L’art de la Mésopotamie L’art sumérien (3500 - 2340 avant J.C.) L’art akkadien (2340-2180 av. J.C. puis 2125-2025) L’art babylonien (1760-1600 av. J.C.) L’art assyrien (1000-612 av. J.C.) L’art néobabylonien (612-539 av. J.C.) L’art perse (539-331 av. J.C) La Mésopotamie, pays entre deux fleuves • Entre 3500 av. J.C. et 3000 av. J.C., alors que l’Égypte s’unifiait sous le pouvoir du pharaon, une autre grande civilisation surgit au ProcheOrient: c’est l’art de la Mésopotamie. • La Mésopotamie est constituée par des cités-états indépendants, chacune avec son dieu local, dont le souverain humain est le représentant. • La principale activité de construction est la construction des temples. La Mésopotamie disposant de peu de pierres, les constructions sont en brique crue et en bois, matériaux périssables. Les restes de cette architecture sont rares. L’art sumérien (3500 - 2340 avant J.C.) L’architecture sumérienne: le ziggourat • La construction des temples, centres à la fois spirituels et administratifs de chaque cité-état est la principale activité de construction: ces temples sont construits au sommet des plates-formes artificielles, appelées ziggourats, • La Mésopotamie dispose de peu de pierres, les ziggourats sont des tertres de terre aux flancs renforcés de maçonnerie en brique crue. Ziggourat du roi Urnammu, Our, vers 2500 av. J.C. Art sumérien: Ziggourat du roi Urnammu, Our, vers 2500 av. J.C.: tertre de terre aux flancs renforcés de maçonnerie en brique crue. La Mésopotamie dispose de peu de pierres, les Sumériens construisent en brique crue et en bois, matériels plus périssables que la pierre: les restes de cette architecture sont rares, juste les fondations demeurent. Restes du Temple blanc, Uruk (3500-3000 av. J.C.) Au cours des 2500 ans qui suivirent, les ziggourats de plus en plus haut sont construits, ressemblant de plus en plus à des tours à plusieurs niveaux, dont nous reste la légende de la biblique tour de Babel: La sculpture sumérienne: stylisation en cônes et cylindres Ces statues taillées en marbre, font partie du groupe de Dieux, prêtres et adorants de la cella du temple d’Abu, Tell Asmar, (vers 2500 av.J.C.). Nous voyons les corps et les visages simplifiés, stylisés (stylisation en cônes et cylindres). Groupe de Dieux, prêtres et adorants de la cella du temple d’Abu, Tell Asmar, (vers 2500 av. J.C.)(la plus grande mesure 75 cm), marbre Comparons la stylisation en cônes et cylindres de la sculpture sumérienne (les Adorants, vers 2700-2500 av.J.C.) avec la stylisations cubique de la sculpture égyptienne (statue de Chéphren, vers 2500 av. J.C.). Chéphren (vers 2500) Temple d’Abu, Tell Asmar, (vers 2700- 2500 av.J.C.) Les yeux , incrustés de matériaux de couleurs, sont immenses: les prêtres et adorants font face aux Dieux et communiquent, prient par leur regard: les yeux sont les « fenêtres de l’âme ». Du groupe de Dieux, prêtres et adorants de la cella du temple d’Abu, Tell Asmar, (vers 2500 av. J.C.) Masque de marbre blanc, Uruk, IIIe millénaire av. J.C. • Cette tête de femme en marbre blanc, trouvée à Uruk, représente probablement aussi une figure de culte. • Les yeux et les sourcils étaient incrustés de matériaux de couleurs, les cheveux couverts d’une perruque d’or ou de cuivre, alors que le corps était probablement en bois. Un autre style, flexible et réaliste, se trouve dans les sculptures en métal, coulé ou assemblées, comme nous voyons dans ce support d’offrandes trouvé dans les tombes d’Our: ce bouc qui nous regarde entre les branches de l’arbuste est consacré au dieu Tammuz, incarnant le principe mâle dans la nature… Support d’offrandes, tombes d’Ur, vers 2600 av.J.C. Un autre exemple en est la tête de taureau de cette harpe, dont le côté est incrusté de figures mi-humaines mi-animales, 2600 av. J.C. Terminologie: incrusté, incrustation Le style sumérien en peinture - Étendard d’Our Étendard D’Our, 2600 av. J.C. – face paix et face guerre, bois incrusté de nacre et de lapis-lazouli Les représentations de l’Étendard D’Our nous montrent les similitudes avec le style égyptien: l’artiste sumérien représente aussi ses personnages torse de face alors que les pieds et la tête sont vus de profil, chaque figure se tenant sur une ligne de sol (perspective verticale), les plus importantes étant les plus grandes (perspective d’importance). Étendard D’Our, 2600 av. J.C. – face paix, bois incrusté de nacre et de lapis-lazuli Le registre inférieur de la face guerre nous montre les phases successives d’une action réunies dans une même scène: le char part à l’assaut, les chevaux prennent leur élan, les chevaux galoppent piétinant les ennemies… Étendard D’Our, 2600 av. J.C. – face guerre, bois incrusté Mais à la différence des personnages égyptiens, aux proportions élancées, les personnages sumériens sont trapus, aux grandes têtes rondes: Hesi-Ra, Sakkarah, vers 2700 av. J.C., bois Hesi-Ra, Sakkarah, vers 2700 av. J.C. /Étendard D’Our, 2600 av. J.C. Le tombeau royal d’Our La harpe à tête de taureau, le support d’offrandes en forme de bouc grimpant sur le buisson et l’étendard d’Our font tous partie des nombreux objets trouvées dans le tombeau royal d’Our (datant de 2600 av. J.C., découvert en 1822) où le roi Sardanapale a été enterré avec ses soldats, serviteurs, femmes, bétail, tous accompagnant leur monarque dans un geste de suicide collectif, ou bien de sacrifice humain massif…. Le tombeau royal d’Our, datant de 2600 av. J.C. est découvert en 1822, et impressionne l’imagination romantique de l’époque: Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827 Reconstruction virtuelle de la ville d’Our L’art akkadien (2340-2180 av. J.C. puis 2125-2025) L’art akkadien: la glorification personnelle du roi • Les Sémites, habitant la Mésopotamie du nord, gagnent le sud, adoptent la civilisation sumériennes mais sont mois attachés à l’idée de souverain représentant du dieux: Sargon D’Akkad et ses successeurs (23402180 av. JC) sont les premiers à s’appeler roi. • Une nouvelle tache de l’art: la glorification personnelle du souverain, comme nous voyons dans ce portrait d’un souverain akkadien, probablement Sargon, en bronze: Tête d’un souverain akkadien, Ninive, bronze, vers 2300 av JC Où dans la stèle de Naram-Sin, commémorant une victoire du petit-fils de Sargon et de son armée, vers 2300-2200 av. J.C. Sumérien: Goudéa, prince de Lagash, vers 2150 av. J.C. • Les rois akkadiens sont chassés par les tribus du nord est, qui vont dominer la plaine de 2180 à 2125 av. J.C. • Pendant cette période, la cité état de Lagash et son souverain, Goudéa, gardent leur indépendance. • Goudéa réserva à nouveau le titre du roi au Dieu local, auquel il reconstruit le temple. Aujourd’hui sont préservés les statues de Goudéa qui ornait ce temple. Nous y retrouvons les grosses têtes aux corps trapus de l’art sumérien, et le souverain espérant obtenir la faveur divine: Goudéa ici a sur ses genoux un projet architectural (un mur d’enceinte) qu’il offre à l’approbation de Dieu. Art babylonien: Le code des lois de Hammourabi • La période entre 2000 et 1000 av. J.C est une période de désordre, le pouvoir central des souverains indigènes n’est exercé qu’entre 1760 et 1600, et c’est Babylone qui en est le centre, comme jadis Akkad et Ur. • Hammourabi, fondateur de la dynastie babylonienne, « le berger favori » de Shamash, dieu-soleil, a pour mission de faire régner la justice sur terre. Il nous laisse son code des lois, gravés sur stèle de diorite (vers 1760): L’art assyrien (1000-612 av. J.C.): les palais, les reliefs • La cité-état d’Assur sur le HautTigre, étend entre 1000 et 612 av. J.C. son empire sur toute la Mésopotamie et les régions environnantes. • De cette période nous restent des palais des rois assyriens, comme le palais de Sargon II (742-706 av. J.C.). Le terme d'Assyrie (capitale Assur) est employé pour désigner le nord de la Mésopotamie, qui est un vaste plateau désertique. Les Assyriens, comme les Sumériens construisent en briques, mais encadrent les portes de grandes dalles de pierre, décorées en relief qui ressemble à la sculpture en ronde bosse, comme ici avec ces taureaux aillés à cinq pattes et tête humaines (721705 av. J.C., porte de la citadelle de Sargon II). Porte de la citadelle de Sargon II, Taureaux aillés à cinq pattes et tête humaines (721-705 av. J.C.) Ce procédé est ancien: La porte des lions, fortification hittites, Anatolie (vers 1400 av JC) et palais assyrien: Taureaux aillés à cinq pattes et tête humaines (721-705 av. J.C., porte de la citadelle de Sargon II) Terminologie: relief, sculpture, bas-relief, haut-relief, sculpture en ronde bosse Art assyrien- décoration de palais • Les murs de ces palais sont décorés de longue séries de bas reliefs illustrant les conquêtes des armés royales: nous y voyons apparaitre la narration picturale. Le compte-rendu détaillé des campagnes militaires laissent peu de place à la glorification personnelle du roi; ce but est mieux atteint avec les scènes de chasse royale au lion, sujet fréquent car cette chasse est de caractère cérémoniaire. La représentation des animaux dans l’art assyrien Sur ces reliefs de Ninive nous voyons le courage, la force et le drame des animaux blessés. Ils sont étonnamment beaucoup plus expressifs que les hommes des reliefs montrant les armés pillant et saccageant les villes ennemies! Art néo-babylonien • 612-539 av. J.C. dernière période florissante avant la conquête perse, le plus connu des souverains néobabyloniens, est Nabuchodonosor, le constructeur de la légendaire tour de Babel. • A la différance de l’art assyrien et leur dalles de pierre sculptés, les palais néo-babyloniens sont décorés de reliefs architecturaux en brique moulée cuite et vernie. • Exemple: La porte d’Ishtar de l’enceinte sacrée de Nabuchodonosor à Babylone: nous y voyons aussi un arc en plein cintre, connu aussi des Égyptiens, mais ici utilisé dans une architecture solennelle. Terminologie: brique, brique crue/cuite, moulée, vernie (gleđosana opeka). Arc, arc en plein cintre: luk, polukružni luk Art néo-babylonien: Porte d’Ishtar, Babylone, vers 575 av. J.C. (restaurée au musée d’État à Berlin) À gauche: la construction en brique fait découvrir les principes de construction d’arcs et de voûtes, connus aussi des Égyptiens, mais mis à l’honneur dans l’art mésopotamien. À droite: détail de la décoration de la porte d’Ishtar – brique moulée, cuite et vernie. L’art perse (539-331 av.J.C) • Dans l’art perse, peuple n’ayant pas oublié son origine nomade, le « style animalier » de la décoration des petits objets utilitaires, comme ici de ce gobelet, se retrouve repris à une échelle monumentale… Gobelet de Suse, vers 5000 4000 av JC , décor animalier: bouquetins L’Originalité de l’art perse: les colonnes couronnées de têtes de taureaux ou bisons, combinant l’art assyrien (relief/ronde bosse) et le style animalier des ancêtres nomades à grande échelle, comme ici dans ces chapiteau à têtes de taureaux de la salle d’audience du palais de Darius I. Chapiteau à taureaux, salle d’audience du palais de Darius I, 510av. J.C. Architecture perse: Palais de Darius Ier à Persépolis • Culte religieux basé sur le dualisme du bien et du mal (lumièreobscurité) se célébrait en plein-air, il n’y a pas de restes d’architecture religieuse. • Les palais par contre sont impressionnants: tel celui de Darius Ier commencé en 518 à Persépolis qui est un mélange d’influences (salle de colonnes égyptiennes, colonnes élancées: influences grecques ioniennes). Art Perse: le relief en décoration des mur est d’inspiration assyrienne, mais moins expressifs et avec plus de hiératisme et de stylisation: ces reliefs sont avant tout décoration architecturale, et soumis à l’architecture. Résumé: Le Proche–Orient Antique L’art de la Mésopotamie L’art sumérien (3500 - 2340 avant J.C.) L’art akkadien (2340-2180 av. J.C. puis 2125-2025) L’art assyrien (1000-612 av. J.C.) L’art néo babylonien (612-539 av. J.C.) L’art perse (539-331 av. J.C) Entre 3500 av. J.C. et 3000 av. J.C., alors que l’Égypte s’unifiait sous le pouvoir du pharaon, une autre grande civilisation surgit au Proche-Orient: c’est l’art de la Mésopotamie. L’art sumérien (3500 - 2340 avant J.C.) La Mésopotamie est constituée par des cités-états indépendants, chacune avec son dieu local, dont le souverain humain est le représentant. La principale activité de construction est la construction des temples au sommet des plates-formes artificielles, appelées ziggourats. Les temples sont construits au sommet des plates-formes artificielles, appelées ziggourats. La Mésopotamie dispose de peu de pierres, les Sumériens construisent en brique crue et en bois, matériels plus périssables que la pierre: les restes de cette architecture sont rares, juste les fondations demeurent. Restes du Temple blanc, Uruk (3500-3000 av. J.C.) L’art sumérien: la sculpture . Les statues de Dieux, prêtres et adorants sont fortement stylisés, la stylisation est en cônes et en cylindres. Les yeux immenses, incrustés de matériaux de couleur, communiquent par leur regard. Un autre style, flexible et réaliste, se trouve dans les sculptures en métal, comme dans ce support d’offrandes, ou la décoration de cette harpe (tête de taureau), trouvés dans les tombes d’Our. Support d’offrandes, harpe, tombes d’Our, vers 2600 av.J.C. Les représentations de l’Étendard D’Our nous montrent les similitudes avec le style égyptien: l’espace organisé en registres superposés (perspective verticale), représentation profil/face et perspective d’importance, mais différence de proportions: personnages trapus, aux grandes têtes rondes. Étendard D’Our, 2600 av. J.C. – face paix, bois incrusté de nacre et de lapis-lazuli L’art akkadien (2340-2180 av. J.C. puis 21252025: la glorification personnelle du roi • Les Sémites qui gagnent le sud sont mois attachés à l’idée de roi-prêtre, représentant des dieux: Sargon D’Akkad et ses successeurs sont les premiers à s’appeler roi. Une nouvelle tache de l’art (akkadien): la glorification personnelle du souverain, comme nous voyons dans ce portrait en bronze. Tête d’un souverain akkadien, Ninive, bronze, vers 2300 av JC Akkad (2340-2180 av. JC) : la glorification personnelle du roi Tête d’un souverain akkadien (Sargon?), Ninive, bronze, vers 2300 av JC La stèle de Naram-Sin, vers 2300-2200 av. J.C. Goudéa, prince de Lagash, garde l’indépendance et reprends les idées sumériennes, et aussi le style sumérien (vers 2150 av.J.C.): Babylone (17601600 av. J.C.) Hammourabi et son code des lois Hammourabi, fondateur de la dynastie babylonienne, « le berger favori » de Shamash, dieu-soleil, nous laisse son code des lois, gravés sur stèle de diorite (vers 1760). L’art assyrien (1000-612 av. J.C.): palais Les Assyriens, comme les Sumériens construisent en briques, mais encadrent les portes de grandes dalles de pierre, décorés en relief qui ressemble à la sculpture en ronde bosse, comme ici avec ces taureaux aillés à cinq pattes et tête humaines. Les palais sont décorés de longues séries de bas reliefs illustrant les conquêtes des armés royales: nous y voyons apparaitre la narration picturale. Porte de la citadelle de Sargon II, 721705 av. J.C. Art assyrien- Les bas reliefs • Le compte-rendu détaillé des campagnes militaires laissent peu de place à la glorification personnelle du roi; ce but est mieux atteint avec les scènes de chasse royale au lion, sujet fréquent car cette chasse est de caractère cérémoniaire. • Comparez l’expression de l’ennemi tombant dans la bataille et du lion blessé: la représentation du drame des animaux est bien plus expressive. Art néo-babylonien (612-539 av. J.C.): Porte d’Ishtar, Babylone A la différance de l’art assyrien et leur dalles de pierre sculptés, les palais néo-babyloniens sont décorés de reliefs architecturaux en brique moulée cuite et vernie: Porte d’Ishtar de l’enceinte sacrée de Nabuchodonosor à Babylone, vers 575 av. J.C. L’art perse (539-331 av.J.C) Architecture de palais, car culte célébré en plain-air, ici le palais de Darius Ier à Persépolis, montre un mélange des styles (salles de colonnes égyptiennes, colonnes élancées grecques , reliefs assyrien, style décoratif de l’art nomade repris à une échelle monumentale…) Art Perse: le relief décorant les mur est d’inspiration assyrienne, mais moins expressifs et avec plus de hiératisme et de stylisation: ces reliefs sont une décoration architecturale, et soumis à l’architecture. Terminologie: relief, bas relief, haut relief. Sculpture, sculpture en ronde bosse. Brique, brique crue/cuite, moulée, vernie. Arc, voûte.