L’Information psychiatrique 2011 ; 87 : 459–65 PSYCHIATRIE PUBLIQUE, ENTRE NORME ET LIBERTÉ Le paradoxe du respect du consentement dans les soins sous contrainte : entre norme juridique et éthique psychiatrique Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Georges Berthon RÉSUMÉ La fiction juridique du consentement conçu comme l’aboutissement d’une décision rationnelle venant d’en haut doit être confrontée et non opposée à la réalité médicale d’un consentement progressivement élaboré, enraciné dans l’inconscient. Dans le cas des soins sous contrainte, l’éthique psychiatrique, indissociable de l’intention thérapeutique, ouvre la possibilité de dépasser le paradoxe du respect du principe du consentement par le respect de la dignité de son élaboration. Mots clés : hospitalisation sous contrainte, consentement aux soins, droit du malade, éthique, hospitalisation à la demande d’un tiers, loi de 1990 ABSTRACT The paradox of compliance with consent in stress care: between the legal standard and psychiatric ethics. The legal fiction of consent conceived as the result of a rational decision made by the higher-ups must be confronted and not opposed to the reality of medical consent, which has gradually evolved and is rooted in the unconscious. In the case of care under stress, psychiatric ethics, inseparable from therapeutic intent, opens the possibility to overcome the paradox of the principle of consent by respect for the dignity of its development. Key words: forced hospitalisation, consent to treatment, ethics, hospitalisation at the request of a third party, law of 1990 RESUMEN La paradoja del respeto al consentimiento en la obligación de cuidados: entre norma jurídica y ética psiquiátrica. La ficcción jurídica del consentimiento considerado como punto final de una decisión racional desde lo alto ha de confrontar y no oponerse a la realidad médica de un consentimiento paulatinamente elaborado, arraigado en lo inconsciente. En el caso de la obligación de cuidados, la ética psiquiátrica, imposible de disociar de la intención terapeútica, abre la posibilidad de superar la paradoja del respeto al principio del consentimiento mediante el respeto a la dignidad de su elaboración. doi:10.1684/ipe.2011.0806 Palabras claves : obligación de hospitalización, consentimiento a los cuidados, derecho del enfermo, ética, hospitalización a petición de un tercero, ley de 1990 Psychiatre, chef de service, centre hospitalier Jacques-Lacarin, BP 2757, 03207 Vichy Cedex, France <[email protected]> Tirés à part : G. Berthon L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 87, N◦ 6 - JUIN-JUILLET 2011 459 Pour citer cet article : Berthon G. Le paradoxe du respect du consentement dans les soins sous contrainte : entre norme juridique et éthique psychiatrique. L’Information psychiatrique 2011 ; 87 : 459-65 doi:10.1684/ipe.2011.0806 G. Berthon Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Le principe général du respect du consentement La loi Kouchner1 [20] a mis le principe du respect du consentement éclairé au cœur des relations de soin pour respecter l’autonomie des patients. Le respect de l’autonomie est une valeur venue historiquement du monde angloaméricain et traditionnellement opposée à la bienfaisance dont l’excès s’appelle le paternalisme. Si la loi Kouchner retient l’attention, c’est non seulement car elle réunit des usages consacrés par des textes de portées et d’importances diverses en une même loi, mais c’est aussi parce qu’elle traduit l’influence de la pensée anglo-américaine avant tout soucieuse de renforcer la liberté individuelle des personnes. La France a quant-à elle souhaité accorder également une importance accrue à l’autonomie2 [21], et au consentement informé qui est le garant effectif de son respect, pour améliorer la relation entre un soignant et un soigné, c’est-à-dire pour rétablir une sorte d’égalité entre eux. On reconnaît là au passage un raisonnement typiquement juridique par la recherche de règles tendant à compenser « l’asymétrie » de fait entre un malade, d’une part, et, d’autre part, quelqu’un en bonne santé et qui dispose du savoir. Le fait de placer l’exigence du consentement informé aux soins au centre de la relation médecin-malade a soulevé bien sûr le problème des situations où le patient n’est pas en mesure de disposer de l’exercice de son consentement. Toutefois, s’agissant d’un principe de portée générale, le législateur a préféré énoncer un texte applicable à tous les types de soins plutôt que de prendre en compte la spécificité des soins psychiatriques. Il a en effet été retenu qu’il était encore plus important de ne pas prendre le risque d’une stigmatisation des patients psychiatriques qu’une telle prise en compte de leur spécificité aurait pu créer. Mais, le choix louable de ne pas traiter à part les patients psychiatriques pour ne pas faire d’eux des citoyens de seconde zone pose néanmoins la question du statut des patients hospitalisés sans leur consentement. Si la loi considère le respect du consentement aux soins comme la marque essentielle du respect des personnes en matière de soins, alors, sur quoi peut bien se fonder le respect à leur égard, voire de quel respect peuvent-ils rele- 1 Cette loi « relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé », dans son titre 2, intitulé « Démocratie sanitaire », comporte plusieurs chapitres consacrés à ce qui constitue désormais l’assise juridique de la relation soignant/soigné, avec en particulier la légalisation de la communication directe du dossier médical au patient qui le demande. Il a été retenu que la psychiatrie ne constitue pas un cas à part, même si des modalités d’accompagnement à la communication directe du dossier sont spécialement prévues pour protéger les patients en hospitalisations sous contrainte d’éventuels préjudices lors la lecture de leur dossier (art. 1111-7 du Code de la santé publique). 2 Aux États-Unis, l’autonomie est subjectivement fondée et renvoie au concept de « privacy » plutôt qu’à une autonomie objective basée sur une rationalité partageable. À l’inverse, en France, la notion d’autonomie est envisagée sous son aspect rationnel. 460 ver ? En renonçant à cette prise en compte de la spécificité du soin en psychiatrie pour ne pas risquer d’attirer une attention soupçonneuse à l’égard du malade mental, on retrouve finalement quand même la question de savoir comment adapter un principe général de respect de l’autre, de tous les autres, pour le malade mental qui risque de ne pas se voir accorder une dignité égale à celle des autres. Droit et éthique En ce cas, quelle est la nature du respect, ou ce qu’il en reste, à l’égard de ce malade qui ne peut pas s’exprimer et décider de soins pour une pathologie dont il ne reconnaît souvent pas l’existence ? La tentation est grande de retenir de ces contradictions que c’est la loi qui fait fausse route par rapport à une réalité qu’ignorent manifestement la grande majorité des députés et sénateurs dont quelques-uns avaient pourtant bien perçu qu’il y avait là un problème avec la psychiatrie, mais sans pouvoir aller au-delà de cette intuition qu’il ne faut pas en démocratie faire de texte à part pour une catégorie d’hommes, au risque d’en faire des hommes à part. Chacun sait bien aussi l’importance de la loi en psychiatrie, c’est-à-dire d’un point de vue psychopathologique et il est donc exclu d’envisager une relation de soins, ignorante, voire en opposition, avec un principe général de la loi. Il n’est pas acceptable non plus de concevoir les hospitalisés sous contrainte comme soumis à une dérogation à la norme juridique valable pour tous les autres. Cela reviendrait en effet à considérer ces patients comme des exceptions en matière de respect et le recours fréquent à la contrainte physique dans ces cas renforce cette impression. Comment concilier alors la norme du respect du consentement avec la nécessité indiscutable de prendre en charge ces patients ? À la suite du Code de Nuremberg de 1947, le rapport Belmont [5] ajoute à la valeur traditionnelle de bienfaisance à l’égard du patient, cela remonte à Hippocrate, l’attention plus récente portée au respect de son autonomie. Le rapport Belmont, qui date de 1976, est un texte intéressant car ce rapport parlementaire, véritable référence éthique et médico-légale de la recherche clinique aux États-Unis est mondialement considéré comme une référence en matière de pratiques médicales. Il a l’avantage de manifester en luimême les traces de sa culture d’origine américaine, ce qui du point de vue de la compréhension actuelle des relations qu’entretiennent mutuellement les notions de respect du patient, de son autonomie et de la liberté est tout à fait capital. Au sujet du respect des personnes, on peut lire dans ce rapport : « Le respect de la personne regroupe au moins deux convictions éthiques : premièrement, les personnes doivent être traitées comme des agents autonomes, deuxièmement, les personnes avec une autonomie diminuée ont droit à une protection. Le principe du respect de la personne se divise donc en deux exigences morales distinctes : l’exigence de reconnaître l’autonomie et l’exigence de protéger ceux qui L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 87, N◦ 6 - JUIN-JUILLET 2011 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Le paradoxe du respect du consentement dans les soins sous contrainte : entre norme juridique et éthique psychiatrique ont une autonomie diminuée3 [5]. » Finalement, on voit ici que c’est l’idée de protection, c’est-à-dire relevant de la bienfaisance, qui vient compenser le déficit d’autonomie. Plutôt que de voir dans la réflexion éthique une façon de penser les soins en marge du droit, (cela est plus courant qu’on ne le pense en matière de soins sous contrainte), il nous apparaît plus intéressant de promouvoir une réflexion spécifiquement soignante sur la thématique du respect du consentement, sans pour autant contester au droit sa légitimité d’édicter les règles du jeu démocratique dont le respect du consentement aux soins fait partie. Souvent dans les milieux médicaux, il est de bon ton de se plaindre de la judiciarisation de la pratique médicale. La norme juridique est notamment accusée de porter atteinte à l’indépendance médicale et également de restreindre la prise de risques pourtant souvent nécessaire en médecine et indissociable de toute pratique soignante. Même si la peur du procès modifie effectivement [8] les pratiques médicales, il n’est pas légitime d’opposer ainsi deux modèles de pensée, il faut peut-être dire deux cultures, car leur rôle n’est pas le même dans une société. On sait aussi que le monde médical a une sérieuse tendance pour revendiquer une indépendance professionnelle qui masque parfois un réel souhait d’affranchissement du droit lui-même4 . Cela renvoie à la question de savoir où est la frontière entre la soumission à la loi et la résistance à cette dernière lorsqu’elle est injuste. Mais, la résistance peut aussi ne pas être légitime, notamment lorsqu’elle n’est en fait qu’un rejet péremptoire sans argument. Au lieu de penser que le droit envahit toute la société, le monde médical ne doit-il pas s’interroger sur son manque de pensée à propos de ses propres pratiques ? Le choix du législateur de la loi de 2002 de faire une loi généraliste pour ne pas stigmatiser les malades psychiatriques relève en quelque sorte de l’éthique politique. Le choix d’une telle conception du consentement qui vient « d’en haut » en postulant « un citoyen gérant sa maladie depuis la tour de contrôle plus ou moins vigilante de son libre arbitre » [4] est aussi en cohérence avec le droit qui énonce que la liberté acquise par la raison doit être ce vers quoi l’homme doit se tourner pour toujours plus s’hominiser. Cela signifie en fait que l’homme libre, autodéterminé par la raison, est une fiction. La conception juridique a entre autre une mission civilisatrice d’énoncer le « devoir être » et axe sa démarche intellectuelle sur la raison. Il n’en est pas de même de la médecine, qui a pour mission de soigner, 3 La perte de l’autonomie est détaillée plus loin de la façon suivante : « Toutefois, les êtres humains ne sont pas tous capables d’autodétermination. L’aptitude à l’autodétermination augmente au cours de la vie d’une personne, mais certaines perdent cette capacité partiellement ou totalement en raison de maladies, de problèmes mentaux ou de circonstances qui restreignent sérieusement leur liberté. Le respect des personnes manquant de maturité ou incapables exige leur protection au cours de leur maturité ou lorsque leurs capacités sont amoindries. » 4 L’appellation « Droit médical » en est une des figures, sachant que ce droit là proprement dit n’existe pas pour de nombreux juristes. ne croit pas à ce qui doit être, mais seulement à ce qu’elle constate. Une réflexion de soignant sur le consentement Là où les représentants de la Nation manifestent leur sens éthique, en ne soulignant pas sur la place publique la spécificité de la catégorie sociale des malades psychiatriques, pour nous psychiatres, il n’en va pas de même sur le plan éthique dans l’espace protégé du soin et où nous sommes animés de l’intention thérapeutique. Il est en effet de notre devoir de souligner cette fois les spécificités des patients que nous soignons, pour mieux les faire respecter par une lecture clinique de leur situation. Nous avons la possibilité, notamment dans l’espace protégé de l’hôpital public, de promouvoir auprès des patients une pratique médicale préparatoire et anticipatrice de ce à quoi la citoyenneté les appelle. L’intention thérapeutique est bien le vecteur d’un tel accompagnement vers l’autonomie du patient, c’est-àdire vers un statut d’égale citoyenneté et de respect. Le défi de souligner la spécificité de cet accompagnement promoteur de dignité pour les patients est bien constitutif de l’éthique psychiatrique, laquelle est consubstantielle pour nous de l’intention thérapeutique5 . En tant que médecins, nous savons qu’il nous incombe de penser nos pratiques et notamment, d’avoir une réflexion sur les outils dont nous nous servons. Or, certains de ces outils ne viennent pas de la médecine mais du monde juridique, comme le consentement, même si la médecine avait depuis longtemps l’usage de ce terme pour désigner de façon plus vague la confiance du patient accordée à son médecin. L’idée qu’il existe un conflit entre la pratique médicale et la norme juridique, ne constitue pas en soi, à notre avis, un obstacle pour penser à plusieurs, soignants et non soignants, la question du consentement de ceux et celles qui du fait de la maladie ne sont plus en mesure de s’exprimer valablement au sens d’un consentement valide au regard de la loi. La culture classique psychiatrique nous enseigne la place de l’ambivalence, des conflits intrapsychiques et de l’inconscient, pour ne parler que des aspects non pathologiques du psychisme, dans la compréhension que nous pouvons saisir d’une vie humaine effectivement rebelle à toute intelligibilité purement rationnelle et consciente. Déjà, la médecine somatique sait combien elle peut témoigner par exemple de ces patients cancéreux qui s’autogouvernent de façon tout à fait paradoxale, conciliant par exemple, la connaissance d’un pronostic fatal à court terme avec l’aptitude pour faire des projets de vacances. C’est donc à cet homme transformé, 5 L’intention thérapeutique est ce par quoi la relation prend un sens éthique spécifique qui la distingue de l’éthique propre à d’autres relations interpersonnelles. L’éthique du soin est en ce sens distincte de celle de la recherche, même si elles partagent des notions éthiques communes. L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 87, N◦ 6 - JUIN-JUILLET 2011 461 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. G. Berthon dans ce type particulier d’état de conduite de lui-même, que l’homme de loi lui demande d’être attentif pour recevoir des informations sur sa santé afin de l’éclairer sur ce qu’il a. Sauf que ce qui est éclairé n’est pas sa raison d’homme en bonne santé, mais ce qui assure son autogouvernement du moment, lequel fait moins de place à la raison consciente qu’à d’autres instances. Par ailleurs, la médecine sait aussi qu’elle ne sait pas grand-chose de la liberté mais seulement que le malade en a moins l’usage. Le médecin sait en effet que, abasourdi par l’annonce du cancer ou par la catastrophe du délire schizophrénique, le patient n’est plus aussi libre qu’avant cet état et qu’il fait moins, ou plus du tout, appel à sa raison pour « tenir », c’est-à-dire pour se maintenir en équilibre et se raccrocher à la vie. Canguilhem évoque au sujet de la maladie qu’elle est une forme de norme que la vie produit à ce moment, pour bien signifier en quoi le vivant tente de maintenir un équilibre que la seule raison consciente n’est pas à même d’expliciter : « L’anormal n’est pas tel par absence de normalité. Il n’y a point de vie sans normes de vie et l’état morbide est toujours une certaine façon de vivre [7]. » On sait qu’il existe plusieurs façons d’aborder la question du consentement en psychiatrie. Par exemple, certains l’abordent sous l’angle de la difficile pratique de la recherche dans notre discipline [1, 9, 17], d’autres sous la forme du consentement au savoir, qui prend une forme particulière en psychiatrie, notamment en psychothérapie [14, 16]. Toutefois, ces exemples nous montrent tous que nous sommes encore ici dans une conception du consentement qui se situe en prolongement de la médecine somatique, c’est-à-dire pour des patients à qui on s’adresse pour savoir ce qu’ils veulent. Ces approches soulignent finalement un peu plus combien il reste une catégorie qui fait exception, celle des personnes à qui on ne s’adresse pas de cette façon car ils sont réputés ne rien vouloir valablement. Le consentement des hospitalisés sans consentement Nous pensons qu’il est pourtant possible d’aborder le soin sans consentement tout en donnant une place, c’està-dire ici en accordant de l’importance, à ce qui précède l’émergence du consentement, ce qui à notre sens de psychiatre en fait déjà partie. Si on examine la séquence de soins particulière qui est celle qui précède le moment de la levée de la mesure d’hospitalisation sous contrainte, on voit que ce moment de la relation médecin-malade, qui peut durer quelques jours ou quelques semaines, voire plusieurs mois, est partageable dans sa description avec des partenaires du monde juridique. Nous n’aborderons pas le problème difficile de la crédibilité du psychiatre demandeur d’une cessation de la contrainte face à l’autorité préfectorale en matière d’HO, car il y là manifestement des éléments extérieurs à la relation de soin, ce qui, tout en étant d’actualité, 462 mériterait un développement spécifique qui n’a pas sa place ici. Abordons seulement le cas de la levée d’HDT, qui s’élabore selon l’observation clinique de ce qui aux yeux du praticien constitue la marche du patient vers ce que nous appelons une réappropriation de la maladie par un patient progressivement conscient de la réalité. Effectivement, on pourrait résumer cela comme étant une marche ou un retour vers la raison, vers l’aptitude à consentir. En tant que psychiatres, nous sommes fondés à témoigner que la relation de soin est bien ce par quoi un médecin et un patient vont progressivement faire alliance de façon de plus en plus argumentée, et l’information fait partie de ce processus, au point qu’à un moment le médecin va estimer que le patient peut à nouveau être considéré comme apte à décider de lui-même de la poursuite des soins. Afin de concentrer notre réflexion sur le consentement du patient, nous n’aborderons pas le thème difficile de l’évaluation médicale de l’aptitude à consentir que nous avons abordé dans un autre travail [6]. L’observation de l’évolution clinique du patient est une situation privilégiée pour mieux connaître la nature du consentement envisagée sous l’angle de sa genèse, c’est-à-dire l’élaboration progressive de ce que le juriste appellera plus tard le consentement libre. N’avonsnous pas, nous psychiatres, à témoigner de ce processus et à proposer une lecture clinique d’intelligibilité accessible à l’autre interlocuteur qu’est le juriste ? Cette perspective dynamique du consentement n’est pas l’apanage du soin psychiatrique sous contrainte car on peut aussi voir cela très fréquemment dans notre pratique au fil de soins psychothérapiques au long cours. La remarque est bien entendu valable aussi hors du champ psychiatrique avec par exemple l’observation du patient cancéreux, un temps anéanti par le bouleversement de toute sa personne et qui va peu à peu « recouvrer sa raison ». Mais, la pratique de la levée de la mesure d’HDT va plus loin en ce sens qu’elle met spécialement le médecin et le patient dans une dynamique, non seulement d’accompagnement thérapeutique élaboré sur la durée, mais qu’elle pose directement la question du statut du consentement comme étant recevable ou pas. L’idée même d’un consentement émis à un instant précis, cher aux juristes, est ici complétée en amont par l’observation sur la durée de l’homme malade qui part « d’en bas », dans sa marche, maladroite et incertaine, en direction de cet état idéalisé de l’homme libre et apte à exercer son consentement. L’observation clinique de ce qui fait l’autogouvernement d’un patient en HDT, nous montre à quel point il est d’abord coûteux pour ce patient de survivre avant même qu’il ne se pose la question de savoir ce qu’il doit faire, se soigner, s’écouter, ou encore écouter l’un plutôt que l’autre. La médecine est en mesure de décrire une part de ces processus vitaux mis en œuvre, qui vont du stress sur le plan biologique aux schémas d’adaptations psychologiques les plus complexes. « C’est d’abord parce que les hommes se sentent malades qu’il y a une médecine, [laquelle est] une activité qui s’enracine dans l’effort L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 87, N◦ 6 - JUIN-JUILLET 2011 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Le paradoxe du respect du consentement dans les soins sous contrainte : entre norme juridique et éthique psychiatrique spontané du vivant pour dominer son milieu et l’organiser selon ses valeurs de vivant [. . .]. Voilà pourquoi, sans être elle-même une science, la médecine utilise les résultats de toutes les sciences au service des normes de la vie [7]. » Toutes ces observations démontrent à quel point la conscience raisonnée n’est pas au premier plan pour des processus biologiques évidemment inconscients et pour des processus psychologiques dont la dimension non argumentée consciemment se constate tout autant et l’on sait que « dans ses derniers ouvrages, Freud allait insister sur les aspects biologiques du moi, en lui attribuant des caractéristiques innées et en faisant de l’instinct de conservation une de ses fonctions essentielles » [10]. Dans le cadre de la relation de soins, l’approche scientifique des processus mis en œuvre par les patients a permis à la psychiatrie de produire des modèles de compréhension de la réorganisation de la subjectivité. Le travail que les patients accomplissent ainsi pour redevenir eux-mêmes fait bien partie de ce à quoi nous assistons avec respect au cours de cette relation médecinmalade. Attribuer de la grandeur à cet effort du patient et y compris dans le conflit avec son thérapeute, c’est lui accorder une dignité, c’est-à-dire notamment, reconnaître la dignité de l’élaboration d’un consentement à venir. Dans l’espace confidentiel et protecteur du monde hospitalier, c’est déjà reconnaître au consentement toute sa valeur dès les premiers instants fragiles de son émergence. C’est aussi préparer le patient à son retour à la vie ambulatoire, c’està-dire sur la scène publique, là où le juriste l’accueille pour le recevoir comme citoyen apte à consentir. Cela signifie l’importance de l’éthique du soin psychique en tant que processus relationnel, à la fois comme acte thérapeutique et intention de réinsertion. Vouloir soigner et vouloir le retour d’un consentement libre sont ici confondus en un même processus d’information mutuelle visant l’autonomie. Cela n’est possible que par la reconnaissance et le respect des processus vitaux et psychopathologiques mis en œuvre au cours de cette séquence. La culture psychiatrique européenne, par l’importance qu’elle accorde à la subjectivité, considère en effet que ces processus ont directement à voir avec ce qui constitue la subjectivité d’une personne. De ce fait, l’ensemble de ces processus doit jouir de la dignité accordée à l’humain en général. Cela signifie une continuité de la culture psychiatrique avec l’humanisme et donc aussi avec le droit qui s’en réclame encore. [9] Cela signifie une continuité de l’approche déterministe de la science, avec la culture. On a ici toute la problématique médicale de la rencontre de l’homme confronté à l’association de l’expérience vécue, de sa raison et de son animalité. Henry Ey, dans la préface à la deuxième édition des Études psychiatriques, s’exprime ainsi avec des accents évoquant la conception de la maladie de Georges Canguilhem : « En dépit des critiques contradictoires et qui de ce fait s’annulent, je continue à faire une psychiatrie qui intègre comme dans la nature des choses, la personne humaine, son “être au monde”, son intentionnalité dans l’accident qu’est toujours une maladie. C’est-à-dire que je considère la “maladie mentale” pour ce qu’elle est : un “équilibre” dans le déséquilibre – un modèle d’existence, vivant le déficit et l’impuissance – une façon de s’accommoder à la catastrophe, mais sans oublier que, tout de même que le rêve dépend du sommeil, cet équilibre, cette réaction, cette forme d’existence dépendent du déséquilibre, du déficit et de la désorganisation vitale. Et cette “catastrophe vitale” c’est non pas seulement une situation “malheureuse” passée ou présente, mais la maladie qui altère la “mise en situation” et ne permet plus à l’être d’y réagir autrement qu’avec des moyens inférieurs et à des niveaux inférieurs [11]. » Toutefois, le déterminisme si souvent évoqué par les savoirs de toutes sortes ne doit pas pour autant démobiliser l’être humain engagé dans un effort d’hominisation, ce qui a fait dire à Hannah Arendt : « Il est vrai que la psychologie, la sociologie modernes, sans parler de la bureaucratie moderne, nous ont bien habitués à évacuer la responsabilité de l’acteur pour ses actes en les expliquant par tel ou tel déterminisme. Que ces explications apparemment plus profondes des actions humaines soient justes ou pas, voilà qui est discutable. Mais, ce qui est hors de discussion est qu’aucune procédure judiciaire ne serait possible sur ces bases et qu’à l’aune de telles théories, la justice n’est pas du tout une institution moderne, elle est même tout à fait démodée. Quand Hitler disait qu’un jour viendrait en Allemagne où la profession de juriste serait considérée comme “honteuse”, il exprimait seulement, avec une cohérence extrême, son rêve d’une bureaucratie parfaite [2]. » La médecine et le droit peuvent et doivent ainsi s’accorder sur le respect de l’humain, chacun dans son domaine. Nous pensons qu’il est essentiel que la psychiatrie et chaque psychiatre conservent une liberté d’interprétation concernant l’organisation psychologique d’un patient. Mais, on sait aussi que cette interprétation peut être contestée par les tenants d’une autre école en termes de référence théoriques quant à sa représentation du psychisme humain et donc à ce qu’est l’homme. Cela a une implication d’ordre éthique. En effet, le recours à une théorie médicale psychiatrique quelle qu’elle soit, si elle inclut une conception globale de l’homme, aura pour conséquence de permettre de penser les questions éthiques selon le même registre que les questions cliniques, puisqu’en définitive, la question de la liberté du patient en est une thématique centrale. Mais, qu’en est-il si ce n’est pas le cas ? C’est ce que Jean-Jacques Kress exprime en ces termes : « Tout d’abord, qu’est-ce qui spécifie une question éthique pour la psychiatrie ? [. . .] Une question éthique est toujours liée à celle du sujet, elle concerne la reconnaissance de la place que les épistémologies lui accordent, puis la prise en considération de son autonomie, de sa liberté, de son statut individuel par rapport aux actes que le savoir exerce sur lui, elle concerne aussi dans le cadre de la relation avec le psychiatre la prise en compte de son histoire. Ensuite, il y a lieu de se demander avec quels concepts et quels systèmes de représentations ces questions peuvent être posées et élaborées. S’agit-il des L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 87, N◦ 6 - JUIN-JUILLET 2011 463 G. Berthon concepts de la discipline elle-même ou de concepts extérieurs [15] ? » Ainsi, tout ce que nous venons d’affirmer et de décrire n’est-il pas susceptible d’être remis en cause ? Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Nécessité d’une vigilance éthique Nous savons avec Georges Lanteri-Laura que la psychiatrie « oscille entre un monothéisme intransigeant et un polythéisme tolérant » et que les tendances actuelles tirent notre discipline vers plus de scientificité, au sens où pour certains, « les théories ne peuvent plus rester de mise et doivent s’effacer au profit du savoir positif » – et que – « la diversité des doctrines caractérise l’état métaphysique » [18]. Néanmoins, il existe aussi des tentatives nombreuses pour penser ensemble les rapports entre neurosciences et psychopathologie [13, 22]. En effet, le propre de la psychiatrie est d’aller puiser ses théories et modèles épistémologiques à plusieurs sources car elle « a besoin de la diversité de ses références, même si elle est encombrée par les oppositions qui la traversent. Si cette diversité disparaissait, si l’une des doctrines étendait son empire sur l’ensemble de la discipline, c’est l’éthique même de la psychiatrie qui se trouverait en difficulté » [15]. Le problème est que la médecine d’aujourd’hui demeure bel et bien « traversée de multiples théories, mais elle n’en veut rien connaître parce qu’elle en a honte, comme de la survivance d’un passé qu’elle dénie et dont elle rejette la caricature qu’elle s’en fait ordinairement » [18]. On sait que « tout un pan actuel de la psychiatrie produit ses savoirs à partir de procédures évaluatives quasi chiffrables, axées sur les symptômes et non sur les sujets » [15]. Comment penser le consentement au sein d’un modèle psychiatrique qui n’aurait pas de conceptualisation du sujet ? Comment en ce cas aborder la question de la dignité de l’élaboration du consentement telle qu’elle se produit chez un patient en HDT ? Tout ce que nous venons d’évoquer à propos du respect des prémisses du consentement, et donc redevable du même respect qu’à l’égard du consentement lui-même, devient en effet sans valeur si la pratique psychiatrique n’est pas en mesure de trouver dans son propre champ les concepts lui permettant d’élaborer une éthique qui lui soit propre. Une psychiatrie élaborée uniquement sur des critères biologiques et statistiques, notamment de santé publique, et qui se désintéresserait de la clinique individuelle et notamment de l’intersubjectivité, n’est en effet pas en mesure de constituer une éthique propre. Le philosophe Pierre Le Coz, Vice-président du Comité consultatif national d’éthique, attire l’attention sur le fait que notre époque se caractérise par le fait que « le respect de la dignité humaine se trouve contestée par deux choses : la suprématie de la liberté individuelle et la recherche du bonheur » [19]. Dans le premier cas où la liberté individuelle est la valeur suprême, la perte de la liberté entraîne alors logiquement 464 celle de la dignité. Dans le second cas, d’essence utilitariste [3], la notion d’un bonheur pour le plus grand nombre supplante la dignité des personnes. En ce cas, la perte du bonheur, c’est-à-dire la perte de la capacité à vivre heureux entraîne aussi la perte de la dignité. Ajoutons qu’à notre sens, le libéralisme qui est au fondement de la philosophie politique anglo-américaine fait de la liberté un sanctuaire dont l’étude, et donc la remise en cause par une approche scientifique, est redoutée. Et que dire de la notion utilitariste de recherche du bonheur pour le plus grand nombre qui se combine si bien avec les approches supra-individuelles de type santé publique ? Pierre Le Coz souligne que la conséquence de ces orientations culturelles et sociales est qu’aujourd’hui la dignité semble pouvoir se perdre. C’est pourtant faire peu de cas du Code de Nuremberg, c’est-àdire des enseignements, que l’on aurait pu croire acquis, de l’expérience nazie, depuis lesquelles il n’est pas possible de dire que la dignité ne fait pas partie de l’humain. Dans notre époque si marquée par la pensée libérale au sens politique du terme et par une approche parfois scientiste de la discipline psychiatrique, il existe une tendance actuelle de laisser la conceptualisation de l’homme à d’autres, au risque de ne plus pouvoir ou savoir les informer de la grandeur des patients aux prises avec la maladresse de leurs efforts pour retourner vers la communauté des hommes « normaux ». Par exemple, laisser le concept du consentement aux seuls juristes ou politiques, c’est se priver en tant que cliniciens, de notre témoignage auprès d’eux de « la catastrophe vitale » [11] subie par les patients. C’est à nous de réagir pour expliquer en quoi cette forme inférieure de l’être au monde n’est pas une perte de la dignité, mais une atteinte à celle-ci dont nous pouvons parler sur le plan clinique et notamment pronostique. Une dignité pourraiton dire archaïque et égalitaire en termes d’appartenance à une même espèce, qui part « d’en bas », dont le développement mérite toute notre attention car elle est méconnue si nous n’en disons rien. La norme politique et celle des opinions les plus répandues ne saurait gommer ce dont nous sommes les observateurs quotidiens. Elles ne sauraient également disqualifier une théorisation des fondements de la subjectivité, élaborée depuis plus d’un siècle à partir de l’observation quotidienne de la relation médecin/malade. Dans ce contexte d’appauvrissement de la voix de la médecine dans la vie sociale, il est nécessaire d’user de notre liberté d’expression de psychiatre pour dire, à partir de notre expérience, renforcée par la culture humaniste à l’origine même de notre discipline, que nous savons en quoi l’humain est déjà présent au sein de la désorganisation psychique la plus radicale. Certes, face à ce genre de défi, la culture apparaît toujours très frêle, ce qui inspirait à Freud cette note après la première guerre : « C’est seulement le deuil une fois surmonté qu’il apparaîtra que notre haute estime des biens de culture n’aura pas souffert de l’expérience de leur fragilité [12]. » L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 87, N◦ 6 - JUIN-JUILLET 2011 Le paradoxe du respect du consentement dans les soins sous contrainte : entre norme juridique et éthique psychiatrique Conflits d’intérêts : aucun. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Références 1. American Psychiatric Association, The principles of medical ethics, with annotations especially applicable to psychiatry, 2009 Edition Revised, p. 6-7, consulté le 15 septembre 2010, disponible sur http://www.psych.org/MainMenu/ PsychiatricPractice/Ethics.aspx, [en ligne]. 2. Arendt H. Eichmann à Jerusalem. Paris : Gallimard, 2002, 498. 3. Audard C. Utilitarisme. 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