Évaluation des troubles du langage oral chez des mineurs

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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 65 (2017) 69–77
Article original
Évaluation des troubles du langage oral chez des mineurs incarcérés et leurs
impacts sur le déroulement de la détention
A pilot study among French young offenders. Assessment of oral language impairment in relation
with progression through the prison system
L. Blondet a,∗ , C. Guiraud b
a
9, rue du Boucan-Canot, 97434 Saint-Gilles-les-Bains, France
b 1390, route du Pontay, 26240 Claveyson, France
Résumé
But. – Un grand nombre d’études, menées aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et en Australie, ont montré que les mineurs incarcérés
présentaient un risque important d’être porteurs d’un trouble du langage oral souvent passé inaperçu. Les conséquences sur leur parcours judiciaire
ont également été investiguées. À notre connaissance, aucune étude similaire n’a été menée en France. L’objectif de cette étude est d’effectuer
une première approche orthophonique de la population des mineurs incarcérés en France afin de rassembler des informations sur d’éventuelles
difficultés de langage oral.
Méthode. – Menée auprès de 19 détenus incarcérés en établissement pénitentiaire pour mineurs, cette étude pilote repose sur la passation d’épreuves
discriminantes en langage oral, afin de relever la fréquence et les caractéristiques des difficultés de langage oral chez ces jeunes. Une évaluation
des liens entre difficulté de langage oral et déroulement de la détention est également effectuée.
Résultats. – Les performances des jeunes évalués sont inférieures aux normes des tests standardisés en langage oral. On dénombre une importante
proportion de détenus (15 sur 19) présentant des difficultés de langage oral significatives. Les épreuves de langage en production sont plus souvent
échouées que les épreuves en réception. Un lien est établi entre difficultés de langage oral et déroulement de la détention, en termes de sanctions
et d’attribution des responsabilités.
Conclusion. – Comme tous les pays qui l’ont investigué, nos résultats indiquent des difficultés de langage oral chez les mineurs incarcérés. Celles-ci
sont susceptibles d’avoir des conséquences sur la vie quotidienne de ces jeunes et d’éclairer l’impact des compétences langagières altérées sur leur
incarcération. La reproduction de cette étude sur un échantillon plus important permettrait de préciser et de compléter ces données. En effet, cette
population semble nécessiter l’intervention des professionnels de l’orthophonie. Il serait également intéressant de poursuivre des recherches sur
les modalités d’intervention auprès de cette population spécifique.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Langage oral ; Difficultés de langage oral ; Mineurs incarcérés ; Établissement pénitentiaire ; Délinquance
Abstract
Objectives. – Numerous studies in the United Kingdom, the United States and Australia have shown that the prevalence of language impairment is
much higher amongst young offenders than in the general population. To our knowledge, no such study has ever been undertaken in France. The
goal of this pilot study was to bring greatly needed information on language difficulties among a small group of young offenders going through
the French prison system and to raise awareness on their communication difficulties.
Methods. – Formal and functional oral language assessment was conducted on a small sample of 19 subjects. Productive and receptive tasks were
used to investigate the two sides of language faculty. Six core tasks were used as markers for language difficulties. Language production measures:
morphology and syntax were measured using a sentence repetition task, a sentence completion task and a discourse task using a reminder of an oral
story. Language reception measures: receptive vocabulary was measured using a French adaptation of the PPVT, a comprehension of instructions
∗
Auteur correspondant.
Adresses e-mail : [email protected] (L. Blondet), [email protected] (C. Guiraud).
http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.01.001
0222-9617/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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test and a short debate, both based on functional situations. Further analysis was used to compare language difficulties and progression through the
prison system.
Results. – Some subjects did not complete the protocol. However, main results are as follows: 15 out of 19 subjects scored below 1.65 SD or below
C10 on one or several of the six core tasks; a comparison made between subgroups shows that, among the 19 subjects assessed, those with the most
difficulties on the receptive vocabulary task and the narration task are those who spent more time serving a punitive sentence within the prison and
those less likely to live in a responsibility unit.
Conclusion. – This study confirmed that a high level of oral language difficulties was present in the population assessed. It was also partially
confirmed that these difficulties might have an impact on young offenders’ progression inside the prison system. Issues regarding the assessment
of oral language abilities in teenagers and the relevance of the protocol used in this study are discussed. The limitations of the study and indications
for further research are also explored to consider a further study on a larger sample.
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Pilot study; Young offender institution; Young offenders; Oral language; Speech and language impairment
1. Introduction
1.1. Langage et développement
Le langage joue un rôle prédominant dans la construction
de la personnalité d’un individu. En tant que médiateur nécessaire au fonctionnement de la pensée, il est en lien direct avec
le comportement et la cognition sociale [1]. Il joue également
un rôle important dans l’acquisition des compétences psychologiques et psychosociales, telles que la régulation des émotions
et du comportement [2].
Une perturbation dans le développement du langage pourrait ainsi interférer dans la construction des représentations
internes établies par l’enfant sur son environnement social et
pourrait avoir des répercussions sur son comportement. En effet,
de nombreuses études ont montré une comorbidité importante
entre troubles du langage et troubles du comportement [2–10].
Une hypothèse propose que ces comportements perturbateurs
seraient justement une adaptation spécifique à une situation de
communication trop exigeante en termes de ressources linguistiques [11].
Les troubles du comportement étant plus facilement visibles,
le risque est alors de ne pas repérer les possibles difficultés de
langage. En effet, on peut supposer que les troubles du comportement sont plus repérables à l’école primaire et peuvent cacher
un trouble du langage plus discret [12]. Le trouble du langage
serait, dans ce cas, étiqueté à tort sous le label de trouble du
comportement [1,13,14]. Pour les enfants porteurs de ces deux
troubles associés, les troubles du comportement pourraient être
sur-diagnostiqués, au détriment des troubles du langage. Les
enfants avec un trouble du langage non repéré développeraient
plus de symptômes d’externalisation que ceux déjà diagnostiqués [1].
Un trouble du langage n’impacte pas seulement le développement langagier du jeune enfant mais a également des
répercussions à l’adolescence [8,15] et jusqu’à l’âge adulte [16].
En se complexifiant avec l’âge, l’évolution du langage reflète
le développement global de l’adolescent : vie sociale plus étoffée, vie émotionnelle et sentimentale qui s’enrichit. C’est l’âge
de la pensée formelle et hypothético-déductive : le raisonnement s’approfondit et se structure, les capacités d’abstraction
augmentent [17]. Les capacités à comprendre et produire
un langage élaboré progressent. Les compétences en langage
oral se développent en s’appuyant grandement sur le langage
écrit, avec lequel elles entretiennent un lien d’enrichissement
mutuel, notamment pour le vocabulaire [18]. L’accès au langage écrit peut être perturbé par un trouble du langage
oral, moyen privilégié de transmission des informations dans
l’enseignement.
Les conséquences d’un trouble du langage sont nombreuses à
l’adolescence et interfèrent beaucoup avec la sphère sociale, car
elles ont un impact sur le langage élaboré et la communication de
façon plus globale. Le langage élaboré s’inscrit dans les modalités expressive et réceptive, qu’elles soient orales ou écrites. Il
permet entre autre l’humour notamment linguistique, les habiletés communicationnelles et la pragmatique. Le langage est perçu
comme un moyen d’interagir avec et sur l’environnement ; il est
interprété dans un contexte et une situation donnés, intégrant
l’implicite, les signes non verbaux, l’ironie ; enfin, la pragmatique tient compte des informations pour lever les ambiguïtés
et s’assurer que le message a été compris tel que le locuteur le
souhaitait [19].
Ainsi, un trouble du langage entrave la vie quotidienne des
enfants, des adolescents et des adultes qui en souffrent. Elles
justifient donc l’importance de les déceler et de les traiter précocement.
1.2. Recherches sur le langage en milieu carcéral
Des études anglo-saxonnes se sont intéressées à la population particulière des mineurs incarcérés. Ces recherches, menées
pour la plupart dans le courant des années 2000, ont permis d’établir que les mineurs provenant de milieux à risque,
entrant dans le système judiciaire, ont de forts risques d’être
porteurs d’un trouble du langage oral non diagnostiqué. Toutes
les études rapportées ici ont consisté à faire passer une batterie
de tests évaluant le langage formel et, pour certaines, le langage élaboré [13,20–22]. Certaines enquêtes ont par ailleurs
ajouté une approche qualitative de type analyse de discours
[23], recherche ethnographique [24], ou recherche de type
phénoménologique [14]. Une analyse des capacités discursives des mineurs évalués est parfois proposée [14,20,21,23].
Enfin un certain nombre de travaux ont adopté une approche
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par analyse conversationnelle ou ethnographique uniquement
[24,25].
Aux États-Unis, une étude a ainsi calculé un taux de prévalence de 19,4 % de difficultés linguistiques dans un centre
correctionnel pour adolescentes [26], ces difficultés n’ayant pas
été prises en charge avant l’incarcération.
En Australie, la prévalence des difficultés de langage chez
des adolescents et jeunes adultes incarcérés s’élevait à 46 %
[22].
Enfin au Royaume-Uni, de nombreuses études ont été menées
sur une période de 7 ans, entre 2004 et 2011 [13,27]. En
2007, 66 à 90 % de la population d’un établissement pour
délinquants juvéniles obtenaient des résultats en dessous de
la moyenne aux évaluations de langage. L’étude de 2011 [27]
a cherché à évaluer l’impact d’une prise en charge chez des
mineurs détenus dans une institution pour mineurs délinquants.
Soixante-cinq pour cent de mineurs évalués montraient des
difficultés de langage pouvant bénéficier d’une intervention
orthophonique. Parmi eux, 20 % étaient porteurs d’un trouble
sévère.
Ces nombreuses études ont permis, dans leur pays, la mise
en place d’actions spécifiques. Au Royaume-Uni, un dépistage
du langage est administré à chaque nouvel arrivant dans une institution pour mineurs délinquants. Des formations et un soutien
spécifique au personnel en charge de ces jeunes sont proposés,
afin de leur permettre de comprendre et de gérer ces limitations
linguistiques.
Ces adaptations sont d’autant plus importantes qu’elles
permettent un meilleur déroulement de l’incarcération. Les programmes proposés aux mineurs incarcérés s’appuient fortement
sur les compétences langagières, comme par exemple les programmes travaillant sur les compétences sociales [13,21,22,28].
En dehors de l’institution, le langage est un élément essentiel dans tous les contacts avec le système judiciaire : garde
à vue, entretiens avec un juge, témoignages, incarcérations
[20].
Aucune étude équivalente n’a encore été menée en France.
Les seules données disponibles proviennent des entretiens au
quartier arrivant, des dépistages de l’illettrisme [29] et relèvent
d’observations informelles et qualitatives. À la lecture de ces
informations, une question se pose donc naturellement : quelle
est la proportion des difficultés en langage oral chez les mineurs
incarcérés en France ? Quelle serait alors leur influence sur le
déroulement de la détention ? Notre travail avait donc pour finalité de mener une étude pilote sur le langage oral des jeunes
détenus au sein d’un Établissement pénitentiaire pour mineurs
(EPM) français. Nous avons émis l’hypothèse qu’à l’image des
pays anglo-saxons, il existerait une importante proportion de difficultés de langage oral dans la population des mineurs incarcérés
évalués. Nous avons également supposé que ces difficultés aient
un impact spécifique sur le déroulement de placement. Ainsi,
nous avons émis les deux hypothèses suivantes : les mineurs
ayant le plus de difficultés de langage oral seraient également
ceux qui passeraient le plus de temps sous le coup d’une sanction disciplinaire ; les mineurs détenus dans l’unité « confiance »
seraient également ceux ayant le moins de difficultés de langage
oral.
71
Tableau 1
Sessions d’évaluation du langage oral et des fonctions cognitives associées.
Épreuves discriminantes – langage
oral
Autres épreuves d’évaluation
des FCAL
Épreuve de désignation lexicale,
EVIP (Dunn et Theriault-Whalen,
1993)
Épreuve d’élision syllabique
et phonémique
informatisée – Phonolec
(Gatignol et al., 2008)
Épreuve de répétition de
logatomes (Borel, 1990)a
Compréhension de
consignes – batterie Exalang 11-15
(Lenfant et al., 2009)a
Compréhension de débat – batterie
Exalang 11-15 (Lenfant et al.,
2009)a
Épreuve de répétition de phrases de
la batterie L2MA-2
(Chevrie-Muller et al., 2011)a
Complétion de phrases – batterie
Exalang 11-15 (Lenfant et al.,
2009)a
Rappel et compréhension de
récit – batterie Exalang 11-15
(Lenfant et al., 2009)a
Empan visuel – attention – mémoire – batterie
Exalang 11-15 (Lenfant et al.,
2009)a
Empan endroit – attention – mémoire – batterie
Exalang 11-15 (Lenfant et al.,
2009)a
Empan envers – attention – mémoire – batterie
Exalang 11-15 (Lenfant et al.,
2009)a
Boucle phonologique – attention – mémoire – batterie
Exalang 11-15 (Lenfant et al.,
2009)a
a Les étalonnages de ces épreuves correspondent à des âges inférieurs à ceux
des sujets de l’étude. Cependant, un échec à ces épreuves nous indique des difficultés particulières et nous donne une information significative pour l’évaluation.
Lorsque ces épreuves sont réussies, nous devons considérer que l’épreuve plafonne et que nous ne pouvons donc pas en tirer d’analyse précise. Dans ce cas,
nous ne pouvons qu’affirmer que le sujet a obtenu les scores maxima mesurés par
l’épreuve et qu’ils correspondent au niveau scolaire ou à l’âge maximal donné
par le matériel d’évaluation.
2. Patients et méthode
2.1. Évaluation du langage oral
Le protocole est fondé sur l’articulation de différents versants langagiers : production/réception et formel/fonctionnel.
Six épreuves discriminantes du langage oral ont été proposées
aux sujets auxquelles s’ajoutent des épreuves évaluant les fonctions cognitives associées au langage (« FCAL » : mémoire
à court terme, mémoire de travail, phonologie, métaphonologie et boucle phonologique), permettant d’obtenir des variables
contrôle (Tableau 1).
Les six épreuves discriminantes font à la fois appel à des
capacités de langage formel : lexique et morphosyntaxe mais
également à des capacités langagières fonctionnelles en portant sur le discours, sur le versant réception comme production
(Tableau 2).
Le seuil adopté pour établir le trouble du langage oral est
défini par un résultat égal ou inférieur à 1,65 écart-type, ou égal
ou inférieur au centile 10 à l’une au moins des six épreuves
discriminantes. Les scores obtenus par les sujets de l’échantillon
sont comparés à la population de l’étalonnage du test utilisé.
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Tableau 2
Épreuves discriminantes d’évaluation du langage oral.
Épreuves de réception
Modules langagiers
Tâches psycholinguistiques
Tests
Épreuves de production
Modules langagiers
Tâches psycholinguistiques
Tests
Formel
Fonctionnel
Lexique
Désignation
lexicale
Discours
Compréhension
de consignes
Compréhension
de débat
Exalang 11-15
(2009)
Exalang 11-15
(2009)
EVIP (1993)
Morphosyntaxe
Répétition de
phrases
Complétion de
phrases
L2MA-2 (2011)
Exalang 11-15
(2009)
Discours
Rappel de récit
Exalang 11-15
(2009)
2.1.1. Conditions d’évaluation
Les passations des sessions d’évaluation ont été faites par
un orthophoniste et un évaluateur secondaire, soumis au secret
médical. Toutes les consignes ou textes écrits étaient lus au
participant.
Les données relatives au déroulement de l’incarcération
(sanctions disciplinaires) ont été fournies par le service du greffe
de l’EPM. Les données relatives à l’unité de vie « confiance »
ont été fournies par les services de la protection judiciaire de la
jeunesse (PJJ).
2.1.2. Aspects éthiques et réglementaires
Un consentement parental ainsi qu’un accord verbal du
participant ont été obtenus préalablement à toute rencontre.
Tout participant pouvait par ailleurs décider d’interrompre
l’évaluation à tout moment. Enfin, le recueil informatisé de données personnelles est conforme à la loi relative à l’informatique,
aux fichiers et aux libertés du 6 janvier 1978 et a été déclaré à la
Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL)
sous les no 1690367v0 et no 1690400v0.
2.2. Participants et description de l’échantillon
La population visée par cette étude était composée de tous
les mineurs incarcérés à l’EPM entre le 24 septembre 2013 et
le 31 janvier 2014, à l’exclusion des jeunes scolarisés dans la
classe « français langue étrangère » (FLE) et de ceux pour qui
la participation pouvait présenter un risque pour eux-mêmes ou
pour les examinateurs, selon le jugement du personnel encadrant
de la prison.
L’échantillon de la présente étude est constitué de 19 sujets,
âgés de 15,9 ans à 17,11 (âge moyen : 17,2 ans).
Du fait des contraintes du milieu carcéral, tous les sujets n’ont
pas participé à la totalité des épreuves discriminantes du langage : certains n’ont réalisé que les deux épreuves de langage
formel : EVIP et L2MA-2, d’autres n’ont réalisé que les épreuves
de la batterie Exalang 11-15. Sept sujets ont, quant à eux, participé à la totalité des six épreuves discriminantes du langage oral
(Fig. 1).
Afin de répondre à notre seconde hypothèse sur l’impact des
compétences langagières sur le déroulement de la détention,
nous avons procédé à des regroupements de sujets spécifiques :
d’une part, concernant le temps passé en sanction disciplinaire
et, d’autre part, concernant l’unité de vie des détenus.
Le premier regroupement est opéré selon le temps passé sous
le coup d’une sanction disciplinaire : le groupe A est composé
des sujets ayant passé le moins de temps en sanction disciplinaire
et le groupe B est composé des sujets ayant passé le plus de temps
en sanction disciplinaire.
Le second regroupement est opéré selon le régime de détention : le groupe UC est composé des sujets détenus en unité
confiance et le groupe UV est composé des sujets détenus dans
les autres unités de vie ordinaires.
2.3. Traitements statistiques des données
Les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide du logiciel
Statistica version 12.0 (statSoft France).
En ce qui concerne la première hypothèse, les analyses ont été
effectuées épreuve par épreuve. Les comparaisons statistiques
ont été effectuées à l’aide du test-t de Student, en comparant la
moyenne de l’échantillon de l’étude à celle de l’étalonnage de
l’épreuve.
Pour répondre à notre seconde hypothèse (impact des capacités langagières sur le déroulement de la détention), nous avons
également procédé épreuve par épreuve. Une comparaison des
performances des groupes entre eux – pour chaque épreuve –
a été effectuée au moyen d’un test de Mann-Whitney, afin
d’évaluer :
• la présence ou l’absence de corrélation entre les résultats des
sujets à l’épreuve et le temps passé sous le coup d’une sanction
disciplinaire (groupes A et B) ;
• la présence ou l’absence de corrélation entre les résultats des
sujets à l’épreuve et le régime de détention (groupes UC et
UV).
Pour les deux hypothèses nous considérons qu’un résultat est
significatif lorsque le p ≤ 0,05.
3. Résultats
3.1. Évaluation du langage oral
3.1.1. Réception
La répartition des résultats de l’échantillon à l’épreuve de
désignation lexicale (EVIP) ne diffère pas significativement de
celle de la population du test (Tableau 3). Ainsi, le lexique en
réception met peu de sujets en échec : on compte seulement
2 sujets situés au centile 10 de l’étalonnage du test. Les 11 sujets
restants obtiennent des scores dans la moyenne ou supérieurs à
celle-ci.
L. Blondet, C. Guiraud / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 65 (2017) 69–77
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Fig. 1. Recrutement des participants.
Tableau 3
Répartition des scores par épreuve.
Épreuves de réception
M (n = 13)
␴
t
p
EVIP
Désignation lexicale
97,31
12,87
0,75
.47
Exalang 11-15
Compréhension de consignes
Compréhension de débat
−.83
−.48
1,26
1,50
2,36
1,17
.04
.027
Épreuves de production
M (n = 13)
␴
t
p
Exalang 11-15
Complétion de phrases
Rappel de récit
−1,40
−2,08
1,48
1,80
3,42
4,17
< .01
< .01
L2MA-2
Répétition de phrases – NBR
Répétition de phrases – SYN
Répétition de phrases – SEM
−.75
−1,86
−.75
0,88
1,43
0,63
3,1
4,68
4,30
.01
< .01
< .01
L’épreuve de compréhension de consigne est la seule épreuve
d’évaluation du langage oral en réception qui présente une différence avec les normes du test de façon significative (t(12) = 2,36,
p = .04). En effet, la moyenne des écarts à la norme obtenue par
les sujets de l’échantillon est inférieure à la norme (M = –.83,
σ = 1,26).
Pour l’épreuve de compréhension de débat, bien que globalement faibles, les scores ne s’écartent pas significativement de
la norme (M = –.48 ; σ = 1,50). Seul trois sujets se situent sous
le seuil de difficulté de langage oral.
3.1.2. Production
Seul 1 participant sur les 13 présente un résultat inférieur au
seuil de difficulté de langage oral pour la composante nombre
« NBR » (indicateur de réussite globale au test). On relève cependant une différence significative entre la moyenne des écarts à
la norme de l’échantillon et celle du test. En effet, ce résultat
est significativement inférieur à la norme (t(12) = 3,1 ; p < .01).
Ainsi, sans présenter des résultats très bas (moyenne des écarts
à la norme = –.75 ; ␴ = .88), l’ensemble des participants de ce
groupe réussit moins bien cette épreuve que la population de
l’étalonnage de l’épreuve.
À la composante syntaxe « SYN », 8 participants sur les
13 obtiennent un score inférieur au seuil de difficulté de langage oral. On observe à nouveau une différence significative
entre la moyenne des écarts à la norme de l’échantillon et celle
du test : la moyenne des écart-types obtenue par l’échantillon
74
L. Blondet, C. Guiraud / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 65 (2017) 69–77
(M = –1,86 ; σ = 1,43) est significativement inférieure à la norme
(t(12) = 4,68 ; p < .01).
En comparant la composante syntaxe « SYN » et la
composante sémantique « SEM », on relève une différence de
résultats entre les deux épreuves (Z = 2,34 ; p = .02). La moyenne
des écart-types à la composante SYN (M = –1,86 ; σ = 1,43) est
plus faible qu’à la composante SEM (M = –.75 ; σ = .63).
La moyenne (M = –1,40 ; σ = 1,48) à l’épreuve de complétion
de phrases est faible de façon significative (t(12) = 3,42, p < .01).
Cependant, l’importance de l’écart-type oblige à considérer ce
dernier résultat avec prudence.
Enfin, à l’épreuve de rappel de récit, on observe une différence entre la moyenne des écarts à la norme du groupe et
celle du test (t(12) = 4,167 ; p < .01) avec une note moyenne de
–2,08 écarts-type. En pratique, 7 sujets sur 13 obtiennent un
score inférieur au seuil de difficulté de langage oral. Parmi ces
7 jeunes mis en difficulté par l’épreuve, l’analyse qualitative des
productions permet d’affirmer que 4 d’entre eux présentent une
compréhension du récit très altérée et une restitution quasiment
nulle.
Sur l’ensemble des résultats obtenus aux épreuves normées,
15 sujets sur les 19 évalués ont un résultat inférieur au seuil
fixé pour la difficulté de langage oral à au moins l’une des
six épreuves discriminantes. Quatre sujets sur les 19 évalués
ne présentent pas de résultat inférieur à ce seuil aux épreuves
effectuées. Cependant leurs données sont partielles et ils n’ont
pas pu être évalués sur la totalité des épreuves discriminantes du
langage. On ne peut donc pas écarter définitivement la présence
d’un trouble du langage oral pour ces 4 sujets.
3.2. Impact des difficultés de langage oral sur la détention
3.2.1. Sanctions disciplinaires
Pour deux épreuves, on observe une différence entre les
moyennes du groupe A (sujets ayant passé le moins de temps
en sanction disciplinaire) et du groupe B (sujets ayant passé le
plus de temps en sanction disciplinaire) (Tableau 4). En effet
à l’épreuve de lexique en réception nous observons un effet de
groupe (U = 8 ; p = .04) en faveur du groupe A. À l’épreuve de
rappel de récit, un effet de groupe est également relevé en faveur
du groupe A (U = 4,5 ; p = .007).
3.2.2. Régime de détention
Pour deux épreuves, on observe une différence significative
entre les moyennes du groupe UC (sujets détenus dans l’unité
confiance) et du groupe UV (sujets détenus dans les unités de vie
ordinaires). En effet, à l’épreuve de lexique en réception, nous
observons un effet de groupe (U = 5 ; p = .02) en faveur du groupe
UC. Pour l’épreuve de rappel de récit, on observe également un
effet de groupe (U = 8,5 ; p = .05) en faveur du groupe UC.
4. Discussion
proportion importante, des résultats chutés à l’une des
épreuves d’évaluation du langage oral. Ainsi, 78,9 % des sujets
ont un score en-deçà du seuil considéré comme pathologique
à au moins l’une des épreuves discriminantes. Ces résultats se
rapprochent donc de ceux rapportés dans la littérature internationale [13,20–24,26–28]. Par ailleurs, toutes les épreuves
en production sont échouées de façon significative, avec des
valeurs dépassant le plus souvent un écart-type.
Notre seconde hypothèse selon laquelle les jeunes présentant plus de difficultés de langage oral rencontreraient plus de
difficultés lors de l’incarcération est partiellement confirmée.
En effet, deux épreuves sont significativement plus échouées
par les détenus passant le plus de temps sous le coup d’une
sanction disciplinaire : l’épreuve de lexique en réception et
l’épreuve de rappel de récit. Les difficultés que ces jeunes
rencontrent en évaluation peuvent se retrouver dans leur vie
quotidienne et influencer leur comportement et leur façon de
communiquer. Ces observations font écho à une étude antérieure
qui rapporte que certains détenus utilisent la violence lorsque
leurs capacités en langage oral sont insuffisantes pour répondre
à la situation, leur valant ainsi des sanctions disciplinaires
[28].
D’autre part, nous supposions que les détenus placés en unité
confiance (régime de détention plus avantageux) présentaient
des difficultés de langage oral moindres par rapport aux détenus
d’autres unités. À nouveau, ceci a été partiellement confirmé,
puisque nos résultats montrent que deux épreuves orthophoniques sont significativement mieux réussies par les détenus
placés en unité confiance : l’épreuve de lexique en réception
et l’épreuve de rappel de récit.
Ainsi deux mêmes épreuves orthophoniques viennent confirmer l’hypothèse concernant le déroulement de la détention des
sujets présentant le plus de difficultés de langage oral : l’épreuve
de désignation lexicale et l’épreuve de rappel de récit.
4.2. Limites méthodologiques
Cette étude pilote comporte certaines limites méthodologiques : celles-ci concernent le biais d’échantillonnage, certaines
variables confondantes et la taille de l’échantillon analysé.
Permettre le consentement libre et éclairé des participants
implique un échantillonnage subjectif, qui entraîne des biais de
recrutement non négligeables. Il serait envisageable d’écarter ce
biais de sélection en intégrant, par exemple, l’évaluation orthophonique au protocole d’accueil des nouveaux arrivants et donc
de rencontrer l’ensemble de la population incarcérée sur une
période donnée.
Certaines variables confondantes n’ont pas pu être écartées par manque de données épidémiologiques : le quotient
intellectuel global, ainsi que le quotient intellectuel verbal
pour les sujets n’ayant pas participé à l’épreuve de désignation
lexicale1 ; l’audition (données issues d’un dépistage sommaire
4.1. Confirmation des hypothèses
1
Les résultats confirment notre hypothèse selon laquelle
l’échantillon des détenus évalués présente, dans une
Les résultats à l’EVIP – test évaluant le lexique en réception – sont corrélés
aux mesures du QIV, nous nous sommes donc appuyées sur ces données pour
ce qui concerne cette variable confondante.
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Tableau 4
Impact des difficultés de langage sur le déroulement de la détention.
Sanctions disciplinaires
Groupe A (n = 6)
Groupe B (n = 7)
U
M
␴
M
␴
EVIP
Désignation lexicale
104
8,67
91,57
13,62
Exalang 11-15
Rappel de récit
−.8
1,32
−3,16
1,42
Régimes de détention
Groupe UC (n = 5)
M
EVIP
Désignation lexicale
106
Exalang 11-15
Rappel de récit
−.96
Groupe UV (n = 8)
␴
8
2,09
uniquement) ; les troubles psychiatriques et la prise de
médicaments associés ; les traumatismes crâniens ; les facteurs
psychosociaux. . . Ces données pourraient avoir une influence
indépendante sur les mesures linguistiques.
Dernière limite méthodologique, l’analyse quantitative porte
sur des échantillons de taille restreinte. Il est possible de contrôler le risque d’affirmer à tort qu’un résultat est échoué de façon
significative (nous avons retenu un risque p = .05 pour toutes
nos observations). Par contre, il est important de tenir compte
du risque réel de considérer une épreuve comme « réussie » alors
qu’elle ne l’est pas. Il conviendrait donc de reproduire des observations similaires sur des échantillons plus conséquents. Au vu
de la taille de l’effectif, il est donc important de considérer avec
prudence les interprétations de ces résultats, même si elles vont
généralement dans le sens des observations rapportées dans la
littérature.
M
␴
91,88
12,64
−2,77
1,26
P
8
.036
4,5
.007
U
P
5
.015
8,5
.046
L’évaluation du langage oral des adolescents s’est avérée être
une problématique cruciale pour cette population. Il existe en
effet peu de tests disponibles en langage oral pour cette tranche
d’âge. L’évaluation de cette population spécifique impose donc
de s’interroger sur les parcours scolaires, sur le choix des tests
– tant en termes de support que de contenu – mais également sur
les rôles respectifs que peuvent jouer l’évaluation standardisée
et l’évaluation qualitative.
Une telle approche pourrait avoir des effets bénéfiques sur les
interventions d’aide à la réinsertion proposées en prison
(formation, construction de projet, travail sur les causes de
l’incarcération).
Au vu des résultats, on peut s’attendre à ce qu’un grand
nombre de détenus mineurs aient besoin d’une prise en charge
orthophonique. Un suivi traditionnel paraît cependant complexe
à organiser dans ce contexte, étant donné la courte durée
d’incarcération (en moyenne 2,5 mois) et la difficulté d’assurer
une poursuite des soins pour certains jeunes, après le départ de
l’EPM.
Ainsi, il semble souhaitable de réfléchir à une pratique de
l’orthophonie adaptée aux spécificités de ce milieu, en axant
les objectifs sur un travail de prévention et de sensibilisation.
Une aide à la prise de conscience et un accompagnement à
l’autonomie pourraient également s’avérer bénéfiques pour les
jeunes concernés et avoir un effet salutaire sur l’estime de soi
[30,31].
Pour améliorer la communication lors de la détention, des
interventions d’orthophonistes auprès des professionnels encadrant les mineurs pourraient être envisagées. En effet, une
campagne de sensibilisation sur les difficultés de langage oral
permettrait aux personnels d’être mieux préparés aux situations
de communication problématiques et de mieux s’y adapter, au
besoin. Au Royaume-Uni, ces formations ont montré une nette
amélioration des relations détenus-professionnels et ont permis
de mieux soutenir les encadrants [13].
4.4. Perspectives
5. Conclusion
4.3. Évaluation des adolescents détenus
L’incarcération peut être un moment opportun pour proposer un dépistage systématique aux nouveaux arrivants et une
évaluation orthophonique approfondie si besoin. Ceci permettrait d’identifier les détenus pour lesquelles des difficultés de
langage seraient suffisamment importantes pour constituer un
obstacle dans leur parcours judiciaire et pour leur réinsertion.
L’intégration d’un dépistage au protocole d’accueil permettrait
de prendre en compte leurs difficultés dès le début de leur
détention et ainsi d’adapter la communication à leurs besoins.
Cette étude pilote a permis de montrer :
• qu’une forte proportion de difficultés de langage oral existe
chez les mineurs détenus rencontrés lors de l’étude ;
• que ces difficultés ont une influence sur le bon déroulement
de leur incarcération.
Cette étude confirme ainsi que la population des mineurs
détenus mérite une plus grande attention de la part des
76
L. Blondet, C. Guiraud / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 65 (2017) 69–77
professionnels de l’orthophonie en France. Cette étude préliminaire est une première approche orthophonique d’un
échantillon de la population des mineurs incarcérés et consiste
en une première réflexion sur un sujet très vaste. Elle appelle
d’autres réflexions dans de nombreux champs, qui vont de la
prise en charge spécifique des mineurs détenus à la place de
l’orthophonie dans la prévention des difficultés psychosociales,
en passant par la place de l’orthophonie en prison.
Il nous semble ainsi que ce travail vient alimenter la réflexion
sur la place des orthophonistes dans le travail de prévention de
la maltraitance des enfants, de la santé mentale et de la justice.
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Remerciements
Nous tenons à remercier les jeunes et leurs familles pour
leur participation à cette étude, le personnel de l’EPM pour son
accueil et Mme Agnès Witko pour son adhésion et son soutien
dans ce projet.
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