RUSSIE Am o ur KAZAKHSTAN Harbin MONGOLIE Changchun Urumqi Shenyang Hohhot Yingkou PÉKIN Qinhuangdao Dalian CORÉE Yantai DU SUD Qingdao Lianyungang TIANJIN Yinchuan Nantong Nanjing SHANGHAI Lhassa gts Changsha Yan BANGLADESH Fuzhou X i ja n Xiamen g Canton Nanning LAOS Sources : China Statistical Yearbook 2011. 1980 Zones économiques spéciales 1984 Villes littorales ouvertes 1985 1988 Régions et zones littorales ouvertes 1992 Villes ouvertes de la vallée du Yangtsé Ouverture des capitales provinciales et de plusieurs villes frontalières Shantou Shenzhen HONG KONG MACAO Beihai Zhanjiang Zhuhai Zhongshan HAINAN THAÏLANDE Chronologie de l’ouverture économique Ningbo Wenzhou Nanchang Guiyang VIETNAM BIRMANIE D’après : Questions internationales n° 32, juillet-août 2008. © Dila, Paris, 2013 500 km Hangzhou CHONGQING Kunming INDE Wuhan é re ng B ra h ma p o u t NÉPAL Chengdu OCÉAN PACIFIQUE Roberto GIMENO et Atelier de cartographie de Sciences Po, mai 2008 Heifei ko Extrait de : Xavier Paulès, La Chine. Des guerres de l’opium à nos jours, Documentation photographique n° 8093, mai-juin 2013 © Dila, 2013 he H ua ng Zhengzhou Xi’an Mé et forces armées), lancé dans les années 1960 par Zhou Enlai, qui fut son mentor. C’est là une manœuvre habile, car il s’agit d’un mot d’ordre fort vague et consensuel, alors même que l’originalité du virage que Deng s’efforce d’imposer porte non sur les objectifs à atteindre (in fine, la puissance que la Chine s’efforce de retrouver depuis un siècle et demi), mais sur les moyens d’y parvenir. Cela étant, le tournant de 1979 est tout sauf une conversion au libéralisme économique. L’ouverture aux étrangers ne s’impose que parce qu’ils possèdent les capitaux et les savoir-faire dont la Chine a besoin pour lancer sa modernisation. De façon comparable, le choix d’introduire certains principes d’une économie de marché est vu comme un moyen de générer de la croissance économique et non comme une fin en soi. Au début des années 2000, l’opposition aux réformes au sein du Parti est devenue suffisamment insignifiante pour qu’une étape nouvelle soit franchie avec l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette adhésion lui permet d’atteindre les nouveaux débouchés dont elle a besoin. En échange, elle doit davantage ouvrir son marché intérieur et adapter sa législation. L’opération se révèle très profitable : des excédents commerciaux records s’accumulent (l’excédent de comptecourant s’élevait en 2010 à 183 milliards de dollars et le commerce extérieur chinois représente 9,8 % du commerce mondial). Ces dernières années, si la Chine continue d’attirer les investisseurs (les entrées nettes d’investissements directs étrangers ont dépassé les 220 milliards de dollars en 2011), en retour, ses grands groupes industriels commencent à investir à l’étranger. /// Jinan Lanzhou BHOUTAN circonscrite à la périphérie maritime du pays. C’est une étape importante, surtout pour ce qui concerne Shanghai, qui retrouve un rôle de premier plan alors que, suspecte au régime, elle avait depuis trente ans été laissée sous le boisseau. L’intérieur du pays, lui, n’est ouvert aux investissements étrangers que plus tardivement, dans les années 1990, au moment où une impulsion nouvelle est donnée par Deng. La vallée du Yangtsé renoue alors avec sa fonction ancienne d’axe de pénétration de la modernisation économique et industrielle. On voit le fruit de cette ouverture dans les chiffres sur le produit régional brut de 2010. Ceux des provinces que le Yangtsé traverse n’atteignent certes pas le niveau des provinces littorales comme le Guangdong, le Zhejiang ou le Jiangsu, mais ils sont tout de même audessus de la moyenne nationale. L’entretien de Deng Xiaoping révèle en creux à quelles difficultés considérables il doit faire face en 1979. Rassurer la vieille garde du Parti est pour lui une chose cruciale ; on le voit prendre soin de condamner à plusieurs reprises le capitalisme et se réclamer de Mao (la citation sur les Cent Fleurs est largement sortie de son contexte car il s’agissait à l’époque de susciter des critiques contre le Parti). De même, la Révolution culturelle est habilement utilisée comme un repoussoir, la responsabilité de la politique menée pendant cette période étant reportée, conformément à l’interprétation officielle (qui a du reste toujours cours) sur Lin Biao et la Bande des Quatre (constituée de Jiang Qing, la femme de Mao, Zhang Chunqiao, Wang Hongwen et Yao Wenyuan). Deng met aussi en avant un slogan préexistant, celui des quatre modernisations (agriculture, industrie, sciences Shijiazhuang Xining L’ouverture économique de la Chine L’ouverture économique, qui n’est qu’un des aspects des politiques de réforme, a été un phénomène à la fois graduel (elle s’étale de 1979 à 1992) et périphérique. Ces caractéristiques s’expliquent par les fortes résistances rencontrées au sein de l’appareil du Parti, mais aussi par la prudence de Deng Xiaoping, secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) de 1956 à 1967, puis dirigeant de facto de la République populaire de Chine de 1978 à 1992. Celui-ci entendait procéder à partir d’expérimentations limitées, afin, le cas échéant, de pouvoir faire marche arrière. Ainsi, dans un premier temps, seules quatre zones économiques spéciales (ZES) sont définies sur le littoral des provinces du Guangdong et du Fujian, choix qui révèle un autre aspect de la stratégie adoptée : une croissance tournée non vers le marché intérieur, mais vers l’exportation. Zhuhai et Shenzhen étaient, en 1979, de vastes zones essentiellement rurales, qui ont été choisies à cause de leur situation à proximité de Macao et surtout de Hong Kong. Pour Shantou et Xiamen, deux villes d’importance moyenne, c’est le lien avec les communautés de Chinois d’outre-mer, dont on espérait attirer les investissements, qui fut déterminant. Zhuhai et surtout Shenzhen sont devenues en trente ans des ports et des villes de première importance, tandis qu’au contraire, Shantou et Xiamen n’ont guère été transformées par leur accession au statut de ZES. La seconde vague du milieu des années 1980, si elle concerne un périmètre plus large et des villes incomparablement plus importantes (Canton, Shanghai et Tianjin notamment), reste cependant Taiyuan CORÉE DU NORD Produit régional brut en 2010 (milliards d’euros1 ) Moyenne nationale 6 1 12 61 123 246 369 615 Les données initialement fournies en 100 millions de yuans ont été converties en milliards d’euros. En parallèle, de nombreuses zones de libre-échange, de développement technologique et d’industrie hightech sont créées. À partir de 1992, la quasi-totalité du territoire chinois est considérée comme ouverte. Les agglomérations en lettres capitales correspondent aux provinces ou aux régions d’administration spéciale. l’ouverture économique de la chine depuis les années 1980 carte disponible sur transparent et en version numérique Deng Xiaoping et l’ouverture à l’économie de marché, 1979 Sans accroissement des forces productives pour rendre notre pays prospère et puissant et améliorer les conditions de vie de notre population, notre Révolution reste un vain mot. […] Bien sûr, nous ne voulons pas du capitalisme, mais nous ne voulons pas non plus être pauvres sous le socialisme. […] Nous croyons en la supériorité du socialisme sur le capitalisme. Cette supériorité sera démontrée par le fait que le socialisme offre des conditions plus favorables à l’accroissement des forces productives que le capitalisme. […] Pendant une décennie, les menottes mentales imposées par Lin Biao et la Bande des Quatre ont entravé la réflexion du peuple et l’ont empêché de mettre pleinement en œuvre sa sagesse et sa créativité. Mais désormais nous encourageons le peuple à libérer son esprit et à reprendre la campagne “Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent !”, qu’avait proposée le président Mao Zedong, afin de créer les conditions nécessaires au développement des initiatives du peuple chinois pour mettre pleinement en œuvre son intelligence et sa sagesse. […] Pour mener à bien les quatre modernisations, nous devons suivre une politique d’ouverture au monde extérieur. Bien que nous nous reposions principalement sur nos propres efforts, nos propres ressources et nos propres valeurs pour mener à bien les quatre modernisations, il nous serait impossible d’atteindre cet objectif sans coopération internationale. Nous devons nous appuyer sur les réalisations scientifiques et technologiques du monde entier, ainsi que sur d’éventuels capitaux étrangers, pour réaliser au plus vite les quatre modernisations. “We can develop a market economy under socialism” (“Nous pouvons développer une économie de marché dans un régime socialiste”), 26 novembre 1979. Extrait d’un entretien avec Frank B. Gibney, vice-président du Compilation Committee de l’Encyclopaedia Britannica. Traduction de l’anglais : Mathieu Rigo © Dila.