’une toiture qui pourrait servir de source
d’énergie solaire.
Réalisée en 2011, l’étude du Nord-Pas
de Calais sur les énergies renouvelables
souligne la nécessité d’accélérer le processus
administratif pour connecter une installation
PV au réseau: en France, il faut un an pour
mener cette démarche, alors qu’en Allemagne
elle prend huit semaines. Ceci passera
par des accords multi-parties prenantes
(ERDF, ADEME, la Région, les collectivités
territoriales) et par l’harmonisation des
processus. L’accès aux données fiables et
ouvertes accélérera le processus de bout à
bout ; de l’identification du propriétaire de
la toiture, à l’autorisation, l’obtention, la
connexion et la mise en service.
De ce fait, le segment des propriétaires
d’immeubles à faible revenu figurera dans
un cadastre complet et disponible aux
http://www.cler.org/info/spip.php?article11781
26
Figure 21. Système d’information d’énergie géographique
Source: Accenture
investisseurs de coopératives, de par une
initiative de données semi ouvertes fournie
par le Système d’information géographique
de la Région. Le coût pour fournir ces
données serait marginal - proche de zéro
- et apportera des avantages sur plusieurs
décennies auprès des centaines de PMEs
qui ont besoin d’identifier rapidement les
bâtiments et les propriétaires susceptibles de
lancer des travaux.
5.2.4 Utiliser les spécificités
territoriales afin de développer
l’énergie éolienne
exploiter le potentiel éolien et foncier
des voies de transport terrestre
Il existe un fort potentiel éolien physique
dans la région Nord-Pas de Calais: d’après
Figure 22. L’utilisation des sols artificialisés en Nord-Pas de Calais s’élève à 13%
une étude de 201127, la puissance du vent
est estimée à 3000 MWh/an et constitue la
première source renouvelable techniquement
exploitable dans la région. Toutefois, l’effet
NIMBY (Not In My Backyard, l’anglais pour
« pas dans mon jardin ») limite le potentiel
de mise en place des installations éoliennes.
Parmi les régions de la France, le Nord-Pas de
Calais est l’une des régions utilisant le plus
des sols artificialisés:
Le Nord-Pas de Calais a annoncé via son
SRCAE sa volonté de diviser l’utilisation des
sols artificialisés par trois. Une solution pour
augmenter le potentiel éolien à terre, tout
en limitant l’utilisation des terres, devrait
consister à construire des éoliennes le long
des zones bruyantes et déjà impactées
visuellement: les autoroutes et les chemins de
fer. Le Nord-Pas de Calais dispose d’un réseau
routier et ferroviaire dense qui pourrait servir
d’ossature aux champs éoliens.
Le Nord-Pas de Calais devrait instaurer
les conditions réglementaires permettant
l’installation des éoliennes le long des
autoroutes (une concession autoroute),
des routes nationales et départementales,
et des voies ferrées (le domaine RFF). La
maintenance et les opérations de ces turbines
éoliennes pourraient être confiées à des
PMEs. Les avantages seraient nombreux:
• Réduire les coûts de transport et de
construction des éoliennes,
• Diminuer le besoin de création de routes
dédiées,
• Réduire les coûts de connexion au réseau
(chemins de fer électriques),
• Réduire l’impact visuel et le bruit des
éoliennes sur les paysages qui sont déjà
impactés par l’infrastructure de transport,
• Occuper des terres à faible valeur sans
impact sur les zones à des fins agricoles,
• Créer des couloirs verts pour favoriser la
biodiversité,
• Créer des revenus supplémentaires pour les
propriétaires fonciers qui ont peut-être des
charges fiscales importantes,
Source: UE-SOeS, CORINE Land Cover, 2006. Traitements: SOeS, 2010
Figure 23. Réseaux routiers et ferroviaires dans le nord de la France
• Sensibiliser les visiteurs et les voyageurs
sur le positionnement favorable
de la région vis-à-vis des énergies
renouvelables, sans porter atteinte aux
paysages existants.
D’ici 2030, les principales voies de transport
devraient être dotées d’une infrastructure
éolienne dense.
Énergies renouvelables en Nord-Pas de Calais: Quel gisement
et quels modèles de développement ? Novembre 2011, ICE.
27
Energies renouvelables en Nord-Pas de Calais: Quel gisement
et quels modèles de développement? ICE, (November 2011).
28
Source: Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie
35
5.2.5 Développer le potentiel
régional en biomasse, la
géothermique et le bois
La biomasse, la géothermie et le bois sont
des sources d’énergie renouvelable locales
à fort potentiel. Ce chapitre met en valeur
les approches innovantes concernant ces
technologies qui peuvent être portées surtout
par des PMEs et où la France est déjà un
leader industriel mondialement reconnu.
Produire de la biomasse le long des
voies terrestres
Aujourd’hui, les opérateurs routiers
(DIRECCTE, sociétés d’autoroute, RFF)
subissent des coûts quand ils doivent tailler
ou empêcher la croissance de la végétation
le long des voies. D’ici 2030, ces opérateurs,
possédés ou contrôlés par l’Etat, devraient
générer un revenu ou bénéficier d’une
réduction fiscale pour la culture de la
biomasse le long des voies. Des taillis à courte
rotation pourraient y être plantés et récoltés
afin de produire une biomasse à usages
multiples. Cette biomasse devrait être utilisée
des manières suivantes, par ordre de priorité:
• Un nouvel entrant indispensable pour
l’agriculture biologique: Du bois raméal
fragmenté qui pourrait se substituer à
des engrais chimiques et à forte intensité
en combustibles fossiles (cf. Efficacité
énergétique), pourvu qu’il soit utilisé juste
après sa récolte.
Figure 24. Du bois raméal fragmenté utilisé
comme engrais
• La fibre de bois nécessaire pour
l’isolation posée par des PMEs ou pour la
construction de matériau composite (cf.
Pilier 2: Bâtiments producteurs d’énergie),
capitalisant ainsi sur les capacités
industrielles spécifiques de la région.
Figure 25. L’isolation à la fibre de bois
36
• Un carburant renouvelable pour la
production combinée de chaleur et
d’électricité ou la production de chauffage
urbain (cf. Pilier 2: Bâtiments producteurs
d’énergie).
5.2.7 Mettre en place des modèles
d’investissement pour soutenir
la production des énergies
renouvelables et son utilisation
• Un moyen pour diminuer la charge fiscale
pour les opérateurs qui ont des pratiques
à faible teneur en carbone (cf. Efficacité
énergétique)
Après plusieurs années de croissance jusqu’en
2012, l’industrie photovoltaïque en France
stagne.
Les autres avantages de cette agriculture
concernent sa capacité à diminuer le
risque d’inondation, l’érosion naturelle
des infrastructures, l’impact des accidents
routiers, le bruit de la circulation terrestre,
l’utilisation des terres disponibles et
l’augmentation de la biodiversité et de
l’emploi dans la région. Par ailleurs, le coût
marginal des cultures énergétiques le long
des voies est proche de zéro, contrairement
à la tonte des herbes qui doit avoir lieu au
moins deux fois par an, sans aucun
avantage direct.
D’ici 2030, un processus de récolte en
rotation devrait être opérationnel le long des
voies de transport terrestre.
5.2.6 Considérer des changements
réglementaires afin de soutenir
la production d’énergie et les
échanges
Promouvoir l’autoconsommation
Aujourd’hui, les tarifs subventionnés
privilégient la promotion de l’énergie
éolienne et du PV en France: la production
des énergies renouvelables bénéficie
d’un prix garanti tant qu’elle est injectée
dans un réseau électrique. Cependant, un
producteur qui souhaite consommer sa
propre production n’aurait pas la possibilité
de profiter des subventions, pour le montant
de ce qu’il produit pour lui-même. Ce cadre
réglementaire décourage l’autoconsommation
des énergies renouvelables ne crée pas les
conditions pour instaurer un sentiment
commun de propriété envers les énergies
renouvelables, ce qui pourrait diminuer la
pression sur le réseau de distribution et, de
plus, aider les propriétaires PV et éoliens à se
diriger vers une autonomie énergétique.
Des experts régionaux et l’organisation
professionnelle nationale pour les
énergies renouvelables, le Syndicat des
Énergies Renouvelables28, préconisent
l’adaptation réglementaire nécessaire à
l’autoconsommation. La problématique sur
l’acteur qui, entre la Région ou l’État, devrait
mettre en place un tel règlement est à la fois
politique et juridique. Mais il n’existe aucun
doute que, dans le contexte de la Troisième
Révolution Industrielle, ce règlement pourrait
trouver une logique jusqu’à ce que les coûts
de production via le PV soient égaux au prix
de l’électricité sur le marché.
La réglementation en vigueur n’a pas permis
de réunir les conditions économiques
nécessaires pour encourager l’investissement
en PV par des investisseurs privés. Cependant,
dans une région avec une forte ambition
dans le domaine la rénovation thermique
d’immeubles résidentiels, le contexte
économique pour les installations sur les
toitures devient plus favorable lorsque:
• la toiture en question est en travaux,
• l’installation est regroupée avec plusieurs
immeubles, atteignant ainsi une masse
critique.
Aujourd’hui, alors qu’une installation
indépendante représente un coût de
production d’environ 25-30c€/kWh, des parcs
PV au sol de plus grande taille représentent
un coût de production de 10-11c€/kWh,
près du seuil supérieur de 9c€/kWh pour le
réacteur nucléaire EPR.29
Par conséquent, seul un choix collectif
d’investir dans les énergies renouvelables,
associé à la rénovation des immeubles, aura
du sens économique et créera des marchés
pour les PMEs locales. Ceci nécessiterait la
création d’un mode d’investissement régional
dédié aux énergies renouvelables. Alors que le
débat national sur la transition énergétique
fait déjà des recommandations sur le
financement de l’initiative, la région devrait
accélérer la création d’un modèle de tiersinvestisseur, afin de lever des financements
publics et privés pour des projets collectifs
de rénovation comprenant les énergies
renouvelables (§ 5.3.8 Créer une société de
services énergétiques agissant comme tiersinvestisseur dans les contrats de performance
énergétique).
5.2.8 Définir une stratégie
d’exportation pour la production
des énergies renouvelables et la
logistique
D’après des données de 2007, le secteur
des énergies propres en France affichait
un bilan commercial positif net, avec des
importations s’élevant à 8.7€Md, et des
exportations à 12md€. Ce même secteur en
Europe présentait également un bilan net
positif (importations: 61.6md€; exportations:
70.2md€). Il existe 200 entreprises
françaises enregistrées dans le domaine
http://www.enr.fr/ Étude PV sur l’autoconsommation.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/06/18/
20002-20130618ARTFIG00700-l-industrie-photovoltaique-enfrance-est-au-point-mort.php
28
29
des technologies vertes30, dont 50% basées
en Ile-de-France et en Rhône-Alpes, et
seulement huit entreprises en Nord-Pas de
Calais. L’énergie renouvelable représente-telle une opportunité d’exportation industrielle
pour les PMEs en Nord-Pas de Calais?
Figure 26. Investissements nécessaires pour la période 2011 à 2020
France
Germany
Potentiel commercial d’exportation
109
Italy
Au cours de la prochaine décennie (2011 2020) en Europe, la production de l’énergie
propre nécessitera plus de 508md€, dont
280md€ et 184md€ respectivement pour
l’énergie solaire et celle des éoliennes de
grande taille.
La France prévoit de dépenser 72md€ dans
le domaine de l’énergie renouvelable au
cours de cette décennie. Le Nord-Pas de
Calais lui-même devrait percevoir 7-10md€
pour l’énergie renouvelable et 5-6md€
supplémentaire pour renforcer le réseau.31
72
88
Spain
United Kingdom
93
40
Source: Accenture
Figure 27. La proximité des principaux centres financiers de l’Europe
L’investissement annuel du Nord-Pas de
Calais dans l’énergie renouvelable et le réseau
représentera 1,7% du produit intérieur brut
régional actuel. Une première conclusion
serait que la transition vers l’énergie
renouvelable constitue une opportunité
économique importante, pas uniquement au
niveau régional mais également au niveau
national et européen.
Potentiel financier des importations
D’après une étude récente32, en 2012, les
investissements internationaux en France ont
baissé de 12%, et le pays perd sa position de
leader en Europe en faveur du Royaume-Uni
et de l’Allemagne. Cette baisse est encore
plus sévère en termes d’emploi avec une
chute de 20% par rapport à 2011. Le NordPas de Calais est cependant bien positionné
pour accéder aux places financières majeures
et obtenir ainsi 7 à10md€ d’investissements
pour l’énergie renouvelable. La proximité
de la région avec Londres, Paris et Bruxelles
présente l’occasion d’établir des liens
avec des investisseurs mondiaux et de
commercialiser le potentiel en énergie de la
région. Ces centres financiers fournissent une
part prépondérante des 2 300md€ nécessaires
au développement des technologies propres
partout en Europe d’ici 2020.
En 2012, 76% de la capacité productrice
en ligne en Europe a été financée par les
producteurs d’énergie, alors que 14% de
la capacité en ligne annuelle a été pris en
charge par les services financiers. Si les
producteurs locaux manquent de capacité
à investir localement, les investisseurs
financiers, coordonnés par la région,
pourraient augmenter leur engagement.
Accenture Research 2013,International Centre for Trade and
Sustainable Development 2008; NREAP; REPAP202
30
Accenture Research 2013, Carbon Capital 2011; NREAP;
REPAP2020
32
Les Echos, 4/6/2013
31
37
Potentiel industriel éolien en mer et
potentiel d’exportation de la chaîne
logistique
Figure 28. Potentiel éolien en mer en France
Dans le cadre du projet existant de
développement de l’offshore en France, il
est prévu d’installer 200 éoliennes au large
des côtes françaises. Une phase ultérieure
du projet, avec pour objectif d’installer un
potentiel de production de 1GW, devrait
attirer entre 3,5 et 4,5md€ d’investissement.
Pour cette deuxième phase des installations
éoliennes offshore, les turbines et les
composants en mer représenteront 2 à
2,5md€ d’investissement sur une période de
5 à 7 ans. Selon les objectifs 2012 des plans
d’action nationaux en matière d’énergies
renouvelables (NREAP), la France doit encore
se doter de 667MW de capacité, alors que la
Belgique est en retard de 123MW.
Sa proximité géographique avec les
principaux investissements réalisés en
matière d’éoliennes en mer dans le nord de
la France, au Royaume-Uni et en Belgique
pourrait permettre à la région de devenir un
centre de production. Pour 2013-14, il existe
18GW de projets sous contrats partout en
Europe, dont seulement 1% est en France et
4% en Belgique.33 De ce fait, la région doit
s’attendre à une croissance élevée entre 2015
et 2020, ce qui représente une opportunité à
très court terme.
D’ici 2020, le Nord-Pas de Calais peut
valoriser son pouvoir industriel régional
afin de réussir ses projets régionaux.
Les ports principaux du Nord-Pas de Calais
relient la région aux chaînes logistiques
mondiales, ce qui présente des opportunités
pour rejoindre la chaîne de valeur de l’énergie
propre. Dunkerque, le 20ème port européen,
a représenté 42 980 tonnes de fret en 2011.
Mais, en combinant leurs capacités, les
ports du Nord-Pas de Calais représentent
le troisième port français après celui de
Marseille et du Havre.34
Dans tous les projets éoliens en mer en
Europe, on compte 18GW de projets
approuvéspouruntotalde35-50Md€de
composants et de systèmes ENR. Pour les
seules années 2013 et 2014 en France, les
composants et les systèmes nécessaires pour
les projets éoliens en mer sont estimés à
3 à 5md€, en plus des services spécialisés
estimés à 0.5md€. Le Nord-Pas de Calais peut
s’appuyer sur:
Source: Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie
Les industries de la région devraient essayer
de prendre la position de leader dans la
logistique éolienne en mer en France et audelà en s’en servant comme un atout clé dans
le développement de sa propre capacité de
production.
• Comment fusionner ces plans?
5.2.9 Assurer une consultation et
un soutien politique
• Comment les décisionnaires de la région
peuvent-ils soutenir cette démarche
stratégique au-delà de la frontière
régionale, en mettant en avant son
potentiel inter-régional au niveau
national ou européen?
L’émergence rapide de nouveaux emplois
et d’investissements en technologie verte
seront décisifs pour l’obtention d’un soutien
politique. Ce soutien croîtra si les impacts
sociaux et en termes d’emploi du pilier
Energies Renouvelables sont positifs et
tangibles.
• sa proximité des centres financiers
internationaux.
Dunkerque Promotion, une agence de
développement économique, est le pilote
régional de WINDUSTRY Nord-Pas de Calais
pour le Syndicat des Énergies Renouvelables
et anime, à ce titre, une démarche
d’identification et de promotion des
compétences industrielles dans cette région.
Comme le préconise l’Institut Fraunhofer,
cette initiative nécessite un soutien politique.
Un dialogue direct entre les référents locaux
en technologie propre, les PMEs, WINDUSTRY,
et les acteurs clé de la sidérurgie, sous l’égide
de la Région, devrait s’instaurer afin de
comprendre les points suivants:
Le ministre de l’Écologie, du développement durable et de
l’énergie, Accenture Research 2012 ; NREAP, EWEA, 2012
• Quels sont leurs plans industriels actuels
pour l’énergie éolienne, terrestre et en mer,
et le PV?
• son industrie sidérurgique et ses
infrastructures maritimes,
• les investissements nationaux et européens
en ENR,
33
M. Philippe Vasseur, May 2013
34
38
• Sur quel élément de la chaîne de valeur
peuvent-ils s’accorder?
• A quel appel d’offre national ou
international devraient-ils répondre?
5.2.10 Projet phare dans les
immeubles non résidentiels
L’Institut Fraunhofer propose les types de
projets phares potentiels suivants:
• l’Initiative « Photovoltaïque pour les
immeubles commerciaux et publics”
visibles en centres villes,
• l’Initiative « Parc photovoltaïque au sol »
dans le cas où les friches industrielles sont
trop polluées pour être traitées (par phytorémédiation) et où le parc n’engendre pas
de conflit dans l’utilisation du terrain. A
Tour-Rosières, en 2012, la centrale PV la
plus importante d’Europe (115 MWc) a été
mise en opération sur une ancienne base
militaire,
• L’initiative « Chauffage urbain avec
production combinée de chaleur et
d’électricité basée sur le biogaz et Énergie
solaire thermique”.
5.2.11 Récapitulatif des initiatives
Initiatives
Ainsi, la région est dotée d’atouts naturels
pour la production d’énergies renouvelables.
Les initiatives proposées dans le cadre de ce
Master Plan doivent permettre d’en optimiser
la production. Le pilier suivant « Faire des
bâtiments des microcentrales électriques »
montre comment la transformation du parc
immobilier et de l’environnement urbain ou
industriel permet de développer la production
et l’utilisation efficiente de ces énergies
renouvelables, tout en prenant appui sur les
spécificités de la région.
Produire de la biomasse le long des voies terrestres
5.3 Pilier 2: Les bâtiments
producteurs d’énergie
Le deuxième pilier de la Troisième Révolution
Industrielle consiste à rendre le patrimoine
immobilier de la région producteur d’énergie.
Ce faisant la production d’énergie est
rapprochée de l’utilisateur final. Dans ce
chapitre nous allons décrire comment,
au-delà des bâtiments, la région elle-même
peut devenir productrice nette d’énergie et
contribuer à la promotion et à la préservation
d’une Vallée de la Biosphère.
Rendre les bâtiments producteurs d’énergie
consiste à combiner:
• la réduction de consommation d’énergie,
grâce à l’isolation thermique des bâtiments
et des systèmes de ventilation double-flux.
• la production d’énergie, grâce à
l’utilisation des toits et peut-être des
façades des bâtiments pour générer de
l’électricité photovoltaïque (PV), de la
chaleur avec des systèmes solaires et
potentiellement d’autres systèmes comme
la cogénération (combined heat and power
system, CHP), des corps de chauffe de
type Qarnot Computing ou des pompes à
chaleur.
L’effort nécessaire à la réalisation de ce type
de « bâtiments à énergie positive » dépend
beaucoup de la performance initiale du
bâtiment: construction ou rénovation récente,
maison individuelle, logement collectif ou
local commercial, emplacement ensoleillé
ou non, densité de bâtiments à proximité
impactant l’ensoleillement, etc. La solution
optimale pour chaque transformation de
bâtiment doit être identifiée par l’équipe
projet (architectes, planificateurs, entreprises
et sous-traitants) sur la base de calculs et de
simulations approfondies afin d’en déduire
la performance énergétique qu’il est possible
d’atteindre.
Si les technologies sont connues et ont
fait leurs preuves, le véritable défi pour
ce pilier repose sur la motivation des
propriétaires du bâtiment et le financement
des investissements. En cela la région a un
rôle clé à jouer pour mener des initiatives à
grande échelle.
A court
terme
(3-5 ans)
Définir une stratégie d’exportation pour la production des énergies
renouvelables et la logistique
Faciliter la mise en place de coopératives solaires
Créer un cadastre solaire fondé sur l’accès libre aux données
Projet phare dans les immeubles non résidentiels
A moyen
terme
(5-10 ans)
Mettre en place des modèles d’investissement pour soutenir la production
des énergies renouvelables et son utilisation
Promouvoir l’autoconsommation
Exploiter le potentiel éolien et foncier des voies de transport terrestre
5.3.1 Ambition régionale
• la typologie des logements à rénover,
Le contexte régional en ce qui concerne les
bâtiments se caractérise par les éléments
suivants:
• l’importance des opérations pour chaque
type de bâtiment,
• le besoin très important de rénover un
grand nombre de bâtiments,
• des objectifs et éléments de planification
existants (Plan Climat Territorial, schémas
régionaux,…),
• des partenaires publics et privés déjà
impliqués dans la rénovation des
bâtiments,
• plus de 16 000 friches disponibles à la
réhabilitation,
• le développement simultané d’usages
multiples sur un seul site,
• la nécessité d’une conduite du
changement pour d’impliquer les résidents.
Dans ce contexte, l’ambition de la région est
triple:
• atteindre l’objectif du Facteur 4 en ce qui
concerne les émissions de CO2 d’ici 2050,
• atteindre un équilibre énergétique positif
net d’ici 2050 pour le patrimoine bâti
et les infrastructures correspondantes, à
l’exception des bâtiments industriels,
• être force de proposition et d’action,
tout en respectant les différences et
l’autonomie des collectivités locales.
Les propositions pour atteindre ces objectifs
sont détaillées dans les paragraphes
suivantes.
5.3.2 Etablir des objectifs de
rénovation par un inventaire
détaillé
Les acteurs régionaux du secteur de la
construction, surtout les PMEs, impliqués
dans le groupe de travail sur les bâtiments,
demandent des objectifs de rénovation
détaillés. Ils veulent connaître sur une échelle
régionale:
• l’ensemble des technologies de rénovation
qui doivent être mises en œuvre sur
chaque opération,
• les priorités régionales,
• les objectifs précis en termes de niveau
de rénovation et de planification pour les
prochaines décennies.
Ce sont les propriétaires qui décident in fine
quels travaux de rénovation engager, dans
la limite du respect des réglementations
locales (règlement d’urbanisme, permis). La
région doit donc donner le ton et traiter les
données existantes de construction pour
pouvoir déterminer la direction à suivre
conformément à l’objectif général d’efficacité
énergétique: arriver pour les bâtiments à
être neutre en énergie à l’horizon 2050.
Sur la base de ces objectifs détaillés, les
urbanistes, les architectes, les propriétaires,
les entrepreneurs, les promoteurs et les
maires seront capables de transformer les
objectifs en plans d’action. La définition et le
partage de cette direction sont nécessaires
pour permettre aux entrepreneurs de former
leurs employés aux compétences spécifiques
requises pour la rénovation thermique.
5.3.3 Massifier les projets par
fertilisation croisée
La région n’est pas seule dans l’évolution
vers l’efficacité énergétique. La Région et
l’ADEME ont encouragé l’élaboration des
PCT et poussé les territoires à élaborer
leur propre stratégie. Aujourd’hui d’autres
autorités locales (communauté de communes,
communes) font avancer leur agenda et
leurs plans (Plans Climat Territoriaux).
La région devrait contrôler et enregistrer
activement et continuellement les initiatives
émergeant du terrain afin d’identifier des
synergies financières et techniques entre les
projets et de les associer. Le rôle de liaison
et de fertilisation croisée avec les idées des
Plans Climats est essentiel pour l’Internet
de l’énergie: il concerne à la fois l’écologie
39
industrielle (par ex. la combinaison d’une
piscine et d’une centrale de cogénération
biomasse) ainsi que des synergies à grande
échelle (par ex. le « Power-to-gas » et les
besoins en chauffage de la population). Il
constitue un élément clé pour stimuler l’effet
des projets sur des réseaux de distribution
multiples et permet d’investir dans d’autres
piliers.
Un ingénieur spécialisé dont le travail
est défini par l’ADEME comme étant un «
économiseur de flux » devrait travailler à
plein temps pour une ville de plus de 10
000 habitants: sa capacité à générer 10%
d’économies sur le facteur d’énergie de
la municipalité rembourse aisément son
salaire. Pour des villes plus petites, son rôle
serait légèrement différent: en tant que «
conseiller en économie partagé », comme la
Région et l’ADEME l’ont déjà fait auprès de
plusieurs territoires, son temps et son coût
devraient être partagés entre plusieurs villes,
et favoriser de nouveaux marchés pour les
PMEs locales.
5.3.4 Créer un label régional de
formation « projet 104 »
Les experts du secteur demandent un label
de formation de qualité, délivré par la région,
qui implique une obligation de résultat
pour le travail de rénovation effectué, en
particulier par les PMEs. Des analyses plus
détaillées doivent être menées pour préciser
si le formateur, l’apprenti et l’entrepreneur
devraient être certifiés. L’objectif du label est
d’apporter une garantie et un contrôle de la
réalisation des travaux de rénovation. Des
travaux mal réalisés réduisent l’efficacité,
avec une consommation d’énergie au-delà
de la limite des 104 kWh/an/m² définie par
le label de rénovation BBC (Bâtiment Basse
Consommation).
La région est pleinement autorisée à agir sur
la certification de formation professionnelle,
ce qui constitue un élément clé de ses
responsabilités actuelles. Au-delà de cela,
comme dans le cas d’un Bilan Carbone®, la
formation est obligatoire pour faire un audit
GES en respectant cette méthode. Le label
apporte d’autres avantages:
• il crée un capital de marque pour une
région réputée comme étant la plus froide
du pays
• il crée un mécanisme pour relier la
rénovation de l’efficacité énergétique
et les compensations fiscales (voir
§5.3.9 Soutenir les entreprises locales
dans la construction ou la rénovation
environnementale de bâtiments par le
crédit d’impôts)
Ces deux avantages engendrent une création
d’emplois supplémentaires dans la région:
les professionnels certifiés des PMEs locales
garantissent à leurs clients une déduction
fiscale qui ne peut être proposée par les
40
entrepreneurs non certifiés, et ils pourront au
final exporter leur savoir-faire au-delà des
frontières régionales sous l’appellation de
qualité du label.
5.3.5 Lancer un programme
de rénovation des bâtiments à
grande échelle: le projet Zen-eVille
La région Nord-Pas de Calais a déjà un plan
ambitieux, appelé « Plan 100 000 logements
», destiné à la rénovation thermique des
bâtiments. La priorité du programme est
de rénover les logements construits avant
1990 pour qu’ils consomment peu d’énergie
et contribuent à l’objectif du Facteur 4 du
SRADDT. Le plan vise à en rénover 100 000
d’ici 2015 et de mettre en place, d’ici 2050,
un programme de rénovation de 1 400 000
maisons du Nord-Pas de Calais aujourd’hui
considérées comme étant anciennes, c’est-àdire construites avant 1990.
La Troisième Révolution Industrielle propose
d’aller plus loin et d’augmenter le taux de
rénovations/nouvelles constructions, tout en
tirant profit des autres piliers de la Troisième
Révolution Industrielle tels que le l’Internet
de l’énergie et l’Internet des transports et
de la logistique. L’approche générale a pour
but de faire travailler les PMEs locales,
les ressources et les compétences locales
(humaines et matérielles). La formation
des jeunes aux aspects techniques et
entrepreneuriaux de la rénovation des
bâtiments doit être une priorité locale. Le
projet Zen-e-Ville commencera sur une
petite échelle pour « apprendre sur le tas »
en développant les synergies entre les piliers
de la Troisième Révolution Industrielle (y
compris la sensibilisation des personnes). À
terme, l’objectif est de le déployer à grande
échelle. Les logements concernés par le Plan
100 000 Logements pourraient faire partie de
l’initiative. En d’autres termes, le programme
Zen-e-Ville apportera de la valeur ajoutée au
« Plan 100 000 Logements » en apportant la
contribution des autres piliers de la Troisième
Révolution Industrielle.
Le concept phare de Zen-e-Ville
Les contributeurs du Master Plan ont convenu
qu’un programme de rénovation à grande
échelle était le premier pas vers la Troisième
Révolution Industrielle. Cette initiative,
baptisée « Zen-e-Ville », consiste en un
appel à projets public pour la rénovation de
bâtiments proches de friches industrielles
et d’anciennes mines, en tirant parti du
matériau bois, de la réhabilitation de la
biosphère, tout en développant des usines
du futur. Le but de cette initiative est d’être
un projet phare, qui prouve la validité de
plusieurs aspects de la Troisième Révolution
Industrielle: le modèle économique, le
financement coopératif, la formation sur site
pour les étudiants et les professionnels, la
communication et un centre d’informations
où les particuliers peuvent obtenir des
informations et des conseils pour leurs
objectifs de rénovation. L’objectif est
donc d’expliquer non seulement la partie
technologique relative à l’utilisation des
bâtiments producteurs d’énergie, mais aussi
le modèle économique et organisationnel
pour communiquer et exporter le concept à
d’autres projets ou d’autres lieux.
Innovation = rénovation à une échelle
appropriée + contrat de performance
énergétique + financement et
logistique coopératifs
A court terme, le projet Zen-e-Ville vise
à rénover 600 bâtiments de tout type
d’utilisation finale. Tous les bâtiments
rénovés seront gérés dans le cadre d’un
contrat de performance énergétique. La
rénovation utilisera des matériaux produits
localement, surtout du bois en provenance
des forêts avoisinantes. Le transport des
biens et des personnes vers les zones
Zen-e-Ville sera optimisé et géré grâce à
l’Internet Logistique (voir § 5.6.5 Créer le
premier Internet Logistique, pour la région
mais également au-delà des frontières). Des
bâtiments commerciaux seront regroupés
dans une centrale électrique virtuelle (CEV)
qui fournira de l’énergie au réseau intelligent
local. L’autofinancement brut annuel des CEV
devrait coûter 50 millions d’euros.
L’investissement initial viendra de la région,
mais l’objectif est d’attirer des investisseurs
privés (petits, industriels et institutionnels).
une entité de financement coopératif
dédiée sera créée, grâce à des fonds
régionaux attribués sous condition de
résultats de performance énergétique.
L’analyse de rentabilité doit reposer sur:
• une revalorisation du foncier et une
promotion immobilière ;
• une production et des économies
d’énergie;
• un approvisionnement, une main d’œuvre,
une formation et un financement au
niveau local.
L’usine du futur
L’Internet a donné le pouvoir au peuple
en mettant entre ses mains l’accès à
l’information: non seulement les régimes
autocratiques tentent de contrôler l’Internet,
mais même les journaux classiquement
distribués de manière centralisée souffrent
de la concurrence des milliers de blogueurs
en ligne. La Troisième Révolution Industrielle
déplace la production de l’énergie mais aussi
la production matérielle dans les mains de
milliers de PME. Cette redistribution des
actifs de production est à l’origine d’un
nouveau modèle économique: le
capitalisme distribué.
La diminution rapide du coût de la
transmission de données est déjà une
réalité: alors qu’il y a 10 ans, une minute
de communication mobile coûtait 0,34€,
aujourd’hui un abonnement mobile illimité
coûte seulement quelques euros par mois. De
même, la diminution rapide du coût marginal
des énergies renouvelables en Allemagne crée
des distorsions sur le marché de l’énergie, à
l’origine de prix négatifs en France.
De manière similaire, l’impression 3D
combinée avec l’Internet de l’énergie et des
données est en train de révolutionner les
moyens de fabrication avec l’introduction de
ce que nous appelons l’usine du futur.
Bien que le concept de 3D-impression a
déjà été introduit (§ 5.1.5 Démocratiser la
production), l’usine de demain bénéficie de
plusieurs percées économiques, extrêmement
séduisantes pour les PME:
• Le coût de l’énergie et des matériaux de
fabrication est réduit de 90%,
• Le coût de la qualité est réduit grâce à
des procédés de fabrication entièrement
automatisés,
• L’investissement initial pour l’équipement
de fabrication est beaucoup plus faible et
permet de produire des séries beaucoup
plus petites,
• Les coûts de transport diminuent: c’est
l’usine qui est transportée au cœur
des marchés, et non plus les produits
manufacturés qui sont transportés vers
les consommateurs. La production est
relocalisée là où le marché est, et non plus
délocalisée là où la main-d’œuvre est la
moins chère.
Le modèle économique qui accompagne
l’usine du futur est la coopérative. Puisque
les petits acteurs dispersés sur les marchés
peuvent profiter de davantage de flexibilité
en matière de fabrication, ils peuvent
coopérer dans la production de petites séries
bien adaptées aux besoins locaux. Un moteur
supplémentaire vers le modèle coopératif à
l’avenir est la convergence vers ce modèle
actuellement observé dans le secteur de la
production énergétique:
• Les coopératives dans l’agriculture
connaissent un nouvel élan, notamment
en ce qui concerne l’Agriculture
Communautaire, connue en France sous
le concept Associations pour le Maintien
d’une Agriculture Paysanne (AMAP),
• La coopérative dans le secteur bancaire
et de l’assurance est aussi une longue
tradition qui s’exprime au sein des banques
et des assurances mutuelles (exemple
local: le Crédit Mutuel du Nord),
• La forme coopérative est très fréquente
dans le logement (95% du logement
résidentiel privé à Paris sont des
coopératives), mais ce n’est pas le cas de
la majorité des logements privés dans le
Nord-Pas de Calais,
• La coopérative dans le secteur de la
construction est également un modèle
éprouvé (ex: Union Technique du
Bâtiment),
• Les coopératives logistiques sont des
agents clé du changement tel que décrit
au § 5.6.4 Revoir l’organisation logistique
de proximité afin de réduire les émissions
de carbone,
• Les coopératives de production
d’énergie renouvelable ont déjà créé
une perturbation massive: en Allemagne
les coopératives de petits propriétaires
privés partagent une plus grande partie
de la production que les producteurs
traditionnels d’énergie centralisée
(exemple local: ENERCOOP en Nord-Pas
de Calais).
La fabrication coopérative est le chaînon
manquant qui va concerner de plus en plus
de PME de la région grâce à l’usine du futur.
L’impression 3D et l’architecture latérale de
la Troisième Révolution Industrielle favorisent
en effet le rôle des PME et des coopératives
de producteurs par rapport aux entreprises
mondialisées, grâce à ce nouveau modèle
distribué et collaboratif de fabrication et de
commercialisation dans la région.
La zone Zen-e-Ville laissera de l’espace pour
la création et la construction de la première
« usine du futur » dans le Nord-Pas de
Calais. Vitrine de la Troisième Révolution
Industrielle, l’usine sera construite selon
des technologies modernes. Les produits qui
seront développés et fabriqués dans cette
usine seront principalement concentrés,
mais pas exclusivement, sur les opportunités
industrielles du Master Plan:
• la plateforme de logistique coopérative
du dernier kilomètre pour le travail de
rénovation en lui-même (§5.6.4 Revoir
l’organisation logistique de proximité afin
de réduire les émissions de carbone)
• la fabrication d’énergie renouvelable (§5.2
Pilier 1: Les énergies renouvelables)
• la fabrication de vélomobiles (§5.6.11
Créer des autoroutes cyclables et stimuler
l’utilisation des vélomobiles)
• la fabrication de technologies ferroviaires
(§5.6.6 Passer au transport sur voies
ferroviaires et voies navigables)
• la fabrication de techniques de stockage
(§5.4 Pilier 3: Le stockage de l’énergie)
Tecnalia et Cloud9 (proposition détaillée en
annexe) décrit plus en détail le concept de
l’usine du futur appliqué au processus de
rénovation. Selon Tecnalia et Cloud9, l’usine
du futur se concentrera initialement sur les
produits, les solutions, et les procédés de
réhabilitation autonome, pour rapprocher les
lieux de production des lieux d’utilisation ; en
commençant avec un ou plusieurs prototypes,
le concept a ensuite vocation à se propager.
Développer la formation et la
sensibilisation
Le projet Zen-e-Ville crée la possibilité
pour les organismes éducatifs régionaux
de développer des programmes scolaires
appropriés au développement de
compétences spécifiques. Ces programmes
proposeront plusieurs niveaux d’expertise
allant des filières techniques courtes (en
dessous du baccalauréat) aux filières de
plus haut niveau (master et doctorat). Ces
formations seront reconnues et certifiées
par la région. La région encouragera les
équipes du projet, en rassemblant les
professionnels du secteur du bâtiment et
les jeunes apprentis impliqués dans les
cours spécifiquement développés dans les
universités régionales. Zen-e-Ville propose
un champ unique pour l’apprentissage de
technologies modernes et de contrats de
rénovation de bâtiments, mais aussi pour le
développement de l’expertise régionale et son
exportation à terme, créant ainsi des emplois
au niveau local.
Enfin, Zen-e-Ville sera un endroit de
sensibilisation, où les professionnels, les
particuliers et même les touristes pourront
obtenir des informations et des conseils de
spécialistes:
• des informations pour les propriétaires
sur les raisons de rénover leur maison, les
avantages tirés de cette rénovation, les
coûts et les soutiens financiers ainsi que
les techniques utilisées,
• la motivation et la formation des artisans
qui effectuent la rénovation en les
informant des avantages commerciaux de
la rénovation thermique, en donnant des
supports d’informations pour leurs clients
et en proposant des formations.
La région peut envisager d’organiser deux
évènements annuels (un destiné aux
professionnels, et l’autre pour les particuliers)
afin de communiquer sur les résultats du
projet et ainsi positionner la région comme
un leader ce type d’innovation.
41
En ce qui concerne la faisabilité du projet,
nous pouvons considérer que:
La planification et la conception de
plans de rénovation à grande échelle
• les friches industrielles régionales
et la proximité des forêts créent
des opportunités pour expérimenter
et développer un modèle pour des
programmes de rénovation à grande
échelle.
Le programme de rénovation doit être
anticipé et planifié. Une première phase de
diagnostic identifiera le potentiel d’efficacité
énergétique et établira des priorités pour faire
les bons choix de rénovation, selon le cycle
de vie du bâtiment (mutation, extension,
rénovation des façades et des toits). La
phase de planification vise à optimiser les
investissements et l’efficacité énergétique
dans le programme de rénovation. Il est
nécessaire de penser aux coûts totaux,
notamment à la déconstruction.
• le modèle économique a déjà fait ses
preuves et repose principalement sur la
valorisation du territoire à long terme.
Le modèle coopératif de financement et
d’autofinancement assure la durabilité du
modèle économique.
• un tel projet est techniquement faisable,
mais il est nouveau de par son échelle et
son ambition, ainsi que l’attention portée à
la rénovation.
• le soutien des autorités locales est
essentiel pour réussir.
D’ici 2017, 600 bâtiments seront rénovés
dans les friches industrielles et les anciennes
mines, en utilisant des matériaux locaux et
fabriqués par des professionnels et apprentis
de la région. La rénovation sera partiellement
autofinancée grâce aux économies d’énergie
et aura pour résultats une création immédiate
d’emplois auprès des PMEs.
D’ici 2050, Zen-e-Ville sera une marque
connue au niveau national pour ses
programmes de rénovation des bâtiments
et aura été copié en France et en Europe.
La région Nord-Pas de Calais exportera son
expertise et sa main d’œuvre formée dans les
PMEs régionales.
Figure 30. Rénovation de bâtiments
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
42
La phase de diagnostic est une condition
préalable aux programmes de rénovation
dans la région. La rénovation doit alors être
considérée de façon cohérente, en prenant
en compte les différentes échelles d’action:
les bâtiments, les quartiers ou les communes.
Selon Stefano Boeri Architetti, différents
modèles de conception peuvent être choisis
selon l’échelle prise en compte. Les bâtiments
jouent alors plusieurs rôles, comme expliqué
ci-dessous.
À l’échelle des bâtiments, les leviers à
prendre en compte sont les suivants:
• la production d’énergie à partir de
ressources renouvelables (panneaux
thermiques et photovoltaïques, miniéoliennes, pompes à chaleur, etc.),
• l’amélioration énergétique du revêtement
avec des matériaux naturels et recyclables
(fibres de bois, liège, fibres de cellulose,
etc.),
• l’excès d’énergie produit doit être partagé
avec d’autres bâtiments.
Figure 29. Concept du bâtiment à énergie positive
Energie Produite Bâtiment
accumulation
surplus d’énergie
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
Réseau Intelligent
distribution d-énergie
À l’échelle d’un quartier, le bâtiment joue
un rôle proactif pour l’espace public:
• l’amélioration des qualités esthétiques des
bâtiments,
• la réactivation des espaces publics.
Figure 31. Rénovation de quartiers (« Île »)
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
À une échelle plus large, commune ou une
ville, l’espace public joue un rôle proactif
mettant à contribution les bâtiments
environnants:
• les bâtiments publics en tant que
prototype pour le quartier,
• les bâtiments publics avec différentes
fonctions (start-up, pépinière d’entreprises,
maison de la communauté).
Figure 32. Rénovation de communes (« Archipel »)
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
43
La planification de la production
énergétique pendant la phase de
conception des bâtiments
Figure 33. Exemple de planification des profils de demande en énergie pour une tour résidentielle
de 34 étages certifiée ASHRAE 90.1: 2010 – Adrian Smith + Gordon Gill architecture
Selon le cabinet d’architectes Adrian Smith
+ Gordon Gill, la production d’énergie ne
peut pas et ne doit pas être développée
séparément de la conception des bâtiments.
De même, la conception des bâtiments
ne devrait pas progresser sans prendre en
compte les infrastructures. Par exemple, la
conception solaire passive peut déterminer
l’orientation des bâtiments à construire.
Pour maximiser le potentiel de production
énergétique solaire et surtout éolienne, la
meilleure orientation peut être différente.
Un compromis entre les deux objectifs sera
nécessaire. Le meilleur sera trouvé par une
modélisation. Une conception passive et une
planification bien pensée sont essentielles
pour réussir. Le bâtiment Masdar HQ, illustré
ci-dessous, était efficace à 85% environ
(rapport entre la surface brute et la surface
construite). Il a été conçu en comprenant
parfaitement la relation à double sens
existante entre le bâtiment et le service
public (eau, électricité, gaz, etc.) au premier
plan des priorités.
Les stratégies du service public devraient être
décentralisées pour permettre une évolution
par étapes, une évolutivité (par la modularité
et la flexibilité) et une production d’électricité
à l’échelle du bâtiment.
La stratégie par étapes doit soutenir la
stratégie immobilière et la stratégie de
développement de l’infrastructure. En ce
qui concerne le bâtiment Masdar HQ, sa
conception avait à l’origine été effectuée
pour que le système photovoltaïque du toit
puisse commencer à fournir de l’électricité au
réseau même avant que le reste du bâtiment
ne soit construit. Ce genre de construction de
bâtiments par étapes devrait être envisagé,
lorsque cela est possible.
Parallèlement à la conception permettant
de maximiser la production électrique,
les concepteurs s’intéresseront aussi à la
réduction du pic de demande pour atteindre
une meilleure efficacité de production
électrique (la puissance fournie est optimisée
pour les besoins de base, et elle est presque
toujours moins efficace et plus coûteuse
pour atteindre le pic de demande). Parmi
les techniques rentables, on compte le
stockage thermique en été: de l’eau fraîche
est produite pendant la nuit avec l’énergie
produite en heures creuses pour la refroidir
jusqu’à une température plus basse que celle
de l’eau fraîche normale distribuée, avant
d’être stockée dans des réservoirs isolés et
distribuée pendant la journée lorsque la
demande est plus importante. Inversement,
l’eau chaude peut être produite et stockée
pendant les heures creuses pendant l’hiver,
puis utilisée pendant les heures de pointe
afin de répondre à la demande. Une autre
44
technique intéressante est la création de
systèmes et de bâtiments intelligents reliés
directement au réseau énergétique pour être
certain que la demande en heures de pointe
est uniformisée. Il peut s’agir de technologies
simples comme des appareils électroménagers
(sèche-linge, lave-vaisselle, etc.) réglés pour
fonctionner lorsqu’ils reçoivent un signal leur
indiquant quand les tarifs d’heures creuses
s’appliquent, mais aussi des systèmes pour les
bâtiments qui négocient les tarifs de l’énergie
en temps réel avec le fournisseur en se basant
sur la demande prévisionnelle.
La prise en compte d’un système
énergétique régional intelligent
multisectoriel à Zen-e-ville
Le projet Zen-e-Ville doit être ambitieux et
adopter une approche holistique: en rénovant
les bâtiments, la production énergétique
doit être planifiée tout comme la gestion
énergétique.
La région doit mettre en place un
système énergétique régional intelligent
multisectoriel. Il s’agit d’un réseau intelligent
où plusieurs vecteurs énergétiques
(électricité, gaz naturel, hydrogène, chaleur,
…) sont gérés de façon cohérente aussi bien
au niveau de l’infrastructure physique qu’au
niveau de la chaîne d’approvisionnement en
énergie. Les utilisateurs finaux sont engagés
activement et l’intégration des sources
d’énergies renouvelables peut être effectuée à
grande échelle.
Cette solution holistique tirerait parti des
différents piliers de la Troisième Révolution
Industrielle et des différents contributeurs
industriels: Schneider Electric, ERDF et
Alstom. Zen-e-Ville serait le premier endroit
à mettre en place ce système, qui pourrait
être ensuite copié à d’autres endroits. La
solution serait conçue de façon à ce qu’elle
propose un confort sans compromis et que
les consommateurs soient encouragés à
participer à des programmes axés sur la
demande. Ce système serait évolutif pour
qu’il soit compatible avec les développements
qui surviennent dans le domaine des réseaux
intelligents à l’échelle internationale.
Il donnerait à la région de nombreux
avantages: atteindre ses objectifs en termes
de durabilité ou encore agir en tant que
pépinières d’entreprises pour un tout nouveau
secteur axé sur les systèmes énergétiques
intelligents.
Cette solution nécessite plusieurs types
d’expertise, qui fait appel au management
de projets menée par un consortium
d’entreprises spécialisées dans les réseaux
intelligents, le stockage, la distribution
d’électricité, etc.
La solution proposée se base sur huit blocs de
bâtiments interconnectés décrits ci-dessous.
Ces bâtiments devraient être conçus de façon
à ce qu’ils puissent être utilisés pour créer des
réseaux intelligents multisectoriels à partir
de zones résidentielles, commerciales ou
industrielles.
Cela permettrait de créer un réseau
intelligent de bâtiments mixtes dans lequel
la flexibilité des structures de l’offre et de la
demande des différents types de bâtiments et
des différentes usages pourrait être exploitée
pour maximiser la création de valeur dans le
système d’énergie intelligent.
Sources d’énergie renouvelable
Les sources d’énergie renouvelable sont
incorporées à la conception. Avec les
opportunités fournies par les programmes
d’efficacité énergétique et les changements
de l’infrastructure (locale) de l’énergie, elles
entraînent une transformation fondamentale
dans la production et la consommation
énergétiques. Il est probable d’un certain
nombre de sources d’énergie renouvelable
sera inclus, en fonction de leurs possibilités
pour la région Nord-Pas de Calais: fermes
éoliennes à grande échelle, biomasse,
panneaux solaires résidentiels et pompes
à chaleur électriques. De plus, le profil
géoéconomique de la région (un nombre
assez important d’industries lourdes associé
une haute densité de population) peut
permettre la création de zones de chauffage
pour la commune, où la chaleur résiduelle
provenant des zones industrielles est utilisée
pour fournir de nouveaux services de
confort aux utilisateurs finaux résidentiels.
Indépendamment du mix final des sources
d’énergie renouvelable, la conception du
système permettra l’intégration de plusieurs
solutions pour s’assurer qu’il peut être adapté
à des endroits où un autre mix pourrait
constituer une solution techniquement ou
économiquement plus viable.
Appareils et dispositifs intelligents
Les bâtiments compris dans le projet
seront équipés de plusieurs appareils et
technologies intelligentes supplémentaires,
comme la micro cogénération35, les pompes
à chaleur hybrides ainsi que les lavevaisselle, les machines à laver, les glacières,
les congélateurs et les véhicules électriques
intelligents. Le nombre d’interactions prévu
de l’utilisateur final avec l’appareil sera un
facteur principal pour décider si les nouveaux
appareils ou les appareils existants rénovés
seront utilisés. Les appareils et les dispositifs
seront choisis de façon à ce que l’aspect
multisectoriel du système énergétique
intelligent puisse être démontré efficacement.
La micro cogénération est un moteur thermique (centrale
électrique) qui fournit toute la puissance nécessaire à un bâtiment
individuel: chauffage, ventilation, air conditionné, énergie
mécanique et puissance électrique. C’est version à plus petite
échelle de schémas de cogénération qui ont été utilisés avec des
centrales électriques à grande échelle.
35
http://www.dnvkema.com/news/articles/2011/
ResultsPowerMatchingCitysmartgridimplementation.aspx
36
Stockage de l’énergie
Plusieurs formes de stockage seront intégrées
à différents niveaux afin d’assurer le
confort et la sécurité d’approvisionnement
pour l’utilisateur final. DNV KEMA prévoit
divers types de stockage d’énergie dans le
projet, examinés séparément (consulter la
proposition détaille en annexe). Les modèles
validés de DNV KEMA révéleront la meilleure
combinaison de ces solutions de stockage
pour atteindre les niveaux requis d’intégration
d’énergie renouvelable tout en maintenant
le confort et la sécurité d’approvisionnement
pour l’utilisateur final. Plusieurs scénarios
futurs devraient être analysés non seulement
pour déterminer la meilleure solution pour
la région, mais aussi pour envisager la façon
dont cette solution peut être améliorée
pour garantir une configuration évolutive
reproductible.
Infrastructure de mesure intelligente
(Smart Metering) et système de
gestion domotique de l’énergie
Le réseau d’électricité existant dans la
zone passera à une infrastructure d’énergie
intelligente (§ 5.5.3 Être la première région
à déployer des compteurs intelligents à
grande échelle). Une infrastructure de
mesure avancée (Smart Metering) avec des
communications bidirectionnelles, permettant
un monitoring local et un contrôle des
appareils ménagers intelligents, sera installée
dans la zone. En outre, les détecteurs et
les mécanismes seront mis en place pour
surveiller l’état du réseau et effectuer la
gestion de la qualité de l’énergie, selon les
besoins.
Un système de gestion domotique de
l’énergie sera installé dans tous les bâtiments
concernés pour gérer l’utilisation de l’énergie
et donner des informations relatives aux
prix aux utilisateurs finaux d’une façon
compréhensible et agréable. Ce système
fournira aussi en temps réel une notification
sonore lorsque la programmation est
modifiée. L’aperçu proposé des schémas de
consommation énergétique est une méthode
réputée pour améliorer l’appropriation et
l’acceptabilité par les utilisateurs dans des
projets de réseaux intelligents, et aide à
atteindre les objectifs de durabilité du projet.
Mécanisme de contrôle
Le mécanisme de contrôle rend possible
la valorisation de la flexibilité offerte par
les différents vecteurs d’énergie du réseau
intelligent multisectoriel au niveau de la
distribution. Il permet de contrôler facilement
les appareils et les dispositifs connectés grâce
à des incitations par les prix, et il prend en
compte les préférences des utilisateurs finaux
exprimés comme des « offres », notamment
des créneaux pendant lesquels ils veulent
planifier la mise en route de leur machine
à laver. Les incitations par les prix peuvent
faire partie d’une stratégie de prix ou résulter
de besoins opérationnels immédiats comme
l’allégement de la charge excédentaire. Les
pertes du réseau peuvent être minimisées en
créant des incitations par les prix favorisant
la consommation locale d’énergie produite
au niveau local. Les données historiques et
de tendances peuvent être incorporées pour
améliorer les prévisions et la planification.
Le mécanisme de contrôle DNV KEMA qui
est utilisé avec succès au sein de Power
Matching City36 sera adapté pour répondre
aux objectifs principaux de la région en ce
qui concerne le projet du réseau intelligent
multisectoriel: maximiser l’utilisation de
sources d’énergie renouvelable, faciliter
la création de services et de produits qui
optimisent la valeur, pour ses parties
prenantes, des différentes marchandises et de
la flexibilité qu’ils proposent, ce qui aide ainsi
à créer un écosystème d’énergie intelligent et
prospère pour les entreprises locales.
Marché de régulation et de
distribution
Les systèmes d’énergie intelligents
multisectoriels sont à la pointe des
réseaux intelligents. Les changements de
réglementation seront nécessaires et les
marchés d’énergie locaux doivent être
créés là où les marchandises peuvent être
commercialisées pour exploiter au maximum
la synergie qui existe entre les différents
vecteurs énergétiques et leurs infrastructures.
Le cadre réglementaire existant pour les
réseaux électriques en France et dans
d’autres états membres de l’UE crée des
obstacles importants au déploiement de
réseaux intelligents. Il faudrait peut-être
développer un cadre réglementaire cohérent
pour l’introduction d’un réseau intelligent
multisectoriel qui permet les investissements
et assure sa viabilité à long terme. Celui-ci
englobe le traitement réglementaire des
investissements dans les TIC et d’autres
investissements spécifiques à long terme,
mais également des changements dans
le système de tarification du réseau: pour
utiliser au mieux un réseau intelligent, les
tarifs doivent récompenser les contributions «
intelligentes » apportées à la stabilité et à la
flexibilité du réseau.
Une gestion active des ressources d’énergie
distribuée nécessite la création d’un marché
de capacités local. Ce mécanisme offre de
la flexibilité et l’optimise afin de résoudre
les contraintes de réseau de distribution à
un coût optimal, tout en intégrant des parts
plus importantes d’énergies renouvelables
et la mise en place de nouvelles applications
électriques (comme véhicules électriques).
Le concept a été représenté dans différents
prototypes impliquant les principaux acteurs
de la chaîne de valeur énergétique (GRD, GRT
et groupements). ERDF fonctionne comme un
marché au niveau d’un micro réseau dans son
projet NiceGrid (§ 5.5.5 Intégrer une centrale
45
électrique virtuelle dans les projets de
rénovation et viser l’autonomie énergétique)
et se dirige vers un déploiement beaucoup
plus important dans le département de la
Vendée. Ce concept pourrait être généralisé
pour prendre en compte d’autres vecteurs
d’énergie et être rendu compatible avec le
mécanisme de contrôle basé sur le standard
des marchés de l’énergie intelligente afin
de l’appliquer à une plus grande échelle,
et le transformer en solution générique,
reproductible et évolutive.
Services intelligents
L’introduction de l’effacement par les
déplacements de charge, les réserves
d’énergie, le stockage énergétique et la
gestion de la production locale donne
de nouveaux moyens pour ajouter de la
flexibilité au système d’énergie et ajuster
les courbes de charge des utilisateurs finaux
reliés au réseau. Un ensemble de services
d’énergie intelligents et génériques seront
créés pour alimenter la création de valeur et
permettent de réduire la charge en période
de pointe, d’assurer l’équilibrage actif et une
gestion prévisionnelle. Les services disponibles
permettront d’écrire plusieurs scénarios,
contribuant ainsi à un système d’énergie
intelligent commercialement viable qui peut
aider à favoriser l’activité économique de la
région.
5.3.6 Lancer un programme
de conversion de friches
industrielles: la « Vallée de la
Biosphère »
Étroitement lié au programme de rénovation
de bâtiments, un programme de rénovation
foncière définira la conversion de friches
industrielles avec 3 objectifs: la conversion et
la valorisation des terres, la déminéralisation
du sol, l’amélioration de la biodiversité et la
génération de la biomasse. Ce programme
de conversion des terres se fera sur des sites
miniers, industriels et des zones urbaines. Par
conséquent, la région Nord-Pas de Calais sera
la première région au monde à développer
une « Vallée de la biosphère ».
Alors que la conversion des friches
industrielles pourrait être considérée comme
un changement et un effort mineurs dans la
dynamique de rénovation de bâtiments, ces
conversions plantent les premières graines
de la Vallée de la Biosphère à l’échelle de la
région. Elles constituent le pas symbolique
vers une économie circulaire: la conversion
de sites industriels désaffectés envoie le
signal que l’empreinte fossile de la première
et de la deuxième révolution industrielle sera
transformée en un atout économique pour
l’économie circulaire. Le lancement d’une
Vallée de la Biosphère consiste à maximiser
l’efficacité thermodynamique qui à son
tour augmente la productivité et réduit
l’empreinte écologique:
46
• La Réutilisation des terres disponibles, le
Recyclage des bâtiments et la Réduction
de l’utilisation des terres (les 3 R de
l’économie circulaire) sont essentiels à
l’efficacité thermodynamique de la Vallée
de la Biosphère,
• Les autres piliers de la Troisième
Révolution Industrielle viendront
compléter le pilier « Bâtiments » pour
former l’infrastructure de productivité de
la Vallée de la Biosphère,
• Le partage de l’espace urbain avec la
biosphère, y compris les plantes, les arbres
et les animaux, apporteront certaines des
ressources locales nécessaires à l’économie
circulaire (bois pour la rénovation des
bâtiments et l’énergie, plantes pour le sol,
l’eau, les engrais et la conservation de
l’air, les animaux et les légumes pour la
production d’aliments biologiques) et de
réduire l’empreinte globale de la Vallée de
la Biosphère.
• Enfin, la conscience de la biosphère et de
sa culture spécifique fait partie intégrante
du concept de Vallée de la Biosphère. La
prise de conscience de la biosphère sera
facilitée non seulement par la présence
visible de la biosphère dans les zones
industrielles et urbaines, mais aussi par la
participation active du système éducatif
dans la promotion de l’apprentissage
par le service (« service learning ») rendu
aux voisins et au-delà du voisinage à la
biosphère elle-même. Les changements de
comportement ultérieurs sont décrits au
§5.3.10 Encourager les changements de
comportement à l’Université et dans les
Lycées pour faire avancer la conscience
collective de la biosphère.
La conversion de mines
La conversion de sites industriels
Le nettoyage d’anciens terrains industriels
via l’utilisation de végétation et de matériaux
biologiques permet de régénérer de grandes
parties du tissu urbain en créant de nouveaux
aménagements et zones vertes publiques. Le
nettoyage biologique se fait petit à petit en
suivant les rythmes biologiques d’essences
spécifiques qui éliminent les polluants grâce
à leurs racines. La dépollution biologique du
sol dure environ 20 ans selon le cycle de vie
de tout le système.
Ce type de conversion permettra à la région
de changer les sites industriels abandonnés
impactant négativement l’environnement,
en zones vertes publiques et en centres de
production de biomasse et d’énergie, comme
le propose Stefano Boeri Architetti.
La conversion de zones urbaines
La végétalisation urbaine peut régénérer et
éviter l’érosion des sols en zones urbaines.
De plus, la végétalisation urbaine peut
être effectuée sur des surfaces verticales et
horizontales favorisant le développement
d’un microclimat urbain selon les cycles de
végétation des plantes.
La Vallée de la Biosphère doit faire partie
du programme de rénovation Zen-e-ville
(§5.3.5 Lancer un programme de rénovation
des bâtiments à grande échelle: le projet
Zen-e-Ville), et elle est essentielle pour
l’un des objectifs de la région: mélanger les
activités résidentielles, publiques, privées, et
commerciales d’une façon équilibrée pour
minimiser l’artificialisation des terres, et
conserver les bassins d’emploi à proximité des
habitations.
Figure 34. Conversion des zones minières
Selon Stefano Boeri Architetti, les mines
de charbon peuvent être converties en
grands parcs de production et de stockage
d’énergie comportant les technologies
avancées capables d’utiliser les sources
d’énergie renouvelable disponibles au
niveau local qui seront ensuite converties en
électricité verte et distribuées sur les réseaux
« intelligents » locaux. Les terrils peuvent être
transformés en zones vertes, contribuant à la
régénération de la biodiversité.
Les terrils peuvent être utilisés comme des
plateformes d’énergie éolienne tandis que les
carrières peuvent stocker de l’énergie hydro
thermique.
Dans le projet de conversion, la région
donnera l’impulsion et les autorisations
administratives (propriété des terres,
classification UNESCO) aux opérateurs
d’énergie qui soutiendront l’investissement.
Le recours aux entreprises locales pour
effectuer les travaux de conversion stimulera
les activités économiques.
Énergie
éolienne
Énergie
hydrothermale
Terril
Carriére
L’exploitation minière donne naissance à la
ville qui fait revivre la mine
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
Figure 35. Conversion de sites industriels
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
Figure 36. Conversion de zones urbaines
Source: Stefano Boeri Architetti & ad lib
47
5.3.7 Développer le solaire
photovoltaïque
Le photovoltaïque doit être un contributeur
important pour les maisons et les communes
à bilan énergétique nul. Étant donné la
tendance des progrès technologiques, une
cellule photovoltaïque en 2030 produira
50% par m² en plus qu’aujourd’hui. Selon
cette hypothèse, MPO Energy (fabricant
français de cellules photovoltaïques) estime
qu’une installation sur toit destiné à un foyer
individuel dans la région Nord-Pas de Calais
peut produire 1000 H/an ou 14 MWh/an, ou
l’équivalent de la consommation électrique
actuelle de deux adultes français sur un an.
Le photovoltaïque peut être un contributeur
net à l’emploi local. La ventilation du coût
d’une installation de toit se fait ainsi:
• 25% pour la cellule photovoltaïque,
• 50% pour le module assemblé,
• 20% pour l’installation,
• 5% pour la connectivité électrique.
Le module assemblé est moins exposé à la
concurrence mondiale vu qu’il doit respecter
les caractéristiques et les réglementations
architecturales régionales pour répondre
aux besoins du marché local. En 2030, la
technologie permettra aux utilisateurs
de choisir la couleur de la cellule, ce qui
renforcera l’importance de la conception
et l’assemblage au niveau local. 70% du
photovoltaïque contribuera ainsi à l’économie
locale, à condition que les compétences et
les capacités d’assemblage et d’installation
correspondent aux attentes du marché.
Les améliorations apportées à la technologie
photovoltaïque devraient rapprocher les
coûts de production d’électricité à partir de
l’énergie photovoltaïque aux prix du marché,
étant donné la baisse du coût unitaire des
systèmes photovoltaïques et l’augmentation
attendue des prix de vente de l’énergie
classique.
Aujourd’hui, une installation de ce type coûte
13,5 k€ pour une capacité de 9 000 Wc, et
moins de 10 k€ en estimant que le coût de
rénovation du toit n’est pas pris en compte.
Une installation avec cette capacité devrait
avoir une durée de vie de 40 ans. En 2030, la
même surface de cellules aura une capacité
de 14 000 Wc, pour un coût s’élevant à 11
k€ à taux de change constant. L’analyse
de rentabilité pour installer un système
photovoltaïque, estimé à 20 à 30 k€ par
maison individuelle, est principalement basée
sur les bâtiments rénovés en profondeur
ou les nouveaux bâtiments. Le coût évité
de rénovation du toit est un facteur clé
de l’économie d’installation de systèmes
photovoltaïques.
Le photovoltaïque présente d’autres
avantages pour l’économie générale
effectuée sur la distribution de l’électricité:
l’autoconsommation réduit le besoin de
renforcement du réseau de distribution
électrique tout en encourageant les
propriétaires de bâtiments et les producteurs
d’électricité à se tourner vers l’efficacité
énergétique. En 2030, selon MPO Energy,
un foyer devrait pouvoir être autonome en
termes d’électricité sans stockage d’électricité
en libre-service dédié:
• le photovoltaïque et les pompes à chaleur
peuvent répondre aux besoins en matière
de chauffage lorsqu’ils sont combinés
à l’isolation thermique et au stockage
thermique dans le sol,
• les réfrigérateurs et les congélateurs de
haute performance peuvent être arrêtés
pendant la nuit étant donné leur capacité
de stockage individuelle,
• les appareils électroniques sont de plus
en plus souvent équipés de leurs propres
batteries,
• les véhicules électriques bénéficieront
de la charge faite dans la journée et se
pourront restituer le surplus d’énergie
pendant la nuit pour l’usage des appareils
électro-intensifs comme les machines à
laver.
L’ordre de grandeur du prix pour équiper 50%
des 1,8 millions de foyers de la région NordPas de Calais avec une installation montée
sur toit sans prendre en compte le coût de
la rénovation du toit est estimé à 8 milliards
d’euros à taux de change constant, sur la
base de coûts des cellules prévus pour 2030.
Étant donné la densité de population élevée,
le potentiel des installations photovoltaïques
montées sur le toit est une bonne option et
devrait être accru dans les secteurs industriel
et résidentiel, en tirant parti des tarifs
incitatifs nationaux et de la surcapacité
de production du marché photovoltaïque
actuel. En compensation de l’augmentation
de la taxe carbone (§5.1.8 Utilisation de
l’impôt régional pour encourager l’efficacité
énergétique), les entreprises et les foyers
pourraient bénéficier de meilleures incitations
régionales pour installer ce type de système,
en rationalisant le processus de décision en
matière d’autorisation sans dégrader la place
prioritaire impérative accordée à l’isolation
thermique des bâtiments.
Figure 37. Bâtiment Masdar HQ, Abou Dhabi, EAU. Le bâtiment produit 103% de sa demande en énergie, entièrement grâce à l’utilisation de
systèmes photovoltaïques pour toit et de systèmes incorporés au bâtiment.
Source: Adrian Smith + Gordon Gill Architecture
48
Figure 38. Federation of Korean Industries Building à Séoul, en Corée. Le bâtiment se caractérise par une utilisation massive du photovoltaïque
et de verre incliné pour créer de l’ombre.
Source: Adrian Smith + Gordon Gill Architecture
Une procédure d’autorisation régionale
accélérée pourrait être accordée à 2
conditions:
• les installations photovoltaïques
proviennent d’une coopérative régionale.
Les tarifs incitatifs nationaux devraient
déjà favoriser les producteurs européens,
• le propriétaire du bâtiment tire déjà parti
et remplit les conditions pour la réduction
de la taxe foncière décrite ci-dessous
(§5.3.9 Soutenir les entreprises locales
dans la construction ou la rénovation
environnementale de bâtiments par le
crédit d’impôts).
D’ici 2030, chaque installation photovoltaïque
montée sur toit par une PME locale
bénéficiera d’une autorisation privilégiée et
accélérée à chaque fois qu’elle est combinée
avec une isolation thermique.
5.3.8 Créer une société de
services énergétiques agissant
comme tiers-investisseur dans
les contrats de performance
énergétique
Le groupe de travail régional pour le Pilier 2
a abouti à un réel consensus sur la création
d’une institution dédiée contrôlée par la
région et centrée sur le financement de
rénovations énergétiquement efficaces et
d’énergie renouvelable dans les bâtiments.
Cette société de services énergétiques
proposerait un ensemble intégré de services:
• autorisation de garantie d’économies
• passage de contrats légaux et de
performance énergétique
• partenaire de tiers-investissement
• gestion du changement entre propriétaires,
locateurs et entrepreneurs
La société serait créée comme un partenariat
public-privé (PPP) entre la Région, les
investisseurs individuels en obligations vertes,
les institutions financières, les investisseurs
industriels.
Le PPP se consacrerait aux projets régionaux,
en aidant les institutions publiques et les
propriétaires privés aux moyens financiers
limités. Elle soutiendrait aussi la culture
énergétique coopérative.
Ce genre d’entreprise est nécessaire, car
elle regroupe des capacités financières,
techniques et contractuelles requises pour
les contrats de performance énergétique.
Le projet SEM Île-de-France Énergies
Nouvelles est un exemple d’un investisseur
tiers similaire en France. La rénovation
des lycées en Alsace est un autre exemple
de PPP pour les contrats de performance
énergétique. En région Rhône-Alpes, une
société d’investissement tierce a été créée
collectivement par 10 communes et une
autorité locale (y compris Bourg-en-Bresse
et Chambéry) comme la première Société
Publique Locale (SPL) pour l’efficacité
énergétique en France. Avec un capital
de départ de 5,3 millions d’euros, la
SPL proposera des audits techniques
et des services d’ingénierie ainsi qu’un
investissement tiers afin de générer 20
projets de rénovation par an. La SPL investit
les loyers des communes et les emprunts des
banques pour payer les services énergétiques
en sous-traitance destinés aux bâtiments et
biens utilisés par les communes.
En tant que projet propriétaire, le PPP de la
région Nord-Pas de Calais pourrait financer
et lancer le programme Zen-E-Ville ou son
extension selon la vitesse d’avancement
du projet (§ 5.3.5 Lancer un programme de
rénovation des bâtiments à grande échelle:
le projet Zen-e-Ville). Notons qu’une étude
a été menée par la Région sur le tiersinvestisseur pour la rénovation de logements.
• planification
• conception
• ingénierie financière
• appel d’offres et gestion des sous-traitants
49
5.3.9 Soutenir les entreprises
locales dans la construction ou la
rénovation environnementale de
bâtiments par le crédit d’impôts
Pour l’instant, les schémas nationaux ont
été lancés pour accélérer la rénovation
environnementale de bâtiments en
s’appuyant sur le crédit d’impôt sur le revenu.
Cependant, la réduction fiscale n’était pas liée
à la création des capacités des entreprises,
et ce schéma national a récemment été revu
à la baisse. Les propriétaires de bâtiments
payent une taxe sur les biens construits (taxe
foncière) qui finance en retour les autorités
locales (la région et les communes). La région
pourrait décider de réduire la taxe foncière
à chaque fois qu’un contrat d’isolation
thermique est passé avec:
• des employés formés et certifiés par le
schéma de formation continue reconnu par
la région (§ 5.3.4 Créer un label régional de
formation « projet 104 ») et conçu surtout
pour les PMEs,
• du matériel isolant issu de la biomasse
produite au niveau local (§ 5.2.5
Développer le potentiel régional en
biomasse, la géothermique et le bois )
reconnue pour compenser les émissions
de carbone.
L’incidence fiscale nette pour les finances
de la région Nord-Pas de Calais serait
nulle, la réduction de la taxe foncière étant
compensée par l’augmentation des revenus
obtenue par la certification et la formation,
ainsi que l’augmentation des recettes
fiscales des PMEs locales en développement
(Contribution Économique Territoriale).
L’objectif général de ce schéma est de
motiver les propriétaires de bâtiments à
investir dans l’isolation thermique tout en
favorisant l’emploi local et une économie
circulaire.
D’ici 2030, chaque rénovation de bâtiment
serait effectuée par des entrepreneurs et des
employés formés et certifiés au niveau local.
5.3.10 Encourager les
changements de comportement
à l’Université et dans les Lycées
pour faire avancer la conscience
collective de la biosphère
La conscience de la biosphère et la mise
en place d’une Vallée de la Biosphère sont
le cadre conceptuel et l’infrastructure
technologique permettant une économie
circulaire avancée. Le but de la
transformation de la région en une Vallée
de la Biosphère est d’accroître l’efficacité
thermodynamique qui, à son tour, augmente
considérablement la productivité et réduit
l’empreinte écologique. En bref, la Vallée
de la Biosphère représente l’optimum de
l’économie circulaire.
La Troisième Révolution Industrielle
apporte la puissance de la collaboration:
collaboration des coopératives de production
d’énergie, collaboration des coopératives
logistiques, collaboration pour la fabrication,
collaboration pour les entrepôts mutualisés,
collaboration pour les économies d’énergie en particulier dans les logements collectifs.
Un élément clé pour l’avènement de
la Troisième Révolution Industrielle
est d’apprendre à collaborer. En outre,
la Biosphère est l’endroit où deux
comportements majeurs peuvent être
observés et répliqués sur notre vie sociale: la
collaboration et la gratuité, par opposition
à la concurrence et au profit, tout aussi
importants pour décrire la dynamique des
espèces.
La collaboration dans la biosphère est
nommée symbiose: l’algue et le champignon
coopèrent pour former le lichen, l’une des
premières formes de vie, précédant les
plantes. Les fleurs nourrissent les abeilles et
les abeilles en retour inséminent les fleurs
permettant la production de fruits et de
céréales. Finalement, la gratuité est la base
de la transmission de la vie: les oiseaux
nourrissent leurs poussins sans recevoir
aucune récompense; les saumons mangé
par les ours apportent l’iode, vital pour de
nombreux animaux de la forêt.
Avec le développement de la vie connectée
urbaine, les jeunes générations sont en train
de perdre progressivement la connexion avec
la nature et la biosphère: leur vie sociale et
émotionnelle ne peut pas se développer et
prospérer sans interaction directe avec la vie
réelle - la biosphère vivante. Une enquête
commanditée par Toyota montre que d’année
en année, la proportion de la population âgée
de 20 ans qui ont déjà grimpé dans un arbre
est en baisse à des niveaux incroyables37.
La création d’une Vallée de la Biosphère
et l’avènement de l’économie circulaire
exigent des changements importants dans le
comportement:
• Les habitants doivent appliquer les
principes de gratuité et de collaboration
dans leurs comportements afin de
permettre la logistique et la production
d’’énergie coopératives,
• Les citoyens doivent comprendre
l’interaction complexe et la dépendance de
la vie humaine à son écosystème pour le
préserver et l’exploiter, tout en minimisant
leur empreinte écologique.
L’apprentissage collaboratif
La façon dont l’enseignement est délivré dans
le système éducatif traditionnel n’encourage
pas la collaboration dans le développement
et l’acquisition de connaissances: si
l’enseignement se fait dans une classe, une
grande partie du processus d’apprentissage
est solitaire, compétitif et individuel. La
connaissance est contrôlée de manière
centralisée et diffusée par le professeur
selon une approche « un vers plusieurs ».
De nombreux aspects des comportements
concurrentiels et à but lucratif sont
encouragés: beaucoup d’étudiants obtiennent
leur diplôme par un concours, après un effort
long et solitaire de montée en compétence
sur leur sujet.
Dans la Vallée de la Biosphère, les sociétés
travaillent en groupe collaboratif sur la
fourniture d’infrastructures innovantes (parcs
éoliens offshore, gestion de la demande sur
les micro-réseaux, entrepôts partagés). Elles
élaborent leur savoir-faire par la fertilisation
croisée des compétences de différents
secteurs. A l’Université, les étudiants
devraient être déjà habitués à la collaboration
multisectorielle. L’école doit apprendre aux
élèves à survivre à de tels environnements
complexes où le questionnement,
l’expérimentation et le droit à l’erreur sont
encouragés.
Afin de se préparer pour le travail collaboratif
de la Vallée de la Biosphère, les élèves
doivent être confrontés une pédagogie
différente: ils ont besoin d’expérimenter
sous la direction d’un professeur,
l’approche expérimentale et collective de
l’apprentissage, typique des grands clusters
industriels. Les activités de groupe doivent
être encouragées, en particulier sur les
sujets où la connaissance est construite par
l’expérience et le croisement des savoirs de
différents domaines: psychologie, physique,
mathématiques, biologie et autres.
La Vallée de la Biosphère devrait
organiser des expériences d’apprentissage
collectif comme une série de leçons de
mathématiques, histoire, physique liée à un
problème commun à résoudre (par exemple
la lutte contre le gaspillage alimentaire) et
ainsi déclencher la créativité des élèves et
leur faire vivre à la fois les difficultés et les
satisfactions liés au développement d’une
pensée indépendante..
L’apprentissage du service
Si la collaboration englobe la confiance et
une sorte de gratuité, un pas plus loin dans la
Vallée de la Biosphère est d’apprendre et de
découvrir le sens de donner sans récompenses
immédiates: apprendre le service. Une chose
est l’enseignement théorique en classe, une
autre est d’apprendre à rendre un service
gratuitement.
Une partie du cursus scolaire des élèves
consisterait à être impliqué dans des
programmes de volontariat avec les
ONG pour les aider sur le terrain. Cette
participation serait pleinement reconnue et
créditée comme une matière officielle du
cursus universitaire. Le désir de faire partie
d’une communauté plus large, la capacité
http://treeday.planetark.org/about/health-benefits.cfm
37
50
d’empathie serait donc encouragée. Par
conséquent, travailler pour le bien commun,
dont la biosphère, serait considéré comme
naturel par les jeunes citoyens de la Vallée
de la Biosphère. La société commencerait
alors à valoriser les expériences collaboratives
de développement du bagage théorique et
aiderait les jeunes à développer une nouvelle
conscience.
L’apprentissage de la biosphère
Pour développer la conscience de la
biosphère, les lycées et les universités
devraient développer les activités
d’apprentissage du service rendu à la
biosphère. Les élèves prendraient alors
conscience que la biosphère est un bien
commun inaliénable dont dépend la
collectivité.
Les étudiants de l’Université du Wisconsin
à Green Bay passent deux semaines du
semestre universitaire à faire à la main un
travail de terrain en faveur de la conservation
tropicale dans le Parc national Carara au
Costa Rica. Les étudiants travaillent avec
des biologistes et le personnel du parc pour
inventorier la flore et la faune locales et à
la surveillance des conditions écologiques
dans le parc. De concert avec des activités
plus techniques, les étudiants participent
également à des emplois peu qualifiés,
la réparation de sentiers naturels, la
construction de ponts, la construction des
stations biologiques, et la plantation d’arbres
dans la ville contiguë au parc. Ici, l’expérience
de l’apprentissage par le service est conçu
à la fois pour immerger les étudiants dans
la dynamique biologique complexe d’un
écosystème, tout en leur offrant la possibilité
d’aider à sa gestion et sa préservation. Dans
cet exemple, les étudiants apprennent à
la fois la myriade de façons dont l’activité
humaine impacte l’environnement et les
mesures correctives nécessaires pour réparer
les dégâts et établir le retour à la santé des
écosystèmes locaux. Beaucoup d’étudiants
ressortent de ces expériences en ayant
acquis une conscience très personnel de
la responsabilité pour l’intendance de la
communauté de la biosphère.
Avec ces programmes, les étudiants
comprennent comment les activités humaines
impactent l’environnement et quelles mesures
réparatrices sont requises pour effacer les
dégâts et restaurer les écosystèmes. Dans
la région où les activités industrielles ont
été le moteur économique pendant des
décennies, un retour à la biosphère devrait
être activement enseigné dans les écoles et
les lycées.
Un programme comme celui de Green
Bay devrait faire partie du programme
d’éducation de la Vallée de la Biosphère,
quel que soit le sujet de spécialisation des
étudiants. La Vallée de la Biosphère ellemême serait l’endroit où les élèves servent la
biosphère et combinent dans le même temps
l’expérience de la collaboration, le service et
notre intime connexion à la biosphère. Des
stages d’apprentissage par le service – au
niveau des lycées et des universités - dans
les parcs technologiques de la Vallée de la
Biosphère seraient la norme en Nord-Pas de
Calais. Tout comme dans la Silicon Valley, les
universités et les instituts de recherche du
Nord-Pas de Calais partageront des locaux
avec les entreprises commerciales dans
les parcs technologiques de la Vallée de la
Biosphère et collaborer les uns avec les autres
sur la gamme complète des initiatives et
projets de la Troisième Révolution Industrielle.
Impliquer les jeunes dans les
évaluations de l’empreinte écologique
Les bâtiments rénovés doivent être occupés
de façon responsable pour éviter le gaspillage
d’énergie (par ex. arrêter le chauffage au lieu
d’ouvrir d’une fenêtre). Les futurs résidents
sont les jeunes qui sont dans le système
éducatif actuel: ils doivent être formés non
seulement aux compétences de rénovation,
mais aussi aux comportements d’occupation
durables sur le plan écologique et aux
avantages de l’efficacité énergétique. Un
levier clé pour permettre ce changement de
comportement est de permettre aux enfants
d’effectuer un audit énergétique chez eux et
dans d’autres bâtiments. Ils apprendraient à
éviter le gaspillage énergétique à la maison,
comme ils apprennent à faire du vélo.
5.3.11 Récapitulatif des initiatives
Ainsi, les bâtiments, mais aussi le territoire,
sont des ressources sur lesquelles s’appuyer
pour développer les énergies vertes et
permettre l’avènement de la Troisième
Révolution Industrielle. Par leur caractère
concret, et soutenues par des programmes
éducatifs, la transformation du parc
immobilier et la réhabilitation du territoire
peuvent accélérer la prise de conscience
de la biosphère et faire avancer l’économie
circulaire.
5.4 Pilier 3: Le stockage de
l’énergie
Le troisième pilier de la Troisième Révolution
Industrielle est le stockage de l’énergie.
L’un des principaux défis des énergies
renouvelables est leur intermittence. En
d’autres termes, le soleil ne brille pas tout le
temps, le vent ne souffle pas toujours. Sans
capacité de stockage, 2/3 de l’électricité
renouvelable produite pourrait être perdue.
L’efficacité énergétique et économique
des sources d’énergie verte qui seront
développées par la région repose sur une
planification en matière de stockage
énergétique menée parallèlement aux
autres piliers.
La poursuite du service civique
Des emplois volontaires financés par l’État
regroupés sous le nom de « Service civique
» pourraient être parfaits pour former
les habitants des logements sociaux au
changement impératif de comportement.
Le service civique devrait donc être poursuivi
et utilisé pour réaliser des actions en faveur
de la biosphère.
Initiatives
Etablir des objectifs de rénovation par un inventaire détaillé
Développer le solaire photovoltaïque
À court
terme
(3-5 ans)
Massifier les projets par fertilisation croisée
Créer un label régional de formation « projet 104 »
Encourager les changements de comportement à l’Université et dans les
Lycées pour faire avancer la conscience collective de la biosphère
Lancer un programme de rénovation des bâtiments à grande échelle:
le projet Zen-e-Ville
À moyen
terme
(5-10 ans)
Soutenir les entreprises locales dans la construction ou la rénovation
environnementale de bâtiments par le crédit d’impôts
Lancer un programme de conversion de friches industrielles:
la « Vallée de la Biosphère »
À long
Créer une société de services énergétiques agissant comme tiers-investisseur
terme
dans les contrats de performance énergétique
(10-20 ans)
51
5.4.1 Ambition régionale
Sur le sujet du stockage de l’énergie, les
caractéristiques du contexte régional
suivantes doivent être prises en compte:
• une situation géographique unique,
au croisement des réseaux d’énergie
européens;
• un fort développement des réseaux de gaz
et d’électricité;
• une présence - unique en France - d’un
réseau de transport d’hydrogène ;
• une présence importante des industries
sidérurgique et automobile;
• un projet de recherche entrepris sur le
thème du « Power-to-gas » à Dunkerque
(projet GRHYD).
Dans ce contexte et tout en tenant compte
des impacts socio-économiques et industriels,
l’ambition pour la région par rapport au
stockage de l’énergie est de réaliser la
transition énergétique en faveur de:
• la réduction des gaz à effet de serre ;
• une amélioration continue de la sécurité
de l’approvisionnement, au coût le
plus bas.
5.4.2 Anticiper la barrière des
20% d’énergies renouvelables en
développant le stockage
La directive européenne de 2007 sur les
énergies renouvelables donne à la France et à
l’Allemagne des objectifs similaires en termes
de développement des énergies renouvelables
à l’horizon 2020: une augmentation de 13%
par rapport à 200538. La France a atteint un
record national le 27 décembre 2012: 10%
de l’électricité nationale ont été produites
par l’éolien, sans perturbation majeure sur
le réseau électrique. L’Allemagne est sur
la bonne voie pour atteindre son objectif
de 202039 et a réalisé un nouveau record
national le 18 avril 2013: plus de 50% de
la production électrique nationale40 a été
couverte par une combinaison des systèmes
éoliens et photovoltaïques.
Cependant, en raison des fortes variations
de la production des énergies renouvelables,
dès que la moyenne de production atteint le
seuil de 20%, les capacités de production de
réserve - telles que les centrales thermiques
au gaz naturel et ou au charbon - ne sont
plus rentables. Leurs heures limitées de
fonctionnement et de production ne peuvent
couvrir coûts fixes et amortissement. Cette
situation créé le besoin d’un système de
stockage qui pourrait offrir un meilleur
équilibre financier. Ces capacités peuvent
être rechargées par les excès d’énergies
renouvelables et déchargées lorsque la
production d’énergies renouvelables est trop
basse.
Alors que la région Nord-Pas de Calais a
une production d’énergies renouvelables
faible (environ 3%), comparée à la moyenne
nationale (6,3% en 2009) en raison
notamment de capacités hydrauliques
limitées, d’autres régions poursuivent de
façon volontaire le développement de l’éolien.
La Champagne-Ardenne couvrira ainsi
70% de ses besoins domestiques grâce à la
production éolienne41. Ce développement des
énergies renouvelables, en dépit de leur faible
avancement en Nord-Pas de Calais, constitue
une opportunité de développer le stockage de
l’énergie qui pourrait répondre également aux
besoins d’autres régions.
Une analyse détaillée de la production
et de la consommation prévues, via des
méthodologies propres (Institut Fraunhofer)
et des outils de simulation particuliers
(DNV- KEMA, Corys Tess), devrait clarifier les
besoins et les technologies les plus adaptées
du stockage d’énergie. Cependant, dans
le contexte de ce Master Plan, quelques
principes devraient s’appliquer à l’exercice de
planification:
• Même si les financements public et privé
pour les énergies renouvelables ne sont
pas complètement identifiés, le mix
souhaité de ces énergies - typiquement
du SRADDT - peut être pris comme point
de départ de l’exercice de simulation.
Les programmes de développement de
stockage existants devraient attirer les
investisseurs expérimentés en sécurisant
leurs futurs revenus issus de la production
d’énergie renouvelable.
• Bien que le stockage d’énergie hydraulique
soit la première technologie de stockage
de l’électricité en activité en France, la
géographie de la région Nord-Pas de
Calais n’est pas adaptée aux barrages
hydrauliques traditionnels.
• Le stockage de l’énergie peut s’avérer
être parfois un processus énergétique
inefficace localement. Il devrait in fine
être organisé à partir de paramètres
économiques valables pour l’ensemble du
système énergétique. Le cycle de charge
et de décharge d’une batterie n’a qu’une
De 5 à 18% pour l’Allemagne et de 10 à 23% pour la France
41
Communication Institut Fraunhofer: en 2012, le
mix énergétique allemand incluait 22,9% d’énergies
renouvelables
42
38
39
http://trends.levif.be/economie/belga-economie/allemagnela-production-d-energie-renouvelable-a-atteint-un-niveaurecord-jeudi/article-4000283458573.htm
• Enfin, l’hydrogène est un vecteur
énergétique dont la combustion ne produit
pas de CO2, ayant une forte capacité de
stockage et bénéficiant d’un soutien solide
de la part de l’Union européenne. Pour un
volume physique identique, l’hydrogène
peut stocker 1000 fois plus d’énergie que
le pompage-turbinage, et 2000 fois plus
que le stockage d’énergie à air comprimé43.
5.4.3 Mutualiser la capacité
de stockage mobile, en pleine
croissance, des véhicules hybrides
rechargeables (VHR)
On peut s’attendre à un décollage du
marché des véhicules hybrides rechargeables
en France dans les années à venir. Le
gouvernement français réfléchit actuellement
à investir dans des points de recharge des
VHR44. Un opérateur national s’occuperait
des points de recharge publics dans certaines
villes, étant donné que la peur de ne pas
pouvoir recharger sa voiture décourage le
consommateur d’acheter un VHR. RenaultNissan a lui-même investi 4 milliards
d’euros dans les voitures électriques, et le
gouvernement soutient cette stratégie, dans
la mesure où le mix électrique national est
faible en matière d’émissions de gaz à effet
de serre et le prix de l’électricité résidentielle
est l’une des plus faibles d’Europe.
Le système de véhicules hybrides
rechargeables partagés Autolib du groupe
Bolloré commence à prendre de l’élan à
l’étranger et dans des villes en dehors de
Paris. Tandis que le système parisien est déjà
le plus important en activité dans le monde
entier, la ville d’Indianapolis aux Etats-Unis
l’a récemment retenu et le mettra en place.
D’autres preuves que le marché décolle
progressivement peuvent être relevées à
travers le monde. Le groupe BMW investit
d’ores et déjà dans une suite intégrée de
services de recharge46 qu’il associera à ses
voitures hybrides. De plus, les coûts des VHR
sont aujourd’hui égaux aux voitures à moteur
thermique aux États-Unis47.
D’autres facteurs socio-économiques plaident
en faveur de cette tendance en France:
è Le fait de posséder une voiture est le
second plus important poste de dépenses
budgétaires après l’immobilier pour un
ménage français classique;
http://www.enr.fr/docs/2010122633_02FEEChiffresclesFra
nce.pdf
45
Efficacité d’une batterie NiMH
46
D’après des données de hydrogenics©
47
43
40
52
efficacité énergétique de 66%42, mais la
batterie reste le moyen préféré pour les
appareils électroniques mobiles.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/05/27/9700220130527FILWWW00666-auto-vers-un-reseau-de-borneselectriques.php
44
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/06/11/9700220130611FILWWW00241-autolib-aux-etats-unis.php
BMW i Concept, http://www.bmw-i.fr/fr_fr/concept/
http://www.latimes.com/business/autos/la-fi-0601-hy-autoselectric-cars-20130531,0,131053.story
http://www.latimes.com/business/autos/la-fi-0601-hy-autoselectric-cars-20130531,0,131053.story
è La chute des ventes de voitures
traditionnelles se poursuit en France;48
è Les jeunes préfèrent avoir un téléphone
portable plutôt qu’un permis de
conduire;49
è Les associations de covoiturage
deviennent une importante alternative à
la possession individuelle de véhicules.
Étant donné le faible coût de l’électricité
en France, le chauffage électrique est très
commun dans les logements, en comparaison
aux autres pays. En France, la dépense
électrique en chauffage compte pour
50% - la plus forte proportion parmi les
pays de l’union européenne - de l’ensemble
des dépenses électriques, en raison des
températures extérieures50.
Alors que le besoin de chauffage électrique
diminuera grâce à la rénovation de l’habitat
prévu dans le pilier 2 Bâtiments producteurs
d’énergie (§ 0 Lancer un programme de
rénovation des bâtiments à grande échelle:
le projet Zen-e-Ville), le besoin de recharge
des véhicules augmentera. Ces deux
tendances sont lentes mais il se pourrait
qu’elles aient un impact massif sur la
production, les capacités des réseaux et les
besoins de stockage.
Les VHR pourraient être les premiers moyens
de stockage de l’électricité dans un futur
proche. En supposant que 10% de la flotte de
véhicules personnels en France – autrement
dit 3,8 millions de véhicules hybrides - soient
électrifiés, la capacité totale d’une seule
décharge de batterie serait estimée à 38
GWh51. Si la décharge était répétée 100
jours par an, cela représenterait l’équivalent
de 10% de la production annuelle de la
centrale nucléaire de Gravelines. La capacité
de stockage de la voiture LEAF de RenaultNissan peut couvrir 48 heures des besoins
électriques moyens d’un ménage. Lors d’une
coupure des réseaux, après l’incident de
Fukushima, certains propriétaires japonais
de véhicules hybrides ont utilisé leur voiture
comme source énergétique de rechange pour
leur maison. Le coût marginal d’utilisation
d’une batterie de véhicule hybride comme
source d’énergie pour le réseau est proche
de zéro. La durée de vie d’une batterie n’est
pas seulement liée au nombre de cycles de
recharge mais également à son ancienneté.
Une batterie qui traîne dans un garage, sans
être utilisée, continue en effet à vieillir et à
perdre de la capacité.
http://www.latimes.com/business/autos/la-fi-0601-hy-autoselectric-cars-20130531,0,131053.story
http://www.latimes.com/business/autos/la-fi-0601-hy-autoselectric-cars-20130531,0,131053.story
47
58% des usines de voitures européennes perdent de
l’argent: http://www.lefigaro.fr/societes/2013/06/17/2000520130617ARTFIG00771-58-des-usines-automobiles-eneurope-perdent-de-l-argent.php
48
Il est nécessaire que la Région s’implique
fortement pour que les points publics de
recharge à installer dans les principales villes
permettent à tous les véhicules hybrides de se
connecter au réseau. Les connexions futures
des véhicules au réseau doivent être rendues
possibles, autrement dit la décharge d’une
batterie dans le réseau électrique à l’aide
de points de recharge « intelligents ». Cela
s’appliquerait également aux appels d’offre
pour le covoiturage électrique, à la fois pour
les flottes de véhicules hybrides opérés par le
public et pour les points de recharge publics.
5.4.4 Augmenter la méthanisation
agricole (Biomass-to-CH4)
En Allemagne, la méthanisation est une
technologie bien développée et mature. En
utilisant les déchets non comestibles issus des
cultures - les déchets urbains et industriels
- le biogaz est produit sur site, puis injecté
dans le réseau de gaz naturel ou brûlé pour
produire de la chaleur et de l’électricité. Bien
que le procédé de méthanisation ne constitue
pas une capacité de stockage réversible (cf.
méthanation ci-après), elle offre néanmoins
un moyen décentralisé de production de
combustibles non fossiles, d’énergie verte. Elle
peut offrir des revenus additionnels aux PMEs
agricoles.
Il est d’ores et déjà clair qu’en 2050, 40%
des besoins actuels de gaz de la région
pourraient être couverts par le biogaz.53
Ce potentiel devrait être considéré dans le
cadre d’un contexte de besoins de chauffage
décroissants à l’avenir et en fonction des
besoins de stockage d’énergie. En outre,
les déchets issus des cultures ont un coût
marginal proche de zéro pour l’agriculteur qui
souhaite les utiliser comme source principale
d’énergie.
Figure 39. Batterie de la Renault Zoé en cours de chargement
Figure 40. Exemple de site de production de Biogaz
KRC Research - http://zipcar.mediaroom.com/index.
php?s=43&item=298
51
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2012/02/le-grandfroid-met-le-syst%C3%A8me-%C3%A9lectrique-enhaute-tension.html http://sciences.blogs.liberation.fr/
home/2012/02/le-grand-froid-met-le-syst%C3%A8me%C3%A9lectrique-en-haute-tension.html
52
49
50
http://innoveco-paris.com/2011/07/stockage/ http://
innoveco-paris.com/2011/07/stockage/
http://www.liberation.fr/economie/2013/03/17/en-2020la-voiture-fait-electricite-du-logis_889213 http://www.
liberation.fr/economie/2013/03/17/en-2020-la-voiture-faitelectricite-du-logis_889213
53
5.4.5 L’hydrogène, une solution
universelle.
L’hydrogène est un vecteur d’énergie facile
à produire mais compliqué à stocker en tant
qu’élément isolé. De nombreuses technologies
reconnues et émergentes comme par exemple
le carburant pour la pile à hydrogène ou les
sources d’alimentation de la méthanation
pour le stockage énergétique utilisant
l’hydrogène, prennent de l’élan. L’hydrogène a
de bonnes performances environnementales
s’il dérive de source d’énergies renouvelables.
Enfin, l’hydrogène, initialement utilisé
comme technologie à combustion des fusées,
bénéficie d’un potentiel de stockage d’énergie
très élevé.
Pour toutes ces raisons, l’hydrogène bénéficie
d’un soutien politique solide au niveau de
l’union européenne.
L’utilisation directe de l’”H2 renouvelable”
pour une utilisation industrielle (pétrochimie,
raffineries, produits chimiques spécialisés)
devrait être une priorité. Aucune adaptation
de l’infrastructure de l’utilisateur final n’est
nécessaire (bien que ce ne soit pas le cas
dans le processus global de raffinage). Le
marché existe d’ores et déjà, et ces industries
ont besoin de se mettre en conformité avec
les quotas d’émissions de gaz à effet de
serre en Europe. Toutefois, de nombreuses
autres applications - comme celles détaillées
en annexe par Hydrogenics - font de
l’hydrogène une technologie prometteuse
pour le stockage de tout excès d’électricité
renouvelable.
H2 et CH4: utiliser l’infrastructure du
réseau existant de gaz naturel pour
stocker l’hydrogène (Power-to-gas)
GDF- Suez parie déjà sur le potentiel de la
technologie Power-to-gas, et s’appuiera sur
le projet existant GRHYD déployé au sein
de la Communauté Urbaine de Dunkerque.
Son objet est de tester l’adaptation de l’H2
mélangé avec le gaz naturel pour:
l’infrastructure existante, des chaudières
ou des moteurs thermiques à gaz naturel.
(§ 5.6.10 Négocier un contrat régional et
mutualiser les stations de compression sur
tout le territoire afin de permettre l’adoption
en masse d’une flotte de bus alimentée au
biogaz). Le coût marginal pour l’opérateur de
réseau de gaz est proche de zéro. L’injection
d’H2 ne demanderait pas de maintenance
spécifique ou de changement dans la gestion
courante. Hydrogenics (cf. proposition
détaillée en annexe) suggère la combinaison
d’une ferme éolienne de 100 MW intégrée à
une unité power-to-gas de 32 MW comme
échelle de référence.
D’ici 2030, la région pourrait ainsi bénéficier
d’une unité d’injection d’hydrogène Powerto-gas près des centrales de gaz naturel à
Dunkerque et d’un mélange d’H2-gaz naturel
pour les besoins de chauffage et de transport
en commun.
De l’H2 au CH4: développer la
méthanation - utiliser ressources
existantes de CO2 et les surplus
d’électricité
Le groupe Roquette, un groupe industriel de
premier plan, promeut l’utilisation des surplus
d’électricité comme substitut à la biomasse
ou aux énergies fossiles pour les processus
industriels à forte consommation de chaleur.
Là où l’électricité n’est pas bien adaptée aux
industries à chaleur intensive (acier, verre,
caoutchouc), leurs émissions de CO2 issues
de l’utilisation du gasoil, du charbon ou
du gaz naturel pourraient être combinées
avec les surplus d’H2 pour produire du CH4
(méthanation).
De l’H2 propre à l’H2: développer le
stockage, la distribution et l’utilisation
finale « d’hydrogène renouvelable »
Les moyens précédents exploitent les
infrastructures existantes de gaz naturel et
d’H2 pour combler l’écart entre les surplus
d’énergie renouvelable et une faible demande
en électricité ou une faible capacité de
transport électrique. Il existe des solutions
lorsque l’infrastructure de stockage existante
est saturée, au-delà de:
• La limite des capacités de stockage des
véhicules au réseau (vehicle-to-grid).
Un véhicule électrique peut couvrir
typiquement deux jours de consommation
d’électricité d’un ménage.
• La demande existante en H2 industriel.
Seuls 4% de l’hydrogène consommés
aujourd’hui dans un but industriel dans
le monde proviennent des ressources en
énergie renouvelable54.
• La limite de 20% de ce que la
technologie hybride H2-méthane est
supposée soutenir55. Le gazoduc de
Dunkerque couvre d’ores et déjà 28% des
importations de gaz naturel françaises56.
Le port de gaz naturel liquide est censé
en 2015 permettre l’importation de 20%
supplémentaires de la consommation de
gaz naturel en France et en Belgique . La
capacité théorique d’injection d’H2 en
mode power-to-gas dans le réseau de gaz
de Dunkerque pourrait, par conséquent,
couvrir près de 10% de la consommation
nationale de gaz naturel.
Le déploiement d’infrastructures
supplémentaires – telles que celles conçues
par Hydrogenics – consacrées à l’H2 100%
propre et en excès serait, dans ce contexte,
Figure 41. Principe de fonctionnement d’une station de transfert de l’énergie par pompage
souterraine
• fournir du combustible à une flotte de bus
de transport en commun (GNV Gaz Naturel
Véhicule) ;
• chauffer le secteur résidentiel.
Les surplus de production d’électricité
de l’éolien (§5.2.4 Utiliser les spécificités
territoriales afin de développer l’énergie
éolienne) ou du photovoltaïque (§5.2.3 Le
développement de l’énergie photovoltaïque
(PV) et solaire) pourraient être utilisés pour
produire l’hydrogène de façon centralisée
et l’injecter dans le réseau de gaz. Cette
technologie est disponible jusqu’à une
certaine concentration d’hydrogène dans
le gaz naturel. Son effet positif est que le
mélange de gaz naturel et d’hydrogène peut
être brûlé avec une adaptation limitée de
Source: DNV-KEMA
http://www.afyren.com/contexte-et-enjeux-economiquesdu-marche-hydrogenehttp://www.afyren.com/contexte-etenjeux-economiques-du-marche-hydrogene
54
Données de Hythane®.
55
Volet CLIMAT du SRADDT, 1/10/2012
53
54
http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/
publications/p/1941/1009/enquete-annuelle-marchegaz-naturel-resultats-2011.html http://www.statistiques.
developpement-durable.gouv.fr/publications/p/1941/1009/
enquete-annuelle-marche-gaz-naturel-resultats-2011.html
56
la prochaine étape de la Troisième Révolution
Industrielle:
• micro-génération dans les foyers ou les
stations d’essence,
• piles à hydrogène dans les voitures
personnelles,
• point de recharge d’hydrogène dans les
stations d’essence,
• réseaux d’hydrogène pour alimenter les
points de recharge.
5.4.6 Développer le stockage
hydraulique
Deux atouts géographiques locaux sont
à analyser plus avant comme options
d’organisation à long terme:
• Les anciennes mines de charbon pourraient
servir de stations de stockage souterrain
par pompage. Elles sont particulièrement
complémentaires des projets clés de
réhabilitation des terres décrits au
chapitre § 5.3.6 Lancer un programme de
conversion de
friches industrielles: la « Vallée de
la Biosphère »).
• le littoral de la région Nord-Pas de Calais
est très peu profond (profondeur moyenne
de 54 m dans la Manche): les projets de
stockage de l’énergie hydraulique (STEP
Station de transfert de l’énergie par
pompage) sont en cours d’analyse58 en
Belgique sous la forme d’un atoll artificiel
dans la mer du Nord. Le potentiel d’une
telle énergie sur la côte de la région
Nord-Pas de Calais devrait être exploré
ou, au moins, évoqué en coopération avec
la Flandre, au large en mer du Nord. La
région Nord-Pas de Calais pourrait soit
construire une station similaire à moindre
coût, soit participer avec la Belgique
au projet - moyennant un engagement
à le réaliser en local ou à fournir une
compensation à l’industrie - soit acheter
de la capacité de stockage issue de
l’infrastructure belge.
A travers ses services collectifs d’électricité,
la ville de Zurich en Suisse a investi dans
la capacité éolienne en Norvège59 afin de
couvrir sa capacité de production régionale
renouvelable. À l’opposé, la région NordPas de Calais possède de nombreux atouts
géographiques et en infrastructures, comme
les anciennes mines, la biomasse issue des
déchets de l’agriculture, les réseaux et ports
d’hydrogène et de gaz naturel.
Une composante clé de la Troisième
Révolution Industrielle serait de piloter
régulièrement, sur une durée de cinq ans,
l’évolution de la demande en électricité
actuelle et future, ainsi que la production
http://www.dunkerquelng.com/dunkerque-lng-201172.html
57
Étude KEMA-Lievense
58
d’énergies renouvelables réalisée en local
comme au niveau international. Il s’agit
d’être capable d’anticiper les moyens de
stockage de l’énergie et de mettre en place
l’infrastructure requise pour dépasser le seuil
des 20% d’énergies renouvelables, et créer
ainsi les conditions nécessaires pour attirer
davantage d’investissements dans les énergies
renouvelables (§5.2.8 Définir une stratégie
d’exportation pour la production des énergies
renouvelables et la logistique).
D’ici 2030, la région devrait être en mesure
de stocker 100% de ses surplus nets en
électricité.
Au niveau mondial, le SEAC a la seconde
plus grande capacité mondiale en matière
de stockage intégré de l’électricité . Malgré
sa faible efficacité énergétique, il présente
de nombreux bénéfices économiques par
rapport à l’H2 dans les pays ayant peu ou
pas de pénétration du réseau de gaz. En
effet, la méthanation, le power-to-gas et
l’H2 industriel ne font sens que lorsque des
réseaux de gaz sont opérationnels. Le SEAC
combiné avec l’énergie éolienne présente
également un certain nombre de bénéfices:
è il utilise le volume existant et les
matériaux au sein du pylône ;
5.4.7 Développer les technologies
de stockage de l’énergie à air
comprimé (SEAC)
è il n’augmente pas l’utilisation de la terre;
La région Nord-Pas de Calais a une position
solide en matière de technologies du moteur
électrique et des matériaux composites.
Certaines sociétés de capital-risque
envisagent l’introduction d’air comprimé dans
les pylônes soutenant les turbines éoliennes
(§5.2.4 Utiliser les spécificités territoriales
afin de développer l’énergie éolienne) ou dans
le stockage d’air souterrain50.
è il peut être opéré à distance sans
présence humaine sur le champ au pied
de la turbine ;
è il utilise le réseau électrique et les lignes
fixes existants ;
è il ne crée pas de polluants additionnels
étant donné que le principal vecteur de
l’énergie est l’air comprimé.
Figure 42. Densité énergétique de diverses technologies de réservoir de stockage de
gaz comprimé
plastique/carbone
(type IV)
aluminium/aramide
(type III)
aluminium/verre
(type III)
acier/carbone ou aramide
(type II)
aluminium/verre
(type II)
tout acier
(type I)
tout aluminium
(type I)
661 bars - L - kg-1
+278%
438 bars - L - kg-1
+150%
+75%
305 bars - L - kg-1
+70%
299 bars - L - kg-1
+50%
+14%
263 bars - L - kg-1
200 bars - L - kg-1
175 bars - L - kg
-1
pression x volume
masse
Source: La filière hydrogène – Le stockage sous pression, Clefs Cea N°50/51, Hiver 2004-2005
Le 10 septembre 2011, Zurich a inauguré le champ
d’éoliennes Hog-Jaeren en Norvège, possédé à 20% par
Zurich.
59
http://www.isepa.com/about_isep.asp
60
DOE 2007, EPR 2010, cité par le Groupe de travail régional.
61
55
Le matériel composite en fibres de
carbone est une technologie reconnue
pour stocker l’air comprimé et même
l’hydrogène. Lorsqu’il est rempli d’air,
un réservoir carbonique fournit la même
densité énergétique (61 kJ/kg) qu’une
batterie au lithium mais se recharge
60 fois plus rapidement. Tandis qu’une
batterie au lithium dure généralement trois
ans lorsqu’elle est utilisée, un réservoir
carbonique SEAC dure bien au-delà de
l’espérance de vie des pales éoliennes. Une
fois en activité, son coût marginal est proche
de zéro.
La région Nord-Pas de Calais pourrait se
lancer dans l’exportation industrielle et
fournir des matériaux composites et des
composants de moteurs électriques à
haute efficacité pour le stockage de l’air
comprimé dans les turbines éoliennes. Des
réservoirs massifs, à composites solides et
étanches à l’air pourraient être un marché
d’exportation prometteur pour la sidérurgie
locale, l’industrie automobile, l’industrie
des composites, de même façon que les
pâles des turbines éoliennes deviennent
un marché prometteur pour l’industrie de
l’hélicoptère.63
D’ici 2030, la région pourrait être le leader
mondial de la technologie des turbines
éoliennes à air comprimé.
5.4.8 Récapitulatif des initiatives
Le stockage de l’énergie permet de s’assurer
que l’énergie renouvelable produite par
la région ne sera pas perdue. Combiné
au quatrième pilier «Déployer l’Internet
de l’Energie », développé dans le chapitre
suivant, il contribue aussi à l’optimisation de
la consommation énergie.
Initiatives
Court
terme
(3-5 ans)
Anticiper la barrière des 20% d’énergies renouvelables en développant le
stockage
Mutualiser la capacité de stockage mobile, en pleine croissance, des véhicules
hybrides rechargeables (VHR)
Augmenter la méthanisation agricole (Biomass-to-CH4)
L’hydrogène, une solution universelle
Moyen
terme
(5-10 ans)
H2 et CH4: utiliser l’infrastructure du réseau existant de gaz naturel pour
stocker l’hydrogène (Power-to-gas)
De l’H2 au CH4: développer la méthanation - Utiliser ressources existantes de
CO2 et les surplus d’électricité
Développer le stockage hydraulique
Long terme De l’H2 propre à l’H2: développer le stockage, la distribution et l’utilisation
finale « d’hydrogène renouvelable »
(10-20
ans)
Développer les technologies de stockage de l’énergie à air comprimé (SEAC)
Les définitions sont diverses, mais au sens
large, le terme « smart grid » est utilisé
pour décrire les réseaux électriques dotés
de capacités de gestion bidirectionnelle de
la communication et des flux de puissance
entre l’ensemble des sources de production
(traditionnelles et renouvelables) et la
demande de la part de tous types de clients.
Un « smart grid » est la combinaison d’un
réseau énergétique et des technologies de
l’information et de la communication (TIC),
qui rend possible le chemin vers une région
à faible émission carbone, compétitive et
sécurisée d’un point de vue énergétique.
En tirant parti de l’usage efficace des
infrastructures existantes d’eau, de gaz,
d’électricité et de chaleur, les nouvelles
technologies permettent l’accès à une
optimisation poussée du mix énergétique
(y compris les énergies renouvelables et
distribuées), à la maîtrise de la demande
en énergie (ce qui implique une interaction
importante avec le consommateur) et des
moyens de stockage. Dans le contexte
actuel d’augmentation des sources d’énergie
et des usages intermittents (par exemple
les véhicules électriques), ces évolutions
permettront une meilleure adéquation de
l’offre et de la demande et la maximisation
la consommation d’énergie verte (gaz,
électricité, eau, chaleur).
Figure 43. Futur réseau électrique, composé de générateurs fluctuants locaux, distribution
bidirectionnelle, communication entre les charges, les générateurs et le stockage.
5.5 Pilier 4: L’Internet de l’Energie
Le quatrième pilier de la Troisième
Révolution Industrielle est le déploiement
d’un Internet de l’Energie. La production
décentralisée d’énergie ainsi que son
stockage nécessitent un système de contrôle
et de distribution avancé, à l’image de
la communication « point-à-point » sur
Internet. Les contrôles électroniques «
intelligents » sont absolument essentiels
pour gérer la circulation d’information
et d’énergie que susciteront ces
interconnexions complexes. Le fait d’avoir
un système « intelligent » donne les moyens
d’optimiser la production, le stockage et
l’utilisation de l’énergie, contribuant ainsi à
une meilleure efficacité énergétique.
Les « smart grids » (réseaux intelligents)
sont essentiels pour transformer les réseaux
électriques actuels afin de répondre à
la demande croissante, à la production
intermittente renouvelable et diffuse, mais
également pour répondre aux pressions liées
à l’environnement.
56
Source: Frauhofer ISE
http://www.eurocopter.com/site/en/press/Eurocopter-UKreceives-first-ever-UK-helicopter-order-for-offshore-windfarm-maintenance_580.html?iframe=true&width=700
63
5.5.1 Ambition régionale
Sur le plan de l’Internet de l’énergie, la région
Nord-Pas de Calais doit relever les défis
suivants:
• Une position géographique unique, située
en plein carrefour énergétique européen,
• La présence (unique en France) d’un réseau
de transport d’hydrogène,
• Un niveau d’urbanisation hétérogène sur
l’ensemble du territoire se traduisant par
différents modèles énergétiques,
• La nécessité d’adapter le réseau existant
aux nouveaux enjeux (ex. intermittence)
et sur différents périmètres (bâtiment,
quartier, ville, région),
• Le défi de la précarité énergétique,
• La quête de croissance économique dans
la région.
Dans ce contexte, l’objectif de la région
concernant le développement de l’Internet de
l’énergie est le suivant:
• Utiliser le réseau intelligent pour soutenir
la (ou les) stratégie(s) territoriale(s),
• Développer des synergies entre les réseaux
de fluides,
• Tirer profit du réseau de transport
d’hydrogène existant,
• Utiliser l’Internet de l’énergie comme un
facteur de contribution indispensable au
développement socio-économique,
• Développer une expertise régionale
reconnue, susceptible d’être exportée dans
d’autres régions ou d’autres pays.
5.5.2 Garantir un accès tiers aux
données énergétiques historiques
et quotidiennes (services en open
data)
Disposer d’un accès aux données détaillées
historiques relatives à la consommation
énergétique est un moteur fondamental
du Contrat de Performance Énergétique
(CPE) d’un bâtiment. Le CPE implique un
engagement visant à optimiser à long terme
l’efficacité énergétique d’un bâtiment,
selon une implication partagée: le bâtiment
optimise ses performances, tandis que
l’utilisateur optimise l’utilisation de l’énergie
grâce à un comportement adapté. La
connaissance de données historiques et
en temps réel est le seul moyen de saisir
l’impact d’un tel contrat. Par conséquent, elle
constitue l’une des exigences du succès de
l’initiative « Zen-e-Ville », puisque l’un des
composants du modèle commercial désigne
la responsabilité du consommateur et de
l’entreprise de construction proposant la
modernisation (§ 0
Sources: http://www.prnewswire.com/news-releases/
us-department-of-energy-adopts-buildingenergycom-forbuilding-data-and-decision-support-system-188016411.
html; https://www.buildingenergy.com
64
Lancer un programme de rénovation des
bâtiments à grande échelle: le projet Zen-eVille).
Du point de vue de la faisabilité, les données
historiques existent déjà et offrent une vision
détaillée de la consommation d’énergie,
bâtiment par bâtiment. Toutefois, elles ne
sont pas partagées actuellement, mais sont
conservées par les distributeurs d’énergie.
Le déploiement de compteurs intelligents
(§ 5.5.3 5.5.3Être la première région à
déployer des compteurs intelligents à grande
échelle) offrirait une visibilité à chaque
consommateur, mais il ne s’agit pas là d’un
prérequis pour produire des données.
La question de la protection des données et
du respect de la vie privée doit être contrôlée
et sécurisée. La Région doit négocier des
droits spécifiques avec le propriétaire des
données pour revendre des données de
consommation anonymisées, mais localisées,
grâce à un service de données semi-ouvert,
combiné au portail du Système d’Information
Géographique (SIG). Cette plateforme
pourrait être labellisée « Troisième Révolution
Industrielle », puis louée à d’autres régions
désireuses d’adopter une approche similaire.
La création et la mise en œuvre d’un
tel système exigerait un investissement
susceptible d’être pris en charge par les
collectivités locales et des tiers investisseurs
afin d’encourager l’initiative.
Aux États-Unis, une société privée appelée
Building Energy met en œuvre ce type de
service, offrant ainsi un réseau ouvert et
fiable de données relatives aux bâtiments.
La technologie d’anonymisation garantit la
confidentialité des informations sensibles.
Les algorithmes permettent une analyse
statistique et actuarielle des performances
des bâtiments en matière d’économie
d’énergie, offrant ainsi aux utilisateurs une
opportunité de faire des recherches rapides
et de trouver des résultats utiles pour leurs
propres activités. Conçue pour stimuler les
améliorations de transformation en matière
d’efficacité énergétique des bâtiments,
Building Energy permet aux chefs d’entreprise
d’intégrer rapidement leurs données
provenant de sources disparates et d’identifier
des opportunités d’amélioration. Les
propriétaires de bâtiments, les responsables
et les fournisseurs de services énergétiques
utilisent Building Energy pour prendre des
décisions éclairées et proposer des solutions
tirant le meilleur parti du réseau de données
et d’applications relatives aux bâtiments
affichant la croissance la plus rapide64.
D’ici à 2020, la Région serait la première
à garantir un accès tiers aux données
historiques et de mesure quotidienne des
consommations.
Le projet a été validé en 2011 par la CRE (Commission de
Régulation de l’énergie) à l’issue d’une phase de tests réalisés
à Saint-Omer, Laval, Pierre Bénite, Étampes.
65
L’initiative « Green button »
Aux États-Unis, le mouvement « Clean
Web » fait appel aux « Big Data » (données
volumineuses) dans le cadre d’une nouvelle
initiative gouvernementale fédérale baptisée
« Green Button ». Ce programme, lancé en
2011, encourage les entreprises énergétiques
et de service public à fournir volontairement
un accès facile aux utilisateurs finaux
aux données de leurs propres données de
consommation d’énergie en temps réel,
aujourd’hui disponibles pour la première
fois grâce à l’installation de millions de
compteurs intelligents à domicile et dans
les entreprises. Les compteurs intelligents
constituent des points vitaux de collecte
de données dans l’infrastructure de
l’Internet de l’Energie. Ces données peuvent
être téléchargées par leurs clients afin
qu’ils puissent disposer des informations
nécessaires pour gérer leur consommation
d’énergie de manière plus efficace. En moins
d’un an, le nombre de clients disposant
d’un accès instantané à leurs données
de consommation d’énergie a atteint 31
millions.
Des entreprises telles que Opower, Itron,
First Fuel, C3 Efficiency, EcoDog, Belkin
ou encore Honest Building se livrent une
bataille acharnée pour créer des applications
smartphone et des services Web capables
d’exploiter les données Green Button afin de
permettre aux utilisateurs de maîtriser leur
propre avenir énergétique.
Cette richesse de données relatives à
l’utilisation individuelle de l’énergie est
aujourd’hui en train d’être utilisée sur les
médias sociaux. Des études révèlent que
l’aspect financier n’est souvent pas le facteur
décisif des individus lorsqu’ils changent leur
mode de vie énergétique. Au contraire, les
chercheurs ont découvert que le changement
de profil énergétique d’une personne est
plus souvent stimulé par le désir de coopérer
à travers un engagement partagé à l’égard
d’un mode de vie durable et par un sens de la
responsabilisation collective.
Être en mesure de partager les données
énergétiques d’un individu avec d’autres
personnes grâce aux médias sociaux
constitue un moyen efficace de créer un
dialogue P2P (peer-to-peer) sur de nouvelles
méthodes de gestion commune de l’énergie.
En partageant des astuces liées au domaine
de l’énergie, en informant chacun des
nouvelles applications permettant d’accroître
l’efficacité énergétique, en unissant ses
efforts au sein de coopératives énergétiques
afin de générer des économies d’échelle
latérales pour l’installation d’énergies
renouvelables, ou en se contentant de
prendre plaisir à participer à un concours
amical en comparant les données
énergétiques d’un individu avec d’autres
au quotidien, on parvient alors à créer une
communauté mondiale de militants en faveur
du développement durable.
57
5.5.3 Être la première région
à déployer des compteurs
intelligents à grande échelle
Depuis 2009, grâce au soutien de la
Commission de Régulation de l’Energie (CRE),
ERDF a mené une expérience à grande échelle
en installant des compteurs intelligents
permettant de surveiller la consommation
énergétique des foyers.
250 000 compteurs intelligents, baptisés
Linky, ont été déployés entre 2009 et 2011
dans deux zones pilotes: une zone rurale
(sur le département de l’Indre-et-Loire) et
une zone urbaine (ville de Lyon). Linky est
un compteur intelligent capable d’envoyer
et de recevoir des données et de fonctionner
sans la moindre intervention physique d’un
technicien. Le compteur intelligent est relié
à un centre de conduite et interagit avec le
réseau de distribution. Grâce à ce système, le
consommateur d’énergie peut alors surveiller
sa consommation d’électricité et la contrôler
à distance, via Internet ou à l’aide d’un
smartphone. La facture peut alors être établie
sur la consommation d’électricité réelle, et
non plus sur estimations comme c’est le
cas actuellement. Toutes les interventions
techniques simples (par exemple, une
ouverture de service ou un changement
de puissance) exigeant actuellement le
déplacement d’un technicien peuvent être
réalisées à distance. Le système simplifie en
outre le diagnostic en cas de défaillance du
réseau, permettant ainsi une réparation des
pannes plus facile et plus rapide.
Les expériences menées en Indre-et-Loire
et à Lyon se sont avérées très concluantes:
les processus de déploiement (efficacité,
sécurité et satisfaction client), le système
d’information utilisé ainsi que le modèle
économique ont donné satisfaction. Par
conséquent, la généralisation sur l’ensemble
du territoire français a été décrétée en
septembre 2011: d’ici à 2020, 35 millions
de compteurs Linky seront installés sur
l’ensemble du territoire français. Le
déploiement nationale de Linky devrait
débuter en 2014.
Le modèle économique de Gazpar, élaboré en avril 2013, est basé sur une hypothèse de
1,5% d’économie d’énergie (en s’appuyant sur des éléments de benchmark européen). Les
gains ont été estimés à plus d’un milliard d’euros. L’utilisateur final supportera une partie de
l’investissement par une augmentation du tarif d’acheminement.
Parallèlement, GrDF, le principal distributeur
de gaz français, développe actuellement
Gazpar, un compteur de gaz intelligent. De
la même manière que Linky, ce compteur
intelligent permet de relever la consommation
de gaz à distance et en temps réel. Le
défi consiste à remplacer les 11 millions
de compteurs de gaz existants par des «
compteurs intelligents » équipés de modules
radio intégrés permettant une lecture à
distance afin de collecter les consommations
et d’effectuer des calculs d’énergie. Ce projet
en est à l’étape de consultation nationale et
son déploiement est prévu pour la mi-201365.
Les compteurs de gaz intelligents seront
tout d’abord conçus puis testés sur plus de
140 000 points de comptage d’ici à la fin
de l’année 2015, puis seront déployés sur
7 ans, afin de remplacer les 11 millions de
compteurs actuels. L’investissement du projet
Gazpar a été estimé à 1 milliard d’euros: 50%
pour le matériel, 35% pour le déploiement,
10% pour le développement de la solution
ainsi que pour les systèmes d’information, 5%
de gestion de projet.
Des compteurs d’eau intelligents sont
actuellement en cours d’étude de la part
des trois principaux distributeurs en France
(Veolia, Lyonnaise des Eaux et SAUR).
Ces initiatives offrent à la région NordPas de Calais une opportunité unique
de devenir la première région à lancer
le déploiement de compteurs de gaz et
d’électricité intelligents, et à plus long
terme, en matière de réseaux d’eau et
d’autres fluides. Un facteur clé de réussite
consiste à relier cette initiative à des mesures
de données en « open data » (§5.5.2 Garantir
un accès tiers aux données énergétiques
historiques et quotidiennes). La région devrait
négocier un accès aux données lors du
déploiement de compteurs intelligents dans
la région Nord Pas-de-Calais.
Cette ambition est directement associée à
l’initiative « Zen-e-Ville », le programme de
modernisation à grande échelle (§ 0
Lancer un programme de rénovation des
bâtiments à grande échelle: le projet Zen-eVille). Ce programme de rénovation trouve
tout son sens lorsqu’il est considéré comme
une approche complète alliant la production
d’énergie sur les bâtiments, une meilleure
isolation des bâtiments et une gestion
intelligente de l’énergie. L’avantage de cette
initiative est le bon niveau de maturité des
compteurs Linky et Gazpar, qui permet un
calendrier cohérent de ces deux initiatives.
Source: Etude technico-économique pour le déploiement des compteurs intelligents de GRDF,
réalisée pour une consultation publique chez CRE– avril 201370
Source: Rapport final de l’étude technico-économique réalisée
dans le cadre de la consultation publique de la CRE sur le projet
de déploiement du système de comptage évolué de GrDFhttp://www.cre.fr/documents/consultations-publiques/projetde-deploiement-du-systeme-de-comptage-evolue-de-grdf
66
58
Source: Rapport final de l’étude technico-économique
réalisée dans le cadre de la consultation publique de la
CRE sur le projet de déploiement du système de comptage
évolué de GrDF- http://www.cre.fr/documents/consultationspubliques/projet-de-deploiement-du-systeme-de-comptageevolue-de-grdf
67
La Région Nord-Pas de Calais devrait
jouer un rôle essentiel en garantissant une
gouvernance et une coordination adaptées
pour l’initiative Zen-e-Ville et les initiatives
impliquant des compteurs intelligents.
Dans ce rôle, la région travaillera en étroite
collaboration avec ERDF et GRDF afin
d’identifier la meilleure façon de concrétiser
ce projet au cours d’une transaction gagnantgagnant:
• La région élaborera de nouvelles
formations techniques afin de créer les
compétences requises dans les PMEs pour
le déploiement et initiera des programmes
d’accompagnement du changement,
• Les opérateurs de systèmes de distribution
bénéficieront du soutien des acteurs
locaux, mais également du dynamisme
provenant directement de l’impulsion de la
Troisième Révolution Industrielle.
Concernant la mise en œuvre, il est nécessaire
d’anticiper certains des risques et difficultés
suivants:
• Interopérabilité: entre les infrastructures
réseau existantes et les compteurs
intelligents, mais également entre les
réseaux ainsi qu’au sein même d’un réseau.
• Cyber sécurité: un réseau intelligent
implique une dépendance à un réseau
virtuel susceptible d’être mis hors service
dans une intention malveillante ou par
erreur, et exige par conséquent une
fiabilité et une sécurité du réseau élevées.
• La protection des données et le respect
de la vie privée sont des conditions
préalables, puisque de nombreux individus
craignent une violation de leur vie privée.
Les critères de référence européens font en
général état d‘économies d’énergie de 2 à 3%
grâce aux systèmes de gestion énergétique
dans le domaine du gaz.66
Pour les distributeurs d’énergie, les compteurs
intelligents permettent de réduire les coûts:
des investissements et des frais d’exploitation
sont ainsi évités (par exemple de petites
interventions techniques pourraient être
réalisées à distance, ce qui réduit la nécessité
de déplacements de techniciens sur le
terrain) et les systèmes de distribution sont
ainsi optimisés. Les économies réalisées sur
la facture d’électricité de l’utilisateur final
pourront contribuer aux investissement. Les
économies réalisées sur la distribution et
les consommations d’électricité pourront
compenser les investissements.
Dans le projet d’étude élaboré pour Gazpar,
les économies d’énergie de l’utilisateur
final sont associées à une hausse du tarif
d’acheminement. Toutefois, puisque ces
économies d’énergie sont significatives,
il existe toujours un net avantage pour
l’utilisateur final.
D’ici à 2020, la Région serait la première
à être entièrement équipée de compteurs
intelligents de gaz et d’électricité
De plus, le projet Zen-e-Ville pourrait
permettre à la région d’identifier tous les
autres obstacles liés à la faisabilité puis de les
surmonter.
5.5.4 Partager les scénarios
énergétiques pour permettre une
intégration transfrontalière
Concernant Linky, le système d’information
a dès le début été inscrit auprès de la CNIL
(Commission Nationale de l’Informatique et
des Libertés), afin de garantir la protection
des données. D’un point de vue technique,
les données sont encryptées et seules les
informations relatives à la consommation
sont extraites du compteur (aucune donnée
personnelle telle que le nom, l’adresse,
le numéro de téléphone, les coordonnées
bancaires ne circule). Ce cryptage permettra
de protéger le système contre d’éventuelles
attaques malveillantes cherchant à nuire à
la qualité du service et au respect de la vie
privée. D’un point de vue réglementaire, les
données sont la propriété du client et ne
peuvent en aucun cas être communiquées à
des tiers sans son accord.
L’un des défis associés aux réseaux
intelligents consiste à tenir compte des
différents niveaux où la gestion de l’énergie
s’avère nécessaire: bâtiment, quartier,
commune, ville, région…et même des zones
transfrontalières. Un « super grid » désigne
un vaste réseau de transport d’électricité
permettant d’échanger de gros volumes
d’électricité sur de grandes distances. Il
est parfois également appelé « méga grid
». L’idée du « super grid » est de créer des
lignes de transport longue distance afin de
tirer profit des sources renouvelables situées
à distance. En effet, la production d’énergie
renouvelable n‘est pas répartie de manière
égale sur un territoire, puisqu’elle dépend des
ressources naturelles de chaque région (par
ex: l’énergie éolienne en mer, l’énergie solaire
plus importantes dans les pays situés au sud
…). De plus, certains pays sont précurseurs ou
plus volontaires que d’autres en matière de
développement des énergies renouvelables.
Afin de satisfaire aux objectifs « 3x20 » d’ici à
2020, l’Union européenne a autorisé les états
membres à échanger (en partie) de l’énergie
renouvelable avec des pays n’appartenant pas
à l’UE.
Les « super grids » transfrontaliers présentent
deux avantages significatifs:
• Une technologie permettant de simplifier
le transport de volumes importants
d’électricité élevés sur de longues
distances,
• Le développement transfrontalier
d’échanges d’énergie, puisque la
production d’énergie renouvelable varie
d’un pays à un autre.
Figure 43.2 Sources d’énergie dans l’UE en 2050
Les opérations de déploiement ont déjà été
budgétées (5 milliards d’euros pour Linky,
1 milliard pour Gazpar). L’opération sera
financée par des économies réalisées par les
distributeurs d’énergie (ERDF et GRDF), mais
aussi par des économies d’énergie.
Source CRE
Le SRRRER a été rédigé conjointement par RTE et ERDF et est
actuellement soumis à une consultation publique. Selon ce
plan, l’installation d’une capacité de 974 MW était encore
nécessaire le 10 avril 2013 (886 MW dédiés aux installations
de production d’électricité supérieures à 36 kVA), afin
d’atteindre l’objectif de 1 966 MW de capacité d’énergie
renouvelable installée d’ici à 2020. Ceci permettrait de
concrétiser l’ambition visant à multiplier par 4 d’ici à 2020 la
production d’énergie renouvelable par rapport à 2005.
68
Une étude relative au « super grid » européen estime qu’une
capacité de transmission supplémentaire de 750 GW serait
nécessaire – capacité adaptée par incréments de 5 GW avec
des lignes HVDC. Une récente proposition de Transcanada a
estimé une ligne HVDC 3-GW de 1 600 km à 3 milliards de
dollars américains ; elle exigerait un corridor de 60 mètres
de largeur. En Inde, une récente proposition de ligne 6 GW
et d’une longueur de 1 850 km a été estimée à 790 millions
de dollars américains et nécessiterait une voie de 69 mètres
de largeur. Avec une nouvelle capacité de transmission
HVDC de 750 GW requise pour un « super grid » européen,
l’espace et le budget nécessaire pour ces nouvelles lignes de
transmission seraient considérables.
69
59
Les « super grids » offrent les moyens de
transporter de l’énergie produite dans
l’Europe du Nord (par exemple de l’énergie
éolienne en mer du Nord ou de l’énergie
hydraulique en Norvège) vers des zones de
consommation situées au sud, puis d’importer
potentiellement de l’énergie renouvelable
produite en dehors de l’UE (côte sud de la
Méditerranée).
Aujourd’hui, dans l’Union européenne,
la production d’énergie renouvelable est
répartie de manière inégale entre les régions
et les pays, et les plans pour 2050 prévoient
l’amplification de cette tendance, comme
le montre la feuille de route de 2050 (voir
ci-dessous) proposée par la Commission de
Régulation de l’Énergie (CRE).
Grâce à sa position géographique comme «
carrefour énergétique européen », et grâce
aux interconnexions électriques existantes
ou à venir, la région a la possibilité de
collaborer avec ses voisins: l’Allemagne,
la Belgique, le Luxembourg et la GrandeBretagne. L’Allemagne et la Belgique ayant
adopté des modèles énergétiques largement
basés sur les énergies renouvelables, ces
deux pays doivent faire face à des problèmes
d’intermittence et des risques d’interruption
bien plus importants. La France, et en
particulier la région du Nord-Pas de Calais,
peuvent jouer un rôle clé dans l’ajustement
de production ainsi que de la consommation
industrielle et/ou résidentielle aux besoins
réels des systèmes d’électricité locaux ou
européens. La région, en collaboration avec
RTE, pourrait promouvoir l’utilisation des
mécanismes existants ou futurs (mécanismes
d’équilibrage, effacement, ...) afin de donner
de l’énergie et de la valeur économique à des
offres de flexibilité locale (en particulier avec
les sites industriels régionaux). Dans le même
temps, le développement du mix énergétique
pourrait être, grâce à des partenariats
régionaux et la promotion d’implantation,
un accélérateur pour de nouvelles activités
(comme par exemple l’entretien de platesformes off-shore ...) ayant des impacts
positifs sur l’emploi.
L’évolution du mix énergétique, dans la
région Nord-Pas de Calais, en France mais
aussi en Europe, nécessite des changements
importants de la structure du réseau de
transport: pour ce faire, les responsables
des réseaux préparent actuellement les
adaptations nécessaires aux liaisons
internationales conformément au système
Le SRRRER a été rédigé conjointement par RTE et ERDF et est
actuellement soumis à une consultation publique. Selon ce
plan, l’installation d’une capacité de 974 MW était encore
nécessaire le 10 avril 2013 (886 MW dédiés aux installations
de production d’électricité supérieures à 36 kVA), afin
d’atteindre l’objectif de 1 966 MW de capacité d’énergie
renouvelable installée d’ici à 2020. Ceci permettrait de
concrétiser l’ambition visant à multiplier par 4 d’ici à 2020 la
production d’énergie renouvelable par rapport à 2005.
68
60
SRRRER (Schéma Régional de Raccordement
au Réseau des Énergies Renouvelables68). Il
sera impératif d’évaluer les investissements
nécessaires.69
La région peut jouer un rôle essentiel dans
la simplification des travaux de planification
avec RTE et ERDF – dans sa proposition,
ERDF l’appelle de ses vœux. L’objectif est
d’anticiper les lieux d’implantation des
sites de production d’énergie renouvelables
afin de développer le réseau dans ces
régions. La région partagera sa vision et ses
objectifs tandis que RTE et ERDF apporteront
la vision technique et la faisabilité pour le
développement du réseau. Cette discussion
sera particulièrement utile pour:
• Établir des connaissances claires des
échanges énergétiques transfrontaliers,
• Évaluer l’impact des actions de Troisième
Révolution Industrielle en matière de
réduction de la consommation d’énergie
(Zen-e-Ville et d’autres actions sur les
bâtiments ou les transports),
• Déterminer le rythme de la réduction
de consommation d’énergie souhaitée,
sa méthode de financement et son
évolution possible au fil des années
afin de correspondre à l’ensemble de
la planification Troisième Révolution
Industrielle.
Il est important de synchroniser ce débat
sur les plans de production d’énergie avec
les programmes de modernisation et de
construction. Ceci permettra aux producteurs
et aux distributeurs d’énergie d’anticiper les
changements et d’adapter leur stratégie et
leurs opérations en conséquence.
5.5.5 Intégrer une centrale
électrique virtuelle dans les
projets de rénovation et viser
l’autonomie énergétique
Un micro-réseau est une section contiguë
du réseau et ses ressources d’énergie
interconnectées (c.-à-d. les générateurs,
les charges, les dispositifs de stockage, les
véhicules électriques) sont telles qu’elles
peuvent fonctionner comme un îlot
électrique indépendant déconnecté du reste
du réseau. Une centrale électrique virtuelle
(Virtual Power-Plant, VPP), souvent citée
conjointement à un micro-réseau, diffère
d’un micro-réseau en ce qu’une VPP est
généralement associée à des ressources
Une étude relative au « super grid » européen estime qu’une
capacité de transmission supplémentaire de 750 GW serait
nécessaire – capacité adaptée par incréments de 5 GW avec
des lignes HVDC. Une récente proposition de Transcanada a
estimé une ligne HVDC 3-GW de 1 600 km à 3 milliards de
dollars américains ; elle exigerait un corridor de 60 mètres
de largeur. En Inde, une récente proposition de ligne 6 GW et
d’une longueur de 1 850 km a été estimée à 790 millions de
dollars américains et nécessiterait une voie de 69 mètres de
largeur. Avec une nouvelle capacité de transmission HVDC de
750 GW requise pour un « super grid » européen, l’espace et le
budget nécessaire pour ces nouvelles lignes de transmission
seraient considérables.
69
d’énergie réparties mais non à des sections
spécifiques du réseau. Une VPP peut être
associée à un micro-réseau, et fonctionner au
sein de ce dernier, si les ressources d’énergie
de la VPP sont connectées au sein de ce
micro-réseau.
Les micro-réseaux et les VPP permettent
une répartition égale de l’énergie entre des
bâtiments ou des quartiers. Ils doivent faire
partie intégrante du projet Zen-e-Ville. Audelà de Zen-e-Ville, l’institut Fraunhofer IES
recommande actuellement la création de «
communes énergétiques » administratives
où chaque secteur est chargé d’atteindre ses
propres objectifs d’autonomie énergétique.
un « centre microréseau », combinant
la production d’énergie, le stockage
et la gestion intelligente au sein d’un
îlot électrique indépendant à l’échelle
d’une ville
La région Nord-Pas de Calais est en mesure
de créer, dans des zones spécifiques où les
bâtiments et l’infrastructure le permettent,
un réseau intégré de micro-réseaux, de VPP
et de capacités de stockage. L’initiative crée
des zones autonomes capables de produire,
de stocker et de gérer leur énergie. Grâce
aux compteurs intelligents, elle permet en
outre aux consommateurs de devenir des
participants actifs dans le bilan énergétique
local via le pilotage des consommations.
Le démonstrateur « NiceGrid », réalisée dans
la ville de Nice, en partenariat avec ERDF et
Alstom contribue à une meilleure adéquation
de l’offre et de la demande dans une région
peu connectée au réseau électrique («
péninsule électrique »).
Des leçons peuvent être tirées de ce projet
pilote en révélant 3 défis techniques majeurs:
• L’insertion facilitée et la gestion de
l’énergie renouvelable décentralisée
et intermittente au sein du réseau de
distribution,
• L’intégration des systèmes de stockage
comprenant des niveaux de décision
hiérarchique répartis au sein de
l’architecture de communication et de
contrôle des micro-réseaux,
• La possibilité offerte aux consommateurs
de devenir des participants actifs dans
l’équilibre énergétique local par le pilotage
des consommations.
Les technologies requises pour un tel projet
existent déjà ; la réelle valeur ajoutée est de
les interconnecter, mais aussi de pouvoir en
mesurer les résultats.
Figure 44. Projet Nice Grid
Une telle initiative dans la région Nord-Pas
de Calais doit être intégrée au projet « Zene-Ville » (§ 0
Lancer un programme de rénovation des
bâtiments à grande échelle: le projet Zen-eVille). Au cours de la phase de planification,
le potentiel d’un « centre de micro-réseau
de services publics » devrait être identifié.
A l’instar du déploiement des compteurs
intelligents (§ 5.5.3 Être la première région
à déployer des compteurs intelligents à
grande échelle), ce projet exige de sensibiliser
les consommateurs afin qu’ils deviennent
de véritables acteurs de l’optimisation
énergétique.
L’impact attendu est le suivant:
• Production d’énergie renouvelable et
optimisation de l’utilisation,
• Création d’emplois pour la conception
des micro-réseaux interconnectés et
l’installation d’infrastructures et de
systèmes de pilotage,
Figure 45. Gestion énergétique basée sur le Cloud urbain
• Sensibilisation des consommateurs.
Des partenariats avec les distributeurs
d’énergie et les opérateurs de réseaux
intelligents peuvent être envisagés pour
que les investissements soient co-financés
par des acteurs privés sous la forme de
partenariats public-privé (PPP).
Développer des services municipaux
locaux grâce à un système
d’information unique
Il est possible d’améliorer les prestations
offertes aux citoyens dans le cadre de
l’initiative Zen-e-Ville par des services
mobiles reliant plusieurs acteurs locaux: des
producteurs d’énergie, des opérateurs de
réseaux intelligents, des opérateurs de vélos
ou de véhicules en libre-service, les transports
locaux, la mise en œuvre et la maintenance
de l’infrastructure Cloud. Le regroupement
d’informations au sein d’un système unique
permettrait de créer un développement
de nouveaux usages offrant les avantages
suivants:
• Amélioration des informations relatives à
leur efficacité carbone,
• Liens aux programmes de pilotage des
usages énergétiques,
• Informations en temps réel concernant
des services de transport multimodaux, en
particulier dans des lieux stratégiques tels
que les gares ou les stations de métro.
L’objectif est de disposer d’un système
complet intégré dans lequel chacun des
utilisateurs peut être informé ou prendre des
mesures destinées à optimiser la gestion de
Source: Alstom
l’énergie. Tous les acteurs doivent partager
les informations afin que les usagers puissent
les utiliser en temps réel et ainsi adapter
leur comportement en vue de réduire leur
empreinte carbone. Les utilisateurs devraient
par exemple pouvoir immédiatement savoir
si un vélo en libre-service est disponible à
proximité ou si un tramway est sur le point
d’arriver, afin qu’ils puissent choisir le meilleur
moyen de transport. Des primes ou des prix
pourraient être attribués afin de récompenser
les éco-utilisateurs.
Cette initiative pourrait être intégrée dans
le projet « Zen-e-Ville ». Sa faisabilité dépend
de l’implication et de la coordination des
différents types d’acteurs: producteurs
d’énergie, opérateurs de réseaux intelligents,
opérateurs de véhicules ou de vélos en
libre-service, transports locaux, mise en
œuvre et maintenance de l’infrastructure
Cloud. La Région a un rôle majeur à jouer
en rassemblant et en coordonnant les
parties prenantes locales et en élaborant
des transactions gagnant-gagnant afin que
chaque acteur participe activement
à l’initiative.
61
La Région peut également être chargée
de la communication avec les utilisateurs
finaux, en créant une offre de Troisième
Révolution Industrielle complète. Elle peut
également travailler sur les nouveaux
dispositifs de récompense à mettre au point
afin d’encourager les éco-citoyens selon leurs
efforts et leurs contributions au système.
Même si la maturité du concept est
encore limitée à l’heure actuelle, elle
illustre parfaitement la manière dont la
convergence des technologies et des énergies
renouvelables au sein de l’Internet de
l’énergie créé de nouveaux comportements
typiques de la Troisième Révolution
Industrielle.
5.5.6 Organiser un programme
d’investissements réseau à
long terme, intégrant les
besoins locaux, et renforcer
les projets régionaux à travers
des architectures énergétiques
optimisées
L’une des ambitions de la région est de
tirer profit des synergies entre les réseaux
existants et d’organiser des « réseaux de
réseaux »: électricité, gaz, eau, chauffage ;
écologie industrielle (valorisation de l’énergie
fatale, notamment des déchets) ; réseau
d’hydrogène.
Les avantages de cette approche consistent
à tirer parti des infrastructures existantes et
à créer des modes de contrôle mutualisés.
Toutefois, ceci exige des algorithmes
complexes, comprenant un certain nombre de
critères, tels que la proximité, la disponibilité,
l’aptitude à la fonction, le prix… Plus les
parties prenantes contribuant au réseau sont
nombreuses, plus le partage d’informations et
la conception du mode de contrôle partagé
sont complexes.
Par ailleurs, les infrastructures existantes
devront être réorganisées et équipées afin
de communiquer via l’Internet de l’Energie.
Entre aujourd’hui et 2030 puis 2050, il sera
nécessaire d’anticiper les évolutions de ces
infrastructures.
Les réseaux électriques ont été initialement
conçus pour acheminer l’électricité produite
de manière centralisée vers les différents
lieux d’utilisation. Aujourd’hui, la situation a
changé: selon ERDF, les sites de production
d’énergie renouvelable sont désormais
répartis dans plus de 260 000 lieux en France.
La hausse des énergies renouvelables dans le
mix énergétique implique par conséquent le
développement et la mise à niveau du réseau
électrique.
Afin de donner un ordre de grandeur,
ERDF a consacré en 2012 plus de 136
millions d’euros d’investissements afin de
mettre le réseau à niveau et de relier les
consommateurs d’énergie dans la région
Nord-Pas de Calais. Afin de relier les
62
producteurs d’énergies renouvelables sur
l’ensemble du territoire français, ERDF investit
actuellement plus de 200 millions d’euros
chaque année.
Les investissements nécessaires au
développement des réseaux dans la région
Nord-Pas de Calais doivent faire l’objet
d’une évaluation et d’une planification. Un
programme d’investissement réseau à long
terme pourrait être initié par la Région.
Cette initiative devrait être intégrée dans
un plan national, impliquant à la fois les
opérateurs nationaux et les collectivités
locales pour déterminer les programmes
d’investissement de manière régulière.
Durant le débat sur la transition énergétique
ERDF a proposé d’organiser cette coopération
à un niveau régional, avec une consolidation
et des arbitrages sur les investissements
régionaux au niveau national par le
gouvernement. Tous les investissements
seraient alors classés par ordre de priorité
afin de garantir la transparence, et ce par une
entité élue démocratiquement.
Enfin, le « réseau de réseaux » sera relié aux
solutions de stockage.
5.5.7 Modifier la gestion de
l’énergie pour les entreprises:
évoluer d’un Directeur
informatique à un Directeur de
la productivité en charge de
l’information, de l’énergie et de
la logistique
La Troisième Révolution Industrielle vise
également à faire évoluer les comportements,
les méthodes de travail ainsi que les activités.
L’Internet de l’Energie permettra d’accélérer
ces changements:
• Les consommateurs individuels, en
disposant d’informations en temps réel
relatives à leur consommation d’énergie,
aux tarifs énergétiques et en étant en
mesure de produire et de vendre leur
propre énergie, pourront ainsi optimiser
leur consommation et donc réduire leur
facture énergétique,
• Les entreprises seront dotées
d’informations de surveillance similaires et
adapteront leur processus de production et
de logistique.
La Troisième Révolution Industrielle modifie
la gestion de l’énergie et le paradigme
logistique. Grâce aux informations en temps
réel, elle créé une convergence et une
interaction entre les systèmes d’information,
l’énergie et la logistique. Les modèles
d’exploitation des entreprises doivent
s’adapter à cette évolution: les technologies
de l’information, les flux logistiques et la
gestion de l’énergie doivent être gérés depuis
un endroit unique.
Un nouveau poste sera créé au sein des
entreprises: le Directeur des systèmes
d’information sera remplacé par le
Directeur de la productivité en charge de
l’information, de l’énergie et de la logistique.
Par conséquent, une formation et un
développement de compétences seront
nécessaires pour former soit le CIO dans ses
nouvelles responsabilités, soit de nouveaux
employés pour un tel poste de direction.
La région peut anticiper ces besoins en créant
de nouveaux parcours de formation:
• Formation de professionnels dédiés
désireux d’étendre leur champ de
compétences fonctionnelles (CIO actuel
devenant Directeur de la productivité),
• Formation de jeunes étudiants dédiés afin
de développer ces nouvelles compétences.
La création de nouveaux programmes
de formation exige de l’anticipation: la
Région devrait immédiatement commencer
à travailler avec des universités et des
organismes de formation. Les entreprises
et les PMEs devraient prendre part à
l’élaboration de ces nouveaux programmes
éducatifs, afin d’exprimer leurs besoins pour
se projeter dans la Troisième Révolution
Industrielle.
Le Directeur de la productivité pourra
créer des synergies entre la gestion de
l’énergie, la gestion de l’information, la
gestion des flux logistiques et l’éducation,
chacun d’entre eux contribuant à une
augmentation de l’efficacité énergétique.
Tandis que traditionnellement, le Directeur
des opérations (COO) gère la logistique et
la production, ses fonctions doivent être
étendues pour devenir ainsi le principal
moteur de la Troisième Révolution
Industrielle. Cette fonction sera tout d’abord
nécessaire aux entreprises du secteur des
bâtiments dans le projet Zen-e-Ville: elles
devront gérer une logistique contraignante
avec un engagement en matière d’efficacité
énergétique sur le produit final.
5.5.8 Soutenir les projets de
réseau intelligent existants
La Région a déjà lancé 2 projets pilotes
impliquant les réseaux intelligents. Ces
projets peuvent être intégrés dans les travaux
plus importants menés dans le cadre de la
Troisième Révolution Industrielle. Ils peuvent
être utilisés comme données d’entrée pour
l’évaluation de la faisabilité et des coûts.
Projet TIC – eNeRGY TIC
Le projet Energy TIC est mis en œuvre au
niveau des logements sociaux. L’initiative
est axée sur la sensibilisation des individus
à la gestion de l’énergie grâce aux nouvelles
technologies. Elle permet de former des
démonstrateurs de comptage intelligent
parmi les habitants de 500 logements situés
à Arras, Outreau, Saint Omer, Béthune
et Saint Étienne au Mont. Un compteur
intelligent a été installé dans des logements,
en fournissant des informations en temps
Initiatives
réel relatives à la consommation d’énergie,
en tant que service complémentaire au
logement. Les locataires désireux de
participer seront équipés et formés à utiliser
une tablette numérique. Ils recevront
également des conseils concernant leur mode
de consommation.
Garantir un accès tiers aux données énergétiques historiques et quotidiennes (services
en open data)
Être la première région à déployer des compteurs intelligents à grande échelle
à court terme
(3-5 ans)
Le démonstrateur fournira un retour
d’expérience sur l’impact d’actions de
formations et de sensibilisation sur les
comportements individuels. Ceci permettra en
outre à la région de mesurer les réalisations
relativement à l’effort qui a été nécessaire
pour atteindre ces objectifs.
Le projet est encore en cours de
développement. Les principaux défis
consistent à garantir (1) que les bâtiments
sont totalement remis à niveau en terme
de hautes performances énergétiques, (2) le
déploiement des composantes essentielles du
réseau intelligent (en particulier les énergies
renouvelables), (3) à intégrer l’interaction
avec les usagers et (4) à anticiper l’interaction
entre les réseaux.
Le démonstrateur fournira un retour
d’expérience afin de tirer le meilleur parti du
déploiement d’un réseau intelligent sur des
bâtiments performants à l’échelle urbaine, sur
une boucle d’alimentation indépendante.
5.5.9 Récapitulatif des initiatives
Ainsi, l’Internet de l’Energie offre les moyens
de réguler la demande et d’automatiser
l’équilibrage continuentre les zones de
production et les zones de consommation
d’énergie. Ce réseau permet aussi de favoriser
la mise en œuvre du cinquième pilier « le
transport électrique et à pile à combustible »
présenté dans le chapitre suivant.
5.6 Pilier 5: Les transports
électriques rechargeables et à pile
à combustible
Le cinquième pilier de la TRI transforme à
la fois l’organisation et les moyens pour la
mobilité des marchandises et des personnes.
Brancher des véhicules rechargeables
nécessite un réseau énergétique efficient et
intelligent, capable de charger et décharger
les batteries ou piles à combustible. Le
lancement des véhicules électriques ne sera
toutefois efficace que s’ils peuvent être
rechargés avec des énergies renouvelables.
C’est pourquoi les piliers 1, 2, 3 et 4 sont
essentiels pour établir le pilier 5.
Organiser un programme d’investissements réseau à long terme, intégrant les besoins
locaux, et renforcer les projets régionaux à travers des architectures énergétiques
optimisées
Intégrer une centrale électrique virtuelle dans les projets de rénovation et viser
l’autonomie énergétique
Projet SuNRISe
Le projet SUNRISE est un prototype de
réseau intelligent urbain sur une boucle
d’alimentation indépendante (micro-réseau).
Ce réseau intelligent sera déployé sur le
campus de l’Université des Sciences de Lille.
D’ici à la fin de l’année 2015, la boucle
d’alimentation indépendante sera installée. A
terme, 150 bâtiments seront équipés sur 110
ha et 25 000 utilisateurs seront concernés.
Intégrer une centrale électrique virtuelle dans les projets de rénovation et viser
l’autonomie énergétique
à moyen
terme
(5-10 ans)
Partager les scénarios énergétiques pour permettre une intégration transfrontalière
à long terme
(10-20 ans)
Modifier la gestion de l’énergie pour les entreprises: évoluer d’un Directeur
informatique à un Directeur de la productivité
Soutenir les projets de réseau intelligent existants
En 2008, la mobilité représentait 20 pour
cent de la consommation d’énergie de la
région. Elle est par conséquent un levier
majeur. Les gains en efficacité peuvent être
recherchés dans les deux domaines, transport
des personnes et des marchandises. D’ici
2030, au niveau européen, on prévoit que les
besoins en matière de mobilité vont croître de
20 à 30% en voyageurs x km ou en tonnes x
km. Cette augmentation devrait être atteinte
à travers une optimisation et consolidation
des infrastructures existantes.
La région Nord-Pas de Calais a d’ores et déjà
de nombreux atouts, en particulier grâce
à sa position géographique comme « hub
international principal » pour le transport de
marchandises et de personnes.
De nombreux modes de transport existent
déjà: un réseau ferroviaire à grande vitesse
pour les personnes (Thalys…) et marchandises
(projet Eurocarex), des aéroports, le Tunnel
sous la Manche « the Shuttle », des ports,
des voies navigables intérieures, maritimes,
des autoroutes européennes, et d’importants
itinéraires combinant transport routier et
trains longs (transport intermodal, autoroutes
ferroviaires).
La principale difficulté en considérant la
mobilité des marchandises est d’implémenter
une vision de long terme proactive et
unifiée: l’Internet Logistique. Pour faire en
sorte que la révolution se produise, il est
nécessaire d’engager des actions tangibles et
proactives, coordonnées et soutenues au plus
haut niveau. En effet, les changements de
comportement pourraient prendre beaucoup
de temps s’ils ne sont pas largement
encouragés. De plus, piloter une vision
générale permet à la région de choisir et de
Les participants du groupe de travail régional comprennent
les représentants du Projet Railenium, du Pôle i-trans, de
l’Institut français des sciences et technologies des transports,
de l’aménagement et des réseaux, du Centre d’étude
Technique de l’Équipement (CETE), de l’ADEME, de l’EDF, de
l’Association des Industries Ferroviaires NPDC.
71
prioriser les investissements. Ceci deviendrait
le rôle central du Conseil Régional Nord-Pas
de Calais.
5.6.1 Ambition régionale
Sur le plan des transports et la de mobilité, la
région Nord-Pas de Calais doit faire face aux
défis suivants:
• Un taux de déplacements en voiture très
élevé (82% du nombre de kilomètres
parcourus) dans la région Nord-Pas de
Calais,
• Temps perdu dans les embouteillages
estimé à 1,5% du PIB régional (76 heures
par an et par personne),
• Peu de services intermodaux, qu’il
s’agisse du transport de passagers ou de
marchandises,
• Faible convergence et interopérabilité
entre les offres de mobilité,
• Les acteurs régionaux de la mobilité
se concentrent essentiellement sur
la réduction des coûts plutôt que sur
l’innovation et les services,
• Des implications sociales et sanitaires: la
région Nord-Pas de Calais atteint le taux
d’obésité national le plus élevé.
Dans ce contexte, la Région a défini les
objectifs suivants pour entrer dans la
Troisième Révolution Industrielle:
• Devenir un centre de référence pour
expérimenter/développer de nouveaux
services et modèles économiques,
• Développer un réseau d’infrastructure
majeur pour les transports ferroviaires,
fluviaux et véhicules électriques
rechargeables,
Source: http://www.revue-transport-public.com/component/
content/article/125/1003?sectionid=27
72
63
• Changer les comportements et les usages
en matière de mobilité, vers des modes
plus sains et plus actifs,
• Développer des synergies inter-régionales
afin d’atteindre une taille
de marché critique,
• Réduire la demande énergétique de
transports de 10% d’ici à 2020 et de 25%
d’ici à 2030, par rapport à 2010.
5.6.2 Les services logistiques
comme bien commun
La région Nord-Pas de Calais bénéficie
d’un ensemble d’infrastructures de
transport exceptionnel par sa qualité de
hub au carrefour de l’Europe, y compris le
Tunnel sous la Manche. Le Tunnel sous la
Manche a amené des gains de productivité
considérables pour les professionnels
voyageant entre Paris, Londres, Bruxelles,
Amsterdam et Lille.
Les transports doivent être intégrés dans
la matrice productive, pour créer un « bien
commun » qui allie infrastructures et services.
Les communications par Internet, qui ne font
que commencer à gérer l’électricité verte
pilotée transversalement, sont désormais
utilisées pour créer un « Internet Logistique
» qui va transformer la logistique locale,
continentale et les transports tels que nous
les connaissons aujourd’hui. La convergence
des communications par Internet, de
l’Internet de l’Energie et de l’Internet
Logistique dans une même infrastructure
homogène, fonctionnant comme une
plateforme commune mutualisée, ouvre la
voie de l’Age de la Collaboration.
Alors que nos routes, partout dans le monde,
sont pour l’essentiel traitées comme des
infrastructures publiques, administrées
comme des « biens communs », les modes de
transport, que nous utilisons pour voyager et
expédier des matériaux et des marchandises
sur celles-ci, appartiennent à la fois à des
entreprises publiques et privées. Chaque jour,
des centaines de millions d’êtres humains
utilisent les transports publics pour se
déplacer vers et depuis leur travail et pour des
raisons de mobilité sociale. Trains de banlieue,
métros et bus assurent des services à des
coûts tous justes supérieurs, financés par les
taxes gouvernementales. D’autres centaines
de millions sont dépendants des voitures
privées pour leur mobilité économique
et sociale. D’autres encore utilisent une
combinaison de plusieurs modes: transport
public, véhicule privé et vélo.
La majeure partie des expéditions de produits
commerciaux et de marchandises est
acheminée par la route, par les transporteurs
privés. Les grandes entreprises de la
deuxième Révolution Industrielle, organisées
verticalement, s’appuient sur leurs propres
flottes internes de véhicules automobiles
et camions et/ou sous-traitent la tâche
64
d’entreposer-déplacer matériaux, composants,
autres fournitures et produits finis dans
l’ensemble de la chaîne de valeur. Le faire
seul a par ailleurs ses inconvénients. Bien
que maintenir un commandement interne,
vertical, sur la logistique et les transports
donne aux firmes privées un puissant
moyen de contrôle sur leur production ;
l’entreposage et les canaux de distribution
qui contrôlent cette production génèrent
d’importants coûts, pertes d’efficacité et de
productivité, ainsi que des émissions de CO2
accrues.
Une récente étude mondiale a révélé plusieurs
manières différentes selon lesquelles les
modèles de gestion privé de la logistique
contribuent à des pertes d’efficacité et
de productivité ainsi qu’une hausse des
émissions de CO2. Premièrement, dans le
seul territoire des États-Unis, les camions
semi-remorque ne sont, en moyenne, chargés
qu’à 60% lorsqu’ils circulent sur les routes
(65% en France). Le transport mondial fait
même moins bien et est estimé à moins
de 10% d’efficacité. Alors que les camions
quittent le plus souvent les docks chargés,
ils se vident de plus en plus après chaque
déchargement et reviennent souvent à vide.
Étonnamment, aux États-Unis en 2002 et
en Europe en 2010, en moyenne les camions
parcouraient 20% de la distance à vide et
de nombreux autres kilomètres avec une
remorque quasiment vide. Deuxièmement,
les fabricants, grossistes, distributeurs et
détaillants stockent leurs produits dans
des entrepôts durant de longues périodes,
souvent loin du lieu vers lesquels ils seront
finalement expédiés, à des coûts élevés.
Ce sont des marchandises qui restent en
attente dans des centres de distribution
et représentent des frais généraux
considérables. Les entrepôts sont sousutilisés durant certaines périodes de l’année
et font à d’autres moments au contraire
face à un manque de place du fait de la
nature saisonnière des lignes de produits.
Troisièmement, de nombreux produits
périssables ou sensibles aux saisons tels
que la nourriture et les vêtements resteront
invendus ; parce qu’ils n’auront pas pu
être livrés à temps en raison d’inefficacités
logistiques. Ces pertes dues aux contraintes
de temps sont souvent aggravées dans les
pays en développement, où les infrastructures
de transport et de logistique sont faibles, peu
fiables, et connaissent des défaillances.
Quatrièmement, les produits sont souvent
expédiés sur des circuits indirects plutôt
que sur les itinéraires les plus directs, en
grande partie en raison de la dépendance des
entrepôts et centre de distribution géants
centralisés qui couvrent de larges terrains.
Cinquièmement, dans un système logistique
mondial dominé par des centaines de
milliers de transporteurs privés, il manque
des standards et protocoles communs qui
permettraient aux entreprises de collaborer
en utilisant les technologies de l’information
et applications internet les plus récentes. Ce
qui permettrait de partager les ressources
logistiques d’une manière optimisée qui
réduirait les coûts opérationnels, avec une
efficacité et une productivité accrue.
La plupart des économistes soutiendraient
qu’un système capitaliste attaché à l’échange
de biens et de services sur le marché privé, et
dirigé par le motif de profits, est le moyen le
plus efficace pour allouer de rares ressources
à des fins de production. Cependant, lorsqu’il
s’agit de logistique — le moyen par lequel ces
biens et services sont stockés, transportés
et livrés aux clients - le processus est si peu
efficace et productif qu’il faudrait au moins
se donner un temps de réflexion.
Avec des coûts d’énergies qui oscillent vers
des pics plus élevés, qui représentent un
poids croissant sur notre système logistique
déjà redondant, avec des inefficacités
à chaque tournant ; il est aujourd’hui
particulièrement important de repenser
la façon dont nous stockons et expédions
matériaux et marchandises. Si les logistiques
ne représentaient qu’une petite partie du
système capitaliste, cela n’aurait que peu
d’importance. Mais les logistiques sont
le moteur entraînant de ce système — le
processus par lequel fournisseurs et acheteurs
entrent en contact et mènent des affaires à
chaque étape de la chaîne de valeur. En 2004,
le transport de marchandises représentait
12% des emplois directs et indirects en
France.
Les inefficacités surenchérissent une énorme
facture CO2. En France, en 2011, 84%
du transport a été réalisé par la route, en
émettant des quantités considérables de CO2
dans l‘atmosphère.
Aujourd’hui, une nouvelle génération
d’universitaires et de professionnels de
la logistique porte un regard attentif sur
le système de communication Internet,
distribué, collaboratif, transversal, avec
son architecture de systèmes ouverts et sa
gestion des services communs ; ce modèle
pourrait radicalement transformer les
logistiques mondiales telles que nous les
connaîtrons au 21ème siècle. Ironiquement,
les leaders de l’industrie se souviendront
que l’industrie de l’informatique et des
télécommunications a emprunté certaines
métaphores logistiques afin de conceptualiser
leurs premières avancées dans la révolution
des communications par Internet. Peu de
temps après le lancement du World Wide
Web en ligne, le Vice-président des ÉtatsUnis, Al Gore, a évoqué la nécessité de créer «
une super autoroute de l’information »,
indiquant que la création du système
d’autoroute américain reliant les différents
états avait permis une génération plus tôt de
relier le transport routier, avec des retombées
allant du développement des banlieues
au désenclavement géographique de la
fabrication et de la distribution, avec une
croissance fulgurante du tourisme – tout ceci
offrant aux États-Unis la période économique
la plus prospère de ses 200 ans d’histoire.
L’architecture ouverte d’un système
autoroutier interconnecté inter-Etat, qui
permet à un véhicule d’aller d’une côte à
l’autre sans rencontrer le moindre feu rouge,
a inspiré les férus d’informatique à concevoir
un support de communication interconnecté
qui permet de faire circuler des paquets
d’informations à travers différents réseaux au
sein d’un système fluide et transparent.
De la même manière, le secteur de
la logistique utilise actuellement des
métaphores de l’Internet pour repenser sa
propre industrie. Benoît Montreuil, du «
Centre de recherche universitaire sur les
réseaux d’entreprise, la logistique et le
transport » (CIRRELT) au Canada explique
que tout comme l’univers numérique a
repris la métaphore de la super autoroute, le
secteur logistique devrait à présent adopter
la métaphore de l’architecture ouverte de la
communication par Internet distribuée, pour
remodeler la logistique mondiale. Montreuil
décrit les caractéristiques essentielles d’un
Internet Logistique, en précisant que de
nombreux composants sont déjà en place,
mais ne sont pas encore connectés au sein
d’un seul système-ouvert transparent.
En premier lieu, un paquet d’information
transmis sur l’Internet numérique contient
des informations relatives à son identité
et à son itinéraire pour rejoindre sa
destination. Le paquet de données est
structuré indépendamment de l’équipement,
ce qui permet de traiter le paquet à travers
différents systèmes et réseaux, incluant
des câbles de cuivre, fibres optiques,
routeurs, réseaux locaux, réseaux de
grandes régions etc. De la même manière,
tous les produits physiques devraient être
intégrés dans des conteneurs modulaires
normalisés qui pourraient être transportés à
travers l’ensemble des réseaux logistiques.
Ces conteneurs devraient être équipés
d’étiquettes et de capteurs intelligents qui
permettraient de les identifier et de les trier.
Le système tout entier, de l’entreposage
au transport jusqu’aux utilisateurs finaux,
nécessiterait d’utiliser les mêmes standards
techniques et protocoles pour réaliser en
toute simplicité le passage d’un point à
l’autre.
Grace à l’Internet Logistique, le transport
traditionnel « de point à point » et « hub
and spoke » céderait la place au transport
intermodal multi-segments distribué. Plutôt
que d’avoir un chauffeur prenant en charge
l’ensemble de la prestation de transport
du centre de distribution jusqu’au lieu de
déchargement final, puis se détournant sur
le site le plus proche pour collecter une
cargaison à livrer sur le chemin du retour ;
la livraison serait pilotée globalement dans
un système distribué. Le premier chauffeur
pourrait livrer la cargaison au sein d’un hub
situé à proximité, puis prendre en charge une
autre remorque et cargaison pour revenir à
son point de départ. Un second conducteur
collecterait alors la cargaison, puis la livrerait
au prochain hub sur la ligne – qu’il s’agisse
d’un port, d’une gare de triage ou d’un
aéroport – jusqu’à ce que l’ensemble de la
cargaison soit arrivée à destination.
Montreuil explique que selon l’ancien
système, un conducteur se rend du Québec à
Los Angeles, soit 10.000 km aller-retour en
au moins 240 heures, le conteneur atteignant
Los Angeles après 120 heures de route. Grâce
au système distribué, 17 chauffeurs différents
rouleraient chacun en moyenne six heures
puis rentreraient chez eux dans la même
journée. Ce système de transfert permettrait
d’acheminer le container à Los Angeles en
seulement 60 heures, soit la moitié du temps
nécessaire selon le système traditionnel
de point à point. Le suivi du conteneur
par Internet permettrait un relais rapide à
chaque point de distribution, en garantissant
l’absence de perte de temps lors de chaque
transfert.
Selon le système logistique actuel, la plupart
des sociétés privées possèdent un ou plusieurs
entrepôts-centres de distribution, mais
rarement plus de 20. La plus grande partie
des entrepôts ou centres de distribution sont
indépendants et signent habituellement
des contrats avec une seule entreprise
privée, ils gèrent rarement la logistique de
plus de dix entreprises. Cela signifie que
les sociétés privées n’ont à leur disposition
que quelques entrepôts ou centres de
distribution spécialisés, ce qui limite les
diverses opérations possibles en stockant
et en transportant les marchandises sur les
différents continents.
Si ces centres étaient reliés au sein d’un
réseau d’approvisionnement ouvert, géré
par des algorithmes sophistiqués capables
d’utiliser le système des Big Data, pour
stocker des articles et acheminer les
cargaisons de la manière la plus efficace
possible et à tout moment ; il y aurait une
amélioration considérable de l’efficacité
énergétique et de la productivité, avec un
bénéfice partagé en économies de carburant
et réductions d’émissions de CO2 pour
chacune des entreprises utilisant le réseau.
Benoît Montreuil précise qu’un réseau
d’approvisionnement ouvert permettrait aux
entreprises de réduire leur délai d’exécution à
un taux proche de zéro, à condition que leur
stock soit distribué dans quelques-uns des
centaines de centres de distribution situés
à proximité du marché de l’acheteur final.
De plus, au fur et à mesure des progrès de
l’impression 3D, les entreprises pourraient
transmettre des logiciels codant leurs
produits vers des imprimantes 3D locales
capables de l’imprimer puis de le stocker dans
un centre de distribution situé à proximité,
en vue d’une livraison finale aux grossistes et
clients régionaux.
La technologie pour mettre en œuvre un
Internet Logistique existe et est déjà en
grande partie disponible. Il est nécessaire
de faire évoluer le système actuel vers
l’adoption de normes-protocoles universels
et d’un modèle commercial, destiné à faire
fonctionner un système logistique ouvertconnecté aux niveaux régional, continental
et mondial.
Dans le secteur logistique, l’on pourrait
douter que des centaines d’entreprises
s’associeraient en toute confiance à une seule
entreprise privée pour gérer l’ensemble de
leurs flux de transport. Ce type de monopole
poserait le même genre de problèmes
que si l’on permettait à des opérateurs de
télécommunication de contrôler seuls les flux
d’informations sur l’ensemble de la toile. Une
supervision et une gestion gouvernementales
peuvent être soumises à des abus, compte
tenu de leur propension à utiliser le système
pour récompenser des référents nationaux
et à faire de la discrimination face aux
entreprises extérieures menant des activités
sur leurs marchés.
En se rassemblant au sein de coopératives
logistiques ou de toute autre forme de
gestion des services communs, chaque société
privée pourrait récolter les fruits d’une
appartenance à un service interconnecté au
sein d’un réseau à grande échelle.
Des fournisseurs de services de transport
intégrés existent et vont vraisemblablement
prendre de plus en plus en charge la tâche
de consolider les flux entre plusieurs clients,
réunis au sein de structures coopératives,
pour concrétiser le vaste potentiel d’un
Internet Logistique qui facilite des économies
d’échelle transversales. Une infrastructure
logistique ouverte permettra aux fournisseurs
de services de transport intégrés d’accéder
à un terrain de jeu universel — composé
de centaines d’entrepôts et de centres
de distribution, reliés au sein d’un réseau
coopératifs d’entreprises unique — qui
leur permettra d’optimiser les exigences
logistiques de chacun de leurs clients
5.6.3 Créer une gouvernance
dédiée aux projets de mobilité
de la Troisième Révolution
Industrielle
De la même manière qu’il existe pour
l’Internet une autorité centrale qui fait
évoluer les protocoles et contrôle l’attribution
des adresses, l’Internet de la Logistique a
besoin d’une autorité centrale pour prioriser
Les AOT en France désignent des autorités publiques chargées
de définir la politique de couverture et de tarification du
transport. En général, les départements font office d’AOT
pour les transports non-urbains sur leur territoire, tandis que
les régions assurent le rôle d’AOT dans le domaine ferroviaire
pour leur secteur.
73
65
les investissements et coordonner les modes
de transport.
Créer un conseil de la planification
des transports
Compte tenu des investissements et de la
nécessité d’avoir une vision d’ensemble de
la mobilité à long terme au niveau régional,
le groupe de travail régional a suggéré la
création d’un « conseil de planification
des transports ». En réunissant les parties
prenantes locales (entreprises, gouvernements
locaux, experts, universités…), le Conseil
travaillerait en étroite collaboration avec le
groupe de travail actuel, et serait en charge
de façonner l’avenir de la mobilité dans le
Nord-Pas de Calais. Le groupe de travail serait
mandaté pour trouver des idées innovantes,
évaluer leur impact et leur faisabilité, garantir
leur cohérence et planifier leur réalisation
en vue d’atteindre les objectifs régionaux. Il
jouerait essentiellement un rôle consultatif.
Les membres du groupe de travail régional
sur le Pilier Mobilité sont prêts à poursuivre
leur travail et seraient naturellement
les principaux membres de ce conseil71
qui pourrait ensuite accueillir d’autres
participants concernés. Le conseil doit être
constitué à court terme, afin de poursuivre
l’impulsion créée par le groupe de travail sur
la Troisième Révolution Industrielle en 2013.
Créer une Agence des Mobilités pour
la région Nord-Pas de Calais
Dans la région Nord-Pas de Calais, le SMIRT
(Syndicat Mixte Intermodal Régional de
Transports) a été créé en 2010, en regroupant
la Région et 13 autres AOT. La mission est
de « développer et de simplifier l’utilisation
du transport public dans l’ensemble de la
région Nord-Pas de Calais en ligne avec le
développement durable »72. Le SMIRT est
unique en France et cherche à instaurer un
transport intermodal au sein de la région:
coordination des offres, informations
multimodales, harmonisation des tarifs,
développement d’une billetterie simplifiée de
tickets de transports, tickets partagés pour
plusieurs modes de transport (voir § 5.6.9
Développer des stations intermodales et une
tarification intégrée de point-à-point). Le
groupe de travail régional sur les transports
a suggéré d’offrir au SMIRT le rôle d’une
agence de mobilité, possédant de véritables
moyens d’action.
A plus long terme, il est nécessaire de créer
une « Agence des mobilités » pour la région
Nord-Pas de Calais, afin qu’elle joue un rôle
indispensable de prise de décision. Cette
agence doit être une entité légale, dotée
de l’autorité et des leviers nécessaires pour
Les participants du groupe de travail régional comprennent
les représentants du Projet Railenium, du Pôle i-trans, de
l’Institut français des sciences et technologies des transports,
de l’aménagement et des réseaux, du Centre d’étude
Technique de l’Équipement (CETE), de l’ADEME, de l’EDF, de
l’Association des Industries Ferroviaires NPDC.
exiger des engagements et des mesures de la
part des parties prenantes régionales. Cette
autorité permettrait de mettre en œuvre la
vision de la mobilité. Parmi ses prérogatives,
on pourrait proposer:
• Perspective d’avenir et innovation:
plan d’une vision à long terme, études
d’innovation, appels à projet …
• Gestion des programmes: études
d’innovation, évaluation et planification
de projets, tableau de bord, définition et
surveillance des ICP, évaluation de l’impact
…
• Coordination des parties prenantes
publiques et privées
L’Agence doit se composer de représentants
de l’AOT (Autorité Organisatrice de
Transports) locale73. Le principal défi
consisterait à définir les acteurs impliqués
ainsi que leurs leviers d’action afin de
garantir une réelle valeur ajoutée. Cette
agence aurait pouvoir pour suggérer des
actions en matière de logistique et de fret.
5.6.4 Revoir l’organisation
logistique de proximité afin de
réduire les émissions de carbone
Avant l’Internet, les ordinateurs et les
systèmes d’automatisation communiquaient
en utilisant leur propre protocole propriétaire
et la connectivité du matériel. Le Minitel
utilisait un encodage propriétaire qui ne
pouvait transiter sur d’autres moyens
que la ligne terrestre de l’ancien système
téléphonique. Le trafic Minitel n’était pas
compatible avec un modem traditionnel
de communication. Dans le secteur des
transports, des limitations similaires se
produisent: différents fournisseurs desservent
une même boutique en ville avec leur
propre service de livraison qui ne peut pas
livrer un même endroit d’une seule fois,
ce qui crée des embouteillages dans les
rues. L’Internet Logistique nécessite une
approche coopérative entre les différents
prestataires pour parvenir à une optimisation
des livraisons. Le but de ce paragraphe est
de décrire les moyens de parvenir à une telle
optimisation dans la logistique de proximité.
Mettre en œuvre une logistique
coopérative du dernier kilomètre
La logistique « du dernier kilomètre » est plus
onéreuse pour l’expéditeur mais également en
termes de conséquences environnementales:
le transport de marchandises représente
environ un tiers des émissions polluantes
dans les zones urbaines.
La logistique « du dernier kilomètre »
concerne des défis à la fois internes (par ex.
71
66
les opérations des terminaux) et externes
(par ex. les embouteillages) pour le secteur
de la distribution de marchandises. Les
défis internes peuvent pour la plupart être
relevés par le secteur grâce à une meilleure
synchronisation et une meilleure coordination
des opérations, mais les défis externes
exigent des efforts concertés en matière de
politique publique.
L’opération est complexe car il existe
plusieurs solutions, selon les secteurs et
les acteurs présents. Les zones rurales et
urbaines ne sont pas confrontées aux mêmes
difficultés: dans les villes, ces difficultés
sont dues au nombre élevé de véhicules
utilisés pour livrer une faible quantité de
marchandises, notamment pour le transport
privé (le transport privé affiche actuellement
une forte hausse en raison de l’e-commerce).
Dans les zones rurales, la difficulté concerne
les distances élevées requises pour effectuer
une livraison, générant ainsi des taux élevés
d’émission de carbone.
Les solutions du dernier kilomètre doivent
également tenir compte du type de
marchandises livrées:
• Le transport privé provenant de
l’e-commerce ou de la vente par
correspondance: les principales
caractéristiques sont les petites quantités
des marchandises expédiées, la fréquence
inégale et la disponibilité des individus
devant se trouver à leur domicile pour
réceptionner leurs colis.
• Transport commercial: les principales
caractéristiques sont de grandes quantités
et une fréquence égale pouvant être
supérieure à une fois par jour.
Trois principaux leviers peuvent être utilisés
pour résoudre le problème lié à la logistique
du dernier kilomètre:
• Optimisation de l’espace réservé aux
camions à court terme, ce qui permettra
de passer à l’Internet Logistique physique,
à moyen/long terme,
• Le réseau existant de La Poste (plus de
17 000 bureaux de poste en France) et
d’autres acteurs logistiques,
• La mobilité des individus, puisque la
plupart d’entre se déplacent tous les
jours et passent par des lieux où des
marchandises pourraient être stockées.
Dans les lieux commerciaux, l’optimisation
et le partage de l’espace réservé aux camions
(grâce aux containers normalisés créés avec
l’Internet physique) semblent représenter
une bonne option. L’objectif est de disposer
d’un espace vide le plus faible possible, ce qui
signifie que le même camion peut, au cours
Les AOT en France désignent des autorités publiques chargées
de définir la politique de couverture et de tarification du
transport. En général, les départements font office d’AOT
pour les transports non-urbains sur leur territoire, tandis que
les régions assurent le rôle d’AOT dans le domaine ferroviaire
pour leur secteur.
73
Source: http://www.revue-transport-public.com/component/
content/article/125/1003?sectionid=27
72
d’une tournée, livrer des marchandises et en
remporter d’autres (des déchets par exemple).
Ce système permet de réduire la nécessité
de camions multiples. La normalisation
des containers ainsi que l’encapsulation
intelligente avec reconnaissance numérique
permettent aux transporteurs d’associer des
flux entrants/sortants dans un même camion
et de livrer des marchandises destinées
à plusieurs enseignes (ce qui rompt avec
la méthode d’expédition individuelle et
indépendante qui existe aujourd’hui). Ces
solutions d’optimisation sont déjà en place
dans certains « éco-quartiers », tels que
les rues Climate Street / Utrechtsestraat à
Amsterdam. Le défi consiste désormais à
développer de telles initiatives à plus grande
échelle. La région pourrait ainsi être la
première à organiser un Internet Logistique à
l’échelle de la ville, mais aussi entre les villes.
Dans les zones résidentielles, le transport
de marchandises est principalement utilisé
pour les livraisons privées. Même si l’Internet
Logistique (par partage de l’espace réservé
aux camions) permet d’optimiser les flux,
les principaux leviers sont les suivants: une
meilleure organisation des calendriers de
livraison, le développement des points de
livraison sur les voies existantes habituelles
de mobilité des individus, ainsi que
l’utilisation des réseaux logistiques existants.
• une meilleure organisation des
calendriers de livraison, en garantissant
qu’une personne est présente lorsque
les colis sont acheminés, ce qui permet
de limiter le transport inutile. Afin
d’assurer une optimisation maximale,
les entreprises doivent partager leurs
calendriers de livraison afin de pouvoir
partager le camion se rendant sur un
lieu spécifique. Ceci pourrait être réalisé
grâce à des outils spécifiques activés
par des plateformes logistiques et des
centres de livraison communs créés
dans le programme Internet Logistique
physique. Pour aller plus loin, au niveau
d’un bâtiment ou d’une rue, les habitants
pourraient organiser ensemble la livraison
de leurs produits, en particulier pour les
produits laitiers et l’eau généralement
achetés en ligne puis livrés à domicile. Une
application mobile pourrait ainsi permettre
aux habitants d’une rue de savoir si
d’autres personnes ont commandé de l’eau
en livraison et ajouter leur commande en
ligne. En tenant compte des commandes
de la commune, un algorithme permettrait
de calculer la journée optimale pour
procéder à la livraison, en alliant différents
produits. La livraison sera effectuée le
même jour pour tous les habitants de
la rue /du bâtiment. L’avantage pour
l’expéditeur est de réduire les coûts de
livraison. Les consommateurs paieront
donc des frais de livraison inférieurs
puisque ces derniers seront partagés
entre les habitants de la commune. Des
entreprises de produits de consommation
courante seraient certainement intéressées
par ce type de modèle, puisque les frais
de livraison sont aujourd’hui souvent
supportés par l’entreprise. De plus petits
producteurs (par ex. des producteurs
locaux de fruits et de légumes) pourraient
également s’y intéresser puisque ce
système leur offrirait la possibilité de créer
un service de livraison, et ce à moindre
coût. Cette initiative pourrait tout d’abord
commencer avec une seule entreprise puis
être étendue à d’autres produits et d’autres
sociétés. Ces livraisons en coopérative
pourraient être organisées pour des
produits frais régionaux, ce qui créerait
des synergies supplémentaires au sein de
l’économie locale.
• L’utilisation de la mobilité existante
et naturelle des individus change les
règles: ce ne sont plus les produits qui
sont livrés au consommateur, mais les
consommateurs qui vont chercher les
produits dans un lieu pratique, sur leur
trajet habituel. Le système consiste à
créer des points de livraison dans des lieux
fréquentés par la plupart des individus,
par exemple des gares, des stations de bus
et d’autres stations de transport public,
mais également des gares de péage pour
les personnes devant se déplacer en
voiture ainsi que des centres d’affaires.
Ces solutions présentent les avantages
d’être naturellement accessibles puisque
les individus passent tous les jours par ces
lieux de livraison en se rendant sur leur
lieu de travail ; de plus, elles réduisent
le nombre de points de livraison des
véhicules utilisés à cet effet, ce qui facilite
le partage de l’espace réservé aux camions.
La clé de la réussite de ce projet est de
prévoir pour ces points de livraison une
large plage d’horaires d’ouverture ; des
solutions sécurisées ouvertes 24h/24 et
7 jours sur 7 pourraient être envisagées.
Des applications mobiles permettraient
de simplifier le processus de commande,
en choisissant le point de livraison et en
connaissant la date de livraison. Des points
de livraison existent déjà, mais la plupart
sont situés dans des bureaux de poste ou
des boutiques, ce qui limite les heures
d’ouverture. L’innovation consiste ici à
associer la localisation au sein de nœuds
de mobilité au quotidien.
La Poste pourrait continuer à être un point
de livraison physique, mais ceci exigerait
une amélioration des services afin de
prévoir des retraits en dehors des heures
de travail. De telles initiatives existent déjà
; elles doivent cependant être multipliées.
• Les réseaux existants de fourniture
de services pourraient être largement
optimisés. Par exemple, dans l’ensemble
du territoire français, La Poste assure une
mission de service public consistant à
livrer au quotidien le courrier de chaque
foyer. Ceci signifie que 110 000 facteurs
assurent une tournée de distribution de
courrier quotidienne de 600 000 courriers.
Cette main-d’œuvre pourrait servir de
point de contact physique pour livrer
d’autres services en plus du courrier. Il y
a quelques années, La Poste a déjà lancé
ce type de service, baptisé « Facteurs
services + »74 et qui propose des services
de proximité spécifiques tels que des
livraisons de médicaments ou de produits
culturels aux personnes âgées. Un partage
intelligent de l’itinéraire des facteurs
permettrait d’accroître la productivité. La
principale difficulté serait d’encourager
un certain nombre d’acteurs différents à
travailler de concert afin de façonner et de
proposer ce service. Même si les facteurs
sont les plus visibles, certains acteurs
moins conséquents peuvent être désireux
de prendre part à un modèle de livraison
à domicile. Le modèle économique doit
être défini avec les acteurs locaux les plus
pertinents.
Comme elle n’a pas d’intérêt économique
direct, la Région pourrait se positionner
comme un accélérateur neutre pour ce
projet puis proposer d’être un territoire
pilote pour réaliser les premiers essais.
Pour les consommateurs, cette initiative
pourrait offrir un point de contact unique,
réduisant ainsi la nécessité de se trouver
à son domicile pour réceptionner les
commandes.
Les avantages de ces initiatives comprennent
l’optimisation de la plateforme existante,
le désengorgement des centres villes et un
meilleur confort offert aux consommateurs.
Amsterdam a mis en place un système
coopératif de ce type75. Une gouvernance
intelligence et un équilibre économique des
opérations logistiques constituent la clé de
la réussite. La Région pourrait entamer un
dialogue avec les parties prenantes et les
PMEs consommatrices ou opératrices de
logistiques afin de prendre les premières
décisions ne nécessitant pas l’infrastructure
complète de l’Internet Logistique, tout en
intégrant ce concept dans les plans à moyen
terme.
D’ici à 2020, la région serait le premier lieu
où l’expérience avec un acteur local pourrait
avoir lieu.
D’ici à 2030, la région pourrait également
être la première à avoir mis en place
l’Internet Logistique et à en définir des
normes pour les régions voisines.
http://www.laposte.fr/Facteurs-Services-Plus
74
http://amsterdamsmartcity.com/projects/detail/id/9/slug/
klimaatstraat
75
67
Soutenir la logistique du dernier
kilomètre grâce à une bouse
multimodale
La logistique coopérative du dernier kilomètre
est possible uniquement en prévoyant une
période de transition au cours de laquelle
le partage de camions serait obligatoire.
Cependant, la Région peut engager des
mesures pour faciliter cette mise en œuvre.
La livraison de matériaux sur des sites de
construction est critique en termes de gestion
du temps puisque le coût des ouvriers est
élevé et qu’ils ne peuvent attendre ces
matériaux pendant de trop longues périodes.
C’est la raison pour laquelle la livraison
doit être mieux organisée afin d’éviter tout
retard. Le partage de camions repose sur les
propriétaires de camions qui satisfont aux
exigences des expéditeurs de marchandises.
La connexion entre ces populations doit
être soutenue par un système d’information
hautes performances offrant une visibilité
complète de l’offre/de la demande concernant
l’espace de livraison, aidant les expéditeurs
à définir leurs itinéraires de livraison, mais
également les constructeurs à organiser
leurs calendriers de travaux. Une plateforme
d’échange de transmission permettrait de
venir à l’appui de ces interactions. Cette
plateforme devrait être multimodale, afin
de faciliter le transport de marchandises
provenant de différents lieux. Il devrait exister
seulement quelques lieux de ce type, puisque
la valeur d’un
lieu d’échanges réside dans une large
offre/demande.
Des échanges simples impliquent des
protocoles et des formats normalisés
(conditionnement, volumes, poids, délai de
livraison, distances…).
Le rôle de la Région serait d’initier et
d’organiser cette plateforme, de définir
des normes et de garantir la sécurité des
échanges. L’établissement de normes et
la définition d’organisations d’échange
logistique constitueraient ainsi les premières
étapes de l’ère de l’Internet Logistique
physique pour le bénéfice des PMEs locales.
5.6.5 Créer le premier Internet
Logistique, pour la région mais
également au-delà des frontières
Zen-e-Ville et la Vallée de la Biosphère
(§5.3 Pilier 2: Les bâtiments producteurs
d’énergie) deviendraient la première initiative
à ouvrir la voie de la Troisième Révolution
Industrielle. Un projet de cette envergure
exige du matériel et des individus prêts à
travailler sur site. Les besoins en matière de
transport offrent l’opportunité de commencer
à organiser le réseau de logistique et de
transport qui viendra soutenir ce travail. Ceci
marquera le début de l’« Internet Logistique
Physique », qui doit être caractérisé par
des formats d’échange normalisés et une
encapsulation permettant de simplifier le
transport et les échanges de marchandises. Ce
réseau doit être économe en énergie, destiné
aux marchandises et aux individus et être
conçu parallèlement au projet Zen-e-Ville.
Faire du flux de matériaux des
rénovations massives une véritable
opportunité
Tel que décrit précédemment, le projet
Zen-e-Ville offrira l’opportunité d’éprouver
l’Internet Logistique. Les coûts des matériaux
(42,8%) sont généralement équivalents aux
frais de main-d’œuvre (43,2%) au sein de
la structure des coûts de construction76.
Compte tenu du taux de rénovation ciblé des
bâtiments résidentiels, un flux important de
matériaux de construction neufs et usagés
sera déclenché par les travaux de rénovation.
Le bois lui-même, s’il est utilisé de manière
ambitieuse pour l’isolation thermique,
l’enveloppe extérieure et la structure des
bâtiments, serait acheminé depuis l’est
de la France (Ardennes). Compte tenu de
l’équilibre commercial national des matériaux
de construction (importations nationales 1
600M€, exportations 800M€77), on prévoit
que certains matériaux majeurs proviendront
de pays voisins.
Ce flux de matériaux doit être planifié puis
organisé conformément aux principes de
l’Internet Logistique. Des efforts majeurs
doivent être entrepris en matière de
planification de la construction, afin que les
différents entrepreneurs tirent parti d’une
plateforme logistique commune de manière
collaborative afin de réduire au maximum
les coûts environnementaux et financiers du
transport de matériaux.
Afin de concrétiser ce projet, la Région doit
travailler en étroite collaboration avec les
PMEs et acteurs logistiques locaux: la SNCF
pour le domaine ferroviaire, mais également
les différents représentants du secteur
ou les fédérations , ainsi que des entités
dédiées travaillant sur le développement des
transports et de la logistique dans le NordPas de Calais: Euralogistic, Club logistique et
transport 59-62, Club logistique du HainautCambrésis.
La Région doit définir la vision de l’Internet
Logistique et la partager avec les acteurs
logistiques, afin d’être en mesure de travailler
ensemble sur ce projet. Cette vision doit
également être partagée avec le projet Zene-Ville, afin d’être en mesure de planifier les
travaux en sachant d’où et de quelle manière
proviendront les matériaux dont ils auront
besoin.
La Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR),
l’Union Nationale des Organisations Syndicales des
Transporteurs Routiers Automobiles du Nord-Pas de Calais
(UNOSTRA), la TNF Nord-Pas de Calais, l’association UNOTRE
et l’Association française pour la logistique (ASLOG)
78
Grant Thornton, 2009
76
INSEE, 2001
77
68
Ce projet permettra de créer des emplois,
grâce à la mobilisation d’individus
pour concevoir et mettre en œuvre des
containers, des routes, des connexions,
RFID… Les émissions de carbone seront en
outre réduites par rapport à un « scénario
logistique classique ». Ce projet permettra
également de créer de nouvelles relations
entre les opérateurs logistiques de la région
et encouragera l’innovation au sein de cette
zone géographique.
Parallèlement, la région acquerra une
expertise de taille, basée sur la mise en œuvre
en temps réel, et l’exploitera de façon à
développer l’influence et la coopération avec
d’autres régions voisines. Par conséquent,
nous pouvons envisager de lancer un petit
système Internet physique en premier lieu
dans la région Nord-Pas de Calais, puis
de le déployer en Europe tout en étoffant
la plateforme de Troisième Révolution
Industrielle sur tout le continent.
Étendre l’Internet physique de
marchandises à la vente par
correspondance et à d’autres
industries locales
La région Nord-Pas de Calais est leader
historique national du secteur de la vente par
correspondance. L’association:
• du leadership national dans le domaine de
la vente par correspondance,
• du leadership national dans le domaine de
l’industrie ferroviaire,
• d’un hub de transit international et
multimodal unique en Europe,
• de l’initiative d’importations de biomasse
(voir Pilier 1 §5.2.5 Développer le potentiel
régional en biomasse, la géothermique et
le bois),
• de la logistique des éoliennes (voir Pilier 1
§ 5.2.4 Utiliser les spécificités territoriales
afin de développer l’énergie éolienne),
Offre l’opportunité de positionner la région
comme le centre international le plus
avancé dans le domaine de l’« Internet des
marchandises ».79 Ce concept a été créé par le
professeur Benoît Montreuil, de l’Université
de Laval au Québec. Il repose sur l’observation
selon laquelle les systèmes logistiques
actuels sont inefficaces et peu durables du
point de vue de leurs résultats économiques,
environnementaux et sociaux. Par exemple80:
• Les camions et les containers ne sont
souvent remplis qu’à moitié au départ, une
grande partie de la remorque étant remplie
par le conditionnement: 56,8% de taux de
remplissage lorsqu’ils ne sont pas vides ;
42,6% d’utilisation en moyenne,
Benoît Montreuil, CIRRELT, Québec, 2011
79
Source: Manifeste pour un Internet physique, Professeur
Benoit Montreuil, http://www.physicalinternetinitiative.
org/Physical%20Internet%20Manifesto_ENG_Version%20
1.11.1%202012-11-28.pdf
80
• Les véhicules et les containers rentrent
souvent à vide, ou parcourent des
distances supplémentaires pour collecter
des livraisons au retour (25% des
déplacements), et les véhicules chargés se
vident de plus en plus à mesure que leur
itinéraire progresse d’un point de livraison
à un autre.
L’Internet physique repose sur une
normalisation et un partage intelligents.
Grâce à l’inter connectivité universelle—
encapsulation physique et numérique —
basée sur le même ensemble de principes
d’exploitation s’appliquant à l’Internet
numérique. Ainsi, pour la région, un Internet
physique comprendrait entre autres:
• Des containers verts intelligents en réseau:
les containers peuvent être suivis et
identifiés à distance,
• Une manutention et un stockage
intelligents des containers: processus
normalisé de manutention des containers
entre différents modes,
• Transport intermodal multi segments:
modes intégrés de livraison fluviale/
ferroviaire/routière/dernier kilomètre,
• Réseaux de distribution multi-niveaux:
coordination de plusieurs transporteurs de
marchandises de manière à mutualiser la
capacité de transport et de stockage,
• Produits conçus pour être placés dans des
containers verts et pour un encombrement
minimal.
L’Internet Logistique physique sera
uniquement déployé si une normalisation
commune et partagée est choisie puis
appliquée. Aujourd’hui, cette normalisation
n’existe toujours pas. La région peut
bénéficier d’une position de pionnier,
définir des standards puis les étendre aux
régions voisines. Elle diffusera une image
d’innovation et d’influence et propagera le
mouvement au sein d’une infrastructure de
Troisième Révolution Industrielle à l’échelle
de l’Europe.
D’ici à 2030, la région pourrait devenir leader
européen de l’Internet des marchandises, en
jetant les bases pour les régions voisines.
etablir le réseau des ports régionaux
comme premier éco-port de France
et première plateforme logistique
multimodale
Le réseau régional des ports serait le lieu idéal
pour entamer la création d’une plateforme
logistique multimodale ; Dunkerque est déjà
un port international doté de nombreuses
ressources: 3ème port de France, 1er en
termes d’importations de minerais et de
charbon, 1er en termes d’importations
de fruits dans des containers, 1er pour
l’importation de cuivre et 1er en Europe pour
ses échanges avec la Grande Bretagne, 1er
terminal ferroviaire de France connecté au
corridor Nord-Sud/Est-Ouest.
Le port de Dunkerque a récemment présenté
un projet visant à développer une nouvelle
initiative en matière de logistique dans la
zone portuaire de l’ouest: DLI Sud (Dunkerque
Logistique International Sud81). Ce projet a
été présenté le 12 avril 2013. Le calendrier
actuel du projet prévoit de commencer les
travaux en 2015 pour une durée de 4 ans et
au cours de trois phases de développement.
Avec un terrain de 75 hectares (dont 20
en zone naturelle), l’infrastructure sera
composée d’un parc d’entrepôts de 96 000
m² contenant des unités de containers de
stockage automatisées, véritable première
en France. Ce projet multimodal comprendra
en outre 18 km de piste. Les flux logistiques
en amont comptent 850 000 palettes, soit
l’équivalent de 100 000 containers, 5 trains
par semaine et 500 poids lourds par jour. La
conformité aux réglementations existantes
en matière de santé, d’environnement et de
sécurité constitue l’un des points essentiels
du projet.
La Troisième Révolution Industrielle propose
d’aller encore plus loin et de combiner
ce projet DLI Sud à l’ambition de faire de
Dunkerque un port vert. L’objectif ultime est
d’atteindre des avantages environnementaux,
sociétaux et économiques à long terme grâce
à la protection des ressources, à la réduction
des déchets et à la prévention de la pollution.
Les villes de San Diego (Californie)82, de
Rotterdam83 et d’Amsterdam ont mis en
œuvre des programmes de port vert afin
d’atteindre ces objectifs.
D’ici à 2030, Dunkerque sera le premier port
vert français.
5.6.6 Passer au transport sur voies
ferroviaires et voies navigables
Adopter progressivement le transport
ferroviaire obligatoire
Afin d’initier la migration du transport routier
aux transports alternatifs, la Région doit
encourager l’utilisation du ferroviaire pour le
transport de marchandises dans l’ensemble
de la zone. Comme mentionné précédemment
(voir Adopter progressivement le transport
ferroviaire obligatoire), les camions seront
d’abord découragés d’emprunter les voies
routières en raison de l’écotaxe. Par
conséquent, la Région doit exiger de leur part
d’utiliser les voies ferroviaires, et ce dès leur
entrée sur le territoire régional.
Pour y parvenir, des stations multimodales
doivent être organisées aux points d’entrée
principaux de la région. Là, les camions ou
containers seraient alors chargés sur des
trains, à l’image actuellement du système
employé sur le Shuttle pour traverser la
Manche.
Le rôle de la Région consisterait à identifier
les lieux où des plateformes logistiques
seraient pertinentes puis à accélérer les
processus d’autorisation de construction. Un
co-financement avec le RFF/la SNCF ainsi
que d’autres partenaires de transport et de
logistique privés devrait être envisagé. Il
sera demandé aux pays voisins de participer
à ce programme et de le cofinancer, mais
également d’en partager les coûts.
Moderniser et mettre à niveau les
trains de marchandises
Actuellement, les trains de marchandises
présentent un coût marginal quasi-nul:
les wagons ont plus de 40 ans et sont
intégralement rentabilisés. Cependant, rendre
obligatoire l’utilisation des voies ferroviaires
pour le transport de marchandises dans
la région entraîne la nécessité d’améliorer
l’offre ferroviaire. L’interopérabilité des
trains doit être mise à niveau afin que les
transporteurs prennent conscience des
avantages de l’adoption du ferroviaire.
Des investissements seraient donc
nécessaires, et il nous faudrait sécuriser
l’implication de la SNCF. Le modèle
économique, notamment les PPP ainsi qu’un
appel au financement européen et à d’autres
subventions nationales, doit être analysé.
Une fois en place, le coût marginal du
matériel est quasiment nul, offrant ainsi à la
région un niveau de productivité plus élevé.
Les mises à niveau des trains créeront
en outre des emplois au niveau local.
Les personnes qui y participeront utiliseront
des technologies récentes et acquerront
de l’expertise susceptible d’être exportée
dans d’autres régions françaises voire dans
d’autres pays.
Développer le transport fluvial:
systèmes de barges-camions mais
également des solutions de transports
de marchandises de plus petite taille
Les voies navigables offrent une alternative
pour le transport de marchandise à travers
toute la région. Ce thème doit être envisagé
au sein d’une architecture transfrontalière,
en tenant compte des spécificités des rivières.
Des solutions de barges grandes ou petites
sont en mesure de répondre à différents
besoins.
Le transport par voies navigables peut être
développé à court, moyen et long terme.
De même que pour les camions chargés
sur des trains, il est nécessaire de créer des
modèles de financement et de partenariat ;
de façon à ce que l’investissement ne soit pas
uniquement supporté par les gouvernements
locaux.
Sur les petites rivières, une initiative
intéressante a été identifiée par le groupe
de travail. Un projet européen dénommé
« Watertruck », démarré en 2009 en
expérimentation sur la Sambre, une rivière
69
franco-belge, afin de tester des bateaux
adaptés aux rivières à gabarit étroit. Sur
les petites rivières, de petites barges sont
propulsées par un bateau-pousseur. Les
barges peuvent être combinées lorsqu’elles
arrivent sur des voies navigables plus larges.
Le « train fluvial » ainsi constitué peut être
conduit par plusieurs pilotes successifs et
ne requiert pas la présence d’un marinier
à temps plein. Si l’expérience se conclut
par des résultats satisfaisants, un tel projet
pourrait contribuer à la Troisième Révolution
Industrielle dans la région Nord-Pas de
Calais, en développant des alternatives
adaptées aux voies navigables étroites,
qui s’appliqueraient à certaines zones
industrielles situées à proximité des rivières.
C’est une composante de l’Internet Logistique
Physique: de nouveaux formats standardisés
de barges et bateaux devraient être créés,
ce qui stimulerait la création d’emplois. La
Région aurait un rôle à jouer: organiser la
coordination des acteurs en transfrontalier,
la simplification des autorisations
administratives (s’il y en a), suivre les projets
et capitaliser les résultats. Le facteur limitant
identifié par le groupe de travail est que
les constructeurs de barges sont installés
en Belgique, ce qui ferait que les bénéfices
en emplois pourraient ne pas directement
profiter à la région Nord-Pas de Calais.
Comme nous l’avons évoqué, les solutions
utilisant les voies navigables doivent être
planifiées à plus long terme, après une
analyse économique approfondie.
5.6.7 Installer des points
de recharge pour véhicules
électriques utilitaires et
personnels, avec une priorité
accordée aux livraisons
Sur l’Internet, les données et la voix peuvent
être routés sur les mêmes canaux. Même si
les communications vocales ont la priorité sur
les données, parce qu’elles sont synchrones
par nature. L’Internet Logistique nécessite de
créer des canaux de recharge spécifiques pour
les véhicules électriques, et de correctement
allouer la priorité pour le bon usage.
Alors que les programmes de rénovation
(rétro-équipement) des grands bâtiments (§
5.3.5 Lancer Zen-e-Ville, un programme de
rénovation des bâtiments à grande échelle)
constituent une opportunité de repenser la
livraison du dernier kilomètre, c’est aussi
l’occasion de planifier l’installation de points
de recharge pour les véhicules électriques.
Pour le dernier kilomètre, l’acheminement
des marchandises devrait être fait par
véhicules électriques, ce mode de transport
ayant fait ses preuves sur les courtes
distances. Le prérequis pour réussir est la
http://sfpark.org/
88
70
présence d’un nombre suffisant de bornes
de recharge électrique dans les villes ainsi
que dans les petits villages. Les stations de
recharge devraient être installées sur les
espaces de livraison, utilisées en priorité
par les camionnettes et les PME (artisans).
Une fois que les travaux de rénovation/
construction sont terminés dans le
quartier, l’usage des points de recharge
basculerait progressivement du transport de
marchandises vers le transport public et privé
de personnes. La Région pourrait donner la
priorité aux camionnettes électriques pour les
points de recharge publics. Elle pourrait aussi
– comme l’a recommandé Renault-Nissan
(proposition annexée) – créer un accès libre
(gratuit, préférentiel) aux parkings ou voies
rapides urbaines pour les propriétaires de
véhicules électriques.
Dans le but de réaliser un investissement de
long terme, et en considérant que le stockage
est un pilier de la TRI (voir ci-dessus 5.4
Technologies de Stockage), les stations de
recharge devraient être bidirectionnelles,
en autorisant la re-charge et dé-charge
d’électricité sur le réseau. Une fois installées,
leur coût marginal est proche de zéro.
L’investissement serait en partie supporté par
les municipalités dans un partenariat régional
public-privé.
Le rôle de la Région dans le plan de
développement de l’électro mobilité
2012-2015 pourrait être de privilégier des
économies d’échelle dans la conception et la
négociation de partenariats qui pourraient
bénéficier à toutes les villes de la région,
et en particulier celles qui sont situées à
proximité de sites de construction et de
rénovation.
5.6.8 Réduire le besoin de
mobilité des individus en créant
des solutions alternatives
De façon très analogue aux Emails qui se
substituent aux courriers postaux, l’Internet
Logistique inclus également des alternatives à
la mobilité des personnes.
Favoriser le télétravail en fournissant
des conditions de travail améliorées
dans des bureaux partagés
Une grande part de la mobilité des individus
est due à la nécessité de se rendre sur son
lieu de travail. La meilleure façon de réduire
cette mobilité est de créer et d’encourager les
pratiques de télétravail.
La région et les CCI pourraient être
exemplaires dans l’application de ces
pratiques, en mettant en place des
aménagements volontaires et souples de
télétravail pour les personnes ayant des
tâches professionnelles qui le permettent.
De plus, de nombreux professionnels
pourraient travailler à distance, à la
condition qu’ils aient accès à ce mode de
travail. Les bureaux partagés constituent
une méthode innovante pour offrir de
bonnes conditions de travail aux employés
avec: ordinateur personnel, connexion
Internet et téléphonique, imprimantesscanners… L’équipement devrait encourager
les communications dématérialisées (par
ex. conférences téléphoniques, visioconférences…), qui participent à la protection
de l’environnement. Les espaces de bureaux
seraient partagés par diverses entreprises
qui paieraient un faible loyer pour l’usage
du bâtiment et des équipements-services
mutualisés. Les employés auraient la
possibilité de réserver leurs bureaux grâce
à des systèmes de réservation en ligne. Ils
auraient la flexibilité d’utiliser divers bureaux
partagés dans la région, qui seraient plus
adaptés et confortables et répondraient
mieux aux besoins des personnes voulant
travailler dans un lieu calme entre deux
réunions en dehors de leur bureau. Ces
bureaux partagés pourraient être installés à
proximité de grandes gares, afin d’accueillir
des personnes utilisant les transports publics
au quotidien. Ces derniers pourraient s’y
rendre à pied ou à vélo. Ces initiatives
introduiraient de nouvelles méthodes de
travail et de déplacement, en entraînant des
changements de comportement faisant partie
intégrante de la TRI.
Le rôle de la région dans le cadre de cette
initiative serait d’identifier des bâtiments
inutilisés ou peu exploités dans lesquels
il serait possible d’installer ces bureaux
partagés. La région pourrait également
envisager de construire ce type de bureaux.
En face du coût de développement des
transports publics et des impacts sur
l’environnement à grande échelle, de tels
investissements valent la peine d’être
considérés.
Dans ces lieux, les autorités administratives
locales pourraient créer des services
administratifs, destinés à simplifier la vie
quotidienne des citoyens. Par exemple, en
plaçant ces bureaux partagés dans des lieux
fréquentés, il serait envisageable de prévoir
des points de contact virtuels avec les
services administratifs (mairies, Pôle emploi,
URSSAF, guichet unique de la transition
énergétique) où toute personne serait en
mesure de réaliser des tâches administratives
à distance. Ces lieux administratifs
numériques à guichet unique existent déjà en
Auvergne ou en Midi-Pyrénées (Point VisioPublic, PVP )
En soutenant ce type d’initiatives, la région
pourrait réduire de manière significative les
besoins en transport.
encourager la mobilité multimodale
sans émission de carbone
La région est plutôt plate et le climat n’est
pas beaucoup plus froid qu’à Stockholm où
les bicyclettes représentent 30 pour cent de
la part modale (moyenne nationale française
de 1 pour cent). La région Nord-Pas de
Calais pourrait encourager une approche
multimodale et sans heurt à la mobilité
associant les éléments suivants:
• Des vélos électriques et des vélomobiles
fabriqués par le secteur local des cycles, de
l’automobile et des matériaux composites
(voir 5.6.11 Créer des autoroutes cyclables
et stimuler l’utilisation des vélomobiles),
• Un partage de véhicules électriques en
libre-service et co-voiturage pour une
utilisation au sein des villes,
• Des véhicules interurbains alimentés par
une production d’hydrogène locale stockée
dans le réseau de gaz,
• Une billetterie entièrement multimodale
pour l’ensemble des modes de transport:
train régional, bus, vélos partagés, covoiturage, etc.(§ 5.6.9 Développer des
stations intermodales et une tarification
intégrée de point-à-point).
Selon la destination et la distance,
l’utilisateur pourrait opter en toute simplicité
pour le mode de transport le plus adapté
à ses besoins. La combinaison - coût de
l’infrastructure de recharge et batteries
des véhicules électriques – réinterroge le
modèle traditionnel des véhicule à propriété
unipersonnelle – véhicules thermiques
longue autonomie et haute puissance - peu
adaptés à une utilisation urbaine. Changer
les habitudes de déplacements quotidiens
vers l’utilisation de vélomobiles à faible
puissance, portée adaptée et faible coût
total d’exploitation et la meilleure efficacité
énergétique est une composante-clé de la
transition énergétique dans les transports.
Pour de plus grandes distances, les véhicules
partagés (électriques, gaz naturel, hydrogène)
seraient la solution prédominante.
D’ici à 2030, la région serait en position
de tête pour l’adoption de véhicules
électriques/à hydrogène, du co-voiturage et
de l’autopartage.
mesure pourraient ainsi être librement
partagées avec les citoyens comme des
données Open Data visant à favoriser
l’innovation.
Lancé le 17 juin dernier, le « boulevard
connecté » de Nice est la première initiative
appartenant à l’« Internet des objets ». Le
système repose sur un certain nombre de
capteurs placés dans la rue et destinés à
effectuer des mesures en temps réel au
sein d’un système d’information unique:
des données environnementales telles que
la qualité de l’air, la quantité de déchets,
l’éclairage, le taux de remplissage et le
paiement des parkings automobiles. Ces
différents éléments constituent l’initiative
Zen-e-Ville, qui vise à équiper les villes de
moyens de gestion de l’énergie (adapter
l’éclairage public selon les besoins), de
gestion des déchets (optimiser la taille et
le parcours des camions chargés de vider
les poubelles), de mesure des données
environnementales et de simplification de la
mobilité.
Sur le boulevard connecté niçois, une
application mobile indique aux conducteurs
de véhicules les places de stationnement
disponibles: ceci permet ainsi de réduire le
temps de recherche, qui représente environ
25% du trafic urbain, selon la ville de Nice.
Les conducteurs de véhicules peuvent réserver
leur place de stationnement puis payer à
distance grâce à leur smartphone. L’avantage
pour la commune est de pouvoir optimiser
l’utilisation des parkings, et par conséquent,
de l’argent provenant du paiement de ces
parkings. De plus, grâce à la communication
entre les capteurs environnementaux, la
commune peut décider d’adapter les tarifs
du parking afin de décourager l’entrée dans
la ville. San Francisco applique déjà cette
tarification dynamique: plus on s’approche
du centre-ville, plus le tarif est élevé, ceci
étant combiné à une offre de stationnement
étendue à l’entrée de la ville, ainsi qu’à
une application mobile proposant des
informations en temps réel . Ce levier offre
aux communes un modèle commercial
intéressant, qui leur permet de couvrir les
investissements techniques requis pour gérer
un tel système.
La région Nord-Pas de Calais pourrait obtenir
un retour d’informations suite à l’expérience
menée à Nice puis adapter le concept
aux centres commerciaux / d’affaires / de
transport les plus concernés.
Figure 45. Boulevard Connecté à Nice
Figure 46. Système de billetterie et d’acheminement multimodal intégré
5.6.9 Développer des stations
intermodales et une tarification
intégrée de point-à-point
Faciliter la mobilité urbaine
zéro carbone grâce aux données
dynamiques ouvertes
Afin d’encourager la mobilité, il est nécessaire
de créer de nouveaux services collaboratifs
reposant sur une interconnexion complète
(Internet, smartphones, Wi-Fi des communes
et objets connectés au véhicule). Les données
produites par les différents systèmes de
Source: Accenture
71
è
Développer
un système de billettique
et de routage multimodal
Les individus adopteront le transport
public ou le co-voiturage s’ils estiment ces
systèmes plus pratiques, plus rapides et plus
économiques que leur véhicule personnel.
Une mobilité facilitée s’accompagne d’offres
intermodales et d’un système de billetterie
facile d’accès. Les utilisateurs finaux
souhaitent n’utiliser qu’un ticket unique pour
tous les modes de transport qu’ils utilisent
et ainsi pouvoir procéder à un seul paiement
pour toutes ces options. Il est nécessaire
de créer un système de réservation en ligne
afin de proposer aux utilisateurs un moyen
simple leur permettant d’organiser leurs
déplacements de point à point, en combinant
le train, le bus et le vélo partagé, mais
également des réservations de covoiturage,
de stationnement et de télétravail. Ce
système pourrait proposer également un
paiement mobile (à l’aide d’un smartphone ou
directement avec le pass).
Accenture a mis en place ces systèmes
de réservation aux Pays-Bas, en aidant la
société Trans Link Systems à lancer le premier
système national de billetterie électronique
multimodal au monde, installé dans
l’ensemble du pays et destiné au transport
public. La société Trans Link Systems a été
créée en 2002 et est chargée de développer
et de mettre en œuvre un système national
de billetterie et de paiement électronique
pour l’ensemble des modes de transport
public aux Pays-Bas. Il s’agit d’une jointventure réunissant les 5 plus grandes sociétés
néerlandaises de transport public, qui
couvrent plus de 80% de l’activité nationale
dans le domaine du transport.
L’OV Chipkaart, la carte de transport soutenue
par le système Accenture, a été conçue pour
devenir le seul support de transport utilisé
sur tous les réseaux et sur tous les modes de
transport. Les caractéristiques principales du
projet comprennent:
• La nécessité de mettre en œuvre une
solution back office compatible avec les
dispositifs déjà déployés sur le territoire,
proposés par plusieurs fabricants
industriels,
• La nécessité de garantir des processus
communs de vente, d’après-vente et de
CRM, indépendamment du réseau d’origine
de la carte,
• L’automatisation des commandes de cartes
grâce à plusieurs canaux de distribution
(pour chaque opérateur),
• La prise en charge de volumes de
transaction très élevés au cours des
périodes de pointe.
La solution déployée, basée sur les principes
de l’architecture ouverte, est spécialement
Grant Thornton, 2009
76
INSEE, 2001
77
72
Figure 47. OV Chipkaart multimodale
OV-Chipkaart multimodale aux PaysBas (par TransLink System et Accenture)
Le premier système interopérable mis
en œuvre à l’échelle d’un pays
• 15 opérateurs utilisant le système
• 35 millions de transactions par
semaine
• 3 millions d’utilisateurs abonnés
par jour
• 9 millions d’utilisateurs abonnés
• 15 millions de cartes créées
Source: Accenture
conçue pour soutenir l’interopérabilité de
l’utilisation: aujourd’hui, plus de 3 millions
de passagers abonnés utilisent le système
au quotidien, grâce à plusieurs canaux, ainsi
que les services proposés par l’ensemble des
opérateurs connectés au système central.
Elle permet aux utilisateurs de charger leurs
produits (achetés grâce à des canaux en libreservice tels que les sites Internet PTO / PTA)
sur leurs cartes à puce.
Dans l’Ontario, au Canada, Metrolinx, agence
gouvernementale de l’Ontario (Canada)
chargée du transport public, a instauré un
modèle de transport interopérable baptisé
« carte Presto », commençant par les villes
situées à la périphérie de Toronto (Grand
Toronto, Great Toronto Area - GTA), puis
Ottawa, tout en rassemblant 11 opérateurs
de transport. Le principal objectif du projet
était de créer un système interopérable, à la
fois côté back office et côté appareils, grâce
au déploiement de nouveaux ensembles
matériels, afin de permettre aux passagers de
se déplacer sur les 11 différents réseaux avec
une seule et même carte.
Accenture a proposé une solution capable
de venir à l’appui des prérequis en matière
d’interopérabilité, tels que la commande
de cartes centralisée auprès de plusieurs
opérateurs, la distribution multicanaux,
la gestion de règles tarifaires complexes,
une base de données clients centralisée,
des processus après-vente communs, un
centre d’échanges financier … Utilisant
une tarification basée sur la distance ainsi
que des produits tels que le porte-monnaie
électronique ou des pass mensuels, le système
propose un centre d’échanges destiné
aux compensations financières entre les
opérateurs. Il permet également d’optimiser
autant que possible l’utilisation de canaux en
libre-service, afin de réduire au maximum les
coûts d’un système de billetterie traditionnel.
Figure 48. Carte Presto dans l’Ontario
Carte Presto utilisée dans l’Ontario, système de billetterie
électronique instauré dans l’ensemble de la province et basé sur
la technologie de la carte à puce (par Metrolinx et Accenture)
PRESTO compte aujourd’hui plus de 7 000 bornes de paiement dans
des bus et des gares situés dans l’ensemble de l’Ontario.
En chiffres:
• 11 opérateurs déployés sur le système (10 pour Toronto + Ottawa)
• 530 000 cartes clients activées
• 250 millions de dollars canadiens chargés sur les cartes à puce et
traités grâce au module du centre d’échanges
Une borne de paiement ouvert accepte à la fois les
cartes PRESTO et les cartes de crédit sans contact.
L’offre propose également un centre d’appels destinés aux utilisateurs
finaux ainsi qu’une assistance destinée aux agences de transport
Le service devrait à l’avenir être étendu à
la billetterie mobile.
La Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR),
l’Union Nationale des Organisations Syndicales des
Transporteurs Routiers Automobiles du Nord-Pas de Calais
(UNOSTRA), la TNF Nord-Pas de Calais, l’association UNOTRE
et l’Association française pour la logistique (ASLOG)
78
A Paris, le « Pass Navigo » utilisé pour le
métro peut prendre en charge l’abonnement
à Vélib’, le système parisien de vélos en libreservice, ce qui constitue la première étape
vers la convergence. Cependant, le système
de paiement n’est pas unique et ne peut être
effectué en toute simplicité à l’aide du pass
ou d’un téléphone mobile.
La principale difficulté d’instaurer un
tel système est que ce dernier exige
la coordination de nombreux acteurs,
chacun d’entre eux assumant ses propres
responsabilités. En France, la région est
responsable des trains interrégionaux (TER),
les départements des bus circulant entre les
communes, et les communes des transports
urbains.
Toutefois, les régions sont aujourd’hui
chargées de définir les priorités en matière
de transports. Ainsi, la région doit adopter
une approche proactive, définir des objectifs
ambitieux et trouver un soutien politique
afin de mettre en œuvre le mouvement
intermodal. Le changement de comportement
consistant à passer d’un véhicule personnel
à des méthodes partagées constituerait la
principale priorité de la Troisième Révolution
Industrielle. L’une des priorités de l’Agence
des Transports (§5.6.3 Créer une gouvernance
dédiée aux projets de mobilité de la Troisième
Révolution Industrielle) consiste à organiser
le système multimodal d’acheminement et de
billetterie, en particulier le système PassPass, premier programme en France de carte
multimodale régionale.
5.6.10 Négocier un contrat
régional et mutualiser les
stations de compression sur tout
le territoire afin de permettre
l’adoption en masse d’une flotte
de bus alimentée au biogaz
Il serait simple de remplacer la flotte de
bus captive par des véhicules équipés de
piles à combustible, en utilisant l’hydrogène
issu du gaz naturel et de l’électricité verte.
Ceci présenterait l’avantage de partager
les coûts des stations de compression, mais
aussi d’avoir un impact positif direct sur les
émissions de CO2.
Cette initiative pourrait avoir un impact
rapide et permettre de créer une activité
économique locale. Le partage de
l’investissement nécessaire à la construction
des stations de compression permettrait
aux petites communes de développer ce
type de bus. Les bus municipaux relèvent
de la responsabilité des communes, il
est donc indispensable que chaque ville
s’implique dans ce mouvement. La région
pourrait coordonner des partenariats avec
les fournisseurs pour l’ensemble du territoire
de la région afin que chaque municipalité
puisse profiter de la collaboration à des coûts
optimisés grâce aux économies d’échelle.
5.6.11 Créer des autoroutes
cyclables et stimuler l’utilisation
des vélomobiles
L’un des principaux obstacles à l’adoption
des vélos concerne la sécurité, car les vélos
doivent se partager les routes avec les
automobiles. La Loi française sur l’air de
1996 puis révisée en 2006 définit certaines
obligations relatives aux transports. Elle
énonce notamment que toute construction
ou rénovation de routes doit s’accompagner
de la construction de pistes cyclables.
Malheureusement, la loi n’est appliquée que
dans très peu de cas. La Région doit exercer
une forte volonté politique afin de faire
appliquer cette loi sur le territoire régional.
Des pistes cyclables doivent également être
créées pour relier les villes afin d’encourager
la création d’autoroutes cyclables entre les
villes, similaires à celles qui existent aux
Pays-Bas et au Danemark.
Le climat froid et humide de la région NordPas de Calais peut être considéré comme
un obstacle supplémentaire aux vélos. Les
vélomobiles constituent ainsi une alternative:
ces vélos rationalisés et dotés d’une
carrosserie protègent du froid et de la pluie
et permettent de transporter des bagages.
La position allongée du conducteur présente
un net avantage en termes de confort. La
capacité humaine peut être agrémentée de
batteries électriques économiques connues
pour s’adapter à de petites distances, en
général pour des personnes se rendant sur
leur lieu de travail
Les vélomobiles, même s’ils sont plus lourds
que les vélos classiques, présentent une
efficacité énergétique supérieure à la marche
ou aux vélos classiques: ils avancent deux
fois plus vite pour un effort comparable
à celui d’une bicyclette classique (jusqu’à
~50km/h). Aujourd’hui, le vélomobile n’est
que très peu développé en France: en avril
2013, seuls 191 vélomobiles circulaient sur
le territoire français, dont 3 dans le Nord-Pas
de Calais86. Cependant, il est plus présent en
Scandinavie, où les travailleurs l’utilisent très
fréquemment. Les principaux constructeurs
sont basés en Allemagne, en Belgique et aux
Pays-Bas.
La région Nord-Pas de Calais doit encourager
la fabrication et l’adoption des vélomobiles,
en proposant des primes et en créant des
pistes dédiées à ces véhicules. Les vélomobiles
doivent être inclus dans les programmes
de leasing de voitures optimisés sur le plan
fiscal et traditionnellement proposés par des
sociétés à leurs employés. La région pourrait
en outre subventionner la maintenance – et
non l’acquisition - des vélomobiles (voir
5.6.11Créer des autoroutes cyclables et
stimuler l’utilisation des vélomobiles). Alors
qu’un vélomobile reste plus onéreux qu’un
vélo, son coût marginal est quasiment nul
comparé à une voiture à moteur thermique.
Le coût d’une politique de vélomobiles et son
implication positive pour l’industrie locale et
les PMEs doivent être considérés à la lumière
des efforts sociaux et financiers visant à
lutter contre l’obésité. Une autre incitation à
l’utilisation du vélo, est la commercialisation
de roues électriques de vélo, connectées à
un système d’information (GPS, antivol) à
l’exemple de Copenhague - http://senseable.
mit.edu/copenhagenwheel).
Les constructeurs automobiles, notamment
ceux qui fabriquent déjà des vélos électriques,
pourraient diversifier leur production. La
région peut aussi envisager un partenariat
avec un acteur local pour expérimenter le
développement du vélomobile et organiser
des événements de marketing et de
communication.
Figure 49. Vélomobiles
Source: velomobile-france.com
Benoît Montreuil, CIRRELT, Québec, 2011
79
Source: Manifeste pour un Internet physique, Professeur
Benoit Montreuil, http://www.physicalinternetinitiative.
org/Physical%20Internet%20Manifesto_ENG_Version%20
1.11.1%202012-11-28.pdf
80
73
5.6.12 Provoquer un changement
dans les modes de transport des
marchandises et des particuliers
par des taxes et des primes
Planifier le financement du transport
alternatif reposant sur la future
écotaxe nationale
Le 28 mai 2013, une nouvelle réglementation
relative aux taxes sur le transport de
marchandises a été adoptée, définissant
ainsi une « écotaxe » qui s’appliquerait
sur le territoire français à compter du 1er
octobre 201387. Cette taxe nationale sur les
véhicules de transport de marchandises a été
suggérée par le « Grenelle de l’Environnement
» en 2009. Elle s’applique aux camions
d’au moins 3,5 tonnes (chargés ou à vide)
et qui utilisent le réseau routier national
non concédé (à l’exception des routes à
péage), qu’ils soient immatriculés ou non en
France. Afin de promouvoir une meilleure
distribution du trafic sur le réseau, certaines
routes départementales ou municipales
seront également soumises à cette taxe,
contrairement à d’autres routes appartenant
au réseau national, où le trafic est faible.
Cette taxe vise à encourager un système
modal et à rationaliser l’organisation du
transport de marchandises. La portée de cette
taxe dépend de la taille et des performances
environnementales du véhicule ainsi que du
nombre de kilomètres parcourus.
Son taux est compris entre 0,025 et 0,20
euros par kilomètre, selon le nombre
d’essieux, le poids total du véhicule (poids
total en charge) et sa classe d’émission
EURO, avec une réduction pour les régions
périphériques, telles que la Bretagne (50%
de réduction), l’Aquitaine (30%) et la région
Midi-Pyrénées (30%). Des exonérations
s’appliquent aux véhicules d’entretien des
routes appartenant aux gouvernements
nationaux et locaux. Les transporteurs
peuvent faire supporter cette taxe sur le
kilométrage au destinataire des marchandises
(le mandant) et par conséquent au client
(utilisateur final).
L’écotaxe est prévue pour représenter 1,2
milliards d’euros par an:
• 780 millions d’euros pour l’état
(kilométrage sur les routes nationales)
contribueront au développement des
infrastructures de transport durable,
en particulier les voies ferroviaires et
navigables,
L’évaluation environnementale et socioéconomique de cette réglementation sera
réalisée avant la fin de l’année 2014, afin
d’estimer l’impact sur le trafic, les émissions
de CO2, les routes et les coûts ou les
bénéfices générés grâce à cette nouvelle
réglementation.
La région Nord-Pas de Calais pourrait
bénéficier de nouveaux revenus grâce à
cette écotaxe. Ces recettes pourraient
être investies dans le développement de
transports alternatifs de marchandises, tels
que le transport ferroviaire et fluvial. En tant
que région de transit située entre le sud de
l’Europe (Espagne, Portugal, France) et le
nord de l’Europe (Royaume-Uni, Benelux,
Allemagne), la région supporte un important
trafic de camions présentant des avantages
économiques locaux limités et génère des
répercussions indésirables sur le plan social
et environnemental. La région devrait en
particulier offrir aux camions la possibilité
de traverser le Nord-Pas de Calais sans
emprunter les routes, avec pour objectif à
long terme de rendre ce système obligatoire
(voir § 5.6.6 Passer au transport sur voies
ferroviaires et voies navigables).
Un système de camions sur rails doit être
développé dans l’ensemble de la région afin
qu’ils se déplacent sur les voies ferroviaires
ou les voies navigables. Le Tunnel sous la
Manche (Eurotunnel - Le Shuttle) constitue
une méthode de transport éprouvée des
camions sur rails et présente un impact
positif sur l’emploi local. L’extension de cette
approche de camions sur rails à l’ensemble
du transport de marchandises régional
pourrait offrir des avantages sociaux et
environnementaux en tirant le meilleur
parti de l’électricité locale et des capacités
de l’industrie ferroviaire tout en réduisant
la consommation des combustibles fossiles.
Le passage au transport ferroviaire avant
de traverser la région permettrait aux
transporteurs d’éviter l’encombrement du
réseau routier ainsi que l’écotaxe.
Le développement de ports multimodaux
rail-route et voies navigables-routes doit être
prévu afin de limiter de manière significative
le trafic des camions et de soutenir la mise
en œuvre de l’Internet Logistique (voir
5.6.5 Créer le premier Internet Logistique,
pour la région mais également au-delà des
frontières). Les bénéfices réalisés grâce à
l’écotaxe sur les véhicules de transport de
marchandises pourraient alors être investis
dans ces développements d’infrastructures.
• 50 millions d’euros concerneront une TVA,
D’ici à 2030, la région pourrait exploiter
plusieurs ports multimodaux rail-route et
voies navigables-routes similaires à Coquelle,
afin de faciliter le transit international de
camions vers le Royaume-Uni, le nord et le
sud de l’Europe.
• 230 millions d’euros seront utilisés pour
gérer l’écotaxe (équipements, intégration
de systèmes, contrôle…).
Dans ce contexte, le projet du Canal SeineNord-Europe pourrait être un outil essentiel
pour la transition énergétique. Il offre une
• 60 millions d’euros pour les routes
départementales et municipales seront
accordés au gouvernement local chargé de
l’entretien de routes,
74
alternative compétitive au transport routier
de marchandises par la construction d’une
nouvelle voie navigable entre la France, la
Belgique, l’Allemagne et Pays-Bas. En fait, la
création d’une connexion fluviale entre les
rivières de la Seine et de l’Escaut pourrait
redéfinir et développer le mode de transport
des marchandises dans le Nord de l’Europe.
encourager l’économie circulaire
grâce à des subventions en faveur de
l’entretien des vélos
A l’heure actuelle, tous les employeurs
français sont contraints de prendre en charge
les frais de transport public ou d’abonnement
à un service public de location de vélos. Cette
prise en charge s’élève au moins à 50% du
prix de l’abonnement. Ces dépenses pour
l’employeur sont exonérées de contribution à
la sécurité sociale.
La limite de subvention du partage des vélos
est qu’elle ne profiterait qu’aux individus
travaillant dans des communes où ce type de
services existe (V’Lille. Vel’in Calais, Dk’Velo
Dunkerque). De plus, il n’est pas viable d’un
point économique de créer ces services dans
de petits villages, puisque l’investissement
est élevé pour les municipalités, comme
le prouvent les expériences menées dans
de nombreuses communes. Cependant,
dans de nombreux endroits, notamment
dans les zones rurales, il convient de
promouvoir et d’encourager l’utilisation des
bicyclettes personnelles (comprenant les
vélos électriques) grâce aux subventions.
La véritable innovation serait de dédier ces
subventions non plus à l’achat de vélos, mais
plutôt à leur maintenance et à leur entretien.
Le coût annuel moyen de l’entretien d’un
vélo pourrait être évalué à 450 euros, ce
qui comprend les services, les crevaisons,
les réparations et les pièces (et non le coût
éventuel d’achat d’un nouveau vélo en cas
de vol, qui est estimé à 200 euros par an
en moyenne). Subventionner les frais de
maintenance permettrait d’encourager les
individus à se déplacer à vélo.
Le premier avantage du financement de la
maintenance et de l’entretien des bicyclettes
réside dans le fait qu’il garantit que l’argent
atteigne la bonne cible, c’est-à-dire les
individus qui utilisent un vélo, et non les
personnes qui en achètent un sans l’utiliser.
Les habitants des villes ainsi que des zones
rurales seraient alors en mesure d’en
bénéficier, ce qui contribuerait au principe
d’égalité des citoyens. Autre avantage, la
création d’activités et d’emplois au niveau
local dans les PMEs, contrairement à la
subvention d’achats qui profite davantage
à la production offshore. Proposer des
subventions destinées aux vélos constitue un
moyen efficace d’allouer de l’argent: le vélo
est le mode de transport qui bénéficie du plus
faible nombre d’aides financières, alors qu’il
est le plus économique en énergie et offre des
avantages en termes d’hygiène et de santé.
La méthode la plus facile de mise en œuvre
de ce concept serait d’intégrer l’entretien des
vélos dans l’aide financière proposée par les
employeurs en matière de transports publics.
Les consommateurs n’auraient qu’à fournir
leur facture d’entretien à leur employeur qui
leur rembourserait alors une partie du coût
total.
De nombreuses villes subventionnent déjà les
bicyclettes. L’obligation pour l’employeur doit
être issue d’une réglementation nationale.
Cependant, la région peut expérimenter
cette initiative et en mesurer l’impact sur
les comportements et l’adoption des vélos.
D’autres options, comme des réglementations
régionales, pourraient être envisagées et
évaluées.
5.6.13 Tirer parti des projets
phares existants
Initiatives
Créer un conseil de la planification des transports
Faire du flux de matériaux des rénovations massives une véritable
opportunité
Á court
terme
(3-5 ans)
Réduire le besoin de mobilité des individus en créant des solutions
alternatives
Négocier un contrat régional et mutualiser les stations de compression sur
tout le territoire afin de permettre l’adoption en masse d’une flotte de bus
alimentée au biogaz
Encourager la mobilité multimodale sans émission de carbone
Encourager l’économie circulaire grâce à des subventions en faveur de
l’entretien des vélos
Créer une Agence des Mobilités pour la région Nord-Pas de Calais
Installer des points de recharge pour véhicules électriques utilitaires et
personnels, avec une priorité accordée aux livraisons
Á moyen
terme
(5-10 ans)
Créer le premier Internet Logistique, pour la région mais également au-delà
des frontières
Passer au transport sur voies ferroviaires et voies navigables
Etablir le réseau des ports régionaux comme premier éco-port de France et
première plateforme logistique multimodale
Créer des autoroutes cyclables et stimuler l’utilisation des vélomobiles
Faciliter la mobilité urbaine zéro carbone grâce aux données dynamiques
ouvertes
Á long terme
(10-20 ans)
Les services logistiques comme bien commun
Développer le transport fluvial: systèmes de barges-camions mais
également des solutions de transports de marchandises de plus petite taille
l’expertise des SME régionaux ayant reçu des
aides financières à hauteur de 50%.
La région pourrait bénéficier d’un retour
d’expérience concernant ce projet.
Projet I-viaTIC.Mobilité
5.6.14 Récapitulatif des initiatives
Le projet i-viaTIC est prévu pour déploiement
sur la région métropolitaine de Lille avec
l’appui d’i-Trans, le pôle de compétitivité
dédié au transport terrestre durable et situé
en Nord-Pas de Calais et Picardie. I-viaTIC
sera une plate-forme d’innovation et de
coopération public-privé pour expérimenter
des projets innovants et collaboratifs pour de
nouveaux produits et services de mobilité. Ce
sera un centre de ressources et d’expertise
pour faciliter la collaboration de toutes
les parties prenantes et l’émergence de
systèmes de transport intelligents, d’idées
et projets innovants tout en encourageant
le changement de comportements et
l’interopérabilité de nouveaux produits et
services, avec un retour d’expérience anticipé
de façon à en permettre la généralisation.
I-via-TIC sera le bras armé de l’Agence des
Mobilités en matière d’innovation.
Le cinquième pilier vise donc à la fois sur les
changements de comportements individuels
et des choix collectifs sur l’organisation du
transport, pour contribuer, avec les autres
piliers, à l’efficacité énergétique générale de
l’économie régionale.
Le budget s’élève à 2,2 millions d’euros et
comprend le financement de l’ANR (Agence
nationale de la Recherche), en réponse à un
appel d’offres PREDIT. Ce projet s’appuie sur
75
6.0 Impact économique
Malgré des éléments positifs, la Région
Nord-Pas de Calais présente les signes
d’une activité économique quelque peu
affaiblie. Effectivement, l’économie tire
parti des secteurs ferroviaire et automobile,
et la Région maintient sa position forte en
agriculture, en sidérurgie et dans d’autres
industries manufacturières. De plus, les
communautés et les sociétés peuvent profiter
d’entreprises dynamiques, dans des secteurs
allant de la logistique, de l’informatique,
des multimédias, à la santé, la nutrition
ainsi qu’aux éco-entreprises. Dans le même
temps, en revanche, il existe des limitations
grandissantes dans l’économie, le plus notable
étant le fait que le PIB par habitant dans la
région du Nord-Pas de Calais reste bien en
dessous de la moyenne de toutes les régions
de l’hexagone. Et les coûts croissants de
l’énergie restent un sujet d’inquiétude majeur,
dans la mesure où l’intensité énergétique du
Nord-Pas de Calais est, en particulier, l’une
des plus élevées en France.89 En outre, la
solidité de l’économie de la Région perd de
l’élan depuis un certain temps.90
Une grande partie de cette faiblesse dans
l’économie actuelle peut être lié au retard
pris dans le taux d’amélioration de l’efficacité
énergétique, et plus globalement de l’emploi
productif des ressources. Ce problème ne
se manifeste pas qu’en Nord-Pas de Calais,
étant donné que la plupart des régions
dans l’économie mondiale connaissent
actuellement une croissance de productivité
plus faible.91 Du côté positif, le Nord-Pas
de Calais est parmi les premières régions à
reconnaître officiellement ce problème et,
de par sa participation active dans le Master
Plan de la Troisième Révolution Industrielle,
la région s’attelle à la transformation de sa
performance économique globale. Dans les
parties suivantes, nous allons discuter à la
fois de l’effort requis et de l’investissement
à grande échelle, qui visent des niveaux
plus élevés d’efficacité énergétique et
le développement des cinq piliers de la
Troisième Révolution Industrielle. En effet,
nous avons déjà établi que les analyses, les
études, les divers projets, venant de s’achever
ou en cours dans le Nord-Pas de Calais
peuvent, réellement, contribuer d’une manière
significative à l’élévation de la Région à la
voie de la Troisième Révolution Industrielle.
Voir l’étude, Enjeux de développement du Nord-Pas de Calais
dans le cadre de la stratégie Europe 2020, de l’Insee Nord-Pas
de Calais.
89
Dans une analyse distincte, réalisée par l’économiste principal
de Jeremy Rifkin, John A. “Skip” Laitner, la croissance du PIB
par habitant - une mesure des améliorations de la productivité
dans l’ensemble de l’économie - a pris du retard. Au début des
années 1990, par exemple, la croissance annuelle du PIB par
habitant s’élevait à 1.7% en moyenne. Plus récemment, cet
indicateur révèle une tendance décroissante de moins de 1%
du taux de croissance annuel. Ce qui pose problème est qu’un
taux moins élevé d’amélioration de la productivité pourrait
miner des gains futurs en termes d’emploi et de revenus, tandis
que les impacts environnementaux ne cessent d’augmenter.
90
76
Effectivement, l’analyse économique ciaprès s’ajoute d’une manière proactive à
des évaluations déjà effectuées et soutient
fortement ces pas effectués vers l’avant.
Comme nous allons voir par la suite, cette
évaluation économique commence par les
excellentes études qui forment maintenant
les bases pour l’avancement de la Région.
6.1 Scénarios d’évaluation
économique
Philippe Vasseur a déclaré que le NordPas de Calais doit profiter de la Troisième
Révolution Industrielle pour devenir un leader
de rang international en termes de gains de
productivité de haute-qualité.92 En effet, la
combinaison d’une infrastructure intelligente,
de l’internet de l’énergie et de l’emploi des
Big Data pour optimiser les flux logistiques
sur l’ensemble des chaînes logistiques
sera clé pour faire croitre d’une manière
significative la productivité de la Région.
La première étape pour comprendre cette
opportunité est de présenter un aperçu des
schémas de consommation actuelle d’énergie,
puis d’examiner leurs impacts économiques
associés. La deuxième étape consiste à
souligner et à explorer d’autres manières de
produire et de consommer lorsque la Région
commence à investir dans les cinq piliers de
la Troisième Révolution Industrielle.93 Comme
nous l’avons suggéré précédemment, le
Nord-Pas de Calais profite déjà de plusieurs
études réalisées par diverses équipes de
recherche. Lorsque nous les regardons
dans leur contexte et les normalisons pour
éliminer leurs divergences, ces études
collectives convergent pour donner une
analyse positive qui étaye la transition
vers la Troisième Révolution Industrielle.94
Nous adoptons les éléments-clé de ces
évaluations, ainsi que des efforts collectifs
de ces groupes de travail, pour y ajouter
notre analyse en appui. Nous nous appuyons
et réaffirmons ces premiers efforts lors de
notre contribution au développement d’un
Master Plan dynamique pour la Troisième
Révolution Industrielle.
6.1.1 Contexte actuel
Nous commençons par le profil de base de
la consommation d’énergie en Nord-Pas
de Calais. La Figure 50 issue de la partie
“Climat” du SRADDT, nous fournit ces
détails.95
Toutes les formes d’énergie, que ce soit
le charbon, le pétrole, le gaz naturel, le
biométhane ou bien l’électricité, s’expriment
en joules, autrement dit en quantité de
chaleur équivalente. Cela signifie que toute
forme d’énergie peut être exprimée dans
la quantité de chaleur équivalente d’une
Figure 50. Premier aperçu des schémas de consommation d’énergie en Nord-Pas de Calais, 2008
bilan énergétique - GWh final
Agriculture
1,430
1%
Transport
30,357
19%
Tertiaire
17,202
11%
Résidentiel
32,131
20%
Sidérugie
37,788
23%
bilan énergétique - GWh final
Agriculture
1,430
1%
Transport
30,357
25%
Tertiaire
17,202
14%
Industrie
41,398
26%
Sidérurgie incluse
Industrie
41,398
34%
Résidentiel
32,131
26%
Hors sidérurgie
Source: Volet CLIMAT du SRADDT - Norener-Energie Demain, 2009
Les preuves s’accumulent. Voir, par exemple, John A.
“Skip” Laitner, “The Link Between Energy Efficiency, Useful
Work, and a Robust Economy,” (Le lien entre l’efficacité
énergétique, le travail utile et l’économie forte) dans John
Byrne et Yang-doo Wang (ed.), Secure and Green Energy
Economies (Economies énergétiques, sûres et vertes [à paraître
en 2013]). Tim Morgan, Perfect Storm: Energy, Finance and
the End of Growth. (Perfect storm: énergies, finances et la
fin de la croissance) London, England: Tullett Prebon Group
Ltd (2013). Pour accéder à une critique plus complète de
ces problématiques primordiales, voir également Robert U.
Ayres, The Bubble Economy: Is Sustainable Growth Possible?
(L’économie de la bulle: la croissance durable est-elle possible
?) Cambridge, MA: The MIT Press (à paraître en 2013). Celles-ci
et d’autres évaluations pointent du doigt le besoin de tous
types d’améliorations en termes d’efficacité énergétique et de
changements d’infrastructures, tout à fait cohérents avec la
Troisième Révolution Industrielle. Cela place le Nord-Pas de
Calais à l’avant-scène des activités dont on aura besoin pour
s’assurer d’une activité économique plus forte et durable.
91
D’après une communication personnelle avec Jeremy Rifkin.
92
D’après des commentaires du Président du conseil régional
Daniel Percheron, cités dans le rapport: Schéma régional climat
air énergie (SRCAE), par exemple, au SRCAE: http://www.
srcae5962.fr.
93
Voir, par exemple, trois évaluations de l’énergie et du
climat différentes, dont le Schéma régional climat air
énergie (SRCAE), la partie “Climat” du Schéma régional
d’aménagement et de développement durable du territoire
(SRADDT), ainsi que le rapport de Virage Énergie, Énergies
d’avenir en Nord-Pas de Calais.
94
Partie “Climat” du Schéma régional d’aménagement et de
développement durable du territoire (SRADDT), novembre 2012
95
autre forme d’énergie. Par exemple, nous
pouvons comparer un million de tonnes de
pétrole comme l’équivalent de 41 868 mille
milliards de joules (soit 41,87 térajoules), ou
comme l’équivalent de 11 630 milliards de
watt-heures électriques. Ce dernier pourrait
également s’exprimer en 11 630 gigawattheures (GWh), ou bien 11,63 térawatt-heures
(TWh). Pour des raisons historiques, et pour
rester homogène avec les multiples études
à ce sujet, nous adoptons la convention
de comparer les totaux de consommation
énergétique finale en Nord-Pas de Calais,
quelles que soient la source ou la forme
d’énergie, soit en GWh soit en TWh.96
Le niveau de consommation de référence
pour la région du Nord-Pas de Calais s’élève
à 160 000 GWh en équivalent électrique
pour l’année 2005. Cela représente un
niveau particulièrement élevé par rapport à
d’autres régions françaises. Près de 50% des
besoins totaux en électricité de la Région
proviennent du niveau particulièrement
élevé des activités industrielles, compte tenu
des nombreuses installations industrielles
qui consomment des quantités importantes
d’énergie, dont l’acier, l’aluminium, le verre
etc. Les bâtiments représentent environ 31%
de cette consommation globale. Ils sont, dans
la Région, particulièrement vieux (80% des
maisons ont été construites avant 1990).
En effet, il est estimé que 68% du parc
immobilier actuel a une qualité thermique
faible, à tel point que la consommation
moyenne par foyer s’élève à 300 kilowattheures (kWh) le mètre carré par an (kWh/
m²/an).97 Les bâtiments du secteur tertiaire
(public et privé), ainsi que les centres
industriels, sont également plutôt anciens et
peu d’entre eux sont optimisés pour atteindre
une utilisation d’énergie efficace. Le Nord-Pas
de Calais est une région densément peuplée
qui, paradoxalement, encourage ses citoyens
à faire des trajets courts en voiture. En
fait, 65% de tous les trajets dans la Région
s’effectuent en voiture.
Il est possible d’étudier l’impact de
l’utilisation de l’énergie en Nord-Pas de
Calais de plusieurs façons. Nous pouvons
tout d’abord examiner l’emploi d’énergie
par habitant par rapport à celui de la nation
entière. En 2009, l’année la plus récente pour
laquelle nous avons des chiffres complets
portant sur l’ensemble des secteurs et des
régions, le résident moyen du Nord-Pas de
Calais commandait à peu près 35 700 kWh
d’énergie pour maintenir son revenu et son
mode de vie individuel. Dans l’ensemble de
l’hexagone, pourtant, l’habitant type n’avait
Les consommations d’énergie peuvent également se
comparer en termes de consommation d’énergie primaire
ou de consommation d’énergie finale globale. La première
mesure comprend l’énergie consommée par tous les secteurs
de l’économie ainsi que les diverses pertes du système
associées à l’extraction, la production et la distribution de
l’énergie au consommateur final. La seconde comprend la
somme de l’énergie consommée par les foyers, par les secteurs
commercial, de service et gouvernemental de l’économie,
96
besoin que de 27 800 kWh par habitant;
une divergence significative de 22% de
moins de demande énergétique par rapport
aux résidents du Nord-Pas de Calais. Nous
pouvons également regarder la manière
dont l’énergie utilisée dans le Nord-Pas
de Calais stimule l’activité économique,
par comparaison à l’économie française
plus largement. Ici encore, nous trouvons
un déséquilibre important. Chaque GWh
d’énergie en Nord-Pas de Calais alimentait à
peu près 600 000 € de Produit intérieur brut
(PIB). Pour la France entière, en revanche,
il s’avère que chaque GWh d’énergie finale
entretenait un niveau plus élevé de 58%
d’activité économique, soit environ 948
000 € de PIB. Il est clair que, d’un point
de vue énergétique, la Région travaille
beaucoup plus dur pour maintenir son élan
économique que ne le fait la France plus
généralement. Presque par définition, si le
Nord-Pas de Calais arrive à réduire, d’une
manière rentable, son utilisation d’énergie
inefficace au moyen d’un taux beaucoup
plus élevé d’amélioration d’efficacité, ou s’il
se dirige vers des ressources d’énergie à plus
faible coût que celles qui sont actuellement
employées, les coûts d’énergie réduits
augmenteraient la productivité globale et
permettraient une économie régionale plus
vigoureuse.
6.1.2 Scénarios énergétiques de
long-terme
La Région a déjà produit plusieurs évaluations
sur son avenir énergétique pour suggérer la
possibilité de voir des gains potentiels à la
fois en termes d’efficacité énergétique et
de développement des ressources d’énergies
renouvelables, tout cela étant largement en
accord avec le Master Plan de la Troisième
Révolution Industrielle. En général, les
maintes discussions et les efforts de
planification se sont centrés sur l’atteinte
de l’objectif dit”3 fois 20” d’ici 2020 et du
Facteur 4, la division par quatre des gaz à
effet de serre d’ici 2050.
Comme expliqué dans le rapport du SRADDT
et l’évaluation du SRCAE, qui a été codirigée
par le préfet de la région et le Président
du conseil régional, la réglementation
européenne connue sous le nom 3 fois 20
(parfois représenté 3x20, ou bien 3*20)
vise à réduire les besoins énergétiques
européens de 20% par rapport aux niveaux
de consommation de 1990, de diminuer les
émissions des gaz à effet de serre (GES) de
20%, comparé une nouvelle fois aux niveaux
de l’année 1990, puis d’atteindre un niveau
de 20% pour les énergies renouvelables dans
le mix énergétique global. Ce dernier objectif
multiplierait pas deux l’emploi actuel des
énergies renouvelables en Europe d’ici 2020.
L’étude du SRCAE a servi à convertir les
objectifs européens d’ici 2020 en objectifs
plus actualisés et pertinents pour le NordPas de Calais. Les objectifs modifiés verrait
une réduction de ces mêmes 20%, mais en
comparaison dorénavant avec les niveaux de
l’année 2005, une réduction des émissions
GES de 20%, également par rapport aux
niveaux de 2005, en ajoutant une cible de
Figure 51. Scénarios énergétiques en Nord-Pas de Calais
Source: SRADDT 2012
ainsi que par l’industrie et par le transport. Étant donné que
ce rapport est une évaluation de l’ensemble de l’économie
qui est reliée aux consommations énergétiques finales, nous
adhérons à la pratique de communiquer sur la consommation
énergétique finale agrégée de tous les utilisateurs finaux.
Pour tout lecteur intéressé, le chapitre 8.1 Annexe: Facteurs
et équivalences de conversion d’énergie de ce document
fournit des informations contextuelles supplémentaires sur la
consommation d’énergie et les équivalences.
Ce niveau de consommation est établi par rapport à l’objectif
finale de 2050 selon lequel les résidences ne consommeraient
pas plus de 104 kWh/m²/an, comme présenté dans le “Plan 100
000 logements” daté de janvier 2013.
97
Pour faciliter la lecture, et pour élaborer plus facilement la
discussion sur les scénarios d’énergie de long-terme, nous
reprenons plusieurs des références et des chiffres qui sont
initialement présentés au §5.1L’amélioration de l’efficacité.
98
77
croissance multipliée par 3 en termes de
consommation d’énergies renouvelables d’ici
2020. L’objectif dit “Facteur 4”, quant à lui,
vise une réduction par quatre des émissions
de gaz à effet de serre d’ici 2050. La figure
suivante, Figure 51 - Scénarios énergétiques
en Nord-Pas de Calais résume la trajectoire
du cadre de référence suggéré et la compare
à la fois avec les scénarios du SRCAE et du
SRADDT.99
La Figure 51 commence par souligner la
consommation d’énergie finale de l’année
2005, soit 160 000 GWh. Elle suggère par
la suite que, dans le cas de la trajectoire de
base, la réduction en énergie finale de 20%
ne serait pas atteinte d’ici 2050.100 Ceci n’est
manifestement pas un taux d’amélioration
de l’efficacité d’énergie suffisant pour être
bénéfique, ni pour l’économie, ni pour le
climat. D’un autre côté, les deux trajectoires
du SRCAE et du STADDT iraient au-delà de
l’objectif 2020, la deuxième trajectoire voyant
une réduction de la consommation globale
de 60% par rapport aux niveaux d’énergie
de l’année 2005.101 Bien que l’objectif du
Facteur 4 reste celui d’une réduction des gaz
à effet de serre, il est représenté ici comme
il se présenterait en termes énergétiques. Il
est vrai que ce niveau de réduction semble
trop ambitieux en termes énergétiques; les
émissions du gaz à effet de serre peuvent être
réduites jusqu’à un niveau bien en-dessous
de l’objectif Facteur 4 à partir du moment où
les combustibles fossiles se font remplacés
par l’introduction des ressources d’énergie
renouvelables. De plus, l’objectif de 2050
dans la trajectoire SRADDT, en particulier
quand elle est combinée avec l’introduction
des ressources d’énergies renouvelables, est
tout à fait en adéquation avec les objectifs
qui se retrouvent dans le Master Plan de la
Troisième Révolution Industrielle.
Le graphique de la Figure 52 fournit
l’intégration à la fois de l’efficacité
énergétique et des ressources d’énergies
renouvelables comme elles pourraient l’être
au sein d’un cadre cohérent avec la Troisième
Révolution Industrielle. Si l’on commence,
une fois de plus, avec le niveau standard
de 160 000 GWh en 2013, le niveau des
consommations énergétiques finales est
réduit à 64 000 GWh d’ici 2050; même
lorsque la disponibilité des technologies
d’énergies renouvelables augmente d’une
manière qui assure d’ici 2050 zéro émission
de gaz à effet de serre liées à l’énergie.
Ce qui est particulièrement notable est
En général, la Région bénéficierait d’une réduction de 20%
d’ici 2050. Il est probable que des gains en efficacité plus
restreints serait plus profitables, les retours dépassant les 15%
par an. Il s’avère, en revanche, que cette échelle d’économie
énergétique est insuffisante pour transformer l’économie de
la Région, d’où la focalisation sur le Facteur 4 ou d’autres
magnitudes d’économies et de réductions des émissions de
gaz à effet de serre. Les résultats nets seraient plus restreints,
avec voire même des retours bien en dessous des 10%,
mais l’ampleur des bénéfices sociaux et économiques serait
significativement plus élevée.
99
78
l’augmentation importante des ressources
d’efficacité qui permet une chute brutale
des consommations d’énergie de la Région
pour la période comprise entre 2020 et 2040.
De cette manière, la région a jusqu’à 2020
pour apprendre et pour tester la manière
d’atteindre les gains d’efficacité dont elle a
besoin. Ceci donne également du temps pour
le développement des capacités physiques et
institutionnelles au cours des 6 ou 7 ans à
venir pour assurer un déploiement post-2020
des investissements plus réussis. En effet, les
premières années permettent le lancement
d’efforts plus marqués du milieu à la fin des
années couvertes par le Master Plan.
6.2 Les comportements, les coûts,
les bénéfices, et leurs impacts
économiques
A ce stade, nous tournons notre attention sur
le niveau d’investissement requis pour rendre
possible la Troisième Révolution Industrielle.
Nous allons aussi évaluer comment cet
investissement peut améliorer la robustesse
et la résistance de l’économie régionale et
créer un impact positif sur le climat mondial
- dans la mesure où le Nord-Pas de Calais
montre pro activement la direction pour la
France, l’Union Européenne et l’économie
mondiale plus généralement. Trois étapes
sont présentées ici pour cette étude plus
large. La première consiste à fournir d’abord
un contexte utile pour évaluer les étapes
d’après. L’analyse précédente a examiné
les quantités physiques de consommation
d’énergie dans l’économie. Dans ce cas
cependant cette étude souligne les
perspectives économiques en commençant
par les coûts et bénéfices du scénario
présenté Figure 52 - Un scénario de l’avenir
énergétique à long-terme de la Troisième
Révolution Industrielle en Nord-Pas de Calais,
et en terminant par une revue des bénéfices
nets pour l’emploi et le Produit Intérieur
Brut (PIB) alors que la région augmente sa
capacité à réduire considérablement ses
émissions de Gaz à Effet de Serre - peut-être,
comme noté, en réduisant effectivement les
émissions dues à l’énergie à zéro en 2050
(voire même avant).
6.2.1 La toile de fond sociale et
économique
Même si les données de dépenses
énergétiques totales en Nord-Pas de Calais
ne sont pas disponibles, une analyse suggère
que la région dépense 13% de son PIB pour
l’éventail complet de services énergétiques
nécessaires au maintien du profil actuel
d’activité économique.102 Sur la base de
différences dans l’intensité énergétique
régional, et les différences de PIB par
habitant, la France apparaît dépenser en
moyenne seulement 8% de son PIB pour
le total de ses besoins en énergie. Cette
disparité dans les dépenses d’énergie met
Figure 52. Un scénario de l’avenir énergétique à long-terme de la Troisième Révolution
Industrielle en Nord-Pas de Calais
Source: Comme présenté dans l’explication fournie et l’annexe 8.2 de cette partie
100
Les annexes fournissent des informations supplémentaires
et éléments contextuels pour donner au lecteur plus de
données par rapport aux scénarios mentionnés dans ce Master
Plan. Celles-ci fournissent des informations sur les concepts
économiques clés qui donnent naissance à l’évaluation des
impacts économiques qui pourraient être les résultats dans
le Nord-Pas de Calais, à partir du moment où la Région agit
pour épouser l’efficacité énergétique et les cinq piliers de la
Troisième Révolution Industrielle.
consommations de l’année 1990, ce qui aurait exigé une
consommation estimée d’énergie de 114 000, plutôt que de
128 000 GWh d’ici 2020. En revanche, comme nous l’avons
expliqué plus haut dans le texte, l’objectif de 2050 caractérisé
par une réduction de 60%, établi par l’analyse du SRADDT est
tout à fait cohérent avec les objectifs du Master Plan de la
Troisième Révolution Industrielle, particulièrement lorsque l’on
voit une accélération dans le développement et l’installation
des technologies des énergies renouvelables.
Intéressant d’un point de vue historique, ni le scénario
du SRCAE ni celui du SRADDT n’auraient permis d’atteindre
l’objectif d’origine d’une réduction de 20% du niveau des
102
101
L’annexe 8.2 fournit plus de détails sur les fondamentaux
énergétiques et économiques qui sont présentés dans la suite
de cette section.
Figure 53. Influences qui déterminent les attitudes et les cultures énergétiques
Source: Adapté de Dr. Janet Stephenson, Centre for Sustainability, University of Otago, New Zealand
Nord-Pas de Calais à un désavantage
concurrentiel. Comme il sera décrit plus
loin dans cette section de l’analyse, l’argent
dépensé sur l’énergie prend en charge
environ moitié moins d’emplois que l’argent
consacré à presque tous les autres secteurs de
l’économie. Cela signifie que de plus grandes
dépenses d’énergie impliquent moins emplois
pour la région. Dans le même temps une
productivité énergétique à la traîne affaiblit
encore davantage l’activité économique qui,
à son tour, affaiblit le processus de création
d’emplois.
Quelle est la question qui se pose à ce
point? Combien de la tendance actuelle
de la consommation d’énergie et des
dépenses d’énergie est une fonction
des cultures énergétiques nationales et
régionales? En effet, quelle part de la
tendance actuelle peut être placée dans
un portefeuille d’investissements en faveur
du développement et du déploiement de
technologies, systèmes et infrastructures plus
productifs dans l’usage de l’énergie? Dans
le cadre des influences qui façonnent les
attitudes et la culture de l’énergie, la Figure
53 - ci-dessous donne un aperçu utile de la
première des deux étapes interdépendantes
nécessaires à la réussite de la transition vers
la Troisième Révolution Industrielle.
Comme la Figure 53 l’indique, beaucoup
d’influences individuelles limitent ou
facilitent l’effort à grande échelle pour
aller vers un ensemble plus productif
de comportements - en particulier ceux
qui mettent l’accent sur une meilleure
conservation, une meilleure efficacité de
l’énergie et des ressources et l’innovation
sociale et technologique. Ces influences vont
des technologies disponibles ou non pour
les habitants et les entreprises de la région,
à l’infrastructure étendue et l’ensemble de
règlements qui impactent les pratiques et les
investissements énergétiques. Les nombreuses
influences comprennent également une
compréhension de la totalité des coûts des
services énergétiques générés par des choix
individuels. Par exemple, une publication
de 2011 par Renovate Europe note que
les bénéfices bruts annuels pour la société
découlant des améliorations éco-énergétiques
dans les bâtiments s’étendent bien au-delà
des seules économies sur la facture d’énergie.
Ils comprennent également la réduction
de la pollution de l’air, des bénéfices pour
la santé, et des améliorations annuelles
des finances publiques puisque moins de
subventions à long terme sont nécessaires.103
Lorsqu’une famille ou une entreprise du
secteur prend conscience de ces bénéfices,
elle devient susceptible de faire de meilleurs
choix avec un impact positif sur les résultats
sociaux et économiques. Le Nord-Pas de
Calais comprend clairement l’importance
de changer la conscience, les attitudes et
les comportements comme cela est apparu
à plusieurs reprises dans le processus
d’élaboration de ce Master Plan.104
103
Copenhagen Economics. “Multiple Benefits of Investing in
Energy Efficient Renovation of Buildings,” Brussels, Belgium:
Renovate Europe. October 2012. Parmi d’autres cette étude
suggère que des améliorations importantes d’efficacité
énergétique, requérant un investissement de 41 à 78 milliards
d’euros par an dans l’Union Européenne, rapporteraient en
retour annuellement 104 à 175 milliards d’euros.
changement de comportement en offrant des programmes
et des décisions d’incitation, y compris les mesures et les
processus organisationnels du Master Plan, et d’adopter ce
qu’ils appellent des solutions intelligentes en rupture avec
la consommation et les modes de production passés, et qui
fournissent un soutien aux nouvelles infrastructures et de
nouvelles technologies dans un environnement mondialisé.
Comme l’un des nombreux exemples, le Groupe de travail
6 sur le transport a souligné la nécessité d’encourager un
105
104
Bien que n’étant pas spécifiquement pris en compte dans
l’évaluation terminée ici, l’ampleur de l’investissement
proposé intègre indirectement une estimation provisoire de
Même si la région développe une compagne
promotionnelle intelligente et hautement
collaborative pour promouvoir la transition
vers une activité économique plus robuste,
son succès dépendra de façon ultime de ce
que nous appelons un effort dirigé et de
gros investissements pour mettre à niveau
les technologies et infrastructures locales
. L’estimation préliminaire centrale du
montant total d’investissement requis pour
la transition vers la Troisième Révolution
Industrielle est de l’ordre de 210 milliards
d’euros (en euros constant de 2005) sur la
période 2014-2050. Cela équivaut à tout
juste plus de 6 milliards d’euros par an, soit
environ 5% du PIB sur cette période de
37 ans. Les retombées économiques pour
le Nord-Pas de Calais - incluant à la fois
une réduction des coûts d’énergie et une
économie plus robuste - seraient environ
1,7 fois le coût total de l’investissement
initial. En d’autres termes, l’amélioration de
la productivité par la Troisième Révolution
Industrielle renforcerait l’économie de la
région de façon mesurable. Comme la section
suivante le montrera, elle renforcera aussi les
possibilités de création nette d’emploi.
Deux remarques doivent être notées à ce
stade. Premièrement, alors que la logique
qui sous-tend cette estimation centrale
est expliquée dans l’annexe 8.2 Annexe:
Développer et réconcilier les scénarios
énergétiques futurs, il existe peu de
données fiables et peu d’estimations solides
sur lesquelles construire une estimation
significative des coûts totaux. En effet, il
n’existe pas d’exemple antérieur d’efforts
visant à réaliser une transition de cette
envergure. Cela limite le développement
d’une estimation rigoureuse des coûts
dans cette évaluation en particulier. Dans
le même temps, cependant, nous avons
choisi de pécher par excès dans l’estimation
conservatrice des coûts – de même que les
avantages nets positifs sont également une
estimation prudente vers une fourchette
basse. Nonobstant l’évaluation prudente
d’un avantage certain, il semble y avoir un
avantage net positif dans la mise à niveau
de l’économie de la région. Le but de cette
évaluation, alors, est de doter la région d’une
estimation appropriée de l’échelle qui est
nécessaire pour conduire les changements
nécessaires dans l’économie du Nord-Pas de
Calais. À cet égard, nous suivons l’exhortation
du Energy Modeling Forum de l’Université de
Stanford qui, très tôt dans son histoire de 40
ans, a encouragé les praticiens à « modéliser
pour comprendre et non pour atteindre la
précision ».106
programmes et de politiques coûts (effort délibéré) qui sont
nécessaires au développement d’une base d’actifs revitalisé et
les infrastructures. De même, la mise à niveau de l’éducation
et des compétences de travail sont également implicite dans
les investissements nécessaires à la transition vers la Troisième
Révolution Industrielle.
Huntington, Hillard G., John P. Weyant, and James L.
Sweeney. 1982. “Modeling for Insights, Not Numbers: The
Experiences of the Energy Modeling Forum.” Omega: The
International Journal of Management Science 10(5): 449-462.
106
79
Deuxièmement, dans la mesure où cette
version du Master Plan est destinée à être
un outil de gestion dynamique, la région
est encouragée à suivre, évaluer et modifier
annuellement ce plan, car il développe
de nouvelles données et s’appuie sur les
nouvelles leçons qui vont inévitablement
émerger de la transition. Parmi les éléments
spécifiques à suivre, on trouve l’ensemble
des coûts et des avantages qui découlent
à la fois de projets individuels spécifiques
et des améliorations à grande échelle
dans les infrastructures de la région. Cela
servira deux fonctions très utiles pour la
région. Entre autres choses une évaluation
publiée annuellement apportera aux élus,
au personnel des collectivités et aux chefs
d’entreprises des mises à jour clés et une
meilleure information qui seront susceptibles
de garantir un résultat positif et robuste. Le
processus annuel de mise à jour permettra
également à la région de fournir le leadership
et l’information pour encourager et faciliter
l’émergence d’efforts similaires dans d’autres
pays, en France, en Europe et dans le monde
entier.
6.2.2 Les avantages issus des
coûts
Malgré les grandes incertitudes entourant
l’ampleur de l’investissement nécessaire
pour catalyser la transition, on peut voir
clairement les avantages qui suivront. Ils se
répartissent généralement en trois catégories:
(i) l’amélioration de la performance
économique, (ii) des améliorations sociales
et environnementales, et (iii) une plus grande
collaboration et des bénéfices administratifs.
Sans aucun doute l’avantage le plus
immédiat de l’amélioration des performances
économiques est la création de nouveaux
emplois. Nous pouvons obtenir une intuition
immédiate de la raison pour laquelle une
nouvelle recette pour l’économie pourrait
accroître la création nette d’emplois en
examinant les données de la Figure 54 - cidessous.
Nous nous appuyons sur les données publiées
par l’Insee (Institut national de la statistique
et des études économiques) afin de fournir
de nouveaux aperçus sur le processus de
création d’emplois dans le Nord-Pas de Calais.
Les données pour 2010 peuvent être utilisées
pour comparer les intensités d’emploi pour
les différents secteurs de l’économie. La
Figure 54 compare les secteurs clés pour
le nombre d’emplois directs pris en charge
pour chaque million d’euros d’activités à
valeur ajoutée contribuant au PIB de la
nation. Dans ce cas, les données publiées
Bien que, dans le Master Plan le focus est sur l’efficacité
énergétique et les cinq piliers, des réflexions concomitantes se
tiennent sur l’économie fonctionnelle et l’économie circulaire
ainsi. Ces gains complémentaires sont pris en compte dans les
avantages économiques qui sont résumées ici.
107
Il s’agit seulement de chiffres indicatifs qui suivent le
modèle d’efficacité et investissements dans les énergies
renouvelables proposées dans la Figure 55. Les emplois
108
80
Figure 54. Emplois directs par secteurs économiques en Nord Pas de Calais, en millions
d’euros de valeur ajoutée
Source: Derivé des données INSEE 2010 Nord-Pas de Calais
indiquent que les services liés à l’énergie
soutiennent 8,5 emplois par million d’euros
de l’activité économique - encore une fois
mesurée par la contribution à valeur ajoutée
au PIB. Les intensités de main-d’œuvre des
autres secteurs dans le Nord-Pas de Calais se
situent entre 14,1 à 20,6 emplois par million
d’euros alors que la moyenne de l’économie
régionale est de 16,3 emplois par millions
d’euros. Ainsi, comme nous redirigeons les
dépenses en dehors de l’énergie, de sorte que
les ménages et les entreprises dépensent leurs
économies nettes d’énergie dans d’autres
secteurs de l’économie régionale, il y aura
un gain net initial de 7,8 emplois dans le
Nord-Pas de Calais pour chaque million
d’euros de l’activité économique réaffecté au
sein de la région. Nous pouvons utiliser des
relations similaires pour évaluer la variation
des investissements et des dépenses liées à
l’énergie pour leur contribution nette à la
création d’emplois dans la région.
Bien que n’étant pas spécifiquement prise
en compte dans l’évaluation effectuée
ici, l’ampleur de l’investissement proposé
intègre indirectement une estimation
provisoire des coûts de programmation et
de politiques publiques (effort dit délibéré)
nécessaires au développement d’une base
d’actifs revitalisés et des infrastructures.
De même, la mise à niveau de l’éducation
et des compétences professionnelles sont
également implicites dans les investissements
nécessaires à la transition vers la Troisième
initiaux sont une fonction du premier niveau de l’activité
résultant du programme et de la mise à niveau de
l’infrastructure régionale. Cela pourrait fournir un gain
initial d’environ 4.000 emplois directs. Ces emplois directs,
cependant, ont ensuite besoin d’être soutenus par les
différentes chaînes d’approvisionnement qui fournissent des
biens et services qui, à leur tour, permettent le démarrage
du premier tour des activités de construction. Ces emplois
indirects ajoutent alors 9.000 emplois au total initial. Dans
Révolution Industrielle. Au fur et à mesure
que les investissements sont effectués et
que les changements dans les habitudes de
dépenses commencent à favoriser l’efficacité
énergétique et les cinq piliers mis en évidence
dans le Master Plan,107 la Figure 55 met en
évidence l’ampleur des gains nets d’emplois
qui sont susceptibles d’en découler.
La conclusion immédiate en regardant la
Figure 55, à la page suivante, c’est que
le Master Plan permettra d’améliorer
considérablement les possibilités d’emploi
pour Nord-Pas de Calais. Les investissements
commencent à générer des gains d’emplois
nets, avec un peu plus de 9.000 créations
d’emplois initiées en 2014 pour atteindre
un pic de plus de 160 000 emplois en 2040.
En moyenne on estime une création de
105 000 emplois nets sur toute la période
2014-2050.108 Ces estimations varient à
certains égards particuliers, mais ils sont
globalement conformes à d’autres études
qui explorent des trajectoires similaires. Le
modèle réel de création d’emplois dépendra
beaucoup de la rapidité avec laquelle la
région choisit, ou est capable, de monter en
puissance son investissement annuel dans
les infrastructures, et de l’ampleur réelle des
économies nettes sur la facture d’énergie
et l’activité économique catalysées par
ces investissements. Le tableau ci-dessous
présente la répartition probable de ces
105.000 emplois en moyenne créés dans les
différents secteurs de l’économie de la région.
les années suivantes, alors que les économies sur la facture
d’énergie se font sentir, et que l’économie montre des niveaux
d’activité plus élevés, de nouvelles exigences vont stimuler
la demande de services et de main-d’œuvre, augmentant
lentement le total d’emplois créés au fil du temps. Bien sûr, si
la région choisit de passer à un rythme plus ou moins rapide
dans les premières années, les premiers effets sur la croissance
de l’emploi seront plus ou moins importants.
6.2.3 Exploration de l’impact
économique de l’innovation et des
courbes exponentielles de coût
Alors que le système de modélisation DEEPER
contient un certain nombre de techniques
innovantes pour évaluer correctement le gain
net dans le PIB et les impacts sur l’emploi des
investissements productifs dans l’efficacité
énergétique et les cinq piliers, peu de modèles
intègrent la baisse des coûts porteuse d’un
changement des règles du jeu qui suivront
l’avènement des méga données (le Big
Data), et ce que Ray Kurzweil appelle «la loi
d’accélération des rendements », ou ce que
nous appelons les courbes exponentielles
de baisse des coûts. La discussion dans la
section précédente 5.2.2 souligne encore
cette perspective. En accord avec les idées
qui sous-tendent la Troisième Révolution
Industrielle elle-même, nous pouvons a
minima explorer la façon dont la Plateforme
Technologique Polyvalente des cinq piliers
(la PTP) pourrait optimiser l’économie de
la région au-delà de l’analyse standard
caractérisée dans la section précédente et
dans les annexes 8.2 et 8.3.
Il s’avère que le physicien allemand Reiner
Kümmel a ce qu’il désigne comme un facteur
de créativité dans son livre, The Second
Law of Economics: Energy, Entropy, and
the Origins of Wealth110 (La deuxième loi
de l’économie: l’énergie, l’entropie, et les
origines de la richesse). Bien que Reiner
fournisse seulement une discussion limitée de
la dérivation de cet élément dans son analyse,
une série d’études antérieures effectuées
par Blackman dans les années 1970,111 ainsi
Phillipe Quirion, “The net effect on employment of the
energy transition in France: An input-output analysis of the
négaWatt scenario,” CIRED (April 2013).
109
Previously cited as Kümmel (2011)
110
qu’un article de revue DeCanio et Laitner
en 1997,112 donnent un aperçu de la façon
dont nous pourrions a minima approcher
une évaluation qui s’appuie sur le “facteur
de créativité” de Kümmel. Nous l’avons
maintenant intégré dans le modèle DEEPER
en tant qu’indice d’innovation.
Tableau 5. Distribution probable moyenne des gains nets d’emploi par secteurs dans la région
Principaux secteurs d’activité
emplois créés
Part
Bâtiment
9,200
9%
Agriculture et industrie manufacturière
15,500
15%
Services publics (y compris l’eau, les égouts et
l’énergie)
1,600
2%
Commerce de gros et de détail
13,000
12%
Transport et Logistique
7,200
7%
Hôtellerie et services d’hébergement
3,000
3%
Services professionnels
11,400
11%
Finance et autres services
8,700
8%
Education et administration publique
35,300
34%
105,000
100%
Gains nets d’emplois en moyenne sur la période
(moyenne sur la période 2014-2050 de la
variation d’emploi par rapport à 2013)
Source: Résultats de la modélisation DEEPER sur la base des hypothèses décrites dans ce chapitre
Figure 55. Gain net d’emplois en Nord-Pas de Calais sur la période 2014-2050
Gains nets d’emplois
Une comparaison immédiatement utile de
création nette d’emplois est une évaluation
d’avril 2013 menée par le Centre international
de recherche sur l’environnement et le
développement.109 Dans ce qui est considéré
comme un développement massif des
économies d’énergie (grâce à des mesures de
sobriété et d’efficacité énergétique) et des
énergies renouvelables entre 2012 et 2050,
l’évaluation a révélé que les émissions de
dioxyde de carbone liées à l’énergie en France
pourraient être réduites de moitié d’ici à
2030 et réduite par un facteur 16 en 2050.
L’analyse montre que, dans de nombreuses
hypothèses différentes, les possibilités
d’emploi en France pourraient aller d’une
augmentation nette de 570.000 à 820.000
emplois d’ici 2030 par rapport au scénario
de référence. La fourchette des bénéfices
nets d’emplois pour l’économie française en
2030 est du même ordre de grandeur que
les emplois nets estimés pour le Nord-Pas de
Calais en 2050. La poursuite de la discussion
à l’annexe 8.2 renforce ce résultat positif
probable.
Source: Comme décrit en annexe 8.2
See, for example, Blackman, A. W., Jr. (1972). “A
Mathematical Model for Trend Forecasts,” Technological
Forecasting and Social Change 3, 441-452 (1972).
111
DeCanio, Stephen and John A. “Skip” Laitner. 1997.
“Modeling technological change in energy demand forecasting:
a generalized approach,” in Technological Forecasting & Social
Change, Vol. 55, No. 3.
112
81
L’indice d’innovation est basé sur l’idée que
le coût des nouvelles technologies décline
au fur et à mesure que l’expérience est
acquise et les investissements effectués.
Laitner et Sanstad (2003) donnent un
aperçu de cette idée et explorent ce qu’on
appelle des «courbes d’apprentissage»
pour les technologies d’efficacité sur la
demande énergétique.113 Plus récemment,
Azevedo et al. (2013) donnent un aperçu
de l’apprentissage technologique pour
les technologies d’approvisionnement en
électricité. Encore une fois, la section 5.2.2
du présent rapport apporte des compléments
d’information sur les courbes d’apprentissage.
Pour cette analyse, nous avons l’hypothèse
d’une courbe d’apprentissage associée à un
taux de progression de 90%s. Cela signifie
qu’à chaque doublement des investissements
cumulé sur la période 2014 à 2050, les
besoins d’investissements vont tomber de
10%s. Tel qu’il est appliqué ici, la différence
entre les coûts d’investissement classiques
et les coûts associés au scénario central de
la Troisième Révolution Industrielle, l’indice
d’innovation (peut-être considéré comme
un indice d’épargne-placement exponentiel)
passera de 1 en 2014 à 2,14.
Kümmel cite quatre études pour l’Allemagne,
le Japon et les Etats-Unis où l’élasticité
varie de 0,10 à 0,19. Ici, nous voulons
rester encore prudent et rester à la limite
inférieure. Par conséquent, nous intégrons
une élasticité de la réponse de 0,10. Compte
tenu de cette hypothèse au sein du système
de modélisation DEEPER, le PIB en Nord-Pas
de Calais pourrait augmenter d’environ 9,7
milliards d’euros au-dessus du scénario de
référence 2050. Les emplois nets devraient
augmenter de près de 255 000 par rapport
à notre estimation centrale actuelle de 165
000 emplois nets d’ici 2050 (montré dans
la figure précédente). Tout en restant une
estimation prudente, ces résultats soulignent
les impacts porteurs d’une reconfiguration
du jeu au fur et à mesure que la Troisième
Révolution Industrielle ré-optimise l’économie
régionale pour produire encore plus
d’efficacité énergétique et de rendement de
la productivité. Tout ceci souligne la nécessité
pour le Master Plan d’inclure un suivi des
coûts et des changements structurels qui non
seulement profiteront à l’économie régionale,
mais qui donneront à d’autres planificateurs
et modèles de politique publique davantage
de perspectives sur les bénéfices économiques
de la plateforme technologique à cinq piliers.
6.2.4 Perspectives
supplémentaires d’une transition
vers la Troisième Révolution
Industrielle
La plupart des analystes prennent pour
hypothèse standard que sans changement
dans les politiques publiques, l’économie
poursuivra sa croissance lisse et droite, et si
tel est le cas à un rythme un peu plus lent.
Pourtant, une série de publications récentes
indiquent qu’un résultat moins positif peut
se dérouler- en effet, la vitalité de l’économie
régionale peut s’affaiblir de sorte que le PIB
pourrait en fait se révéler moins important
qu’actuellement prévu.114 Le tableau qui suit
s’appuie sur les idées générées par le système
de modélisation DEEPER et fournit ce qui
pourrait être référencé comme une hypothèse
de réflexion pour comparer les hypothèses
de scénarios alternatifs.115 Il commence avec
l’hypothèse du scénario de référence que
le PIB en 2011 est d’environ 90 milliards
d’euros (en euros constants de 2005). Comme
suggéré, l’hypothèse habituelle est que
l’économie va croître à un rythme régulier
mais un peu plus lent de 0,8% par an. Par
cette hypothèse, l’économie de référence du
Nord-Pas de Calais (montré sur la ligne 1)
est susceptible d’augmenter à 123 milliards
d’euros en 2050 (encore une fois en euros
constants de 2005).
Nous pouvons également puiser dans les
hypothèses du World Energy Outlook 2012
de l’Agence Internationale de l’Energie
(International Energy Agency) pour explorer
le genre d’impact que la hausse des prix
de l’énergie sont susceptibles d’avoir sur
la solidité de l’économie régionale. Ici,
nous incluons la possibilité d’une lente
augmentation de 40% sur l’ensemble des
prix de l’énergie d’ici 2050. Nous explorons
ensuite comment cette « contrainte d’énergie
» pourrait avoir un impact sur le PIB régional.
Dans ce cas, les données (ligne 2) suggèrent
que le PIB pourrait encore croître, mais à un
niveau plus faible de 112 milliards d’euros en
2050, et (comme indiqué dans la ligne 3) avec
29 000 emplois en moins en 2020 par rapport
au scénario de référence avec une poursuite
de l’érosion de 102 000 pertes d’emplois en
2050, toujours par rapport au scénario de
référence.
A ce stade, nous pouvons intégrer
l’investissement et des données clés des
économies d’énergie du scénario du Master
Plan Troisième Révolution Industrielle pour
voir comment le modèle évalue l’impact sur
le PIB dans ces circonstances plus positives.
La ligne 4 du tableau 1 indique que le PIB du
scénario de Troisième Révolution Industrielle
pourrait augmenter jusqu’à 133 milliards
d’euros en 2050 ce qui est maintenant 10
milliards d’euros de plus que le scénario
de référence (montré sur la ligne 1). Les
répercussions sur l’emploi dans la rangée 5,
comme on pouvait s’y attendre étant donné
l’intensité du travail identifié dans la Figure
54, sont tout à fait compatibles avec les
résultats présentés dans la Figure 55. En
commençant par un lancement en 2014, la
création nette d’emplois augmente de 37 000
emplois en 2020, et continue d’augmenter
à 165 000 emplois nets d’ici 2050. Ce n’est
cependant pas tout. Dans la mesure où le
Master Plan de la Révolution industrielle
empêche une érosion de l’offre ou du prix de
l’activité économique, comme suggéré dans
les lignes 2 et 3, l’efficacité énergétique et les
cinq piliers peuvent en plus fournir une police
d’assurance.
Non seulement le Master Plan génère des
avantages économiques supplémentaires pour
le Nord-Pas de Calais, mais il peut empêcher
des pertes d’emplois importantes. Ainsi,
au lieu d’une érosion de 102 000 emplois
Tableau 6. Illustration des impacts sur le PIB et l’emploi sous différents scenarios
Valeurs de référence
2020
2030
2050
(1) PIB du Scénario de référence (Milliards d’euros 2005)
97
105
123
(2) PIB impacté par les prix de l’énergie (Milliards d’euros
2005)
95
100
112
-29,000
-62,000
-102,000
99
112
133
+37,000
+109,000
+165,000
(3) Emploi impacté par les prix de l’énergie (Variation nette
d’emplois)
(4) PIB de la Troisième Révolution Industrielle (Milliards
d’euros 2005)
(5) Emploi de la Troisième Révolution Industrielle (Variation
nette d’emplois)
Source: Résultats du modèle DEEPER sur des hypothèses décrites dans le texte
John A. “Skip” Laitner and Alan H. Sanstad, “Learning-bydoing on both the demand and the supply sides: implications
for electric utility investments in a Heuristic model,”
International Journal of Energy Technology and Policy (2004):
Vol. 2, Nos. 1/2, pp. 142-152.
113
Voir en particulier, Tim Morgan, Perfect Storm: Energy,
Finance and the End of Growth. London, England: Tullett
Prebon Group Ltd (2013). Pour une revue complete voir
114
82
également Robert U. Ayres, The Bubble Economy: Is Sustainable
Growth Possible? Cambridge, MA: The MIT Press (forthcoming
2013).
L’annexe 8.2 fournit davantage d’informations sur l’exercice
analytique présenté au Tableau 6 - Illustration des impacts sur
le PIB et l’emploi sous différents scenarios
115
Les caractéristiques du modèle DEEPER sont résumées en
annexe 8.3.
indiqués dans la ligne 3, nous pouvons avoir
un gain net de 165 000 emplois d’ici 2050. En
d’autres termes, le Master Plan peut produire
un bénéfice net total de 267 000 emplois
pour l’économie régionale. En effet, le
Master Plan permet à la fois le maintien des
niveaux d’emploi actuels, ainsi qu’une relance
productive pour augmenter le nombre total
d’emplois dans le temps.
Non seulement le Master Plan génère des
avantages économiques supplémentaires pour
le Nord-Pas de Calais, mais il peut empêcher
des pertes d’emplois importantes. Ainsi,
au lieu d’une érosion de 102 000 emplois
indiqués dans la ligne 3, nous pouvons avoir
un gain net de 165 000 emplois d’ici 2050. En
d’autres termes, le Master Plan peut produire
un bénéfice net total de 267 000 emplois
pour l’économie régionale. En effet, le
Master Plan permet à la fois le maintien des
niveaux d’emploi actuels, ainsi qu’une relance
productive pour augmenter le nombre total
d’emplois dans le temps.
6.3 Financer la Troisième
Révolution Industrielle
Par l’investissement dans des initiatives en
faveur de l’efficacité énergétique et des cinq
piliers de la Troisième Révolution Industrielle
c’est un renforcement de l’économie
régionale combiné à une réduction des coûts
globaux de l’énergie qui sont attendus. Un tel
investissement nécessite cependant l’apport
conséquent de nouveaux actifs. Le capital
nécessaire peut être levé et déployé à travers
différents mécanismes financiers. Dans ce
paragraphe, nous explorons d’abord les
différents modèles financiers possibles, avant
de nous pencher de manière plus détaillée
sur l’exemple illustrant la manière dont un
tel mécanisme pourrait effectivement être
utilisé.
6.3.1 Les modèles
d’investissement possibles: vue
d’ensemble
Le modèle de financement par le
propriétaire
Le modèle de financement par le propriétaire
(Owner Financed Model) a émergé lorsque les
propriétaires de bâtiments ont commencé à
valoriser les économies mesurables réalisées
du fait de l’amélioration de l’efficacité
énergétique des bâtiments et la réduction
des factures d’énergie. Dans ce modèle, les
propriétaires d’immeubles ont la possibilité
de contractualiser de manière indépendante
et de financer les investissements grâce aux
économies d’énergie réalisées ou par un prêt
souvent garanti par le bâtiment lui-même.
Le modèle de financement par le propriétaire
fait toutefois face à des obstacles
importants pour atteindre le niveau
optimal d’investissement. Cet obstacle
est particulièrement évident lorsque le
propriétaire de l’immeuble n’est pas lui-même
responsable de la facture énergétique. Le
modèle de financement par le propriétaire, à
lui seul, ne sera probablement pas en mesure
de fournir le niveau de capital nécessaire
permettant au Nord-Pas de Calais d’atteindre
les montants d’investissement visés.
Le modèle de remboursement à prix
fixe sur la facture d’énergie
Le modèle de remboursement à prix fixe
sur la facture d’énergie repose sur deux
hypothèses centrales: le coût initial des
investissements est organisé, subventionné
et parfois entièrement pris en charge par
un fournisseur d’énergie ; l’investissement
est ensuite remboursé par un supplément
mensuel fixe, décorrélé de la performance
énergétique. Ce supplément peut être réparti
sur l’ensemble de la base tarifaire en entier
ou n’apparaitre que sur la facture d’énergie
mensuelle du participant, en fonction de la
structure du programme d’investissement.
Le modèle de remboursement à prix fixe sur
la facture d’énergie présente l’avantage de
tirer parti du financement à faible coût pour
le fournisseur et d’accroitre la capacité de
financement contrairement au modèle de
financement par le propriétaire. En outre,
les coûts de transaction sont réduits car le
processus est simplifié grâce à des économies
d’échelle. Les acteurs publics peuvent utiliser
leurs relations avec le secteur de l’énergie
pour faire converger les intérêts et établir des
objectifs énergétiques ou des mandats.
6.3.2 Une approche multicanale:
le fournisseur d’énergie durable
Le fournisseur d’énergie durable (Sustainable
Energy Utility, SEU) est une approche
plus globale que les modèles mis en
évidence ci-dessus. Un SEU est régi par
les communautés qu’elle dessert et vise à
changer les relations fondamentales entre
l’énergie, l’économie, l’environnement et la
société. Elle est destinée à stimuler davantage
d’investissements en faveur de l’efficacité
énergétique et de la réduction des émissions
carbone.116
Un SEU peut agréger et gérer des fonds
de provenance multiple: financement par
des tiers, incitations gouvernementales,
fonds énergétiques durables, fonds
d’intérêt public, argent provenant de
sources philanthropiques. En tant qu’entité
gouvernementale ou tiers administrateur,
un SEU pourrait émettre des obligations
pour financer les investissements
énergétiques. Une partie des économies
d’énergie reviendrait à l’utilisateur tandis
que le reste serait utilisé pour rembourser
les obligations. Cette approche permet de
mobiliser efficacement des capitaux privés et
de déployer des infrastructures énergétiques
grâce à des partenariats public-privé.
Un SEU est suffisamment souple pour
intégrer d’autres modèles de financement. Le
Prêt d’Union en France est un bon exemple
de prêt social de particulier à particulier
(prêt « peer-to-peer »). Le Prêt d’Union
permet aux particuliers et aux investisseurs
institutionnels de prêter directement de
l’argent à des emprunteurs à travers un
marché obligataire sécurisé.
Le modèle de performance énergétique
Dans le modèle de performance énergétique,
une société de services spécialisée dans
l’énergie (Energy Services Company, ESCO)
finance les investissements et garantit la
performance énergétique à venir du projet.
L’ESCO récupère alors son investissement
en capital directement sur les économies
d’énergie générées par le projet (par exemple,
les rénovations). Dans certaines versions de ce
modèle, une partie des économies d’énergie
est également partagée avec le propriétaire
de l’immeuble comme incitation à modifier
ses habitudes de consommation d’énergie. La
limite de modèle est que l’ESCO peut hésiter à
réaliser la totalité de son investissement dans
un seul bien, de peur d’augmenter la durée de
retour sur investissement.
Le modèle SEU (Fournisseur d’énergie durable) a été
conçu par le Dr John Byrne de l’Université du Delaware,
où est directeur du Centre pour la politique énergétique
et environnementale (Center for Energy & Environmental
Policy). Il a co-présidé le conseil d’administration de la
première SEU aux États-Unis (créé par l’Assemblée générale
Delaware) au cours de la période 2007-2012. Il est l’architecte
de son programme innovant de financement de l’efficacité
énergétique. Ce programme a exécuté pour la première fois en
2011 70 millions de dollars de vente d’obligations exonérées
d’impôt. La vente a reçu une note de AA +.
116
83
exemple illustratif
Nous pouvons illustrer la puissance d’un
SEU en examinant et en comparant les
coûts potentiels d’un investissement avec
ses économies d’énergie garanties.117 Dans
l’exemple mis en évidence dans le tableau cidessous, nous supposons que toute une série
de projets dans le Nord-Pas de Calais pourrait
nécessiter un investissement de 1 milliard
d’euros pour améliorer l’efficacité énergétique
globale dans un ensemble de bâtiments
commerciaux et de bureaux.
Si on considère que l’amélioration a une
période de retour sur investissement de
12 ans, les différentes sociétés de services
énergétiques pourraient être en mesure
de garantir des économies sur la facture
d’énergie de 2,4 milliards d’euros sur une
période de 30 ans. La SEU pourrait alors
administrer une émission obligataire de 1
milliard d’euros sur 20 ans pour financer des
améliorations d’efficacité énergétique. Si le
taux d’intérêt annuel des obligations est de
3,7%, alors le coût total de remboursement
des obligations serait de 1,4 milliards d’euros
au cours de ces 20 ans. Les entreprises
commerciales réaliseraient alors une
économie nette de 1,0 milliard d’euros sur
leurs coûts d’énergie sur 30 ans, soit en
moyenne une économie nette de 33 millions
d’euros par an sur la facture énergétique.
Les obligations peuvent si besoin être divisés
en différentes classes d’actifs en fonction
de la période de retour sur investissement
et le niveau de risque. Idéalement, toutefois,
les investissements énergétiques avec
des périodes de récupération courtes sont
mélangés avec ceux ayant de plus longues
périodes de remboursement de sorte que la
période de retour sur investissement globale
offre un rendement plus acceptable pour les
détenteurs d’obligations.118
6.3.3 Les sources de financement
privé
Les monnaies sociales
De plus en plus de gens commencent à
expérimenter un autre type de monnaie,
basée sur la notion de collaboration et
soutenue par de nouvelles couches de
capital social. Les monnaies alternatives,
souvent désignés comme les monnaies
communautaires, SEL (Systèmes d’Echange
Local - Local Exchange Trading Scheme), ou
micro devises, ont commencé à se développer
à travers le monde après la crise financière
de 2008.
Elles avaient existé auparavant dans des lieux
dispersés, notamment pendant la Grande
Dépression des années 1930, cependant,
Les informations présentées dans l’exemple qui suit
s’appuient sur le document d’orientation rédigé par le Dr
John Byrne avec la Fondation pour l’énergie renouvelable et
environnement (FREE). Voir “Sustainable Energy Utility (SEU):
Understanding the Basics” Janvier 2013.
117
84
Figure 56. Illustration d’un mécanisme de financement permis par un fournisseur
d’énergie durable
Source: Description dans le texte du présent paragraphe
leur impact avait été marginal et de peu
d’importance. La revitalisation actuelle des
monnaies alternatives, a potentiellement des
conséquences beaucoup plus grandes pour
la société. Elle intervient à un moment où
l’économie sociale est en pleine renaissance,
des centaines de millions de personnes
passant une part croissante de leur vie
quotidienne dans des activités collaboratives
- sociales ou économiques - menant à
l’émergence de nouveaux espaces connectés.
Les monnaies dites alternatives sont
réellement des monnaies sociales qui
permettent à l’échange collaboratif de
biens et de services de prospérer dans
l’économie sociale. Comme dans d’autres
secteurs de l’économie collaborative, ces
monnaies permettent de contourner les
intermédiaires, les frais généraux fixes de
grandes institutions financières, les marges
bénéficiaires et les taux d’intérêt élevés
imposés par les sociétés de cartes de crédit.
Les individus peuvent échanger directement
leur temps de travail avec d’autres. Mais
à la différence du troc de services un à un
d’autrefois, l’existence des applications Web
et des cartes à puce d’équiper les individus
d’un mécanisme multi-latéral pour stocker et
utiliser les points qui représentent un temps
de travail comparable, pour l’échange de
toutes sortes de marchandises et services, à la
fois dans l’économie sociale et dans économie
de marché.
Plus de 4000 micro monnaies sont
actuellement en circulation dans les localités
à travers le monde. La plupart des devises
Pour plus d’informations sur le concept SEU et les projets
réels qui ont été financés à l’aide de ce mécanisme, contacter
Pam Haye, gestionnaire de programme de FREE (pam@
freefutures.org). Des informations complémentaires peuvent
également être trouvées à l’adresse: www.freefutures.org. Des
118
sont basées sur le temps de travail qu’une
personne donne à une autre en échange de
l’exécution d’un service, de la réalisation
ou réparation d’un objet. Les heures sont
stockées dans une “banque du temps”,
comme de l’argent, et échangées contre
d’autres heures de biens et services. L’idée
de « banque du temps » a été développée par
Edgar Cahn, professeur de droit à l’Université
du District de Columbia. Cette idée lui a
été inspirée du don du sang à la banque de
sang. Elle repose sur un principe de base qui
sous-tend l’économie sociale: la réciprocité.
Un voisin aide un autre voisin dans l’espoir
que quelqu’un à l’autre bout de la chaine lui
rende la pareille.
La Banque du Temps de Cahn ne fait pas de
distinction entre les différents types de temps
de travail. L’heure d’un mécanicien de voiture
a la même valeur que celle d’un médecin.
L’idée est que le temps de chacun doit être
considéré comme ayant la même valeur, en
dehors de toute hiérarchisation basée sur un
ensemble de compétences professionnelles
ou techniques. D’autres Banques du Temps
prennent en compte les compétences dans le
calcul des équivalences d’heures. Par exemple,
un comptable fiscaliste gagnerait plus
d’heures qu’un laveur de voiture. Ces banques
de temps opèrent dans le monde entier. Par
exemple la Bourse des Heures, à Portland
dans le Maine, aide les gens à payer pour les
soins de santé. True North, une clinique à but
non lucratif, a conclu un accord par lequel
les médecins acceptent les dollars de temps
comme paiement de la part des patients les
ayant eux-mêmes gagnés en fournissant
calculs spécifiques pour cet exemple ont été développés par
John A. “Skip” Laitner, économiste en chef de Jeremy Rifkin
et la Fondation pour les tendances économiques. Il peut être
contacté à [email protected].
des services à d’autres personnes dans la
communauté.
D’autres monnaies communautaires appelées
Systèmes d’Echanges Locaux (Local Exchange
Trading Systems, LETS) sont conçus pour
faciliter l’échange de marchandises. La
monnaie WIR en Ecosse émet des crédits en
échange d’actifs donnés en garantie par ses
membres. Les crédits peuvent être utilisés
pour de futurs achats par le membre. Quand
un vendeur reçoit un crédit pour un article
vendu, ce crédit peut être utilisé pour l’achat
un autre élément à un autre membre WIR.
Les monnaies communautaires sont
également utilisées en partie pour éviter à
la monnaie d’échapper à la communauté.
BerkShares, dans la région du Berkshire au
Massachusetts, est l’une des nombreuses
monnaies sociales qui vise à encourager
l’achat local. Les membres achètent des
BerkShares dans l’une des six banques
de la région, au même taux de change
que le dollar, avec un petit avantage
supplémentaire. Si un membre dépose $95,
il reçoit 100 BerkShares de la banque, ce qui
constitue un gain net pour le membre. Il peut
ensuite utiliser ces parts pour acheter des
biens et des services dans les établissements
commerciaux locaux, ce qui garantit que
l’argent continue à circuler dans l’économie
locale. En utilisant une banque à but non
lucratif comme intermédiaire, les membres
évitent la dépense supplémentaire qui
accompagne l’usage d’une carte de crédit
ou le paiement par chèque de banque
commerciale.
Le Berkshare a été introduit en 2006. Au
cours des cinq premières années, plus de
trois millions BerkShares ont été mis en
circulation, une somme considérable pour
l’économie locale. Les monnaies alternatives
se sont multipliées dans certaines des régions
d’Europe les plus durement touchées par la
Grande Récession. En Grèce et en Espagne,
les réseaux de devises communautaires
naissent un peu partout. Dans les régions
où le chômage est élevé, des associations
à but non lucratif développent des sites en
ligne pour connecter les personnes qui ont
les compétences nécessaires pour rendre
service à ceux qui en ont besoin. Ainsi se
crée ainsi une micro-économie collaborative
décentralisée, latérale et sociale au sein d’une
méga-économie de marché, centralisée, qui
s’avère de plus en plus inopérante. Les micro
devises sont devenues le nouveau mécanisme
d’échange qui permet au moins à certains
travailleurs de retrouver du travail.
Financement participatif ou «
crowdfunding »
Le financement participatif (ou coopératif)
vise à rassembler de petits investisseurs
locaux pour investir dans la modernisation
d’infrastructures qui améliore de façon
directe leurs conditions de travail dans
l’entreprise ou leur environnement immédiat.
Il s’agit aussi de faire en sorte que les
avantages financiers directs d’un territoire
aillent dans la poche des habitants.
Par le passé, les petits actionnaires de France
et de la région Nord-Pas de Calais ont investi
dans le projet d’Eurotunnel coté en bourse.
Tout en permettant de limiter le risque pour
les petits investisseurs, en utilisant des
obligations vertes plutôt que des actions,
les coopératives offrent un modèle puissant
et durable de placement collectif dans les
énergies renouvelables.
Amsterdam a réussi à accroître l’acceptabilité
des éoliennes urbaines en laissant les voisins
investir dans les fermes éoliennes voisines. Le
modèle coopératif pour financer les énergies
renouvelables est également bien développé
en Allemagne.
Cette solution présente l’avantage de créer
l’opportunité d’impliquer les citoyens dans le
projet de Troisième Révolution Industrielle,
de la manière très concrète, sans pour autant
affecter le bilan de la région. Elle stimule
l’intérêt collectif tout comme l’implication
individuelle dans le projet, ce qui se traduit
par une proactivité et un engagement des
citoyens pour faire de la Troisième Révolution
Industrielle une réussite collective.
Les partenariats public-privé
Les partenariats public-privé (PPP)
reposent sur un contrat entre une autorité
publique et une entreprise privée, dans
lequel la partie privée assure un service
public ou un projet, tout en prenant en
charge les risques financiers, techniques et
opérationnels de ce projet. Le PPP permet
d’accélérer certains projets publics qui
nécessiteraient d’importants investissements.
Ces partenariats sont couramment utilisés
dans les secteurs du bâtiment et des
infrastructures.
Dans le cas de la Troisième Révolution
Industrielle en Nord-Pas de Calais, de tels
partenariats devraient faciliter la mise en
œuvre des initiatives tout en nécessitant peu
d’investissement public.
de la Troisième Révolution Industrielle fait
d’elle une priorité locale, si bien qu’il parait
cohérent pour les administrations locales
de soutenir le projet. Pour ce faire une
coordination entre les administrations locales
sera nécessaire.
Fonds nationaux
La France peut apporter un soutien financier
par le biais de divers mécanismes. Les plus
importants qui pourraient être pertinentes
pour TIR sont brièvement décrits ci-dessous.
Investissements d’Avenir via le Grand
emprunt
Le programme vise à investir dans les secteurs
suivants:
• Energie et économie circulaire (3,6
milliards d’euros)
• Transports (3 milliards d’euros)
• Urbanisme et logement (1,5 milliards
d’euro)
Certains de ces fonds n’ont pas encore
été dépensés, ce qui crée une opportunité
pour la région d’obtenir un financement
supplémentaire. Ces fonds peuvent être
obtenus par appels à projets. Les initiatives
de Troisième Révolution Industrielle sont
clairement orientées vers l’avenir et sont donc
dans la cible des Investissements d’Avenir.
Financement des plans climat
territoriaux par l’ADeMe et la Région
L’ADEME (Agence de l’Environnement et de
la Maitrise de l’Energie) offre un soutien
financier aux Plans Climat-Energie Territorial,
dans la limite des fonds existants avec:
• Le Contrat d’Objectif Territorial (COT):
ces contrats ont des caractéristiques
spécifiques en fonction de la région. Ils
peuvent financer:
è L’animation du plan d’action: l’aide
s’élève à 30% avec un maximum de €
230 000 sur 3 ans.
è La réalisation d’une étude qualitative de
préfiguration
6.3.4 Les sources de financement
publiques
è L’accompagnement du processus:
cette aide comprend l’élaboration
et la mise en œuvre d’outils de suivi
et d’évaluation, le déploiement de
campagnes d’information et de
sensibilisation, l’élaboration de contenu
de formation, ainsi que l’engagement de
l’ADEME à soutenir l’action.
Fonds régionaux et locaux
Au niveau local, des fonds sont gérés et
distribués par des organismes administratifs
régionaux (ADEME, Oséo, Région…). D’’autres
mécanismes peuvent être pertinents pour
soutenir les initiatives de la Troisième
Révolution Industrielle. A titre d’exemple,
les initiatives de la Troisième Révolution
Industrielle pourraient être incorporées dans
les Contrats de Plan Etat-Région (CPER)..
En outre, les autorités régionales ou locales
(département, ville) ont la possibilité
d’affecter des fonds existants ou créer des
fonds dédiés en fonction des priorités locales.
La mobilisation autour du projet commun
• Aide à la décision: l’ADEME contribue
à financer la recherche pour guider et
appuyer les décisions sur l’énergie et le
climat:
è Bilan carbone des administrations
locales
Source: http://ec.europa.eu/france/ue_en_bref/
financement/subventions/index_fr.htm
126
85
è Pré-diagnostics énergétiques et
évaluations (bâtiments, éclairage,
procédés industriels, etc.)
è Etudes, comme par exemple des études
de faisabilité ou l’assistance technique à
la gestion de projet
• Aides à l’investissement
è Le Fonds Chaleur est l’une des 50
mesures du gouvernement en faveur
du développement des énergies
renouvelables et dispose d’un milliard
d’euros pour la période 2009-2011.
è Le Fonds Déchets vise à réduire la
quantité de déchet ou à mieux les
valoriser ; il était doté de 571 millions
d’euros pour la période 2009 - 2011.
Autres subventions ou mécanismes de
financement
D’autres subventions et mécanismes de
financement peuvent être envisagées, telles
que:
• Citoyenneté, liberté, sécurité et justice
• L’Union européenne en tant qu’acteur
mondial
• Administration
• Compensations
Les dépenses pour les politiques en faveur de
la croissance durable (section 1) représentent
la part la plus importante de l’aide avant
l’agriculture et les ressources naturelles
(Section 2).
Pour la période 2014-2020, le «Cadre de
référence stratégique national» serait
remplacé par un « Contrat de Partenariat
». Son budget devrait être voté en Octobre
2013. En outre, les programmes opérationnels
européens (Programmes Opérationnels
Européens) sont actuellement en cours
d’élaboration et pourraient intégrer la vision
de la Troisième Révolution Industrielle.
Il existe deux grands types de subventions
européennes:
• Le Crédit d’Impôt Développement durable
(CIDD)
• Les subventions accordées dans le cadre
des fonds structurels et agricoles
• L’Eco-prêt à taux zéro
• Les subventions accordées pour
promouvoir des secteurs et thématiques
spécifiques
• Les subventions de l’Agence Nationale de
l’Habitat (Anah)
• Les Certificats d’Economie d’Energie (CEE)
Par ailleurs, 34 plans industriels ont été
récemment annoncés par le gouvernement.
Les fonds européens
La Commission européenne fournit un
financement sous forme de subventions
pour réaliser des projets ou des activités
en relation avec les politiques de l’Union
européenne. Ces subventions peuvent être
accordées dans des domaines aussi divers
que la recherche, l’éducation, la santé, la
protection des consommateurs, la protection
de l’environnement, l’aide humanitaire,
etc. Les bénéficiaires de subventions sont
principalement des organisations, privées
ou publiques, et exceptionnellement des
individus, sélectionnés par la Commission
européenne pour leur capacité à mettre en
œuvre les projets concernés.119
Les engagements financiers pour la période
2007-2013 s’élèvent à 864.3 milliards
d’euros, ce qui représente 1,05% du PIB
des 27 pays de l’Union Européenne. Le plan
financier 2007-2013 comprend six sections:
• Croissance durable
• Préservation et gestion des ressources
naturelles
Source: http://ec.europa.eu/france/ue_en_bref/financement/
subventions/index_fr.htm
119
Bien que parfois complexes les financements européens
méritent d’être pris en considération. Le guide en ligne écrit
par le député européen Thierry Cornillet présente de manière
120
86
Les subventions accordées dans
le cadre des fonds structurels et
agricoles
Il s’agit ici des subventions accordées dans le
cadre de la politique de cohésion via le Fonds
européen de développement régional (FEDER),
le Fonds social européen (FSE), le Fonds de
cohésion ou les fonds issus de la politique
agricole commune (PAC).
Ils visent un triple objectif:
• Améliorer la compétitivité régionale ;
• Soutenir la création d’emplois ;
• Equilibrer le développement harmonieux et
durable des zones urbaines et rurales.
La gestion de ces fonds est décentralisée. En
France, c’est l’Etat, par l’intermédiaire des
SGAR (Secrétariat général pour les affaires
régionales rattaché aux préfectures) qui,
en coopération avec les conseils régionaux,
sélectionne et assure le déroulement des
projets proposés par les acteurs locaux.
La Commission et les Etats membres
négocient pour une période de 7 ans un Cadre
de référence stratégique national (CRSN),
qui présente la répartition des fonds afin
d’atteindre les grands objectifs fixés. Le Cadre
de référence stratégique national actuel est
établi pour la période 2007-2013.
détaillée les aides financières européennes et modalités
d’obtentions: http://www.cornillet.net/docs/guide-des-aideseuropeennes-2009.pdf
Source: http://www.eib.org/attachments/general/the_eib_
at_a_glance_en.pdf
121
Les subventions accordées pour
promouvoir des secteurs et
thématiques spécifiques
Ces subventions ont pour objectif de financer
des actions spécifiques et souvent très
innovantes. Elles sont gérées directement
par la Commission européenne avec l’aide
de secrétariats techniques et d’agences
en charge de la mise en œuvre. Elles sont
distribuées dans le cadre de programmes
thématiques européens.
Ces subventions ne sont pas accordées au
cas par cas, elles sont planifiées selon un
programme de travail annuel adopté par
chacune des Directions Générales et rendu
public avant le 31 mars de chaque année. Ce
programme de travail fixe les grandes lignes
des subventions qu’il est prévu d’accorder sur
l’année (domaine d’intervention, objectifs,
calendrier, budget disponible, conditions
d’octroi, etc…). Les services de la Commission
lancent ensuite des appels à projet.
Un certain nombre d’initiatives TIR pourrait
bénéficier d’un financement européen.
L’équipe TIR devrait examiner et d’analyser
les fonds les plus pertinents et initier le
processus de demande de subvention dès lors
que cela s’avère approprié.120
La banque européenne
d’Investissement (beI)
La Banque Européenne d’Investissement
(BEI) est la banque de l’Union Européenne.
Cette institution travaille en collaboration
étroite avec les autres institutions
européennes pour mettre en œuvre les
politiques européennes.121 En tant que
banque de l’Union Européenne, la BEI offre
du financement et de l’expertise pour des
projets d’investissement durable en Europe
mais aussi au-delà (plus de 90% de l’activité
de la BEI est en Europe). La BEI est le premier
bailleur de fonds multilatéral et premier
emprunteur dans le monde.
Les organismes publics comme les entreprises
privées peuvent bénéficier de prêts de la BEI:
les projets d’un coût supérieur à 25 millions
d’euros sont financés par des prêts directs,
les projets plus petits sont financés par les
banques locales partenaires.
La BEI ne prête pas plus de la moitié du coût
total du projet, ses prêts ayant pour objectif
de jouer un rôle de catalyseurs, en attirant les
financements d’autres institutions financières
internationales publiques, de la Commission
européenne et d’investisseurs privés.
Près d’un tiers des prêts va à des projets
d’action pour le climat. Il existe donc une
opportunité pour la Troisième Révolution
Industrielle d’obtenir le soutien de la BEI
pour contribuer au financement de certaines
initiatives.
7.0 Conclusion
De nombreuses régions du monde ont mené
des initiatives en faveur du développement
durable ces dernières années. Des projets
pilotes impressionnants abondent sur tous
les continents, nous donnant un aperçu
de ce qui devient possible dans une ère
post-carbone. Transformer la vision en
une réalité exige maintenant un bond en
avant audacieux, par l’établissement d’une
infrastructure intelligente pleinement
opérationnelle permettant d’aider le passage
de chaque région de la deuxième à la
Troisième Révolution Industrielle au cours des
prochaines décennies.
La région Nord-Pas de Calais peut tirer parti
de ses atouts naturels et physiques pour
devenir un chef de file national dans la
transition énergétique:
• Le climat de la région augmente la valeur
économique de l’efficacité énergétique et
de la production d’énergie renouvelable
(Pilier 1 – Les énergies renouvelables),
• Le potentiel d’amélioration de la
performance énergétique des vieux
logements associé à la jeunesse de la
population constituent une opportunité
de développer un savoir-faire unique dans
le secteur de la rénovation du bâtiment
(Pilier 2 – Les bâtiments producteurs
d’énergie),
• La situation géographique privilégiée,
au carrefour des réseaux de gaz naturel,
d’hydrogène et d’électricité, peut être mise
à profit pour développer les capacités
de stockage (Pilier 3 – Le stockage de
l’énergie) et porter l’Internet de l’énergie
à une échelle bien plus grande que celle
des démonstrateurs actuels (Pilier 4 –
L’Internet de l’Energie),
• La proximité des parcs éoliens offshore
d’Europe du Nord, les frontières, le tunnel
sous la Manche, les chemins de fer et les
ports sont des atouts compétitifs pour les
exportations de composants industriels
et les opportunités logistiques off-shore
(Pilier 5 – Les transports électriques
rechargeables et à pile à combustible).
Selon le modèle DEEPER, la Troisième
Révolution Industrielle nécessite d’injecter
six milliards d’euros par an pour réduire la
consommation d’énergie finale de 60% en
2050. Cet effort permettra de créer plus de
160 000 emplois nets, de manière directe
par les investissements et indirectement par
l’augmentation de la productivité. Cet effort,
certes important, demeure moins risqué
que ne rien faire: un scénario businessas-usual sans augmentation de l’efficacité
énergétique, mais avec une augmentation des
prix de l’énergie, prédit une perte de 100 000
emplois d’ici 2050.
Le débat national sur la transition
énergétique ne changera pas la valeur des
actifs régionaux et ne doit pas empêcher
la région de prendre en main son avenir
énergétique. Tout comme le train à grande
vitesse à Lille a permis d’accroitre la
productivité, la convergence d’Internet et
de l’efficacité énergétique, la production
d’énergies renouvelables, le stockage et
l’Internet Logistique vont créer une base
pour développer l’efficacité énergétique,
la productivité et l’emploi dans l’économie
régionale
mettre en œuvre la Troisième Révolution
Industrielle. Le Master Plan de la Troisième
Révolution Industrielle, conçu conjointement
par Nord Pas-de-Calais et le TIR Consulting
Group LLC, fournit une feuille de route
pour orienter la région vers une nouvelle
ère économique à l’origine de nouvelles
entreprises et d’opportunités d’emploi pour
un 21e siècle durable.
La justification économique de ce Master
Plan repose sur les coûts marginaux
proches de zéro des infrastructures de la
Troisième Révolution Industrielle. Une fois
construites et en fonctionnement, les unités
de production d’énergie renouvelable, les
bâtiments efficaces énergétiquement et les
infrastructures de transport collaboratives
mèneront le pays dans une ère de
meilleure productivité et compétitivité.
La région deviendra une Vallée de la
Biosphère, où la consommation réduite
d’énergie et l’amélioration de l’empreinte
environnementale seront permises non
seulement par les infrastructures, mais aussi
par le changement de comportement tourné
vers la préservation collaborative de la
biosphère.
Le financement de cette évolution
économique est un défi: nous croyons
cependant que la région peut favoriser
l’investissement public et privé dans
l’économie réelle en catalysant le
financement coopératif de projets à long
terme. Avec une moyenne de dix-sept
années de remboursement pour chaque
kWh économisé ou produit par les énergies
renouvelables, la Troisième Révolution
Industrielle devrait attirer l’épargne privée:
en 2012, le taux d’épargne individuel
français était la deuxième en Europe
derrière l’Allemagne, et 66% de l’épargne
privée ont été investis dans l’immobilier.
Les investisseurs institutionnels peuvent
suivre: l’Espagne a obtenu 1,34 milliards
d’euros et des obligations à échéance de
20 ans de la part de la Banque européenne
d’investissement pour le projet Castor, une
installation de stockage de gaz énorme.
Une clé du succès vers la Troisième
Révolution Industrielle réside dans l’éveil
d’une conscience politique commune de
la biosphère. Le leadership politique, la
continuité et la stabilité des politiques
sont nécessaires au sens large, tout
comme le changement de comportement
de tous les acteurs: habitants, étudiants
et travailleurs, dirigeants économiques et
politiques. L’université a un rôle clé à jouer:
les universitaires vont diriger l’effort de
sensibilisation à la biosphère par l’éducation
des jeunes et également le suivi des progrès
de la Troisième Révolution Industrielle sur
un ensemble d’indicateurs clé sociaux,
économiques et de développement durable.
Une solide gestion du programme sera
nécessaire de la part de la Région pour
87
8.0 Annexes
8.1 Facteurs et équivalences de
conversion d’énergie
Alors que l’énergie est, à bien des égards, un
produit évidemment omniprésent, il n’existe
pas de format standard permettant de suivre
de manière systématique la consommation
d’énergie d’une région ou d’un contexte à
un autre. Les World Energy Outlook publiées
par l’Agence internationale de l’énergie
(International Energy Agency), par exemple,
rapportent toutes les utilisations de l’énergie
en millions de tonnes d’équivalent pétrole
(Mtep). Par ailleurs, les diverses évaluations
pour la région Nord-Pas de Calais mesurent
toute la consommation d’énergie en
gigawatts-heures (GWh) d’électricité. Une
autre mesure fréquemment utilisée dans
encore d’autres rapports est le billion de
joules (1012 joules) ou térajoules (TJ). Le
tableau ci-dessous offre un moyen pratique
pour aider les analystes du Nord-Pas de
Calais à convertir les quantités d’énergie
d’une unité de mesure à l’autre.
8.2 Développer et réconcilier les
scénarios énergétiques futurs
La lecture des divers rapports déjà existants
en matière de planification pour le NordPas de Calais (SRCAE, SRADDT, rapport
de Virage Energie avec une référence
spécifique à cette région, études de Renovate
Europe et du CIRED, entre autres, qui font
référence à la France et à l’Europe plus
généralement) montre qu’il existe une
profusion d’hypothèses sur le rôle futur de
l’énergie et l’efficacité énergétique au sein de
l’économie. Par ailleurs, il y existe une variété
d’hypothèses sur la croissance de l’économie
en général, et aussi de l’énergie nécessaire
pour maintenir l’activité économique à des
niveaux attendus de croissance. Il existe
également différentes estimations sur le
taux normal de l’amélioration de l’efficacité
énergétique ainsi que le taux possible
d’amélioration future de l’efficacité. De
même on trouve différentes estimations
pour les taux de croissance de la population
et différentes estimations du taux
d’amélioration de la productivité moyenne
par habitant ou actif en activité. Toutes ces
différences peuvent apparemment générer
des variations significatives dans les résultats
- en particulier en ce qui concerne l’énergie
totale qui est nécessaire pour maintenir un
niveau sain de l’activité économique.
Si l’on suppose, par exemple, que l’économie
régionale va montrer une croissance moyenne
de 1,8% du PIB entre 2010 et 2050 - comme
l’Agence internationale de l’énergie (AIE)
l’a supposé dans sa plus récente prévision
Perspectives Mondiales sur l’Energie 2012,
alors en considérant 2014 comme l’année de
référence, l’économie pourrait être d’environ
1,9 fois plus développé en 2050 par rapport
à 2014. D’autre part, si l’on suppose un
taux de croissance réduit à 0,8% comme
88
Tableau 7. Facteurs généraux de conversion de la consommation d’énergie
To:
TJ
Mtoe
Multiplier par:
From:
TJ
GWh
1
2.388 x 10-5
0.2778
Mtoe
4.1868 x 10
1
11,630
GWh
3.6
112
1
4
Source: Adapté de l’ouvrage de l’Agence Internationale de l’Energie « 2012Key World Energy Statistics ».
suggéré dans cette analyse, alors la taille
de l’économie en 2050 serait 1,33 fois plus
grande. Ainsi, le plus grand taux de croissance
annuel de 1,8% produirait une économie
qui est de 43% plus importante en 2050 par
rapport au taux plus faible de croissance.122
Dans le même temps il y a une grande
marge d’incertitude dans tout jeu individuel
d’estimations concernant la croissance de
l’économie ou l’intervalle d’améliorations
qui pourraient résulter soit d’une hypothèse
de référence ou qui pourraient résulter d’un
ensemble particulier de politiques publiques.
Dans cette annexe, nous mettons en évidence
deux points importants pour caractériser
les différentes hypothèses qui sous-tendent
notre suggestion de la façon dont le Master
Plan de la Troisième Révolution Industrielle
pourrait avoir un impact positif sur le bienêtre social et économique du Nord-Pas de
Calais sur l’horizon 2014 à 2050.
L’aspect le plus important dans la
présentation des résultats du Master Plan parfaitement compatible avec l’exhortation
de l’Energy Modeling Forum de l’Université
Stanford cité précédemment, c’est que
nous effectuons une modélisation pour une
meilleure compréhension plutôt que pour
la précision. Notre intention n’est pas une
échappatoire facile à notre responsabilité
de fournir des estimations crédibles des
impacts économiques et du bien-être,
c’est plutôt de reconnaître les nombreuses
incertitudes qui affectent notre analyse et
la probabilité d’atteindre un résultat donné,
comme décrit dans le présent rapport. En
tant que chercheurs de longue date l’analyse
de la politique économique et énergétique,
nous constatons que la question la plus
critique en exposant nos recommandations
est d’être clair dans nos hypothèses, et de
veiller à ce que nous appelons les «différences
premières » raisonnables dans la création d’un
scénario de référence ou d’une projection
de cette référence et dans la comparaison
vis-à-vis des alternatives d’impacts d’un
scénario du Master Plan. En d’autres termes,
si nous faisons une hypothèse particulière
ou choisissons une variable ou un taux de
croissance (que ce soit la productivité de
l’énergie ou le PIB) spécifique parmi les
nombreuses autres études examinées dans
la préparation de cette évaluation, avonsnous pleinement et équitablement reflété ces
différences dans la projection d’un niveau de
référence et dans le scénario du Master Plan?
Le deuxième aspect important dans la
synthèse des résultats du Master Plan est
d’être entièrement transparent dans la façon
dont nous avons sélectionné nos principales
hypothèses. Bien qu’il existe des fameux «
trous dans les données », ce qui signifie qu’il
peut manquer des informations limitant la
rigueur d’ ensemble des résultats, avonsnous correctement reconnu et expliqué ces
limitations? Par exemple, alors qu’il existe
de nombreuses estimations individuelles des
coûts et avantages des mesures spécifiques
d’efficacité énergétique il n’existe pas, à
notre connaissance, une seule estimation
entièrement endossée et confirmée de
l’ampleur des investissements qui seront
nécessaires pour assurer une transition
réussie vers la Troisième Révolution
Industrielle. Même s’il y avait une telle
estimation, la façon dont ces investissements
sont déployés affectera-t-elle grandement
leur capacité à fournir un avantage présumé
pour le Nord-Pas de Calais? En disant cela,
nous reconnaissons aussi qu’il existe ce
qu’on pourrait appeler des scénarios stylisés
ou «macro» qui identifient les coûts et les
avantages possibles associés aux différents
scénarios énergétiques pour toute une région.
Dans le même temps, cependant, il n’y a
rien eu de tenté à l’échelle suggérée par
le Master Plan de la Troisième Révolution
Industrielle. Au mieux, nous pouvons faire des
choix raisonnés et expliquer la logique qui
détermine l’analyse qui en résulte. De plus,
nous utilisons un modèle propriétaire appelé
le système de modélisation DEEPER pour
aider à évaluer les impacts du Master Plan.
Pourtant, il existe des données publiques
qui, si elles sont expliquées, peuvent être
utilisés pour corroborer les conclusions de
la modélisation. Et c’est le but principal
de cette annexe - à la fois expliquer notre
choix de scénarios, les coûts et les impacts,
et fournir une documentation assez claire et
une explication des choix que nous avons fait
dans le développement de cette évaluation.
Pour guider le lecteur à travers l’ensemble
Les calculs relativement simples sont: 1.018(2050-2014) =
1.90 (arrondi)), et 1.008(2050-2014) = 1.33 (arrondi). Ainsi le
taux de croissance plus important produit [(1.90/1.33) – 1] x
100% = 43% d’économie supplémentaire 2050 (arrondi).
122
des données qui ont éclairé nos choix dans
les scénarios de modélisation que nous
présentons, et pour mieux comprendre
les hypothèses sur lesquelles nous nous
sommes appuyés dans l’élaboration de ces
scénarios, cette annexe se poursuit avec cinq
paragraphes visant à expliquer les principaux
domaines qui impactent notre analyse. Le
premier rappelle le fondement de pensée qui
a guidé notre choix du scénario du Master
Plan qui est maintenant mis en évidence
dans la Figure 52 - Un scénario de l’avenir
énergétique à long-terme de la Troisième
Révolution Industrielle en Nord-Pas de Calais.
La deuxième discussion passe en revue un
certain nombre de d’évaluations économiques
qui ont façonné activement l’analyse fournie
dans le Master Plan. Le troisième sujet de
discussion souligne les preuves qui suggèrent
que l’économie d’énergie inefficace peut
produire un marché du travail plus faible
et éroder le bien-être économique et social
des ménages et des entreprises du Nord-Pas
de Calais. La quatrième examine la portée,
les coûts et avantages qui sont susceptibles
d’émerger dans le Master Plan - en particulier
l’ampleur des efforts nécessaires pour
assurer une transition complète et réussie
vers la Troisième Révolution Industrielle. La
dernière sous-section expose un ensemble de
réflexions et conclusions.
8.2.1 Converger vers le scénario
du Master Plan
Alors que la vision plus large du Master Plan
est assez simple, il n’existe pas de voie unique
pour assurer le résultat le plus robuste pour
le Nord-Pas de Calais. En effet, le Master
Plan suggère activement un suivi annuel,
l’évaluation et la mise à jour des prochaines
étapes pour assurer la probabilité d’un
résultat plus efficace pour la région. Pourquoi
alors le scénario suggéré sur la Figure 52?
Cette discussion spécifique commence par
un tableau qui met en évidence l’éventail des
résultats représentatifs qui pourraient être
possibles pour le Nord-Pas de Calais.
Avec la Figure 57 ci-dessus, l’observation
immédiate est que le schéma répète d’abord
le scénario de la Troisième Révolution
Industrielle montré plus tôt dans la Figure
52 de la présente section du Master Plan. De
plus, il comprend également la trajectoire qui
caractérise le niveau suggéré de pénétration
pour les différentes technologies d’énergies
renouvelables. Mais la Figure 57 ajoute un
cas de référence différent de celle du scénario
de référence montré en Figure 52, et il inclut
un scénario équivalent au SRADDT ainsi
qu’un scénario SRADDT ajusté pour tenir
compte des changements d’habitudes de
consommation au cours de la période 2010
à 2014. Pour initier notre discussion dans
cette section du rapport, nous constatons à
nouveau les 160 000 GWh identifiés comme
la consommation d’énergie finale de 2005 qui
sert de référence pour comparer les futures
améliorations de l’efficacité énergétique.
Figure 57. Plusieurs scenarios convergeant vers le scenario énergétique intégré de la Troisième
Révolution Industrielle
Source: D’après les hypothèses précisées dans le présent paragraphe
Le scénario de base mis en évidence dans
en Figure 51 suggère une baisse de la
consommation de sorte que la consommation
totale d’énergie tombe à 140 000 GWh en
2050. Dans le même temps, si on fait une
hypothèse raisonnable sur la croissance
normale de l’économie, le scénario de base
peut sembler quelque peu différent.
L’hypothèse est que la croissance normale
prévue dans l’économie du Nord-Pas de
Calais sera au niveau déjà cité de 0,8% pour
les fins de cet exercice de planification. Et
comme déjà cité, le taux de croissance précis
est moins important que de s’assurer que «les
deltas», ou les différences entre les scénarios,
sont raisonnablement prises en compte, de
sorte qu’une comparaison équitable peut
être établie. Ici les données disponibles
qui complètent l’année passée avec celles
de 2005 à 2009 montrent une volatilité
importante dans les profils de consommation
d’énergie annuelle dans la région. En fait,
les données historiques suggèrent que la
projection à 2050 de la référence SRADDT a
déjà été impactée en 2010. Par conséquent, il
est judicieux de prendre un cas de référence
alternatif.
Si l’on suppose une croissance annuelle du
PIB de 0,8% et un taux annuel de 0,3%
d’amélioration de l’efficacité comme base
de référence, le scénario de référence révisé
indique qu’en 2050 la consommation sera
de 168 000 GWh - pas significativement
différente de celle de référence de 160 000
GWh. Cela semble effectivement favoriser le
maintien de la consommation de référence
d’origine, ne laissant que la question du
niveau d’efficacité à poursuivre et de la
trajectoire à poursuivre par la région pour
assurer l’atteinte de cet objectif. Le scénario
SRCAE montré sur la Figure 52 réduit la
consommation à environ 90 000 GWh en
2050 ce qui, comme nous allons le voir est
très loin du potentiel économique proposé
par un certain nombre d’évaluations récentes.
D’autre part, le scénario original du SRADDT
en évidence dans la Figure 52 réalise
également la même réduction de 64 000
GWh en 2050 comme le fait le scénario de la
Troisième Révolution Industrielle. Toutefois,
la trajectoire SRADDT - même ajustée avec
les nouvelles données historiques - nécessite
un taux d’amélioration plus avancé et
significativement plus élevé que ce que la
région est actuellement capable de produire.
Comme notre discussion le suggère
maintenant, la période 2014 et 2017 (et
peut-être un peu plus tard dans certains
cas) devrait être une phase de projets de
démonstration au cours de laquelle on
encourage l’apprentissage et acquiert de
nouvelles connaissances sur la façon de
répliquer rapidement pour atteindre le niveau
souhaité des améliorations de l’efficacité
énergétique. C’est le taux initial le plus lent
d’amélioration suggéré par le scénario de
Troisième Révolution Industrielle, suivi d’un
déploiement accéléré des investissements
en efficacité au cours de la période 2025
jusqu’en 2040 alors que la capacité à
capturer le plein potentiel d’efficacité est en
place. Ceci permet alors l’assouplissement
des gains d’efficacité que la région fonde
alors sa capacité à déployer la combinaison
des technologies des énergies renouvelables
et des technologies de stockage d’énergie
de sorte que d’ici 2050, dans un scénario
de Master Plan pleinement cohérent, le
89
portefeuille de technologies renouvelables
décrite par les groupes de travail de la région
est en mesure de satisfaire pleinement la
demande restante pour les services liés à
l’énergie. Cette trajectoire nous permet
d’atteindre un niveau nul pour les émissions
de dioxyde de carbone liées à l’énergie d’ici
2050. De façon plus vitale, la trajectoire
nous permet d’examiner l’ampleur des
investissements et de l’épargne qui en
découlent – au profit de l’économie du NordPas de Calais.
8.2.2 Explorer les coûts et
bénéfices du scenario de
Troisième Révolution Industrielle
La discussion précédente dans cette annexe
a noté qu’une évaluation entièrement
intégrée des coûts et avantages économiques
pourrait être faite à l’échelle du scénario
de Troisième Révolution Industrielle. Il
existe cependant des estimations solides de
mesures individuelles visant à promouvoir
les économies d’énergie. Un des outils les
plus complets relève de la “Base de données
sur les potentiels d’économie d’énergie.”
Cette base de données fournit des potentiels
d’économies d’énergie harmonisées pour
chaque Etat membre de l’UE, dont la
France.123 En outre, il existe des modèles
analytiques qui s’appuient sur une variété
de variables économiques pour produire
des estimations raisonnables des coûts
associés à ce que nous pourrions appeler des
scénarios légers d’amélioration de l’efficacité
énergétique. Le Groupe de travail 3 dans le
Nord-Pas de Calais a généré des estimations
très utiles relatives à la rénovation des
bâtiments pour devenir plus économes en
énergie et à devenir en fait générateurs
ou producteurs d’énergie au moyen de
technologies d’énergies renouvelables
réparties. Enfin, il existe une série de grandes
études en Europe, aux États-Unis et ailleurs,
sur la facture énergétique. Si nous supposons
que les bâtiments ont une durée de vie
résiduelle de 30-50 ans, dans la perspective
élargie du bien commun cela peut s’avérer
être un investissement très intelligent.
D’autre part, les données de l’AIE World
Energy Outlook 2012 suggèrent, avec des
variantes, une gamme de coûts comparable
à celle du Groupe de travail 3. Avec ces
premières estimations maintenant en place,
en y mêlant les données de l’AIE pour les
secteurs des transports et de l’industrie, il
s’avère que, comme apparent sur la Figure
54 le scénario de Troisième Révolution
Industrielle peut coûter de l’ordre de 210
milliards d’euros sur la période 2014-2050.
Ce chiffre a été précédemment indiqué dans
la section 6.2.1.
qui offrent une gamme de scénarios pour
lesquels les investissements et les économies
ont été au moins estimés, s’il ce n’est validés.
Parmi ces approches multiples et variées qui
pourraient informer le Nord-Pas de Calais
sur les coûts potentiels, comment pourrionsnous fournir une estimation raisonnable des
investissements nécessaires qui assureront
une transition intelligente vers la Troisième
Révolution Industrielle? La voie logique
est de considérer ce que chaque ensemble
d’estimations pourrait avoir à offrir, et à
partir de là de tirer une conclusion motivée
sur ce que chacun pourrait fournir une
estimation utile des coûts et avantages
dans l’élaboration du Master Plan. Et c’est
exactement ce qui est fait ici.
Le Groupe de travail 3 sur les bâtiments
a identifié 75% d’économies avec des
améliorations dans les bâtiments résidentiels
et commerciaux. En outre, ils ont défini
un ensemble de technologies d’énergies
renouvelables qui peuvent fournir plus que
les besoins énergétiques restants pour tous
les bâtiments dans le Nord-Pas de Calais.
Leur estimation de travail est d’environ 114
milliards d’euros sur la période de 36 ans
d’analyse qui s’avère être le très la fourchette
haute des estimations précédentes de
magnitudes d’investissements similaires. En
excluant la contribution des technologies
d’énergie renouvelable, cette estimation
semble être un investissement de 1,69 euros
par kWh économisé. Si nous supposons un
10 centimes d’Euro, le coût représentatif de
l’énergie que tous les utilisateurs d’énergie du
bâtiment paient, il s’avère que la combinaison
de l’efficacité énergétique et des énergies
renouvelables pourrait avoir un coût
d’investissement moyen de 1,69 euros par
kWh. Cela signifie qu’il faudra une moyenne
de 17 ans pour que l’investissement se
rembourse lui-même à travers les économies
Les économies totales, y compris les dépenses
d’énergie évitées et une hausse du PIB rendue
possible grâce à une économie plus robuste,
étaient environ 1,7 fois plus grande que
l’investissement total. Avec cette information,
nous pouvons maintenant comparer le
scénario de Troisième Révolution Industrielle
pour le Nord-Pas de Calais avec plusieurs
autres grandes analyses comme le montre le
tableau 3.
Parmi les comparaisons présentées dans le
Tableau 3, deux scénarios sont fournis par
le Conseil américain pour une économie à
haut rendement énergétique (ACEEE) dans
son étude 2012 « Le potentiel d’efficacité
énergétique à long terme: ce que l’évidence
indique », un rapport de 2011 publié par
Amory Lovins et ses collègues du Rock
Mounting Institut « Réinventer le feu », et les
« Perspectives des technologies énergétiques
» publiées par l’Agence internationale de
l’énergie (AIE / ETP 2010).124 Fait intéressant,
il y a un large éventail de la croissance du
PIB avenir supposé entre les cinq scénarios
dans le Tableau 3. L’AIE prévoit une économie
Tableau 8. Métriques clés de l’année 2050 selon des études alternatives de prospective énergétique
Impacts en 2050 par scénario
Métriques
ACeeeAdvanced
ACeeePhoenix
IeA eTP
Ré-invention
du feu
NPdC1
SCT (Scenario tendanciel) PIB (index 2010 = 1.00)
2.79
2.79
1.95
2.58
1.33
SCT Conso. d’énergie (Index 2010 = 1.00)
1.24
1.24
1.05
1.27
1.14
Scenario Efficacité Conso. d’énergie (Index 2010
= 1.00)
0.72
0.51
0.47
0.69
0.40
Investissements (en milliers de milliards de dollars)2
2.9
6.4
5.9
4.5
0.3
Economies (en milliers de milliards de dollars)
15.0
23.7
15.1
9.5
0.5
Index Economies sur Investissements
5.2
3.7
2.6
2.1
1.7
2
3
Notes de tableau: (1) Les valeurs Nord-Pas de Calais ont été converties de l’euro au taux de 1,35 dollar pour un euro. Par ailleurs, les économies pour le scénario Nord-Pas de Calais
incluent un effet accélérateur sur le PIB. (2) Les investissements et les données d’épargne reflètent les valeurs cumulatives en dollars constants équivalents au cours de la période allant
de 2010 à 2050. (3) L’index Economies sur Investissements est une simple comparaison des économies potentielles sur la facture d’énergie par rapport au coût total des investissements,
également sur la période 2010 à 2050. Parce qu’il n’y a aucun moyen de comparer les flux actualisés de l’épargne et les dépenses au fil du temps, cet indice simple est indicative de,
mais ne devrait pas être interprété comme un véritable rapport coût-bénéfice.
Cette base de données est accessibles http://www.
eepotential.eu/esd.php.
123
90
Citation complete: John A. “Skip” Laitner et al., The LongTerm Energy Efficiency Potential: What the Evidence Suggests
(2012). Washington, DC: The American Council for an EnergyEfficient Economy; Amory Lovins, Reinventing Fire: Bold
124
Business Solutions for the New Energy Era (2011). Snowmass,
CO: The Rocky Mountain Institute; and IEA’s Energy Technology
Policy Division, Energy Technology Perspectives: Strategies to
2050 (2010). Paris, France: International Energy Agency.
en 2050 environ 1,95 fois plus importante
qu’en 2010. ACEEE suggère que l’activité
économique sera de 2,71 à 2,79 fois plus
qu’en 2010. « Réinventer feu » suggère une
trajectoire de croissance plus modérée de
sorte que l’activité économique est 2,58 fois
plus en 2050 par rapport à 2010 tandis que le
taux de croissance pour le Nord-Pas de Calais
est estimé tenir 1,33 fois le niveau de 2010.
En comparant la croissance tendancielle
de l’énergie dans les cinq scénarios avec
leurs gains 2050 en matière d’efficacité
respectives, la preuve suggère un potentiel
d’économies 2050 qui se situe entre 42 et
65%.125 En outre, tous les scénarios suggèrent
des ratios économies nettes positives /
investissement, allant de 1,7 à 5,2 sur la
période d’analyse, dans chaque scénario. Le
scénario Nord-Pas de Calais pour la Troisième
Révolution Industrielle peut avoir le ratio le
plus faible d’économies d’énergie, au moins
en partie en raison parce qu’il envisage à la
fois un niveau plus fort des gains d’efficacité
et d’autre part parce que, contrairement
aux autres scénarios, il reflète aussi le
déploiement complet des technologies
distribuées d’énergie renouvelable qui
s’ajoutent au total de l’investissement par
rapport aux quatre autres scénarios.126
Bien que nous nous sommes fixés sur les
coûts de scénario qui apparaissent dans
le tableau Tableau 7 – Métriques clés de
l’année 2050 selon des études alternatives de
prospective énergétique, nous avons effectué
une enquête supplémentaire pour confirmer
nos conclusions. À cet égard, nous avons
adapté la structure du modèle LIEF (LongTerm Industrial Energy Forecast / l’avenir
énergétique industriel à long terme) tel que
décrit et utilisé dans Laitner et al. (2012). La
relation clé de ce modèle est l’écart courant
entre la moyenne et la meilleure technologie
d’efficacité énergétique ou les meilleures
pratiques d’efficacité.
L’hypothèse du modèle LIEF est qu’au fur
et à mesure qu’un secteur se rapproche
de plus en plus des meilleures pratiques
ou de la meilleure technologie, le coût des
investissements dans l’efficacité par unité
d’énergie économisée va augmenter. Le taux
de cette augmentation dépend des prix de
l’énergie, l’élasticité de la courbe d’offre de
l’efficacité, et le taux d’actualisation. Tel
qu’il est utilisé dans cet exercice, le coût
d’investissement est présenté comme:
Investissement par Unité d’économie
Par exemple le scenario du Nord-Pas de Calais dans le
tableau 8 prévoit un index BAU de croissance d’énergie energy
de 1,14 avec un indice d’efficacité d’usage qui tombe à 0,40.
D’où (0.40 / 1.14 – 1) * 100% = 65%.
125
Bien que n’étant pas inclus activement dans le Tableau 8
des comparaisons, nous avons également examiné un certain
nombre d’autres études importantes afin de renforcer les
connaissances mis en évidence dans ce rapport. Il s’agit
notamment, dans le désordre, des sources suivantes: Office
of Chief Economist. 2012. World Energy Outlook 2012.
Paris, France: International Energy Agency; Johns Hopkins
University and the Center for Climate Strategies. Impacts of
126
d’énergie =
Avec:
P = prix de l’énergie dans l’année de
référence.
C = facteur de récupération du capital ou
taux d’actualisation pour l’année considérée.
A = une élasticité qui reflète la magnitude de
investissement en réponse à des changements
de prix ou de facteur de récupération.
S = le pourcentage d’économies dans l’année
en cours compare à l’année de référence.
G0 = the différentiel d’intensité énergétique
ou la différence entre la meilleure et la
moyenne des pratiques
À bien des égards l’écart d’intensité
énergétique peut être considéré comme
les économies d’énergie qui seraient
économiquement viables dans une année
donnée d’évaluation modélisée, mais n’ont
pas été réalisées. Pour cet exercice, nous
adoptons un écart d’intensité énergétique
actuel de 30% sur la base du potentiel de
gains d’efficacité à moyen terme, puis de
60% pendant l’année 2050.127 En suivant
la dynamique intégrée dans le système
de modélisation DEEPER (§ 8.3), nous
intégrons une élasticité de substitution de
l’efficacité à long terme de 0,6 et un taux
d’actualisation implicite de 15%. Avec des
prix globaux pour l’énergie estimés à 8
centimes d’euro par kilowatt-heure (kWh),
ces hypothèses suggèrent une période de
retour sur investissement moyenne d’environ
4 ans à compter de 2014. Cette période
monte à 17 ans pour un gain d’efficacité
de 60% d’ici 2050. Bien que cette série
d’hypothèses dans le modèle de LIEF
aboutisse à un investissement nettement
inférieur à ce qui pourrait autrement être
référencé, l’analyse retient l’hypothèse de
travail d’un coût d’investissement plus élevé
afin d’assurer une certaine marge en amont
pour la planification et le financement
de la Troisième Révolution Industrielle. Le
principe est que la région Nord-Pas de Calais,
assure, comme précédemment indiqué, une
surveillance active pour suivre et évaluer le
Comprehensive Climate and Energy Policy Options on the
U.S. Economy. July 2010; Philippe Quirion. L’effet net sur
l’emploi de la transition énergétique en France: Une analyse
input-output du scénario négaWatt. Centre International de
Recherches sur l’Environnement et le Développement. April
2013; and Copenhagen Economics. “Multiple Benefits of
Investing in Energy Efficient Renovation o Buildings.” Brussels,
Belgium: Renovate Europe. October 2012.
Cette adaptation de l’équation de LIEF est un effort pour
refléter la composante temporelle autonome. En d’autres
termes, comme il est généralement utilisé dans ce type
d’exercices, l’hypothèse d’un écart d’efficacité reste statique et
127
spectre complet des coûts et bénéfices, et
ainsi gérer dynamiquement et ajuster les
prochaines étapes du Master Plan.
A ce stade, l’analyse a davantage porté sur
le volet coûts du compte de bilan, mais
un tableau plus complet des avantages
pourraient également être examiné. Les
économies sur la facture d’énergie ne sont
que l’exemple le plus immédiat d’un bénéfice
pour l’économie régionale. La comptabilité
plus complète du rendement économique
présente généralement trois catégories de
bénéfices: (i) l’amélioration de la performance
économique, y compris les économies sur
la facture d’énergie, (ii) des améliorations
sociales et environnementales, et (iii) une
plus grande collaboration et des bénéfices
administratifs. Nous passons brièvement en
revue chacun de ces éléments:
(i) Amélioration de la performance
économique
L’amélioration de la performance
économique commence avec l’effet
stimulant des nouveaux investissements
dans l’économie régionale. Cela pourra
se concrétiser si la décision est prise de
mettre à niveau les infrastructures de
la région ou le parc immobilier régional.
Une fois ces investissements en place, la
baisse des factures d’énergie suit – souvent
accompagnée d’une amélioration de la
productivité économique puisque les
investissements d’efficacité énergétique
sont susceptibles de générer de nombreux
avantages “non énergétiques”.
Souvent, l’ampleur de ces avantages non
énergétiques est importante. Ces économies
supplémentaires ou gains de productivité vont
de la réduction des coûts de maintenance
et la réduction des déchets de l’eau et des
produits chimiques à l’augmentation du
rendement et de la qualité des produits.
Dans une étude portant sur 52 initiatives
d’amélioration de l’efficacité industrielle
entreprises dans les installations industrielles
distinctes dans toute l’Europe et les EtatsUnis, Worrell et al. (2003) ont constaté que
ces avantages non énergétiques étaient
suffisamment importants pour abaisser la
période de retour sur investissement des
projets d’efficacité énergétique de 4,2 années
à 1,9 année.128
il y a seulement un mouvement vers les meilleures pratiques
ou la meilleure technologie plutôt que l’amélioration dans la
représentation de l’année de référence des meilleures pratiques
ou la meilleure technologie. Cependant, comme l’indique le
dossier historique, l’écart peut effectivement monter à 50%
ou plus - surtout s’il s’agit d’un investissement actif dans
l’innovation et les gains de productivité de l’énergie.
Ernst Worrell, John A. Laitner, Michael Ruth and Hodayah
Finman, “Productivity Benefits of Industrial Energy Efficiency
Measures,” Energy (2003): 28, 1081-98.
128
91
Malheureusement, ces bénéfices non
énergétiques sont souvent omis des mesures
de performance classiques. Cette omission
entraîne, à son tour, des calculs de retour
sur investissement trop modestes et une
compréhension imparfaite de l’impact
global des investissements d’efficacité
supplémentaires. Plusieurs autres études
ont également quantifiée les avantages
non énergétiques de mesures d’efficacité
énergétique. Dans une évaluation de 81
projets industriels d’efficacité énergétique
distincts, le retour simple sur l’énergie était
souvent 2 ans ou moins, ce qui indique
des rendements annuels supérieurs à 50%.
Quand un certain nombre d’avantages non
énergétiques ont également été pris en
compte dans l’analyse, la période de retour
sur investissement simple est tombée à un
peu moins de un an (Lung et al. 2005) . Dans
les bâtiments résidentiels également, les
bénéfices non énergétiques ont été estimés
entre 10 et 50% des économies d’énergie des
ménages (Amann 2006).130
Si les avantages supplémentaires des mesures
d’efficacité énergétique étaient repris dans
les modèles classiques de performance, ces
données auraient démontré des améliorations
encore plus convaincantes. En raison de
contraintes de temps et de ressources, seules
les économies sur la facture d’énergie qui
seraient susceptibles conduire une impulsion
nette du PIB est reflétée dans l’analyse
présentée ici.
Dans le même temps, explorer et intégrer
la perspective de gains de productivité
supplémentaires pourrait devenir une mesure
utile qui peut être publiée. Cela permettrait
en outre d’aider les participants de la région
à comprendre toute l’ampleur des impacts
économiques nets potentiels.
Ces informations pourraient éveiller un
intérêt supplémentaire pour le projet en cours
en Nord-Pas de Calais. Un dernier aspect
de l’amélioration des performances est de
créer une pression à la baisse sur les prix de
l’énergie. Une récente étude américaine a
constaté qu’une réduction de 27% des gaz
à effet de serre d’ici 2020 aurait également
tendance à faire baisser les prix du pétrole et
du gaz naturel de 0,6 à 0,9%, et également
de réduire les prix de l’électricité d’environ
2%.131 Si les 60% d’économies d’énergie
finales d’ici 2050 font baisser les prix globaux
de l’énergie par seulement 1% dans le
Amann, Jennifer. 2006. Valuation of Non-Energy Benefits
to Determine Cost-Effectiveness of Whole House Retrofit
Programs: A Literature Review. ACEEE Report A061.
Washington, D.C.: American Council for an Energy-Efficient
Economy.
130
Thomas Peterson, Jeffrey Wennberg, Adam Rose and Dan
Wei, “Impacts of Comprehensive Climate and Energy Policy
Options on the U.S. Economy.” Baltimore, MD: Johns Hopkins
University (2010).
131
92
Nord-Pas de Calais, alors la facture d’énergie
régionale sera encore réduite de 5 millions
d’euros. Ainsi, dans tous ces domaines,
l’amélioration de l’efficacité peut aider les
participants comme les non-participants à
la transition vers la Troisième Révolution
Industrielle
(ii) Améliorations sociales et
environnementales
L’amélioration sociale la plus immédiate
est la création nette d’emplois apportée par
l’utilisation plus productive de l’énergie. C’est
le résultat positif d’un nombre croissant
d’études.132 Le principal moteur de la
création nette d’emplois est la réallocation
des dépenses loin des services en lien avec
l’énergie, intensifs en capitaux mais pas
en travail. En tant que consommateurs,
les entreprises, et les entreprises publiques
commencent à dépenser leurs économies
d’énergie dans l’économie régionale. Presque
tous les autres achats qu’ils font soutiendront
davantage d’emplois directs et indirects
pour un niveau donné de dépenses. Ceci est
le résultat suggéré par les données de la
Figure 54. Dans le même temps, de légères
variations dans les habitudes de dépenses
pourront légèrement augmenter ou diminuer
l’impact net.
L’un des principaux facteurs d’influence sur
le nombre d’emplois est le fait de savoir
si l’analyse présente l’impact brut ou net
sur l’emploi total. Prenons l’exemple d’une
usine de fabrication réduisant ses coûts
énergétiques d’un million d’euros. Selon les
données de la figure 55 cela peut conduire
à 17,5 nouveaux emplois. C’est l’effet
brut. L’effet net comprend l’augmentation
de la demande de biens et services non
énergétiques, ainsi que la diminution de
la demande pour l’emploi dans les divers
secteurs de l’énergie. Dans ce cas, alors l’effet
net est de 17,5 - 8,5 = 9,0 emplois.
D’autre part, si la demande pour les nouvelles
constructions crée 15,6 emplois et que le
revenu est détourné de la structure normale
de dépenses dans le secteur de la fabrication
qui supporte 17,5 emplois au total, il peut
y avoir une petite perte nette d’emplois au
cours de la mise en place des améliorations
de l’efficacité
Mais si ces travaux de construction ont été
financés, non par un fabricant directement,
Trois études de ce type ont été citées précédemment ici,
incluant Peterson et al. (2010), Laitner et al. (2012), and
Quirion (2013).
132
Pour plus d’information sur l’innovation, voir Robert W.
Weisberg. 2006. Creativity: Understanding Innovation in
Problem Solving, Science, Invention, and the Arts. Malden,
MA: John Wiley & Sons. Ainsi que Jeremy Rifkin, The Empathic
Civilization (2011), mentionné précédemment.
133
Copenhagen Economics (2012).
134
mais par des investisseurs de l’extérieur de la
région, des emplois locaux existants sont peu
susceptibles d’être immédiatement affectés…
voire pas du tout. Cela est particulièrement
vrai si le remboursement des prêts contractés
se fait au fil du temps, et de telle manière
que le remboursement du prêt est inférieur
aux économies d’énergies réalisées.
L’analyse nette de l’emploi modélisée dans
cette évaluation reflète effectivement ces
variations mineures ainsi que d’autres qui
auront une incidence sur l’estimation finale
de la création nette d’emplois au sein de la
région Nord-Pas de Calais. Ainsi, dans ce cas,
la réduction significative des gaz à effet de
serre et autres polluants est rendue possible
par une stratégie d’investissement qui
encourage également le développement d’un
important processus de création d’emplois en
Nord-Pas de Calais.
(iii) Une plus grande collaboration et des
bénéfices administratifs
Alors que le Nord-Pas de Calais prend appui
sur la vision de la Troisième Révolution
Industrielle et étend le réseau des acteurs à
tous les niveaux de la société, les nombreuses
collaborations qui vont en résulter vont
probablement accélérer de nouvelles
associations et idées qui, à leur tour, peuvent
conduire à de nouvelles innovations dans les
la région.133 Cet effet n’est pas capturé dans
l’évaluation présente, mais peut devenir une
source inattendue de gains de productivité
pour l’économie régionale plus largement.
Au-delà de l’amélioration des collaborations,
des impacts financiers réels peuvent survenir,
qui pourront être estimés et suivis. Il s’agit
notamment de la réduction des dépenses
pour les subventions puisque les plus grandes
améliorations de l’efficacité réduisent les
besoins en énergie, et il comprend moins
de travailleurs sur des emplois sociaux,
l’offre d’emploi du secteur marchand s’étant
amélioré.134
8.2.3 Les contraintes d’une
économie à faible rendement
énergétique
Le point de vue habituel du processus
économique est qu’un niveau plus élevé
d’activité économique requiert plus d’énergie.
Mais une série de nouvelles évaluations
par Ayres et Warr (2009), Kümmel (2011),
Laitner (2012), Morgan (2013) et Serrenho
et al (2013) pointent tous vers un moteur
économique de l’activité totalement différent.
Il s’avère que l’inefficacité énergétique peut
réellement affaiblir la vitalité de l’économie
régionale dans son ensemble.135 La raison
apparait plus clairement lorsqu’on prend
conscience que l’économie française n’est
probablement efficace qu’à 18% en termes
d’efficacité énergétique.136 Ce niveau de
gaspillage impose un énorme éventail de
coûts qui limitent la productivité de son
économie. Et parmi ces gaspillages on
trouve la très grande quantité de dioxyde
de carbone (CO2) que nous déversons dans
notre environnement. Le Tableau 8 - Un
exemple concret de comment l’efficacité
peut faire fonctionner l’activité économique
met en évidence quelques caractéristiques
qui soulignent l’importance de l’efficacité
énergétique - en fait la capacité de
l’économie à convertir l’énergie en travail
utile.
Nous examinons le genre de résultats
qui pourraient avoir un impact négatif
sur l’économie française, si les tendances
actuelles de comportement ainsi que
la répartition actuelle des technologies
permettent aux gens de convertir seulement
18% de l’énergie totale en travail utile. En
d’autres termes, alors que nous pouvons
consommer 160 TWh dans la consommation
finale d’énergie aujourd’hui, peut-être moins
de 29 TWh (cellule A4 dans la Tableau 8 - Un
exemple concret de comment l’efficacité
peut faire fonctionner l’activité économique)
fournit l’économie régionale avec un travail
utile. L’équilibre de l’énergie qui est gaspillée
impose des coûts qui limitent ou entravent
l’activité économique. La Tableau 8 - Un
exemple concret de comment l’efficacité peut
faire fonctionner l’activité économique met
en place deux scénarios pour un approfondir
cela. Dans le premier scénario (colonne B,
intitulée “2050 PIB minimum”), l’objectif
d’efficacité de 64 TWh est atteint, mais
parce que l’efficacité du travail est limitée à
54% (cellule B3) le PIB de la région pourrait
croître de seulement 108 milliards euros
(cellule B1). D’un autre côté, si l’efficacité
du travail augmente de 60%, tout en
respectant l’objectif de 64 TWh, le PIB de la
région pourrait être en mesure d’étendre à
120 milliards d’euros (cellule C1). Bien que
le résultat n’apparaisse pas dans le tableau
7, l’emploi total pourrait augmenter de plus
de 100 000 emplois dans le scénario C1 par
rapport au résultat suggéré dans le scénario
B2 ici présenté.
Bien que n’étant pas parfaitement capturé
dans le système de modélisation DEEPER,
les liens entre l’efficacité énergétique
et une productivité réduite sont reflétés
dans l’analyse décrite dans ce rapport.
Cependant, un résultat intéressant de cette
expérience est que l’effet rebond peut être
au moins partiellement incompris. L’activité
économique est effectivement stimulée par
de l’énergie utile comme le travail. Si nous
voulons développer l’économie, alors l’énergie
comme un travail efficace doit également
augmenter. Ceci est illustré dans les cellules
B4 et C4.
Le PIB plus élevé atteint dans la cellule C1 a
besoin d’une petite augmentation de l’énergie
comme le travail (en comparant la cellule C4
avec la cellule B4), mais la consommation
totale d’énergie est restée à 64 TWh dans
les deux scénarios. Quelle en est la raison
? La quantité d’énergie convertie en travail
est passée de 54% à 60% de sorte que la
quantité totale d’énergie consommée a pu
rester constante.
Tableau 9. Un exemple concret de comment l’efficacité peut faire fonctionner l’activité économique
Indicateurs clé
(A)
2014
(b)
2050 PIb minimum
(C)
2050 PIb maximum
(1) PIB (Milliards d’euros 2005)
90
108
120
(2) Consommation d’énergie finale (TWh)
160
64
64
(3) Efficacité énergétique (% d’énergie transformée en travail)
18%
54%
60%
(4) Energie comme travail efficace (TWh)
28.8
34.6
38.4
Ayres and Warr (2009), Laitner (2012), et Morgan (2013) ont
été cités précédemment. Référence complète pour Kümmel
: Reiner Kümmel, The Second Law of Economics: Energy,
Entropy, and the Origins of Wealth. New York, NY: Springer
(2011); et pour Serrenho et al. (2013), voir: André Carbrera
Serrenho, Benjamin Warr, Tânia Sousa, Robert U. Ayres, and
Tiago Domingos. “Natural resource accounting: final exergyto-useful work analysis in Portugal from 1856 to 2009.” Un
document de travail d’avril 2013: Center for Innovation,
Technology and Policy Research at the Technical University
of Lisbon. Ce dernier document a été récemment élargi pour
inclure davantage de pays au sein de l’Union européenne, dont
la France.
135
Serrenho et al. (2013)
136
93
Figure 60. Le modèle DEEPER
eNTRÉe: Modifications des
dépenses et de la demande
d’énergie
• Coûts des programmes et des
politiques
DeePeR: Modèle entrée/Sortie sur
15 secteurs
• Matrice des coefficients de valeur
ajoutée
• Matrice des coefficients d’emploi
• Investissements productifs
(Secteur public, secteur privé,
ménagesà
Le fondement de l’analyse économique
globale réalisée dans le cadre de cet
exercice de planification est le système
de modélisation brevetée connue sous le
nom de Dynamic Energy Efficiency Policy
Evaluation Routine (DEEPER). Ce modèle mis
au point par John A. « Skip » Laitner, est un
modèle d’entrée-sortie quasi-dynamique
portant sur 15 secteurs d’une économie
régionale donnée.137 Il s’agit essentiellement
d’une modélisation de la façon dont les
différents secteurs de l’économie achètent
et vendent entre eux. Mettre en place cette
modélisation économique est une première
étape dans l’exploration des répercussions sur
l’emploi futur de la transition d’une activité
économique de la deuxième à la Troisième
Révolution Industrielle.
Bien qu’il ait été récemment mis à jour,
le modèle DEEPER a une histoire de 23
ans d’utilisation et de développement. Le
modèle a été utilisé, par exemple, pour
évaluer les effets nets sur l’emploi des
normes d’économie de carburant pour
les automobiles proposées au sein des
Universités d’Etat.138 Le plus souvent, il
est généralement utilisé pour évaluer les
effets macroéconomiques de l’efficacité
énergétique, des énergies renouvelables et
des politiques climatiques à l’échelle d’une
région, d’un état ou au niveau national.
Le calendrier du modèle pour évaluer les
politiques et investissements en faveur de
l’efficacité énergétique et des technologies
d’énergie renouvelables est de 2012 à 2050.
Comme nous avons choisi de le mettre
en œuvre pour cette analyse, le modèle
présente les dépenses modifiées et les modes
Deux points à noter ici. Premièrement, le modèle permet de
résoudre de manière récursive. Autrement dit, l’ensemble des
prix et des quantités d’une année dépend des prix et quantités
des années précédentes. Comme le modèle se transforme
au cours du temps, des ajustements du modèle se font sur
l’élasticité et les coefficients clé du modèle. Deuxièmement,
il n’y a aucune volonté particulière dans le nombre de
secteurs choisis. Le problème est de fournir suffisamment
de détails pour montrer les impacts négatifs et positifs clés
tout en maintenant un modèle de taille gérable. Si l’analyste
choisit de refléter une combinaison différente de secteurs et
de rester dans la matrice 15x15, cela peut être facilement
accompli. Élargir ou réduire le nombre de secteurs demande
des ajustements de programmation mineurs pour gérer une
matrice plus grande.
137
94
• Valeur ajoutée (PIB)
• Matrice des coefficients de revenu
• Emplois
• Matrice de productivité, de prix et
autres ajustements
• Economies estimées sur la
facture énergétique
8.3 Méthodologie du système de
modélisation DEEPER
Impacts nets sur l’ensemble
Coefficients x
de l’économie
changements de
• Gains nets d’énergie
la demande finale
• Emissions nettes
d’investissement sur la base du Master Plan
de la Troisième Révolution Industrielle au
cours de la période 2014 et 2050. Il compare
ensuite cette structure des dépenses modifiée
aux répercussions sur l’emploi présumées
dans le cas de référence standard.
Bien que le système de modélisation DEEPER
inclue à la fois une représentation des
émissions de CO2 liées à l’énergie et une
représentation tous les autres gaz à effet
de serre, dans cette analyse il se concentre
sur l’utilisation de l’énergie dans l’économie
de la région Nord-Pas de Calais. Le schéma
fonctionnel du système de modélisation
DEEPER ci-dessous établit le cadre analytique
du modèle.
Les résultats du modèle sont généralement
dictés par la demande de services
énergétiques et les modèles d’investissement
alternatifs, puisqu’ils sont façonnés par les
changements dans les politiques et les prix.
Dans le cas présent, nous générons un cas de
référence hypothétique pour la période 2014
à 2050, tel qu’on peut l’imaginer à partir des
scénarios proposés dans les documents de
SRCAE et SRADDT ainsi que de l’Outlook 2012
World Energy de l’Agence Internationale de
l’Energie.
Cela tend à fournir un résultat conservateur,
plus petit, dans le sens où même de petites
pressions à la baisse sur le prix des autres
utilisations de l’énergie offriraient davantage
de bénéfices nets pour l’économie en
général. Bien que le modèle DEEPER ne soit
pas un modèle d’équilibre général, il fournit
suffisamment de détails au niveau comptable
pour faire correspondre les ajustements dans
les investissements liés aux importations aux
dépenses dans un secteur de l’économie et à
les contrebalancer par des changements dans
d’autre secteurs.139
Gearing Up: Smart Standards Create Good Jobs Building
Cleaner Cars, by Chris Busch, John Laitner, Rob McCulloch,
and Ivana Stosic, Washington, DC: BlueGreen Alliance, 2012.
Sur la base de cette analyse et d’autres elements, le president
américain, Barack Obama a en effet signé la proposition
déposée en août 2012 d’une norme d’économie d’essence de
54,5 mile par gallon.
138
Lorsque l’équilibre et les modèles d’entrées-sorties
dynamiques utilisent les mêmes hypothèses sur la
technologie, les deux modèles devraient raisonnablement
produire des résultats comparables. Pour une évaluation de
cette conclusion, voir “Tripling the Nation’s Clean Energy
Technologies: A Case Study in Evaluating the Performance of
Energy Policy Models,” Donald A. Hanson and John A. “Skip”
139
• Revenus
L’hypothèse essentielle qui sous-tend le
résultat de base de l’analyse DEEPER est
peut-être que les principaux secteurs liés à
l’énergie de presque toutes les économies ne
sont pas particulièrement à forte intensité
d’emploi. Il s’avère, par exemple, que dans le
Nord-Pas de Calais, les services liés à l’énergie
ne prennent en charge que 8,5 emplois pour
chaque million d’euros de contribution au
produit intérieur brut (PIB) de la région.
Ce point a été souligné dans la discussion
autour de la Figure 54. Le reste de l’économie,
d’autre part, prend en charge 16,3 emplois
par million d’euros de contribution au PIB
(également représenté dans la Figure 54).
Ainsi, tout l’investissement productif dans
l’efficacité énergétique qui s’auto finance sur
une courte période va créer une économie
nette sur la facture d’énergie qui peut être
dépensée pour l’achat de biens et services
autres que l’énergie.
En d’autres termes, la réorientation d’une
dépense d’un million d’euros de valeur
ajoutée loin de l’énergie suggère qu’il peut
y avoir à peu près un gain net d’environ 7,8
emplois (c’est-à-dire, 16,3 emplois soutenus
par un ensemble d’achats de consommation
courante par rapport au total de 8,5 emplois
soutenus par les fournisseurs d’électricité
et de gaz naturel). Selon les interactions
sectorielles, toutefois, cette différence peut
s’élargir ou se refermer en fonction de là
où le mode de dépense se situe dans le
modèle, et selon que les changements dans
la productivité du travail modifient le nombre
d’emplois nécessaires dans chaque secteur sur
une période de temps.140
Une fois le mélange des changements
positifs et négatifs dans les dépenses et les
investissements a été établi, les variations
Laitner, Proceedings of the 2005 ACEEE Summer Study on
Energy Efficiency in Industry, American Council for an Energy
Efficient Economy, Washington, DC, July 2005.
Notez que contrairement à de nombreux modèles de
politiques, le modèle DEEPER capte également les tendances
dans la productivité du travail. Cela signifie que le nombre
d’emplois nécessaires par million de dollars de chiffre
d’affaires va diminuer au fil du temps. Par exemple, si l’on
suppose une amélioration de 1,5% de la productivité du travail
au cours de la période de 36 ans à partir de 2014 jusqu’en
2050, 1 million d’euros de dépenses soutiennent aujourd’hui
16 emplois mais seulement 9,4 à l’horizon 2050. Le calcul est
16 / 1,015 (2050-2014) = 9,4 emplois (en termes arrondis).
140
nettes des dépenses pour chaque année du
modèle sont converties en des changements
par secteur de la demande finale. Puis
selon une technique très similaire à celle
décrite dans l’étude CIRED d’Avril 2013, les
modifications conduisent à l’analyse entréessorties en fonction du modèle de prédiction
suivante:
Y = la demande finale, à savoir une
colonne de variation nette des dépenses de
chaque secteur puisque cette structure des
dépenses est affectée par les hypothèses de
politique (évolution des prix de l’énergie,
consommation d’énergie, investissements,
etc.)
X = (I-A)-1 * Y
Cet ensemble de relations peut aussi être
interprété comme:
Où:
∆X = (I-A)-1 * ∆Y.
X = la production totale de l’industrie par
secteur
Ceci se lit de la manière suivante: un
changement dans la production totale du
secteur est égale à l’expression (I-A)-1 fois
un changement dans la demande finale de
chaque secteur.141 Les quantités d’emploi
sont ajustées annuellement en fonction
d’hypothèses exogènes sur la productivité
du travail. Sur un plan plus opérationnel, le
module macroéconomique du modèle DEEPER
trace comment chaque série de changements
dans les dépenses se propagera à travers
l’économie régionale chaque année de la
I = une matrice identité composé d’une série
de 0 et de 1 dans une rangée et le format de
colonne pour chaque secteur (les 1 étant sur
la diagonale de la matrice)
A = la matrice des coefficients de production,
pour chaque ligne et colonne dans la matrice
(c’est-à-dire la façon dont chaque colonne
achète des produits à d’autres secteurs et la
façon dont chaque ligne vend des produits à
tous les autres secteurs)
période d’évaluation. Le résultat final est une
variation nette des emplois, des revenus et du
PIB (ou valeur ajoutée).
Pour un examen de la façon dont un
cadre d’analyse par entrée-sortie peut
être intégré dans d’autres types d’activités
de modélisation, voir Hanson et Laitner
(2009). Alors que le modèle DEEPER n’est
pas un modèle d’équilibre, comme expliqué
précédemment dans cette annexe, nous
empruntons pour DEEPER quelques concepts
clés de la représentation des technologies
de corrélation, et nous utilisons le schéma
général décrit dans Hanson et Laitner
(2009).142
Entre autres choses, il est inclus une
comptabilité économique pour s’assurer que
les ressources sont disponibles en quantité
suffisante pour répondre à la demande du
consommateur et à d’autres exigences finales
reflétées dans les différents scénarios de
politique publique.
8.4 Contributions des entreprises invitées
Proposition détaillée
Philips
Schneider Electric
efficacité énergétique
John A. “Skip” Laitner
Rexel
ERDF
Fraunhofer ISE
Les énergies renouvelables
Accenture
Bouygues
Fraunhofer ISE
Stefano Boeri Architetti
Les bâtiments producteurs d’énergie
Gordon Gill + Adrian Smith Architecture
Cloud9/Tecnalia
Hydrogenics
Consoli
Le stockage de l’énergie
DNV KEMA
DNV KEMA
ERDF
L’Internet de l’énergie
Alstom
Fraunhofer ISE
Renault Nissan
Les transports électriques rechargeables et à pile à combustible
Accenture
Alstom
Les contributions individuelles des entreprises sont rassemblées à la fin des annexes du Master Plan.
Une manière d’interpréter la notation (I-A)-1 est le voir
comme le multiplicateur d’impact positif ou négatif selon que
l’évolution des dépenses est positif ou négatif pour un secteur
donné dans une année donnée.
141
“Input-Output Equations Embedded within Climate and
Energy Policy Analysis Models,” by Donald A. Hanson and
John A. “Skip” Laitner, in Sangwon Suh, Editor, Input-Output
Economics for Industrial Ecology. Dordrecht, Netherlands:
Springer, 2009.
142
95
A propos de TIR
Le TIR Consulting Group LLC, et son
président Jeremy Rifkin, conseillent les
gouvernements nationaux, les régions et les
municipalités en matière de développement
économique durable. M. Rifkin est aussi
le fondateur et le président du “Third
Industrial Revolution Global CEO Business
Roundtable”, composée de leaders mondiaux
des énergies renouvelables, d’entreprises
de construction, de sociétés d’architectes,
de sociétés immobilières, de sociétés
informatiques, d’entreprises de production
et de distribution d’énergie, et de sociétés
de transports et de logistique. L’équipe
mondiale de M. Rifkin est la plus grande
du monde en son genre. Elle travaille avec
les villes, les régions et gouvernements
nationaux à l’élaboration de Master Plans
pour la transition de leurs économies vers
des économies post-carbone durables de
Troisième Révolution Industrielle.
A propos d’Accenture
Accenture est une entreprise internationale
de conseil en management, technologies
et externalisation. Combinant son
expérience, son expertise et ses capacités
de recherche et d’innovation développées
et mises en oeuvre auprès des plus grandes
organisations du monde sur l’ensemble
des métiers et secteurs d’activités,
Accenture aide ses clients - entreprises
et administrations - à renforcer leur
performance. Avec plus de 275 000
employés intervenant dans plus de 120 pays,
Accenture a généré un chiffre d’affaires
de 28,6 milliards de dollars au cours de
l’année fiscale clôturée le 31 août 2013. Site
Internet: www.accenture.com/fr
Accenture, its logo, and
High Performance Delivered
are trademarks of Accenture.
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