I Des morts évitables

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Cardiologie
Des morts évitables
On estime à 10 000 le nombre de décès faisant suite à
un accident cardiaque que l’on pourrait éviter. L’appel
au SAMU, en France, est souvent trop tardif, la présence
de défibrillateurs dans des lieux publics est encore
exceptionnelle, l’apprentissage des gestes qui peuvent
sauver trop confidentielle.
I
l se passe en moyenne quatre
heures entre les premiers
troubles et la prise en charge
médicale. Tous les déficits en
moyens de prise en charge de l’urgence cardiaque font que, sur les
50 000 morts annuelles par arrêt
cardiaque, un certain nombre de
personnes ne sont pas sauvées
alors qu’elles pourraient l’être. Le
chiffre avancé de 10 000 est supérieur à celui des accidents de
la route.
Comment le patient peut-il reconnaître les premiers troubles
qui nécessitent l’appel aux secours d’urgence (le 15) ? En cardiologie, le temps est précieux et
l’aiguillage vers un centre cardiologique spécialisé se révèle indispensable pour profiter de traitements plus efficaces et précoces.
C’est ici le rôle éducatif des soignants qui, chez un patient à
risque, doivent lui apprendre les
signes d’alerte significatifs.
Pour faire baisser cette mortalité, il convient aussi de lutter
contre les fibrillations ventriculaires responsables d’emballements cardiaques rapidement
mortels. L’usage de défibrillateurs
externes n’est pas toujours possible et, chez les personnes ayant
déjà fait un accident par exemple,
la nécessité d’implanter un défibrillateur interne peut se présenter. Si la technique est maîtrisée,
et la miniaturisation de l’appareil
acquise, il reste un problème, celui de son coût : 100 000 francs
non remboursables et devant
donc être intégrés dans le budget
global (non extensible) des éta-
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blissements poseurs, ce qui limite
sérieusement le développement
de son usage. La France est au
dernier rang des nations européennes, derrière la Grèce et le
Portugal, bien loin de l’Allemagne
et des États-Unis. Position provisoire, comme permet de l’espérer
le déblocage de fonds publics
pour un montant de 38 millions
de francs par an sur deux ans
pour combler le retard. Pour pallier ce manque, ont ainsi été choisis une quarantaine de centres,
dont un certain nombre de CHU
où les implantations pourront
être réalisées.
Parmi les possibilités thérapeutiques, les stents artériels ont marqué un réel progrès qui comporte
un bémol : les resténoses ne sont
pas rares. D’où l’idée d’utiliser des
stents avec relargage de drogue en
leur sein. Plusieurs médicaments
sont ainsi incorporés à la plastie
artérielle, avec des résultats très
prometteurs chez l’homme : 90 %
de non-sténoses.
Si traiter est bien, prévenir est
mieux. En premier lieu, faire baisser les facteurs de risques cardiovasculaires est un combat permanent pour les soignants.
Éduquer les patients afin qu’ils
réduisent, ou mieux, éliminent
leurs habitudes de consommation
d’alcool et de tabac, qu’ils régularisent le mauvais cholestérol (LDL)
et la glycémie par une hygiène de
vie appropriée complète l’arsenal
thérapeutique.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 24 - mars 2001
Dr Jacque Bidart
XIes Journées européennes
de cardiologie de Paris.
Nouvelle campagne
contre le tabac
Nul ne l’ignore plus, le fait de fumer
augmente le risque de développer des
maladies graves. La nouvelle campagne
cible particulièrement les jeunes dont
la tranche d’âge des 15/35 ans regroupe
45 % des fumeurs. Le parti pris de la
campagne est d’informer sur un ton ludique avec un discours déculpabilisant.
Les bénéfices sont soulignés :
• 20 minutes après : la pression
sanguine et les pulsations du cœur
deviennent normales ;
• 8 heures après : la quantité de nicotine et de monoxyde de carbone dans
le sang diminue de moitié. L’oxygénation des cellules devient normale ;
• 24 heures après : le monoxyde de
carbone issu de la fumée de cigarette
est complètement éliminé du corps.
Les poumons commencent à éliminer
le mucus et les résidus de fumée ;
• 48 heures après : le corps ne
contient plus de nicotine. L’odorat et
le goût s’améliorent ;
• 72 heures après : respirer devient
plus facile. Les bronches commencent
à se relâcher et l’énergie augmente ;
• 2 à 12 semaines après : la circulation sanguine s’améliore ;
• 3 à 9 mois après : les problèmes respiratoires et la toux s’apaisent. La voix
est plus claire et la capacité respiratoire augmente de 10 % ;
• 1 an après : le risque d’un accident
vasculaire cérébral retombe au niveau
de celui du non-fumeur ;
• 5 ans après : le risque d’être victime
d’une crise cardiaque est deux fois
moins élevé que celui d’un fumeur ;
• 10 ans après : le risque de développer un cancer du poumon est deux fois
moins élevé que celui d’un fumeur. Le
risque d’être victime d’une crise cardiaque redescend au même niveau que
celui d’une personne qui n’a jamais
fumé. La Mutuelle MCD et la Ligue
contre le cancer se sont associées à cette
campagne et ont édité un petit guide sur
le sevrage. Info : www.tabac-infor.net.
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