6- Le bois et les bâtiments professionnels

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6- Le bois et
les bâtiments
professionnels
6- Le bois et
les bâtiments
professionnels
Notre couverture :
L’immeuble de bureaux
« Éric Boulanger » à Waterloo
Photo : © Ch. Bastin et J. Evrard
AU SOMMAIRE :
L’Atelier de Tromcourt
à Mariembourg (Couvin) :
Le bois, matériau central
entre béton et acier
Page 3
L’atelier rural
à Salle (Bertogne) :
Le choix du bois s’impose
comme une évidence…
Pages 4 et 5
L’immeuble de bureaux
« Éric Boulanger » à Waterloo :
Rencontre humaine
et créative autour
du matériau bois
Pages 6 à 9
La capitainerie et le club house
du port de plaisance à Mons :
Le bois, symbole
chaleureux de l’accueil
et de la rencontre
Pages 10 à 13
L’imprimerie Victor Buck à
Leudelange (Grand-Duché de
Luxembourg) :
Le bois, pour ses qualités et
une durée de chantier record
Pages 14 et 15
CRÉDITS :
Les textes sont la propriété des architectes pour les différents projets
présentés, de Valbois RN et de La Fibre Comm. Toute reproduction,
même partielle, des textes et des documents de cette publication, est
soumise à l’approbation préalable de leur(s) propriétaire(s).
Réalisé en avril 2009
2
Bois et bâtiments professionnels :
tout pour s’entendre !
La réalisation de bâtiments professionnels, associant
le matériau bois, constitue aujourd’hui un choix
séduisant pour les entreprises. Ce matériau, symbole
du développement durable, est une opportunité pour
qui souhaite valoriser son image d’entreprise citoyenne.
Mais au-delà, le bois constitue surtout une alternative à
privilégier quand on souhaite un bâtiment parfaitement
intégré à son environnement, adapté aux contraintes
professionnelles, sain, et évolutif.
Qu’il s’agisse de construire un bâtiment de bureaux, un édifice industriel, un espace
commercial ou de services… et quelle qu’en soit la taille… on peut constater autour
de nous l’importance que revêt désormais l’intégration de la réalisation dans son
environnement. Les pays nordiques, et plus proches de nous, la Suisse, l’Allemagne ou
encore l’Autriche l’ont bien compris, utilisant largement le bois dans leurs bâtiments
professionnels. En effet, le bois est, avec la pierre, un matériau naturel de construction
qui permet aux ouvrages de se fondre dans leur environnement. La richesse de traitement des bardages extérieurs en bois, qui peuvent être laissés naturels, être peints,
lasurés… participe à cette excellente intégration paysagère.
Mais le bois constitue également une réponse technique tout à fait pertinente. Le
bois et les outils modernes de calcul des structures autorisent la réalisation de grandes
portées inaccessibles aux autres matériaux. Ces structures en bois donnent naissance
à d’immenses surfaces libres, sans aucun poteau intermédiaire. Dans un contexte
professionnel, où le souhait de chacun est de voir l’entreprise se développer, c’est
une chance énorme car la superficie mise à disposition pourra évoluer aisément. La
modularité est inscrite dans les gènes du bois ! D’ailleurs, plus généralement, il est
reconnu que dans les constructions en bois, les transformations et toutes les évolutions
structurelles sont facilitées par l’usage de ce matériau.
En milieu professionnel, et peut-être plus qu’ailleurs, le temps a un coût ! Ici aussi, le
bois se révèle une réponse économique adaptée. Grâce à un haut degré de préfabrication en atelier, avant même que le chantier ne soit ouvert, le bois s’impose en réduisant
à l’extrême les délais de construction et les perturbations pendant les travaux. En plus,
ce travail en atelier permet de mieux maîtriser le processus de production, sa qualité et
sa gestion dans son ensemble. Enfin, grâce à cette durée plus courte d’exécution, le
bois permet de réaliser des économies financières indéniables. Rajoutons d’ailleurs que
la solution bois se révèle souvent la plus concurrentielle économiquement, dès lors que
l’on prend en compte l’investissement de départ et les coûts d’exploitation ultérieurs,
liés à la vie du bâtiment.
Enfin, le bois est, de façon irréfutable, la réponse aux attentes de confort. Au-delà de
ses qualités d’isolant thermique et acoustique, le matériau bois apporte par sa chaleur,
un bien-être et un confort de travail très bénéfiques pour l’entreprise. Matériau sain, il
jouit d’une excellente résistance au feu, permettant l’évacuation du bâtiment en toute
sécurité, alors que le métal se sera affaissé ou le béton se sera écroulé ! Du fait de sa
faible inertie, il permet au bâtiment de se réchauffer rapidement induisant une facture
énergétique des plus raisonnables.
L’ ATELIER DE TROMCOURT À MARIEMBOURG
( COUVIN ) :
Le bois, matériau central
entre béton et acier
•
À une extrémité du parc d’activité économique, dans un lieu
calme bordé de prairies et de champs, marqué par l’omniprésence du château de Tromcourt, les architectes ont souhaité
donner libre cours à leur imagination. La forme du bâtiment,
un grand parapluie de forme cintrée, épouse le relief du sol et
s’intègre harmonieusement au vallonnement du lieu.
Le choix des matériaux reflète une volonté de pureté, chaque
composant étant affecté à un usage particulier. Ainsi, au sol, on
trouve une dalle de béton parfaitement rectangulaire. En haut,
se manifeste l’acier, privilégié pour son expression toute en
légèreté. Il donne à la réalisation un esprit aérien. Enfin, entre
béton et acier, le bois trouve une place de choix.
Les façades sont en effet constituées de cadres en bois lamellé-collé qui accueillent ici une fenêtre, ici un vitrage, ici une
occultation sous la forme d’un bardage. Ce choix en faveur du
lamellé-collé a permis de conserver aux poteaux des dimensions réduites, confortant l’image de finesse de la structure.
Tout a été réalisé en afzelia, un bois naturellement durable,
solide, et aux teintes uniformes.
En aménagement intérieur, le bois est également très présent,
sous la forme de panneaux en MDF teintés dans la masse avec
un jeu entre deux couleurs, le rouge et le vert. ❖
Années de construction : 2006-2007
Durée des travaux : 10 mois
Surface (SHON) : environ 250 m2
Coût de la construction (HTVA) : environ 345 000 €
Maître d’ouvrage :
Menuiserie Coene
Maître d’œuvre :
Atelier de Tromcourt
Tél. : +32 (0)60 34 43 34 - E-mail : [email protected]
Entreprises de construction :
Ramaekers Construction s.p.r.l. (lots béton et acier)
Tél. : +32 (0)60 21 25 47
E-mail : [email protected]
Menuiserie Coene (lot bois)
Tél. : +32 (0)60 34 45 44 - E-mail : [email protected]
caractéristiques de l’ouvrage
Ce bâtiment, destiné à accueillir un
cabinet d’architecture, est la propriété
d’une entreprise de menuiserie. Pour
autant, l’utilisation du bois est mesurée,
fruit d’une réflexion architecturale très
cohérente sur la mixité des matériaux.
Vues de l’intérieur et de l’extérieur du projet - Photo : © La Fibre Comm.
3
Territoires & Bois
■
Le bois et les bâtiments professionnels
L’ ATELIER RURAL À SALLE
( BERTOGNE ) :
Le choix du bois s’impose
comme une évidence…
•
La commune de Bertogne, consciente de la nécessité de se diversifier et d’attirer des
investisseurs sur son territoire, a décidé de construire un atelier rural. Ce projet, mené
dans le cadre d’un Programme Communal de Développement Rural (PCDR), panache
les contraintes. Le bois permet de s’affranchir de certaines d’entre elles avec succès.
Première difficulté inhérente à ce type de projet: le fait de
concevoir un bâtiment dont on ne connaît pas a priori la
destination. Cette incertitude impose de créer un lieu multifonctionnel, susceptible de laisser beaucoup de liberté à la
commune pour rechercher les utilisateurs potentiels. Mais à
cette préoccupation, se greffent bien d’autres contraintes
comme un budget déjà arrêté, une superficie préalablement
définie, le défi d’intégrer un bâtiment de type industriel dans
un contexte très rural, et enfin, le terrain qui était imposé.
C’est l’aboutissement de ces diverses exigences qui a généré le
bâtiment: sa disposition, sa forme, ses matériaux.
Le terrain communal mis à disposition présente une déclivité
entre l’avant et l’arrière. Le bâtiment est alors organisé sur
deux niveaux, l’un en relation avec la voirie, l’autre en lien avec
l’arrière. Puis, l’architecte a opté pour deux volumes, une
organisation qui a pour avantage de créer in fine quatre blocs,
ce sera la capacité maximale d’accueil de l’atelier rural.
Le premier volume, le plus petit, offre deux espaces d’environ
130 m2 chacun et est placé perpendiculairement à la route. Le
second, d’une superficie de 2 x 220 m2, est parallèle à la voirie.
Une organisation qui démontre la sensibilité des architectes à
la typologie des villages ardennais. Effectivement, il est de
tradition que la première maison, à l’entrée du village, soit
perpendiculaire à la route pour apporter un effet de porte. Ici
aussi, dans un espace transitoire entre une zone agricole et
une zone d’habitat, il était important que le bâtiment relaye
cet effet.
En matière de forme, le gabarit général de l’atelier rural fait
sien le vocabulaire qui caractérise les hangars de la région : des
constructions très nettes, à deux pans et sans débord.
Question matériaux, le bâtiment se trouvant très enterré, il
nécessitait un soutènement important. Le béton a donc été
privilégié sous forme de poteaux et de murs. La charpente est
en bois lamellé-collé.
À l’extérieur, pour le parement, le choix du bois s’est imposé
comme une évidence. Une alternative comme le bardage
métallique, en contexte d’habitat et avec le respect des traditions à l’esprit, ne convenait pas. Crépi ou pierre étaient des
solutions visuellement viables, mais le prix de tels matériaux
aurait rendu le coût du bâtiment trop élevé. En fait, le bois
convenait parfaitement!
Ici, on a privilégié l’épicéa local, une essence qui se révèle
économiquement très intéressante. Traité par autoclave, le
bois va rester sans traitement. Ce choix délibéré va permettre
au bâtiment de prendre progressivement une patine grise, ce
qui confortera son intégration dans ce paysage rural. ❖
Vue sur la façade arrière du projet et son intégration dans le paysage - Photo : © La Fibre Comm.
4
Accompagner favorablement le vieillissement d’un bardage en bois
Pour Benoît Weber, l’architecte de l’atelier rural de Salle, la
important pour le séchage du bois ».
bonne tenue dans le temps d’un bardage en bois demande un
Autre détail favorable à ce séchage du bois, « aller au plus simple
peu d’attention. Il nous livre quelques suggestions.
en utilisant des planches sans profil et, lorsque c’est possible,
Premier conseil prodigué par le professionnel, et sûrement l’un
laisser un joint ouvert de 5 mm » précise l’architecte.
des plus importants, « en matière de bardage bois, il faut éviter
Mais pour lui, « les angles sont des éléments qui demandent une
toute rétention d’eau ou d’humidité. Il faut que le bardage soit
grande attention. J’ai pris l’habitude de les recadrer grâce à un
ventilé ! ». Mesure mise en pratique pour l’atelier rural, où Benoît
bois vertical. C’est plus net et plus joli. En plus, en milieu indus-
Weber a d’abord fait poser des lattes de 27 mm, verticalement,
triel, ce sont des pièces à risque avec la circulation des véhicules,
sur les murs en béton. Écartés tous les 45 à 50 cm, ces éléments
alors autant privilégier ce type de solution interchangeable ! ».
permettent de récupérer les irrégularités de la maçonnerie. Sur
Et l’architecte d’attirer une dernière fois notre attention, « même
cette surface, bien plane, on vient fixer le pare-pluie. De nouvelles
en cas de mise en œuvre dans les règles de l’art, il faut toujours
lattes, de 40 mm, ont également été posées verticalement sur le
prévenir le maître d’ouvrage par rapport au bois. Il doit savoir que
réseau de lattes déjà présent. « Ces secondes lattes sont celles
c’est un matériau naturel qui peut évoluer. Mais il est évident que
qui vont accueillir les planches de bardage, c’est la raison pour
si on veille à un traitement initial du bois par autoclave, et qu’il est
laquelle nous préférons des sections plus importantes. Avec
bien posé, on met tous les atouts de son côté pour accompagner
40 mm, on dispose d’une bonne coulisse de ventilation. C’est
au mieux ce vieillissement dans le temps ».
Ci-dessous, un détail d’angle - Photo : © A.3 Architecture
Années de construction : 2001-2002
Durée des travaux : environ 12 mois
Surface (SHON) : 720 m2
Coût de la construction (HTVA) : 352 500 € dont 62 000 € pour
le lot bois (bardage, châssis, portes)
Maître d’ouvrage :
Commune de Bertogne
Maître d’œuvre :
A.3 Architecture (Benoît Weber Architecte)
Tél. : +32 (0)63 60 84 84 - E-mail : [email protected]
Bureau d’étude :
Bureau d’études et d’architecture Philippe Mattelin
Tél. : +32 (0)65 78 17 79 - E-mail : [email protected]
Entreprises de construction :
Sacotralux SA (gros œuvre)
Tél. : +32 (0)84 24 48 40 - E-mail : [email protected]
T.V.B. sa (entreprise bois)
Tél. : +32 (0)61 21 36 31 - E-mail : [email protected]
caractéristiques de l’ouvrage
Aspects techniques
Ci-dessus, vue sur le bâtiment depuis la route - Photo : © La Fibre Comm.
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Territoires & Bois
■
Le bois et les bâtiments professionnels
L’ IMMEUBLE DE BUREAUX
«
ÉRIC BOULANGER
»
À WATERLOO
Rencontre humaine et créative
autour du matériau bois
:
•
Érigé au début des années nonante, cet immeuble de
bureaux est, et restera encore de longues années, une
référence internationale de tout premier plan. Autour
du bois, s’exprime une ingéniosité reconnue de tous.
Pour l’auteur du projet, l’architecte et ingénieur Philippe
Samyn, une telle réussite est à mettre au crédit d’une
triple rencontre… celle entre un site remarquable, un
maître d’ouvrage d’exception, et un geste architectural puissant et profond.
Le maître d’ouvrage, l’industriel Éric Boulanger, disposait d’un
terrain sur la commune de Waterloo. Le site acceptait assez
bien le qualificatif d’hybride, frontalier avec un quartier résidentiel d’un côté, et une autoroute urbaine de l’autre. Mettre
à cet endroit, un immeuble de bureaux, avait tout son sens.
Seul impératif, et non des moindres, que l’architecture de
l’ouvrage à venir lui permette de s’insérer harmonieusement
au contact avec le bâti existant et sur un terrain très spécifique,
car richement arboré et d’aspect polygonal.
Une forme ronde s’est rapidement imposée, plus précisément
l’idée d’un polygone régulier à 21 côtés. L’architecte Philippe
Samyn, très attaché au chiffre sept (à l’image des sept notes du
solfège), a imaginé alors un bâtiment conçu suivant un rythme
de trois fois sept travées, dont deux seront construites.
Si l’idée globale a germé promptement, sa concrétisation
a demandé plus d’un an de tâtonnements. La patience du
maître d’ouvrage est la première de ses qualités, qu’il faut ici
saluer! Les premiers croquis, établis sur la base d’un bâtiment
avec des murs en brique, ont été remis en cause lors d’un
voyage à Istanbul, au moment de la redécouverte de la mosquée Süleymaniye de Sinan. Exit les murs, la perspective de
travailler avec des poteaux est apparue comme une évidence.
Pour cet immeuble de taille modeste, effectivement il s’inscrit
dans un cercle de moins de 15 mètres de rayon, les poteaux se
devaient d’être discrets. Seuls le bois et l’acier permettaient de
relever ce défi. Le métal a été écarté en raison de considérations économiques, un coût plus élevé, et pour des questions
techniques, notamment le problème des ponts thermiques.
Vue générale sur la partie arrière de l’édifice - Projet : © Philippe Samyn and Partners / Photo : © Ch. Bastin et J. Evrard
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Vue de l’étage montrant la surface disponible pour aménager les bureaux - Projet : © Philippe Samyn and Partners / Photo : © Ch. Bastin et J. Evrard
Si le bois a été retenu, ce n’est pas seulement faute de compétiteur à la hauteur, c’est aussi grâce à ses qualités. En premier
lieu, ce matériau convient parfaitement à la création de lieux
flexibles, accueillants et chaleureux. Ensuite, le bois se montre
un excellent compagnon lorsqu’il s’agit d’y fixer des choses,
c’est un relais formidable vers les éléments de mobilier.
Autre argument en sa faveur, l’aisance de traitement des ponts
thermiques. À ce sujet, il n’est pas rare lorsqu’on critique le
bois, de faire de sa faible inertie thermique un défaut majeur,
de nature à nuire au confort de l’endroit. Or il faut bien l’avouer, cette faible inertie est, dans le cas d’un bâtiment de
bureaux, un atout exceptionnel. Durant la nuit, alors qu’il n’est
plus occupé, on peut laisser l’immeuble se refroidir. L’absence
d’inertie thermique lui permettra de se réchauffer extrêmement vite, le jour venu. Ce n’est pas un hasard si dans les
pays froids on construit des bâtiments en bois !
Plus que tout autre matériau, le bois appelle à la rigueur et au
respect de règles constructives. Celles-ci ont fortement
influencé l’immeuble de Waterloo. Ainsi, la charpente joue un
double rôle dans ce bâtiment, elle est à la fois structure et à la
fois décor. Il s’agit en fait d’une charpente relativement simple,
avec un minimum de pièces, fuyant le superflu.
La structure est bâtie autour de quatre cercles de poteaux en
bois. Au centre, le hall d’accueil se développe sur deux
niveaux, au-dessus se loge une salle de réunion. Trois escaliers
hélicoïdaux facilitent l’accès aux différents plateaux. La salle de
réunion, en porte-à-faux, est soutenue grâce à 21 jambes de
force, uniquement. Lorsqu’on se dirige vers la périphérie de
l’immeuble, on ne dénombre alors plus que 14 travées, qui
vont permettre d’ériger trois niveaux dévolus aux bureaux.
Cette structure se caractérise par des poutres de longueur
constante, convergeant vers le centre. À leur périphérie, les
cloisons extérieures. Ce jeu, entre poteaux et poutres, libère
des volumes intérieurs très imposants à chaque étage. On
peut disposer de ces espaces pour agencer des bureaux
sous la forme de cellules parfaitement orthogonales, dont les
compléments seront des petits bureaux en trapèze.
Si ce bâtiment traverse les années sans prendre la moindre
ride, il faut y voir le soin particulier apporté au ruissellement
de l’eau. Le rez-de-chaussée est protégé par le débordement
de la toiture et par le ressaut d’environ deux mètres du premier étage, qui s’explique par la présence d’une coursive centrale. Pour les niveaux supérieurs, le même système de débordement de toiture prend soin des pièces de bois, en même
temps qu’ils procurent une protection contre le soleil en été.
Enfin, tout en haut, l’extrémité du toit se termine par des
vitres qui laissent passer la lumière. Ce dernier détail achève
l’édifice tout en douceur.
Face à un projet d’une telle audace, le maître d’ouvrage aurait
pu prendre peur. Il n’en a rien été, la confiance est une autre
de ses qualités. Au travers de cette rencontre, le bois prouve
qu’il peut rimer avec créativité, innovation et exemplarité. ❖
7
Aspects techniques
Territoires & Bois
■
Le bois et les bâtiments professionnels
« Quand on construit avec le bois, tout est dans l’assemblage ! »
Comme l’évoque Philippe Samyn, se remémorant ce projet, le
problème qui se pose avec le bois est le plus souvent de savoir
comment on assemble les différentes pièces. L’ingénieur et
architecte s’oppose fermement à l’usage du clou, corps étranger qui martyrise le bois, il lui préfère les assemblages
démontables.
Derrière une apparente vision philosophique, qui opposerait le
clou à la vis ou à la cheville, se cache une réflexion très poussée
sur les techniques d’assemblage. Pour Philippe Samyn, l’assemblage le plus pérenne passe par le travail du bois en compression
contribuent de manière non négligeable au contreventement de la
et le transfert des efforts par cisaillement. L’immeuble de bureaux
structure ; toutefois, l’apport de tirants en acier inoxydable dispo-
« Éric Boulanger » constitue une belle illustration de ce principe.
sés en croix de Saint-André sur le pourtour extérieur du bâtiment
La structure de l’ouvrage de Waterloo prend corps au travers de
empêche le pivotement des niveaux supérieurs de la structure.
72 poteaux cruciformes en bois lamellé-collé. Déjà évoqué, ces
Un aspect étonnant du bâtiment réside dans la conception auda-
poteaux sont disposés autour de quatre cercles concentriques, et
cieuse des solivages. Effectivement, les solives de dimension
s’alignent suivant les arêtes d’un polygone régulier à 21 côtés.
constante s’entrelacent de travée en travée, et compte tenu du
L’ensemble forme un plan circulaire de 29,8 mètres de diamètre
plan circulaire, se rapprochent les unes des autres au rythme de
pour une hauteur de 13,4 m. L’immeuble offre une surface totale
l’augmentation de leur portée libre.
de 905 m2 dont 650 pour les bureaux répartis sur trois niveaux.
En tout, 120 m3 de bois résineux auront été mis en œuvre pour
L’ossature principale est composée de 21 demi-fermes panachant
réaliser cet immeuble de bureaux.
sapin rouge du nord et bois lamellé-collé. Le douglas a été privilégié pour certains chevrons de toiture qui ont une longueur excédant les 6 mètres. L’absence totale de triangulation dans le plan
des fermes caractérise l’ossature du bâtiment, qui s’en trouve par
là même allégé. Remarquons le caractère tout à fait exceptionnel
de cette charpente, uniquement composée d’arêtiers, de poteaux
aplomb et de poutres de niveau.
Les problèmes de stabilité ont été résolus au travers du solivage
des deux niveaux supérieurs de la construction, réalisés en douglas du pays, formant des plans rigides et indéformables. Ceux-ci
Pour en savoir plus sur l’œuvre
étendue et créative de Philippe Samyn
and Partners, sachez que le fonds
Mercator a édité un ouvrage de plus
de 450 pages, doté d’environ 1350
illustrations en couleur.
Ce livre de référence, réalisé par
Pierre Puttemans et Pierre Spehl peut
être commandé sur le site Internet:
www.mercatorfonds.be
Vue d’ensemble du bâtiment et sur l’accès principal, avec ses murs en brique - Projet : © Philippe Samyn and Partners / Photo : © Ch. Bastin et J. Evrard
8
La parole à Christian Radelet
Fonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelle
Aménagement du territoire, Logement, Patrimoine et Énergie
Province du Brabant wallon
À l’époque où a été construit l’immeuble E. Boulanger,
Christian Radelet n’occupait pas son poste actuel de
Directeur. Néanmoins, sa connaissance du projet et son
rôle clé en matière d’aménagement du territoire l’ont poussé à exprimer sa vision du bois, matériau de construction.
« À mes yeux, l’immeuble Boulanger, à Waterloo, est une réalisation superbe. Je dois confier qu’il fait partie de mes bâtiments “coup de cœur”! D’ailleurs, dans notre salle d’attente,
nous mettons à l’honneur des réalisations intéressantes de
notre province dont cet édifice.
L’ouvrage de Philippe Samyn répond à nos critères. La forme
architecturale et le programme conviennent très bien au site.
Ici, à l’angle de deux rues, la forme ronde s’intègre parfaitement. En plus, on dispose d’un couvert forestier assez fort
dans lequel la construction bois se fond avec agilité.
Les projets en bois qui nous sont soumis, bien que minoritaires en quantité, tendent à se développer depuis dix ans.
L’intérêt en faveur de ce matériau va croissant, mais il faut
bien distinguer la structure bois de l’expression en extérieur.
Depuis longtemps on a construit les structures en bois, que
l’on a caché derrière la brique. Aujourd’hui, la tendance est à
une plus forte visibilité du bois. Ce mouvement nous questionne, car il faut voir le contexte dans lequel s’inscrit le bois.
Pour notre part, ce n’est pas parce qu’on utilise le bois qu’il
faut imposer une typologie de bâtiment. Au contraire, il faut
que la volumétrie et l’architecture s’inspirent de notre patrimoine. Dans nos critères d’acceptation ou de refus d’un programme, le matériau n’arrive qu’en quatrième position. Ce
qui compte, c’est d’abord l’intégration qui se fait par la volumétrie, la convenance du projet au site et son placement.
D’ailleurs, ce sont des éléments immédiatement perceptibles
au contact de l’architecte. S’il peut expliquer sa démarche, s’il
est capable de se battre pour défendre ses choix et options,
nous sommes souvent prêts à lui faire confiance. Philippe
Samyn est de ceux-là, ses projets sont très travaillés.
Nous n’avons jamais refusé un dossier pour son matériau, le
bois en l’occurrence. Aujourd’hui, notre préoccupation porte
surtout sur son vieillissement, parfois non homogène. Nous
sommes plus attentifs à ces problèmes d’apparence dans
le temps. Dans certains contextes, ce grisaillement peut
convenir, à proximité de la pierre par exemple. C’est encore
un travail d’analyse qui doit être mené au cas par cas, en
fonction du programme et de son environnement. Mais il
n’en demeure pas moins que nous sommes ouverts au bois.
La présence dans cette province de l’immeuble E. Boulanger,
et les réalisations en bois plus récentes, le prouvent! »
Vue sur le hall d’accueil central et les escaliers hélicoïdaux - Projet : © Philippe Samyn and Partners / Photo : © Ch. Bastin et J. Evrard
Années de construction : 1988-1990
Durée des travaux : 12 mois
Surface (SHON) : 650 m2
Coût de la construction (HTVA) : non communiqué
Maître d’ouvrage :
Éric Boulanger
Maître d’œuvre (architectes et ingénieurs) :
Philippe Samyn and Partners
Tél. : +32 (0)2 374 90 60
E-mail : [email protected]
Bureaux d’études :
Philippe Samyn and Partners
Tél. : +32 (0)2 374 90 60
E-mail : [email protected]
Setesco
Tél. : +32 (0)2 644 01 60
E-mail : [email protected]
Entreprises de construction (lot bois) :
Association momentanée
Pierre-Paul Amand & Stéphane Verboomen
caractéristiques de l’ouvrage
Avis, témoignage
QU ’ EN PENSENT LES SERVICES DE L’ URBANISME ?
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Territoires & Bois
■
Le bois et les bâtiments professionnels
LA CAPITAINERIE ET LE CLUB HOUSE DU PORT DE PLAISANCE À MONS :
Le bois, symbole chaleureux
de l’accueil et de la rencontre
•
La ville de Mons jouit d’une attractivité touristique indéniable.
Tout près du Canal du Centre et de ses ascenseurs, classés
au patrimoine mondial de l’Unesco, à deux coups de rame
du canal à grand gabarit Nimy-Blaton-Péronnes, le plan
d’eau le “Grand Large” dispose de tous les atouts pour
attirer les touristes friands de navigation de plaisance.
Pour répondre à ce potentiel, une capitainerie,
ouverte sept jours sur sept, a vu le jour.
Une première étape, conduite en collaboration avec les services des voies hydrauliques du MET, a permis de réorganiser
et d’augmenter la capacité d’accueil en bateaux. Le nombre
d’anneaux est passé de 100 à 160, ceci en disposant les pontons parallèlement au chemin de halage, offrant un spectacle
renouvelé aux promeneurs de ce lieu très couru.
Autour de la capitainerie à proprement parler, il a été convenu
d’héberger des services à destination des plaisanciers comme
une buanderie, des douches, des sanitaires, un petit atelier
technique pour les menues réparations…
Le projet de la capitainerie a eu pour effet de créer un emploi
à temps plein, attaché à l’accueil des touristes et à leur information.
Pour l’architecte du projet, la capitainerie doit être un signal
fort. Quand il arrive du canal, le plaisancier se trouve en effet
complètement à l’opposé de la capitainerie. Il faut accueillir
le regard et orienter les gens. Cette réflexion architecturale
trouve sa concrétisation au travers d’une tour panoramique.
À côté de ce signal, long et élancé, une boîte en verre… c’est
forcément la capitainerie qui doit avoir un œil sur tout le plan
d’eau. En dessous, au sol, deux nouvelles boîtes : l’une, drapée
de son bardage métallisé, regroupe les services tandis que
l’autre, de couleur blanche, est une réserve abritant un bateau
de sécurité et l’atelier. Enfin, à mi-niveau, une longue caisse en
bois de cèdre naturel, seulement fendue d’une large baie
vitrée, symbolise l’accueil, la rencontre : c’est le guest house.
Le bois a été choisi pour son côté chaleureux, en ce lieu qui
convie les différents clubs, lors des régates sur le plan d’eau. À
partir de ce point de vue, on dispose d’une très belle vue
embrassant tout le “Grand Large”.
On le devine aisément, l’architecture est ici largement inspirée
des installations portuaires d’aujourd’hui, avec leurs amas de
Vue générale du projet avec à gauche le club house, au centre et en hauteur la capitainerie, et sur la droite le guest house perché - Photo : © Serge Brison
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Vue sur le “Grand Large” et son chemin de halage, depuis le guest house - Photo : © La Fibre Comm.
containers empilés. Le clin d’œil est astucieux car il joue sur
les superpositions, les décalages, les porte-à-faux, pour que la
lumière puisse se glisser dans les espaces de vie, ou pour
dégager des vues sur le plan d’eau.
Moins facilement discernable, la réflexion architecturale
s’appuie aussi sur le système constructif : le terrain disponible
est très faiblement porteur et gorgé d’eau. Il a fallu battre
des pieux dans le sol, à plus de onze mètres. Avec un minimum de pieux, on peut reprendre la charge de l’ensemble !
Hormis le garage et les services, rien n’est posé au sol, tout
est en lévitation. En ce sens, on peut dire que le système
constructif du bâtiment a été induit par la faible portance du
terrain, ce qui a orienté l’image même du projet. Rien n’est
laissé au hasard, tout est lié !
À chaque point d’appui, on retrouve une structure de type
métallique qui est revêtue d’un matériau différent. Pour cette
grande boîte qu’est le guest house, on a joué la carte de la
légèreté avec une ossature secondaire en bois, comportant
environ huit centimètres d’isolant thermique (laine minérale).
À l’issue de cette première phase, en 2000, les responsables du
site ont pris conscience progressivement que le développement d’une activité sur le plan d’eau nécessite une montée
en puissance de l’activité du club nautique.
En 2006, une seconde phase a permis de réaliser le club
house. Regroupant des vestiaires pour les membres du club,
des sanitaires, il met à la disposition de tous, affiliés au club et
promeneurs, une cafétéria ouverte sur le paysage.
L’architecture reprend les trois matériaux, bois, verre et acier,
avec la même idée d’empilement. Le club house accueillant
une cuisine, pour des impératifs liés au feu, la structure a été
réalisée en blocs de béton. Le bois n’est ici qu’un parement,
présent au dehors et en dedans de l’ouvrage.
Capitainerie et club house ont su démontrer, en quelques
années, leur bien-fondé. Une demande dopée, un taux de
remplissage à son plus haut niveau, ce lieu concilie activité
professionnelle et développement touristique. ❖
Vue générale du projet, depuis l’arrière - Photo : © La Fibre Comm.
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Aspects techniques
Territoires & Bois
■
Le bois et les bâtiments professionnels
Jeu de niveaux, jeu de formes, jeu d’imbrications…
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Cafétéria du club house
Cuisine
Vestiaires, sanitaires
Réserve, atelier de
la capitainerie
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Local de services
Ponton
Guest house
Poste de garde
Plateau de la tour panoramique
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Rez-de-chaussée
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Niveau 1
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Niveau 2
Niveau 3
Vue sur le club house et les murs de la cuisine revêtus d’un bardage horizontal en cèdre - Photo : © Serge Brison
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Fernand Martin est le Secrétaire Général de l’asbl du port de plaisance du Grand Large de Mons, en
charge de la gestion du site. Il a suivi l’ensemble des phases de conception et de réalisation des deux
bâtiments. Il évoque, en notre compagnie, la place du bois dans les bâtiments publics et la nécessité
d’une réflexion préalable pour que ce matériau soit mis en œuvre avec pertinence, au service d’une
architecture attractive.
Devant l’enjeu touristique, à l’origine de la capitainerie et du club
Face à la question du vieillissement du bois, et son changement
house, Fernand Martin constate que l’objectif a été atteint, car
de coloration, le responsable l’accepte sans sourciller, car « le
« une infrastructure comme celle-ci, bien équipée, au style affir-
bois est une matière vivante. Le changement de teinte est quelque
mé et plaisant, joue un rôle d’appel clignotant en direction des
chose de naturel, c’est comme les toits en cuivre qui verdissent
plaisanciers. Ici, l’architecture a un impact direct sur le public qui
par l’effet de l’oxydation, cela concourt dans le temps à la beauté
vient pour la première fois. Il y a un flash qui joue. Tout n’est pas
de la réalisation. Avec le bois, c’est pareil, il faut avoir en tête cette
forcément à porter au crédit du bois, mais le résultat est là ! ».
évolution et, dès la conception, s’interroger sur le rendu visuel du
Et le Secrétaire Général pousse plus loin sa réflexion sur le maté-
bois au terme de plusieurs années ».
riau, évoquant que « le bois fait maritime. Peut-être est-on dans
Par contre, élément d’importance pour notre témoin, « il faut l’op-
le fantasme populaire, mais on le remarque aisément, les bateaux
portunité pour utiliser le bois. Faire appel à ce matériau en toutes
en bois attirent beaucoup plus l’attention que les embarcations
circonstances est impossible. Il faut s’intégrer dans une norme
modernes aux coques et aux mats en matériaux composites. Ce
architecturale et ne pas déséquilibrer les choses. À ce prix, la
lien entretenu entre bois et mer est en adéquation avec la finalité
mise en œuvre du bois apporte une dimension qualitative accrue,
du port de plaisance du Grand Large ».
s’y associe une architecture particulièrement chaleureuse ».
« Dans des bâtiments qui ont une vocation d’accueil du public,
Ce plaidoyer en faveur du bois ne sera pas resté lettre morte tant
dans un cadre arboré comme c’est le cas aux abords du port de
il est vrai que les autorités de la ville de Mons sont conscientes
plaisance de Mons, le bois confère un supplément d’âme, un
des intérêts du matériau bois. L’exemple récent de la rénovation
capital esthétique supérieur au bâtiment » s’enorgueillit Fernand
de la maison Van Gogh est révélateur. Le bois y côtoie l’acier et le
Martin, pour qui il semble évident que « le bois s’impose dans
verre, un peu à l’image de la capitainerie du port de Mons. Pour
certaines constructions ! ». Et de faire remarquer qu’au-delà de ce
Fernand Martin, « une autre architecture s’est inspirée du travail
seul matériau, « des jeux d’alliance entre différents composants,
réalisé au Grand Large. Le fait que des décideurs aillent ainsi vers
comme le bois, le verre et le métal, des matériaux dits nobles au
le bois permet de déverrouiller les choses par rapport au grand
moins pour les deux premiers… cette association concourt à un
public, mais aussi par rapport aux architectes. Cela contribue à
résultat des plus agréables à l’œil ».
l’essor du bois ». Que ces sages paroles soient entendues !
La cafétéria du club house et son mobilier, réaffirmation de la chaleur du bois - Photo : © La Fibre Comm.
Années de construction : 2000 pour la capitainerie
2006 pour le club house
Durée des travaux : 12 mois (capitainerie) - 12 mois (club house)
Surface (SHON) : 410 m2 (capitainerie) - 440 m2 (club house)
Coût total (HTVA) : 1 269 500 € (capitainerie + club house)
Maître d’ouvrage :
Asbl du port de plaisance du Grand Large
Maître d’œuvre :
ARCADUS architecte sprl
Gérant : Stéphane Meyrant - Collaborateurs : Anne Begon,
Styvie Bourgeois, Nunzia Brazioli, Benjamin Bulot,
Mickaël Mercier, Sébastien Moulin, Benoît Rosenoer
Tél. : +32 (0)69 77 67 81 - E-mail : [email protected]
Entreprise de construction :
Lixon S.A. (pour la capitainerie)
Tél. : +32 (0)71 31 01 25 - E-mail : [email protected]
Favier S.A. (pour le club house)
Tél. : +32 (0)69 55 34 00 - E-mail : [email protected]
caractéristiques de l’ouvrage
Autre regard
« Le bois s’impose dans certaines constructions ! »
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Territoires & Bois
■
Le bois et les bâtiments professionnels
L’ IMPRIMERIE VICTOR BUCK À LEUDELANGE
(G.-D.
DE LUXEMBOURG ) :
Le bois, pour ses qualités et
une durée de chantier record
•
Quand l’imprimerie Victor Buck a réalisé
un concours restreint pour imaginer ses
nouveaux locaux, son site historique était
déjà vendu. Il lui fallait trouver un architecte
qui soit capable de répondre aux exigences d’un process industriel très normé, et qui
soit à même de garantir une livraison des locaux en temps et en heure. Un challenge
relevé avec brio, et ce résultat doit beaucoup au bois…
Lorsque l’association momentanée d’architectes N. Steinmetz
et R. Mertens a envisagé ce projet, elle a immédiatement imaginé un bâtiment en trois parties : une halle industrielle au
sud, une rue intérieure et un immeuble de bureaux au nord.
Les trois ensembles sont accolés. Halle et bureaux sont
irrigués par la rue intérieure, mais le concept proposé à ceci
de particulier que, depuis la cafétéria, les gens des bureaux
disposent d’une vue plongeante sur les imposantes machines
dans la halle. Une manière de faire prendre conscience aux
salariés, durant leur pause, qu’ils travaillent pour alimenter 24
heures sur 24 ces machines. Cet important travail de mise en
scène n’est pas étranger au choix de ce tandem d’architectes.
Mais ils ont su mettre d’autres atouts de leur côté.
Tout d’abord, afin de garantir les délais, ils se sont associés dès
la phase de concours à une entreprise. Ensuite, ils ont vite
compris l’intérêt du bois pour ce projet.
En effet, le bois présente un comportement modèle face au
feu. Il garde très longtemps ses qualités portantes et permet,
en cas d’incendie, d’évacuer sereinement les lieux.
Autre argument, le bois dispose de qualités mécaniques exceptionnelles, facilitant la réalisation de grandes portées. Dans cet
exemple, des poutres en treillis, à base de bois lamellé-collé,
sont assemblées par deux, formant des poutres-caissons. On a
ainsi pu réaliser le toit de la halle, de 45 mètres de portée, avec
seulement huit poutres-caissons posées sur des appuis béton.
Ces poutres, revêtues de plaques translucides, laissent filtrer
une douce lumière zénithale. La toiture est fixée à leur base.
Les cloisons de la halle sont réalisées en ossature bois, non
portante, avec un bardage extérieur en mélèze.
La préfabrication en atelier et la rapidité d’intervention avec le
bois ont donné naissance à un outil industriel d’une grande
qualité, réalisé en un temps extrêmement réduit. ❖
La halle industrielle en ossature bois, coiffée par les poutres-caissons, et à droite l’accès à la rue intérieure - Photo : © Christof Weber
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La halle industrielle développée pour l’imprimerie Victor Buck,
caractérisée par une absence de pilier intermédiaire, offre un
maximum de flexibilité à l’organisation intérieure. Un exploit
rendu possible grâce aux poutres-caissons en bois.
Si l’on devait rentrer dans le détail, les huit poutres-caissons
développées pour ce projet sont en fait des “poutres triangulées
à caisson”. Construites en bois lamellé-collé, elles bénéficient par
rapport au bois massif d’une meilleure stabilité dans le temps et
d’une meilleure capacité structurelle. De plus, comme elles sont
composées uniquement de deux membrures inférieures et de
deux membrures supérieures, maintenues entre elles par des bois
verticaux, horizontaux et en diagonale, elles bénéficient d’un
poids propre réduit. Bien qu’imposantes avec leurs 3 m de hauteur, ces poutres s’adaptent bien à de grands halls comme celuici, qui totalise 8 m de hauteur. Dotées de qualités mécaniques
isolation, étanchéité
imbattables, ces poutres constituent un moyen astucieux pour
membrure supérieure,
poutre en bois lamellé-collé
réaliser des portées extrêmes, en consommant peu de bois !
vitrage sur la face avant,
polycarbonate en latéral
membrure inférieure,
poutre en bois lamellé-collé
isolation, étanchéité
Ci-dessus, schémas des poutres-caissons - Dessins : © N. Steinmetz - R. Mertens
Ci-contre, la halle industrielle et détails sur la toiture - Photo : © Christof Weber
Ci-dessous, vue depuis la rue intérieure - Photo : © Christof Weber
Années de construction : 2000-2001
Durée des travaux : 6 mois pour la halle - 10 mois au total
Surface (SHON): 3 610 m2 pour la halle
2 212 m2 pour les bureaux
Coût de la construction (HTVA) : 6 883 830 €
Maître d’ouvrage :
Imprimerie Victor Buck
Maître d’œuvre :
Association momentanée
Nico Steinmetz
Tél. : +352 42 09 12 - E-mail : [email protected]
Rodolphe Mertens
Tél. : +352 26 68 46 24 - E-mail : [email protected]
Entreprises de construction :
Prefalux (entreprise générale)
Tél. : +352 78 95 11-1 - E-mail : [email protected]
Poeckes S.A. (gros œuvre)
Tél. : +352 56 46 36-1 - E-mail : [email protected]
caractéristiques de l’ouvrage
Aspects techniques
En savoir plus sur les poutrescaissons, et leur intérêt…
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Éditeur responsable : Nadine Godet ■ Rue de la Converserie, 44 ■ 6870 Saint-Hubert
Prochaine parution
Le bois et les infrastructures touristiques
Centre d’interprétation du barrage de la Gileppe à Jalhay - Architecte : ArTec sprl (Architecture & Techniques) - Photo : © Francis Bebronne
Pour retrouver d’autres bâtiments publics et privés
d’intérêt collectif où le bois s’illustre :
www.territoiresetbois.org
Document réalisé par Valbois RN.
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