Variation en fonction de la température électronique de la composition d’un plasma maxwellien d’azote a basse pression G. Leclert To cite this version: G. Leclert. Variation en fonction de la température électronique de la composition d’un plasma maxwellien d’azote a basse pression. Journal de Physique, 1970, 31 (11-12), pp.999-1003. <10.1051/jphys:019700031011-12099900>. <jpa-00207014> HAL Id: jpa-00207014 https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00207014 Submitted on 1 Jan 1970 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. LE JOURNAL DE PHYSIQUE TOME 31, NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1970, 999 VARIATION EN FONCTION DE LA TEMPÉRATURE ÉLECTRONIQUE DE LA COMPOSITION D’UN PLASMA MAXWELLIEN D’AZOTE A BASSE PRESSION par G. LECLERT Laboratoire de Physique des milieux ionisés Faculté des Sciences de Nancy (Reçu le 18 février 1970, révisé le 24 juillet 1970) La composition d’un plasma d’azote maxwellien est déterminée à partir des coeffiRésumé. cients de réaction des processus élémentaires se produisant à basse pression. On suppose le plasma optiquement mince et on néglige les chocs triples et les excitations. Quinze processus sont inclus dans le bilan. Pour le calcul des coefficients de réaction, on utilise les données expérimentales de sections efficaces généralement admises. L’emploi d’une formule de microréversibilité permet de déduire les sections efficaces de recombinaison radiative de celles de photo-ionisation. Le calcul des coefficients de réaction a été effectué pour une température électronique allant de 0,2 à 10 eV. L’évolution de l’état d’ionisation du plasma est représenté dans cet intervalle de température pour une pression initiale de 10-5 torr. 2014 The composition of a maxwellian nitrogen plasma has been determinated from Abstract. the rate coefficients of the elementary processes which occur at low pressures. We assume the plasma to be optically thin ; excitations and three-body collisions are neglected. Fifteen processes are considered. The rate coefficients are computed with the generally admitted experimental crosssections data. By means of a microreversibility formula, the radiative recombination cross-sections are deduced from the photoionization cross-sections. The computation of the rate coefficients has been performed for electron temperature values increasing from 0.2 to 10 eV. Evolution of the plasma ionization state is shown in this temperature range, initiale pressure value being 10-5 torr. 2014 Introduction. - Nous nous proposons de déterminer l’état d’ionisation d’un plasma homogène à basse pression dont les électrons ont une fonction de distribution en énergie maxwellienne. Deux méthodes différentes peuvent être utilisées. La première consiste à postuler l’équilibre thermodynamique du plasma ; le problème revient alors à calculer les fonctions de partition de chacune de ses composantes : c’est la méthode suivie par Drellishak et al. [1]] et Irmer et Worm [2]. Comme les conditions de l’équilibre thermodynamique sont loin d’être remplies dans les plasmas à basse pression, on doit adopter un autre point de vue et faire le bilan des processus atomiques ayant lieu dans le plasma ; il faut alors connaître avec une précision suffisante les sections efficaces de ces processus. Ces calculs ont déjà été effectués dans le cas de l’azote par Bohn [3], Breton et al. [4] et Schwob [5]. Cependant ces auteurs ne tiennent pas compte des composantes moléculaires, importantes à basse température électronique. L’analyse entreprise ici suit cette deuxième méthode. Pour les sections efficaces, on utilise toutes les données expérimentales actuellement connues, ainsi que certains calculs théoriques récents. L’état d’ionisation est déterminé pour toute valeur de la température électronique inférieure à 10 eV. On suppose le plasma à basse pression, de sorte que les hypothèses suivantes semblent réalistes : - - les collisions compte triples sont négligeables, tenu de la faible durée de vie de la des niveaux excités, on admet que, lors d’un sont dans leur état fondamental. Nous reviendrons ultérieurement sur ce point, plupart choc, les particules - enfin nous faisons l’hypothèse du plasma opti- quement mince pour excitations toutes les radiations : photoet photo-ionisations sont négligeables. Ces hypothèses sont celles du modèle coronal [6]. Le critère de Wilson [7] fixe la densité électronique au-dessus de laquelle ce modèle n’est plus valable : où U est l’énergie d’ionisation de l’espèce prédominante à la température électronique Te(U et kTe exprimés en eV). Pour l’azote, dans la gamme de température consi- Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019700031011-12099900 1000 une pression initiale d’azote de l’ordre de 10-5 torr. En supposant que les neutres et les ions sont à une température constante beaucoup plus faible que celle des électrons, trois types de processus peuvent se dérée, ceci conduit à produire : 1) les ionisations ou dissociations par choc électronique. Si Ujk(E) est la section efficace du processus j + e -+ k + .., E l’énergie cinétique de l’électron et U l’énergie-seuil, le coefficient de réaction (probabilité d’ionisation par atome et par unité de temps) La détermination de l’état d’ionisation donc en trois parties : F(E, Te) est la fonction de distribution (maxwellienne) des électrons à la température T,,. scinde 1) Recensement des processus se produisant dans l’azote à basse pression et analyse des données expérimentales utilisables. 2) Expression des sections efficaces de ces processus forme permettant un traitement numérique. 3) Résolution du système (1) et (2) en fonction de la température électronique. sous une L’étude I. Processus élémentaires. avec les processus suivants : Ionisation de la molécule par choc - est : se a été effectuée électronique : où Les recombinaisons radiatives, pour lesquelles définit de la même manière le coefficient : Ionisation dissociative de la molécule : 2) on Dissociation de l’ion moléculaire : Ionisation de l’atome d’azote : où uj,(E) est la section efficace de recombinaison radiative. à température électronique, les processus entre atomes deviennent importants. Le coefficient de réaction du processus i + j --+ k + 1 sera noté AJ. Il est indépendant de la température électronique. La variation de densité de l’espèce j s’écrit alors 3) Enfin, basse Ionisation des ions atomiques : Recombinaison radiative des ions formellement : atomiques : Recombinaison dissociative de l’ion moléculaire : Recombinaison A l’état stationnaire, dnj/dt système d’équations : = 0, on atomique en volume : obtient le Nous négligeons dans ce bilan des réactions telles que : qui n’ont un coefficient de réaction important qu’à pression suffisamment élevée (8). A ce système s’ajoute la condition de neutralité du plasma : Les réactions d’ionisation (Pl) à (P5) ont été étudiées expérimentalement. Kieffer et Dunn [9] donnent les courbes de section efficace relatives aux réactions (Pl) d’énergie seuil 15,58 eV, et (P2) de seuil 25,30 eV. Le processus (P3) de seuil 8,70 eV a été étudié par Vanzyl et Dunn [10]. Les valeurs de 1001 la section efficace du processus (P4) de seuil 14,54 eV sont rapportées par Delcroix [11 ]. Enfin Harrison et al. [12] ont mesuré la section efficace de l’ion N+ (P5) dont le seuil est 29,60 eV. Les sections efficaces des recombinaisons radiatives (P9) à (P13) ne peuvent être obtenues directement. Nous les étudions au paragraphe II. La recombinaison dissociative (P14) a été étudiée par de nombreux auteurs en raison de son existence dans les processus ionosphériques. Les récents résultats de Mehr et Biondi [13] donnent une valeur élevée du coefficient de réaction : 1,8 x 10-’ cm3/s à Te 300 OK, avec une variation en Te -0,39. Pour la recombinaison atomique, Evenson et Burch [14] trouvent un coefficient de 2o RECOMBINAISONS RADIATIVES. Aucune donnée expérimentale n’existe pour ces processus. Cependant, une relation de microréversibilité due à Milne [18] relie la section efficace (Je de recombinaison radiative à celle du processus inverse, c’est-à-dire la photo-ionisation Op : - où gj est le poids statistique de l’ion j fois chargé et E l’énergie de l’électron de recombinaison, reliée à la fréquence v du photon par la loi de conservation : = 10 IONISAdes sections efficaces. Pour les processus dont TIONS ET DISSOCIATIONS. la section efficace est connue expérimentalement (Pl à P5) la forme analytique employée est celle de Gryzinski [15] : II. Expression - - où E est seuil, l’énergie de l’électron incident et U l’énergie avec : paramètres C et 9 qui correspondent dans l’analyse de Gryzinski à des grandeurs physiques précises, ont été ajustés pour représenter au mieux les résultats expérimentaux. Le tableau I donne les Les valeurs choisies : Comme la recombinaison a lieu sur différents niveaux excités, on doit évaluer les sections efficaces de photo-ionisation à partir de différents niveaux, pour lesquelles on dispose des données expérimentales ou théoriques suivantes : Comes et Elzer du processus : [19] ont mesuré la section efficace Leur résultat a été approché par une courbe numépar une méthode de moindres carrés. Pour les autres sections efficaces, il est nécessaire d’utiliser des expressions théoriques. La réaction N+ + hv --&#x3E; N2+ + e a été étudiée par Bates [20] et Hidalgo [21] a publié récemment des données pour la photo-ionisation de N2 +, N3 + et N4+ pour plusieurs niveaux excités. Pour les niveaux supérieurs, on utilise l’approximation hydrogénoïde [22], qui est alors plus valable. Pour la recombinaison dissociative de l’ion moléculaire, compte tenu de prévisions théoriques de Bates [23], nous avons adopté une variation du coef- rique ficient de recombinaison en T0,5 : TABLEAU 1 où Te s’exprime en eV. Les coefficients 30 COEFFICIENTS DE RÉACTION. de réaction ont été calculés par intégration numérique sur ordinateur. Les résultats sont consignés dans le tableau II. - Pour les réactions quelles on ne (P6), (P7) et (P8) dispose d’aucune donnée, tons la formule donnée par Lotz pour les- nous adop- [16] : est le seuil d’ionisation et Ui l’énergie de liaides qi électrons de la sous-couche i. Les quantités U1 ont été calculées par Lotz [17]. où son Ui III. Etat d’ionisation du plasma. Appelant respectivement no, nl, n2, n3, n4, ns, n6, n7 et ne les densités des espèces N2, N, N+2 N+, N2+, N3+, N4+, N5+ et des électrons, les équations (1) et (2) s’écrivent explicitement, compte tenu des réactions considérées, et en notant maintenant pour simplifier oc le coefficient de la réaction (Pi) : - 1002 TABLEAU Il Variation des coefficients de réaction Note : Pour 0,554 9-43 lire : en fonction de la température électronique 0,554 9 x10-43. formation du plasma ; c’est aussi à une constante près la densité de masse du plasma et l’on a en vertu de la loi de conservation de la masse : système d’équations (El) à (E10) a été résolu pression initiale et pour des températures électroniques allant de 0,2 à 10 eV. La figure 1 représente l’état d’ionisation d’un plasma d’azote à la pression initiale de 10- 5 torr. Pour une température électronique inférieure à 1 eV, la quasi-totalité des particules est sous forme moléculaire, il s’agit d’un gaz faiblement ionisé. On peut noter le rôle mineur joué à cette pression par les ions moléculaires, ce résultat s’accorde avec celui de Drellishak et al. [1] dans le cas de l’équilibre thermodynamique. Cependant, l’azote moléculaire possède des Le pour diverses valeurs de la Ces 9 équations entre les 9 densités inconnues ne indépendantes, on a par exemple : sont pas toutes Ceci traduit simplement le fait que le plasma constitue un système bivariant : à température électronique donnée, il est encore nécessaire de fixer un paramètre. Nous avons choisi comme deuxième variable indépendante la densité d’azote moléculaire no avant niveaux métastables dont nous n’avons pas tenu compte d’après une des hypothèses de départ. Ces métastables peuvent entraîner un accroissement de la densité d’ions moléculaires ; cet effet ne doit pas être important car à basse température électronique, un métastable a une grande probabilité de subir une désexcitation par choc avant de rencontrer un électron d’énergie suffisante pour l’ionisation. Pour 1003 Te 2 eV, on a déjà un gaz totalement ionisé, et à partir de 4 eV, les états d’ionisation successifs sont décrits par le modèle coronal. La précision pour les derniers ions est évidemment beaucoup moins bonne qu’à basse température, par suite de l’incertitude des = données de section efhcace. Conclusion. Dans cette étude de l’état d’ionisation d’un plasma d’azote, nous avons tenté d’inclure plus le grand nombre de processus susceptibles de se produire dans les conditions indiquées. De plus, tous les coefficients de réaction pour les processus importants à basse température électronique ont été calculés à partir des données expérimentales qui sont considérées actuellement comme les plus valables, Pour les températures électroniques plus élevées. nous avons employé des expressions théoriques qui semblent donner de bons résultats dans des cas ana- logues. Si l’on veut décrire correctement un plasma de est nécessaire de tenir compte de l’influence des parois et d’un éventuel écart de la fonction de distribution électronique par rapport à une maxwellienne. Ces deux effets peuvent être importants aux basses pressions. Des calculs sont en cours pour étendre le modèle à un cas expérimental laboratoire, il Evolution de l’état d’ionisation de l’azote en fonction FIG. 1. de la température électronique. Pression initiale : 10- 5 torr. - particulier. Bibliographie [1] DRELLISHAK (K. S.), AESCHLIMAN (D. P.), CAMBEL (A. B.), Phys. Fluids, 1965, 8, 1590. 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