Dehors - Habemus Papam Diffusion

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Dehors
de
Thomas
et
Antoine
Depryck
Laubin
Gagner sa vie
Cesser de boire
Se prendre en main
Ne plus être malade et faible et inadapté
Quand on veut, on peut ?!
Dans Dehors, Antoine Laubin et son équipe questionnent le scandale quotidien
de la vie à la rue, notre capacité à « vivre ensemble », le fonctionnement
intime de nos sociétés. Les textes de Thomas Depryck jettent un regard sans
concession, politiquement incorrect, sur nos mécanismes sociaux. Pour traiter
de l’exclusion et de la volonté, la mise en scène d’Antoine Laubin propose
chaque soir un spectacle différent, composé de vingt scènes courtes tirées au
sort et chronométrées, mélangeant fictions et improvisations, personnages et
prises de parole personnelles des acteurs.
À travers la figure du clochard et l’effarante misère qu’elle charrie, Dehors
ausculte notre fonctionnement social contemporain. Dehors est un spectacle
tonique et violent, sombre et ludique, pessimiste et joyeux, où six acteurs
interrogent sans œillère notre présent.
Dehors répond pour nous à une double urgence :
d’une part le désir de nous confronter à une matière dont nous regrettons
le peu de justesse avec laquelle elle est traitée dans les lieux de pouvoir et
les discours dominants : la problématique de la clochardisation et ce que
celle-ci prouve de nos sociétés et d’autre part le désir de trouver un langage
spécifiquement théâtral, singulier et d’aujourd’hui pour le faire.
Intentions
Entretien d’Antoine Laubin
« Grand Charivari » de Musiq3
(émission du samedi 15 septembre 2012)
Sur la démarche artistique et la méthode de travail
Je serai totalement incapable de créer un spectacle en trois mois. D’autres le
font et certains très bien, pas moi. Je cherche à mettre en place des formes
qui disent quelque chose du sujet que j’aborde, que la forme et mon sujet
de préoccupation puissent dialoguer sur le plateau. Cela demande du temps.
J’ai eu la chance d’être longtemps en résidence à L’L, lieu de recherche et
d’accompagnement pour la jeune création à Bruxelles. Le temps de la recherche
est quelque chose de très précieux. C’est une évidence de dire que le théâtre
est un art de la rencontre. Ma méthode de travail consiste généralement à
amener mon sujet de préoccupation à mes partenaires, acteurs et dramaturge
(Thomas Depryck). La recherche, c’est cela : tenter de trouver comment
dialoguer sur ce sujet de préoccupation, comment mes partenaires vont me
renvoyer ce sujet autre, différemment de ce que j’avais envisagé initialement.
L’enjeu est de construire ensemble quelque chose dans lequel on se retrouvera
tous.
Je ne peux donc pas arriver le premier jour de répétition en disant « Toi, tu
vas marcher de là à là et tu vas dire ta phrase comme ça en regardant dans
telle direction », j’en serai incapable. Je pourrai le faire mais ce serait très
inintéressant pour moi, pour les acteurs et finalement pour le spectateur. Le fait
que cela se construise pas à pas, étape par étape, dans un dialogue parfois
musclé, parfois compliqué, où la remise en question allonge les temps de
création, fait que, au final, on obtient des objets qu’on a davantage envie de
défendre et qui, j’espère, touchent plus que s’ils avaient été imposés.
Sur la genèse du projet et
la découverte du travail de Declerck
Avec Thomas Depryck, nous avions décidé de nous attaquer au sujet très
casse-gueule des SDF, parce que nous étions très régulièrement atterrés par
la manière dont tout le monde en parle : pouvoirs publics, médias dominants,
démarches artistiques diverses. On trouvait que c’était toujours un peu à côté.
Et puis, en rassemblant des sources diverses sur le sujet, on a découvert
les textes de Patrick Declerck, qui nous ont fait l’effet d’une bombe, quelque
chose qui resserre vraiment les boulons. L’idée centrale de Declerck, au cœur
de son livre « Le Sang nouveau est arrivé », c’est que l’oisiveté se paie par la
souffrance et la mort et que la société a besoin d’avoir sous les yeux cette figure
de repoussoir qu’est le clochard pour s’en rappeler. Sans ça, les citoyens que
nous sommes n’accepteraient plus quotidiennement les contraintes de temps,
d’espace, d’horaires de travail, auxquels nous sommes soumis. Il dit donc que
nous avons besoin des clochards, qu’ils sont un élément essentiel pour que la
société fonctionne. Ce qui évidemment est une idée insupportable puisque la
réalité concrète de ce dont on parle est une abomination. Declerck décrit très
bien dans « Les Naufragés » ce que ça signifie que de devoir quotidiennement
se cacher entre deux voitures pour déféquer, quotidiennement faire gaffe aux
deux ou trois choses que l’on possède de peur de se les faire piquer, l’horreur
de l’alcool à la rue, l’horreur de la vie à la rue. Le fait d’avoir rencontré l’écriture
de Patrick Declerck a été déterminant dans la conception du spectacle, parce
qu’il s’agit aussi d’écriture, il connaît son sujet mais c’est aussi une plume,
il possède un vrai souci de la forme pour faire passer son travail ; c’est une
énergie. Je ne fais pas un théâtre documentaire, même s’il y a des aspects
documentaires dans ce que je fais. Ce qui m’intéresse, c’est aussi la forme :
comment mettre en place quelque chose de juste sur ce sujet précis. Même
s’il se dit pessimiste et qu’il l’est indubitablement, il y a une pulsion de vie très
forte dans l’écriture de Declerck, une rage qui permet que ce soit tout de même
supportable de vivre, malgré l’insupportable.
Sur la forme de Dehors
On ne fait pas des choses compliquées à recevoir même si elles sont parfois
compliquées à construire. Dehors est un spectacle construit en deux temps.
Dans le premier temps les acteurs et les spectateurs partagent le même espace
sur scène, où des paroles de sans-abris sont transmises (même si je ne fais
pas un théâtre naturaliste : il n’est pas question d’incarner des clochards, les
acteurs sont là en tant qu’eux-mêmes). Dans le deuxième temps, on essaie
de décortiquer comment ces paroles peuvent naître au travers de plusieurs
situations emblématiques, et surtout comment les acteurs se débrouillent
avec le fait de devoir gérer ça. Cette deuxième partie est chronométrée : un
grand décompte commence à 5000 secondes et court jusque zéro, comme
cela se fait souvent dans les émissions de télévision ou de radio. Ce sera le
temps qu’on aura pour tenter de faire le tour du sujet. Je ne dévoile pas grand
chose en avouant qu’on n’y arrivera pas. L’ensemble des scènes du spectacle
est tiré au sort. Une vasque contient des papiers avec toutes les scènes qui
ont été conçues, préparées et répétées. Chaque soir, l’ordre des scènes est
aléatoire selon le tirage au sort. Il ne s’agit pas seulement de chercher à être
ludique mais aussi de remettre au premier plan une série de thématiques, pour
certaines empruntées à Patrick Declerck : une interrogation sur la volonté,
par exemple. Dans le prolongement de Schopenhauer et Nietzsche, Declerck
explique à quel point le concept de volonté peut s’avérer creux et inopérant. On
entend souvent « quand on veut, on peut » mais ce n’est pas souvent vrai. Ce
qu’on appelle « volonté » n’est souvent que le plus profond de nos désirs mais
on ne maîtrise pas ses désirs, il est peut-être donc illusoire de penser qu’on est
maître de son destin... Le décompte affiché, le tirage au sort des scènes, entre
autres choses, essaient de dire quelque chose de tout cela. Plusieurs zones
sur le plateau correspondent à différents types de prises de parole et créent
des rapports d’intérieur / extérieur, des frontières qui incluent ou excluent.
C’est aussi ce que nous cherchons à interroger : quel sens ça a de parler de
l’intérieur ou de l’extérieur d’une société ? Les clochards seraient « dehors »
mais « dehors » n’est-ce pas quand même encore « dans » la société ? La
forme essaie d’explorer ces lames de fond qui ont structuré notre travail dans
un mode qui soit ludique tout de même. La réalité dont nous parlons est très
noire mais le théâtre est un lieu qui avant tout propose du plaisir. Ni les acteurs
ni moi ne souhaitons nous inscrire dans une logique militante ou qui dénonce.
On s’empare du malheur du monde mais on ne ment pas sur le fait qu’on prend
du plaisir à traiter ce malheur.
Extrait de presse
à l’occasion de la création du spectacle au Théâtre de Namur et à la Maison de
la Culture de Tournai
De tout cela, il résulte une exploration des clichés, des interrogations, des
élans et des rejets que suscitent la misère et l’exclusion rendues visibles à
travers les rues de nos cités. Rien de moralisateur. Plutôt une accumulation de
pistes d’approche du phénomène tant au moyen de situations concrètes que
d’opinions politiques ou idéologiques. Une façon évidente de nous mettre en
face de nos contradictions, dela compacité du phénomène, de l’impuissance
des gouvernements à résorber l’abîme social qui sépare les ressortissants
mieux lotis et ceux relégués dans la précarité. En quelque sorte un véritable
théâtre citoyen.
Michel Voiturier, Rue du théâtre
«Dehors», c’est un peu comme une Ferrari sur une autoroute, c’est lancé sur un
rythme endiablé en quelques secondes, on est collé au siège, le souffle coupé,
on ne descend jamais en dessous de 200 km/h, on sent qu’il y a le risque que
tout se plante, que ce soit la catastrophe, mais on a seulement envie de rester
dedans, ce qui se trouve autour devient flou, on se laisse gagner malgré nous
par cette espèce de folie déferlant à toute vitesse, on reste épaté par cette
capacité à ne jamais faiblir, tout ce qui se passe devant nos yeux vit plus vite
et plus fort que jamais, pas le moindre temps mort qui vous permettrait de vous
laisser aller à l’indifférence.
Gaëtan Dewilde, Le Courrier de l’Escaut
à l’occasion de l’étape de travail
présentée en février 2010 au Vrak Festival
(…) Dehors vise juste. Car il frustre, détourne notre voyeurisme. Pas de misère
exposée ou effeuillée, ni de pathos ou d’empathie. On se surprend même à
rire. On se prend même au jeu. Au jeu de ces acteurs qui s’amusent à articuler
du théâtre selon différents
modes possibles. On s’échappe parfois, aussi, lors des séquences interviews
express, et l’on songe à la réponse que l’on pourrait donner. .. Par sa relative
nonchalance par rapport au sujet, Dehors vise toujours juste en frustrant notre
envie de slogans offusqués (et vains?) à l’encontre d’une société qui permet
de telles déjections/évictions sociales. En somme, Dehors vise juste car les
seules personnes que ce chantier déshabille vraiment, ce sont les spectateurs
venus le découvrir. La seule question posée étant au bout du compte: que
cherchais-tu à voir, à entendre?
Olivier Hespel, Ces épaves qui crèvent au grand jour, in « Scènes », n°27
Chronologie
En septembre 2005, au sein du collectif De Facto, Thomas Depryck et Antoine
Laubin abordent la problématique de la clochardisation au cœur d’un projet
théâtral. Deux ateliers mêlant acteurs amateurs et professionnels sont menés
à Ixelles sur base d’une trame narrative inédite.
Le sujet trop complexe est provisoirement abandonné.
Entre janvier 2006 et le printemps 2008, Thomas et Antoine accumulent les
lectures sur le sujet et définissent les contours d’un traitement théâtral de la
question SDF. Les livres de Patrick Declerck retiennent particulièrement leur
attention par leur capacité à concilier exactitude scientifique, exigence littéraire
et révolte.
Au printemps 2008, alors que le Théâtre de L’L annonce sa mutation en lieu
de recherche et d’accompagnement pour la jeune création, Antoine y entame
une résidence destinée à défricher, avec Thomas et un groupe de six acteurs,
l’esquisse d’un spectacle.
Durant la saison 2008-2009, cinq semaines de recherche sont menées avec
les acteurs. Pour chacune d’entre elles, Thomas produit un texte inédit. Antoine
et les six acteurs éprouvent chacun de ces textes sur le plateau ; l’écriture est
ensuite recalibrée.
En mai 2009, une première étape de travail est montrée à L’L et conforte tous
les participants à poursuivre la recherche.
Durant la saison 2009-2010, la recherche se poursuit à L’L et intègre des
scènes créées directement sur le plateau avec les acteurs. Une étape de travail
publique est montrée au Vrak Festival puis à la Maison de la culture de Tournai.
La décision de transformer la recherche en spectacle est prise.
À l’automne 2010, une session d’écriture impliquant Thomas et Antoine voit la
matière ré-organisée et une demande de subvention est déposée au Conseil
d’Aide aux Projets Théâtraux de la Communauté française. L’avis remis est
positif .
Au printemps 2011, les quatre dernières semaines de recherche sont
programmées afin d’éprouver les différents principes organisateurs de la
matière engrangée.
Automne 2012 : création au Grand Manège à Namur.
Avec
Caroline Berliner
Coraline Clément
Denis Laujol
Jérôme Nayer
Hervé Piron
Renaud Van Camp
Textes
Thomas Depryck
Conception et mise en scène
Antoine Laubin
Assistanat à la mise en scène
Christelle Alexandre
(stagiaire : Léa Tarral)
Direction technique et création lumière
Gaspard Samyn
Scénographie et costumes
Aurélie Forges
Création sonore
David Vranken
Création vidéo
Sung-A Yoon
Régie
Vital Van Kriegin
Sébastien Courtoy
Yannick Evrard
Julien Pire
Production exécutive
Cora-Line Lefèvre
Diffusion
Habemus papam
Une création De Facto asbl
En coproduction avec le Théâtre de Namur, la Maison de la Culture de Tournai et
L’L – lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création (Bruxelles)
Avec l’aide du Ministère de la Communauté française de Belgique – Service
du Théâtre.
*
Antoine Laubin a mis en scène Les Langues paternelles (d’après le roman de
David Serge, Meilleure découverte aux Prix de la critique 2010, Coup de cœur
du Club de la Presse au Festival d’Avignon OFF 2010), est membre du comité
de rédaction d’Alternatives théâtrales et enseigne le théâtre à Arts² (Mons).
Thomas Depryck est auteur de théâtre (Le Réserviste, Ballade en mondes
mineurs, Dehors, De Rien) et de nouvelles. Il est également dramaturge pour
les spectacles d’Antoine Laubin.
*
Les textes de Thomas Depryck qui composent le spectacle sont publiés aux
éditions La Muette, en vente lors des représentations et sur le site de l’éditeur.
*
Le trailer du spectacle est disponible sur Vimeo.
Contact
diffusion
HABEMUS
PAPAM
Accompagnement en production & diffusion
Cora-Line Lefèvre et Julien Sigard
Rue de l’Automne 39
1050 Bruxelles (BE)
+32 473 53 18 23
[email protected]
www.habemuspapam.be
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