TABAC La prise en charge du patient fumeur en pratique quotidienne En pratique, poser à chaque patient qui consulte la question incontournable : fumez vous ? Classer le fumeur selon le désir ou l’absence de désir de changement de comportement (de la pré intention au sevrage). est-ce que vous fumez ? c c non oui Adapter la conduite à tenir en fonction du stade dans lequel se trouve le fumeur : Stade de pré-intention : Le fumeur n’est pas prêt à arrêter : ne passer que peu de temps avec ce fumeur, lui donner une brève information (conseil minimal). Stade d’intention : c est-ce que vous voulez arrêter ? non c oui conseil minimal prise en charge du patient Ce fumeur est susceptible d’arrêter le tabac dans l’année mais il est hésitant et doute de ses capacités (C’est le cas d’environ 40% des fumeurs qui consultent un médecin généraliste. Avec empathie le médecin doit alors aider le fumeur à mettre dans la balance décisionnelle les avantages et les inconvénients de cette consommation. Ensuite il s’agit de lui proposer un choix entre plusieurs options). Il faut passer plus de temps avec lui et avoir une démarche «motivationnelle». Cette technique est appropriée pour les fumeurs hésitants. Elle tient compte de l’ambivalence du fumeur et doit lui permettre d’exprimer ses problèmes, ses échecs antérieurs. C’est le moment de faire le point entre les avantages et les inconvénients de son tabagisme. Votre patient est motivé pour arrêter : « Je viens vous voir pour arrêter de fumer mais je ne sais pas comment faire…..» Le patient est prêt… «Nous allons en parler…. voilà ce que l’on peut faire…..» Comment aborder le sevrage ? TSVP .... ... .. .. .. . . . . . . . . . .................................................................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............................. Programme de prévention et de soins en addictologie. La prise en charge du patient fumeur en pratique quotidienne Décembre 2007 ............................................ TABAC : DÉPENDANCE ET SEVRAGE ....... .. .. .. . . . . . . . . . ....................... ............................................. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............................ ASSNC AGENCE SANITAIRE ET SOCIALE de la Nouvelle-Calédonie ▪ Recueillir l’histoire du tabagisme : - L’âge d’initiation (première cigarette) et les raisons du début de sa consommation de tabac. - L’âge du début de la consommation quotidienne. - Les bénéfices retirés. - La quantité fumée et la façon de fumer. - Le mode de consommation détaillé. - Le nombre des tentatives de sevrage antérieures, et les causes et circonstances des rechutes. - Évaluer la dépendance nicotinique (test de Fagerström) et la dépendance psycho comportementale. - Évaluer les contre indications éventuelles au sevrage. Il est nécessaire de rechercher un trouble anxio-dépressif avant la mise en route du traitement (Hospital Anxiety Depression ou test H.A.D.). ▪ Favoriser le sentiment d’efficacité personnelle du consultant. ▪ Expliquer au patient ce qu’est le sevrage. En rapport avec une dépendance physique (besoin de nicotine) et psychocomportementale (associée à des rituels de gestes automatiques, répétitifs et à des moments particuliers de plaisir, de convivialité, de stress, de concentration...) ▪ Informer sur les symptômes AGENCE SANITAIRE ET SOCIALE de la Nouvelle-Calédonie du manque nicotinique, en cas de dépendance. (irritabilité, troubles du caractère, humeur dépressive, ASSNC agitation souvent somnolence, associée au besoin de fumer, troubles du sommeil, de la concentration, de l’appétit, du transit), et qu’un traitement pharmaceutique bien conduit permet de les éviter. ▪ Insister sur l’importance du soutien. ▪ Souligner l’intérêt d’un suivi prolongé (jusqu’à six mois). Comment évaluer la dépendance ? Mesure de la dépendance physique TEST DE DEPENDANCE NICOTINIQUE DE FAGERSTRÖM Dans quel délai, après le réveil, fumez -vous votre première cigarette ? Dans les 5 minutes 6 -30 minutes 31-60 minutes Plus de 60 minutes 3 2 1 0 Trouvez-vous difficile de ne pas fumer dans les endroits interdits ? Oui Non 1 0 Quelle cigarette trouvez-vous la plus indispensable ? A la première de la journée A Une autre Le test de Fagerström évalue essentiellement la dépendance physique à la nicotine. Il doit êtres complété par la recherche d’autres conduites additives (alcool, cannabis...) et de troubles anxieux et/ou dépressifs. La dépendance nicotinique : La nicotine est une drogue psycho active responsable de la dépendance physique. Le fumeur s’habitue à gérer ses moments de la vie avec la cigarette en renforçant sa dépendance comportementale et sa dépendance pharmacologique 1 0 Combien de cigarettes fumez-vous par jour en moyenne ? 10 ou moins 11-20 21-30 31 ou plus 0 1 2 3 Fumez-vous plus en début de matinée que durant le reste de la journée ? Oui Non 1 0 Fumez-vous même si une maladie vous oblige à rester au lit ? Oui Non 1 0 Interprétation du score Score de 0 à 2 - pas de dépendance Votre patient peut arrêter de fumer sans avoir recours à des substituts nicotiniques. Si toutefois le patient redoute cet arrêt, vous pouvez lui apporter des conseils utiles de type comportemental (jeter les cendriers, boire un verre d’eau...) Score de 3 à 4 - dépendance faible Votre patient peut arrêter de fumer sans avoir recours à des substituts nicotiniques. Score de 5 à 6 - dépendance moyenne Traitement pharmacologique indiqué. Score de 7 à 10 - dépendance forte ou très forte L’utilisation des traitements pharmacologiques est recommandée. En cas de difficulté, orienter le patient vers une consultation spécialisée. .... .... .. .. . . . . . . . . . . ........................ ............................................ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .............................. Programme de prévention et de soins en addictologie. La prise en charge du patient fumeur en pratique quotidienne ADDICTOLOGIE dialoguer > évaluer > conseiller > accompagner .... ... .. .. .. . . . . . . . . . ................................................................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............................. Prise en charge du severage tabagique La majorité des fumeurs arrête le tabac sans aide particulière. Il n’existe pas de méthode « miracle » mais des prises en charges individuelles adaptées à chaque fumeur. Les traitements qui ont démontré leur efficacité : 1) Le traitement nicotinique de substitution : Un tournant dans l’histoire du sevrage tabagique rendant le sevrage plus facile comparativement aux sevrages antérieurs, ne présentant pas de contre indication chez la femme enceinte et le cardiaque en dehors d’une phase aigue d’infarctus du myocarde. Le pourcentage de succès (abstinence à 12 mois) est deux fois plus élevé qu’avec les placebos. Traitement justifié en cas dépendance nicotinique avec un test de Fagerström supérieur à 4. ASSNC AGENCE SANITAIRE ET SOCIALE de la Nouvelle-Calédonie Décembre 2007 ▪ Les formes galéniques existantes : - Le timbre transdermique est efficace s’il est donné AGENCE SANITAIRE ET SOCIALE de la Nouvelle-Calédonie à bon dosage et s’il apporte une quantité de nicotine suffisante. Les patchs contenant 21 mg ASSNC de nicotine sont à utiliser en cas de consommation moyenne d’un paquet de cigarettes par jour. En cas de fortes et fréquentes envies de fumer malgré le timbre cela signifie probablement que le patient est en sous dosage de nicotine. En cas de nausées, céphalées ou bouche pâteuse le fumeur est en surdosage et la posologie doit être diminuée. Pour les gros fumeurs (2 paquets/jour avec Fagerström très élevé il est souvent nécessaire de prescrire deux patchs/24 heures). Il existe des timbres dont l’efficacité porte sur 16 heures (recommandés chez les fumeurs qui fument peu en soirée) et d’autres 24 heures (les plus utilisés). - Le fumeur est vu suivant le calendrier suivant : J0 : Prise de décision de l’arrêt J7 : Évaluation du traitement de substitution et de ses effets (augmenter la dose en cas de sous dosage et la diminuer en cas de sur dosage) J30 : Diminution du dosage en nicotine (de 21 mg à 14 mg) J45 ou J60 : Diminution du dosage en nicotine (de 14mg à 7mg) J90 : Évaluation - Les pastilles sublinguales sont mieux tolérées que les gommes. Elles sont utiles pour traiter le « craving » (envie impérieuse de fumer à certains moments de la journée malgré le timbre). A prescrire en début de sevrage en complément du timbre (le patient gère alors ses prises en fonction du manque ressenti ponctuellement dans la journée). - Les gommes ( 2 ou 4 mg) sont moins utilisées car elles sont souvent mal supportées par le fumeur ( goût de tabac froid dans la bouche, nécessité de mâcher sans déglutir la salive etc…) - L’inhalateur - Le spray 2) Le bupropion (ZYBAN®) LP ▪ Il s’agit d’un antidépresseur proche des amphétamines, inhibiteur du recaptage de la dopamine et de la noradrénaline. ▪ Son efficacité dans le sevrage tabagique est comparable à celle des substituts nicotiniques. ▪ Les contre indications : - Convulsions ou antécédents de convulsions. - Troubles bipolaires. - Troubles ou antécédents de troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie). - Insuffisance hépatique sévère. - Antécédent récent de sevrage d’alcool ou de benzodiazépine. ▪ Effets indésirables possibles. ADDICTOLOGIE > Programme de prévention et de soins sur le tabagisme .... ... .. .. .. . . . . . . . . . ....................... ............................................. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............................. 3) La varénicline ou CHAMPIX : Selon la Revue Prescrire (Numéro 276, octobre 2006) , il n’est pas établi aujourd’hui que la balance bénéfices-risques de la varénicline soit plus favorable que celle de la nicotine, en l’absence de comparaison directe des deux médicaments. En conclusion selon «Prescrire» la place du médicament dans le sevrage tabagique est modeste et la nicotine reste le médicament de choix quand une aide médicamenteuse est jugée utile. 4) Les thérapies cognitivocomportementales (TCC) la prévention de la rechute en association avec le traitement de substitution ou en cas de forte dépendance psycho comportementale. Les autres traitements : 1) Acupuncture. 2) Homéopathie. 3) Mésothérapie. 4) Hypnose. L’acupuncture et l’homéopathie ont été évaluées mais les résultats contradictoires ne permettent pas d’en tirer des conclusions fiables. 5) Les séances de groupe: cannabis et / ou alcool). ▪ Patients présentant une pathologie aigue grave (artérite, décompensation respiratoire, intervention chirurgicale prévue, angor instable). ▪ Patients aux antécédents psychiatriques. Certains fumeurs s’orientent vers des prises en charge reposant sur une approche de groupe. On peut citer : le plan de 5 jours, « Allen Carr », les groupes de fumeurs et d’anciens fumeurs. Qui doit proposer et suivre le sevrage? Le principe est d’aider le fumeur à identifier les situations à risque et à les anticiper et de développer avec lui des stratégies de gestion de ces situations. Ces techniques sont utiles dans le maintien de l’abstinence. Les entretiens comportementaux individuels ou en groupe sont particulièrement efficaces dans ▪ Fumeurs très dépendants aux antécédents de rechutes fréquentes malgré une prise en charge adaptée. ▪ Femmes enceintes. ▪ Patients présentant des pathologies cardiovasculaires sévères. ▪ Patients aux antécédents dépressifs. ▪ Patients présentant une co-dépendance (en particulier Tous les médecins doivent aborder le tabagisme avec le fumeur et évoquer la possibilité ou la nécessité d’un sevrage. Dans la majorité des cas, ce sevrage peut être effectué par le médecin traitant. Il est toutefois des situations devant lesquelles l’aide d’une consultation de tabacologie est conseillée en particulier en cas de : La prévention de la rechute : Le patient doit savoir évaluer les situations à risque : ▪ Reprendre une cigarette pour voir. ▪ Prendre une cigarette pour se récompenser de la période d’abstinence réussie. ▪ Les situations d’émotion négative et de stress (frustration, colère, ennui). ▪ Les conflits avec la famille ou au travail. ▪ La pression du groupe de fumeurs. ▪ Les moments de détente et de relaxation (devant le téléviseur, dans son canapé, avec un whisky ou un café). ▪ Une prise de poids sur la balance, en particulier chez les fumeuses. ▪ L’annonce d’une mauvaise nouvelle. ▪ Une situation difficile à gérer. . .. .. . . . . . . . . . . .................................................................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...................... Vous pouvez contactez le centre de soins en addictologie de l’agence Sanitaire et Sociale de la Nouvelle-Calédonie au Adresse : 1 bis rue Gallieni E-mail : [email protected] Site web : www.ass.nc 24.01.66 ASSNC AGENCE SANITAIRE ET SOCIALE de la Nouvelle-Calédonie ....... .. .. .. . . . . . . . . . . ....................... ............................................ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............................. Programme de prévention et de soins en addictologie. La prise en charge du patient fumeur en pratique quotidienne Décembre 2007